Avant la poursuite à Östersund, en Suède, Emilien Jacquelin est monté dans notre taxi pour évoquer ses influences et sa vision du biathlon.
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00:00 - Salut, ça va ? - Allez, c'est parti pour un petit taxi biathlon.
00:07 Enfin, biathlon, pas tant que ça, parce qu'il n'y a pas de biathlon aujourd'hui, jour de
00:11 repos.
00:12 - Repos, day off, on oublie le biathlon.
00:14 - Bon, tu es quand même un grand amateur de musique, donc je te propose de choisir
00:18 une musique en plus qui est pratique, c'est qu'en post-prod, on peut faire plein de choses.
00:20 Il y a juste à claquer des doigts pour que ça se lance.
00:22 - Ce n'est pas faux.
00:23 Et je pense que je vais choisir "I want you to know" de James Blake.
00:28 - Allez, vas-y.
00:30 - Parti.
00:31 - Alors, je te propose un truc.
00:33 J'ai mis une tablette là à droite.
00:36 - Ok.
00:37 - Tu peux l'attraper.
00:38 - Ok.
00:39 - Je ne sais pas si tu es au courant, mais depuis la fin du mois d'août, les skyblogs
00:43 n'existent plus.
00:44 - Je l'ai remarqué.
00:45 - Donc, toi, t'en avais un pendant des années.
00:46 - Parce que j'ai voulu retrouver mon skyblog, il y a quoi, il y a 4-5 jours et je n'ai pas
00:50 réussi.
00:51 - Ça n'existe plus, skyblog, mais j'ai fait 2-3 impressions écran il y a quelques mois
00:55 avant que ça disparaisse.
00:56 Et donc, j'ai conservé cette petite photo.
00:59 - T'as été gentil, d'ailleurs.
01:00 - Oui, je n'ai pas pris la pire.
01:02 Raconte-moi un peu ce que tu raconterais à ce gamin qui est toi, là, avec quelques
01:08 années de recul.
01:09 - Ce gamin, ça, je m'en rappelle très bien.
01:11 C'était les championnats de France minimes, donc c'est la première fois où on a des
01:14 courses, pas seulement entre guillemets de village ou de région, mais la première fois
01:19 qu'on se retrouve avec d'autres jeunes, d'autres environs.
01:23 Là, pour l'anecdote, je deviens champion de France minime, donc c'était le premier
01:28 titre que je pouvais avoir.
01:29 Et je pense que j'avais des rêves plein la tête.
01:31 À cette période, j'étais un peu partagé entre vélo et ski, mais quand j'avais 15
01:35 ans, j'avais décidé d'arrêter le ski.
01:38 J'avais dit à mes parents que je voulais me consacrer à fond dans le vélo.
01:41 Le ski, j'en avais marre.
01:42 Et malheureusement, j'ai contracté la mononucléose à ce moment-là.
01:47 Donc l'été, ce n'était pas bien passé en vélo.
01:51 Par contre, l'hiver, j'avais été assez bon pour intégrer le pôle espoir de ski
01:57 sur Villars de Lens.
01:58 Et je t'avoue que j'ai cru au destin.
01:59 Tu parles de ski, beaucoup, de vélo.
02:02 Est-ce que tu te souviens de ta première fois à la carabine ?
02:06 Je pense que tout le monde s'en rappelle.
02:08 C'était avec Thierry Dussert et un de mes meilleurs amis, Johan, que je salue.
02:12 Et je pense que les premières balles, c'était une pression très énorme.
02:16 C'est à quel âge que tu es ?
02:17 15-16 ans.
02:18 On attaque à essayer le tir à la 22.
02:22 Moi, ce que je me rappelle surtout, c'est que c'est très étrange de ramener une
02:26 arme à la maison.
02:27 Ça demande des responsabilités, faire attention.
02:31 Ce qui est drôle, c'est que dès les premières balles, tu ressens de l'excitation,
02:35 mais aussi du stress.
02:36 Parce que tu as envie de faire basculer les cibles.
02:38 Et ça, en fait, ça reste toute une carrière, je pense.
02:41 Et c'est ça, surtout, qu'on doit essayer de garder en tant qu'athlète.
02:44 C'est avoir le même état d'esprit qu'on ait à 20 ans, 22, 25, 30, 35.
02:50 Si on a finalement cet âme un peu d'enfant, si on se raccroche tout le temps au pourquoi
02:56 on fait ça, au plus profond de nous-mêmes, on peut garder cet état d'esprit.
03:00 Et je pense que c'est ça qui fait des athlètes avec vraiment de la longévité, en tout cas,
03:06 dans les résultats et dans les performances.
03:07 En parlant de longévité et d'idole, il y en a un qui est devenu une idole pour plein
03:12 de jeunes maintenant.
03:13 Il nous a laissé un petit mot.
03:15 Le G.O.A.T.
03:16 - Tu es prêt ? - Oui.
03:19 Salut Emilia, je voulais juste te dire que j'ai vraiment apprécié de compéter avec toi.
03:23 Tu es aussi un bon ami et un privé.
03:25 Reste souriante, reste amusée, c'est important.
03:28 Les résultats, ça m'a toujours intéressé.
03:30 Mais être ami, ça m'intéresse encore plus.
03:33 Donc, merci.
03:34 Johannes, je pense que si j'avais 16 ans, ce serait le biathlète que j'adorerais par-dessus tout.
03:42 Sa simplicité.
03:44 Je pense que très souvent, et encore plus dans le biathlon français, on s'est construit
03:49 en regardant Martin réussir.
03:52 Et Martin, il a vraiment une idée du haut niveau et sa manière à lui.
03:56 Je pense que moi, j'ai été vachement influencé par Martin parce que j'ai eu la chance de
04:01 m'entraîner avec lui, de grandir avec lui.
04:03 Je suis extrêmement reconnaissant.
04:05 Mais finalement, je me reconnais plus en Johannes.
04:07 Et je trouve que Johannes, comme il le dit, au-delà des courses, je pense qu'il a une
04:14 réelle amitié.
04:15 Beaucoup de respect aussi.
04:17 Et presque des fois, j'ai l'impression que Johannes croit plus en moi que moi je ne crois
04:21 en moi-même.
04:22 Il a tendance à, non pas à me pousser, mais je pense qu'au fond de lui, il aimerait qu'on
04:27 se tire un peu plus la bourre.
04:29 Et je sais que lui, comme moi, je pense qu'on a la même vision du biathlon.
04:34 Johannes, c'est quelqu'un qui, peu importe qu'il gagne énormément ou non, il va tenter.
04:41 Il va tout le temps avoir le sourire.
04:43 Il ne va pas tout remettre en question.
04:45 Il va aller de l'avant.
04:46 Et je trouve que ça, tout jeune en tout cas, et moins jeune, on peut vraiment s'inspirer
04:51 de ce qu'il fait.
04:52 C'est quelqu'un qui a un super état d'esprit.
04:54 Sincèrement, c'est un athlète hors normes.
04:56 Et je pense que c'est vraiment une bonne personne aussi.
04:58 Pour finir, dernier petit truc que je t'ai mis, c'est une photo que tu as prise.
05:03 Je l'ai prise pour deux raisons.
05:05 Déjà parce que ça permet de parler de cette ouverture d'esprit que tu as.
05:11 Tu n'es pas uniquement focus sur le biathlon.
05:13 Tu as besoin de respiration.
05:15 D'ailleurs, on m'a chargé de te trouver un petit musée pour aller tailler l'esprit.
05:21 Donc, on va voir si on peut faire ça à Austerlitz.
05:23 Et justement, en parlant de musée, sur cette photo, il y a une de tes deuxièmes passions
05:27 qui est le musée de la culture, mais le Louvre que tu connais quasiment comme ta poche.
05:32 Oui, que j'ai refait encore récemment avec un guide cette fois-ci.
05:36 Avec mes parents très jeunes, avec mes frères, on a vu tous les musées d'Europe.
05:41 J'ai l'impression qu'on les a faits.
05:43 Au début, j'avais plus mon tempérament sportif.
05:46 Mon objectif, c'était de finir le musée le plus vite possible.
05:48 Je ne regardais pas forcément les œuvres.
05:50 Puis je pense qu'à un moment donné, je me suis ouvert un peu plus à ça.
05:54 Alors la musique, ça a toujours été présent dans ma vie.
05:57 La photo d'une manière ou d'une autre aussi, ça me touche assez facilement.
06:01 J'ai vite remarqué que le sport était plus un moyen d'expression pour moi
06:06 que juste une recherche de résultats.
06:09 Et juste pour te titiller, certains considèrent que le 1% où tu fais autre chose,
06:14 c'est 1% de moins que tu donnes à ton sport.
06:17 Je me suis souvent posé la question, parce que, étant, comme tu le dis, un athlète qui veut performer,
06:23 je pense que je m'investis énormément dans mon sport.
06:27 Je suis plus dans une optique aujourd'hui où je pense que je vais être capable d'être encore plus régulier
06:35 et plus performant si je suis vraiment moi-même.
06:38 Je n'ai pas envie de brider certains côtés de ma personnalité,
06:41 simplement parce que les autres biathlètes font de telles manières.
06:46 Merci Emilia pour ce petit chemin.
06:49 Je crois qu'on est arrivé au musée, ou pas sûr.
06:51 Il y a un musée là.
06:52 On va essayer de le trouver.
06:53 Tu es arrivé au bloc, non ?
06:54 Merci en tout cas.
06:55 De quoi ?