Comment Javier Milei a séduit les Argentins

  • l’année dernière
Javier Milei a remporté dimanche le second tour de l'élection présidentielle en Argentine. Dans un pays miné par l’inflation, le candidat anti-système a profité du rejet de la classe politique en place. Les explications du spécialiste Gaspard Estrada.
Transcript
00:00 Il a su les séduire d'abord en provoquant le rejet des hommes politiques en fonction.
00:05 Javier Luis Leï est un économiste de formation.
00:13 Il a travaillé dans le milieu financier à Buenos Aires
00:21 avant d'être intervenant pour la presse et notamment les médias audiovisuels,
00:27 où il a été un critique très virulent des politiques économiques menées par le parti péroniste.
00:33 Et c'est grâce à cette notoriété qu'il a pu basculer vers la vie politique en 2021,
00:41 lorsque il a créé une formation politique, il s'est lui-même présenté.
00:45 Et à partir de ce moment-là, il a construit sa candidature aux élections présidentielles.
00:51 Il a remporté haut la main ce dimanche 19 novembre.
00:55 Javier Luis Leï est un économiste libertarien.
00:58 Javier Luis Leï s'est auto-défini en tant qu'économiste libertarien.
01:03 Je pense qu'il est aussi une personnalité d'extrême droite,
01:06 compte tenu de ses positions en matière de refus de l'avortement,
01:11 de la volonté de repénaliser l'avortement,
01:14 mais aussi sa lutte contre le mariage homosexuel,
01:17 son climato-scepticisme qui le rapproche de l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro
01:23 ou de l'ancien président américain Donald Trump.
01:26 Il va implanter un certain nombre de mesures en matière économique.
01:30 Il a d'ores et déjà annoncé un programme de privatisation des grands médias publics,
01:35 mais aussi des grandes entreprises publiques, notamment dans le secteur énergétique.
01:39 Son souhait est de dollariser l'économie argentine
01:42 et de mettre fin à l'existence de la banque centrale de ce pays.
01:46 Tout ça dans un contexte de très grave crise économique
01:49 avec un taux d'inflation qui dépasse les 140 %.
01:52 Le vote de l'Argentine sur le ralbole
01:57 Ce vote peut être expliqué par le ralbole des Argentins
02:01 vis-à-vis du mauvais état économique du pays.
02:04 J'ai déjà rappelé ce taux d'inflation fortement stratosphérique,
02:09 mais aussi des grands déséquilibres financiers.
02:11 Et donc voilà un sentiment de paupérisation.
02:14 Il ne faut pas oublier que l'Argentine a été lourdement touchée par la pandémie,
02:18 mais également par une très forte sécheresse l'année dernière.
02:21 Il s'agit d'une situation qui est certes exceptionnelle,
02:25 mais qui, en s'accumulant, a fini aussi par dégrader encore davantage les comptes publics.
02:31 C'est un rapport très conflictuel.
02:39 D'une part, je pense qu'on peut célébrer la forte participation,
02:42 certes le vote est obligatoire en Argentine.
02:44 Néanmoins, on a vu qu'au fur et à mesure que la campagne évoluait,
02:47 depuis les élections primaires, puis de premier tour et allant jusqu'au deuxième tour,
02:51 le taux de participation a augmenté d'élection en élection.
02:54 En deuxième lieu, les Argentins semblent vouloir donner un mandat clair à Javier Millei
02:58 en les lisant haut la main avec 56% des voix, ce qui est un résultat fort.
03:02 Il a su les séduire d'abord en provoquant le rejet des hommes politiques en fonction,
03:08 et notamment du gouvernement sortant,
03:10 en se positionnant très clairement contre ce qu'il appelle la caste des hommes politiques,
03:16 tout en acceptant leur soutien, notamment de l'ancien président Mauricio Macri,
03:21 qui est pourtant à l'origine du prêt qui a été contracté par l'Argentine auprès du FMI en 2018.
03:26 Donc il y a une volonté de rejeter l'ordre présent,
03:30 et notamment les deux dernières mandatures, les deux derniers présidents de la République.
03:34 Le Parlement qui sera installé dans les jours à venir sera un Parlement fragmenté.
03:43 Et de ce point de vue-là, Javier Millei n'aura pas les coudées franches au Parlement
03:47 pour pouvoir imposer ses réformes.
03:49 Donc de ce point de vue-là, je pense qu'il y a une vraie inquiétude, un vrai doute qui existe
03:53 quant à la faisabilité des mesures qui ont été proposées par le candidat Javier Millei
03:58 au cours de cette campagne présidentielle.
04:00 Il y a encore beaucoup de questions qui restent en suspens,
04:03 et cela malheureusement ne va pas contribuer à résoudre le mauvais état de la santé de l'économie argentine.
04:10 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
04:13 [SILENCE]

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