Seul contre tous, Jean-Luc Mélenchon enterre la Nupes

  • l’année dernière
Alors que la coalition de gauche était au bord de l'implosion, Jean-Luc Mélenchon a officiellement enterré la Nupes. Le décryptage de notre journaliste Antoine Oberdorff.

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Transcription
00:00 Cette fois la nupes s'est bel et bien terminée
00:02 et c'est Jean-Luc Mélenchon lui-même qui s'est chargé de l'annoncer.
00:04 Alors forcément ce n'est pas vraiment une surprise
00:10 vu le niveau de dégradation des rapports entre les partenaires de la nupes,
00:13 mais l'important dans cette affaire c'était d'enterrer la coalition de gauche proprement,
00:17 ne surtout pas laisser ses empreintes sur le cadavre.
00:20 Le problème, à en croire le patron des socialistes Olivier Faure,
00:27 tient à la méthode Mélenchon,
00:28 celle de la conflictualité permanente.
00:30 Soyons clairs, lorsque les responsables socialistes, écologistes et communistes
00:34 ont signé l'accord de la nupes pour sauver un maximum de sièges
00:37 à la veille des législatives de 2022,
00:39 ils savaient à quoi s'attendre de la part du leader insoumis.
00:42 Mais sans doute n'avaient-ils pas mesuré
00:44 combien les multiples outrances, les polémiques déclenchées par Jean-Luc Mélenchon
00:48 finiraient par rendre le travail en commun impossible.
00:50 Depuis l'attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre dernier,
00:53 la diabolisation de Jean-Luc Mélenchon s'écrit sur Twitter
00:56 à coup de prises de positions corrosives,
00:58 de prises de positions toujours plus violentes, incendieuses, inflammables
01:01 et dérangeantes pour ses partenaires.
01:03 La question donc, pour l'insoumis en chef,
01:04 de céder au chien de garde de la caste politique-comédiatique
01:07 qui le somme de qualifier le Hamas de groupe terroriste,
01:10 ni même de défiler aux côtés de ceux qu'il qualifie d'amis inconditionnels
01:14 du massacre en cours à Gaza,
01:16 quand bien même il s'agit de lutter contre l'antisémitisme.
01:19 Et à chaque fois que Jean-Luc Mélenchon
01:20 pousse le curseur un peu plus loin dans la radicalité,
01:23 ses lieutenants se sentent eux-mêmes habilités à cliver à l'Assemblée nationale.
01:26 Ainsi, le député LFI David Guiraud accuse Israël d'avoir mis un bébé dans le four,
01:31 Hercilia Soudé s'affiche aux côtés d'une militante palestinienne
01:35 représentante d'une organisation classée comme terroriste,
01:38 et clou du spectacle, le député du Nord Hugo Bernalicis
01:41 interrompt le travail de ses collègues parlementaires
01:43 en vociférant dans la Commission des lois.
01:44 C'en est trop pour la secrétaire nationale des écologistes Marine Tendelier
01:52 qui préfère laisser Jean-Luc Mélenchon s'isoler tout seul,
01:55 idem pour Olivier Faure qui n'entend pas se laisser dicter sa ligne par l'insoumis.
01:59 D'ailleurs, le Parti Socialiste a décrété un moratoire à durée indéterminée
02:03 qui a ouvert la voie à la fin de la NUPES.
02:05 Du côté de la majorité présidentielle, on s'amuse des mésaventures de la NUPES
02:09 et de la manière que Jean-Luc Mélenchon a de traiter ses partenaires.
02:12 Il serait devenu pour Olivier Véran cet oncle très gênant
02:15 que l'on n'ose plus inviter au dîner de famille
02:17 parce qu'il raconte tout bonnement n'importe quoi.
02:19 Et l'isolement de Jean-Luc Mélenchon, son exclusion du champ républicain
02:22 à en croire les macronistes, ne se limite pas précisément au rang de la majorité.
02:26 Parmi les plus proches soutiens de Jean-Luc Mélenchon,
02:29 les compagnons de route de la première heure, y compris à l'époque du Front de Gauche,
02:32 on s'inquiète.
02:33 Jamais il n'y a eu dans l'histoire de la France insoumise
02:36 un tel décrochage moral de son leader.
02:38 En 2018, lorsqu'il y avait eu une perquisition au siège de la France insoumise,
02:41 Jean-Luc Mélenchon avait certes perdu ses nerfs,
02:43 affirmant "la République c'est moi",
02:45 mais la diabolisation n'avait jamais pris.
02:48 [Pourquoi Jean-Luc Mélenchon est-il le plus clivant ?]
02:51 Aujourd'hui se pose la question pour Jean-Luc Mélenchon
02:53 du plafond de verre de la radicalité,
02:55 puisqu'il apparaît comme la deuxième personnalité politique
02:57 la plus clivante derrière Éric Zemmour.
02:59 À 72 ans, on a l'impression que Jean-Luc Mélenchon fait tapis
03:02 en espérant récolter le vote des quartiers populaires abstentionnistes,
03:06 les fameuses 400 000 voix qui lui ont manqué la dernière fois
03:09 pour accéder au second tour.
03:10 Toutes les déclarations, tous les discours de Jean-Luc Mélenchon
03:13 devront désormais être compris dans la perspective de 2027.
03:16 La seule qui l'intéresse désormais.
03:18 À présent débarrassé de Marine Tondelier, côté écologiste,
03:21 Olivier Feur pour les socialistes,
03:22 et Fabien Roussel, le communiste,
03:24 qu'il avait fini par considérer comme des "boulets" pour lui,
03:26 Jean-Luc Mélenchon trace sa route,
03:28 et il compte bien incarner le seul recours à gauche,
03:31 le vote utile, comme c'était le cas déjà en 2022.
03:34 Reste qu'en misant tout sur la radicalité
03:36 pour espérer décrocher un ticket d'accès au second tour en 2027,
03:40 Jean-Luc Mélenchon court un risque inédit.
03:42 Celui d'apparaître aux yeux de Marine Le Pen,
03:44 championne de l'extrême droite normalisée,
03:46 comme l'adversaire idéal.
03:48 Sous-titrage Société Radio-Canada

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