Augustin Trapenard accueille Dany Laferrière, pour "Un certain art de vivre" publié aux éditions Grasset. Sous la forme d’Haïkus et de maximes, l’académicien livre un récit intime et nous donne sa vision d’un certain art de vivre… Des maximes fulgurantes qui en trois lignes tentent de saisir le monde, un pèle mêle de sensations, de réflexions faites de pulsions de vie, d'ouverture aux autres, au monde et au rêve.
Il y a des sociétés dans lesquelles le jeu de l'amour est prédominant, c'est le cas en France. À l'origine de ce livre un chagrin d'amour réel ou imaginaire dont le narrateur essaie de se remettre en partant à Bornéo. Au fond on en revient toujours à l'amour lorsqu'on parle d'art de vivre. Ici le narrateur plongé dans une mélancolie amoureuse s'attarde sur ces petits plaisirs simples qui font la beauté de la vie et le rapport au temps.
Il y a des sociétés dans lesquelles le jeu de l'amour est prédominant, c'est le cas en France. À l'origine de ce livre un chagrin d'amour réel ou imaginaire dont le narrateur essaie de se remettre en partant à Bornéo. Au fond on en revient toujours à l'amour lorsqu'on parle d'art de vivre. Ici le narrateur plongé dans une mélancolie amoureuse s'attarde sur ces petits plaisirs simples qui font la beauté de la vie et le rapport au temps.
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00:00 Quel art est-ce que c'est que d'aimer ?
00:02 Oui, tout à fait.
00:04 Je me suis dit que peut-être qu'il y a des différences,
00:06 comme vous avez fait remarquer à propos de la nourriture,
00:10 pour... il y a des sociétés où c'est la musique de l'amour,
00:16 souvent c'est par la langue que ça se passe,
00:18 les gens aiment bien entendre dire l'amour dans cette musique-là,
00:23 et d'autres ce sont les jeux de l'amour.
00:25 Et ce qui m'avait intéressé en France,
00:29 c'était le goût des jeux de l'amour.
00:32 J'ai connu ce pays vraiment bien par "Les liaisons dangereuses"
00:38 de Chaudelot de Laclos,
00:40 et je me souviens qu'il a reçu le plus beau compliment d'ailleurs
00:44 qu'un livre et un écrivain puissent recevoir,
00:47 puisque son éditeur a dit que c'était le livre "Les liaisons dangereuses"
00:51 qui a fait la mauvaise réputation du 18e siècle.
00:54 C'est quand même pas mal !
00:57 Et donc pour moi, l'amour est fondamental pour déclencher
01:03 tout ce qui arrive à côté.
01:06 Même par exemple pour perdre l'appétit, pour le retrouver,
01:10 et si on veut parler de Guy Savoie,
01:13 et pour vieillir ou ne pas vieillir...
01:17 - Il est partout l'amour dans votre livre,
01:18 et je retiens cette phrase, ce petit poème,
01:22 "Tout dans la vie nous paraît trop lent
01:24 quand on court vers un premier baiser."
01:27 Daniela Ferriere, qu'est-ce que vous nous dites sur l'amour
01:30 à travers cette phrase ?
01:31 - J'y arrive pas, j'y arrive pas, j'ai beaucoup écrit,
01:34 et je n'ai jamais écrit un livre sur l'amour
01:38 parce que le sujet m'aurait aspiré littéralement,
01:41 mais de temps en temps je laisse un peu comme des cailloux
01:46 sur le chemin dans mes livres.
01:48 J'en ai écrit 37,
01:50 et espérant que je peux remonter un peu la route
01:53 et pouvoir un peu aller à la source de ce fleuve amour.
01:57 - Remontons, votre premier baiser, c'était quand ?
02:00 Vous vous en souvenez ?
02:02 - Je me souviens plutôt de l'effet que ça m'a fait.
02:05 Vous savez, c'est très difficile d'avoir un souvenir du baiser
02:09 parce qu'il est toujours fait trop près, il est en close-up.
02:11 - Oui, c'est le principe.
02:14 - Il n'a d'existence que s'il se fait, disons, en aparté,
02:19 et le baiser lui-même n'a de sens que si on peut le raconter à un ami.
02:26 C'est là que ça se passe.
02:28 - C'était il y a combien de temps ?
02:29 - C'était il y a très longtemps, si vous voulez.
02:32 C'était il y a très longtemps.
02:34 - Vous savez pourquoi je vous le demande ?
02:35 Parce qu'il est vraiment toujours question de temps dans votre livre,
02:38 de la façon dont on le vit, le temps,
02:40 dont il s'étire, dont il s'allonge.
02:42 En l'occurrence, votre livre, les premiers mots du premier chapitre,
02:45 c'est ça, c'est le temps d'Anne Laferrière.
02:48 Un premier chapitre qui s'appelle "L'art de vivre à l'horizontale".
02:51 Alors, en quoi ça consiste, "L'art de vivre à l'horizontale" ?
02:55 - Vous voyez, ce bandeau du livre...
02:59 - C'est vous dans votre baignoire.
03:00 - Oui, oui.
03:01 De toute façon, moi, j'ai toujours trouvé que le fait d'être debout était une erreur.