OTAGES FRANÇAIS LIBÉRÉS - Patrick Klugman, avocat de la famille de Erez et Sahar, est l'invité de RTL Bonsoir

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Il est notre invité événement après la libération des trois premiers otages français du Hamas, Eitan, 12 ans, Erez, 12 ans, et Sahar, 16 ans. L'avocat Patrick Klugman représente la famille des deux derniers. Ont-ils vécu le même enfer que le premier ? Comment réagi leur maman Hadas Calderon ? Dans quel état physique et mental sont-ils ?
Regardez L'invité de RTL Soir du 28 novembre 2023 avec Marion Calais et Julien Sellier.
Transcript
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julien Cellier, Marion Calais et Cyprien Signy.
00:07 RTL bonsoir jusqu'à 20h.
00:09 RTL bonsoir avec notre invité événement maintenant après la libération des trois premiers otages français du Hamas.
00:16 Eitan, 12 ans, Erez, 12 ans, Sahar, 16 ans avec nous maintenant un avocat de famille d'otages. Bonsoir Patrick Lugmann.
00:22 Bonsoir.
00:23 Nous allons échanger ensemble dans un instant.
00:25 Auparavant je voudrais vous faire écouter ce document RTL parce qu'on découvre aujourd'hui à quel point la détention de ces adolescents a pu être terrible.
00:31 Voici le témoignage de l'attente du jeune Eitan.
00:35 Elle s'est confiée au micro de notre envoyé spécial Valentin Boisset. Écoutez-la.
00:39 Vous savez moi j'ai vu hier le film quand il est rentré.
00:42 Il était tout maigre.
00:44 Il va pas très bien.
00:45 Ma soeur m'a raconté que le Hamas l'a obligé à voir le film d'horreur du 7 octobre.
00:51 Le film que personne n'ose regarder, même pas une partie, rien du tout.
00:55 Ils l'ont obligé à regarder.
00:57 Elle m'a raconté que si un enfant a pleuré là-bas, ils l'ont menacé avec une arme de sauter, d'arrêter de pleurer, qu'il ne faut pas pleurer.
01:06 Et elle m'a raconté aussi qu'elle arrivait à Gaza quand ils l'ont kidnappé, il y a tous les civils là-bas, des civils, pas le Hamas qui l'ont tapé.
01:16 Je sais qu'il était avec Herez Calderon.
01:19 Et le Hamas quand il les ramène, qu'il donne la main pour les descendre, il leur donne de l'eau, des vêtements.
01:26 Vraiment c'est un jeu dégueulasse, vraiment.
01:30 C'est pas la réalité.
01:32 Ils leur ont donné des vêtements le dernier jour après qu'ils étaient 51 jours avec les mêmes vêtements qu'ils ont été kidnappés avec.
01:40 Vous avez acheté des jouets, c'est ça ?
01:42 Oui, on lui a acheté un foot, il aime jouer.
01:46 Il a aimé jouer avec ma grande-fille, ils ont joué toujours au kibbutz.
01:49 Et un ballon, "welcome back".
01:52 Comment s'est passé la nuit ?
01:54 Ils ont dormi ensemble, ma soeur et lui, bien sûr, elle ne va plus le quitter, même pas une seconde.
01:59 Et je sais qu'il a réussi à dormir un peu.
02:02 On va aller le voir maintenant, on va lui donner un câlin.
02:04 On va lui dire qu'on l'aime, qu'on l'attendait, qu'on sera là toujours pour lui et que tout ira bien.
02:10 Patrick Plugman, vous représentez la famille des deux autres ados libérés, Erez et Sahar.
02:17 Ils ont vécu le même enfer ?
02:20 J'ai peu de nouvelles parce que la famille a voulu faire un petit peu une espèce de...
02:28 de les entourer, donc on n'a pas accès à ces informations-là.
02:32 Tout ce que je sais, c'est que Sahar et Erez ont retrouvé leur maman, Hadass, et ils sont ensemble.
02:40 C'est une période très compliquée, et familialement, et pour tout le reste,
02:46 parce qu'il y a du sujet médical, il y a du sujet psychologique,
02:50 il y a des besoins de débrief, il y a besoin d'informations.
02:53 Et pour Sahar et Erez, c'est pas une situation qui leur est propre,
02:56 il y a leur père au fer qui est resté derrière, à Gaza.
03:01 Donc c'est un enfer qui continue, qui ne cesse pas.
03:06 Tous ceux qui ont vécu des situations d'otages, ça se passe de toute façon qu'une libération ne vous libère pas complètement.
03:13 Là, nous parlons de personnes extrêmement jeunes,
03:17 qui ont été retenues dans des conditions abominables,
03:22 probablement confrontées à des choses extrêmement choquantes dans le cadre de leur détention,
03:28 et jusqu'aux instants de leur libération.
03:31 Donc on ne sait pas encore tout, on va malheureusement savoir beaucoup plus de choses.
03:36 Là, je crois que ce que nous devons faire, c'est ce que j'ai essayé de faire,
03:39 c'est laisser la cellule familiale reprendre sa place, sachant que,
03:44 je voudrais le dire quand même,
03:45 ils viennent du kibbutz Nîr Ose, qui n'existe plus.
03:49 C'est un lieu qui a été dévasté, ils n'ont plus de maison,
03:53 ils retrouvent leur famille, mais pas totalement,
03:55 puisque leur papa, je parle des Calderon, est resté à Gaza.
03:58 - Parce que leur grand-mère et leur cousine...
04:00 - Leur grand-mère et leur cousine ont été assassinés,
04:03 ils ont dû la prendre hier,
04:05 et ils ne retrouvent pas leur maison, qui n'existe plus en l'état pour le moment.
04:10 Donc c'est ça la réalité que nous vivons.
04:14 C'est ça la réalité que nous vivons, néanmoins...
04:17 - Il y a cette volonté vraiment de leur maman, Adas Calderon,
04:21 que vous représentez, de créer un cocon autour de ces enfants,
04:25 en tout cas pendant les jours à venir ?
04:26 - Je crois qu'ils ont une famille incroyable, les Calderon,
04:32 d'ailleurs qui est très largement représentée en France.
04:35 Ania Jawi est une de leurs cousines,
04:36 mais ils ont plein de cousins avec qui on a été en contact,
04:39 qui font des choses incroyables.
04:41 C'est une famille superbe, à tous les sens du terme.
04:44 Et la communauté, je ne sais pas comment dire,
04:46 la collectivité des familles d'otages et des victimes du 7 octobre,
04:51 c'est une entité, c'est une famille en soi qui s'est créée
04:57 dans ces circonstances dramatiques,
04:59 qui se soutiennent, qui vivent ensemble.
05:01 Ils vivent ensemble !
05:02 C'est des gens qui viennent pour la plupart du Kiboutz,
05:05 donc ils sont habitués à la vie en communauté,
05:08 avec beaucoup de citoyens israéliens et d'autres du monde entier
05:11 qui affluent, qui les aident, qui les soutiennent.
05:13 Et cette dynamique-là, qui pour le moment est familiale, communautaire,
05:19 je pense qu'elle va continuer, elle va donner quelque chose
05:24 dans les jours et les mois qui viennent.
05:25 - Et on sent d'ailleurs la stupeur de ces rescapés du Kiboutz,
05:28 comme cette tante qui témoigne à l'instant au micro de notre envoyée spéciale,
05:32 et qui découvre l'enfer qu'a vécu le petit Ethan, 12 ans.
05:37 On se rend compte, nous aujourd'hui,
05:39 on découvre que ses enfants n'ont probablement pas vu le jour pendant 50 jours,
05:43 qu'ils ont été menacés avec des armes.
05:45 Vous avez été surpris en apprenant ces détails qui sont sordides ?
05:49 - Je n'ai pas été surpris quand on sait ce que c'est que le Hamas.
05:53 D'ailleurs, on n'a pas beaucoup d'efforts à faire,
05:55 il suffit de lire leur charte, de savoir ce qu'ils ont toujours fait,
05:58 toujours essayé de faire.
05:59 C'est un mouvement qui s'est créé pour détruire Israël et tuer des Juifs.
06:05 C'est marqué, je n'inventorie pas, je ne paraphrase pas.
06:09 C'est leur idéologie, c'est leur but, c'est leur méthode.
06:14 On a vu leurs frères, cousins, je ne sais pas quoi,
06:18 on les a vus dans Paris.
06:21 On ne peut pas s'habituer et on ne peut pas être surpris.
06:27 Mais pour la famille, si vous voulez, vous retrouvez un neveu,
06:32 vous voyez bien l'attente que vous avez écoutée,
06:35 elle, elle retrouve son neveu, son petit neveu,
06:37 comme on a tous des cousins, des enfants, des neveux de 12 ans.
06:40 Et ce neveu-là, c'est quelque chose qui a connu une épreuve
06:44 que même des soldats engagés dans des opérations extérieures très compliquées
06:48 ne verront jamais de leur vie.
06:50 Et il va vivre avec ça toute sa vie.
06:52 Et il a 12 ans.
06:54 - Là, la suite, dans les heures à venir,
06:56 pour les familles que vous représentez,
06:59 c'est le suivi psychologique.
07:01 Ils sont extrêmement entourés à Tel Aviv, à l'hôpital.
07:03 - Je vais vous dire, il y a, en Israël,
07:08 il y a parmi les meilleures compétences au monde de suivi psychologique
07:11 des personnes qui ont vécu des traumas post-attentat.
07:14 Et je me souviens d'ailleurs qu'on avait organisé des choses
07:17 pour le suivi de nos attentats ici.
07:20 Mais tous disent qu'ils sont complètement désemparés par le 7 octobre.
07:26 On est même chez les plus grands spécialistes du sujet,
07:31 ils affrontent des choses et les victimes racontent des choses
07:36 auxquelles personne n'avait été préparé.
07:39 Parce que ce sont des enfants qui ont été parfois retenus
07:42 loin de leurs parents, très très jeunes, très longtemps,
07:46 qui ont pu être blessés, qui ont pu être maltraités.
07:50 On ne l'avait pas vu avant.
07:51 - Et vous l'avez dit, l'enfer continue,
07:53 parce que pour Hérèze et Sahar, dont vous représentez la famille,
07:56 leur papa reste à Gaza.
07:58 Alors la trêve est prolongée de 48 heures,
08:00 mais on se demande si c'est suffisant pour que des otages hommes
08:03 soient enfin libérables.
08:06 Vous avez cette crainte-là d'une détention
08:08 qui puisse être très longue désormais ?
08:10 - Bien sûr, on a un processus qui est extrêmement...
08:15 Qui est cruel d'abord, parce qu'ils sélectionnent,
08:18 on ne sait pas très bien selon quels critères,
08:20 on ne sait pas très bien qui.
08:21 Ils séparent des familles, ils continuent de séparer des familles.
08:27 Il y a des personnes très jeunes dont on n'a pas de nouvelles.
08:31 Tout le monde parle de Kfir, le bébé de 10 mois.
08:35 Vous avez, on entend partout, la maman de M'Yachem,
08:39 dont on avait eu une preuve de vie, une des seules preuves de vie,
08:41 mais on n'a plus de nouvelles.
08:42 - C'est une vingtaine d'années.
08:43 - Et donc, il faut continuer le processus qui est ignoble,
08:49 mais qui est le seul que nous ayons,
08:51 parce qu'on n'a rien de mieux à se mettre sous la dent,
08:54 et que ce qui doit nous mobiliser, nous, tel que nous sommes,
08:58 qui que nous soyons, quel que soit notre rôle,
09:01 c'est une personne arrachée à la détention,
09:04 c'est une victoire, ça sera une victoire,
09:06 qui sera totale et incomplète,
09:08 tant qu'il y en aura derrière qui seront retenus par le Hamas.
09:11 - Racontez-nous les dernières heures hier,
09:13 avant la libération justement de Herez et de Sarr,
09:16 parce qu'hier soir, à votre place, là sur cette chaise,
09:19 l'ambassadrice d'Israël était notre invitée,
09:21 et elle, à cette heure-ci,
09:22 elle a resté extrêmement prudente sur une issue positive.
09:25 Ça veut dire que les négociations ont été longues,
09:28 ont été pénibles sur les élections.
09:29 - Moi, je sais que, au moment où ils sont remis au CICR,
09:33 on nous a interdit de nous réjouir en disant,
09:38 un, la route est dangereuse,
09:39 j'ai appris plus tard que les camions de la Croix-Rouge
09:43 avaient été caillassés.
09:44 Ça vous dit quand même quelque chose ?
09:47 Et puis après, on nous dit, attendez,
09:49 on n'est pas encore sûr des identités,
09:51 donc il fallait attendre,
09:52 puis d'abord l'Égypte, puis Israël,
09:54 et ce n'est...
09:58 Je suis encore ému,
10:00 et pardon, je ne suis pas souvent ému, voilà.
10:03 Quand ils sont arrivés et que les familles les ont vus,
10:08 et là, on a pu respirer.
10:10 - Merci beaucoup Patrick Lugmann,
10:11 avocat de familles d'otages,
10:13 et notamment la famille de Herez et de Sahar,
10:15 qui sont enfin ce soir aux côtés de leur maman en Israël,
10:18 d'avoir été avec nous ce soir sur RTL dans RTL Bonsoir.
10:21 - Merci à vous.
10:22 - Julia Selier, Marion Calais et Cyprien Séni.
10:26 - RTL Bonsoir.
10:27 - La suite de l'émission, c'est dans quelques secondes.
10:29 Alors avec tout autre chose, un peu de magie de Noël,
10:32 ça fera du bien dans RTL Insight, c'est toujours bienvenu.
10:34 - RTL a suivi le concours pour devenir Père Noël
10:38 de Lillebonne en Normandie,
10:39 avec des candidats assez géniaux.
10:41 - Et puisqu'on a bien besoin de sourire,
10:43 une nouvelle visoconférence nous attend aussi
10:45 avec l'ami Alex Vizorek.
10:47 A tout de suite sur RTL.
10:48 RTL Bonsoir jusqu'à 20h
10:51 [SILENCE]

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