Interview de Anne-Laure, militante NousToutes974

  • l’année dernière
Transcript
00:00 Bonjour, je m'appelle Anne-Laure, je suis militante au sein du collectif NousToutes974.
00:04 Comment ça va être ? On te donne un prix ?
00:06 Non, pas du tout.
00:07 Je vous donne encore un prix.
00:08 Ok, parfait.
00:09 On va m'en connaître, ne vous inquiétez pas.
00:10 Alors, aujourd'hui c'est une journée importante, mais pourquoi encore cette journée ?
00:17 Ça veut dire qu'on n'y arrive pas, les hommes ils ne comprennent toujours pas ?
00:21 Aujourd'hui c'est une journée super importante pour les féministes et pour les femmes.
00:24 C'est une journée pour crier notre colère.
00:26 Donc les conditions des femmes se dégradent partout dans le monde.
00:29 Donc l'ONU a alerté cette semaine qu'il y a eu 89 000 féminicides.
00:33 Donc c'est un triste record qui n'avait pas été atteint depuis 20 ans.
00:36 Et pas plus loin qu'à La Réunion, c'est le 4ème département le plus violent envers les femmes et les enfants.
00:42 Donc non, ça ne s'arrête pas.
00:43 Et justement, on est ici mobilisés pour demander aux hommes de se remettre en question
00:48 et de réfléchir à tous ces mécanismes de violence.
00:51 Parce que ce sont justement les hommes qui font des violences sur les femmes et les enfants,
00:55 et les minorités de genre.
00:56 Alors justement, qu'est-ce qu'il faudrait pour que ces hommes se remettent en question ?
01:00 Ça passe par quoi ? Ça passe par l'Education nationale ?
01:03 Ça passe par beaucoup de choses déjà.
01:06 Ça passe par une prise de conscience, c'est pour ça qu'on est là.
01:09 C'est pour interpeller tout le monde sur ce problème des violences.
01:12 Parce que même si c'est les femmes les premières victimes, il faut bien que les hommes se mobilisent aussi.
01:17 Et donc oui, ça passe par de la prévention, l'Education nationale aussi.
01:21 Il y a une loi qui oblige à trois séances d'éducation à la sexualité et à la vie affective par an,
01:30 mais elle n'est pas forcément appliquée partout.
01:33 Il faut également la formation de tous les professionnels, les médecins, les infirmiers, la police,
01:39 tous ceux qui travaillent dans la justice, à prévenir, à repérer les violences.
01:43 On voit énormément des femmes près de l'homme.
01:50 Ça veut dire que la bataille n'est pas gagnée ?
01:56 Oui, c'est hyper compliqué.
02:00 Et pourtant on n'arrête pas de mobiliser, les hommes étaient appelés à venir manifester avec nous.
02:05 On les attend, ils ont qu'à nous rejoindre sur les réseaux sociaux pour en apprendre un peu plus sur les violences.
02:11 Une journée, c'est déjà très important pour mobiliser, sensibiliser, faire de la prévention,
02:17 mais c'est tous les jours qu'il faudrait que ça se passe ?
02:19 Oui, c'est tous les jours qu'on est mobilisés et qu'on interpelle sur les violences.
02:24 Mais c'est vraiment le 25 novembre, parce que c'est la journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes.
02:31 Une journée pour le crier et toute l'année pour agir.
02:34 Est-ce que ce que le gouvernement a mis en place depuis des années, est-ce que c'est suffisant ?
02:40 Est-ce que ça porte un peu ses fruits ou pas du tout ?
02:43 On va dire que c'est totalement inefficace, parce qu'on est le 25 novembre et 121 femmes sont mortes en France,
02:48 assassinées par un homme. Dans 75% des cas, c'est par un ex ou par un conjoint.
02:55 Donc on va dire que c'est inefficace tant qu'il y a des femmes qui mourront tuées par des hommes,
02:58 ce sera totalement inefficace.
03:00 Et je peux ajouter quelque chose, il y a une tentative de viol ou un viol qui fait 7 minutes en France,
03:06 ce qui est très choquant.
03:07 Et la France a bloqué cette semaine ou la semaine dernière une directive européenne qui vise à harmoniser la loi sur le viol.
03:13 Car elle refuse d'intégrer la notion de consentement dans la définition commune du viol.
03:19 Donc on peut dire que non, clairement il y a une inaction et on ne prend pas au sérieux.
03:23 Dans ce pays, on laisse tuer et violer les femmes.
03:25 Malgré tout, il y a quand même des boutons d'alerte qui ont été distribués ce matin à certaines associations.
03:31 Il y a des téléphones grand danger, il y a quand même des petites mesures, des dispositifs qui sont mis en place.
03:38 Comme vous venez de le dire, ce sont des petites mesures.
03:40 Et donc nous on attend vraiment un vrai budget de réelles mesures et pas que des mesurettes.
03:46 De vraies politiques pour la prévention, pour l'accompagnement, le soutien des victimes
03:50 et pour l'accès de tous et de toutes au droit.

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