Pourquoi le prix de l’immobilier flambe-t-il à Dakar ?

  • l’année dernière
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00:00 Dakar.
00:01 Plus de 4 millions d'habitants concentrés sur cette ville presque île, en perpétuel
00:11 chantier.
00:12 Dans la capitale intramuros, les maisons-basses disparaissent peu à peu et laissent la place
00:20 à des immeubles.
00:21 Plus d'offres de logements, mais une demande encore plus forte.
00:26 Conséquence, les prix ne cessent d'augmenter.
00:29 Une tendance qui n'est pas prête de ralentir.
00:33 Enquête sur un marché en plein boom qui exclut de la propriété les classes populaires.
00:39 Abakar est diplômé d'un master en économie.
00:44 Depuis deux ans, il produit des parpaings pour les chantiers.
00:48 Il gagne entre 250 000 et 500 000 francs CFA par mois.
00:54 Actuellement, je ne pourrais pas acheter ici, surtout avec l'inflation qui est maintenant
00:58 au Sénégal.
00:59 Vous, vous pourriez acheter où par exemple ? Avec votre salaire ?
01:01 Avant Thies.
01:02 Thies, à plus d'une heure du centre-ville de la capitale.
01:07 Alors qu'à l'échelle du pays, 2 Sénégalais sur 300 propriétaires, ils sont à peine
01:12 la moitié à Dakar.
01:14 97% des habitants n'ont pas de revenu fixe et 18% seulement ont un compte en banque,
01:20 donc sont en capacité d'emprunter.
01:22 Dans son agence, Ahmed Klos crute le marché.
01:28 Depuis cinq ou six ans, on a constaté effectivement qu'il y a une certaine ferve spéculative.
01:33 Acheter un logement avec trois chambres à Dakar, voilà ce que cela coûte.
01:38 273 millions pour un appartement au Plateau, 250 millions sur la pointe des Almadies et
01:43 150 millions au Sacré-Cœur.
01:46 Dans ces quartiers centraux, les prix ont doublé depuis 2017.
01:50 Pour les quartiers périphériques, il faut par exemple compter 50 millions pour un appartement
01:55 à Rue Fisque, 40 millions pour le nouveau pôle urbain de Diaminadio qui accueille les
02:00 ministères et autour de 21 millions pour une maison à Asangalcam et Bambilor.
02:06 Les prix à la vente, les prix de sortie des appartements ou des villas sont d'abord
02:13 déterminés depuis l'achat du foncier.
02:15 Le foncier, c'est-à-dire le prix du terrain, c'est le problème principal.
02:20 Dans le centre-ville, les terrains disponibles sont de moins en moins nombreux à cause de
02:26 la pression démographique.
02:27 Et même en périphérie de la capitale, trop peu sont constructibles car 95% appartiennent
02:34 au domaine national, c'est-à-dire à l'État qui n'accorde des titres de propriété
02:39 qu'au Congoute.
02:40 Depuis 2000, le prix du mètre carré dans la ville a été multiplié par 3 en moyenne.
02:48 Une explosion des prix qui favorise l'immobilier de luxe dans Dakar Intramuros.
02:53 Il n'y a pas d'autorité de régulation et du coup ça fait qu'il y a des montées
02:59 de prix.
03:00 Ce que les Sénégalais font, c'est de pouvoir justement essayer de trouver d'autres poches
03:05 où les prix sont un peu plus accessibles.
03:07 Ces poches, plus accessibles, elles sont ici, à Sangalkam, Bambilor, Tivuanpeul et même
03:15 jusque dans les terres agricoles des Niaï.
03:18 Peu de promoteurs investissent ces zones.
03:21 80% des nouvelles constructions sont gérées par les particuliers eux-mêmes.
03:25 Cette jeune femme, qui a souhaité garder l'anonymat, était salariée d'une entreprise
03:31 française quand elle a acheté un terrain pour construire cet immeuble.
03:34 Il y a à peu près 4 ans, ici je pense que c'était la première maison et quand on a
03:40 commencé à construire, ça a commencé à pousser comme des champignons.
03:43 En 2019, le terrain de 175 mètres carrés était vendu à 24 millions de francs CFA.
03:49 Si le foncier était relativement accessible, la construction était-elle hors de portée
03:55 pour la plupart des budgets.
03:57 Car aux grosses œuvres, il a fallu ajouter de nombreux frais.
04:01 Les finitions, ça peut aller jusqu'à 150 millions.
04:05 Tout ce que vous voyez là, tout vient de l'étranger.
04:08 L'électricité coûte cher, le carrelage coûte cher.
04:11 La plupart des matériaux utilisés sur les chantiers sont importés et leur prix ne
04:16 cesse de grimper.
04:17 Mamadou Mbaye est agent immobilier depuis 15 ans.
04:23 Il nous emmène dans un immeuble qu'il commercialise dans le quartier Liberté.
04:27 Il n'y a pas un projet aujourd'hui qu'on vend à Dakar où on n'a pas 30% d'étrangers
04:32 et qui achètent ? En général, ce sont des Maliens, des Guinéens, des Ivoiriens et
04:38 les Sénégalais de la diaspora aussi.
04:40 10 à 15% pour le mettre en location.
04:43 Dakar, grâce à son image de stabilité, attire les investisseurs de la région, responsables
04:50 pour beaucoup de la spéculation immobilière.
04:52 Il y a des gens qui ont leur spécialité dans cela.
04:56 Des gens qui achètent 10, 20 terrains dans un lotissement qui coûte aujourd'hui 5 à
05:00 6 millions et dans trois ans après, ils vendent à un prix d'or.
05:05 Ce sont ces soi-disant propriétaires qui dictent la loi, qui dictent le marché en quelque sorte.
05:10 En 2017, Martard Diop rentre à Dakar après 10 ans aux Etats-Unis.
05:16 Il est effaré de voir qu'avec son salaire de cadre, il ne pourra pas s'offrir le logement
05:21 dont il rêve.
05:22 Il a donc pensé à un mécanisme, l'achat groupé.
05:26 Ici, pas d'intermédiaire d'un promoteur et donc aucune marge sur le prix du logement.
05:32 Ce projet-là, c'est un de nos premiers projets.
05:35 C'est 12 personnes qui se sont consulter pour acheter le foncier et pour réaliser cet immeuble.
05:40 Par exemple, sur ce projet, le mètre carré, il était à 480 000 francs.
05:47 C'est fort.
05:48 Dans la zone, sur des projets similaires, vous serez au minimum entre 700 et 800 000
05:52 francs le mètre carré.
05:53 Donc là, vraiment, ils vont au prix coûtant.
05:56 Notre objectif, c'est d'offrir un appartement à au moins 30 ou 40 % moins cher que le marché.
06:02 Mama Doumbaye, lui, regrette la grande époque des projets immobiliers de l'État, gérés
06:09 par des organismes comme la SICAP.
06:12 Jusqu'aux années 80, on pouvait acquérir une maison grâce à l'allocation-vente.
06:17 J'ai un vieux que j'ai reçu récemment.
06:20 Il me dit que moi, ma maison, je l'ai acquis au niveau de la SICAP, moyennant 2 500 francs
06:25 par mois.
06:26 On voit un petit peu.
06:27 Mais depuis la libéralisation du secteur au début des années 2000, l'État et des
06:32 organismes comme la SICAP ne parviennent plus à produire des maisons à bas coût.
06:37 L'État ne joue pas son rôle totalement.
06:40 Il faut penser à ce Sénégalais lambda qui a du mal à joindre les deux bouts.
06:45 Cette personne doit être logée.
06:46 Sur la corniche, ce building "all standing" doit être livré à la fin de l'année.
06:54 Propriété de l'État, qui compte louer des appartements luxueux et des bureaux.
06:58 Une politique de logement pour les plus pauvres n'est pas à l'ordre du jour.
07:03 Sur ce sujet, les candidats à la présidentielle sont restés pour le moment silencieux.
07:09 -Marie-Hélène Vidal-
07:10 Le président du Sénégal, Jean-Marie Le Pen, a été non-président.
07:11 -Marie-Hélène Vidal-
07:12 Le président du Sénégal a été non-président.
07:13 -Marie-Hélène Vidal-
07:14 Le président du Sénégal a été non-président.
07:15 -Marie-Hélène Vidal-
07:16 Le président du Sénégal a été non-président.
07:17 -Marie-Hélène Vidal-
07:18 Le président du Sénégal a été non-président.
07:19 -Marie-Hélène Vidal-

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