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Grand témoin : François Gemenne, chercheur FNRS, professeur à HEC et auteur principal pour le GIEC

GRAND DÉBAT / Classement Pisa : comment relever le niveau des élèves ?

« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski

Habituellement délivré tous les trois ans, le classement Pisa (Programme International pour le Suivi des Acquis des Élèves) était attendu le 5 décembre afin de juger le niveau de mathématiques, sciences et compréhension de l'écrit, des élèves de 15 ans des pays membres de l'OCDE. Depuis le rapport de 2018, le niveau général des élèves français s'est écroulé, frôlant la moyenne de l'OCDE et restant bien loin des pays asiatiques, comme Singapour ou le Japon. Point d'orgue de ce bilan négatif : les mathématiques. La France est passée de la 16ème à la 26ème place mondiale en la matière. Suite à ces résultats, le ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal, a annoncé plusieurs mesures. Il souhaite instaurer des groupes de niveau au collège en maths et en français, adopter la méthode de Singapour ou encore revaloriser le redoublement. Ces mesures seront-elles suffisantes pour relever le niveau du système éducatif français qui peine toujours à recruter ?

Invités :
- Isabelle Rauch, députée Horizons de Moselle, Présidente de la commission des affaires culturelles et de l'éducation,
- Annie Genevard, députée LR du Doubs,
- Jean-Rémi Girard, Président du SNALC et professeur de français,
- Michel Desmurget, directeur de recherche à l'Inserm et auteur de « Faites-les lire ! » (Seuil).

GRAND ENTRETIEN / François Gemenne : une COP 28 pour rien ou pour l'Histoire ?

Spécialiste des questions de géopolitiques de l'environnement, François Gemenne affirme que la COP 28 est un « enjeu majeur » pour les Emirats arabes unis. Pour lui, « c'est une COP qui démarre de la meilleure des manières possibles, et que la présidence émirienne semble avoir à coeur de faire taire les critiques qui lui avaient été adressées ces dernières semaines ». François Gemenne décrypte tous les samedis les enjeux du climat sur France Info dans « Zéro émission ». Les décisions et les résultats de la COP 28 seront-ils à la hauteur des enjeux ?

Grand témoin : François Gemenne, chercheur FNRS, professeur à HEC et auteur principal pour le GIEC

LES AFFRANCHIS

- Isabelle Lasserre, correspondante diplomatique au Figaro,
- Brigitte Boucher, journaliste LCP,
- « Bourbon express » : Stéphanie Dépierre, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00 (Générique)
00:06 -Bonsoir et bienvenue.
00:07 Très heureuse de vous retrouver dans "Ça vous regarde".
00:10 Ce soir, le bilan d'étape de la COP28
00:12 avec un grand pédagogue du climat.
00:15 Bonsoir, François Gemmell.
00:16 Merci d'être notre grand témoin.
00:18 Vous êtes membre du GIEC, vous serez à Dubaï après-demain.
00:22 On est à mi-parcours de cette grande réunion diplomatique mondiale
00:25 avec déjà quelques acquis, mais beaucoup d'espoir déçu.
00:29 On fera le bilan d'étape tous les deux dans la deuxième partie.
00:32 Notre grand débat ce soir,
00:34 comment relever le niveau des élèves en France ?
00:38 Le classement PISA publié aujourd'hui est alarmant.
00:41 Notre pays dégringole en mathématiques, notamment.
00:44 Gabriel Attal annonce un choc des savoirs
00:47 avec des groupes de niveau.
00:48 Le retour du redoublement est-ce suffisant ?
00:51 La réponse de mes invités dans un instant.
00:53 Enfin, nos affranchis ce soir,
00:55 l'international Isabelle Lasserre,
00:57 le Bourbon Express de Stéphanie Despierre.
01:00 Exceptionnellement, on partira en direct du Press Club
01:03 avec Brigitte Boucher, qui nous donnera
01:05 le gagnant du prix de l'humour en politique 2023.
01:09 Voilà pour le menu.
01:10 On y va, François Gemmell ? -On y va.
01:13 -Ca vous regarde ?
01:14 Musique rythmée
01:17 ...
01:24 La dégradation ne date pas d'hier,
01:26 sauf que cette fois-ci, la cote d'alerte est atteinte.
01:29 Le niveau des élèves en France baisse inexorablement
01:32 en mathématiques, la baisse est même historique.
01:35 Le Covid, les écrans, mais ça n'explique pas tout.
01:38 Comment remonter la pente ?
01:39 Et est-ce que les mesures du ministre de l'Education
01:42 sont pertinentes ? Bonsoir, Isabelle Roche.
01:44 Merci d'être là.
01:46 Vous êtes députée Horizon de Moselle.
01:48 Vous présidez la Commission des Affaires culturelles
01:51 et de l'Education à l'Assemblée nationale.
01:53 Bonsoir, Annie Gennevard. -Bonsoir.
01:56 -Vous êtes députée Les Républicains du Doubs,
01:58 vous pilotez une mission parlementaire
02:00 sur l'apprentissage de la lecture à l'Assemblée.
02:03 Bonsoir, Michel Desmurgés.
02:05 Merci d'être là.
02:06 Vous êtes docteur en neurosciences,
02:08 directeur de recherche à l'Inserm.
02:10 Faites les lire au seuil.
02:12 C'est la suite de votre best-seller
02:14 sur la fabrique du crétin digital.
02:17 On va en parler tout à l'heure dans le détail.
02:19 Bonsoir, Jean-Rémi Girard. -Bonsoir.
02:22 -Bienvenue. Vous présidez le SNALC,
02:24 syndicat national lycée, collège, école et supérieur.
02:26 Je crois que vous êtes vous-même professeur de français à Angers,
02:30 tout comme vous, Annie Gennevard, de profession.
02:33 Vous aussi, François Gémen, vous enseignez.
02:35 -Des élèves un peu plus âgés.
02:37 -Vous le souhaitez. On va commencer par planter le décor.
02:40 En quoi le niveau baisse et comment Gabriel Attal
02:43 veut-il le faire remonter ?
02:45 Le chrono de Blaco, bien sûr, pour commencer.
02:48 Je me retourne, comme chaque soir,
02:50 pour vous accueillir, mon cher Stéphane Blakowski.
02:53 François Gémen, n'hésitez pas à faire la même chose.
02:55 -Bonsoir à toutes et tous. -Bonsoir, Stéphane.
02:58 -C'est le moment de rendre les copies.
03:00 Avant, j'aimerais me rappeler en quoi consiste
03:03 ce classement PISA. C'est une étude internationale
03:06 qui est menée depuis l'an 2000 sur des élèves de 15 ans,
03:09 dans 80 pays, cette année.
03:11 Elle est réalisée par l'OCDE,
03:13 qui regroupe les pays riches et industrialisés.
03:16 J'ai un peu retardé le moment de donner les notes,
03:19 mais là, on n'y coupera pas.
03:21 Il faut y aller, il faut dire la vérité.
03:23 Ne coupons pas les cheveux en quatre,
03:25 n'y allons pas par quatre chemins, on est nuls.
03:28 La baisse vertigineuse depuis la dernière étude de 2018,
03:32 aussi bien en maths qu'en lecture.
03:35 Il y a cet effet Covid dont vous parliez.
03:37 Tous les pays ont vu leur score baisser.
03:40 Celui de la France a baissé de 21 points en maths,
03:43 alors que la moyenne des pays de l'OCDE était de 15 points de baisse,
03:46 et de 19 points dans le domaine de la lecture,
03:49 alors que dans les pays de l'OCDE, la moyenne est de 10 points.
03:52 Il y a de quoi être inquiet,
03:54 mais il n'y a pas de quoi être surpris.
03:56 On le savait,
03:57 puisque dès la rentrée, l'Education nationale
04:00 avait mené une étude, dont les résultats ont été publiés,
04:03 et le ministre lui-même trouvait que c'était inquiétant
04:06 au niveau du français et des mathématiques.
04:09 C'est sans doute pas un hasard si Gabriel Attal
04:11 a publié le jour du classement PISA
04:15 les grandes pistes de sa nouvelle réforme.
04:17 Je dis "réforme", il emploie un autre terme.
04:20 Lui, il souhaite un électrochoc.
04:22 Pourquoi pas ?
04:23 Je me suis renseigné, dans le domaine de la médecine,
04:26 l'électrochoc est recommandé pour les pressions persistantes.
04:29 C'est ça qu'il faut au personnel de l'Education nationale.
04:33 Le ministre a insisté sur deux idées aujourd'hui.
04:35 D'abord, le redoublement en primaire.
04:37 C'est ce que disait le président.
04:39 Il y a 20 % des élèves qui arrivent au collège
04:42 sans savoir correctement lire ou compter.
04:45 Vaudrait-il redoubler en CM2 la dernière classe de primaire
04:48 plutôt que d'arriver largué au collège ?
04:50 Tous les syndicats d'enseignants ne sont pas pour,
04:53 ils sont même plutôt contre.
04:55 Le ministre a prévu de les impliquer.
04:57 On l'écoute.
04:58 -La question du redoublement devenu tabou
05:01 mérite d'être clarifiée et d'être tranchée.
05:03 Aujourd'hui, je viens la clarifier et la trancher
05:06 avec un principe simple.
05:08 La décision appartient aux enseignants.
05:10 C'est pourquoi les professeurs auront désormais
05:13 le dernier mot en matière de redoublement.
05:16 -Vous avez entendu. C'est aux professeurs de décider.
05:19 Si vous demandez son avis, il est très clair
05:21 et il est content que vous le donniez en écoute.
05:24 -Je le dis de manière très claire,
05:26 il vaut mieux réussir son primaire en 6 ans
05:28 que l'échouer en 5.
05:30 -Le redoublement, c'est plutôt pour le primaire.
05:32 Après, quand on arrive au collège,
05:34 là, Gabriel Attal a une autre idée,
05:36 ça s'appelle les groupes de niveau,
05:39 dans les domaines du français et des mathématiques.
05:42 C'est un sujet sur lequel les syndicats enseignants
05:45 sont plutôt réticents, mais Attal a dit que dès 2024,
05:48 ces groupes de niveau seraient appliqués en 6e et en 5e.
05:51 On écoute le principe.
05:52 -Dans chaque collège du pays, les élèves de chaque classe
05:55 seront répartis en 3 groupes, en fonction de leur niveau
05:59 en français et en mathématiques.
06:00 Dans le groupe 1, celui où les élèves rencontrent
06:03 le plus de difficultés, nous créerons des postes
06:06 pour qu'il n'y ait qu'une quinzaine d'élèves
06:09 dans ces groupes les plus en difficulté.
06:11 -J'ai essayé de mettre les grandes lignes du débat en place.
06:14 Par rapport à depuis quelques années,
06:17 personne ne niera que le niveau baisse.
06:19 Vous êtes d'accord pour les solutions ?
06:21 -Merci beaucoup, Stéphane.
06:23 On commence par les maths,
06:25 parce qu'on a l'impression que c'est la bête noire
06:28 des élèves français.
06:29 Ça fait des années, Michel Lévirger,
06:31 qu'on nous dit que ça ne va pas,
06:33 et là, on perd 21 points, c'est la baisse la plus importante
06:37 observée par le CDE.
06:38 Est-ce que vous avez des facteurs d'explication ?
06:41 Ça ne marche pas dans l'enseignement des maths ?
06:44 -D'abord, pour que les gens comprennent bien
06:46 ce que c'est que 20 points, c'est un an de scolarisation.
06:49 Les enfants de 3e, aujourd'hui, en mathématiques,
06:52 ont le niveau des enfants de 4e, il y a quatre ans.
06:56 Les enfants de 3e, en France,
06:59 ont le niveau des enfants de fin de primaire,
07:01 c'est-à-dire CM1, CM2, de Singapour.
07:04 Donc, en mathématiques, il y a vraiment un problème.
07:07 Il n'est pas nouveau.
07:08 Il y a des études officielles, notamment de la DEP,
07:11 qui montrent que les enfants du milieu des années...
07:14 Ils comparent, c'est des problèmes de maths,
07:16 c'est le CM2, cette fois, l'effondrement est net
07:19 depuis le milieu des années 87.
07:21 Les élèves très en difficulté de 1987,
07:23 puisqu'ils ont fait ça depuis, sont les élèves moyens,
07:27 et les élèves qui sont, aujourd'hui,
07:29 les élèves les plus compétents en mathématiques
07:32 sont les élèves de milieu de classe de 1987.
07:34 Il y avait un petit pool d'élèves hyper compétents
07:37 qui a disparu. En mathématiques,
07:39 c'est un problème, mais on a le même genre de données
07:42 en français, en lecture, etc. -C'est un problème
07:45 d'enseignement, de méthode,
07:46 c'est un problème de recrutement, de vocation.
07:49 On sait que parmi les difficultés d'enseignement,
07:52 il y a les profs de maths.
07:53 Est-ce qu'il y en a un qui prime sur l'autre
07:56 s'il fallait donner des facteurs d'explication ?
07:59 -Tout s'imbrique.
08:00 Il y a des études qui montrent que l'usage très précoce
08:03 des enfants... Ils ont pris des enfants à la maternelle
08:06 et ils les ont suivis jusqu'en fin de primaire
08:09 et on s'aperçoit... Les maths, ça vient pas de n'importe où.
08:12 Ils se sont aperçus qu'une heure de télévision à la maternelle,
08:15 quand les enfants ont 29 mois, ils se sont aperçus
08:18 que c'était 40 % de compétences mathématiques en moins
08:21 quand ils arrivaient au CM2. Ca paraît magique,
08:24 mais ça ne l'est pas. Les maths, ça se construit.
08:27 L'annumération, il faut serrer, être capable de grouper,
08:30 d'organiser les choses, de hiérarchiser.
08:32 Quand l'enfant joue et met les petits pots dans les grands,
08:35 les petits cubes, les perles de différentes couleurs,
08:38 il faut que l'enfant soit prêt à absorber
08:40 l'enseignement mathématique. Ils sont de moins en moins prêts.
08:44 Les Anglo-Saxons ont ce concept, je sais pas comment le traduire,
08:47 "school readiness". Vous pouvez avoir les meilleurs enseignants
08:51 et la meilleure compétence, il faut que l'enfant soit
08:54 en capacité d'absorber. Dans ce débat, on oublie le rôle
08:56 de la famille. La famille a un rôle colossal.
08:59 Vous pouvez avoir les meilleurs enseignants,
09:02 les mieux formés, avec la pédagogie la plus tranchante.
09:05 Si les enfants sont impulsifs, qu'ils n'ont pas de concentration,
09:08 qu'on n'a pas lu, il y a ce problème.
09:10 Il y a sûrement des problèmes de formation,
09:13 mais ça, les enseignants le diront mieux que moi.
09:16 -Jean-Rémi Girard, je viens aux élus,
09:18 parce que c'est important d'entendre les paroles du terrain.
09:21 Singapour, c'est systématique, inlassablement,
09:24 premier en maths dans le classement PISA,
09:26 d'ailleurs, après, c'est que des pays asiatiques.
09:29 Ils ont mis en place une méthode, on va voir une petite pastille,
09:33 grâce à nos confrères de France Télévisier,
09:35 pour comprendre ce qu'est cette méthode.
09:38 Je vais vous la généraliser en France.
09:40 Regardez.
09:41 -Bonjour, les enfants.
09:44 -Dans cette petite école privée,
09:46 les élèves de CP commencent leur cours de maths
09:50 avec un problème très concret.
09:52 -Jean a six oranges.
09:55 -Mais l'institutrice n'utilise ni son tableau,
09:58 ni même le manuel.
10:00 Les chiffres sont remplacés par de petits objets aimantés.
10:03 -Ce que dit l'énoncé,
10:06 c'est que je vais en avoir trois de plus que John.
10:09 -C'est la phase d'apprentissage dite "concrète",
10:13 celle où les notions mathématiques font leur apparition,
10:17 comme si c'était un jeu.
10:19 -Les mathématiques, c'est abstrait.
10:22 Du coup, la façon de rendre concrets les énoncés des problèmes,
10:26 c'est d'utiliser des objets et des dessins.
10:29 -Voilà. Jean-Rémy Gérard, on est sur du très concret.
10:32 L'objet qui se touche, ensuite, on a des images,
10:36 et après, seulement, on passe à l'abstraction,
10:38 à la modélisation, et le ministre annonce qu'elle sera généralisée.
10:42 Pourquoi on ne l'a pas fait avant ?
10:44 -Alors, on dit...
10:45 Oui, la question, par exemple,
10:47 de concrétiser les quatre opérations au CP,
10:50 c'est quelque chose qui marche très bien,
10:52 c'est quelque chose que nous, au SNALC,
10:55 on dit depuis assez longtemps.
10:57 On ne va pas poser une division en CP avec la potence,
11:00 mais en revanche, comprendre qu'il y a des partages,
11:04 que... Les parts de gâteau, etc.
11:06 Voilà, c'est des choses qu'on peut faire,
11:08 ça, dès le CP, et en partant de choses très concrètes.
11:11 Maintenant, ça m'intéresserait de savoir
11:14 combien ils étaient dans cette classe.
11:16 Beaucoup de professeurs des écoles français
11:18 aimeraient avoir le matériel de la qualité
11:21 qu'avait cette professeure de Singapour,
11:24 parce que beaucoup de nos collègues
11:26 sont en train de ramasser tout ce qu'ils peuvent,
11:28 de le fabriquer eux-mêmes, et non pas de fourniture.
11:32 -La priorité, c'est le nombre d'élèves
11:34 et c'est les professeurs en face des petites classes.
11:37 Après, viendra peut-être la question de la méthode,
11:40 de l'enseignement. -Les deux vont ensemble.
11:42 Mais la meilleure méthode, avec des classes de 30,
11:45 ultra-hétérogène, à un moment, elle-même,
11:47 elle va avoir des limites.
11:49 -Annie Genevard, sur les mathématiques,
11:51 on dégringole. Quand on regarde le français,
11:54 c'est pas mieux. -19 points en compréhension
11:56 de l'écrit. Gabriel Attal annonce donc
11:59 des classes aménagées, en groupe de niveau,
12:01 ça commence en 6e, 5e, et ça montera en puissance
12:04 dans les autres classes du collège,
12:06 avec 15 élèves maximum pour les plus en difficulté.
12:09 Vous applaudissez ?
12:10 -Alors, je pense qu'il faut traiter le problème
12:13 de ces collégiens qui, en 4e, un collégien sur deux
12:16 ne sait pas lire convenablement.
12:17 Moi, je considère que, et c'est la raison
12:20 pour laquelle j'ai demandé cette mission d'information
12:23 sur l'apprentissage de la lecture,
12:25 je considère que c'est quelque chose
12:27 qui est totalement inacceptable.
12:29 Emmener des élèves au collège qui ne savent pas maîtriser la lecture,
12:33 c'est vraiment presque un scandale d'Etat.
12:35 Donc, évidemment, on parle beaucoup du collège,
12:38 mais il faut voir ce qui se passe en amont à l'école primaire.
12:41 L'apprentissage de la lecture, c'est en CP et en CE1.
12:45 -Mieux vaut redoubler, si ça n'est pas acquis ?
12:48 -Je pense qu'envoyer un élève en collège
12:50 quand on sait qu'il va à l'échec scolaire,
12:53 quand on le voue à l'échec scolaire,
12:55 quand on sait qu'il ne pourra pas réussir sa scolarité
12:58 en deuxième degré, c'est inacceptable.
13:00 -Vous rejoignez le ministre ?
13:02 -Il faut trouver des solutions.
13:04 On verra si c'est groupe de niveau, de remédiation,
13:07 mais je pense que la première remédiation,
13:09 c'est de faire en sorte que l'enfant maîtrise la lecture
13:12 à l'âge où il doit la maîtriser.
13:15 Le travail de M. Desmergers est passionnant.
13:17 -On va faire un point lecture après.
13:19 -Elle nous montre à quel point ça se joue à l'école,
13:22 bien sûr, dans les méthodes d'apprentissage,
13:25 mais ça se joue aussi dans la famille.
13:27 Il faut que les parents enlèvent les enfants
13:30 devant les écrans et partagent avec eux la lecture.
13:36 Il y a une magnifique littérature de jeunesse en France.
13:39 C'est exceptionnel.
13:41 -On est allés à Montreuil,
13:42 on vous montrera, il y a un salon de Judith Jeunet,
13:45 mais sur les groupes de niveau,
13:47 c'est un vrai débat, je vous le dis.
13:49 Mais est-ce qu'il faut mettre ensemble les élèves
13:52 d'un certain niveau, les plus en difficulté,
13:54 certes dans des petits groupes,
13:56 mais ça peut être une difficulté de ne pas les tirer vers le haut ?
14:00 -Oui, mais il faut se mettre à la place d'un enfant
14:03 qui est en échec scolaire au milieu d'un groupe qui ne l'est pas.
14:06 C'est extrêmement dévalorisant et ça altère la confiance en soi.
14:10 Ces groupes de niveau, ça peut être utile
14:12 à condition de pouvoir en sortir. Il faut qu'il y ait une mobilité,
14:16 il faut qu'il y ait, pour l'enfant, la perspective d'en sortir
14:20 pour éviter la stigmatisation.
14:21 -Isabelle Roche, la flexibilité, en fait,
14:24 aménager la scolarité en fonction du niveau,
14:27 quand on a les moyens aussi de mettre des professeurs,
14:30 autant, il faut les recruter,
14:32 dans des classes de 15.
14:34 Vous entendez peut-être, je suis sûre,
14:36 que les syndicats ne sont pas d'accord.
14:38 Comment vous défendez ça ?
14:40 -C'est un projet qu'on porte depuis 10 ans.
14:42 -Le groupe de niveau aussi ? -Oui.
14:44 C'est un projet qu'on a conçu en 2013,
14:47 cette idée de groupe de niveau en français.
14:49 -Les groupes de niveau, comme le ministre les conçoit
14:52 et le ministre les propose, ça répond à un besoin
14:55 avec des petits groupes, 15 élèves,
14:57 et puis une mobilité, quand ça va mieux, on en sort.
15:00 C'est ponctuellement, on va intégrer tel ou tel groupe de niveau,
15:04 et ça, c'est vraiment, on voit qu'on va favoriser
15:07 la réussite des élèves par rapport à cela.
15:09 J'entendais plusieurs choses qui étaient intéressantes.
15:12 M. Desmurgé disait qu'il faut mettre l'élève en condition,
15:16 en capacité d'apprentissage,
15:18 et c'est aussi tout le sens des différentes réformes
15:21 qui ont eu lieu déjà depuis quelques mois,
15:24 notamment quand on lutte contre le harcèlement scolaire.
15:27 C'est ça, quand on limite des effectifs à 24
15:32 en CP, CE1, voilà.
15:34 Donc, on va créer les conditions de l'apprentissage.
15:38 -Avec quels moyens on fasse ? C'est le nerf de la guerre.
15:41 Quand on voit la difficulté de recrutement,
15:43 les crises de vocation, les speed dating du ministère
15:47 pour recruter à la rentrée...
15:49 -J'entends cela. C'est aussi pour ça
15:51 qu'en parallèle, il y a des consultations
15:53 pour savoir comment on va rendre plus attractif le métier.
15:56 On n'est pas les seuls à être confrontés
15:59 à ce manque d'attractivité du métier.
16:01 L'Allemagne, le Québec, énormément de pays
16:04 ont ces difficultés de recrutement.
16:06 Donc, à voir comment on fait.
16:08 Plusieurs pistes sont à l'étude,
16:10 notamment en matière de formation,
16:13 faire arrêter peut-être ce que nous avons fait jusqu'à présent,
16:18 où on demande à des étudiants en master 2
16:22 d'être devant une classe,
16:24 de préparer un concours...
16:26 C'est très difficile.
16:28 Donc, de revoir aussi comment on entre dans le métier.
16:32 Et puis, on en parlait juste avant d'être à l'antenne,
16:37 quelles sont les mobilités qu'on peut offrir aux enseignants ?
16:40 A quel moment on entre dans le métier ?
16:42 Est-ce qu'on peut en sortir à un autre moment ?
16:45 -Ca va aussi favoriser, quand on dit mobilité,
16:47 une mobilité géographique. -Vous êtes d'accord ?
16:50 Cette approche, la mobilité, plus de flexibilité ?
16:53 -Il y a un point qui n'a pas été abordé,
16:55 c'est le salaire.
16:56 Parce qu'on peut toujours dire qu'on est mobile,
16:59 c'est joli, etc.
17:00 Si on est mal payé, on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre.
17:04 Les profs de mathématiques, on ne les attrape pas
17:07 avec les salaires recrutés.
17:08 -Les revalorisations ont eu lieu pour les débuts et fin de carrière.
17:12 Pour le reste, on n'y est pas encore.
17:14 -On est la 7e puissance mondiale.
17:16 La moyenne de l'ECDE, c'est pas l'objectif.
17:19 -De là où on partait, il faut voir...
17:21 -Je suis d'accord. On partait pas très haut.
17:23 -Avant de venir à la lecture, je voulais vous soumettre
17:27 cette mesure de Gabriel Attal, la suppression du correctif académique.
17:31 Annie Gennevard, j'ai découvert,
17:33 c'était quand même généralisé,
17:34 c'est un système qui venait relever le niveau des notes
17:38 pour atteindre un meilleur pourcentage de réussite
17:41 et de la marque. Ca, ce sera fini.
17:43 C'est réunion de profs où on aménage
17:46 les notes à la hausse. -Oui.
17:48 -On triche, en fait. -On triche, pour vous.
17:50 -Oui, oui. -Ca, c'est bien ?
17:53 -Oui, parce que c'est la vérité du résultat qui importe.
17:56 Parce que si on masque la réalité,
18:00 on ne peut pas remédier au problème.
18:02 Et je crois qu'il y a là un impératif
18:08 d'honnêteté par rapport aux performances des élèves.
18:12 C'est la raison pour laquelle la question de l'évaluation
18:15 est centrale et les enquêtes PISA,
18:19 le choc auquel le ministre fait référence,
18:22 ça me fait penser à l'Allemagne.
18:24 L'Allemagne a connu cette situation il y a quelques années.
18:27 -Ils ne sont pas bien classés. -Non, mais ils ont mis en place
18:31 ce qu'ils ont appelé le choc PISA.
18:33 Et parmi les mesures que le ministre défend,
18:35 nous nous reconnaissons beaucoup de mesures que nous préconisons.
18:39 D'abord, l'accent doit être mis sur les savoirs fondamentaux,
18:44 le français et les maths.
18:45 Aujourd'hui, à l'école primaire,
18:47 vous avez des tas d'éducation A,
18:49 éducation en développement durable, à toutes sortes de choses.
18:53 -Vous n'allez pas faire plaisir à François Gémin.
18:56 -Non, mais je connais M. Géhenne.
18:59 Je pense qu'il faut éduquer les enfants à ça,
19:02 mais si ça doit prendre du temps sur les savoirs fondamentaux,
19:06 il faut un temps dédié pour l'apprentissage de la lecture,
19:09 l'apprentissage des mathématiques.
19:11 Au collège, nous nous préconisons depuis longtemps
19:14 que le collège unique ne doit pas être uniforme.
19:17 Ces groupes de niveaux répondront-ils à cet impératif ?
19:20 -Jean-Rémi Gérard, c'est vrai qu'il y a l'histoire
19:23 des groupes de niveaux et les savoirs fondamentaux.
19:26 On met le paquet. S'il faut plus d'heures
19:28 pour les maths et le français et moins d'heures
19:31 pour les maths, c'est ça qu'il esquisse,
19:33 quelque chose de plus souple, plus flexible.
19:36 -Nous, les groupes de niveaux, à partir du moment
19:39 où les élèves en difficulté peuvent être dans un groupe à effectif,
19:42 il va falloir des professeurs. Avec trois classes de 25,
19:45 je peux vous faire deux groupes de 30 et un de 15,
19:48 si mes mathématiques sont bonnes.
19:50 Avec trois classes de 30, je vous fais trois groupes de 30.
19:53 Je n'arrive pas à vous faire mieux.
19:55 Mais ces groupes de niveaux, ça peut être une utilité.
19:58 -C'est pas des classes de niveaux, c'est limité à deux disciplines.
20:02 Dans notre projet, on avait fait attention
20:04 à ne pas créer des classes de niveaux et à préciser
20:07 que l'objectif était de pouvoir changer de groupe à la hausse,
20:10 parfois à la baisse. Ca peut aller moins bien
20:13 dans sa scolarité. C'est important qu'on puisse trouver
20:16 de la motivation, faire des choses plus simples
20:19 et retrouver le goût de la réussite.
20:21 -Mettre l'accent sur les savoirs fondamentaux,
20:23 ça vous va avec un peu plus d'heures, s'il le faut ?
20:26 -Oui, on a une nouvelle épreuve au bac en première en maths.
20:29 Ca fait au brevet aussi.
20:31 -En revanche, prendre des heures aux autres disciplines
20:35 ponctuellement comme ça, je demande à voir
20:37 comment ça s'organise dans un collège lambda.
20:40 Moi, je ne vois pas ça, ce point-là précis.
20:42 Je ne vois pas, un, comment il marche,
20:45 deux, je ne suis pas certain qu'il soit très sain.
20:48 On va supprimer l'art plastique pour que les élèves fassent du français ?
20:52 Ca pose un problème de l'éducation humaniste.
20:54 Les collègues ont des progressions annuelles.
20:57 Si à un moment, on dit qu'on supprime trois semaines d'anglais
21:00 pour que vous fassiez du français, quand vous retournerez en anglais,
21:04 vous n'allez pas être en forme, surtout que vous êtes en difficulté.
21:08 Ce point-là, nous, on attend de voir à quoi il ressemble
21:11 sur un papier et dans une salle de classe.
21:13 -C'est sûr. -Arriver à mettre en place ça,
21:15 c'est déjà beaucoup de travail. Ca demande déjà des enseignants
21:19 et de recruter des enseignants au lieu de supprimer des postes.
21:23 -On a bien compris que les moyens restent primordiaux.
21:25 La transmission des savoirs, vous êtes tous d'accord,
21:29 priorité. La lecture, malgré tout, reste difficile.
21:32 On va parler de votre livre. Maïté Frémont,
21:34 elle s'est promenée dans les allées d'un salon qui cartonne,
21:38 le salon du Livre Jeunesse. Vous allez le voir sur place,
21:41 on a des raisons d'espérer, mais quand on regarde
21:44 à l'échelle macro, c'est plus compliqué.
21:46 Reportage.
21:47 ...
21:53 -Lire, c'est la classe, et ce n'est pas Samuel, 8 ans,
21:57 qui dira le contraire. Ce qu'il aime par-dessus tout,
22:00 ce sont les bandes dessinées.
22:03 -On a beaucoup, y a Astérix...
22:05 Pokémon.
22:08 -Alors, sa maman l'accompagne dans son goût pour la bulle.
22:12 -Il m'a donné un autre livre, monsieur,
22:15 "La petite fille qui fait de la résistance".
22:17 -Ah oui, avant, on connaît pas.
22:19 -Samuel semble comme happé par l'histoire.
22:22 En lisant, il développerait ainsi sa concentration
22:25 et sa créativité. Ses bienfaits seraient scientifiquement prouvés.
22:29 L'une des clés pour développer son vocabulaire,
22:32 c'est ce qu'on appelle la lecture partagée.
22:35 -Avant de se coucher, c'est les histoires.
22:38 On essaie de se limiter à une, mais généralement,
22:41 c'est pas plus qu'une. On en lit au moins deux.
22:44 En tout cas, ils peuvent pas se coucher sans histoire.
22:47 -Vous-même, vous lisez ? -Beaucoup.
22:49 Oui, oui. Le seul écran autorisé, c'est le vendredi soir.
22:52 Le vendredi soir, on fait une soirée télé
22:55 avec les chips, voilà, et on regarde les grands classiques.
22:58 -Un maximum de partage et beaucoup moins d'écran,
23:01 mais quand ils grandissent, c'est en général
23:04 une autre paire de manches.
23:06 -Alors, j'ai pommé le stylo qui fonctionnait sur ce papier.
23:09 -Nicolas Michel écrit des romans pour les adolescents.
23:13 Il a écrit un roman pour les adolescents
23:15 depuis plus de 20 ans. Il sort aujourd'hui son nouveau livre,
23:18 "600 pages", sur un thème cher aux ados.
23:21 -Les ados, c'est...
23:23 J'aime pas trop dire que je parle d'écologie.
23:26 Je préfère parler de nature et d'environnement.
23:29 J'ai des enfants de 10 ans qui viennent
23:31 vers un livre comme ça.
23:33 Vous pensez que c'est peut-être un petit peu jeune,
23:36 mais s'ils ont envie...
23:39 Moi, j'ai lu des livres très jeunes.
23:41 Sans doute, j'ai pas compris la moitié de ce qu'il y avait dedans.
23:44 Ca m'a pas empêché de grandir.
23:46 -Son conseil, peu importe le genre, le format,
23:49 le principal est que la lecture reste un plaisir.
23:52 -Voilà.
23:54 Alors, le secteur du livre jeunesse est florissant,
23:57 et c'est tant mieux, mais la réalité du pays,
23:59 Michel Desmurgés, elle est bien différente.
24:02 Le niveau en lecture baisse, et ça, c'est bien documenté.
24:05 -Oui, le niveau du lecture baisse.
24:07 Il atteint les études PISA, mais il y a d'autres études
24:10 qui montrent qu'on a de moins en moins d'enfants compétents
24:14 en lecture.
24:15 On a 50 % sur les études PISA,
24:17 on a à peu près 50 % d'enfants qui sont dits de niveau faible.
24:20 En France, sur les études, c'est en gros les trois quarts
24:23 des enfants dont les capacités en lecture
24:26 ne dépassent pas...
24:27 Alors, il y en a 50 % qui sont faibles,
24:30 plus 25 % dont les capacités ne dépassent pas
24:32 la compréhension de textes simples et explicites.
24:35 Donc, en gros, on se retrouve avec 25 % de lecteurs,
24:38 dont 10 % de bons lecteurs, de lecteurs performants,
24:41 ce qui correspond au nombre de...
24:43 Je sais pas qui a inventé ce mot,
24:45 mais de gros lecteurs, on a l'impression
24:47 que c'est un truc de malade.
24:49 Pour chasser les gens de la lecture,
24:51 le gros lecteur, c'est 20 livres par an,
24:53 c'est 20 minutes par jour. -Les enquêtes sont trompeuses.
24:56 Les Français, ou en tout cas les ados,
24:59 disent qu'ils aiment lire, mais ils ne lisent pas.
25:01 -Il y a une différence.
25:03 Il y a plein de sondages, ils aiment lire,
25:05 mais ils préfèrent les jeux vidéo.
25:07 Donc, il y a un effondrement du temps passé à lire,
25:10 de la compétence. Je crois qu'on ne se rend pas compte...
25:13 Il y a des exemples dans PISA.
25:15 On ne se rend pas compte de la difficulté
25:17 et de la faiblesse du niveau en lecture
25:19 d'un grand nombre d'enfants.
25:21 J'ai trois secondes pour prendre un exemple.
25:24 Dans PISA, il y a des exemples.
25:25 Il y a un exemple, la question, c'est...
25:28 Il y a trois petits paragraphes.
25:29 La première phrase du troisième paragraphe,
25:32 c'est "un problème persiste".
25:34 La troisième phrase du paragraphe,
25:36 c'est "un problème persiste".
25:38 Un problème persiste.
25:39 Deux points, les grands arbres ont disparu.
25:41 C'est quasiment 50 % des élèves...
25:43 C'est les évaluations de 2018, pas le détail des autres.
25:47 C'est quasiment 50 % des élèves français
25:49 qui répondent pas à cette question.
25:51 On demande aussi combien de temps la chercheuse est-elle restée
25:54 sur place. C'est marqué dans le deuxième paragraphe.
25:58 La chercheuse s'en va après être restée neuf mois sur place.
26:01 C'est 70 % des gamins qui répondent pas à cette question
26:04 et qui répondent pas à cette question.
26:06 Les vrais lecteurs, ceux qui prennent l'implicite d'un texte,
26:10 on se retrouve entre au mieux à 20-25 %,
26:12 mais les vrais bons lecteurs, c'est 10 %,
26:14 donc oui, il y a un effondrement.
26:16 -Expliquez-nous en quoi c'est directement
26:19 un développement de notre intelligence de lire.
26:22 La richesse langagière est plus grande,
26:24 c'est une langue, l'écrit, par rapport à l'oral.
26:27 -Il y a une ambiguité.
26:28 Souvent, quand on fait le raccourci,
26:30 on assimile la lecture au décodage.
26:32 Si je me mets à jouer au tennis, on va me donner une raquette,
26:35 mais ça ne me permettra pas d'être un joueur.
26:38 La lecture, c'est pareil. On va apprendre aux enfants à décoder,
26:42 mais c'est une deuxième langue.
26:43 J'ai une arthophanie, ma fille est bilingue, oral, écrite.
26:47 Mon copain me dit "Qu'est-ce que t'es en train de faire ?
26:50 "Je fais une photo, une vidéo."
26:52 Il voit les expressions.
26:53 Dans un livre, il y a rien, donc il faut mettre plein de mots.
26:57 Il y a plus de richesse langagière.
26:59 A l'oral, on transmet, c'est des choses concrètes.
27:02 La langue française est dans les livres,
27:04 et elle est uniquement dans les livres.
27:06 Et donc, il y a plus de mots, plus de lexiques.
27:09 Ils ont pris des normes corpus.
27:11 Il y a plus de richesse langagière en termes de lexique,
27:14 de grammaire, la voix passive, par exemple,
27:16 en termes de temps.
27:17 -Le passé simple. -Le passé simple,
27:19 le passé antérieur.
27:21 "Gretel poussa la sorcière", ou "Il lui fallait..."
27:24 Tout ça, c'est des temps qui sont que dans la lecture.
27:27 Et ça ne se développe que dans la lecture,
27:29 et notamment dans la lecture de livres.
27:31 C'est pas drôle à entendre, mais soit l'enfant lit
27:34 et il accède à ce langage, le langage de la pensée,
27:37 et plus les enfants lisent et plus le QI augmente,
27:40 plus ils ont de connaissances générales,
27:42 ce qu'on appelait avant la culture générale,
27:45 plus ils ont de créativité, de capacité à s'exprimer à l'oral,
27:48 mais aussi, plus ça augmente leur intelligence émotionnelle,
27:51 leur capacité sociale.
27:53 Donc, vraiment, il y a toute une matrice de bénéfices
27:56 de la lecture qui est absolument considérable.
27:59 Et sur la réussite scolaire, le facteur...
28:01 Si vous voulez prédire la réussite scolaire d'un gosse,
28:04 la lecture, ses capacités en lecture,
28:07 parce qu'on nous a beaucoup parlé du apprendre à apprendre,
28:10 s'il y a vraiment une justification du apprendre à apprendre,
28:13 c'est la lecture qui va permettre aux enfants...
28:16 J'ai fait une étude dans les Pays nordiques,
28:19 ils ont pris des gamins de 3e et ils se sont dit
28:21 qu'on va prendre leur capacité en lecture,
28:24 et ces gamins ont des différences de compétences scolaires.
28:27 En fait, 70 % de ces différences,
28:29 70 % des différences entre les gamins,
28:31 s'expliquent, ou on peut en rendre compte,
28:33 à partir des capacités en lecture.
28:35 Un gamin qui ne sait pas lire et qui a des difficultés,
28:38 et ce n'est pas parce qu'il est capable,
28:40 il a marqué plus d'exigences à l'école,
28:43 que je suis capable de lire ça.
28:44 Il faut quasiment deux décennies.
28:46 Si on prend la fluence, je fais très vite,
28:49 c'est la vitesse à laquelle on lit en ayant compris le texte.
28:52 Et si on prend la fluence,
28:54 entre les années 60 et aujourd'hui,
28:56 en moyenne, dans les années 60, on a 190 aujourd'hui,
29:00 donc il y a une baisse qui est extrêmement nette,
29:02 mais un très bon lecteur, il lit à 280-300 mots par minute.
29:05 Et donc, si on prend cette fluence
29:08 et qu'on suit les gamins depuis le CP jusqu'à la terminale,
29:11 on s'aperçoit qu'ils se rapprochent de cette fluence-là
29:14 uniquement en terminale.
29:16 Elle rend compte du décodage, mais aussi de la compréhension
29:19 de la vitesse à laquelle on lit.
29:21 Il faut beaucoup de temps, beaucoup de volume,
29:23 et c'est pour ça qu'on nous dit... Les BD, c'est bien.
29:26 Mais quand on regarde les études,
29:28 on s'aperçoit que pour le développement du langage,
29:31 la réussite scolaire et le développement
29:33 des capacités en lecture, c'est les livres ou rien.
29:36 Ca veut pas dire qu'il faut pas lire de BD et de manga,
29:39 ça développe l'imagination d'autres choses,
29:41 mais pour ces composantes-là, c'est une question de volume.
29:44 Il y a beaucoup plus de volume dans un livre.
29:47 -Vous êtes passionnant, mais il faut faire un débat.
29:50 -Alors, Isabelle Roche, on le voit, le constat est très clair.
29:53 -C'est très important.
29:55 Je pense qu'effectivement, je partage en grande partie.
29:58 C'est pour ça que j'écoutais et que je n'essayais pas
30:00 de m'imposer dans le débat. -C'est le rôle de qui ?
30:03 C'est l'environnement familial, on parlait de lecture partagée,
30:07 de l'école, de l'enseignant, de l'institution,
30:09 de l'Etat, des députés ? -C'est le rôle de tous.
30:12 C'est le rôle de tous, bien entendu.
30:14 C'est le rôle de l'école, mais aussi de la famille.
30:17 Il faut lui en donner les capacités, les moyens.
30:20 C'est pas toujours évident dans le contexte actuel.
30:23 C'est le rôle de l'association, du périscolaire, de l'extrascolaire.
30:26 C'est le rôle de chacun d'entre nous.
30:29 Et justement, j'écoutais avec attention
30:31 ce que disait mon voisin.
30:33 L'acquisition du langage et du vocabulaire
30:38 est très importante.
30:39 On voit qu'une grande partie, justement,
30:42 même de la difficulté de nos débats,
30:44 c'est qu'à certains moments,
30:46 nous n'avons pas les mots pour débattre.
30:48 Et que si on avait un langage, finalement,
30:51 beaucoup plus fourni et beaucoup plus nourri,
30:53 ça permet aussi d'avoir des nuances
30:55 qui s'expriment beaucoup mieux.
30:57 -La réalité du chaos du monde, aussi...
30:59 -Oui, mais pas que ça.
31:01 -On est dans des difficultés à nommer le monde, parfois.
31:04 -C'est pour ça qu'il nous faut avoir toutes ces nuances
31:07 et toutes ces couleurs pour pouvoir le nommer.
31:10 -Vous vouliez réagir. Vous qui enseignez,
31:12 vous avez la chance d'avoir des étudiants
31:14 qui réussissent des concours.
31:16 Il y a un secret, il y a quelque chose
31:19 que vous voyez dans ces trajectoires.
31:21 -C'est certain qu'évidemment,
31:22 d'abord, les étudiants que j'ai sont plus âgés,
31:25 que je les ai sur des matières qui touchent au climat,
31:28 à l'environnement, où je peux dire que d'année en année,
31:31 le niveau monte, contrairement à la plupart des profs
31:34 qui se désolent de la baisse du niveau.
31:36 Ce qui me frappe, c'est la question des salaires.
31:39 Je suis très frappé du faible niveau des salaires
31:42 des enseignants en France, au collège, au lycée
31:45 et aussi à l'université.
31:46 Un simple point de comparaison,
31:48 une bourse de thèse en Belgique
31:50 pour un étudiant en doctorat en première année,
31:53 c'est plus que le salaire d'entrée
31:55 d'un maître de conférence en France.
31:57 Donc, si on reconnaît que ces métiers
31:59 sont des métiers essentiels,
32:01 il faut qu'ils aient un niveau de salaire qui est avec ça.
32:04 On voit en tête de classement, on voit Singapour,
32:07 la Corée du Sud, le Luxembourg,
32:09 c'est les pays où les profs sont les mieux payés.
32:12 -Et nos cerveaux, et on en a beaucoup,
32:14 en science comme en littérature, vont à l'étranger.
32:17 Vous vous attendez des rémunérations supplémentaires ?
32:20 -Oui, on est un syndicat,
32:21 donc, effectivement, on porte des positions syndicales.
32:25 Et je crois qu'aujourd'hui, c'est déjà ça.
32:27 Tout le monde reconnaît que les enseignants sont mal payés.
32:30 Il y a dix ans, nous, on disait ça au SNAL,
32:33 qu'on nous regardait, les gens se marraient,
32:35 "les vacances, la sécurité de l'emploi,
32:38 "les fonctionnaires", etc.
32:39 Aujourd'hui, c'est reconnu que le métier d'enseignant,
32:42 c'est pas un métier attractif
32:45 et toutes les idées et propositions du ministre,
32:48 il y en a beaucoup qui sont très bien.
32:50 On n'a pas parlé de la classe pour préparer au lycée
32:53 si on n'a pas eu le brevet.
32:54 C'est une super idée, bien mieux qu'un redoublement.
32:57 -Le brevet indispensable. -Oui,
32:59 mais si vous n'avez pas, vous avez une classe de prépa lycée
33:02 avant d'entrer en seconde.
33:04 -Il fait quasiment l'unanimité, ce Gabriel Attal.
33:07 -Ce point-là, il est vraiment très intéressant.
33:10 Ce qu'on appelle les propédautiques en éducation,
33:13 c'est des choses que nous, on soutient depuis longtemps
33:16 et ça, ça fonctionne très bien.
33:17 Mais il faut les personnels,
33:19 il faut les fonctionnaires qui vont avec.
33:22 Là, on est à 8 % de contractuels,
33:24 10 % de contractuels dans l'académie de Créteil,
33:26 un prof sur 10 dans l'académie de Créteil n'a pas le concours.
33:30 On voudrait que les contractuels aient envie de passer le concours.
33:34 -Le budget de l'éducation est en hausse,
33:36 mais ça ne suffit pas. -C'est l'inflation.
33:38 -Ca n'a pas rattrapé l'inflation.
33:41 -On va vous préparer une mission attendue,
33:43 mission parlementaire, sur l'apprentissage de la lecture.
33:46 De toutes les auditions, de vos débats,
33:48 vous avez entendu Michel Demeurger,
33:50 qu'est-ce que vous allez proposer ?
33:53 -Je ne peux pas vous dévoiler les conclusions,
33:55 elles sont réservées à mes collègues de la commission.
33:58 -Une ou deux mesures fortes ?
34:00 -L'idée de la restauration du manuel scolaire,
34:04 par exemple, à l'école, primaire,
34:07 est une idée que nous portons,
34:09 dont nous avons discuté avec le ministre.
34:11 Sa labellisation, c'est-à-dire qu'on ne peut pas mettre
34:14 n'importe quel manuel,
34:16 il faut que la méthode qui y est développée soit éprouvée.
34:19 Aujourd'hui, il y a un consensus scientifique
34:22 sur les méthodes qui marchent pour décoder,
34:24 comme le disait M. Demeurger,
34:26 et puis il faut encourager la pratique de la lecture.
34:29 Il y a des enfants,
34:30 et là, la responsabilité de la famille est immense,
34:33 de toutes les familles.
34:34 Il y a des enfants qui arrivent à l'école maternelle,
34:38 qui viennent l'école maternelle, dès trois ans.
34:40 Certains possèdent 400 mots, d'autres, 2 000.
34:43 Donc, l'inégalité est déjà là, au début du cursus scolaire.
34:48 Donc, l'acquisition du vocabulaire,
34:50 il faut parler aux enfants, il faut lire aux enfants,
34:53 il faut lire avec les enfants,
34:55 et puis, il y a la question de la formation des enseignants.
34:59 Ca rejoint ce que disent les uns et les autres sur la...
35:02 Le professeur est la clé de voûte du système.
35:07 C'est celui... L'effet maître, ça n'est pas un vingt mots.
35:10 Et donc, pour cela, il faut le former
35:13 à des méthodes qui soient éprouvées.
35:15 Il faut qu'il puisse travailler avec ses pairs.
35:19 -Et qu'il ait le dernier mot.
35:21 Puisque c'est ce que laisse entendre le ministre.
35:23 -Il faut qu'il ait le dernier mot.
35:25 C'est très important.
35:27 C'est une proposition,
35:28 parmi les propositions que nous avons faites aux Républicains,
35:32 c'est une des propositions que nous portons.
35:34 Le devenir de l'élève dans la classe supérieure
35:37 appartient à l'enseignant,
35:39 mais encore faut-il qu'il soit parfaitement formé.
35:43 Ce que disait M. Girard, et très important,
35:46 sur la formation des enseignants,
35:48 aujourd'hui, faute d'enseignant, on recrute des contractuels
35:52 dont on n'est pas assuré qu'ils possèdent le niveau requis.
35:55 -On s'arrête là.
35:56 C'est intéressant de voir qu'entre majorité et opposition,
35:59 sur un sujet aussi essentiel que l'éducation,
36:02 il y a des contrats, des consensus,
36:04 on s'écoute et on bâtit quelque chose.
36:06 On s'arrête là.
36:07 Malheureusement, merci d'être venus débattre.
36:10 Je recommande, faites les lire.
36:12 Ce n'est pas une injonction, c'est plutôt une invitation.
36:16 C'est passionnant comment la lecture
36:18 stimule l'intelligence de nos enfants.
36:20 C'est à lire au seuil.
36:21 Vous restez avec moi, François Gémen,
36:24 dans une dizaine de minutes, les parties prises de nos affranchis.
36:28 Ce soir, Brigitte Boucher va nous révéler,
36:30 directe depuis le Press Club de Paris,
36:32 le prix de l'humour politique dont LCP est partenaire.
36:35 Puis, en plateau, Isabelle Lassère du Figaro
36:38 reviendra sur la pression internationale
36:40 qui s'accentue sur Israël pour obtenir l'arrêt des combats.
36:43 Stéphanie Despierre, de quoi nous parlez-vous ?
36:46 -De la colère de la France insoumise
36:48 qui s'offusque que l'Etat ne protège pas assez ses parlementaires.
36:52 -On verra ça, mesdames, à tout à l'heure.
36:54 D'abord, on va adresser un bilan d'Etat.
36:56 Vous serez demain soir à Dubaï, François Gémen,
36:59 certains espèrent, d'autres se désespèrent déjà.
37:02 Alors, qu'est-ce qui est acquis, qu'est-ce qui ne l'est pas ?
37:05 On voit ça dans l'invitation de Marion Becker.
37:08 On en parle ensemble juste après.
37:10 Musique douce
37:12 ...
37:13 -Si on vous invite, François Gémen,
37:15 c'est pour nous décrypter cette COP28
37:18 vers laquelle vous vous envolez bientôt.
37:20 Ses enjeux, ses ambitions,
37:22 le rôle de la France dans l'action climatique.
37:25 Coauteur de son sixième rapport,
37:28 vous êtes l'un des visages les plus célèbres du GIEC.
37:31 Politologue, chercheur,
37:34 spécialiste des migrations environnementales.
37:37 Cette COP28 à Dubaï,
37:39 au pays de l'or noir, dans une ville polluée,
37:41 connue pour ses extravagances climatiques,
37:44 a été décriée et a suscité des polémiques.
37:48 Pourtant, dès son ouverture,
37:50 un accord surprise a été trouvé
37:52 sur l'indemnisation des pays du Sud.
37:55 -C'est vraiment la pierre angulaire
37:57 de ce qu'on appelle la justice climatique,
38:00 qui permet que les pays industrialisés
38:02 reconnaissent leurs responsabilités
38:04 dans les impacts du changement climatique.
38:07 -L'un des défis majeurs de cette COP,
38:09 c'est la sortie progressive des énergies fossiles,
38:12 charbon, gaz, pétrole.
38:15 C'est en tout cas ce que laisse espérer
38:17 le premier brouillon public,
38:19 servant de base aux négociations de cette conférence.
38:22 Son président, l'émirati sultan Al-Jaber,
38:25 espère que cette édition marquera l'histoire
38:27 au même titre que la COP 21 de Paris.
38:31 Emmanuel Macron a annoncé la fin du charbon en France en 2027
38:35 et proposé un calendrier au monde entier.
38:38 -Les pays du G7 doivent montrer l'exemple
38:41 et s'engager à mettre fin au charbon chez eux
38:43 avant les autres, c'est-à-dire avant 2030.
38:46 La France tiendra son engagement de sortir complètement
38:49 et de fermer toutes ses centrales d'ici à 2027,
38:51 c'est-à-dire sous le mandat qui est le mien.
38:54 -L'Inde a déjà opposé une fin de non recevoir
38:57 alors, François Gemmene, on a une question pour vous.
39:01 A-t-on une chance, le 12 décembre,
39:03 d'acter une sortie, d'au moins une, des énergies fossiles ?
39:07 -Réponse.
39:08 -D'au moins une, ça va être compliqué.
39:10 A mon avis, ça va être compliqué de dissocier les énergies fossiles.
39:14 Parce que le charbon, c'est l'énergie des pays émergents.
39:19 C'est l'énergie de l'Inde, de la Chine.
39:22 Pour la Chine ou pour l'Inde, c'est insupportable
39:24 d'entendre la France dire "on va sortir du charbon".
39:27 Vous avez fermé vos mines de charbon en France dans les années 80,
39:31 donc c'est facile pour les pays industrialisés
39:33 de dire ça.
39:34 Mais pour la Chine, qui dépend moins du pétrole et du gaz,
39:38 ils disent "engagez-vous sur le pétrole et le gaz,
39:40 "qui est considéré comme une énergie des pays industrialisés".
39:44 -Et les pétromonarchies sont prudentes.
39:46 -Aucun accord ne sera trouvé.
39:48 -Ca risque d'être tout ou rien,
39:50 mais distinguer les énergies fossiles,
39:52 ça va être compliqué.
39:53 -Vous avez pas de changement ? -Pas sûr.
39:56 -Ah bon ? -Pas sûr.
39:57 Aujourd'hui, il faut bien reconnaître
39:59 qu'il y a, dans les pays industrialisés,
40:02 pas vraiment d'intérêt à la sortie des énergies fossiles.
40:05 Beaucoup de pays industrialisés sont très hypocrites.
40:08 Le Royaume-Uni, le Canada, les Etats-Unis,
40:10 qui accordent sans cesse de nouveaux forages,
40:13 pétroliers ou gaziers, et font de beaux discours
40:16 en disant qu'il faut sortir.
40:17 -Les pays du Sud leur disent. -Ils leur disent.
40:20 Ces pays seront très heureux, si jamais ça n'est pas dans le texte,
40:24 de porter le chapeau à Dubaï et aux Émirats
40:26 et de les déter comme les grands méchants.
40:28 Je serais surpris que, dans cette COP,
40:30 où il y a une vraie énergie positive depuis le début,
40:33 on parvienne quand même à avancer sur ce sujet.
40:36 Je serais sincèrement très surpris et très déçu
40:38 s'il n'y avait pas un pas en avant sur les énergies fossiles.
40:42 -On sent que vous êtes optimiste.
40:44 On pourrait se consoler sur les énergies renouvelables.
40:47 118 pays s'engagent pour investir massivement,
40:50 en les multipliant parfois,
40:51 mais la Russie, l'Iran ne signent pas.
40:54 Là encore, vous voyez le verre à moitié plein ?
40:57 -C'est curieux, la Chine investit massivement
40:59 dans l'énergie solaire, donc elle remplit déjà l'objectif.
41:02 J'ai l'impression que c'est une sorte de rebutade politique.
41:06 C'est très bien d'augmenter la capacité des renouvelables,
41:09 c'est très bien d'investir dans le nucléaire.
41:12 Le problème, c'est qu'il faut aussi sortir des fossiles.
41:15 Ce qu'on a vu depuis 20 ou 30 ans,
41:17 c'est que les énergies décarbonées se sont développées,
41:20 elles sont devenues moins chères,
41:22 mais elles ne se sont pas remplacées.
41:24 -Il y a une chose que les téléspectateurs
41:26 et moi-même aimerais comprendre.
41:28 Les accords internationaux de ces COP,
41:31 même s'ils ne sont pas signés par tous les pays,
41:33 est-ce qu'ils engagent les parties prenantes ?
41:36 Et comment ? Est-ce que si on signe sur les moyens,
41:39 sur un calendrier, on est contraint ou pas ?
41:42 -En principe, oui, mais il n'y a pas de sanctions.
41:45 Donc, en fait, c'est pas vraiment contrait.
41:48 -A quoi ça sert, ces accords ? -Ce qu'il faut bien comprendre,
41:51 c'est que ces accords, c'est des signaux
41:53 qui sont envoyés au marché, aux investisseurs, à l'industrie.
41:57 C'est à ça que ça sert.
41:58 C'est pas parce qu'il y a un accord sur la sortie
42:01 que les Etats vont du jour au lendemain
42:03 sortir des fossiles. -C'est une pression
42:05 sur la finance pour qu'elle se convertisse.
42:08 -Si on dit qu'il y a un calendrier de sortie des fossiles,
42:11 les investisseurs se disent que c'est plus là-bas
42:14 qu'on va mettre le billet.
42:15 Le vrai marqueur du succès d'une COP,
42:17 c'est de voir l'évolution du cours de l'action Total Energy,
42:21 le lendemain. Si le cours a baissé, c'est que la COP est réussie.
42:24 Si le cours a monté, c'est un échec.
42:26 Si le cours n'a pas bougé, c'est que la COP ne sert à rien.
42:29 -On peut se féliciter du Fonds pertes et dommages.
42:32 Les pays riches vont payer les dégâts
42:34 du réchauffement climatique des pays pauvres.
42:37 Comment l'argent va-t-il être distribué ?
42:39 650 millions de dollars débloqués,
42:41 est-on sûr qu'il va aller au bon endroit ?
42:44 C'est pour ça qu'on a mis en place avant
42:46 un organe de gestion de ce fonds,
42:48 qui va être hébergé pendant quatre ans par la Banque mondiale
42:51 et qui va garantir que l'argent aille
42:54 à ceux qui subissent les dégâts les plus lourds.
42:56 Un mécanisme de gestion est en place pour ce fonds.
42:59 Ce fonds, même si nous, en France, on est peu concernés,
43:02 on ne va pas toucher d'argent, c'est très important.
43:05 C'est pour les pays du Sud, la reconnaissance
43:08 d'un début de justice climatique.
43:10 C'est le préalable à toute discussion.
43:12 -On parle de Sultan Ahmed Al-Jaber,
43:14 qu'on va voir à l'image, le président de la COP
43:17 et ministre de la compagnie pétrolière Emirati.
43:20 Il enchaîne les polémiques depuis l'ouverture de la COP.
43:24 Il y a sa double casquette,
43:26 mais il y a aussi les accusations.
43:28 Récemment, il a été accusé d'avoir minimisé les termes
43:31 même écrits dans les documents de négociation,
43:34 préférant le mot de "réduction" au mot de "sortie" des fossiles.
43:37 Ca fait une grosse différence.
43:39 -Tout va se jouer dans le texte final.
43:42 Le mot "joue-t-il" est-il digne de confiance ?
43:44 -C'est un diplomate qui, donc, va essayer de jouer
43:47 sur différents tableaux, va parfois envoyer différents messages
43:50 et différents signaux selon ses interlocuteurs.
43:53 Je crois qu'on a tendance, parfois, à le réduire un peu
43:56 à son étiquette de PDG d'une compagnie pétrolière
43:59 et à oublier ses qualités et l'habileté de diplomate
44:02 qu'il a, par exemple, annoncer l'accord sur les pertes et dommages
44:06 dès le premier jour de la COP.
44:07 C'est un coup de merde.
44:09 -Pourquoi ? Ca oblige tout le monde à se positionner plus fort ?
44:12 -Ca oblige et surtout, ça installe un climat de confiance
44:16 et de dialogue entre les pays du Sud et les pays industrialisés.
44:19 Jusqu'ici, les pays du Sud avaient l'impression
44:22 d'être menés en bateau. Cet accord, c'est le signe
44:24 qu'on envoie aux pays du Sud en disant "on vous prend au sérieux".
44:28 -Les 1,5 degrés de réchauffement de la planète ont lié.
44:31 On y arrivera pas, vers 2030.
44:33 Ca, c'est terminé. -C'est pas pour ça
44:35 qu'il faut abandonner l'objectif. Il faut comprendre
44:38 que 1,5 degrés de réchauffement, c'est un objectif politique,
44:41 un marqueur d'ambition. C'est comme quand vous dites
44:44 avec une politique de sécurité routière
44:46 "l'objectif, c'est..." -Quand un objectif est dépassé,
44:49 pourquoi on l'utilise ? -Ca marque votre ambition.
44:52 Vous le gardez comme une boussole qui vous dit
44:55 "c'est là qu'il faut tendre".
44:57 Et clairement, même si on dépasse 1,5,
44:59 le seuil d'après, c'est pas 2, c'est 1,6.
45:02 Chaque dixième de degré d'évaluation
45:04 va faire une différence. Il faut garder cet objectif.
45:07 -Vous, spécialiste des migrations climatiques,
45:10 on vous a préparé une carte, pas forcément parfaite,
45:13 qui vous montre d'une certaine façon
45:15 à quoi on peut s'attendre dans les décennies qui viennent.
45:18 On a montré à la fois les zones de désertification
45:21 et les zones de migration environnementale.
45:24 On voit bien que là encore, c'est largement le Sud
45:27 qui est victime, avec beaucoup de migration vers le Nord,
45:30 que ce soit l'Amérique, que ce soit l'Europe,
45:32 que ce soit l'Asie. -Attention à l'orthographe.
45:35 -On va avoir une grande delta exposée.
45:37 -Vous avez raison.
45:39 A quoi peut-on s'attendre dans la décennie qui vient ?
45:42 -Très clairement, on a déjà aujourd'hui
45:44 le changement climatique, qui est un des principaux facteurs
45:47 de migration et de déplacement.
45:49 En 2022, il y a 32 millions de déplacements
45:52 liés à des catastrophes climatiques,
45:54 des ouragans, des inondations, des sécheresses.
45:57 C'est davantage que le nombre de déplacements
46:00 liés à des conflits ou à des violences.
46:02 Il va y avoir davantage de migration,
46:04 et les risques d'immigration vont être différents.
46:07 On va avoir de plus en plus de départs forcés,
46:10 de gens qui ne vont pas choisir le moment où ils partent.
46:13 Il y a un vrai besoin, dès à présent,
46:15 d'accompagner ces migrations,
46:17 et de ne pas considérer que c'est un risque futur.
46:20 -On le fait vraiment, à l'heure de ce texte de loi
46:23 qui fait couler d'encre sur l'immigration ?
46:25 -Il y a un décalage total entre les politiques nationales
46:28 et la manière dont ce sujet est débattu à l'international.
46:32 Il existe une organisation internationale à Genève,
46:35 la plate-forme sur les déplacements liés aux catastrophes,
46:38 qui s'occupe de ces déplacements.
46:40 Tout le monde l'ignore.
46:41 -Je voudrais vous interroger pour terminer cet entretien
46:45 sur une image. On va regarder une belle chaîne de montagne,
46:48 celle des Pyrénées-Atlantiques.
46:50 On a appris, grâce à nos confrères du Parisien,
46:53 qu'un permis d'exploration a été accordé,
46:55 je sais pas si vous avez vu,
46:57 pour extraire de l'hydrogène blanc,
46:59 une énergie naturelle sur laquelle compte profiter l'Etat,
47:02 énergie moins polluante,
47:04 alors que d'autres sont fabriquées
47:06 en matière d'hydrogène artificiellement.
47:09 Est-ce que c'est une aubaine, pour nous,
47:11 et est-ce qu'il faut prendre le risque de forer dans nos montagnes ?
47:15 -Ca mérite d'être exploré.
47:17 Il faut voir la façon dont on le fait.
47:19 Malheureusement, on sait que l'extraction
47:21 produit des dégâts environnementaux conséquents,
47:24 mais il faut explorer la voie de l'hydrogène.
47:27 Aujourd'hui, nous n'avons pas la capacité ni le luxe
47:29 de pouvoir faire la fine bouche
47:31 par rapport à des solutions possibles.
47:33 -Les technosolutionnistes n'ont pas forcément tort.
47:36 -On va avoir besoin de technologie.
47:39 La technologie ne doit pas remplacer
47:41 un changement de mode de vie, des politiques publiques ambitieuses,
47:44 mais on ne pourra pas non plus se passer de technologie.
47:47 -Merci, François Gemmene. Vous reviendrez de Dubaï,
47:51 parce qu'on aimerait avoir votre analyse des résultats.
47:54 -On verra si la deuxième semaine
47:56 est aussi prolifique que la première.
47:58 -C'est tellement plus clair quand vous parlez climat.
48:01 Merci à vous. C'est l'heure des Affranchis
48:03 et de leur parti. On les accueille.
48:05 Isabelle Lasserre,
48:06 des pages diplomatiques du Figaro.
48:09 Installez-vous.
48:10 Et bien sûr, Stéphanie Despierre.
48:12 On commence avec vous, Stéphanie.
48:14 Bourbon Express, l'histoire du jour à l'Assemblée.
48:17 Vous nous racontez quoi ?
48:19 -L'histoire d'une histoire pas banale,
48:21 celle de la colère de la France insoumise
48:23 qui refuse l'Etat de ne pas protéger ses députés,
48:26 contrairement à la journaliste de LCI,
48:28 Hercutel-Krief, placée sous protection à un judiciaire,
48:32 après un tweet virulent de Jean-Luc Mélenchon,
48:34 l'accusant d'islamophobie.
48:36 Mathilde Panot a remis le couvert dans un autre tweet.
48:39 En conférence de presse, ce matin, la chef des députés insoumis
48:43 s'offuse carrément de la célérité
48:45 avec laquelle la protection de la journaliste a été activée.
48:48 Elle déplore que ce ne soit pas le cas pour ses députés.
48:52 -J'ai plus d'une dizaine de députés de mon groupe
48:54 qui sont menacés de mort régulièrement.
48:57 J'ai un député de mon groupe qui a dû déménager à trois reprises
49:00 du fait des menaces de l'extrême droite.
49:03 Et je vous assure que jamais il n'a été proposé,
49:05 jamais il n'a été proposé à aucun des députés une protection.
49:09 -Et parmi les 10 députés insoumis à menacer,
49:11 il y a Thomas Porton.
49:13 -En juillet dernier, suite à un courrier que j'ai reçu
49:16 d'un comité, le comité 732,
49:17 qui est un groupuscule d'extrême droite,
49:20 qui avait déjà menacé d'autres députés,
49:22 qui m'a fait un courrier à l'Assemblée,
49:24 qui va me suivre à mon domicile,
49:26 qui va étudier mes parcours,
49:28 qui explique les méthodes pour me tuer,
49:30 m'enlever, me faire souffrir.
49:32 J'ai décidé de déposer plainte,
49:34 parce que ce n'était pas la première menace de mort
49:37 qui m'était destinée.
49:38 J'ai demandé une protection policière,
49:41 notamment devant mon domicile.
49:42 Je n'ai pas de nouvelles de la demande de protection policière
49:46 que j'ai fait, parce qu'à minima,
49:48 je n'ai pas de nouvelles de la demande de protection.
49:51 -Comment réagit le ministre de l'Intérieur ?
49:54 Il explique que la menace est prise au sérieux,
49:56 quel que soit le bord politique.
49:58 Il l'a expliqué cet après-midi lors des questions au gouvernement,
50:02 en prenant un exemple chez les Insoumis.
50:05 -M. Bouillard, par exemple, a pu être protégé par la police,
50:08 et c'est l'honneur de la police de le protéger.
50:11 M. Bardella a pu être protégé par la police,
50:13 et c'est l'honneur de la police de la protéger.
50:16 C'est normal, et ce sera le cas pour toute personne,
50:19 quelles que soient ses opinions, qui sera menacée.
50:22 Ce sera l'honneur de la police de les protéger,
50:25 y compris contre la France Insoumise.
50:27 -Pour lui, la police faisait des rondes autour de son domicile
50:30 pendant le débat sur les retraites.
50:32 Le ministère précise que les évaluations nécessaires
50:35 sont diligentées à chaque fois que les élus reçoivent des menaces,
50:39 et que cela a été le cas récemment pour d'autres députés insoumis,
50:43 par exemple pour Emeric Caron, en octobre dernier,
50:46 mais plus généralement, dans le camp présidentiel,
50:49 les accusations de Mathilde Panot ont fait bondir.
50:52 -Les Insoumis cessent de mettre de l'huile sur le feu.
50:55 Le climat de tension, les menaces exacerbées
50:57 qui se multiplient contre les élus, contre les journalistes,
51:00 c'est aussi leur responsabilité.
51:02 Lorsque Jean-Luc Mélenchon fait le choix de jeter en pâture
51:06 la présidente de l'Assemblée nationale,
51:08 il y a quelques semaines, dans le conflit israélo-palestinien,
51:11 lorsqu'il s'en prend de manière explicite à Routel-Kriev,
51:15 un féminin féminin fleurtant avec l'antisémitisme,
51:17 en encourageant les violences,
51:19 il porte une part de responsabilité dans le climat de tension.
51:23 -Tensions qui sont à chaque jour un peu plus vives et inquiétantes.
51:26 -François Gemmene, LFI, pompier, pyromane,
51:29 ou demande légitime de protection ?
51:31 -Je ne connais pas le cas de LFI en particulier,
51:33 mais moi, je suis, en tout cas, en tant que citoyen,
51:36 en tant que chercheur, complètement atterré
51:39 du climat de violence à l'Assemblée nationale
51:41 parmi les parlementaires.
51:43 Il faut rappeler que la démocratie,
51:45 c'est quand même la recherche du consensus,
51:48 la recherche, je dirais, d'un choix d'intérêt collectif
51:51 à partir de préférences individuelles.
51:53 Comment pourrions-nous nous étonner
51:55 du regain de violence dans la société
51:57 et de ces gens qui se font tuer à l'arbre-branche,
52:00 ces adolescents, si le spectacle offert par les députés
52:03 est celui d'une sorte de violence totale dans les paroles
52:06 où on arrive finalement à devoir faire protéger chaque député
52:09 par deux policiers ? C'est infernal.
52:12 Pour moi, ça explique aussi largement
52:14 ce regain de violence qu'on constate
52:16 dans la société aujourd'hui.
52:17 -Merci pour cette réaction.
52:19 Alors, on enchaîne avec vous, Isabelle.
52:22 Vous voulez revenir sur la situation à Gaza,
52:24 où les combats s'intensifient
52:26 dans le sud de l'enclave palestinienne.
52:29 Les alliés d'Israël haussent le ton.
52:31 -C'est d'abord le cas des Etats-Unis,
52:34 puisque d'abord, le secrétaire à la Défense,
52:36 Loïd Austin, et la vice-présidente Kamala Harris
52:39 ont émis de sérieuses réserves sur la manière
52:42 dont Israël mène la guerre contre le Hamas à Gaza.
52:45 Il y a aussi Anthony Blinken,
52:46 qui a essayé, qui a suggéré à Benjamin Netanyahou
52:49 de modifier sa stratégie.
52:51 C'est aussi le cas du côté français,
52:53 où le président a demandé à Israël de préciser ses buts de guerre.
52:57 Pour Emmanuel Macron,
52:59 éradiquer le Hamas, ça prendra 10 ans.
53:01 Mieux vaudrait un cessez-le-feu
53:03 et poursuivre le combat contre le Hamas
53:05 par des actions ciblées.
53:07 -Comment vous les expliquez ces critiques ?
53:09 -En fait, à Washington comme à Paris,
53:11 on considère que la manière dont Israël mène sa guerre
53:15 est contre-productive.
53:16 Elle enflamme le monde arabe,
53:18 elle éloigne une solution politique,
53:20 elle met les alliés des Occidentaux en difficulté,
53:23 comme par exemple l'Arabie saoudite,
53:26 qui est obligée de faire le grand écart
53:28 entre son alliance avec les Etats-Unis,
53:30 enfin, "alliance",
53:32 sa collaboration avec les Etats-Unis,
53:34 et sa population qui gronde,
53:36 et enfin, elle gonfle le Hamas en Cisjordanie.
53:39 Mais les alliés d'Israël ont aussi des raisons
53:41 de politique intérieure.
53:43 Aux Etats-Unis, Joe Biden est coincé
53:45 par sa jeunesse woke,
53:47 qui est en fait en empathie avec la cause palestinienne.
53:50 Il est aussi contesté par l'aile gauche du Parti démocrate
53:54 et par tous ceux au sein de son administration
53:56 qui considèrent que les Etats-Unis doivent lâcher
53:59 le Moyen-Orient et l'Europe pour se focaliser sur la Chine.
54:03 Côté français, Emmanuel Macron
54:05 redoute une importation du conflit sur le sol national.
54:08 -Est-ce que toutes ces critiques, ces pressions
54:11 peuvent avoir une influence sur Benyamin Netanyahou ?
54:14 -Non, pas pour l'instant.
54:15 Pas pour l'instant,
54:16 car il n'est pas question pour les Etats-Unis
54:19 d'arrêter leur aide militaire à Israël.
54:21 Netanyahou avait accepté le principe d'une trêve humanitaire,
54:25 mais c'est plutôt l'opinion publique israélienne
54:28 qui avait exigé qu'il fasse passer la libération des otages
54:31 comme priorité numéro un.
54:33 Pour le reste, les objectifs restent les mêmes.
54:36 Se débarrasser du Hamas, quoi qu'il en coûte,
54:38 et ça prendra du temps.
54:40 Il y a aussi sans doute une autre raison,
54:42 c'est que les objectifs de Netanyahou,
54:45 se débarrasser du Hamas,
54:47 sont suivis par l'intégralité de la population,
54:50 mais la grogne monte contre le Premier ministre.
54:52 Tant qu'il est au pouvoir, tant que la guerre continue,
54:55 il reste au pouvoir,
54:57 après, ça risque d'être une autre histoire.
54:59 -Chacun est tenu par sa scène intérieure.
55:02 -C'est la fuite en avant pour vous,
55:04 cette guerre d'Israël contre le Hamas.
55:06 -C'est aussi une sorte de fuite en avant
55:08 pour Netanyahou.
55:10 C'est utile de rappeler que c'est le Premier ministre
55:13 le plus corrompu de l'histoire d'Israël
55:15 et qu'il y a quelque chose d'assez tragique.
55:18 Au moment où Israël est confronté à une page très difficile
55:21 de son histoire, Israël soit emmené par, sans doute,
55:24 ce qui est un des pires Premiers ministres de son histoire.
55:27 -Merci, François Gemmene.
55:29 On va terminer cette émission par le moment tant attendu.
55:32 Direction le Press Club de Paris,
55:34 vous nous attendez, Brigitte Boucher.
55:36 Brigitte, vous nous révélez ce soir,
55:39 vous êtes membre du jury du Prix de l'humour politique,
55:42 vous nous révélez ce soir le nom des différents gagnants.
55:45 C'est à vous.
55:46 -Bonsoir, Mériem. Je suis en mesure de vous annoncer
55:52 le Grand Prix Press Club, Humour et Politique de l'année 2023.
55:57 Il a été décerné à l'ancien Premier ministre,
56:00 Edouard Philippe, pour cette petite phrase.
56:02 Si vous pensez qu'il faut être un playboy en France
56:05 pour être élu, j'ai quand même quelques contre-exemples.
56:08 On l'a interrogé sur les contre-exemples,
56:11 mais il n'a rien dit.
56:12 On ne sait pas s'il s'adressait, par exemple,
56:15 au prédécesseur direct d'Emmanuel Macron.
56:17 Edouard Philippe confirme qu'il a de l'humour,
56:20 puisqu'on lui avait décerné l'année dernière
56:22 le prix spécial du jury.
56:24 Je vous propose d'écouter sa réaction.
56:26 -De toutes les formes d'humour envisageables
56:29 dans le monde politique,
56:31 l'ironie,
56:33 la méchanceté,
56:37 la litotte, enfin, bref,
56:41 de toutes les formes d'humour envisageables,
56:45 l'auto-dérision est probablement la moins dangereuse.
56:48 Et l'auto-dérision,
56:50 c'est aussi savoir sourire
56:53 de choses qui vous arrivent et qui ne sont pas drôles.
56:56 ...
56:58 -D'autres prix ont également été décernés,
57:01 comme le prix de la révélation,
57:03 attribué cette année à l'écologiste Eric Piolle.
57:06 Pour cette phrase, on connaissait le puits du fou,
57:09 maintenant, on a le fou du puits.
57:11 Une petite pique, vous l'aurez compris,
57:13 adressée à Laurent Wiockier.
57:15 Xavier Bertrand a été distingué.
57:17 Il a remporté le prix de l'auto-dérision
57:19 pour avoir dit "le gouvernement de Mme Borne
57:22 "est aussi expert en justice
57:24 "que moi, je suis expert en régime amincissant".
57:27 Parmi les lauréats, on retrouve l'ancien Premier ministre
57:30 François Fillon, le communiste Fabien Roussel,
57:33 Marlène Schiappa ou encore la députée Sandrine Rousseau.
57:37 Voilà pour la moisson de l'année 2023.
57:39 On se retrouve avec LCP pour l'année prochaine,
57:43 le prix Presse Club Humour et Politique 2024.
57:45 -Merci beaucoup, Brigitte Boucher.
57:48 Bravo à Edouard Philippe.
57:50 On verra ce que ça donne.
57:51 -C'est un visage de l'Assemblée
57:53 de l'Assemblée des Invectives et des Protections.
57:56 -En Belgique, vous avez vos palmarès.
57:58 -Je suis pas sûr qu'on n'a pas une série de prix comme ça.
58:01 -Merci à vous, François Gemmene.
58:03 Les Affranchis, Isabelle Lasserre, Stéphanie Despierre,
58:07 revenez pour nous décrypter l'accord ou le non-accord
58:10 de cette COP28. C'est la fin de cette émission.
58:12 Pour la voir ou la revoir, il y a la chaîne YouTube d'LCP.
58:16 Très belle soirée documentaire. Jean-Pierre Gracien, à demain.
58:20 ...

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