Le Hamas utilise la libération des otages pour présenter un visage d'humanité et dénoncer, par contraste, l'ennemi israélien.
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00:00 sur ce sujet de la situation au Proche-Orient.
00:02 En attendant, on va ouvrir notre dossier sur le décryptage de la propagande du Hamas,
00:07 le double visage de l'organisation terroriste.
00:10 C'est vrai que sur les images de libération des otages,
00:13 on voit des combattants qui semblent prévenants, humains, presque sympathiques.
00:19 Regardez les images des combattants du Hamas
00:21 qui soutiennent cette jeune otage vêtue de vert.
00:26 C'est une enfant d'une dizaine d'années blessée aux pieds.
00:29 Ils l'aident à s'installer sur son fauteuil roulant,
00:31 puis poussent son fauteuil pour l'amener jusqu'aux équipes de la Croix-Rouge.
00:35 Des combattants aussi qui distribuent des bouteilles d'eau aux jeunes otages libérés,
00:38 qui les escortent, qui les quittent avec un petit signe de la main,
00:42 un petit coucou qui semble presque amical.
00:45 Et évidemment, ces images tranchent avec l'horreur des attaques du 7 octobre
00:49 et avec le récit de certains proches d'ex-otages
00:52 sur la façon dont ils ont été traités en captivité.
00:56 Écoutez l'analyse de Marie Peltier.
00:58 Elle est autorienne et spécialiste de propagande.
01:01 Dans cette guerre de l'information avec le gouvernement israélien,
01:04 le Hamas veut montrer qu'il est en quelque sorte plus humain
01:08 ou plus respectueux des droits humains que ce qu'on pourrait penser.
01:12 On sent vraiment qu'il y a une volonté de ne pas être assimilé à des barbares
01:16 ou à des sauvages, mais plutôt à un groupe qui respecte certaines règles.
01:20 Et forcément, ces gestes bienveillants qui sont montrés devant la caméra
01:27 encouragent en quelque sorte à avoir une image nuancée du groupe terroriste
01:32 et c'est sans doute ce qui est recherché.
01:34 Et donc forcément, ça se passe dans tous les petits gestes qu'on peut voir,
01:38 notamment à l'égard des personnes plus âgées ou à l'égard des enfants.
01:41 Ça je pense que c'est important parce que finalement,
01:43 dans les massacres du 7 octobre, c'est ce qui avait beaucoup choqué.
01:46 C'est que le Hamas n'ait pas épargné ni les personnes âgées, ni les femmes, ni les enfants.
01:51 Certaines séquences ont beaucoup circulé sur les réseaux sociaux,
01:54 notamment ces images de deux otages libérés qui font coucou aux combattants du Hamas
01:58 au moment de le quitter.
01:59 L'analyse de ces images est intéressante parce qu'on entend une voix hors champ
02:03 qui dit aux otages ce qu'elles doivent faire.
02:06 Écoutez.
02:07 Vous l'avez vu, "keep waving" en anglais, ça veut dire "continuez à faire coucou".
02:21 Pour Marie Peltier, avec ces images, le Hamas s'adresse aux opinions publiques internationales,
02:26 notamment occidentales.
02:28 Les instances internationales, les pressions internationales des différents gouvernements,
02:33 de l'ONU, etc. sont influencées par les opinions publiques.
02:37 Et le Hamas, comme le gouvernement israélien, le savent très bien.
02:41 Les opinions publiques, c'est ce qui fait pencher les gouvernements,
02:44 c'est ce qui fait pencher les institutions internationales.
02:47 Et donc, c'est une arme, les opinions publiques.
02:51 On oublie trop souvent que la propagande, elle vise d'abord les opinions.
02:54 Parce que les opinions, elles peuvent ensuite influencer les prises de décision des gouvernements.
02:59 Ce qui est aussi marquant sur ces images de propagande générale,
03:02 c'est la tenue des combattants du Hamas, qui semble bien propre.
03:06 Difficile d'imaginer qu'ils soient dans les tunnels sous terre, dans la bande de Gaza.
03:10 On a Pascal qui nous dit "quand je vois la tenue des terroristes du Hamas
03:14 lors de la remise des otages, très propre, aucune trace de poussière.
03:18 Pensez-vous qu'ils combattent ces hommes ?"
03:20 Alors, c'est une question qui est posée d'ailleurs depuis plusieurs semaines.
03:24 Les forces de Dessales ont été assez étonnées, entre guillemets,
03:28 du manque de combativité du Hamas.
03:31 Et que, comme s'ils cherchaient à fuir l'affrontement.
03:34 Bon, là, on est dans une séquence de propagande.
03:38 Et donc, il s'agit de présenter des combattants qui se veulent comme des soldats.
03:43 Je rappelle que le Hamas n'est pas une armée au sens du droit international.
03:48 C'est un groupe armé, mais ce ne sont pas des militaires, ce sont des combattants.
03:53 C'est très important sur le plan juridique.
03:56 Donc, on va les présenter comme s'ils étaient, vous voyez, avec un uniforme le plus propre possible,
04:01 avec une uniformité, c'est-à-dire qu'il s'agit de montrer que c'est en quelque sorte une unité constituée.
04:08 Que ce n'est pas une bande de gars en salles, montrer que c'est discipliné.
04:16 Donc, on est vraiment, effectivement, dans une séquence de propagande.
04:20 Alors, on a vu que lors de ces libérations, il y a un rôle important joué par la Croix-Rouge internationale.
04:24 Vous avez d'ailleurs recueilli des informations auprès de la Croix-Rouge française
04:29 sur les coulisses de ces séquences de libération.
04:32 Extrêmement difficile.
04:34 En fait, on l'a vu, vous avez ces Toyota aux couleurs de la Croix-Rouge,
04:40 avec à chaque fois deux humanitaires, un homme et une femme.
04:45 Vous pourrez, quand on remarque sur les images, qu'ils ont une apparence très européenne.
04:51 Pourquoi ? Parce que le Hamas ne voulait pas se méfier, par exemple,
04:55 d'avoir un humanitaire qui pourrait être un agent du Mossad.
05:00 Donc, il fallait en quelque sorte du blond blanc pour ôter tout soupçon.
05:09 Ils étaient fouillés physiquement, l'homme et la femme,
05:14 pour qu'il n'y ait pas de téléphone, qu'il n'y ait pas de traceur GPS.
05:18 Les véhicules, il n'y avait même pas une bouteille d'eau
05:21 pour ravitailler les otages quand ils allaient arriver.
05:26 Donc, quelque chose d'extrêmement difficile.
05:28 En fait, ils étaient juste protégés par le drapeau de la Croix-Rouge et par la chasuble.
05:35 Et donc, ils sont allés chercher avec les otages,
05:39 avec le risque, en quelque sorte, d'être enfermés dans une nace,
05:43 avec, on l'a vu à plusieurs reprises, une foule essentiellement masculine
05:48 et qui pouvait être très agressive, qui aurait pu, en fait, caillasser les véhicules.
05:52 Donc, une mission extrêmement délicate pour les humanitaires
05:55 humanitaires qui sont allés récupérer les otages.