Sébastien Roubinet, le navigateur de l'Arctique

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"J’ai conçu et construit mes quatre derniers bateaux pour pouvoir faire des expéditions polaires." Sébastien Roubinet est aventurier-explorateur. Pour neo, il raconte son expédition “Nagalaqa Odysseus” au cœur de l’océan Arctique. ❄️⛵️
Transcript
00:00 Je vois deux ombres devant le bateau.
00:01 Sur le coup, je n'ai pas compris ce que c'était.
00:03 En fait, c'était deux morses.
00:04 Il y en a un qui se mettait sous l'autre, qui l'envoyait en l'air.
00:07 Mais ça fait une tonne, à peu près, un morse.
00:09 Il est retombé dans l'eau en faisant des gros cris énormes.
00:12 La première fois que j'ai vu l'Arctique, on arrivait dans le brouillard.
00:15 Avant même de voir la terre, on a commencé à voir les icebergs qui commençaient à apparaître.
00:19 Et là, on s'est retrouvés tous sur le pont pour voir ce morceau de glace
00:22 qui nous semblait magnifique.
00:23 Deux heures après, quand on a approché un peu plus la côte, le brouillard s'est levé.
00:29 Et puis petit à petit, les glaciers ont commencé à apparaître.
00:32 Et ces énormes montagnes, ces grands glaciers avec les icebergs devant, avec des voûtes.
00:37 C'était vraiment magique.
00:39 En 2022, Sébastien part pour l'océan Arctique au nord de l'archipel canadien.
00:43 C'est l'expédition Nagalaka-Odysseus.
00:45 Il y a eu un moment particulièrement dur.
00:47 Pendant 75 jours, on s'est retrouvés bloqués, à plus pouvoir bouger.
00:51 En plus, on ne pouvait même pas sortir parce qu'on avait peur que le bateau s'envole.
00:54 Le bateau est léger et il y avait du vent très très violent.
00:56 Donc, on était vraiment bloqués à l'intérieur.
00:58 Il y avait un centimètre de glace partout à l'intérieur du bateau.
01:01 Donc, c'était déjà des conditions assez dures.
01:03 Et là, au moment de partir, pour faire les premiers 500 mètres, on a mis 6 heures
01:07 parce qu'il y avait plein de neige qui était tombée dans l'eau.
01:09 Et vu que l'eau est très froide, la neige ne fond pas en touchant la mer.
01:12 Et ça fait une espèce de patte dans laquelle on ne peut pas s'appuyer vraiment.
01:16 On ne peut pas non plus naviguer vraiment.
01:18 Il a commencé à faire nuit et là, à un moment, je vois deux ombres devant le bateau.
01:23 Sur le coup, je n'ai pas compris ce que c'était.
01:24 En fait, c'était deux morses.
01:26 Il y en a un qui se mettait sous l'autre, qui l'envoyait en l'air.
01:28 Mais ça fait une tonne à peu près un morse.
01:30 Il retombait dans l'eau en faisant des gros cris énormes.
01:33 Et un morse, ça fait partie des animaux les plus dangereux de l'Arctique
01:36 parce qu'ils peuvent percer le bateau, le faire couler en quelques secondes.
01:40 La journée n'était pas finie.
01:41 Il avait beaucoup neigé.
01:42 Donc, on avait de la neige jusqu'à la taille.
01:44 Pousser le bateau dans la neige comme ça, c'était très compliqué.
01:47 Après plus de 30 heures dans ces conditions-là,
01:50 et là, quand on est arrivé à l'eau libre,
01:52 c'était une très grosse tempête qui était en train de se lever.
01:54 Donc, on a dû s'arrêter.
01:55 On a fini l'expédition à cet endroit-là.
01:58 Des bateaux capables de naviguer sur l'eau et sur la glace, ça n'existe pas.
02:02 Donc, j'ai conçu et construit mes quatre derniers bateaux
02:06 pour pouvoir faire des expéditions polaires.
02:08 Donc, des bateaux avec des skis très, très légers
02:10 parce que quand on pousse le bateau, s'il est lourd, on ne peut pas y arriver.
02:13 Le dernier bateau, il faisait 7 mètres, 200 kilos.
02:16 C'était un catamaran, donc avec deux coques,
02:18 équipé de skis sous le bateau.
02:20 L'habitabilité, ça fait 2 mètres par 2.
02:22 Donc, c'est vraiment minuscule et 75 centimètres de haut au maximum.
02:25 Quand on est bloqué par la glace, on monte sur la glace et on glisse sur la glace.
02:29 Plus ou moins bien, des fois à la voile,
02:30 mais souvent en poussant ou même au palan, au piolet pour faire le passage.
02:34 Donc, des fois, c'est très compliqué, très lent, mais on n'est jamais bloqué.
02:38 Une des plus belles rencontres et la plus inattendue,
02:41 c'était de rencontrer un loup.
02:42 Un loup arctique, un loup blanc.
02:44 On était en train de boire un thé et on était juste à l'arrière du bateau.
02:48 Et à un moment, il y a Eric qui fait "Oh, un loup".
02:50 Mais comme ça, tout normal, tout calmement.
02:53 Et le loup, en fait, il était à 15 mètres de nous,
02:55 juste derrière le bateau.
02:57 Il était en train de nous regarder.
02:58 Donc, nous, on l'a regardé.
02:59 On a sorti les appareils photo et la caméra, ça lui a fait un petit peu peur.
03:03 Il s'est écarté à une vingtaine de mètres et on a passé un quart d'heure
03:06 vraiment en compagnie de ce loup qui était aussi curieux de nous.
03:09 Il n'avait pas plus peur que nous, d'ailleurs, on était tranquille.
03:12 C'était vraiment merveilleux de le rencontrer comme ça.
03:15 [Générique de fin]
03:17 [SILENCE]

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