Politiques, à table ! - Pascal Lavergne

  • l’année dernière
Un déjeuner partagé avec Pascal Lavergne, député Renaissance de Gironde, pour parler du Wwoofing, une pratique en plein essor, les hôtes des petites exploitations agricoles, souvent familiales, toujours bio, proposent le gite et le couvert aux bénévoles contre une aide dans les champs, auprès des bêtes ou pour toute tâche agricole. Au menu également le glyphosate, si certains parviennent à s'en passer ce n'est pas le cas de toutes les exploitations...

Loin des codes classiques de l´interview, LCP-Assemblée nationale a concocté un nouveau programme aux petits oignons pour croquer la politique autrement.
Avec la complicité de Jean-Pierre Montanay, Brigitte Boucher mettra son grain de sel dans cette cuisine pour passer le politique sur le gril.
« Cuisine et Confidences »... Quel rapport l´invité politique entretient-il avec la
gastronomie ? Sa gourmandise, ses talents ? Les orientations culinaires de ce boulimique de la politique ? Mais aussi « Les pieds dans le plat »... pour aborder les sujets d´actualité.
Et enfin « La face cachée de nos assiettes »... ou comment le contenu de nos assiettes en dit long sur notre société face à ses nouveaux enjeux.

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Transcript
00:00 Générique
00:02 ...
00:16 -Bonjour à tous. Bienvenue dans "Politique à table"
00:19 sur LCP. On se retrouve autour d'un plat,
00:22 d'un dessert, d'un invité. Cette semaine,
00:25 nous recevons Pascal Laverne. Bonjour.
00:27 -Bonjour. -Merci d'avoir accepté
00:29 notre invitation et avec moi pour présenter cette émission.
00:32 Jean-Pierre Montanay. -Bonjour.
00:34 -Bonjour, Jean-Pierre. -Vous êtes député
00:37 Renaissance de Gironde depuis 2018, engagé politiquement à gauche.
00:41 Vous quittez le PS pour La République en marche en 2017
00:44 pour suivre Emmanuel Macron. Ingénieur agronome de profession,
00:48 vous avez longtemps cultivé une double vie.
00:50 Et oui, vous aimez les blondes, les blondes d'Aquitaine,
00:54 au point d'en compter une trentaine dans votre exploitation
00:57 de guilleragues dans l'entre-demer.
00:59 Exploitation que vous avez mis en fermage.
01:02 Vous avez exploité de la vigne, toujours dans le Bordelais,
01:05 et exercé le métier de restaurateur.
01:07 De la fourche à la fourchette,
01:09 vous êtes le témoin exigeant de nos assiettes.
01:12 Au menu, une bonne viande, un bon vin.
01:15 -Exactement. Au menu, du lourd,
01:17 faux filet, sauce bordelaise, donc au vin,
01:19 et en dessert, une tarte au citron, mais sans meringue.
01:22 -Dans le dessous des plats, on va se rapprocher de la terre
01:26 en vous faisant découvrir le "woofing",
01:28 une tendance qui fleurit un peu partout.
01:31 -Dans les pieds d'empla, le glyphosate s'est reparti
01:34 pour 10 ans en Europe. Faut-il s'en inquiéter ?
01:36 -Allez, on passe à table.
01:39 Tout de suite, cuisine et confidence.
01:41 Musique dynamique
01:44 ...
01:46 -Alors, Pascal Lavergne, je dis d'abord chapeau.
01:49 Oser le faux filet à la bordelaise à cette table
01:52 est un acte de bravoure culinaire de nos jours,
01:55 dans ce climat de diabolisation de la viande rouge,
01:58 où même certains carnassiers, Brigitte en a été témoin,
02:01 d'hier, se dégonflent, aujourd'hui, en arrivant ici,
02:04 avouant leur conversion récente pour le quinoa,
02:07 histoire de ne pas être charcuté sur le bio des réseaux sociaux.
02:11 Le faux filet, l'entrecôte, la côte de bœuf sont devenus des gros mots
02:15 pour ceux qui veulent éradiquer la viande de nos assiettes
02:18 et par ricochet, saper les élevages,
02:20 c'est-à-dire votre métier, vous, qui en graissiez
02:23 avec amour et passion, vous qui passiez dans la journée
02:26 du fumier mouillé au parquet ciré de l'Assemblée.
02:29 On comprend donc mieux pourquoi vous, le député paysan,
02:32 vous incarnez cette résistance avec ce faux filet.
02:35 Cuisiné avec du vin, vous êtes engagé, volontaire,
02:38 dans ce bataillon des cocardiers, défenseur de nos terroirs.
02:41 Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage,
02:44 on connaît la suite, ce n'est pas du macron,
02:46 mais du roussel, et ça pourrait être votre devise.
02:49 -Pourquoi pas ? Oui, moi, je n'ai pas du tout hésité,
02:52 il s'agit de choisir un plat pour venir le déguster.
02:55 J'assume parfaitement le fait d'avoir été éleveur,
02:58 d'avoir un pied encore sur une exploitation agricole
03:01 que j'ai mise en fermage, ça a été dit il y a peu de temps.
03:04 Je suis vraiment le défenseur de l'agriculture française,
03:08 le défenseur d'une façon d'élever des animaux,
03:12 et je veux réaffirmer ici, au travers de ce plat choisi
03:15 de viande rouge, que l'élevage bovin, l'élevage en France,
03:19 apporte beaucoup d'externalité positive
03:23 à la biodiversité, quand on élève, en fait,
03:26 les animaux sur des terroirs de prairies,
03:30 pensons à toute cette zone du Massif central,
03:32 à Lalier, au Charolais,
03:34 qui élève des animaux sur des prairies,
03:37 qui apporte beaucoup de qualité à nos paysages,
03:42 ces paysages encore bocagés. -Aujourd'hui,
03:44 c'est politiquement incorrect de manger de la viande.
03:47 -C'est une bûche du politiquement correct.
03:50 Vous savez, j'ai été, jeudi dernier,
03:53 à un congrès sur l'agroécologie à Bordeaux.
03:57 Il devait y avoir à peu près 400 ou 450 personnes dans la salle.
04:00 Je n'avais jamais vu autant d'écolos en même temps,
04:03 réunis dans la même salle, autour d'intervenants
04:06 et un député Renaissance présent.
04:08 Et à un moment, un des intervenants a dit
04:11 qu'il fallait manger moins de viande.
04:13 Certes, j'ai repris la parole. -Vous êtes d'accord ?
04:16 -Oui, on peut manger moins de viande,
04:18 parce que pour la santé, c'est une bonne chose.
04:21 Pour l'équilibre planétaire, c'est une bonne chose
04:24 pour permettre de nourrir toutes les populations
04:27 sur tous les continents, avoir un peu moins de consommation
04:30 d'une viande qui utilise des céréales
04:33 qui pourraient être directement consommées
04:35 par les humains directement.
04:37 Je le conçois. -Vous êtes contre
04:39 l'élevage intensif. -Il n'y a pas de difficulté.
04:42 On y reviendra sur ce sujet.
04:44 Mais en l'occurrence, la viande telle qu'on la produit en France,
04:48 si pour l'engraisser, il faut des céréales,
04:50 mais on a aussi des élevages qui sont naisseurs, éleveurs,
04:54 et tout ça, ça se fait sur des prairies.
04:56 Les prairies, je suis désolé,
04:58 on abordera ce sujet tout à l'heure,
05:00 on n'utilise pas de glyphosate sur les prairies.
05:03 Elles apportent des externalités positives
05:05 pour conserver l'eau dans le sol,
05:07 pour augmenter les taux de matière organique des sols,
05:10 et c'est hyper important pour l'agriculture française.
05:14 -Vous avez interprété les agriculteurs, les éleveurs,
05:17 en disant qu'il faut manger moins de viande,
05:19 mais vous, vous aviez vos blondes d'Aquitaine,
05:22 un cheptel d'une trentaine de vaches, de bœufs.
05:25 Est-ce que vous avez l'impression
05:27 qu'on vous accompagne suffisamment ?
05:29 -Il y a un discours ambiant
05:31 qui est délétère pour les agriculteurs.
05:33 A chaque fois qu'on voit, comme ça a été le cas
05:36 il y a quelques mois, repris dans la presse,
05:38 par la presse, sans doute de façon maladroite,
05:41 le rapport qui avait été fait par la Cour des comptes,
05:44 j'ai fait des bonds de 1 km de haut.
05:46 Je dis que c'est pas possible.
05:48 Quand vous êtes agriculteur, que vous lisez ce qu'on a lu
05:52 de ce qui avait été ressorti de ce rapport,
05:54 c'est de dire... Comment les agriculteurs
05:57 pouvaient le dire ? En disant que les gars,
05:59 vous polluez, ce que vous faites, ce que vous produisez,
06:02 il faut pas en manger, c'est pas bon pour la santé,
06:05 c'est pas bon pour l'environnement,
06:07 et donc on leur dit que vous servez à rien
06:10 et que vous devez disparaître.
06:12 Sincèrement, quand vous avez fait de ce métier
06:14 votre vie entière, que vous avez mis tout votre coeur,
06:18 parce qu'on fait pas ce métier sans y être
06:20 charnellement attaché, enfin, à nos animaux,
06:23 à notre terroir, on fait ce métier par passion.
06:26 Et quand vous lisez ça, ça vous fend le coeur.
06:28 -Mais la politique que vous menez,
06:30 vous avez ces deux casquettes,
06:32 vous avez l'impression qu'elle va dans le sens des éleveurs ?
06:36 -Ecoutez, moi, je crois qu'en tout cas,
06:38 à la place qui est la mienne,
06:40 je fais passer des messages dans la majorité,
06:42 tous les groupes de la majorité,
06:44 mais également en direction de l'opposition,
06:47 pour dire combien l'élevage est important,
06:50 comme je le dis sur ce plateau,
06:51 et s'il y a un combat que je mènerai jusqu'au dernier jour,
06:55 ce sera celui-ci. Je ne suis pas fils d'agriculteur,
06:58 j'ai choisi ce métier depuis l'âge de 7 ans.
07:00 Il se trouve que je suis passé par plusieurs étapes
07:03 avant de devenir agriculteur, mais je l'assume jusqu'au bout
07:07 et, sincèrement, jusqu'à mon dernier soupe,
07:09 je défendrai l'agriculture et l'élevage français,
07:12 sachant que j'ai conscience de tout cet environnement négatif,
07:16 mais la nécessité de dire combien les agriculteurs
07:20 ont fait d'efforts depuis des décennies,
07:23 que moi, je les observe plus de 40 ans de ma vie.
07:26 L'agriculture, elle se rénove au rythme des saisons,
07:30 au rythme du climat. -On entend bien votre combat.
07:33 -Au rythme du climat. Et sincèrement,
07:35 il faut les éteindre. -C'est un combat du coeur.
07:38 -Vous avez dit que vous étiez un ardent défenseur
07:41 de la viande rouge. Dites-nous pourquoi vous avez choisi ce plat.
07:44 C'est un plat symbolique des vendanges dans le bordelais ?
07:47 -J'ai choisi ce plat pour deux raisons.
07:50 1, parce que c'est de la viande rouge et que je veux réhabiliter
07:53 la viande rouge. -Le message est bien passé.
07:56 -2, parce que j'ai été éleveur et j'ai également fait des concours
08:00 autour de la race bazadaise. -On regarde une photo ensemble
08:04 de cette fête des beux... Gras de beuzat ?
08:07 -Les beux gras de Bazas. -Les beux gras de Bazas.
08:10 -La bazadaise, c'est une race purement girondine.
08:13 J'ai été un petit peu identifié dans le milieu de l'élevage
08:17 au travers de cette race bazadaise,
08:19 parce que j'ai eu le plaisir de faire des concours et de les gagner,
08:23 ce qui m'a permis de faire du circuit court
08:25 et d'avoir une certaine renommée autour de la viande de qualité.
08:29 -Alors, cette sauce bordelaise ?
08:31 -Ca, c'est du faux filet. -Soyez indulgents,
08:34 parce que nous, on le fait réchauffer,
08:36 c'est pas un restaurant, mais on sent que c'est de la bonne viande.
08:40 C'est une sauce au vin. -C'est une sauce au vin,
08:42 vin et échalote, avec du fond de veau.
08:45 -Il faut mettre un bon vin ? -Non, on peut mettre un vin de base,
08:48 c'est pas un problème. Le bon vin, on le garde pour le boire.
08:52 L'idée, c'est de le cuire,
08:54 d'essayer de concentrer un certain nombre d'arômes,
08:57 de les mélanger avec l'échalote,
08:59 et on en met un arôme assez relevé, assez atypique,
09:02 et on fait couler ça. -On nappe la viande,
09:04 avec cette sauce-là, qui est un peu épaisse.
09:07 -Tout à fait. La typicité de la consommation à Bordeaux,
09:10 c'est des viandes épaisses.
09:12 C'est pour ça que l'entrecôte, c'est du 5-6 cm,
09:14 qu'on fait revenir sur les serments de vigne,
09:17 juste avant le repas, pendant les vendances.
09:19 C'est également le plat préféré des chasseurs
09:23 qui chassent la palombe,
09:25 et quasiment tous les jours, dans les palombières,
09:28 dans le sud-ouest et le sud-gironde,
09:30 on mange l'entrecôte de bœuf, qu'on achète à Bazas.
09:33 -C'est plus gras que le faufilé, l'entrecôte ?
09:36 Pour ceux qui nous écoutent... -L'entrecôte, le faufilé,
09:40 la basse-côte, tout ça, c'est pris sur le dos de l'animal,
09:45 le long de la colonne vertébrale.
09:47 Vous avez d'abord, au plus près du collier,
09:49 les basses-côtes, c'est un peu plus ferme,
09:52 ça dépend des animaux.
09:53 Ensuite, vous avez l'entrecôte, qui, elle, est assez grasse,
09:57 ça peut être percillé,
09:58 à des grands morceaux de nerfs
10:00 pour séparer les parties, malgré tout, de l'entrecôte.
10:05 Ensuite, vous avez le faufilé,
10:06 qui est un peu moins gras, qu'on retrouve vers la fin.
10:09 Ensuite, vous avez le romsrec, qui est encore moins gras
10:13 et qui est avec une fibre un peu plus serrée.
10:15 Il y en a pour tous les goûts,
10:17 sachant qu'à Bordeaux, on mange plutôt la viande bleue,
10:20 assainie. -Je vais vous en parler
10:22 avec le son du faufilé. -Il faut regarder
10:25 toute sa saveur, tout son jus.
10:28 -Trois choses à savoir, alors, Jean-Pierre, effectivement,
10:32 pour réussir cette cuisson du faufilé.
10:34 -Je m'adresse à ceux qui cuisinent de la viande chez eux.
10:37 Le plus simple, c'est le cuire à la poêle.
10:40 Commencez par l'assaisonner avec du sel et du poivre.
10:42 Préchauffez bien la poêle avec huile ou beurre.
10:45 Pour la cuisson, comme vient de le dire M. le député,
10:48 juste saisie pour un faufilé bleu,
10:50 3 minutes de chaque côté pour une pièce saignante,
10:53 et plus, mais c'est souvent du gâchis,
10:55 pour une viande à point.
10:57 Laissez bien la viande reposer dans du papier aluminium
11:00 avant de la déguster.
11:01 Ca permet de faire un peu évacuer le sang.
11:04 Ensuite, au barbecue, vous avez le choix
11:06 grillé ou mariné.
11:08 Vous aimez la viande marinée ?
11:09 Là, il y a toutes sortes de marinades.
11:12 Il faut préparer son grill sur ce barbecue
11:14 en brossant avec de l'huile.
11:16 C'est pareil, on fait un clic-clac, 2 à 3 minutes.
11:18 Enfin, cette viande tendre adore aussi le four,
11:21 elle adore aussi d'être rôtie.
11:23 Glissez-la au four, vous la saisissez d'abord
11:26 avant de la glisser sur la poêle.
11:28 Un aller-retour.
11:29 Ensuite, 210°, ça, c'est 15 minutes.
11:31 Si vous voulez un peu plus cuit,
11:33 c'est 12-15 minutes.
11:35 Et puis, vous baissez la température
11:37 entre 52 et 54° si vous rêvez de déguster
11:40 un rôti rosé.
11:42 C'est très bon aussi.
11:43 Vous êtes d'accord ? -Absolument.
11:45 Juste une chose à rajouter
11:47 par rapport aux cuissons que vous avez décrites,
11:49 la viande, on ne la cuit pas.
11:51 Quand on la sort du frigo, on la laisse reposer
11:54 2 à 3 heures, notamment quand on a des morceaux...
11:57 -J'ai dit un quart d'heure. -Ca dépend comment
11:59 est réglé votre frigo.
12:01 Si c'est un frigo de cuisine classique,
12:04 il est peut-être à 6-7°, vous pouvez vous contenter de ça,
12:07 mais si vous avez un bon frigo
12:09 où vous avez votre viande qui est entre 0 et 3°,
12:11 laissez-lui le temps de prendre la chaleur ambiante
12:14 de la cuisine, de la pièce dans laquelle on va la déguster.
12:18 Elle n'en sera qu'un meilleur.
12:20 -Vous êtes cuisineur, cuisineur, cuisineur, cuiseur, restaurateur,
12:23 mais ça ne veut pas dire cuisinier.
12:25 Est-ce que vous aimez être en cuisine ?
12:28 Est-ce que vous savez cuisiner ? J'imagine la viande.
12:31 Vous devez avoir plein de recettes à nous raconter.
12:34 -En l'occurrence, je ne suis pas cuisinier de formation,
12:37 je n'ai jamais fait de formation technique en la matière.
12:40 J'ai fait tous les postes dans mon établissement,
12:43 mais en l'occurrence, le poste que j'ai fait le plus longtemps,
12:47 c'est celui de cuire la viande à la plancha.
12:50 Donc, ce n'est pas une cuisine, on va dire...
12:52 -C'est assez facile. -C'est assez facile,
12:55 mais il faut le faire correctement,
12:57 parce que dans un restaurant, sur une table,
13:00 vous avez ceux qui veulent bien cuit,
13:02 ceux qui veulent... -Votre restaurant
13:04 s'appelle "La pièce de bœuf". -C'est ça.
13:06 -On dégustait essentiellement la viande.
13:09 -Votre viande, en plus, vous peut.
13:11 -Ce qui n'a pas... Et avec, effectivement, ma viande.
13:14 -C'était un circuit très court. -Absolument.
13:17 -On a dit de la fourche à la fourchette.
13:19 Ca n'a pas empêché, malgré tout, un certain nombre de clients.
13:22 Un dimanche soir, quelqu'un qui se pointe,
13:25 qui venait de jouer de la musique,
13:27 il arrive en disant "Pascal, je suis végétarien,
13:30 "tu pourrais pas nous faire des burgers végétariens ?"
13:33 Je lui dis "Tu as regardé l'enseigne ?
13:35 "Ca s'appelle 'La pièce de bœuf'."
13:37 Je me suis ravisé, je me suis dit "Il faut pas être caractériel,
13:41 "je vais m'efforcer de lui faire un burger végétarien."
13:44 On a aussi beaucoup de légumes dans le sud-ouest,
13:47 on a cette chance-là, il y a des tomates, des herbes,
13:50 et finalement, en prenant des bonnes tomates,
13:53 coeur de bœuf, où il y a assez peu de pépins, beaucoup de chair,
13:56 vous la faites, elle aussi, juste snaquée sur la plancha,
14:00 vous mettez quelques herbes pour donner du goût, de l'ail,
14:03 vous mettez un œuf, puisque le végétarien
14:06 mange également de l'œuf, vous pouvez arriver
14:08 à faire des magnifiques burgers.
14:10 Le gars est revenu après en disant "Pascal,
14:13 "c'est le meilleur burger végétarien que j'ai jamais mangé."
14:16 -C'est un exploit. -Oui, mais comme quoi,
14:18 il faut rester ouvert, et j'aimerais que ceux qui sont végétariens
14:22 soient aussi ouverts sur ceux qui mangent de la viande
14:25 que moi, je l'ai été ce jour-là. -Vous demandez de réticocité.
14:29 -Il y a beaucoup de respect sur les uns ou sur les autres.
14:32 Ça m'est arrivé de débarrasser les assiettes en salle,
14:35 et vous vous apercevez, des fois, en débarrassant les assiettes,
14:39 que le morceau de viande a disparu,
14:41 et il reste un peu de légumes, ou des fois, beaucoup.
14:44 J'avais toujours cette réflexion, en me disant
14:47 que les protéines adimbales ont de bons restes.
14:49 -Ca vous a choqué, cette radicalité,
14:52 quand on a vu des boucheries attaquer ?
14:54 -Oui, bien sûr, c'est choquant, parce que, sincèrement,
14:57 s'en prendre au bien, s'en prendre aux personnes,
15:00 sous prétexte qu'ils ont une orientation culinaire,
15:03 qui continuent à véhiculer une tradition bouchère,
15:06 c'est des métiers difficiles, extrêmement nobles.
15:09 C'est un métier de métier. Je connais également ça.
15:12 Sincèrement, c'est jamais agréable,
15:14 quand vous arrivez dans votre entreprise
15:17 et que vous voyez qu'on a sali votre outil de travail
15:20 pour dénoncer ce que vous faites, alors que ce que vous faites
15:23 est légal, et sincèrement, c'est très désagréable.
15:26 Je comprends la colère des gens quand ils sont victimes
15:29 de ces menaces-là, qui sont véhiculées au coeur de la nuit,
15:33 dans l'anonymat, sous des masques, alors qu'eux travaillent
15:36 de façon ouverte, généreuse et à visage complètement découvert.
15:40 -La dernière boucherie chevaline a fermé ses portes.
15:43 Est-ce que vous trouvez que c'est une bonne chose ?
15:46 -Le cheval a une connotation
15:48 un petit peu particulière.
15:51 Moi, j'ai mangé de la viande de cheval deux, trois fois,
15:54 peut-être, dans ma vie.
15:55 Je préfère, sincèrement, la viande de bœuf,
15:58 qui est beaucoup plus grasse, beaucoup plus goûteuse.
16:01 Il y a une proximité, effectivement, affective
16:05 avec les chevaux.
16:07 -Vous n'avez pas, vous, avec vos bœufs ?
16:10 -C'est pas de la même façon. On les monte pas.
16:13 -On dit qu'on aime forcément vos bêtes.
16:15 -On peut pas faire d'insensiblerie.
16:18 C'est moi qui ai amené mes animaux à l'abattoir
16:20 avec mon tracteur et ma bétaillère.
16:22 Je préférais que ce soit moi qui le fasse,
16:25 parce qu'on se cache pas derrière quelqu'un
16:27 pour aller accomplir un acte qui n'est pas un acte
16:30 très, très rigolo, finalement, que de tuer un animal
16:33 pour le manger.
16:35 Mais depuis tout gosse, j'ai vécu sur une ferme,
16:37 le mercredi, on tuait le lapin, on tuait le poulet,
16:40 qu'on allait manger au dîner,
16:44 au déjeuner ou au dîner.
16:46 Je sais ça, on l'intègre,
16:48 et on va pas en faire une sensiblerie pour autant.
16:50 -Mais les temps ont changé, les gens ne veulent plus
16:53 qu'on tue des animaux pour se nourrir.
16:56 -Ecoutez... -Une partie de la population.
16:58 -Beaucoup, effectivement, on le voit,
17:00 mais sincèrement, j'ai l'impression
17:03 qu'il y a encore pas mal de gens qui mangent de la viande,
17:06 au point qu'on est obligé d'importer des viandes
17:08 qu'on ne produit pas en France.
17:10 On a tellement jeté le discrédit sur nos agriculteurs
17:13 que certains se découragent. On décapitalise beaucoup
17:17 du chèque-tel français, et c'est dramatique,
17:19 parce que je voudrais réinsister sur ce que j'ai dit,
17:22 c'est toutes les externalités positives
17:25 qu'apportent l'élevage à la France et à ses paysages,
17:28 mais également à la gestion de la ressource en eau.
17:31 Toutes ces zones du massif central,
17:33 qui sont en zone herbagère,
17:36 qui servent de filtre à l'eau,
17:37 qui servent de réserve à l'eau,
17:40 du fait de la présence d'un taux de matière organique
17:43 très élevé dans les sols herbagés,
17:45 qui permet de stocker de l'eau. C'est important.
17:48 -On va voir si vous êtes incollables.
17:50 C'est le quiz.
17:51 -Vous, le chantre d'une viande de qualité,
17:57 vous ne pouvez que détester le fameux spam,
17:59 le cornet de bif. Sauriez-vous nous dire
18:01 si ces affirmations à son sujet, au sujet du spam,
18:04 sont vraies ou fausses ?
18:06 Le spam est né en 1937 pour offrir une conserve rassasiante
18:09 et très bon marché pendant la grande crise.
18:13 -Oui.
18:14 -Vrai, voilà, exactement.
18:15 Comme son cousin, le cornet de bif,
18:17 le spam est de la viande de bœuf,
18:19 cuite trois heures dans une boîte en métal.
18:22 -Il y a d'autres viandes que la viande de bœuf.
18:25 -C'est pas du tout du bœuf, c'est de l'épaule de porc.
18:28 -Pendant la Seconde Guerre mondiale,
18:30 les Jays américains, dégoûtés par cette ration quotidienne,
18:33 le surnomment le jambon de singe mort.
18:36 -Oui. -Non.
18:37 Ils l'appellent le jambon recalé à l'examen médical.
18:40 -C'était à peu près pareil.
18:42 -Le singe mort, c'est à moi, c'est une trouvaille.
18:45 Son succès a continué après la guerre.
18:48 En 2007, dernier chiffre connu,
18:51 s'était vendu dans le monde un milliard de boîtes de spam.
18:54 -Faux.
18:55 -Vous diriez plus ?
18:57 -Non, je dirais moins. -Non, 7 milliards.
19:00 -7 milliards.
19:01 -C'est peut-être pas bon, mais il y en a pas qui en mangent.
19:04 Le spam, c'est devenu cette viande pourrie.
19:07 Quand on a un mail pourri, on l'appelle le spam.
19:09 -Effectivement, dans ces boîtes mail.
19:12 -On va garder notre faux filet.
19:13 -Outre un gros consommateur de viande,
19:16 que désigne aussi le mot "viandard" ?
19:18 Un cheval difforme ?
19:20 Oui ou non ?
19:22 Un cheval difforme ? -Non.
19:23 -Oui ? Oui.
19:25 Le mot "viandard", c'est aussi un cheval difforme.
19:28 Un chasseur compulsif ? -Non.
19:30 -Oui ?
19:31 Si, aussi.
19:32 C'est aussi un viandard, le chasseur compulsif.
19:35 Un homme qui ne réussit rien ?
19:37 Un loser ?
19:39 Est-ce que le mot "viandard" correspond à cette...
19:43 -Pas dans mon esprit, non.
19:45 -Non, effectivement.
19:46 Une grille pour faire cuire la viande rouge ?
19:49 -Non. -Non plus.
19:50 -2 sur 4, très bien.
19:52 -50 % de réussite.
19:54 -Avec une bonne viande, on boit un bon vin.
19:58 -Oui, si possible.
20:00 -Si possible.
20:01 Donc, on a choisi, vous avez choisi,
20:03 un Bordeaux, un Bordeaux supérieur.
20:06 C'est le château Francouplet, c'est ça ?
20:09 Sur un millésime de 2016.
20:12 Evidemment, c'est un vin rouge,
20:15 avec un sémage à 65 % Merlot,
20:17 assez typique de ce Bordeaulais que vous connaissez bien.
20:21 Pourquoi avoir choisi ce...
20:23 -Il se trouve que j'ai été, comme je vous l'ai dit,
20:26 conseiller agricole, avant d'être moi-même agriculteur,
20:30 et j'ai eu l'occasion, du coup, d'accompagner
20:33 des jeunes qui voulaient se diriger
20:37 vers la viticulture.
20:39 Et en l'occurrence, vous savez, j'en ai installé...
20:42 Enfin, j'ai accompagné pas mal de projets d'installation.
20:45 Il fallait en choisir un, c'était pas simple.
20:48 J'ai pris celui que je connaissais depuis le plus longtemps,
20:51 en l'occurrence, c'est le château d'un ami,
20:54 qui s'appelle Éric Meynaud, installé sur la commune de Landerois,
20:57 qui est tout à fait à l'est de mon territoire,
21:00 à l'est de l'Entre-deux-Mers et de ma circonscription.
21:04 C'est quelqu'un que je connais depuis 1987.
21:08 Moi, j'avais 20 ans, lui, il en avait 15.
21:11 Et quelques années après,
21:13 après avoir fait des études en lycée agricole,
21:15 on va dire viticulture-onologie, il a décidé de s'installer.
21:19 Son père avait déjà une exploitation,
21:22 mais qui portait le raisin en cave coopérative,
21:24 une grosse, très belle cave coopérative,
21:27 et lui, à partir de 1995, s'est installé également,
21:31 mais a voulu, en 1998,
21:34 faire le virage et lui-même vinifier.
21:36 -Là, on sent que ça passe en barrique.
21:38 -Tout à fait. Et donc, petit à petit,
21:40 il a agrandi son exploitation,
21:42 avec son épouse, qui l'a rejoint,
21:44 avec ses enfants, qui sont pas encore en âge de s'installer,
21:48 mais qui ont contribué, en l'occurrence,
21:50 à la création de cette cuvée,
21:52 parce que c'est les enfants qui ont mis ce verre en barrique
21:55 en premier sur la première année,
21:58 où ils ont décidé de faire cette cuvée.
22:01 Et c'est vraiment un Bordeaux supérieur,
22:04 qui est digne d'un grand vin de Bordeaux.
22:07 Il y a beaucoup de variabilité qualitative,
22:10 mais je voulais vraiment montrer, au travers de ce château,
22:14 comme quoi des gens qui sont installés à titre individuel
22:17 ont fait de gros investissements,
22:19 de gros efforts en termes de vinification,
22:22 se sont fait accompagner par des zoonologues,
22:24 ont embrassé des techniques et des technologies modernes,
22:28 comme le microbulage ou autre,
22:30 et ont passé leur vin en barrique
22:32 et font des vins qui sont tout à fait remarquables,
22:35 dans une appellation assez modeste.
22:37 -C'est pas forcément la plus vendeuse,
22:39 à côté de Saint-Emilion, Pomerol...
22:42 -Absolument, qui ne bénéficie pas de ce nom-là,
22:44 mais on est capables de faire des choses très bien.
22:47 -C'est un très bon accord, effectivement.
22:50 -J'ai une question pour l'experte du vin, Brigitte.
22:53 Quand on a une viande avec déjà une sauce au vin,
22:56 et qu'on doit rajouter du vin,
22:57 est-ce qu'il y a des précautions à prendre ?
23:00 Faut-il que les deux vins s'accordent ?
23:02 Est-ce qu'on peut boire du vin blanc sur une sauce bordelaise ?
23:06 -Du vin blanc, je n'aurais pas préconisé de vin blanc
23:09 pour cette sauce bordelaise,
23:11 car le vin qui est dans la sauce est déjà très cuit.
23:13 De toute façon, il a perdu ce côté alcoolu que l'on peut avoir.
23:17 Un vin rouge est le meilleur accord possible.
23:20 -Et un bordelais. -Un vin de Bordeaux,
23:22 c'est une valeur très sûre, avec 65 % Merlot,
23:25 25 % Cabernet Sauvignon et 10 % Cabernet Franc,
23:28 qui apportent aussi un peu de fraîcheur au Merlot.
23:31 C'est un bon choix. -Merci.
23:34 -Félicitations. -Ca fera plaisir aux propriétaires.
23:37 -C'est souvent autour de la table,
23:39 vous devez le savoir, que se racontent les meilleures histoires,
23:42 que se nouent parfois des deals politiques.
23:45 C'est la brève de comptoir.
23:47 Pascal Lavergne, on vous a demandé de réfléchir
23:53 à une anecdote politique autour d'un repas.
23:55 Y a-t-il une petite histoire que vous pouvez nous raconter ?
23:58 -Une anecdote politique que je peux raconter ?
24:01 Oui, sans doute.
24:02 L'anecdote politique, qui est celle qui a le plus marqué
24:06 ma vie politique, c'est quand,
24:08 un 17 ou un 18 octobre, j'étais sur mon tracteur,
24:10 le matin, en train de soigner mes vaches,
24:13 j'étais déjà maire de mon village, Montségur,
24:15 et je reçois un coup de téléphone.
24:18 "Allô, c'est Pierre-Gael Bessières,
24:20 "du pôle politique et parlementaire de l'Elysée."
24:23 "Oui, bonjour."
24:24 Monsieur Lavergne avait l'air surpris.
24:26 Il me dit "Est-ce que vous savez
24:28 "qu'on vient de nommer Mme Christelle Dubos
24:31 "au gouvernement ?"
24:32 J'ai dit "Non, écoutez, vous me l'apprenez."
24:35 C'est à ce moment-là, comme j'étais suppléant de Christelle Dubos,
24:39 que je deviens député en soignant mes vaches.
24:41 "Tomber de l'armoire",
24:42 et moi, je suis tombé du tracteur.
24:44 -Vous avez arrêté le tracteur ?
24:46 -Oui, il a quand même fallu continuer à soigner les vaches.
24:50 Mais en tout cas, dès ce moment-là,
24:52 tout un tas de coups de fil, de journalistes,
24:54 d'amis qui regardaient les journaux télévisés
24:57 ou qui écoutaient la radio apprenaient la nouvelle,
25:00 en même temps que moi, qui était le premier concerné,
25:03 mais qui débarquait. -Et vous étiez heureux
25:05 de pouvoir poursuivre votre aventure ?
25:08 -Oui, évidemment, mais c'était pas forcément prévu,
25:11 à ce moment-là.
25:12 -Vous pensiez que, suppléant, vous n'accéderiez jamais
25:15 à l'Assemblée nationale ? -Oui,
25:17 dans ces nouveaux députés de 2017 dont faisait partie Christelle Dubos,
25:21 on savait pas qui pouvait être prédestiné à rentrer.
25:24 Quand je me suis engagé comme suppléant
25:26 auprès de Christelle Dubos, ni elle ni moi
25:29 n'avions imaginé que ça puisse arriver.
25:31 Au cas où, mais quand on a 42 ans,
25:33 c'était l'âge de Christelle Dubos,
25:35 j'avais pas envie de la voir mourir,
25:37 et elle non plus. Elle est rentrée au gouvernement.
25:40 C'était la deuxième alternative pour que je puisse siéger.
25:44 C'est pourquoi je suis venu ici pendant 20 mois.
25:47 -Vous vous êtes dit "bon sang, comment je vais pouvoir faire
25:50 "en même temps le travail au champ et le travail à l'Assemblée ?"
25:54 -Oui, c'est quelque chose qui vous traverse l'esprit.
25:57 La première chose qui m'a traversé l'esprit,
26:00 c'est ce que je vais faire de mes chiennes.
26:02 J'avais deux chiennes, une Labrador et sa fille,
26:05 qui est croisée. La Labrador est plus là,
26:07 elle est décédée cette année.
26:09 Mais je me suis posé la question,
26:11 parce que je suis célibataire, je vivais tout seul sur ma ferme,
26:15 pas pour ça que j'étais coupé du monde,
26:17 avec le restaurant, l'activité de mer,
26:19 je me suis dit "qui va pouvoir s'occuper de mes chiennes ?"
26:22 Et en l'occurrence, pour les vaches, c'était pas un souci.
26:26 Je savais que je pouvais embaucher quelqu'un.
26:29 -Vous avez regardé les chiens avec ?
26:31 -Les vaches, vous les soignez le matin,
26:33 vous les surveillez une ou deux fois par jour
26:35 s'il y a des potentiels vélages,
26:37 et ça suffit, les chiennes ont besoin d'infection.
26:40 Elles étaient avec moi sur la ferme,
26:42 ça a été ma première préoccupation.
26:45 Mais c'est compliqué d'être à la fois parlementaire,
26:48 d'avoir une ferme et un restaurant.
26:50 Ils m'arrivent, d'avoir des coups de fil à 9h30 du soir,
26:53 alors que la nuit tombe, et dire "Pascal, t'as des vaches
26:57 "qui sont sur la route à tel endroit."
26:59 Vous avez intérêt à avoir des bons copains
27:01 qui se mobilisent pour faire rentrer les vaches
27:04 et réparer la clôture. -Et les chiens ?
27:06 -Ils sont restés à la maison, j'ai fait une chatière pour chiens
27:09 pour qu'ils puissent rentrer et sortir de la maison.
27:12 Petit à petit, elles se sont habituées à vivre
27:15 avec plus d'autonomie, mais avec toujours plaisir
27:18 de retrouver leur patron.
27:19 -Ca va peut-être vous faire plaisir ou pas,
27:22 mais en tout cas, les Français se rapprochent de la terre.
27:25 Pour certains, ça passe par le "woofing",
27:27 et ça permet de découvrir d'autres cuisines aussi.
27:30 C'est le dessous des plats.
27:32 -Ah, Brigitte, le "woofing".
27:39 Derrière cet anglicisme se cache une pratique en plein essor,
27:42 un échange sans contrepartie monétaire.
27:44 Les hôtes des petites exploitations familiales, toujours bio,
27:48 proposent le gîte et le couvert aux bénévoles
27:50 contre une aide dans les champs, auprès des bêtes
27:53 et des agricoles. C'est un reportage bucolique
27:56 d'Hélène Bonduelle et de Philippe Lecrox.
27:58 -Manu est en reconversion professionnelle.
28:04 Elle veut se lancer dans le maraîchage.
28:07 -On va commencer avec les tomates,
28:10 pommes de terre et framboises,
28:12 et quelques poireaux aussi.
28:14 On peut les manger, parce que toi, tu aimes les poireaux.
28:17 -Et dans la micro-ferme de Kate,
28:20 elle est venue s'enrichir de nouvelles techniques agricoles.
28:23 -J'aime bien l'idée d'aller expérimenter,
28:26 voir si, dans le quotidien,
28:27 toute la diversité des tâches qu'on peut faire me plaisent.
28:31 C'est quelque chose que j'ai envie de faire plus dur.
28:34 Comment faire ses semis, gérer son compost...
28:37 Il y a énormément de choses qu'on apprend.
28:40 C'est vraiment chouette, c'est très riche.
28:42 -Manu est une ouffeuse.
28:44 Le principe est simple,
28:46 elle offre quelques heures de travail à Kate,
28:48 agricultrice bio, partage les travaux de la ferme,
28:51 mais pas seulement.
28:53 -L'idée, avec le woofing,
28:55 c'est que ça ne devient pas un salarié.
28:58 Pour moi, le but, c'était qu'il vivait avec nous,
29:03 il partageait tous nos repas,
29:05 les bons moments de la vie, les mauvais moments de la vie.
29:08 -Comme elle, ce sont souvent des jeunes de 18 à 35 ans,
29:12 plutôt urbains, qui s'essaient à ces échanges.
29:15 Plus de 2 500 fermes, toutes bio,
29:18 sélectionnées par l'association Woof France.
29:22 -On a 2 000 woofers qui sont devenus paysans et paysannes
29:25 et qui ont vu, au-delà du texte, au-delà des discours,
29:29 ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas
29:31 en termes de modèle agricole.
29:33 C'est aussi une manière de venir se confronter au terrain
29:36 et de parler de modèle économique aussi,
29:39 parce que ce n'est pas que juste faire pousser,
29:41 c'est aussi comment on vend sa production.
29:44 -That's the famous chutney.
29:47 -Une forme de reconnexion à la terre,
29:51 à son alimentation aussi.
29:53 -Le principe, c'est qu'on crée de la belle nourriture,
29:56 donc on va prendre le temps de faire des expériences,
30:00 de faire des beaux plats,
30:02 de profiter des bels nutriments qu'on produit.
30:05 -Il y a une notion de partage autour du repas,
30:08 les discussions qui vont avec, c'est vraiment riche,
30:12 et les découvertes culinaires qu'on voit à chaque fois.
30:15 -Vraiment, les woofers viennent avec leurs...
30:18 On avait des woofers japonais qui ont créé des plats magnifiques.
30:21 Donc, oui, c'est vraiment une découverte dans les deux sens.
30:26 -Alors, cette reconnexion à la terre,
30:28 ça doit vous faire plaisir,
30:30 ou vous jugez que c'est un peu gadget et ça vous agace ?
30:33 -Euh...
30:36 Gadget, oui, j'ai qualifié ça tout à l'heure un petit peu,
30:39 c'est du boboïsme.
30:40 C'est très bien de vouloir recoller à la nature,
30:43 mais aujourd'hui, c'est pas la vie d'une vraie ferme,
30:48 qui permet... -Ce sont des exploitations
30:50 un peu familiales. -Ce n'étaient pas de vraies.
30:52 -Ce n'étaient pas de vraies. -Ils travaillent différemment.
30:56 Vous étiez indulgent et tolérant. -Il n'y a pas de problème.
30:59 Mais je veux revenir à un principe de réalité.
31:02 Ce n'est pas avec...
31:04 des fermes comme ça qu'il faudrait quand même multiplier
31:07 de façon très importante
31:09 qu'on permet d'arriver à la souveraineté alimentaire.
31:12 Aujourd'hui, avec un modèle productiviste,
31:15 mais néanmoins respectueux de l'environnement,
31:19 respectueux de la biodiversité et de plus en plus,
31:22 on a du mal à être autonome en France
31:25 en termes de production alimentaire.
31:29 Sincèrement, personne ne me fera croire
31:32 que c'est ce modèle-là qu'il faut multiplier demain
31:35 sur le territoire pour permettre d'arriver
31:39 à cette souveraineté alimentaire
31:43 que l'on a perdue en France.
31:45 -Néanmoins, peuvent-ils être complémentaires ?
31:48 -Tout à fait.
31:49 Je crois qu'il faut faire coexister ces deux modèles,
31:53 tout simplement parce qu'on le voit bien
31:55 avec l'inflation qui est réapparue dans notre pays
32:00 depuis la guerre en Ukraine,
32:01 que les Français, ils consacrent
32:05 une certaine part de leur revenu et de leur budget
32:08 à l'alimentation.
32:09 Et on voit bien que, finalement, les Français,
32:12 ce sont... Le consommateur s'est détourné
32:16 des produits bio, qui sont souvent plus chers,
32:19 parce qu'ils requièrent beaucoup plus de main-d'oeuvre,
32:23 avec moins de rendement à l'hectare
32:25 ou au mètre carré quand il s'agit de fruits et légumes.
32:29 Les gens se sont détournés du bio pour pouvoir continuer à manger
32:32 à leur faim et pour pouvoir équilibrer leur budget,
32:36 parce qu'ils ont été obligés de consacrer plus de leur revenu
32:40 au logement, plus de leur revenu à l'énergie,
32:45 et sans doute beaucoup trop de leur revenu
32:47 à ce que j'ai donné tout à l'heure, mon smartphone.
32:50 Voilà, donc, à un moment donné, il faut aussi assumer ça.
32:54 Le fait que, depuis 30 ou 40 ans,
32:56 on diminue la part de l'alimentation
33:00 qu'on consacre à notre alimentation
33:03 par rapport à nos revenus.
33:04 Donc, n'allons pas me faire croire
33:06 que c'est en n'ayant que des produits plus chers
33:10 qu'on va pouvoir répondre à cette exigence.
33:12 -Vous défendez le modèle productiviste.
33:15 -Je défends un modèle qui soit à la fois productiviste,
33:18 respectueux de l'environnement,
33:20 et qui va toujours vers...
33:22 Qui tire vers le haut le respect de la biodiversité,
33:26 l'utilisation moindre des phytosanitaires.
33:29 Tout ça, c'est en route.
33:30 Les agriculteurs, comme je l'ai dit,
33:33 ils ont compris ce message que leur envoie la société,
33:37 que leur envoient les citoyens,
33:39 et qu'à un moment donné, il y a une forme de schizophrénie
33:42 entre le français citoyen et le français consommateur.
33:45 -Le consommateur. -Le français citoyen
33:47 a des exigences en termes de normes de production,
33:51 de qualité de production, de respect de l'environnement,
33:54 et quand il est consommateur, il veut un prix bas
33:57 et il regarde pas trop d'où ça vient.
33:59 Finalement, on impose des normes à nos producteurs
34:02 qui conduisent à ce que ça renchérie
34:04 le coût de l'alimentation produite en France,
34:07 et le consommateur s'en détourne
34:09 et achète des produits moins chers
34:11 qui viennent de pays étrangers, de continents extérieurs,
34:14 comme le Brésil, où on déforeste
34:16 encore entre 200 et 400 000 hectares par an.
34:19 Essayons de remettre les choses à l'endroit.
34:21 Si aujourd'hui, dans nos circonscriptions,
34:24 nous avons tous des agriculteurs qui retournent les panneaux
34:27 dans la ville, en manquant comme la tête,
34:30 c'est sans doute qu'il y a une raison.
34:32 -Revenons au "woofing", Brigitte,
34:34 vous avez parlé des petites exploitations bio,
34:37 c'est pas gérable... -C'est pas gérable.
34:39 -C'est pas ce qui va nous permettre d'obtenir la souveraineté.
34:42 Ce qui est intéressant dans le "woofing",
34:45 ce sont ces jeunes qui font des reconversions,
34:47 qui vont vers la terre, qui vont se reconnecter,
34:50 qui ont envie de la travailler différemment
34:53 avec des pratiques ancestrales.
34:54 -Vous n'avez pas l'air très adepte de ce concept.
34:57 -Vous n'êtes pas enthousiaste.
34:59 -On ne peut pas empêcher les gens de faire ce qu'ils veulent.
35:03 -Non, mais vous devriez...
35:04 -Vous êtes près de la nature, vous devriez vous en réjouir.
35:08 -On est d'accord, mais la mission première de l'agriculture,
35:11 c'est de nourrir les gens.
35:13 En 1963, ou 1962... -Ca peut cohabiter.
35:16 -Quand les lois d'orientation sur l'agriculture ont été faites,
35:20 c'était de dire aux agriculteurs,
35:23 "Produisez de façon suffisante et massive
35:26 "pour qu'on puisse nourrir à bas coût, à bas prix, la population."
35:30 L'agriculture a répondu à cette mission.
35:33 -Il faut qu'elle continue à y répondre.
35:35 Sinon, nous dépendrons de modèles agricoles
35:38 que nous ne maîtrisons pas, qui sont sur d'autres continents
35:42 et qui, bien souvent, seront gérés par des dictatures
35:45 plutôt que par des démocraties comme la France.
35:48 -Est-ce que ce genre d'initiative peut rapprocher
35:51 l'urbain du rural, l'urbain de l'agriculteur ?
35:53 On voit parfois qu'il y a des faussés.
35:55 -Elle le rapproche sans tenir compte de ce principe de réalité
36:00 qu'il faut être capable de produire des carottes à un certain prix
36:03 pour qu'elles soient compétitives.
36:05 Il faut produire du poulet à un certain prix...
36:08 -Pour comprendre vos contraintes à vous ?
36:11 -Il faut comprendre l'ensemble des contraintes.
36:13 C'est bien la vocation de la loi d'orientation agricole
36:17 que de réouvrir les exploitations agricoles.
36:19 Je veux qu'on réouvre les exploitations agricoles,
36:22 mais les vraies exploitations agricoles,
36:25 celles qui, aujourd'hui, remplissent les rayons
36:28 des supermarchés dans lesquels se rue...
36:30 -C'est pas l'agriculture intensive ?
36:32 -C'est de l'agriculture intensive,
36:34 mais ça ne veut pas dire...
36:36 "Agriculture conventionnelle", c'est pas un gros mot.
36:39 Aujourd'hui, c'est répondre à une demande du marché,
36:42 qui est de produire des carottes, des pommes,
36:45 de la viande de poulet, de la viande de bœuf à un certain prix.
36:48 Si on n'est pas capable, dans un marché mondialisé,
36:51 de produire à ces conditions-là,
36:53 finalement, nous serons sous le coup de dictature,
36:56 comme nous aurions pu l'être concernant l'énergie.
36:59 Demain, je ne veux pas, pour les Françaises et les Français,
37:03 que leur alimentation dépende de dictateurs
37:05 qui feront ce qu'ils veulent et qui leur feront manger ce qu'ils veulent.
37:09 -Vous parlez de principe, de réalité.
37:11 Une réalité que vous ne voulez pas voir,
37:14 c'est que cette jeune génération n'a pas la même idée
37:17 de la souveraineté alimentaire ni de la production agricole.
37:20 Est-ce que vous pensez que vous pouvez
37:22 être un peu d'accord avec ces nouvelles techniques,
37:25 cette nouvelle appréhension ? On fera moins de viande,
37:28 différemment ? Ces nouveaux agriculteurs,
37:30 ils veulent traiter la terre différemment
37:33 de la façon dont elle a été traitée par leurs aînés.
37:36 -Ces jeunes agriculteurs... -Ils sont en rupture.
37:39 -C'est bien. Je ne vais pas les empêcher de le faire.
37:41 Mais ils vont vite se rendre compte que la société
37:44 va leur demander de produire ce qu'ils ont envie de manger
37:48 et le prix auquel ils ont envie de manger
37:50 et le budget qu'ils ont envie de leur consacrer.
37:53 -Il faut que les choses se développent les unes à côté des autres.
37:56 Ne privilégions pas un modèle sur l'autre,
37:59 mais ne condamnons pas, de grâce,
38:01 ne condamnons pas le modèle qui, depuis les années 60,
38:04 permet de vivre et a permis de consacrer moins
38:08 pour son alimentation par rapport à l'ensemble de ses revenus
38:12 et de pouvoir bénéficier, d'une part, plus important
38:15 pour ses loisirs, d'une part, plus important pour son habitation
38:19 et d'une part, plus important pour sa qualité de vie
38:22 et de sa santé. Ne cassons pas ce modèle-là,
38:24 parce qu'il est risqué. Je veux aussi que chacun
38:27 prenne conscience de ce risque politique,
38:29 de devoir, demain, dépendre des autres,
38:32 dépendre d'autres continents,
38:34 d'autres modes de pouvoir politique
38:36 pour pouvoir manger à sa femme.
38:38 -Est-ce que, pour avoir cette souveraineté,
38:40 il faut du glyphosate ? On va le voir.
38:43 Le glyphosate vient d'être conduit pour 10 ans
38:45 dans l'Union européenne, classé cancerigène probable
38:48 par le Centre international de recherche sur le cancer.
38:52 La controverse. On en parle et on met les pieds dans le plat.
38:55 Le glyphosate a été réduit de plus de 25 %
39:03 depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron, qui en a fait un de ses combats.
39:07 La France, qui souhaiterait en sortir,
39:09 cherche des alternatives. Si certains parviennent à s'en passer,
39:13 ce n'est pas le cas de toutes les exploitations.
39:16 Reportage d'Ariane Morisson et d'Augustin Arnal.
39:21 -A l'approche des semis, Sébastien Berger contrôle l'état de son champ.
39:25 Il y a quelques jours, il a désherbé sa parcelle
39:28 en pulvérisant un produit chimique puissant, du glyphosate.
39:32 -Sous 15 jours, 3 semaines,
39:35 on va commencer à avoir une plante qui dessèche
39:37 et on va obtenir ce genre de chose, une plante qui a plus de chlorophylle.
39:41 -Depuis 3 ans, cet agriculteur a divisé par 2
39:45 sa consommation de glyphosate grâce au désherbage mécanique.
39:48 Un complément efficace, mais impossible, selon lui,
39:51 de se priver du puissant herbicide.
39:54 -On a des plantes résistantes, qui sont plantes invasives.
39:57 Et ces plantes-là, à part la molécule du glyphosate,
40:00 je n'en ai rien d'autre.
40:01 -Il répand 1 litre d'herbicide dilué par hectare de culture.
40:05 -Donc là, j'ai du bon côté droit la fameuse molécule du glyphosate.
40:11 -Malgré la dangerosité du produit,
40:13 il continue d'utiliser la molécule pour assurer ses récoltes,
40:16 faute d'alternatives efficaces.
40:18 -C'est pas parce qu'on a employé une molécule
40:21 qu'on l'emploiera demain.
40:22 La preuve en est que nos pratiques vont baire
40:25 des pratiques plus vertueuses.
40:27 J'en prends, chez moi, j'en consommais 800 litres
40:30 il y a quelques années, aujourd'hui, j'en suis rendu à 400 sur ma ferme.
40:33 Demain, ça ira peut-être encore en diminuant.
40:36 -A quelques kilomètres de là, pendant 12 ans,
40:39 Damien Savoyan a lui aussi pulvérisé du glyphosate sur ses champs.
40:42 En 2016, il a renoncé aux produits chimiques
40:45 et s'est converti à l'agriculture biologique.
40:48 A présent, il ne compte que sur des outils mécaniques
40:51 pour désherber.
40:52 -Les repousses de tournesol sont arrachées
40:54 et les quelques mauvaises herbes
40:56 qui sont présentes aussi dans le champ
40:58 sont également arrachées.
41:00 -Un procédé plus long et plus coûteux
41:02 qu'il amortit avec un prix de vente plus élevé de sa production.
41:06 L'absence de recours au glyphosate
41:08 est avant tout un moyen pour lui de protéger l'environnement.
41:11 -Aujourd'hui, il y a des études qui le montrent.
41:14 On sait que ça coûte moins cher d'aider l'agriculteur
41:17 que de dépolluer l'eau.
41:19 -Le glyphosate demeure encore l'herbicide
41:22 le plus utilisé en France.
41:23 En 2021, près de 7 800 tonnes ont été vendues
41:27 sur le territoire national,
41:29 un chiffre en légère baisse ces dernières années.
41:31 -Vous avez exploité de la vigne, Pascal Lavergne.
41:34 Est-ce que vous utilisiez du glyphosate
41:36 ou avez-vous réussi à vous en passer ?
41:38 -J'ai utilisé du glyphosate.
41:40 C'est compliqué, dans la vigne, de se passer du glyphosate
41:44 tout au moins sous le rang.
41:47 De plus en plus, effectivement, les viticulteurs s'en passent.
41:51 J'ai fait partie de ceux qui...
41:53 J'ai eu mes premières vignes en 1997.
41:56 Ceux qui n'ont jamais travaillé leur vigne,
41:58 qui ont laissé enherber l'interrang.
42:02 Déjà, c'est une orientation.
42:04 Néanmoins, il y a la nécessité de désherber sous le rang.
42:08 Aujourd'hui, il y a des matériels qui permettent de tondre
42:11 sous le rang, qui permettent éventuellement de décavaillonner,
42:14 de travailler le sol.
42:16 Ca n'a pas que des effets positifs,
42:18 mais on peut, dans certaines conditions,
42:20 s'en passer, pas toujours,
42:22 mais je peux vous assurer que, là aussi,
42:25 le monde agricole a beaucoup diminué
42:27 l'utilisation de glyphosate.
42:29 -Peut-être qu'un tiers. -Il y a pour autant,
42:31 il y a pour autant, à mon sens,
42:33 la nécessité de le maintenir
42:36 pour pouvoir détruire des adventices
42:38 qui prolifèrent.
42:40 On n'a pas d'autre solution.
42:41 -La Commission européenne a-t-elle pris une bonne décision ?
42:45 Elle l'a prise seule.
42:46 -Je pense que la Commission européenne...
42:49 -De le reconduire sans aucune restriction.
42:51 -La Commission européenne a fait une erreur politique,
42:54 parce que ça remet, en fait,
42:56 une couche de volonté de combattre le glyphosate,
43:01 alors qu'il a toute son utilité pour l'agriculture.
43:04 La position française, qui était une position intermédiaire
43:08 de donner une durée supplémentaire de cinq ans
43:10 pour laisser le temps de trouver des alternatives,
43:13 parce qu'il y a des alternatives,
43:15 nécessite également des investissements
43:18 de la part des agriculteurs,
43:19 mais pour faire ça, il faut dégager des marges,
43:22 des résultats,
43:23 il faut avoir des technologies
43:25 qui soient vraiment avérées.
43:28 On a des marges de progrès
43:29 que la recherche nous permettra de faire.
43:32 -Financièrement, vous auriez pas pu le faire ?
43:34 -Je suis hors course maintenant,
43:36 mais par rapport aux vignes,
43:38 c'est pas tellement là qu'il y a le problème,
43:40 mais c'est surtout dans les grandes cultures.
43:43 Maintenant, on tolère beaucoup plus facilement
43:46 dans les vignes d'avoir de l'herbe sous les pieds,
43:49 déjà parce que le climat a un petit peu évolué aussi,
43:53 même si ça laisse des supports, en fait,
43:55 pour pouvoir véhiculer les spores de mildiou
43:58 jusque sur les feuilles,
43:59 puisque c'est par ricochet avec des gouttes d'eau
44:02 que le mildiou remonte sur le feuillage.
44:05 On tolère de plus en plus ça.
44:06 -Le glyphosate, on le vaporise pas
44:08 comme ça sur la ville. -Non.
44:10 Quand je parle des gouttes d'eau,
44:12 c'est des gouttes d'eau de pluie qui véhiculent le mildiou.
44:15 Le glyphosate, en viticulture,
44:17 on l'utilise à des doses extrêmement faibles,
44:20 uniquement sous le rang, alors qu'on pouvait l'utiliser
44:23 à une époque sur la totalité de la surface.
44:25 En viticulture, c'est pas un problème.
44:28 Dans les grandes cultures,
44:29 on voit qu'il y a des méthodes culturelles
44:32 qui sont plutôt positives,
44:34 comme les cultures de conservation,
44:37 qui consistent à faire des rotations des cultures
44:40 avec plusieurs plantes,
44:42 mais qui empêchent, enfin, qui évitent de travailler le sol,
44:47 notamment en supprimant la technique de labour,
44:50 qui est néfaste pour le taux de matière organique,
44:53 pour plein de choses, pour la minéralisation également
44:57 des éléments qui proviennent du sol
45:01 et qui proviennent du sous-sol.
45:04 On met en place ces cultures de conservation
45:06 en laissant pousser l'hiver des plantes.
45:08 On les détruit avec une petite dose de glyphosate
45:11 de 1 à 1,5 litre par hectare,
45:14 ce qui est extrêmement faible.
45:16 Rendez-vous compte que nous avons
45:18 entre 20 et 30 000 tonnes de terre par hectare,
45:21 de terre arable.
45:22 Un litre à un litre et demi.
45:24 C'est pas comme si on prenait le glyphosate...
45:27 -Ca fait peu, c'est pas cancérigène probable,
45:29 comme le dit le Centre international de recherche.
45:32 -Le Centre international de recherche
45:37 dit que le glyphosate est cancérigène probable.
45:40 Je ne dis pas l'inverse,
45:42 mais en l'occurrence, c'est classé 1A,
45:45 comme les charcuteries ou la viande rouge
45:47 qu'on a mangée tout à l'heure.
45:49 Est-ce qu'on interdit ça ?
45:50 -Vous dites un peu plus de doses.
45:52 -C'est une question d'exposition et d'une question de dose.
45:56 Sincèrement, ça fait 50 ans que le glyphosate est utilisé.
46:00 J'écoutais l'autre jour Patrick Cohen,
46:03 qui réagissait dans un édito
46:05 par rapport à la réintroduction du glyphosate.
46:08 Sincèrement, si vraiment,
46:11 il y avait une toxicité très forte du glyphosate,
46:14 ça se saurait. Je ne dis pas qu'il n'y a pas
46:17 des expositions qui peuvent générer des cancers,
46:19 mais pas moins que d'autres choses.
46:22 -Il y a un jeune garçon,
46:23 Théo Gratalou,
46:25 qui a été reconnu, en fait, victime du glyphosate,
46:30 parce que sa mère avait été exposée quand elle était enceinte.
46:34 -C'est très difficile, à chaque fois qu'on nous prend des exemples.
46:38 -Il y a des études qui disent tout le contraire.
46:40 J'ai une question sur si cette décision
46:43 de la Commission européenne ne pénalise pas
46:45 les agriculteurs français.
46:47 La réglementation française est plus dure.
46:49 -C'est ce que j'ai dit dans mon propos.
46:52 Ca n'aide pas l'agriculture française
46:54 et ça remet le glyphosate sur le devant de la Seine
46:58 et ça rejette l'opprobre sur le monde agricole.
47:01 -Mais ça ne veut pas dire...
47:02 -Le monde agricole français a fait beaucoup d'efforts.
47:05 C'était la position, je crois, je suis certain,
47:08 de la France,
47:09 la position du ministre de l'Agriculture,
47:12 Marc Fesneau, qui était de dire
47:14 "alignons-nous sur la position française",
47:16 qui a permis de faire diminuer l'usage du glyphosate de 27 %,
47:20 notamment parce que la SNCF n'utilise plus du glyphosate,
47:23 les communes n'utilisent plus du glyphosate
47:26 pour les routes, etc. Ils ont pu mettre en oeuvre ça,
47:29 réservant le glyphosate dans des conditions modérées
47:32 pour l'agriculture, là où on n'a pas d'alternative,
47:35 et en attendant de trouver des alternatives,
47:37 dont je suis persuadé que la recherche trouvera
47:40 et le machinisme agricole trouvera...
47:42 -Avant 10 ans ?
47:43 -Pour donner un petit coup de booster
47:46 à la recherche et aux fabricants de matériel agricole,
47:49 tout en laissant le temps aux agriculteurs
47:51 de pouvoir avoir une capacité d'investissement nouvelle,
47:55 5 ans, c'était sans doute une bonne limite.
47:57 Quitte à revoir, après 5 ans, 10 ans d'un coup,
48:00 finalement, est-ce qu'on va faire les efforts nécessaires
48:03 pour pouvoir trouver des alternatives ?
48:05 Je trouve que 5 ans, c'était le bon timing.
48:08 C'est pour ça que j'étais aligné sur la position française.
48:11 Ursula von der Leyen en a décidé autrement.
48:14 Je le regrette, parce qu'il faut également montrer,
48:17 quand on est responsable politique,
48:19 que même si on considère comme produit
48:21 qu'il n'est pas...
48:23 On considère comme produit qu'il n'est pas aussi néfaste
48:26 que certains ont voulu le dire,
48:28 qu'on fait un pas aussi en direction des populations
48:31 qui nous le demandent.
48:32 C'est extrêmement nécessaire.
48:34 -Il y a une restriction plus importante sur le glyphosate.
48:37 Ca crée une distorsion de concurrence
48:39 avec les autres pays de l'Union.
48:41 Est-ce qu'on ne va pas réutiliser davantage de glyphosate ?
48:45 -Vous savez, les agriculteurs sont des gens raisonnables,
48:48 des gens intelligents.
48:49 Les efforts qu'ils ont faits,
48:51 les techniques qu'ils ont mises en oeuvre,
48:54 qui sont vertueuses, ils continueront à le faire.
48:57 Je sais qu'ils ne reviendront pas en arrière.
48:59 La réglementation française ne reviendra pas en arrière.
49:02 Je regrette que les autres n'aient pas voulu s'aligner sur nous,
49:06 mais je suis content que ce glyphosate puisse continuer
49:09 à exister. C'est dommage qu'il n'ait pas pu continuer à exister
49:13 dans des conditions un peu plus exigeantes,
49:15 partout dans le monde, en Europe et partout dans le monde.
49:19 Je préfère qu'on s'aligne vers le mieux-disant
49:21 que vers le moins-disant.
49:23 -Ca, c'est une décision de l'Europe.
49:25 Il y a des agriculteurs qui se plaignent
49:28 des normes européennes qui entravent leur travail aujourd'hui.
49:31 Ils ont mis leur panneau à l'envers.
49:33 Vous nous en parliez tout à l'heure,
49:35 parce qu'on marche sur la tête.
49:37 -J'ai aussi le panneau de Bas-Commune,
49:40 qui est à l'envers. J'ai vu ça sur Facebook.
49:42 -Vous étiez avec les manifestants ?
49:44 -Vous dites qu'il faut un stop aux normes européennes ?
49:48 -C'est là, aujourd'hui, à la soirée.
49:50 On me l'a envoyé sur Facebook. -C'est pour dire quoi ?
49:53 -C'est pour dénoncer, sans doute, la surtransposition
49:57 qu'on a eu tendance à faire beaucoup trop
50:00 pendant de longues années,
50:02 et pas forcément avec les gouvernements
50:05 d'Emmanuel Macron,
50:06 quoiqu'il y aurait pu y avoir une forme de tentation.
50:09 Je voudrais sincèrement bien redire l'utilité,
50:12 que ce soit le politique et le politique seul
50:16 qui soit à la manoeuvre pour les décisions.
50:19 Parce que c'est lui qui, après, est en première ligne
50:22 pour prendre des coups ou pour justifier des décisions,
50:26 alors que parfois, elles sont prises, on veut dire,
50:29 par des administrations qui, finalement,
50:31 ne sont pas exposées.
50:33 Il faut que ce soit le politique...
50:35 -Vous êtes solidaires, ces agriculteurs ?
50:38 -Oui, d'une certaine façon, oui.
50:40 Je comprends le ras-le-bol du monde paysan.
50:43 Je ne serais pas allé manifester ni retourner des panneaux moi-même,
50:47 mais bien sûr que je le comprends,
50:49 je suis solidaire, parce qu'ils ont envie d'une lisibilité
50:52 pour les cinq à dix ans à venir.
50:54 Ils veulent plus qu'il y ait de surtransposition,
50:57 ils veulent plus voir disparaître de produits sans alternative,
51:00 et je ne peux que les comprendre, d'autant que nous ne sommes pas
51:04 capables de faire respecter, pour le moment,
51:07 des clauses miroirs de pays comme le Brésil,
51:09 qui continuent à déforester 200 à 400 000 hectares par an
51:13 dans les forêts tropicales, et on voudrait dire
51:15 à nos agriculteurs "Plantez des haies,
51:18 "sinon vous allez continuer à dégrader le climat".
51:21 Arrêtez, il faut faire porter les responsabilités
51:23 à ceux qui sont responsables.
51:25 -On passe au dessert, tout le monde a fini.
51:28 C'est le péché mignon.
51:29 -On passe au dessert, mais Pascal Lavigne
51:32 est déjà passé au dessert, il ne nous a pas attendu.
51:35 -Il ne nous a pas attendu.
51:36 -La tarte au citron, il adore.
51:38 Une tarte au citron sans meringue, c'était votre choix,
51:42 mais vous avez choisi des agrumes qui portent mal son nom,
51:45 puisqu'il n'y a pas à parler de fruits dans cette tarte.
51:48 C'est un mélange assez riche, constitué de sucre,
51:51 de jus de citron, voire de zeste.
51:53 C'est une crème appelée chez les Anglais "lemon curd",
51:56 donc c'est assez lourd.
51:58 On dit souvent que c'est léger, non,
52:00 la tarte au citron est de saison, les agrumes sont de saison,
52:03 mais vous avez tenu à ce que cette tarte au citron,
52:06 que vous adorez, soit sans meringue.
52:09 Pourquoi la meringue tue le goût du citron ?
52:11 -C'est ce que je vais chercher dans une tarte au citron.
52:14 -C'est le citron. -Et c'est l'acide.
52:17 À partir du moment où on rajoute dessus une meringue sucrée,
52:20 on va perdre cet équilibre qui tend vraiment vers l'acide.
52:24 Et en fin de repas, même si j'aime bien les desserts,
52:27 je préfère un dessert qui tend sur l'acide
52:30 qu'un sur le sucre.
52:31 Pourquoi la tarte au citron ?
52:33 -C'est sucrée, la tarte au citron.
52:35 -Elle est quand même sucrée, mais en termes de goût,
52:38 j'ai pas le goût d'en parler.
52:40 En fait, on a quand même bien l'acide qui domine.
52:44 -C'est ça qui vous plaît.
52:45 Vous n'avez pas les desserts trop sucrés.
52:48 -C'est ce côté qui énerve un petit peu les papilles,
52:51 qui énerve la langue.
52:52 -C'est surtout la tarte au citron, pas les tartes aux fruits.
52:56 -Je peux, mais aujourd'hui, j'ai choisi la tarte au citron
52:59 parce que c'est un dessert que j'avais mis en oeuvre.
53:02 On a commencé par un certain nombre de desserts,
53:05 il faut de temps en temps renouveler.
53:07 Comme j'aimais bien la tarte au citron,
53:10 un jour, je me suis dit que je vais m'en mettre à enfer.
53:13 -Vous savez la préparer. -Oui, mais enfin,
53:15 pas de façon extrêmement artisanale.
53:18 Dans un restaurant, on a aussi des obligations
53:20 en termes de normes sanitaires.
53:22 Utiliser des oeufs qu'on casse, c'est embêtant.
53:25 C'était relativement simple.
53:27 C'était un litre de jus de citron
53:29 qu'on mélange avec ce qu'on appelle de la crème à froid,
53:32 qui est un mélange tout préparé, mais extrêmement stabilisé,
53:36 il y a de la farine, les oeufs qui sont pasteurisés.
53:39 Vous mélangez ça. -Et la pâte.
53:40 -Mais par contre, il a fallu que je trouve le bon équilibre
53:44 entre ce que j'aimais, faire ressortir cet acide,
53:47 et le fait que ce mélange tout prêt du commerce,
53:52 qui permet aux restaurateurs de travailler
53:55 en sécurité sanitaire, était un peu sucré.
53:57 Il faut trouver cet équilibre.
53:59 Ce que j'avais rajouté, qui n'est peut-être pas rajouté,
54:02 c'est de la crème chantilly non sucrée,
54:05 qui permet d'alléger, de donner ce côté un peu gras.
54:08 Ce qui peut être intéressant pour visuellement rappeler le citron,
54:13 c'est d'avoir des tranches de citron très fines que l'on coupe,
54:17 que l'on fait bouillir. -Des zestes de citron ?
54:19 -On peut mettre du zeste de citron vert dessus,
54:22 ça rappelle, ça a un petit arôme sympathique.
54:24 Mais on peut, sur le plan visuel, mettre cette rondelle de citron
54:28 qu'on fait soi-même confire dans du sucre.
54:31 -On rajoute un dessus. -On le fait confire
54:34 et on la met sur le bord pour rappeler le fruit.
54:37 -On finit toujours cette émission en chanson.
54:40 C'est vous qui l'avez choisie. -On va garder ses larmes.
54:43 -Ce coin de paradis
54:46 Ce petit bout de terre
54:48 Où vit encore mon père
54:50 Comment pourrais-je faire
54:52 Pour me séparer d'elle
54:54 Oublier qu'on est frères
54:56 Belcoraise et Chanel
54:58 -Oublier ce matin
54:59 Que tu es parisien
55:01 Que t'as de l'eau dans le vin
55:03 Que tu es parti loin
55:05 -Vous avez la larme à l'oeil, Pascal Lavergne.
55:07 -Ne me chie pas !
55:09 -Qu'est-ce qu'elle évoque pour vous, cette chanson ?
55:12 -Le bon limousin natal.
55:14 J'en dirais pas plus.
55:16 Tout est dans la chanson.
55:18 Je suis né en Limousin.
55:20 Ca, c'est la Corrèze.
55:22 C'est une partie du Limousin.
55:23 Je suis né à Limoges, en Haute-Vienne.
55:26 Mon père habite là-bas. Je suis romanche.
55:28 -Merci d'avoir accepté notre invitation,
55:31 Pascal Lavergne, eau en couleur.
55:33 Merci pour ce déjeuner.
55:35 Merci à H.E. François,
55:36 qui nous a servi ces bons petits plats.
55:39 On se retrouve la semaine prochaine
55:41 pour un nouveau numéro de Politique à table.
55:43 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
55:46 Générique
55:48 ...

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