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Mathilde Paris, députée Rassemblement National du Loiret

Elle a grandi dans une famille athée de gauche, avant de se convertir au catholicisme. C'est sa foi qui a ensuite amené Mathilde Paris à s'engager en politique, jusqu'à devenir porte-parole du Rassemblement national.

Pourquoi s'engage-t-on en politique ? Comment tombe-t-on dans le grand chaudron de l'Assemblée ?
Chaque jour, Clément Méric, dans un entretien en tête à tête de 13 minutes, interroge un parlementaire sur les personnalités, les évènements - historiques ou personnels - qui l'ont conduit à choisir la vie publique.
Car on ne naît pas politique, on le devient !

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Transcription
00:00 Elle a grandi dans une famille athée de gauche
00:03 avant de se convertir au catholicisme.
00:05 C'est sa foi qui l'a amenée à s'engager en politique
00:08 jusqu'à devenir porte-parole du Rassemblement national.
00:11 Musique intrigante
00:14 ...
00:26 Bonjour, Mathilde Paris. -Bonjour.
00:28 -Vous êtes députée du Rassemblement national du Loiret.
00:32 J'ai été assez surpris de découvrir qu'après le 21 avril 2002,
00:35 quand Jean-Marie Le Pen s'est qualifiée
00:37 pour le second tour de la présidentielle,
00:40 vous êtes venue à Paris exprès pour manifester
00:43 contre Jean-Marie Le Pen, contre le Front national, à l'époque.
00:46 Pourquoi ? -J'étais pas du tout
00:48 à l'époque de ce milieu-là,
00:50 car j'ai grandi dans une famille de gauche,
00:53 comme vous l'avez dit, et que pour moi, à cette époque,
00:56 c'était une affaire de faim, et Jean-Marie Le Pen,
00:59 c'était un danger pour la République française,
01:01 notamment avec ses déclarations qu'il avait pu tenir par le passé.
01:05 Donc il y avait une peur, comme beaucoup de Français,
01:08 à l'époque. Après, je concède
01:10 que je ne connaissais pas bien non plus le mouvement de l'intérieur.
01:14 J'en avais une vision extérieure, comme beaucoup,
01:17 qui était rédhibitoire et qui faisait qu'à aucun moment
01:20 je n'aurais pensé un jour, finalement,
01:22 rejoindre ce parti avec Marine Le Pen.
01:25 -Vous n'êtes pas tout de suite engagée.
01:27 Votre premier engagement politique remonte à 2009.
01:30 Ce n'était pas pour le Front national.
01:32 Vous avez pris votre carte au MPF,
01:34 le Mouvement pour la France, de Philippe de Villiers.
01:37 Vos grands-parents maternels et votre mère étaient de gauche.
01:41 Votre mère a même fait partie des jeunesses communistes.
01:44 Comment ont-ils vécu votre engagement au MPF, à l'époque ?
01:47 -Le MPF, quand même, ça passait mieux que le FN, clairement.
01:51 Mais c'est sûr que c'était pas tout à fait
01:55 du tout sur la même idée politique qu'on avait.
01:59 -Ils vous en ont voulu, ça a créé des disputes ?
02:02 -Je dirais pas que ça a créé des disputes,
02:04 mais plus de l'incompréhension.
02:06 C'est vrai que mon grand-père était un peu attristée
02:09 de se dire "Mince, elle est partie de l'autre côté".
02:13 Mais voilà, après, pour autant, je veux dire,
02:17 c'était quand même...
02:19 Ils savaient que j'étais ni raciste, ni...
02:21 Ils le savaient, ils savaient qui j'étais.
02:24 Là-dessus, ils étaient rassurés.
02:26 -Vous êtes passée en quelques années
02:28 d'une manifestation contre Jean-Marie Le Pen
02:30 à un engagement pour Philippe Devilliers.
02:33 Qu'est-ce qui s'est passé entre les deux
02:35 pour opérer une telle bascule politique ?
02:37 -Il y a eu un événement important,
02:39 je suis partie aux Etats-Unis en tant qu'étudiante,
02:42 je suis partie en immersion dans une famille d'accueil,
02:45 j'ai fait le lycée américain.
02:47 Ca a été un peu un électrochoc pour moi d'être loin de la France.
02:51 J'ai pris conscience, à ce moment-là,
02:53 de la France française, qu'elle était notre héritage,
02:56 la richesse, cette richesse patrimoniale,
02:58 historique de notre pays, notre culture, notre art de vivre,
03:02 tout ce qui faisait notre identité propre,
03:04 et j'ai pris conscience que, en tant que Français,
03:07 on n'avait pas cette notion-là,
03:09 qu'on ne nous la donnait pas suffisamment,
03:11 que ce soit à l'école ou dans le cercle familial,
03:14 et je me suis dit que ce n'était pas possible,
03:17 qu'on n'ait pas conscience,
03:18 que la jeunesse de France n'ait pas conscience
03:21 qu'elle était là, d'être française,
03:23 de la richesse qu'est ce pays et pour laquelle il faut se battre.
03:26 -Un autre événement a bouleversé le cours de votre vie
03:30 pendant cette période, c'est votre conversion au catholicisme.
03:33 Vous expliquez que la religion vous a aidée
03:36 à traverser une épreuve personnelle.
03:38 Si j'en parle, c'est parce que vous faites le lien
03:41 entre votre conversion au catholicisme
03:43 et votre engagement politique. Pourquoi ?
03:45 -Eh bien, ça a été...
03:47 Très clairement, j'ai failli mourir, j'ai été anorexique,
03:50 c'est le mieux de le dire, et si j'avais pas eu
03:53 cette conversion, je pense que je serais plus de ce monde.
03:56 Et ça a été... J'ai tellement reçu, si vous voulez,
03:59 que j'ai eu ce besoin de me donner, en fait,
04:01 de me donner aux autres, et le meilleur moyen de servir,
04:04 pour moi, c'était l'engagement politique.
04:07 Et là, ça a été, effectivement,
04:09 mon adhésion au Front National de l'époque,
04:11 lorsque Marine est arrivée à la tête du parti.
04:14 -Donc, ça, ça s'est fait en 2011, vous le dites,
04:17 ça correspond au moment où elle prend la présidence
04:20 du parti. -J'ai franchi le cap
04:22 suite à l'arrivée de Marine. -C'est ça qui vous a convaincue
04:25 de rejoindre le Front National, ce changement de présidence ?
04:28 -Oui, tout à fait, parce que pour moi, Marine,
04:31 elle avait fait le ménage dans le parti
04:33 pour enlever toutes les personnes qui avaient des profils sulfureux
04:37 et qui posaient, pour moi, un problème.
04:39 Et puis, voilà, elle était...
04:41 Son discours, pour moi, me satisfaisait,
04:43 et elle avait cet équilibre, finalement,
04:45 où je me retrouve, par rapport à mon histoire,
04:48 un équilibre entre un aspect social important,
04:51 chez elle, elle a vraiment une fibre sociale,
04:53 et en même temps, la fibre, voilà,
04:56 de défendre ce que c'est que la France,
04:59 nos idéaux, nos valeurs. -De fil en aiguille,
05:01 vous avez fini par vous présenter aux élections municipales
05:05 à Blois, en 2014, vous avez été élue conseillère municipale,
05:08 puis conseillère régionale en 2015,
05:10 vous avez échoué au législatif de 2017
05:12 dans le Loir-et-Cher, et cinq ans plus tard,
05:15 vous avez été élue dans le Loir-et,
05:17 et en parallèle de tout cela, vous avez eu
05:19 une carrière professionnelle, vous étiez en charge
05:22 du mécénat au Château de Chambord, à quel moment
05:25 la politique a pris le dessus sur cette carrière professionnelle ?
05:28 -On va dire que, vraiment, le déclic,
05:31 je dirais, ça a été dans les années 2017-2018,
05:34 j'ai donné naissance à mon troisième enfant,
05:36 et clairement, ça devenait très compliqué
05:39 de gérer à la fois une vie politique,
05:42 une vie familiale et une vie professionnelle
05:44 en tant que salariée, avec des horaires,
05:47 un rythme quand même assez...
05:48 strict, on va dire, et ça devenait vraiment,
05:53 pour moi, difficile de tout mener de front,
05:55 donc j'ai décidé de créer ma propre entreprise,
05:58 je ne voulais pas faire que de la politique.
06:00 -La suite, pour vous,
06:02 elle est directement liée à Jordane Bardella,
06:04 parce qu'il vous a d'abord nommée au bureau national du RN,
06:07 puis porte-parole du parti.
06:09 Alors, porte-parole, c'est quand même assez compliqué
06:12 comme fonction à assumer, il faut être capable
06:15 de répondre à toutes les questions,
06:17 tous les imprévus possibles.
06:19 Est-ce qu'on vous a un peu formée
06:20 avant de vous lancer dans le grand bain ?
06:23 -Formée pas spécialement, en fait.
06:25 J'avais déjà eu une formation,
06:27 une petite formation, quand j'étais membre du bureau national,
06:30 avant que Jordane prenne la responsabilité
06:33 de la présidence du mouvement,
06:34 mais après, en fait, je pense qu'il avait détecté
06:37 que j'avais une aisance orale,
06:39 et j'avais déjà fait, dans le cadre des législatifs,
06:42 un peu de plateau à un moment.
06:44 -Chaque porte-parole développe son style.
06:46 Il y en a qui sont très punchers,
06:48 il y en a qui peuvent être plus pédagogues,
06:51 pour expliquer. Là, on vous voit en photo
06:53 avec le porte-parole du groupe RN, Kevin Mauvieux.
06:56 C'est quoi, votre style, en tant que porte-parole ?
06:59 -J'essaie de parler de la vraie vie des gens.
07:01 J'ai envie d'être ce porte-voix de la ruralité.
07:04 J'habite dans un territoire rural, je le vis au quotidien,
07:07 et pour moi, c'est vraiment important
07:09 de donner une voix à tous ces invisibles
07:11 qui sont en sécurité française.
07:13 -En 2015, tout juste élue au Conseil régional,
07:16 il y a une image qui a marqué un peu les médias locaux.
07:19 Vous êtes rendue à la première session
07:21 du Conseil régional avec votre fille,
07:23 qui était toute petite à l'époque,
07:25 et vous l'avez allaitée pendant la séance.
07:28 C'était un geste féministe pour vous, de faire ça ?
07:31 -C'était pour moi quelque chose de naturel.
07:33 Je l'avais fait aussi pour mon premier bébé.
07:36 J'étais au Conseil municipal, à l'époque, de Blois,
07:39 et j'avais pris ça de force.
07:41 -On vous voit en photo, dans une cérémonie officielle.
07:43 -Portée en écharpe. J'avais l'habitude
07:46 de porter mes bébés en écharpe et de les allaiter
07:48 les six premiers mois.
07:50 C'est important qu'en tant que femmes,
07:52 on voit qu'elles s'investissent en politique,
07:55 on a fait beaucoup avec la parité sur les listes électorales,
07:58 mais il faut aussi qu'on puisse être pleinement,
08:01 qu'on puisse être pleinement mère,
08:03 pleinement engagée dans nos mandats électifs,
08:06 et ça, je pense que c'est encore du mal à passer.
08:09 C'est une réflexion de la part de la majorité de gauche,
08:12 d'ailleurs, du Conseil régional,
08:14 qui voyait d'un mauvais oeil en disant
08:16 que c'était pas le lieu, il fallait que je me cache.
08:19 On a encore beaucoup à faire pour faire accepter
08:21 qu'une mère peut allaiter son enfant dans l'espace public.
08:25 -C'est un geste féministe pour vous ?
08:27 -Je le fais pas forcément en me disant
08:29 que je fais du militantisme féministe,
08:31 mais c'est une forme de féminisme pour moi.
08:34 -Vous avez un collègue du groupe RN
08:36 qui partage visiblement pas forcément votre conception
08:39 de la place des femmes dans la société.
08:41 Je voulais vous faire réagir à ce qu'il a dit
08:44 dans le cadre du débat sur le projet de loi pour le plein emploi.
08:48 -Nous, nous partons du principe qu'une mère au foyer,
08:51 elle est peut-être mieux à la maison à s'occuper de ses enfants
08:54 plutôt...
08:55 Eh oui, mais bien sûr.
08:58 Il en déplaise à mes collègues,
09:01 plutôt que, si elle le souhaite,
09:03 il vaut mieux qu'elle reste à la maison
09:05 à s'occuper de ses enfants, si elle le souhaite,
09:08 plutôt qu'elle aille chercher...
09:10 Plutôt que vous l'envoyez dans un dispositif
09:13 où elle va devoir réaliser 15 heures d'activité.
09:17 -Ca doit vous mettre hors de vous, non ?
09:19 -Au début, en fait, parce que j'ai eu que le début,
09:22 quand j'ai vu qu'il y avait une petite polémique
09:25 sur les réseaux, j'ai un peu bondi.
09:27 Après, j'ai mieux compris le contexte.
09:29 C'est par rapport aux heures de RSA qu'on voulait imposer
09:33 aux bénéficiaires de services publics.
09:35 -On a l'impression qu'il répond de façon spontanée
09:38 et qu'il se reprend après.
09:39 -C'était surtout de la maladresse de sa part.
09:42 Il ne s'agit pas d'imposer aux femmes de rester au foyer.
09:45 Je pense qu'on est beaucoup à être très contentes
09:48 d'avoir une vie à côté et que c'est une source d'épanouissement.
09:52 -En 2014, vous avez qualifié l'avortement
09:54 de "crime contre l'humanité" en le comparant
09:57 aux mécanismes mis en place par l'idéologie nazie.
10:00 Ce sont les termes que vous aviez employés.
10:02 Vous avez fait partie des 33 députés
10:04 qui ont voté contre la constitutionnalisation
10:07 du droit à l'IVG.
10:09 On peut être féministe et s'opposer
10:11 aux droits des femmes à disposer de leur corps ?
10:13 -Pour moi, je réfute le terme "droits des femmes
10:17 à disposer de leur corps" parce que, si vous voulez...
10:20 -Pour vous, l'IVG, c'est pas...
10:22 -Il y a un être humain en construction,
10:24 donc on n'est pas seuls dans cette histoire.
10:27 C'est important de le rappeler.
10:29 Je m'inscris plus dans la ligne de Simone Veil.
10:31 Personne ne dirait que Simone Veil était antiféministe,
10:35 contre le droit des femmes.
10:36 Aujourd'hui, le droit à l'avortement a été dévoyé
10:39 puisqu'elle avait mis des garde-fous.
10:42 C'était important pour elle que ce soit la solution
10:45 de dernier recours quand on avait étudié
10:47 toutes les solutions possibles.
10:49 Ce qui me choque, c'est qu'on ne fait rien
10:51 pour aider les femmes, soit à avoir des moyens
10:54 de contraception, c'est un vrai sujet.
10:57 Il y a une espèce de défiance vis-à-vis de la pilule,
10:59 de tous les moyens de contraception.
11:02 Beaucoup de femmes, finalement,
11:04 n'utilisent plus ces moyens de contraception
11:06 qu'elles ont à leur disposition,
11:08 et se retrouvent dans des situations compliquées.
11:11 Il y a aussi la question de la responsabilisation des hommes,
11:15 parce qu'on ne fait jamais un bébé toute seule.
11:17 Souvent, on élude aussi cette partie-là,
11:20 parce que c'est la femme qui, derrière,
11:22 assume toutes les conséquences, seule, très souvent,
11:25 d'un avortement. Il y a beaucoup de choses à faire,
11:28 aussi bien pour aider les femmes, pour responsabiliser les hommes,
11:32 et rien n'est fait. Je pense que, justement,
11:34 cette constitutionnalisation de l'IVG
11:36 ne va pas régler ces problèmes.
11:38 -On va passer à un sujet plus léger,
11:40 à notre quiz, à présent.
11:42 Je vais vous proposer des débuts de phrases,
11:45 et vous allez devoir les compléter.
11:47 Avec Sandrine Rousseau, je partage...
11:50 -Alors, je dirais pas grand-chose.
11:54 Peut-être la cause des femmes,
11:55 mais on n'a pas le même positionnement.
11:58 -Oui, c'est sûr, on a compris.
12:00 Mais quand même, c'est ce combat féministe, on va dire.
12:03 Chacun à sa façon.
12:04 Dans mon camping-car, je...
12:07 -Je vais à la rencontre des habitants de ma circonscription.
12:10 J'ai choisi de faire une permanence mobile.
12:13 Je me déplace chaque semaine
12:14 dans une commune différente de ma circonscription,
12:17 qui est assez étendue.
12:19 Il y a plus d'une heure de route.
12:20 Les gens sont de plus en plus méfiants
12:23 pour faire de la politique.
12:24 Faire cet effort, d'aller de l'avant,
12:26 c'est un moyen de faire de la politique autrement.
12:29 -Entre porte-parole, on se dit souvent...
12:31 -Alors là...
12:34 -Vous parlez entre vous, après les émissions ?
12:37 -Oui, après, honnêtement,
12:39 globalement, je pense qu'entre porte-parole,
12:41 on est assez solidaires,
12:43 on est sur la même ligne, y a pas de souci.
12:45 -Merci, Mathilde Paris, d'être venue dans "La Politique".
12:50 ...

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