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Alors que l’Accord de Paris doit faire l’objet, lors de la COP28 qui débute jeudi 30 novembre à Dubaï, d’un bilan d’étape, les objectifs fixés en 2015 sont loin d'être atteints, estime Antoine Gillod, directeur de l'observatoire de Climate Chance.

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Transcription
00:00 les émissions de CO2 ont augmenté de 7% entre l'accord de Paris et aujourd'hui.
00:04 La spécificité de l'accord de Paris, c'est d'avoir fixé deux objectifs universels
00:16 pour l'ensemble des signataires.
00:18 Contrairement au protocole de Kyoto qui avait attribué
00:23 les responsabilités différenciées à chaque État avec des objectifs plus ciblés,
00:27 cette fois-ci l'ensemble des 197 parties de l'accord de Paris
00:30 se sont engagées à limiter le réchauffement climatique
00:33 en dessous de 2°C, voire 1,5°C si possible.
00:37 Et aujourd'hui, en 2023 lors de la COP28,
00:40 on fera la première évaluation d'étape des progrès collectifs
00:43 accomplis par les États vers ces objectifs-là.
00:45 Donc il ne s'agit pas d'identifier les bons ou les mauvais élèves,
00:48 de pointer du doigt tel ou tel pays,
00:50 mais il s'agit bien d'évaluer la capacité globale des États du monde entier
00:54 à tenir les objectifs universels de l'accord.
00:57 Qu'est-ce que l'évaluation de l'accord de Paris ?
01:00 Ce que je retiens, la première information,
01:02 et c'est la seule réalité biophysique qui compte,
01:04 c'est l'augmentation mondiale des émissions de gaz à effet de serre
01:07 entre 2015, la signature de l'accord de Paris,
01:10 et 2022, la dernière année lors de laquelle on a des données disponibles.
01:13 Les émissions de CO2 ont augmenté de 7% entre l'accord de Paris et aujourd'hui.
01:18 Donc au niveau mondial, nous ne sommes pas sur la trajectoire nécessaire
01:21 pour limiter le réchauffement à 1,5°C ou à 2°C.
01:25 Néanmoins, on voit qu'il y a des signaux de transition
01:27 que l'on a pu identifier à l'échelle de certains pays ou zones économiques
01:31 et de certains secteurs.
01:32 Par exemple, on voit qu'il y a une vraie dynamique de transition,
01:35 de réduction des émissions de gaz à effet de serre en tout cas,
01:37 qui est engagée au niveau des pays plutôt industrialisés,
01:40 tandis que le gros de la croissance mondiale des émissions de gaz à effet de serre
01:44 est plutôt porté par les pays émergents à l'heure actuelle,
01:47 et en particulier les grands émergents tels que la Chine,
01:50 qui occupe à peu près 70% de la croissance des émissions de CO2 depuis l'année 2000.
01:54 Et globalement, ce qu'on observe,
01:55 c'est que tous les signaux de transition que l'on a pu observer ici et là
01:58 sont généralement compensés par l'accroissement de la demande d'énergie,
02:03 de biens et de services de consommation,
02:05 avec un alignement des émergents sur des modes de consommation
02:08 de plus en plus énergivores,
02:10 à l'image de ce que font les pays industrialisés.
02:13 Et donc, c'est cette dynamique-là qui empêche les signaux de transition
02:17 d'amorcer une véritable réduction des émissions de gaz à effet de serre
02:20 et qui a entraîné cette hausse observée en 8 ans.
02:23 [Musique]
02:30 Tous les chiffres disponibles indiquent aujourd'hui
02:32 que nous consommons notre budget carbone,
02:34 c'est-à-dire la quantité de CO2 que nous pouvons encore émettre dans l'atmosphère
02:38 pour rester sous les seuils de 1,5 degré.
02:41 Ce budget carbone est très largement entamé,
02:43 il a été divisé par deux selon les dernières estimations publiées pendant l'année
02:47 par rapport à ce que le GIEC identifiait dans son rapport 1.5 en 2021.
02:51 Aujourd'hui, l'atmosphère s'est réchauffée en moyenne de 1,2 degré
02:55 par rapport à l'époque pré-industrielle.
02:57 Nous émettons encore environ à peu près 40 gigatons de CO2 dans l'atmosphère chaque année.
03:03 L'objectif 1,5 degré apparaît sinon condamné,
03:06 au moins très très fortement obéré par notre incapacité
03:10 à faire réellement basculer notre système énergétique en dehors des énergies fossiles.
03:14 L'objectif va être, je pense aujourd'hui, concentré sur les 2 degrés.
03:17 [Musique]
03:21 Il y a plusieurs signaux positifs que l'on peut remarquer depuis la signature de l'accord de Paris.
03:25 C'est d'abord l'accélération très impressionnante des investissements dans les énergies renouvelables
03:29 qui dépassent désormais à l'échelle mondiale les investissements dans les énergies fossiles.
03:32 80% des capacités de production électrique qui sont installées dans le monde
03:36 sont désormais des énergies renouvelables.
03:37 Et donc ça, ça augure d'une transformation du mix électrique
03:41 et des préférences du marché vers des énergies plus vertueuses.
03:44 En revanche, le mix électrique en soi n'a pas encore tout à fait basculé.
03:47 Il faut d'autant plus d'énergie renouvelable pour remplacer une même capacité de production fossile
03:52 en raison de ratios de production qui sont légèrement défavorables.
03:56 L'éolien, le solaire sont des énergies plus intermittentes.
03:58 On a donc besoin de plus de capacités pour pouvoir produire une électricité équivalente
04:02 à une centrale à charbon ou à gaz par exemple.
04:04 Ensuite, on voit une électrification des usages assez substantielle,
04:07 notamment dans le transport automobile avec une pénétration des véhicules électriques
04:12 à hauteur de 14% dans le marché au niveau mondial.
04:15 Et puis une accélération assez forte des ventes, que ce soit en Chine, en France, en Allemagne,
04:19 aux Pays-Bas en particulier.
04:21 Beaucoup moins aux États-Unis, on n'a pas encore franchi le pas.
04:23 Cette électrification, elle atteint aussi des mobilités douces
04:27 qui n'étaient pas forcément accessibles pour certaines catégories de population,
04:30 on pense notamment aux personnes les plus âgées,
04:31 qui peuvent désormais aussi préférer se déplacer avec un vélo électrique
04:34 pour leur mobilité urbaine.
04:36 Et puis en termes de mobilisation, également, on peut dire que depuis 2015,
04:40 il y a quand même une prise en compte du climat par les entreprises, par les villes,
04:43 par les organisations de la société civile.
04:44 C'est très, très fortement accéléré.
04:46 [Applaudissements]

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