"Ce n'est pas un dérapage" : un syndicaliste justifie le blocage de la rocade de Toulouse par les agriculteurs

  • l’année dernière
INVITE : Jean-Baptiste Gibert, président des Jeunes Agriculteurs du Tarn-et-Garonne
Transcript
00:00 C'est le quart d'heure Toulousain, votre moment à vous qui nous regardez, qui nous écoutez sur France Bleu Occitanie.
00:05 Vous nous appelez 05 34 43 31 31 pour passer à l'antenne et nous donner votre avis.
00:11 Est-ce que vous comprenez les actions choc des agriculteurs ces derniers jours avec notamment l'Aroca de Toulouse qui a été paralysée la semaine dernière ?
00:18 On est ce matin en ligne avec un syndicaliste du monde agricole, c'est Jean-Baptiste Gibert. Bonjour.
00:23 Bonjour.
00:24 Vous êtes président des jeunes agriculteurs dans le Tarn-et-Garonne, vous êtes céréalier également dans le département, vous faites également des légumes plein champ en bio et du raisin de table.
00:33 Avant de parler de votre malaise, du malaise du monde agricole, Jean-Baptiste Gibert, vous étiez mercredi dernier à Toulouse à la réunion avec la direction régionale de l'agriculture.
00:41 Ça s'est mal passé, la colère s'est déversée dans la rue et sur l'Aroca de Toulouse. Pourquoi ça a dérapé comme ça ?
00:49 Alors ça s'est mal passé, disons que ça s'est passé de manière cordiale, mais ça fait plus d'un an qu'on fait remonter des problèmes et qu'on n'est pas entendu écouter.
01:00 Donc à un moment on a dit, écoutez, quand le syndicat n'est plus écouté, regardez ce qui peut se passer si les agriculteurs se mettent à agir de leur propre chef.
01:10 Alors qu'on comprenne bien, quels types de problèmes ne sont pas entendus par l'État en ce moment ?
01:15 Alors quels types de problèmes ? Au niveau national, on a vraiment des problèmes sur le revenu agricole, le fait qu'on ne puisse plus vendre nos productions à un prix digne.
01:26 Et après au niveau occitan, on a aussi de très gros soucis d'accès à l'eau, avec la volonté d'Adour Garone, le référent sur le bassin qui gère l'accès à l'eau.
01:38 Donc ils veulent baisser les volumes et augmenter le prix de la redevance. Donc je ne sais pas qui accepterait d'en avoir moins pour plus cher.
01:46 – Et il y a d'ailleurs une réunion syndicale aujourd'hui à Moissac autour de ce thème de l'eau.
01:50 On revient donc à cette manifestation la semaine dernière à Toulouse et ce dérapage, je ne sais pas si on peut le dire comme ça,
01:57 est-ce que vous considérez d'ailleurs que c'est un dérapage de bloquer la rocate comme ça, de déverser du fumier, de brûler des pneus ?
02:03 – Alors moi je ne considère pas que ça ait été un dérapage, peut-être le fait d'allumer des feux, ça c'est peut-être un peu excessif,
02:13 mais à un moment, comme je vous ai dit tout à l'heure, on fait tout le travail en réunion, sauf qu'on a l'impression que ça ne sert à rien
02:20 parce qu'on a un ministère qui est complètement sourd à nos revendications, qui n'écoute pas.
02:25 Et donc le seul moyen maintenant qui nous reste, c'est de muscler un peu le rapport de force
02:31 et de montrer le pouvoir de nuisance du monde agricole aussi pour essayer de faire réagir jusqu'à Paris.
02:37 – Et on attend vos appels ce matin sur France Blog, si t'as mis l'appel des auditeurs 05 34 43 31,
02:41 est-ce que vous comprenez ces actions-chocs ou est-ce que vous préférez des actions symboliques ?
02:45 Ça réagit aussi Franck sur Facebook.
02:46 – Oui, Lulu nous dit que tous les moyens sont bons pour se faire entendre,
02:48 sauf que le gouvernement se fiche royalement que les citoyens soient impactés,
02:52 c'est à la capitale qu'il faut monter, dit Lulu, il faut taper chez les décideurs.
02:57 – C'est un peu aussi ce que nous dit le maire de Castel-Sarazin, Jean-Philippe Bézier,
03:01 qui a été touché aussi par des manifestations d'agriculteurs ces derniers jours.
03:05 – Je comprends le désarroi de la profession agricole,
03:07 après ça n'excuse pas le fait qu'ils puissent déverser tout et n'importe quoi
03:11 dans les rues ou devant les sous-préfectures.
03:13 Aujourd'hui le coût pour Castel-Sarazin d'enlever ce qu'ils ont déversé, c'est à peu près 7000 euros,
03:19 ils ont eu bloqué Paris, je veux dire, voilà c'est tout.
03:21 Puis peut-être que là ils seront certainement entendus,
03:24 manifester fait partie de ce qu'ils doivent faire à partir du moment où ils ne sont pas contents,
03:28 mais pas forcément en mettre de tout partout.
03:30 – Jean-Baptiste Schibert, est-ce qu'il faut aller bloquer Paris,
03:33 comme le dit le maire de Castel-Sarazin ?
03:35 – Vous savez, moi j'y suis monté à Paris, j'ai été reçu par M. le ministre,
03:40 et après vu les augmentations de GNR qu'on subit en ce moment…
03:45 – Le GNR c'est le gaz non routier, c'est le gaz agricole que vous utilisez dans les tracteurs.
03:48 – Voilà, le carburant pour les tracteurs,
03:50 je ne suis pas sûr que ce soit efficace d'aller à Paris en tracteur,
03:56 pourquoi pas, s'il faut en arriver là, on arrivera à travers le réseau national
04:00 à faire monter 10, 20, 30 000 personnes à Paris,
04:04 mais voilà, là pour l'instant nous on agit au niveau local.
04:07 – 7000 euros de dégâts, nous dit le maire de Castel-Sarazin,
04:10 des milliers d'euros certainement à Toulouse, c'est en cours de chiffrage,
04:13 qui va payer ?
04:15 – Qui va payer, je ne sais pas,
04:19 après je pense que chacun a des assurances efficaces pour pallier à ses dépenses,
04:26 après voilà, comme je vous ai dit, le but n'est pas de casser, de détruire,
04:31 mais c'est la seule méthode qui a été efficace depuis un mois à peu près,
04:36 on retourne des panneaux de manière symbolique qui là ne font aucun dégât,
04:40 ça a démarré dans le Tarn par mes collègues.
04:43 – Et ça ne suffit pas d'ailleurs cette action symbolique de retourner les panneaux ?
04:47 – Alors cette action symbolique de retourner les panneaux est très efficace,
04:50 parce qu'elle est très reprise par un certain nombre de médias et elle est suivie,
04:55 sauf que à un moment, je pense que le gouvernement se dit,
05:01 "ouais, c'est bien, ils ont retourné les panneaux".
05:05 – 05 34 43 31 31, on parle des agriculteurs,
05:08 ce matin on est avec Gilbert de Toulouse, bonjour Gilbert.
05:11 – Oui bonjour, adicias, bravo les mondes,
05:13 je suis tout à fait d'accord avec les paysages,
05:16 oui le monde des paysages ne se fait pas entendre,
05:19 donc il est normal qu'ils emploient des méthodes que certains ne comprennent pas.
05:24 Alors qui va payer ? Et bien moi je vais vous dire qui va payer,
05:27 comment se fait-il qu'on envoie autant d'argent en Palestine ?
05:31 Comment se fait-il qu'on envoie autant d'argent vers les Ukrainiens
05:35 alors que nos paysages meurent chaque jour ?
05:39 – Bon en tout cas vous comprenez qu'on bloque l'Aroca de Toulouse, Gilbert ?
05:43 – Il faut bloquer, il faut que le citoyen achète le produit du paysan français,
05:48 arrête d'acheter des produits venant de l'étranger.
05:51 – Jean-Baptiste Gilbert, quand vous entendez Gilbert de Toulouse,
05:54 ça vous fait du bien aussi d'entendre ce genre de témoignage ?
05:57 – Oui, je tiens à le remercier d'ailleurs pour son témoignage,
06:00 après on a complètement conscience que le grand public est de notre côté,
06:08 parce que je ne suis pas sûr qu'il y ait un côté
06:09 quand il s'agit de la survie de toute une profession,
06:12 mais oui après il a entièrement raison dans ce qu'il dit,
06:15 qu'il faut que le consommateur achète les produits français,
06:19 mais encore faut-il que les grandes surfaces
06:22 lui mettent les produits français à disposition à un tarif raisonnable,
06:25 parce qu'il y a ça aussi, les grandes surfaces achètent des produits, font des marges,
06:29 nous on ne touche pas assez d'argent et le consommateur se retrouve
06:32 à devoir payer beaucoup trop cher pour un produit français,
06:36 juste parce qu'il y a le drapeau français dessus,
06:39 donc ça aussi c'est une chose qu'on ne peut pas accepter.
06:41 - Merci à Gilbert pour votre intervention, bonne journée à vous Gilbert,
06:43 comme Gilbert vous pouvez intervenir 05 34 43 31 31, c'est le quart d'heure Toulouse.
06:48 - Jean-Baptiste Gilbert, réunion sur l'eau,
06:50 on l'a dit aujourd'hui à Moissac, réunion syndicale,
06:53 ça aussi c'est le gros dossier qui vous inquiète.
06:56 - Oui c'est une réelle inquiétude, parce qu'à un moment,
07:01 tous les étés on a droit au fait qu'on privatise l'eau, on pique l'eau,
07:06 sauf qu'il ne faut pas oublier une chose,
07:08 c'est que l'agriculteur quand il utilise de l'eau, il la transforme,
07:13 on la transforme en nourriture et on la transforme en puits à carbone,
07:16 notamment qui va lutter contre le dérèglement climatique.
07:20 - Qu'on comprenne bien, en ce moment vous êtes en train de négocier les redevances
07:23 pour les années à venir, combien vous allez payer pour pouvoir prélever, c'est ça ?
07:27 - Alors ça a été voté par la loi de finances 2024 qui est passée en 49.3,
07:33 donc autant vous dire que toutes les négociations sont tombées à l'eau,
07:36 et après c'est surtout les volumes prélevables aussi qui demandent à être diminués,
07:41 c'est-à-dire la quantité d'eau qu'on peut prélever sur une année,
07:44 et donc là on aimerait bien négocier, sauf que notre cher préfet de région
07:49 se refuse à toute négociation, donc à un moment quand on efface un mur,
07:54 il n'y a plus d'autre choix que de sortir les muscles, comme j'ai pu l'évoquer tout à l'heure.
07:59 - Alors qu'est-ce qui va se passer justement dans les prochaines semaines,
08:01 parce que là on sent qu'il y a un blocage, ça veut dire quoi ?
08:03 C'est-à-dire que vous allez revenir à Toulouse, que vous allez peut-être monter d'un niveau ?
08:07 Est-ce que vous allez, on a évoqué Paris, même si c'est compliqué,
08:10 est-ce que c'est ça peut-être qu'il faut faire avec une convergence de tous les départements ?
08:13 Qu'est-ce qui peut se passer Jean-Baptiste Ejiber dans les prochains jours, dans les prochaines semaines ?
08:18 - Déjà j'invite tous mes amis agriculteurs qui écoutent à venir à 14h30 à Moissac,
08:24 pour essayer de montrer la mobilisation et les inquiétudes sur le sujet de l'eau.
08:29 - Ça veut dire qu'il peut y avoir manifestation dans la foulée de cette réunion,
08:31 Jean-Baptiste Ejiber, cet après-midi à Moissac ?
08:33 - Ah oui, oui, oui, ça peut passer comme ça, on a une autoroute pas loin, on peut aussi y aller,
08:40 ça il n'y a pas de souci, c'est suivant ce qui va ressortir.
08:43 Après c'est une réunion syndicale, donc on est principalement entre syndicalistes,
08:47 donc à priori ça devrait bien se passer, mais si à un moment, s'il n'y a pas d'annonce,
08:53 oui on peut partir avec les tracteurs et aller se promener comme on dit.
08:58 - Merci Jean-Baptiste Ejiber, président des Jeunes agriculteurs du Tarn-et-Garonne et automobilistes,
09:02 vous êtes prévenu, évitez peut-être le secteur de Moissac cet après-midi.
09:04 - Message de Benoît à l'instant sur la page Facebook, pour faire des actions populaires,
09:07 il n'ont qu'à distribuer des produits agricoles gratuits, ouvrir des péages,
09:10 et expliquer, sensibiliser aux problèmes que rencontrent les agriculteurs,
09:14 c'est un peu ce qu'on a fait ce matin sur France Bleu,
09:16 avec Citadine dans le quart d'heure Toulousain, le débat continue,
09:18 si vous le souhaitez, sur la page Facebook de votre radio.

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