Ramza Aarab, après sa rencontre avec Emmanuel Macron

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Un montpelliérain dans le bureau d'Emmanuel Macron cette semaine.
Hamza Aarab, militant associatif dans le quartier du Petit-Bard à Montpellier et porte-parole de la Caravane des Quartiers, a participé ce lundi, au palais de l'Elysée, à une réunion de travail, avec Emmanuel Macron, sur les quartiers et le racisme.
Il nous a raconté ce matin sa rencontre avec le chef de l'état.

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Transcription
00:00 Vous nous écoutez France Bleu Héros avec notre invité qui était lundi au Palais de l'Elysée
00:05 pour une réunion de travail sur les quartiers et le racisme avec notre président Emmanuel Macron
00:12 Montpellierain qui est Hamza Arabe, militant associatif du Petit Bar et porte-parole de la Caravane des Quartiers, notre invité Guillaume.
00:18 Bonjour Hamza Arabe.
00:20 Bonjour.
00:20 Merci d'être venu nous rejoindre ce matin militant au quartier du Petit Bar,
00:24 porte-parole aussi de la Caravane des Quartiers, vous passez du bureau du Président de la République au studio du 6/9.
00:29 Voilà, ça fait drôle non ?
00:30 Non c'est mieux.
00:31 Ah bon ? Pourquoi c'est mieux ?
00:33 C'est plus bleu en tout cas.
00:34 Le ciel il est bleu et il fait pas beau à Paris.
00:36 Alors vous faisiez partie d'une petite délégation de personnes invitées effectivement lundi par Emmanuel Macron
00:42 parce qu'on commémore aussi en ce mois de décembre 2023 le 40e anniversaire
00:47 de la marche pour l'égalité et contre le racisme qui était partie de Paris on s'en souvient à l'automne 83 et qui était arrivée à
00:54 3 décembre.
00:56 Qui était partie de Marseille et qui est arrivée à Marseille c'est ça ?
00:58 Partie de Marseille est arrivée à Paris.
01:00 Elle est partie à 17 de Marseille c'est arrivée à 100 000.
01:02 Absolument, oui.
01:03 Nous partîmes 17, nous arrivâmes...
01:05 Combien vous dites ?
01:07 Ils sont arrivés à combien ?
01:08 À plus de 100 000.
01:09 Officiellement 100 000 mais officiellement il paraît qu'il y avait beaucoup plus.
01:13 Mais bon.
01:13 Et donc à cette occasion le Président de la République a souhaité réunir un certain nombre
01:17 d'interlocuteurs autour de la problématique des quartiers et du racisme en général.
01:22 Et pour la mémoire.
01:24 Comment s'est passée cette rencontre Hamza Arab recontez-nous ?
01:26 Ça a duré à peu près une heure.
01:29 Un peu plus d'une...
01:30 Ouais une heure.
01:31 Avec lui une heure et deux heures en tout.
01:32 C'est pas la première fois que vous rencontriez le Président ?
01:35 Non, je l'ai rencontré en 2018 au Corum d'ailleurs.
01:37 On avait échangé pareil à peu près 45 minutes.
01:40 Oui.
01:41 Au terme des problématiques liées aux quartiers, de la politique de la ville, de la rénovation urbaine
01:45 et tous les sujets qui nous concernent.
01:46 Et donc vous aviez dû le marquer parce que...
01:48 Il se rappelle, il se rappelle.
01:49 Il se rappelait de vous ?
01:50 Il se rappelle parce que je suis quelqu'un, quand je discute je coupe la parole et...
01:53 Président ou pas président ?
01:55 Président ou pas président.
01:57 Parce qu'en fait c'est lui qui vous a invité.
01:59 C'est pas vous qui avez toqué à la porte du Palais de la Vérité ?
02:02 Non, non, non, c'est à l'initiative de Neyma Yaïs et Salam Okran qui avaient une mission
02:07 à l'époque avec Olivier Kellef, à l'époque il n'y a pas très longtemps, justement pour faire un travail
02:13 sur le 40e anniversaire de La Marche et réfléchir notamment à comment raconter cette histoire,
02:21 comment inscrire cette histoire dans le récit national.
02:24 Et donc suite à ça, ils ont rencontré le président de la République dans un...
02:29 Parce que la mission s'était arrêtée et ça a été relancé par le président de la République
02:33 qui a décidé justement qu'une réunion de travail se mette en place justement à l'Elysée
02:39 pour échanger d'abord dans un premier temps et c'est ce qui s'est passé.
02:42 Alors justement, de quoi vous avez parlé ? Quels sont les sujets que vous avez pu évoquer avec le président ?
02:46 Franchement on est parti pour parler de la mémoire dans les quartiers
02:49 mais on a beaucoup évoqué le problème actuel.
02:51 Surtout, oui.
02:52 La montée de l'extrême droite, les similitudes entre 1983 et 2023.
02:55 Oui parce que 83 c'est le moment où émerge le Front National.
02:58 Émerge le Front National, c'est le moment aussi où il y a une affirmation de la jeunesse des quartiers
03:03 qui a décidé de marcher, donc c'était aussi la fin du mythe du retour dans le pays d'origine.
03:08 Donc avec tout ça et en même temps il y avait la montée de l'extrême droite,
03:11 il y avait beaucoup de ratonnades à ce moment-là parce que La Marche avait parti dans ce contexte-là.
03:14 D'ailleurs entre les crimes racistes et sécuritaires, les rapports jeunes-police, etc.
03:19 Donc tout ce qui se passe à ce moment-là, des jeunes de Vignesciens, des sites de Menguet,
03:25 ont décidé d'exprimer leur...
03:29 Et je dirais, pardon pour cette question, mais forcément on se la pose,
03:32 est-ce que 40 ans après, il y avait un contexte politique bien précis, bien spécifique à l'époque,
03:37 il y a un contexte politique bien particulier aussi en ce moment,
03:41 qui est quand même très tendu, y compris par rapport au communautarisme,
03:44 est-ce que du sens où vous il y aurait des similitudes à faire entre ce qui s'est passé il y a 40 ans
03:48 et ce qui se passe aujourd'hui dans notre pays, Hamza Arab ?
03:51 - Oui, sur la montée de l'extrême droite et sur l'organisation des groupes identitaires actuellement,
03:56 comme il se passait avec les skinheads dans les années 80,
03:59 qui consistait à les casser du bouignol, on le voit aujourd'hui actuellement.
04:04 Dans les années 80, les jeunes avaient la volonté, les quartiers voulaient plus...
04:11 voulaient plus... comment dire... s'affirmer comme étant des jeunes français,
04:17 ils voulaient plus qu'ils deviennent... qu'ils restent juste des jeunes immigrés qui...
04:21 - C'est moins le cas aujourd'hui ? Le revendiquement, vous voulez dire ?
04:24 - Je ne vais pas dire le revendiquement, mais aujourd'hui c'est devenu naturel.
04:28 Pour les gens, c'est devenu... ça doit être naturel.
04:31 On peut avoir d'un autre côté un repli identitaire de toutes parts,
04:35 que ce soit dans toutes les communautés, il y a un repli identitaire, un repli communautaire qui se passe,
04:38 mais ça c'est lié à un rejet aussi, beaucoup.
04:42 Il y a un sentiment de rejet de part et d'autre.
04:45 Il y a un sentiment de rejet de cette jeunesse,
04:48 qu'on a l'impression que ce n'est pas accepté comme des français à part entière.
04:51 Et voilà, on sent qu'il y a ce sentiment-là, d'ailleurs qui a été discuté beaucoup avec le président de la République,
04:57 où beaucoup de jeunes aujourd'hui décident de partir.
04:59 - J'imagine qu'ils ne le découvrent pas ?
05:02 - Je pense qu'ils le... non, je ne sais pas, je ne sais pas, parce que...
05:07 je pense que lui, il le voyait plus comme un départ économique,
05:11 où les gens vont à la recherche de travail, par exemple aux Émirats Arabes Unis,
05:14 il y a pas mal en Suisse, etc.
05:16 Mais en fait, c'est un sentiment d'insécurité.
05:18 - Oui, parce que le constat que vous avez fait lors de cette réunion,
05:20 et vous l'avez dit je crois au président,
05:22 il y a beaucoup de jeunes issus de l'immigration qui quittent aussi des quartiers.
05:26 Qui quittent ces quartiers plus qu'ils ne les quittaient il y a 40 ans, par exemple,
05:29 si on peut faire encore une fois.
05:30 - Oui, parce qu'ils ont plus la possibilité de le faire aujourd'hui.
05:33 Mais aujourd'hui, il y a vraiment...
05:35 je n'ai jamais vu autant de personnes, moi, que j'ai rencontrées,
05:38 je n'étais pas le seul, d'autres personnes qui viennent d'autres villes,
05:40 qui constatent la même chose.
05:42 Autant de gens qui ont envie de quitter le pays par sentiment d'insécurité,
05:45 ils ne se sentent pas protégés par la République, par rapport à tout ce qui est en train de se passer.
05:48 - Ça, vous lui avez dit, Mme. - Ça, on lui a dit.
05:50 - Qu'est-ce qui répond à ça ?
05:52 - En fait, dans sa réponse, c'est plus...
05:56 "Oui, la France, c'est une chance, on ne trouvera pas mieux que la France."
06:01 Donc lui...
06:03 - C'est satisfaisant pour vous comme réponse, ça ou pas ?
06:05 - Non, parce que je crois qu'elle n'a pas entendu le sentiment, comme je vous disais, d'insécurité.
06:09 C'est ce sentiment d'humiliation, en fait.
06:11 C'est cette humiliation que les gens subissent au quotidien,
06:13 au niveau des médias, au niveau de la classe politique,
06:17 par le gouvernement, parfois,
06:19 certains ministres qui font des déclarations à l'égard de certaines populations,
06:24 qui est vécue comme une humiliation,
06:26 dans laquelle ça commence à avoir un gros ras-le-bol,
06:29 surtout depuis le présidentiel,
06:31 depuis la montée des mouvements tels qu'Éric Zemmour et d'autres,
06:35 d'autres personnalités médiatiques et tout ça.
06:38 On peut parler de Pascal Praud, on peut parler de plein de journalistes
06:41 qui s'acharnent sur ce sentiment de gens qui s'acharnent sur nous,
06:47 pour parler clairement.
06:49 - Une question par rapport au contexte international, Hamza Arrab,
06:53 avec la guerre en Israël, depuis le 7 octobre.
06:55 Je sais que ça n'a pas été évoqué pendant la réunion avec...
06:58 Enfin, je vous ai posé la question tout à l'heure, avant d'entrer dans le studio,
07:00 on m'a dit "non, on n'en a pas parlé".
07:02 Mais est-ce que, selon vous, de votre point de vue purement personnel,
07:04 vous avez le sentiment que ça aggrave les choses, ce qui se passe en ce moment,
07:07 avec ce repli communautariste que vous évoquiez ?
07:10 - Il y a un repli communautaire des deux côtés.
07:13 Du côté des pro-israéliens comme du côté des pro-palestiniens.
07:17 Donc, franchement, moi depuis...
07:21 Oui, ça anime beaucoup les débats, les discussions, ce qui se passe,
07:25 mais je pense qu'il y a plus un fantasme.
07:28 En tout cas, moi je ne le vis pas.
07:32 Dans les quartiers, on ne le vit pas réellement,
07:34 comme une montée de haine vis-à-vis de ce qui se passe.
07:36 Moi, personnellement, je vous parle à titre personnel.
07:38 - C'est ma question.
07:40 - Mais vraiment, je ne le vis pas, comme on a l'impression que dans les quartiers,
07:43 il y a un sentiment anti-juif qui naît, etc., par rapport au conflit.
07:47 Mais vraiment, je vous assure, mais vraiment pas.
07:50 Il y a, bien sûr, beaucoup de gens qui sont sensibles à ce qui se passe,
07:53 et c'est normal, tout le monde attend vraiment, avec impatience,
07:56 un vrai cessez-le-feu pour que ça s'arrête tout ça.
08:00 - Quand vous dites un vrai, c'est-à-dire un définitif,
08:03 parce qu'il y a eu un cessez-le-feu pendant une semaine, mais malheureusement...
08:05 - Définitif. - ...le défi est repris aujourd'hui.
08:07 - Définitif, mais parce que les images sont atroces,
08:09 de ce qu'on voit, le nombre de morts,
08:11 les images qui passent actuellement, que ce soit sur les réseaux sociaux ou autres,
08:15 c'est...
08:17 C'est dur de le voir au quotidien,
08:19 de se dire qu'on est, hormis de sortir dans la rue,
08:22 et de manifester, on ne peut rien faire d'autre.
08:24 C'est très, très difficile, et ça peut être mal vécu.
08:26 Maintenant, on a l'impression, vraiment, qu'il n'y a que ça,
08:30 mais il n'y a pas que ça dans les quartiers.
08:32 Il n'y a pas que ça, si on parle des quartiers,
08:34 il n'y a pas que ce débat-là, il n'y a pas dans les quartiers,
08:36 il y a des deux côtés, comment dire.
08:38 Mais non, non, il n'y a pas que ça,
08:40 il y a autre chose dans les quartiers.
08:42 Il y a des gens qui galèrent, il y a des gens qui pensent à autre chose,
08:44 mais ça anime les débats.
08:46 - Et vous étiez à cette réunion de travail avec Emmanuel Macron,
08:48 précisément pour évoquer ces questions.
08:50 Ce n'est pas un one-shot, apparemment.
08:52 C'est-à-dire que vous avez pris date pour l'avenir.
08:54 Le Président a pris date pour l'avenir ?
08:56 - Il y a une suite, c'est un chantier présidentiel
08:58 qui va être piloté directement de là-bas.
09:02 Donc il y aura une suite.
09:04 Il y aura des événements qui vont s'organiser autour de ça,
09:08 pour la collecte des archives, pour des événements
09:10 qui vont se passer à travers toute la France.
09:12 Nous, par exemple, à Montpellier, on a décidé d'organiser
09:14 à travers la caravane des quartiers,
09:16 d'organiser un festival de la mémoire.
09:18 - L'année prochaine, 2024, je crois.
09:20 - 2024. Normalement, c'est privé pour septembre 2024.
09:24 Donc oui, on va voir ça de notre côté,
09:26 ça veut dire différents mouvements,
09:28 que ce soit avec le tactique collectif
09:30 ou la coordination personnelle de la caravane des quartiers.
09:34 Mais il y a une suite, il y a un autre rendez-vous
09:36 en janvier ou en février, je ne sais plus.
09:38 - Vous viendrez nous en reparler ?
09:40 - Avec plaisir.
09:42 - Sauf si vous êtes dans le bureau du Président de la République.
09:44 - Non, je ne serai pas. Moi, je vais me placer dans la rue.
09:46 - Merci beaucoup Hamza Arab d'être venu dans le 6/9 ce matin.
09:48 - Merci, bonjour Navo.
09:50 - Vous pouvez réécouter ce moment en allant sur francebleu.fr

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