SIMONE - OPINION : la pression des normes de beauté avec Émilie Albertini
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00:00 Quand on pense que Laetitia Castor, qui était quand même la mieux gaulée du monde,
00:04 est arrivée comme une révolution à la période Kate Moss,
00:10 avec de la poitrine, mais c'est tout ce qu'elle avait en fait.
00:12 Elle était hyper mince.
00:14 Je suis née à la fin des années 70,
00:15 et j'étais donc ado en plein milieu des années 90.
00:19 J'ai grandi en Corse.
00:20 Dans une région, on était souvent en maillot,
00:22 très tôt dans la saison et très tard aussi.
00:25 On était toute une génération de filles
00:27 dont le corps était quand même relativement exposé.
00:30 J'ai pas souffert de mon image dans les années 90,
00:34 parce que je rentrais complètement dans le moule
00:36 des filles qui étaient extrêmement minces, quand j'y pense,
00:40 à la lumière de ce que je suis aujourd'hui.
00:42 Mais en tout cas, je sais que le regard était extrêmement pesant
00:46 de la société, des hommes sur notre corps,
00:49 sur les copines un peu plus bouboules,
00:52 sur les seins qui n'avaient pas encore poussé
00:54 ou ceux qui étaient trop là.
00:56 Et dans les années 90,
00:58 on était vraiment en pleine sortie de la période
01:02 des super top modèles, à la Claudia Schiffer et Cindy Crawford.
01:06 Et on rentrait dans la période des héroïnes chic,
01:08 à la Kate Moss, avec les campagnes Calvin Klein,
01:12 où il fallait être extrêmement androgyne.
01:16 On avait des modèles de filles curvy qui ne l'étaient absolument pas.
01:19 Je pense que c'était des filles qui faisaient du 36
01:22 ou allaient un bon 38.
01:24 Kate Winslet dans Titanic,
01:26 le baby Spice Girl et Jerry Alliwell.
01:29 Bridget Jones, quand on revoit les images aujourd'hui,
01:31 on se dit "mais ça va pas".
01:33 Et elles n'étaient même pas rondes.
01:34 Donc toutes ces années 90 ont généré,
01:37 en fait, pour ma génération,
01:39 des images de corps de femmes complètement biaisés
01:42 et incurseurs surtout du poids
01:44 et de la normalité et de la beauté
01:47 complètement déréglés.
01:49 Soi-disant, en évoluant,
01:52 avec justement cette notion de body positivisme,
01:55 on est censé tout accepter,
01:58 tous les corps, l'inclusivité, les défilés de mode.
02:01 On essaye de mettre de plus en plus de femmes en plus size.
02:04 Et paradoxalement, le standard de beauté reste le même,
02:07 c'est-à-dire une fille mince, une fille grande,
02:11 une fille musclée, une fille jeune, une fille qui n'a pas de ride,
02:13 une fille qui a des beaux cheveux.
02:15 Donc je pense que plus on est abreuvés d'images
02:18 et plus c'est compliqué.
02:20 Je pense que le regard qu'on porte sur son corps,
02:23 il dure toute une vie.
02:24 C'est un cheminement de femmes de toute une vie.
02:27 Il y a la période adolescente où on se cherche, où on se compare.
02:30 Il y a la vingtaine, qui est censée être la fleur de l'âge,
02:33 mais pas forcément pour tout le monde.
02:35 Et puis il y a l'arrivée des enfants,
02:36 les bouleversements que ça occasionne sur le corps des femmes.
02:39 Et je pense qu'il y a un questionnement, une remise en question,
02:42 un reflet dans le miroir permanent
02:44 et un regard que la société porte sur soi.
02:47 Mais je pense que le regard le plus assassin, à mon sens,
02:49 c'est celui que soi-même on porte sur soi.
02:52 À force d'être à la fois abreuvée d'images de nanas parfaites
02:56 sur les réseaux sociaux
02:58 et d'avoir ce discours de bodypositivisme,
03:00 "il faut s'accepter avec ses rondeurs",
03:02 "il ne faut pas faire de chirurgie esthétique,
03:04 "on est bien tels qu'on est",
03:06 je pense que les femmes sont assez perdues aujourd'hui.
03:08 Et moi, je prône simplement le fait de placer le curseur
03:12 de son exigence vis-à-vis de soi et de sa beauté
03:14 exactement où on veut.
03:16 Je pense qu'il faut aider toutes les femmes à aspirer
03:19 à une espèce de sérénité,
03:21 que ça passe par l'acceptation de soi et de tous ses défauts,
03:25 ou au contraire, le dépassement de soi,
03:26 faire du sport, de la chirurgie.
03:29 Enfin, il faut que chacune, en fait, trouve le bonheur
03:32 et l'apaisement vis-à-vis de son image
03:35 là où elle veut et là où il est à cet instant précis.
03:38 [SILENCE]