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Le boxeur français Tony Yoka, a connu sa troisième défaite consécutive, samedi 9 décembre à Roland Garros. Il a été battu par le Belge Ryad Merhy. Un combat qui semblait pourtant être à la portée du Champion Olympique 2016. 

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Transcription
00:00 Il régnait une sorte de sidération hier soir à Roland-Garros, à 31 ans, vous l'avez entendu.
00:04 Tony Huka voulait prendre un nouveau départ, il ne sera peut-être pas loin de la vérité.
00:08 Le boxeur français a touché le fond en concédant une troisième défaite de suite en carrière.
00:12 Le belge Rian Meri, au-delà de la 40e place mondiale, a certainement mis fin aux derniers espoirs du champion olympique
00:19 de se battre un jour pour une ceinture justement mondiale.
00:22 Alors, quand il est arrivé au bord du ring, totalement perdu au micro de Canal+,
00:26 Tony Huka avait du mal à parler, mais la question que tout le monde se posait venu,
00:31 va-t-il continuer ? C'est la punchline des GG.
00:34 RMC, la punchline GG.
00:37 Vous avez quand même envie de continuer ?
00:39 On va discuter avec ma team, je ne crois pas que ce soit la question à se poser maintenant.
00:43 Je ne pense pas que ce soit la question à se poser maintenant, nous allons tout de même nous la poser.
00:48 Tony Huka doit-il arrêter la boxe ? Oui ou non ? Christophe Cessieux.
00:52 On ne peut pas répondre par oui ou par non.
00:57 Il doit renoncer je pense à ses rêves de devenir champion du monde de boxe.
01:02 Maintenant il peut continuer à être boxeur, mais pas du tout avec le même statut.
01:05 Sarah Pitkofsky. Oui, il ne faut pas qu'il arrête d'être boxeur, donc c'est plutôt non.
01:09 Renaud Longuevre.
01:12 Non. Non.
01:14 Denis Charvet, c'est un non également.
01:15 Avant de débattre notre envoyé spécial à Roland-Garros hier soir, c'était Morgane Mori.
01:19 Il est avec nous ce matin. Bonjour Morgane.
01:21 Bonjour à tous. Alors là, reconquête, c'est transformé en cauchemarie.
01:25 Oui, Tony Huka pouvait donner ce rebond pour remonter à la surface après des défaites contre Martin Bacollet et Carlos Takam.
01:31 Il ne l'a pas fait quelques minutes avant de monter sur le ring. Il avait pourtant promis des étincelles.
01:35 J'ai mis tout de côté. Je pense que j'ai fait le point.
01:39 Et là, ça fait plusieurs mois que je suis prêt, que j'en veux.
01:42 Et franchement, je pense que dès le premier round, vous allez comprendre ce qui va se passer.
01:47 Face à Rian Meri, un lourd léger boosté de 14 kilos pour vivre une fin de carrière sans régime chez les lourds.
01:52 Yoka s'est appuyé sur son direct du gauche et le reste, on ne l'a quasiment pas vu.
01:55 Don Charles, son nouveau coach, lui indiquait des séries avec ses doigts.
01:59 Yoka a rarement enchaîné à la fin de la huitième reprise. L'anglais lui vole dans les plumes.
02:04 Tu m'entends ? Montre-lui pourquoi tu es le champion olympique.
02:07 Tu dois te faire foutre. Toutes ces rondes de montée, bébé.
02:10 Tu m'entends ? Montre-lui pourquoi tu es le champion olympique.
02:13 Dans le froid, devant 4, voire 5 000 spectateurs, Meri, 20 centimètres plus petit,
02:18 excellent remiseur et au timing laser, cogné, cinglé, Yoka sur des séries simples, au corps puis à la tête.
02:24 Deux juges ont donné la victoire au belge de 31 ans. Le dernier a vu Yoka, le français,
02:28 incrédule au moment de la décision, les pieds collés dans le ring comme dans du ciment.
02:32 Au micro de Canal, il justifiait sa tactique minimaliste.
02:36 Il y avait tellement de pression autour de ce combat. Un nouveau coach, une nouvelle équipe, etc.
02:42 Je me suis dit, écoute, on va en faire assez pour gagner. Et je pensais vraiment en faire assez pour gagner.
02:46 Sa nouvelle vie à Londres, plus près de ses enfants, pouvait sonner comme un nouveau départ raté.
02:52 Sa préparation n'a pourtant connu aucun accroc sur le bord du ring. Brahima Sloum a exhorté Yoka.
02:57 Ça dépend que de lui. Il n'y a que lui qui sait. Franchement, je lui manquerais de respect.
03:01 Je lui manquerais de respect si je disais ce genre de choses parce que ça ne serait pas vrai.
03:06 Il n'y a que lui qui sait ce qui se passe dans sa tête. Il n'y a que lui qui peut se faire mal.
03:11 Mais il faut gagner. C'est ça un champion. Il est champion olympique.
03:13 Lui, il n'a pas le droit, contrairement à plein d'autres boxeurs, il a moins le droit à l'erreur.
03:17 Donc c'est normal que les gens soient exigeants. Il faut être à la hauteur.
03:20 Et ce soir, il lui a manqué un tout petit quelque chose.
03:23 Yoka a balayé ensuite la question sur sa fin de carrière.
03:26 On a discuté avec Maty, mais je ne pense pas que ce soit la question à se poser maintenant.
03:29 Il n'en dira pas plus. Il a rapidement filé vers le vestiaire avec sa femme et ses trois enfants.
03:33 La confiance d'un boxeur est fragile. Yoka l'a-t-il perdu après baccoler Takam
03:37 au point de ne pas pouvoir déployer tous ses moyens en combat ?
03:40 Rianne Mery, lui, croit au rebond du français.
03:43 Ce n'est pas dans sa tête. Tony est encore jeune. C'est un poids lourd jeune.
03:48 Donc s'il veut revenir, il le refera. Et à mon avis, il le fera dans l'ombre.
03:51 Et puis il créera une surprise à son retour, s'il continue la boxe.
03:54 Il a essayé de vaincre ses démons, mais ce n'est pas encore ça.
03:58 Et je pense qu'il va trouver le secret pour réussir. Mais ce n'est pas encore maintenant.
04:02 Yoka a perdu, mais pire, il semble perdu.
04:04 Il est encore lié pour un combat avec Canal+, son diffuseur. Une dernière bouée à ne pas rater.
04:09 Merci beaucoup Morgane Maury. Tu restes avec nous pour ce débat.
04:12 C'était très complet, cette soirée très difficile pour Tony Yoka.
04:15 Doit-il arrêter la boxe ? C'est notre débat ce matin dans les GG du sport, le 32/16, le #RMClive,
04:21 l'application RMC Studio... RMClive, pardonnez-moi.
04:25 Christophe Cessieux, pourquoi non ?
04:27 Bah... D'abord parce que je suis triste, moi. Ça me rend triste, cette histoire.
04:31 Franchement, Tony, on a cru en lui lorsqu'il est devenu champion olympique.
04:35 L'histoire était magnifique, le retour de Rio, la médaille d'or, avec Estelle Mosely,
04:39 sa compagne, la mère de ses deux premiers enfants. C'était magnifique.
04:43 Et tout le monde y a cru. Tout le monde a cru à ce moment-là que ce garçon-là,
04:46 qui était sympa, qui était beau, qui était grand, qui était doué, qui était fort,
04:50 allait devenir un jour champion du monde. Et aujourd'hui, on tombe de lui le premier.
04:54 Mais nous aussi, on tombe à l'inverse parce qu'aujourd'hui, ce n'est plus un champion.
04:58 Aujourd'hui, ce n'est plus un champion. Ces trois défaites consécutives, c'est terrible.
05:02 Et en boxe, on ne se relève pas de ça, en tout cas pour être un champion du monde.
05:06 C'est difficile de se relever de ça. Je ne vois pas comment aujourd'hui il peut se relever de ça,
05:09 sachant, comme le disait Morgane il y a un instant, qu'il va perdre son diffuseur,
05:15 avec qui il était en contrat depuis quatre ans, 8 millions d'euros sur quatre ans,
05:19 ce qui lui permettait d'avoir une véritable entreprise autour de lui
05:23 et de vivre quand même assez tranquillement avec pas mal de confort.
05:30 Donc qu'est-ce qu'il peut faire ? Qu'est-ce qu'il va faire désormais ?
05:32 Il y a un dernier combat avec Canal. Est-ce que Canal va déjà lui offrir une dernière grande soirée ?
05:36 Parce qu'à priori, ils n'avaient pas l'air très contents de ce qui s'est passé hier soir.
05:39 Non seulement le combat de Tony, mais en plus, il y a eu plein d'interruptions,
05:42 ça a été long entre les combats. Bref, ça n'a pas été une soirée exceptionnelle.
05:45 Donc après ce combat, après ce dernier combat, qu'est-ce qui va se passer ?
05:49 Il va falloir trouver un diffuseur qui va vouloir mettre autant d'argent dans la balance
05:54 pour continuer à croire en Tony Yoka. C'est ça le problème.
05:56 Alors s'il n'a pas ça, qu'est-ce qu'il va faire ?
05:58 Il va être obligé, s'il veut continuer à rester boxeur, d'aller chercher des cachets,
06:02 de faire des combats de début de soirée ou de fin de soirée.
06:07 - Des live Facebook ?
06:09 - Non, je ne sais pas.
06:10 - C'est pour ça qu'on se pose la question. Est-ce qu'après trois défaites de Suisse,
06:13 lui qui voulait être champion du monde, ou en tout cas espérer avoir une chance d'être champion du monde,
06:16 après il y a une réalité dans le sport.
06:19 La boxe est peut-être le sport pour moi le plus cruel qui soit.
06:22 C'est-à-dire que tu es face à...
06:24 Tu ne sais pas si tu peux gagner, même on l'a vu dans l'histoire de la boxe,
06:27 il y a eu des surprises, mais le problème, le constat qui est froid, c'est qu'il n'y arrive pas.
06:30 Tout simplement parce qu'il n'a peut-être pas le niveau.
06:32 Donc on a espéré, on a rêvé à ce que ce soit un grand grand champion qui devienne champion du monde.
06:36 Mais malheureusement, c'est tellement cruel ce sport que...
06:39 Moi, hier soir, on l'a vu en direct ici, c'est tellement dur, c'est tellement triste.
06:43 Tu l'as dit, Christophe, c'est affreux.
06:45 C'est un côté quand même tellement...
06:47 Je ne sais pas moi, c'est tellement cruel que moi, ça m'a fait de la peine pour lui.
06:51 Donc de là à se projeter en disant "est-ce qu'il va continuer, est-ce qu'il va être champion du monde ?"
06:56 À la limite, je m'en fous, ça.
06:57 Je préfère penser à ce sportif qui a tout donné.
07:03 On voit bien qu'il a tout donné depuis des mois et qu'il n'y arrive pas.
07:05 - Tu n'en sais rien.
07:07 - Ah si, je pense que oui.
07:08 - Si on analyse froidement les choses, on n'en sait rien en fait.
07:11 Depuis son titre de champion olympique...
07:13 - C'est mal, il n'y arrive pas, Sarah, que tu peux...
07:14 - Eh bien il n'a peut-être pas fait les bons choix.
07:16 - Peut-être qu'il n'est pas au niveau, peut-être qu'il n'a pas le niveau.
07:18 - Peut-être qu'il n'a pas le niveau, c'est une chose.
07:20 Mais il y a quand même des choix qui sont contestables aujourd'hui.
07:23 Si on revient en arrière, c'est-à-dire que sans le connaître personnellement,
07:28 on a lu, il y a eu des attitudes, il y a...
07:31 Enfin, c'est un personnage.
07:34 Il est rentré dans un personnage, mais il en a peut-être oublié qu'il était avant tout
07:38 un athlète qui devait respecter certaines règles.
07:41 Mais pardon, les trois combats, c'est un fantôme.
07:45 C'est-à-dire qu'il ne se bat même pas, ce n'est pas un combat de boxe hier.
07:48 C'est un fantôme.
07:49 Il ne bouge pas.
07:50 - Oui, mais peut-être qu'il est à son niveau, Sarah.
07:52 Tu vois les trois matchs ?
07:53 Demande à Morgane qui le suit, les trois matchs, c'est les mêmes.
07:56 - Il n'était pas comme ça quand il était au jeu à Rio.
07:59 - Ce n'est pas le même niveau à Rio.
08:00 Il a failli perdre normalement la finale, même le dernier était contesté.
08:03 - Que ça ne soit pas le même niveau, mais l'attitude physique, il est lourd.
08:08 Enfin, je veux dire, ça ne bouge pas du tout.
08:10 - Tu ne peux pas comparer les JO de l'époque ?
08:12 - Je peux comparer l'athlète.
08:14 L'athlète en lui-même, il n'avait pas du tout la même...
08:16 - Justement, allez dans ton sens.
08:18 Je lisais hier un commentaire très intéressant de notre ami Charles Biettri
08:21 que l'on embrasse, qui a tweeté "Avant Tony Iocca",
08:24 et un expert de la boxe, Charles Biettri, vous le savez.
08:26 "Avant Tony Iocca avait un beau direct du gauche et une droite moyenne.
08:31 Aujourd'hui, il a une gauche moyenne et sa droite a disparu.
08:34 La responsabilité de son nouveau coach est énorme dans la préparation
08:37 et la gestion du combat.
08:38 Le pointage est sans importance. C'est triste."
08:41 - Donc lui, c'est techniquement qu'il analyse la...
08:43 - Oui, mais les mauvais choix de ses coachs,
08:45 peut-être qu'on se dit, il est responsable.
08:47 - Ah oui, il est responsable.
08:48 - Il a géré sa propre cellule quand il est passé...
08:50 - Son coach hier soir, qui après le combat...
08:52 - Oui, c'est honteux, oui.
08:53 - C'est un scandale, l'arbitrage, mais non.
08:54 Mais tout le monde a vu...
08:55 - C'est 3-1 contre 0.
08:57 - Il avait perdu hier soir.
08:58 - On l'écoutera dans quelques instants, mais juste avant, restons là-dessus.
09:00 Est-ce qu'il doit arrêter et renoncer à son rêve ?
09:02 Arrêter la boxe, Renaud Longuême ?
09:04 - Sur cette question-là, moi, je réponds non.
09:06 Pour une question simple, c'est que tout sportif...
09:09 - A droit à une deuxième chance.
09:10 - Non, mais c'est...
09:11 - C'est plus une deuxième.
09:12 - C'est à lui de décider s'il doit arrêter ou pas.
09:15 Et les motivations qui sont les siennes,
09:17 même si c'est pour l'argent, d'aller encore à ce dernier combat,
09:20 ça, on n'a pas...
09:21 C'est pas critiquable.
09:22 Ça lui appartient, sa carrière lui appartient.
09:24 Et nous, ici, les fesses, dans notre studio de radio...
09:27 - Je suis entièrement d'accord.
09:28 - T'as raison, mais il est jeune encore, Renaud.
09:30 - Il est jeune encore, mais il est en train de décider pour n'importe quel des sportifs
09:33 s'il doit arrêter ou pas.
09:34 - Tu as raison.
09:34 - Ça, c'est dit, j'y sais.
09:35 - Non, mais t'as raison, c'est pas à nous de décider,
09:37 mais c'est la question que tout le monde se pose aujourd'hui.
09:38 - Après, une fois que j'ai dit ça,
09:40 le truc, moi, qui m'a choqué,
09:43 et là, je vais citer un de mes mentors,
09:45 c'est que dans les échanges que j'ai pu avoir avec quelqu'un comme Arsène Wenger,
09:50 il m'a dit que la différence entre un très grand joueur et un joueur moyen,
09:53 dans ce qu'il a vu, par exemple, entre Thierry Henry, Bergkamp,
09:56 tous ces très grands joueurs,
09:57 c'est la capacité à viser juste quand tu t'auto-analyse après un match ou un combat.
10:03 Et moi, ce qui me fait flipper,
10:05 c'est de voir le décalage qu'il y a hier
10:09 entre ce que tout le monde a vu, même son coach qui lui dit
10:13 "donne plus de coups, donne plus de coups".
10:15 - Après, c'est de la communication.
10:16 - Non, mais d'accord, mais l'attitude de Tony qui dit
10:20 "mais je comprends pas, j'ai gagné ce combat".
10:22 Mais c'est ça qui est flippant.
10:24 - Je pensais en avoir assez fait.
10:25 - Non, mais...
10:26 - Tellement flippant !
10:27 - En avoir assez fait, c'est-à-dire qu'il lit...
10:28 - Ce gap entre ce que tu crois que tu fais et ce que tu as fait en réalité.
10:32 - C'est ça qui fait peur.
10:33 - En faire assez certes, il est tout le temps dans la retenue.
10:35 C'est-à-dire qu'il boxe plus de manière spontanée.
10:38 Et puis même dans ses propos, les boxeurs, ils sont agressifs.
10:42 Enfin, je veux dire, dans une préparation de combat,
10:44 quand tu lis leur manière de s'exprimer,
10:48 il y a toujours une forme d'agressivité.
10:49 - Mais là, il était aux Etats-Unis, il s'entraîne aux Etats-Unis.
10:52 - Non, allons, allons.
10:54 Mais peu importe, tu le sens pas agressif, tu le sens pas volontaire.
10:57 - Tu as l'impression ?
10:58 - Non, mais sur sa déclaration d'avant-combat, il dit "Vous allez voir,
11:00 j'ai le premier rang, vous allez voir ce que vous allez voir,
11:02 je suis redevenu le...".
11:03 - Tu as vu la voix qu'il a, il a une voix de...
11:05 - Non, mais tu ne peux pas lui reprocher...
11:06 - ...de plusieurs fois.
11:07 - Tout le monde n'est pas mauvais ami non plus.
11:08 - Christophe, Christophe, tu ne peux pas lui reprocher...
11:09 - Non, mais d'accord, mais ça traduit comme...
11:10 - Attends, Christophe, tu ne peux pas lui reprocher qu'un Matuinyoka
11:12 de croire en lui.
11:13 Quand il déclare ça avant un match, c'est normal, c'est logique.
11:16 - Oui, mais alors il faut même faire assez.
11:27 - Non, mais un champion, il ne va pas te dire "Je ne suis pas prêt".
11:28 Il te dit "Je suis prêt", il est honnête avec lui-même.
11:29 - Oui, non, mais il dit qu'il est prêt, mais de premier rang,
11:30 tu vois, il n'est pas prêt.
11:31 - Après qu'ils soient dans le déni après le combat,
11:32 comme tu l'as très bien dit, Renaud, oui, ça, c'est flippant,
11:33 parce que tu te dis "Mais il y a un tel décalage
11:34 à ce que on a vu la photographie de la défaite",
11:35 et puis c'est son commentaire.
11:36 J'espère qu'il va, ce matin, qu'il va se réveiller,
11:39 il va analyser la défaite, il va comprendre le décalage, j'espère.
11:45 - Et puis, il y a une autre question.
11:46 Vous n'êtes pas d'accord avec cette question.
11:47 Doit-il arrêter la boxe ?
11:48 Renaud nous disait, c'est à lui, évidemment, de choisir.
11:51 Et vous êtes tous, je l'ai bien entendu,
11:53 très peinés pour le boxeur français, ce matin.
11:55 Nous avons l'un de ses amis, un ami des RMC,
11:58 c'est Souleymane Sissoko, le boxeur, qui est avec nous.
12:00 Salut, Souleymane.
12:01 - Salut.
12:02 - Merci d'être avec nous en direct dans les grandes gueules du sport.
12:05 Ton regard sur le match d'hier, tout simplement.
12:08 Je le disais, on est tous très peinés pour Tony Lioca,
12:12 mais force est de constater que ça ne marche pas.
12:15 - Effectivement, très peinés.
12:17 C'était un combat qui était dur face à un adversaire solide,
12:20 explosif, qui a un peu bloqué Tony,
12:25 parce que Tony n'a pas pu délier sa boxe tout au long du combat.
12:30 Donc, oui, peinés.
12:31 Je pense que c'est quelqu'un qu'il faut accompagner et soutenir,
12:35 en tout cas, après ce combat.
12:36 - Accompagner et soutenir.
12:37 Denis Charlin, une question.
12:38 - Souleymane, ton regard par rapport à ce combat,
12:41 il a réellement perdu, Tony ?
12:42 Parce qu'il remettait en question, son entraîneur remettait en question
12:44 le fait qu'il n'ait pas vraiment perdu.
12:47 Pour toi, quel est ton regard par rapport à ce combat ?
12:50 - Tout dépend de la façon dont on voit le combat.
12:53 C'est vrai que Tony a lancé beaucoup de jabs,
12:56 il a beaucoup touché son adversaire avec le jab,
12:58 mais Riyad Mehri était beaucoup plus précis,
13:01 beaucoup plus puissant.
13:02 Et puis, je pense honnêtement que Riyad est un peu au-dessus sur ce combat.
13:08 - Voilà, il n'y a pas à crier au scandale, comme l'a fait,
13:10 notamment son coach.
13:11 Renaud Longuevre, une question pour Souleymane Sissoko.
13:13 - Salut Souley, tu sais toute l'affection que j'ai pour ta génération.
13:19 Tony, toi, je vous ai vu arriver à l'INSEP, gamin,
13:22 avec John Dovey, Mariano.
13:24 Moi, j'ai un regard, tu connais ma passion pour la prépa physique.
13:27 Quand je regarde le combat de Tony hier,
13:30 et quand je me souviens de son arrivée à 16 ans à l'INSEP,
13:32 Tony, pour sa corpulence, c'était un mec qui avait une vitesse gestuelle,
13:36 une explosivité qui était incroyable pour sa corpulence.
13:39 Et quand je vois ce que j'ai vu hier,
13:41 et qu'est-ce qui s'est passé ?
13:43 Est-ce que, tu vois, moi dans mon sport,
13:46 peut-être je suis à l'Ouest,
13:48 mais est-ce qu'il n'y a pas sur la prépa physique des manques,
13:52 et que c'est un sprinter qu'on entraîne comme un marathonien ?
13:55 C'est quoi ton avis, toi, sur sa prépa physique ?
13:58 Moi, je n'ai pas du tout d'info, tu vois.
14:00 - Oui, je pense qu'il y a beaucoup de choses à dire et à redire,
14:03 parce que Tony, lorsqu'on l'a connu,
14:05 lorsqu'il était vraiment dans la force de son âge,
14:09 c'est lorsqu'il a fait les championnats du monde, les Jeux Olympiques,
14:12 il faut savoir que le rythme était en 3 x 3 minutes.
14:14 Là, en professionnel, il fait des rounds de 10 x 3,
14:17 donc 10 rounds, ou parfois 12,
14:20 donc ce n'est pas du tout le même format.
14:22 Est-ce qu'il faut encore beaucoup plus approfondir là-dessus,
14:25 sur la préparation physique ?
14:26 Je pense que oui, parce qu'à la fin,
14:30 il n'a pas trop délié ses coups,
14:35 il n'a pas été beaucoup plus explosif que d'habitude.
14:38 Donc oui, bien sûr que sur la préparation physique,
14:40 je pense qu'il y a du travail,
14:41 mais ce qui fait le plus mal, c'est que là,
14:43 Tony a changé de staff, il a changé de préparateur physique,
14:45 il a changé de coach,
14:47 et il fait un peu les mêmes choses qui reviennent.
14:51 Je ne sais pas.
14:52 Vous savez, en pro, ce qui est délicat,
14:54 c'est qu'on boxe une, deux, max trois fois par an,
14:56 peut-être quatre fois.
14:58 Ce n'est pas le même rythme d'entraînement
15:00 que lorsqu'on était en boxe olympique.
15:02 Tony, en olympique, il continuait de progresser,
15:04 il gagnait beaucoup de combats,
15:05 parce que c'est tout au long de l'année.
15:07 C'est tout au long de l'année.
15:08 Là, en pro, une défaite, deux défaites,
15:10 on coupe un moment,
15:12 parce qu'il se passe beaucoup de choses,
15:14 on fait une petite dépression,
15:15 il se passe pas mal de choses,
15:16 et revenir pour préparer un combat,
15:18 quelques mois avant le combat,
15:20 je pense que c'est compliqué.
15:22 En fait, il faut être professionnel tout au long de l'année.
15:25 Lorsqu'on se limite à juste se préparer pour le fight,
15:29 c'est parfois compliqué d'être prêt bien sur le combat,
15:33 en tout cas d'être à 100%.
15:35 - Et on peut tomber de haut,
15:36 et c'est ce qui est arrivé une nouvelle fois à Tony Hoka.
15:37 Trois défaites de suite, je le disais.
15:38 Suleymane Sisoko, boxeur, ami de RMC, ami de Tony Hoka,
15:41 est avec nous en direct dans les Grandes Gueules du Sport.
15:43 On se pose cette question ce matin,
15:45 Suleymane, forcément obligé de te la poser,
15:49 parce que tu sais à quel point la boxe est cruelle.
15:52 Une défaite, déjà ça fait mal,
15:54 deux défaites, on se demandait vraiment s'il allait y arriver,
15:57 trois défaites, on a l'impression que c'est terminé.
16:00 Ton regard à toi, est-ce qu'il doit arrêter la boxe,
16:02 parce que ce rêve de champion du monde,
16:05 j'imagine que même lui a du mal à le voir aujourd'hui ?
16:08 - Bien sûr, aujourd'hui je pense que c'est un gros travail mental
16:12 qu'il faut faire, mais Tony a toutes les capacités
16:14 pour devenir, en tout cas pour être parmi les meilleurs,
16:17 pour Allure.
16:19 Honnêtement, les trois défaites que Tony a eues,
16:21 je ne pense pas que ces gens ont été meilleurs que Tony.
16:24 Je pense que Tony s'est battu lui-même.
16:26 C'est ce qu'il faut se dire, c'est que Tony s'est battu lui-même,
16:28 parce que Tony, ça reste un excellent boxeur,
16:31 mais aujourd'hui, il boxe face à l'ombre de lui-même.
16:35 C'est le souci qu'on a aujourd'hui.
16:38 Après, arrêter, non, Tony il est encore jeune,
16:41 la catégorie des poids lourds, c'est une catégorie à maturité tardive,
16:44 donc voilà, il va continuer à se remettre en question,
16:48 il va travailler, peut-être qu'il va encore changer de stade, je ne sais pas,
16:52 mais Tony, c'est la boxe, il vit pour la boxe,
16:55 donc arrêter comme ça, ce serait vraiment très dommage.
16:59 - Mais est-ce qu'il aura encore des chances ?
17:00 Évidemment, c'est la question que tout le monde se pose.
17:02 Sarah Pitkofsky, une dernière question pour Souleymane Sissou.
17:04 - Souley, la question, enfin, ce que tu viens de nous expliquer,
17:07 et la synthèse que j'en fais, c'est que tout dépend de lui, en fait.
17:12 Il semblerait que ce soit ses choix à lui
17:15 qui aujourd'hui l'ont amené à être dans cette situation-là.
17:19 Est-ce qu'il sera capable, depuis son titre de champion olympique ?
17:25 Il y a quand même peu eu de choses positives
17:29 qui nous faisaient croire qu'il pourrait gérer une carrière professionnelle.
17:32 Et là, tu nous donnes quand même des éléments qui montrent qu'il a des...
17:37 Il doit gérer la vie professionnelle totalement différemment.
17:41 C'est un petit peu inquiétant, quand même.
17:43 - Oui, c'est vrai qu'on peut se poser des questions sur la suite de sa carrière,
17:49 parce que ce n'est pas évident.
17:51 Mais vous savez, Tony a déjà connu la défaite en boxe olympique.
17:54 Les plus grands champions ont aussi connu la défaite.
17:57 On n'est pas à l'abri de ça. Après, tout dépend de la manière.
17:59 Donc, ça, c'est vrai que ça joue beaucoup.
18:01 Il a pris des coups puissants. Il a quand même monté un peu de combativité,
18:05 mais il manque quelque chose.
18:06 Je pense qu'il aurait encore eu besoin d'un peu plus de temps
18:09 ou un adversaire peut-être un peu moins "fort" pour se remettre dedans.
18:15 C'est comme ça.
18:16 Moi, je pense qu'il faut quand même le soutenir.
18:18 Ça reste un champion.
18:19 On ne va pas effacer le passé qu'il a eu de champion olympique et champion du monde.
18:24 Il faut qu'il aille de l'avant, parce qu'il a les qualités, en tout cas, athlétiques
18:28 pour être parmi les meilleurs.
18:31 Mais c'est vrai que là, de se relever après une troisième défaite,
18:34 ça va être très, très, très dur.
18:36 - Tu y crois encore, Souley ?
18:38 Tu penses qu'un jour, Tony peut devenir champion du monde des poids lourds ?
18:41 Ou alors il faut vraiment complètement mettre cette idée de côté aujourd'hui ?
18:46 - Vous savez, je vais vous faire une conférence.
18:48 On était ensemble, l'équipe de France, avec Tony Yoka,
18:51 avant qu'il ne devienne champion du monde.
18:54 Tony était plus ou moins écarté par la FED, parce que, entre guillemets,
18:58 la FED, le stade, ne les croyait plus trop.
19:01 Tony est revenu, il s'est beaucoup remis en question, il est revenu,
19:04 il a créé un staff autour de lui, il est devenu champion du monde.
19:08 Il s'est qualifié pour les Jeux Olympiques.
19:10 Donc moi, je pense que ça lui a fait du mal,
19:13 d'enchaîner trois défaites, mais il peut revenir.
19:16 Il peut revenir à un moment où on ne croyait plus en lui.
19:19 C'est là où il a été le meilleur.
19:21 Donc il peut encore revenir.
19:23 - Eh bien, on retiendra cette note d'espoir de l'ami Souleymane Sissoko,
19:26 qui a été avec nous en direct.
19:27 Merci beaucoup, Souleymane, d'avoir été dans les grandes gueules du sport ce matin.
19:30 Merci à Morgane Maury également pour son résumé très complet.
19:34 Après cette troisième défaite, peut-être la défaite de trop,
19:37 même si nous sommes malheureux pour lui ce matin.
19:39 Il faut aussi parfois se dire les choses et se demander si c'est encore possible pour lui.

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