Emmanuelle Halioua : «Quand on est otage, on l’est souvent longtemps après, même dans son salon»

  • l’année dernière
La représentante officielle du protocole israélien 6C, Emmanuelle Halioua, était l’invitée de Punchline, ce jeudi 30 novembre, sur CNEWS. Elle s’est exprimée sur le protocole de libération des otages : «Quand on est otage, on l’est souvent longtemps après, même dans son salon. Il n’y aura pas de posture victimaire, pas de posture passive».
Transcript
00:00 Bonsoir, le protocole Sustez porte un autre nom
00:05 auprès du ministère de la Santé israélien, ça s'appelle MAHAC,
00:08 qui veut dire "Activez-vous".
00:10 Donc on comprend tout de suite qu'on ne va pas être dans la prise en charge compassionnelle,
00:14 mais on va être dans l'activation des ressources des otages,
00:17 dans l'urgence, dès l'urgence.
00:20 Ça veut dire quoi la prise en charge dans l'action,
00:23 c'est-à-dire les remettre dans l'action ?
00:25 Ça veut dire absolument, ça veut dire que d'abord on va se connecter à eux
00:31 et on va leur dire que dorénavant ils sont en sécurité,
00:35 qu'on sera là autant qu'ils en ont besoin.
00:37 Ensuite on va leur donner un certain nombre de choses à faire
00:40 dans les prochaines heures et dans les prochains jours,
00:43 façon à ce qu'ils soient actifs.
00:44 Être otage et être victime, c'est être passif.
00:48 Et tout le but est d'aller activer et d'aller capitaliser sur les ressources qui sont les leurs.
00:54 Celles qu'ils avaient juste avant d'être otage.
00:57 C'est d'ailleurs ce qui va déterminer,
00:59 c'est l'un des éléments qui déterminent la résilience,
01:01 c'est quelles étaient nos ressources avant la menace, la menace de mort.
01:06 Et c'est ce qui fait qu'on ne va pas résilier les uns et les autres aussi de la même façon.
01:09 Donc on va les activer, on va se connecter à eux,
01:12 on va rétablir la chronologie des événements et acter que la menace est finie.
01:16 Parce que c'est surprenant que ça puisse paraître,
01:18 quand on est otage, on l'est souvent longtemps après,
01:22 même dans son salon.
01:24 Donc il va falloir rapidement remettre les séquences historiques dans l'ordre
01:29 parce que leur perception est complètement altérée.
01:32 Il va falloir ensuite les activer, leur donner des challenges quotidiens,
01:36 faire en sorte qu'ils basculent de cet état de victime
01:39 à un retour à un fonctionnement normal dans la vie, et la vie c'est le mouvement.
01:44 Donc pas de posture victimaire pour nos survivants,
01:47 pas de posture passive, pas de posture compassionnelle.
01:51 Il y a un temps pour l'urgence et il y a un temps pour les émotions.
01:53 Ce n'est sûrement pas maintenant, les émotions.
01:55 Est-ce qu'il y a, Emmanuelle, à l'UA, une approche différente
01:59 quand il s'agit d'enfants et d'adultes ?
02:00 On imagine que ce n'est pas exactement le même type d'approche.
02:04 Non, c'est la même approche.
02:06 La seule chose qui va changer fondamentalement,
02:08 c'est le niveau du langage, simplement.
02:12 Mais on ne part pas du principe que les enfants sont traumatisés,
02:15 on part du principe qu'ils ont vécu une insécurité immense,
02:21 qu'ils ont vécu des situations traumatogènes,
02:24 mais traumatogènes et traumatisants, ce sont deux choses différentes.
02:27 Et la différence, c'est la ressource qu'on a chacun
02:30 à pouvoir faire face à la menace.
02:33 Franck Tapierro qui est sur le plateau,
02:35 nous disait que certains enfants avaient été confrontés
02:41 aux images vidéo des massacres du 7 octobre,
02:44 les bourreaux l'ont volontairement visionné.
02:47 C'est pour les détruire psychologiquement ?
02:49 C'est pour les infecter, les détruire.
02:54 Je ne suis pas certaine qu'ils aient le pouvoir
02:56 de détruire celui qui ne peut l'être,
02:58 mais pour les infecter, comme ils ont fait en sorte
03:00 de nous infecter via les médias, via les reportages des témoignages,
03:05 via les témoignages des survivants, via ces infos en boucle
03:12 sur le 7 octobre, et comme ils ont fait en sorte
03:17 de nous infecter, nous, peuple juif, mais également
03:20 toutes les autres populations qui peuvent par ricochet
03:22 se sentir concernées, et en premier plan, les journalistes.
03:26 [Musique]
03:30 [SILENCE]

Recommandée