Selon l'OMS, la ménopause concerne 1,2 milliards de femmes de 50 ans ou plus. Pourtant elle est encore trop souvent invisibilisée et taboue. Associée au vieillissement, même à la dégénérescence, elle est parfois moquée, mal perçue, mais surtout mal comprise. 81% des Françaises disent ne pas être assez informés sur le sujet, et 38% trouvent qu'il s'agit d'un sujet « pénible à aborder ».
Il est pourtant primordial de prendre la ménopause au sérieux, puisque cette période de la vie d'une femme est associée à une augmentation de l'incidence de certaines maladies : ostéoporose, maladies cardio-vasculaires, et de certains symptômes qui peuvent être handicapants au quotidien : dépression, bouffées de chaleur, prise de poids...
Traitement hormonaux, hypnose ... des solutions existent, mais les femmes n'en sont souvent pas assez informées. C'est pourquoi de nombreux médecins préconisent une visite gynécologique gratuite à partir de 45 ans. Peu à peu, la parole se libère autour de la ménopause ; patientes, gynécologues, influenceuses, stars de cinéma... elles sont de plus en plus nombreuses à s'en emparer.
Alors, comment mieux aborder ce sujet de la ménopause ? Pourquoi faut-il mieux informer les patientes ? Ménopause la fin d'un tabou, c'est le thème de ce numéro d'Etat de Santé.
La santé figure au premier rang des préoccupations des Français et au coeur de tous les grands débats politiques et sociétaux.
L'organisation des soins, le service public hospitalier, mais aussi le mal de dos, les allergies, la bioéthique ou encore la nutrition... Sur LCP-Assemblée nationale, Elizabeth Martichoux explore chaque mois un thème de santé publique.
Entre reportages, interviews de professionnels de santé, de personnalités politiques mais aussi de patients, ce rendez-vous aborde tous les maux d'une problématique de santé, ses enjeux, les avancées et les nouveaux défis pour mieux vivre demain !
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Il est pourtant primordial de prendre la ménopause au sérieux, puisque cette période de la vie d'une femme est associée à une augmentation de l'incidence de certaines maladies : ostéoporose, maladies cardio-vasculaires, et de certains symptômes qui peuvent être handicapants au quotidien : dépression, bouffées de chaleur, prise de poids...
Traitement hormonaux, hypnose ... des solutions existent, mais les femmes n'en sont souvent pas assez informées. C'est pourquoi de nombreux médecins préconisent une visite gynécologique gratuite à partir de 45 ans. Peu à peu, la parole se libère autour de la ménopause ; patientes, gynécologues, influenceuses, stars de cinéma... elles sont de plus en plus nombreuses à s'en emparer.
Alors, comment mieux aborder ce sujet de la ménopause ? Pourquoi faut-il mieux informer les patientes ? Ménopause la fin d'un tabou, c'est le thème de ce numéro d'Etat de Santé.
La santé figure au premier rang des préoccupations des Français et au coeur de tous les grands débats politiques et sociétaux.
L'organisation des soins, le service public hospitalier, mais aussi le mal de dos, les allergies, la bioéthique ou encore la nutrition... Sur LCP-Assemblée nationale, Elizabeth Martichoux explore chaque mois un thème de santé publique.
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00:00 LCP Assemblée nationale, en partenariat avec MGEN Mutuelle Santé Prévoyance présente État de Santé
00:09 L'État de Santé
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00:39 La ménopause est encore aujourd'hui tabou.
00:41 Un tiers des Français trouve ce sujet difficile à aborder.
00:45 "C'est des domaines un peu de l'intime, donc c'est pas simple."
00:48 Une difficulté supplémentaire pour certaines femmes, qui vivent des symptômes handicapants au quotidien.
00:54 "Ca a été un bouleversement parce que j'avais vraiment l'impression que c'est le corps qui dirigeait,
00:58 j'avais plus prise et j'avais l'impression de... c'est comme si je me recroquevillais complètement."
01:03 Mieux informer les patientes est essentiel, car il existe des solutions et des traitements.
01:09 "Il y a plein de femmes qui pourraient avoir un traitement hormonal de la ménopause, effectivement,
01:13 si elles le désirent, si nous médecins, on a estimé qu'il n'y avait pas de risque à ce qu'elles le prennent."
01:20 Alors, comment mieux aborder ce sujet de la ménopause ? Pourquoi faut-il en parler ?
01:25 Ménopause, la fin d'un tabou, c'est le thème de ce numéro d'État de Santé.
01:30 [Générique]
01:34 Bonjour à tous et bienvenue dans État de Santé.
01:36 Est-ce que nous parlons, est-ce que vous parlez de la ménopause dans un repas de famille ?
01:40 Ben non.
01:41 Et si vous étiez tenté de le faire, sans doute que ça créerait un petit malaise.
01:46 Ben oui, c'est un sujet tabou, on va en parler avec vous, Laurence Rossignol.
01:49 Merci beaucoup d'être avec nous.
01:52 Vous êtes sénatrice, vous êtes militante de longue date, vous avez été ministre chargée des droits des femmes.
01:59 Avant de voir votre portrait, c'est juste une question qui concerne toutes les femmes.
02:04 Il faut le rappeler.
02:05 Oui, et je suis ménopausée.
02:07 Puis surtout, quand on est féministe, qu'on s'intéresse depuis des années à pousser toutes les portes des non-dits,
02:14 de l'invisibilisation des femmes, de leurs conditions de vie,
02:17 à un moment donné, le sujet de la ménopause apparaît comme étant probablement un des derniers gros tabous.
02:24 Ça n'est peut-être pas le dernier, mais en tout cas, c'est bien de s'y attaquer.
02:27 On va en parler ensemble, mais d'abord, votre portrait.
02:30 Laurence Rossignol est sénatrice socialiste du Val-de-Marne.
02:38 En 2014, elle est nommée au gouvernement Valls, secrétaire d'État chargée de la famille et des personnes âgées,
02:44 puis ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des Femmes.
02:48 Militante féministe très jeune, elle préside actuellement l'association L'Assemblée des Femmes.
02:54 Parmi ses combats, briser le tabou de la ménopause.
02:58 En tant que vice-présidente de la Délégation aux droits des femmes du Sénat,
03:02 elle a en effet co-signé un rapport qui alerte sur les impacts spécifiques du travail sur la santé des femmes,
03:08 en particulier sur la nécessité d'une meilleure prise en compte des symptômes de la ménopause dans le cadre professionnel.
03:19 Laurence Rossignol, un tabou, peut-être pas le dernier, mais quand même un sacré tabou.
03:25 La ménopause, c'est quasiment une honte.
03:28 Pourtant, c'est pas une maladie, c'est comme la grossesse, c'est pas une maladie.
03:31 Mais les femmes n'en parlent pas. Pourquoi ?
03:34 La ménopause, c'est comme les règles, c'est comme l'accouchement aussi, un peu en amont de nous-mêmes.
03:42 C'est tout ce qui concerne la santé sexuelle et reproductive.
03:46 Ce sont des sujets dont on ne parle pas avec d'autres, on n'en parle pas avec les hommes.
03:51 Il n'y a pas de discussion publique sur ce sujet.
03:54 On n'en parle même pas à son mari.
03:56 On n'en parle pas à son mari, le mari est un homme le plus souvent, on n'en parle pas avec le mari.
04:00 Et ce sont ceux des sujets du monde des femmes.
04:02 Et fort heureusement, dans l'histoire des femmes et des silences dans lesquels elles évoluent,
04:09 il y a leur propre parole, ce monde des femmes dans lequel les femmes transmettent entre elles, racontent,
04:16 elles parlent de la ménopause.
04:18 Et souvent, elles baissent la voix néanmoins, même entre elles, pour parler de la ménopause.
04:23 Et donc, c'est un tabou pour toutes les femmes,
04:26 et ça l'est de moins en moins peut-être parce qu'on parle plus des règles aujourd'hui,
04:30 et donc on pousse une porte et cette porte, elle arrive sur la ménopause.
04:33 Alors la ménopause, c'est un cycle dans la vie des femmes.
04:37 Les hormones ont quand même un énorme rôle.
04:41 Infographie, qu'est-ce que c'est la ménopause ?
04:44 Au fil des cycles d'une femme, le nombre d'ovocytes dans chaque ovaire,
04:52 qui était d'un million à la naissance, diminue jusqu'à s'épuiser.
04:56 A la ménopause, les ovaires cessent de produire les hormones de la reproduction, les oestrogènes.
05:02 Pourtant, les pouvoirs des oestrogènes sont nombreux sur les tissus du corps.
05:07 Ils régulent la pression artérielle en améliorant la paroi des vaisseaux sanguins.
05:11 Ils préservent le tissu osseux et cérébral,
05:14 et ils ont un effet anti-inflammatoire et anti-oxydant sur le cerveau.
05:18 A la ménopause, les femmes perdent donc leur protecteur hormonal,
05:23 et sont plus à risque de développer des maladies cardiovasculaires ou de l'ostéoporose,
05:28 une pathologie deux à trois fois plus fréquente chez les femmes ménopausées que chez les hommes du même âge.
05:34 En parallèle, la baisse des oestrogènes et d'une autre hormone, la progestérone,
05:39 peuvent fréquemment provoquer des symptômes, comme des troubles du sommeil, des bouffées de chaleur ou de l'irritabilité.
05:46 Alors que 87% des femmes présentent au moins un symptôme de la ménopause,
05:51 plus d'un tiers considèrent le sujet comme tabou et ne savent pas à qui en parler.
05:55 Il ne faut donc pas hésiter à consulter.
05:58 "Laurence Rossignol, tout le monde ne vit pas la ménopause de la même façon."
06:05 "J'imagine."
06:06 "Voilà, mais il y a des femmes pour lesquelles ça devient un énorme handicap, presque,
06:11 enfin je disais que ce n'est pas une maladie tout à l'heure, mais ça a des symptômes,
06:14 des effets sur le corps des femmes qui parfois sont très importants.
06:18 La dépression par exemple, on l'oublie parfois, peut être causée par la ménopause."
06:22 "Ce déficit d'informations sur la ménopause fait que les femmes commencent à constater
06:27 que leurs règles s'espacent, qu'elles sont de moins en moins abondantes,
06:31 et puis à un moment donné, elles trouvent qu'elles grossissent, qu'elles s'empattent,
06:34 et puis certaines ont des bouffées de chaleur, d'autres non,
06:37 et il y a de la dépression qui accompagne la ménopause.
06:41 Et comme par ailleurs, ça se situe aussi à un moment de vie qui, indépendamment de la ménopause,
06:46 peut être un moment compliqué, un moment où il se passe des choses bouleversantes,
06:53 c'est parfois l'âge auquel on perd ses parents, l'âge de la ménopause également,
06:57 et les femmes ne savent pas attribuer à la ménopause ce qui revient à la ménopause,
07:03 aux conditions extérieures, ce qui revient aux conditions extérieures.
07:05 Donc elles se débrouillent toutes seules, et elles ne savent pas quoi attribuer à quoi."
07:09 C'est très difficile pour les femmes, parce que c'est souvent perçu aussi
07:11 comme une porte d'entrée dans la vieillesse, avec cette idée que si on ne peut plus reproduire,
07:18 se reproduire, avant des enfants, la sexualité est morte.
07:22 Je pense que c'est plus ambigu que ça.
07:26 Je pense que pour beaucoup de femmes, le fait de ne plus être fertile
07:29 est aussi un soulagement et une liberté.
07:31 La vie des femmes consiste quand même, la plupart du temps, à éviter les grossesses.
07:36 Donc plus de règles et plus de fertilité, c'est quand même une libération, c'est un soulagement.
07:41 Et en même temps, le regard social à l'égard de la ménopause est un regard social de mise au rebut.
07:51 Une femme ménopausée est une femme qui n'est plus sur le marché.
07:56 Elle n'est plus sur le marché.
07:58 La vie des femmes est terrible, on passe 35 ans de notre vie à se faire traiter de pute,
08:01 et après, à partir du moment où ça s'arrête, c'est pour se faire traiter de vieille ménopausée.
08:05 C'est dur la condition des femmes.
08:07 C'est bien de le rappeler comme ça.
08:09 Il y en a certaines qui ne veulent pas réhabiliter la ménopause,
08:12 mais qui veulent visibiliser, donner de la visibilité à la ménopause.
08:15 Plus on en parle, plus on dédramatise, sans doute.
08:18 Regardez ce reportage d'Alexia Leperon sur ces femmes qui veulent sortir la ménopause du tabou.
08:23 La ménopause, ce n'est pas un tabou pour cette influenceuse.
08:34 Elle en a même fait son sujet de prédilection.
08:37 Je parle de ménopause, vu que le sujet n'était pas abordé.
08:41 Je trouvais que c'était assez révolutionnaire de m'afficher comme ça,
08:44 et je me suis dit, si ça se trouve, on va me lancer des tomates en me disant "dégage la vieille".
08:49 Pourtant, c'est un succès.
08:52 Son compte Instagram, Ménopause Stories, compte aujourd'hui plus de 22 000 abonnés.
08:57 Autour de textes, d'informations, de photos, Sophie vient briser un tabou sociétal.
09:03 Ce que je voulais, c'était casser les barrières.
09:09 J'ai toujours dit que mon vrai but, c'était de décorceter la ménopause,
09:13 de la sortir carrément de la prison dans laquelle elle était enfermée.
09:17 Cette image, la prison, pour moi, c'est cette image pesante de l'enfermement,
09:24 la petite mort avant la vraie mort,
09:27 de l'enfer des femmes, l'obsolescence programmée, la date de péremption.
09:34 On n'en est pas là.
09:37 Ce combat pour changer l'image de la ménopause, Sophie le tient de son histoire personnelle.
09:42 Lorsqu'elle est ménopausée, elle a d'abord du mal à comprendre ce qui lui arrive.
09:47 Ça a été un bouleversement, parce que j'avais vraiment l'impression que c'est le corps qui dirigeait.
09:54 J'avais plus prise, j'avais l'impression de...
09:57 C'est comme si je me recroquevillais complètement.
10:00 J'ai compris que ça touchait aussi beaucoup l'émotionnel, parce que j'avais envie de pleurer.
10:04 J'étais très fatiguée, j'étais complètement abattue.
10:07 Là, je me suis dit, c'est bon, c'est violent.
10:10 Face à ses symptômes, elle tente d'en savoir plus
10:15 et cherche des informations sur Internet, sans succès.
10:21 Aujourd'hui, quand on cherche des informations sur la ménopause,
10:24 on tombe sur des définitions très froides et cliniques.
10:27 On tombe sur des définitions, des symptômes, des agnostiques.
10:33 Des occurrences, comme quelles sont les trois phases de la ménopause,
10:37 quel âge pour la ménopause, quels sont les changements du corps à la ménopause,
10:40 comment donner envie de faire l'amour à une femme ménopausée.
10:43 Du coup, quand je dis ça, je me dis que la ménopause, c'est une maladie.
10:47 C'est une maladie en plus qui est dégradante,
10:50 puisque je reçois ce genre d'occurrence,
10:52 comment donner envie de faire l'amour à une femme ménopausée.
10:55 Donc, du coup, je comprends pourquoi on n'en parle pas.
10:58 Comment peut-on aborder cette étape de vie de manière fraîche et décomplexée
11:03 quand on te dit direct que, globalement, on n'a plus envie de te faire l'amour ?
11:07 À force de creuser, Sophie est devenue une experte de la ménopause.
11:13 Comme elle, une nouvelle génération de femmes
11:16 tente désormais de mieux s'informer sur cette période de vie.
11:19 Comme ici, à Djinn, un centre spécialisé sur la santé gynécologique.
11:25 Sophie y est invitée ce jour-là pour parler ménopause à d'autres patientes.
11:30 Bienvenue, donc bienvenue.
11:32 Moi, je m'appelle Sophie Kuhn.
11:35 Je suis connue pour avoir, je dirais, libéré la parole autour de la ménopause.
11:41 On va papoter ménopause pendant une heure et demie.
11:44 C'est pas forcément évident de demander à ses amis ce genre de questions au départ.
11:50 C'est des domaines un peu de l'intime, donc c'est pas simple.
11:54 Même médicalement, c'est pas simple d'obtenir une réponse, une écoute.
12:01 Ce sentiment est partagé par de nombreuses patientes.
12:08 Alors, la gynécologue du centre aborde les inquiétudes principales et balaie les idées reçues.
12:14 Pour moi, c'est important de mettre la notion de symptômes qui va derrière.
12:17 On va pas toutes avoir un syndrome prémenstruel marqué.
12:19 On va pas toutes avoir des beaufs faits de chaleur.
12:21 8/10 seront un syndrome de sécheresse vaginale.
12:24 C'est peut-être celui qui est le plus hégémonique.
12:26 Mais on va pas toutes avoir de symptômes.
12:29 Et on va surtout pas toutes le vivre pareil.
12:31 C'est très important de pas se dire, ma voisine, elle le vit comme ça.
12:35 Moi, je vais le vivre comme ça.
12:38 Ou à l'inverse, de pas se sentir légitime dans son vécu.
12:41 Que ce soit un vécu positif, parce qu'on a le droit de se sentir libérée et heureuse,
12:44 et fière d'être ménopausée et de se sentir hyper bien.
12:47 Tout comme on a le droit aussi de pas aller bien et d'aller en parler.
12:51 S'informer et consulter est primordial.
12:54 Car ne pas en parler, c'est risquer de passer à côté de symptômes et de problèmes de santé.
12:59 Pour moi, la méconnaissance, en fait, elle induit une mauvaise prise en charge,
13:04 une absence de dépistage précoce, des problématiques.
13:07 Et également, on faut faire de vie une qualité de vie qui diminue.
13:11 Et ça, c'est quand même important d'adresser cette problématique.
13:14 Aujourd'hui, la parole se libère de plus en plus autour de la ménopause,
13:19 grâce au travail de gynécologues et de patientes comme Sophie.
13:23 Il reste encore du chemin, car 38% des femmes considèrent encore ce sujet comme tabou.
13:33 Vous le disiez, et d'ailleurs la gynécologue en parle dans ce sujet,
13:38 il y a mille et une façons, peut-être pas, de vivre la ménopause.
13:41 Certaines, finalement, la voient pas passer, et pour d'autres, c'est très invalidant.
13:45 Par ailleurs, il y a un manque d'informations.
13:47 Il y a des femmes qui arrivent à la ménopause, elles disent "mais on m'en a jamais parlé, on m'a pas prévenu,
13:53 ça me prend comme ça 47, 48, 50 ans".
13:56 Si leur mère ou leur soeur leur en a pas parlé, pour beaucoup d'entre elles,
13:59 elles ne savent quasiment rien de la ménopause.
14:01 Écoutez, moi je suis quand même frappée que les médecins généralistes ne soient pas tous formés à parler de la ménopause,
14:10 s'intéresser, voilà, vous êtes médecin généraliste, vous avez une femme qui a entre 47 et 55 ans dans votre cabinet,
14:15 il est probable que la ménopause ait soit passé, soit en cours, soit pas loin.
14:19 Il faut en parler.
14:21 Ça devrait être une des questions systématiques à partir d'un certain âge.
14:26 Une étude a été réalisée par l'Institut Cantar pour la MGEN et la Fondation des Femmes sur la perception de la ménopause.
14:32 C'est une étude qui s'appelle "Regard des Français sur l'avancée en âge et la ménopause en 2023".
14:37 Que doit-on en retenir ?
14:39 Écoutez, Clotilde Ruffeau, administratrice déléguée à l'engagement Società de la MGEN.
14:43 C'est un sujet qui reste un sujet tabou, un sujet dont on parle difficilement.
14:53 Un tiers des Français disent qu'ils ont des difficultés à aborder le sujet.
14:58 Pour autant, quand on interroge les Françaises qui sont en situation de pré-ménopause ou de ménopause,
15:04 87% d'entre elles disent bien le vivre ou très bien le vivre,
15:10 ce qui montre qu'effectivement il y a un gap entre d'un côté l'image construite par la société et le vécu des femmes,
15:20 et le vrai sujet finalement, ce n'est pas tant la ménopause que le sujet de l'avancée en âge
15:28 et de la discrimination entre femmes et hommes au moment de l'avancée en âge.
15:32 16% des femmes disent avoir déjà caché les symptômes de leur ménopause dans leur vie personnelle ou leur vie professionnelle.
15:42 Donc pour nous, le sujet, ce n'est pas uniquement un sujet de femmes, c'est un sujet de société.
15:48 Ce n'est pas uniquement un sujet médical, c'est un sujet de vivre ensemble.
15:53 [Musique]
15:56 Laurence Rossignol, c'est intéressant ce 87% des femmes qui disent bien le vivre.
16:01 Pensez qu'il y a une forme de retenue dans la réponse, pour ne pas se plaindre ?
16:06 Je suis très surprise de ce résultat.
16:09 Bien sûr, elles vivent avec. Elles ont des troubles du sommeil, mais elles vivent avec.
16:16 C'est-à-dire que ce n'est pas le handicap absolu, ce n'est pas totalement invalidant.
16:19 Elles ne sont pas obligées de se mettre en arrêt de maladie pour passer la ménopause.
16:23 Mais elles serrent les dents.
16:25 Absolument. Ménopause et travail.
16:27 On parle beaucoup, on en a parlé d'ailleurs dans "État de santé", du congé monstruel qui a été adopté en Espagne, on en parle en France.
16:36 Il faudra un congé ménopause ou pas ?
16:38 Avec mes collègues sénatrices d'allégations au droit des femmes,
16:41 on a fait une enquête et un rapport d'information sur la santé des femmes au travail.
16:46 On est arrivé sur les questions à la fois d'endométriose, de règles et de ménopause.
16:51 Ce qui est remonté de notre travail, c'est que c'est un moment où les femmes sont moins énergiques, moins productives,
17:01 c'est plus difficile pour elles, et elles le font dans une indifférence absolue.
17:06 D'abord parce qu'elles ne le disent pas, et puis ensuite parce que leur environnement de travail n'est pas du tout adapté.
17:14 Je pense que c'est intéressant la question que vous posez, de savoir s'il faudrait étendre le congé monstruel à la ménopause,
17:21 parce qu'elles ont besoin aussi de se reposer, elles sont males à un moment donné au travail.
17:27 Encore une fois, il y a des troubles du sommeil qui sont presque communs à toutes les femmes qui ont une ménopause.
17:33 Il y a vraiment beaucoup d'effets de densité variable.
17:38 Et puis une émotivité qui est très forte.
17:41 Une sensibilité.
17:42 Une sensibilité, une émotivité.
17:43 Les femmes vous disent "je me suis mise à pleurer, je ne savais pas pourquoi".
17:47 Dans le travail, quand on est trop émotif, c'est parfois difficile.
17:52 Il y a des traitements. La bonne nouvelle, c'est qu'il y a des traitements.
17:55 Alexia Leperon est allée à l'hôpital Saint-Joseph à Paris,
17:58 qui organise des ateliers ménopause pour mieux former les femmes.
18:02 Aux traitements qui existent, ils existent.
18:05 Et les aider évidemment dans leurs symptômes.
18:07 Reportage.
18:08 Depuis qu'elle est ménopausée, Nathalie souffre d'un symptôme bien connu.
18:17 Les bouffées de chaleur.
18:19 Elle vient s'informer donc sur les traitements existants
18:22 lors d'un atelier ménopause organisé dans cet hôpital.
18:25 Mais elle a des réticences à prendre des médicaments.
18:28 L'idée de prendre un médicament, ça va être problématique
18:32 parce qu'il n'y a pas assez d'informations sur ce qui peut être modifié au niveau du corps,
18:40 et à quoi sert ce traitement.
18:44 Comme elle, de nombreuses femmes se méfient des médicaments.
18:48 Et notamment du traitement de référence dans la prise en charge des bouffées de chaleur.
18:54 Le traitement hormonal de la ménopause, ou THM.
18:58 Tout est parti de cette étude américaine, publiée en 2002.
19:02 Les chercheurs interrompent l'étude, car le THM causera une augmentation
19:07 des maladies cardiovasculaires et des cancers.
19:10 Sauf qu'en réalité, ce risque était surévalué.
19:14 Selon cette gynécologue, on sait désormais que l'étude était biaisée.
19:21 Ce sont des patients qui avaient 63 ans en moyenne,
19:26 donc des patients plus âgés que celles à qui on peut proposer un traitement hormonal de la ménopause en France.
19:33 Et ce sont des patients qui étaient, dans 60% des cas, en surpoids.
19:37 Donc ça aussi, c'est un facteur de risque de faire des cancers du sein, ou des risques thrombo-emboliques.
19:43 Malgré cette mauvaise interprétation, l'étude prend de l'ampleur
19:48 et conduit à une chute de la consommation du traitement.
19:52 De 50% des femmes avant l'étude à seulement 6%.
19:57 Certaines femmes passeraient donc à côté d'un traitement efficace.
20:02 Il y a plein de femmes qui pourraient avoir un traitement hormonal de la ménopause, effectivement,
20:07 si elles le désirent.
20:09 Si nous, médecins, on a estimé qu'il n'y avait pas de risque à ce qu'elles le prennent,
20:14 si c'est nécessaire, si les symptômes sont invalidants,
20:18 il n'y a pas de problème et il y a beaucoup de femmes qui pourraient en avoir besoin.
20:21 Madame ***.
20:23 Bonjour. Rebonjour, suivez-moi.
20:27 Alors, lorsqu'elle rencontre des patientes comme Nathalie,
20:31 le Dr Chelon prend le temps d'en expliquer les risques et les bénéfices.
20:35 Pas d'hypertension, pas de diabète, pas de cholestérol.
20:40 Non.
20:41 Non. Voilà. Si on ne va pas faire plus, alors...
20:45 Car il faut quand même prendre certaines précautions.
20:47 Ok. On peut faire ça.
20:49 Généralement, on aime bien ne pas avoir trop de distance avec le moment où il y a la ménopause
20:54 et on n'aime pas trop après 60 ans.
20:56 Il y aurait des examens à faire avant de discuter de l'instauration d'un traitement
21:00 si c'est vers ça qu'on va.
21:03 Une patiente qui a plus de 60 ans, une patiente qui a plus de 10 ans de l'âge de la ménopause
21:08 ou un terrain particulier familial cardiovasculaire ou même personnel cardiovasculaire
21:13 ou des habitudes de vie, du tabac, un surpoids, des choses comme ça,
21:19 on a peur d'être négatif dans la balance bénéfice-risque.
21:23 Vous, ça vous intéresserait à un traitement hormonal de la ménopause ?
21:26 Est-ce que vous seriez pour ou vous seriez contre ?
21:28 Peut-être déjà faire les examens.
21:31 Et puis après, en fonction des examens, pourquoi pas tester.
21:37 OK.
21:38 Grâce aux arguments de la gynécologue, Nathalie a donc changé d'avis.
21:43 Elle n'est plus complètement opposée au traitement.
21:46 D'accord, de toute façon, je vous retrouve à la fin de l'après-midi.
21:51 Mais le traitement hormonal n'est pas la seule option pour se sentir mieux
21:55 s'il s'avérait qu'elle ne pouvait pas le prendre.
21:58 Voilà. À tout à l'heure. Vous pouvez aller attendre la salle d'attente.
22:03 Cette sage femme propose une solution plus douce, l'hypnose.
22:08 Bonjour mesdames. Bonjour.
22:12 Cette cascade sous laquelle vous avez envie de vous installer
22:18 pour sentir l'eau qui ruisselle sur votre corps.
22:23 En visualisant une sensation de rafraîchissement par l'hypnose,
22:27 il serait possible de maîtriser ces bouffées de chaleur.
22:31 Selon cette étude américaine, les femmes expérimentant l'hypnose
22:35 auraient vu une baisse de 75% de leurs bouffées de chaleur.
22:40 L'hypnose en particulier, avec ce message envoyé à l'inconscient
22:45 dans l'état de conscience modifié que génère l'hypnose,
22:51 va permettre d'induire des changements.
22:54 Merci. Je vous en prie. Je vous en conseille.
22:58 L'hôpital Saint-Joseph est l'un des seuls à proposer une journée entière
23:03 dédiée à la prise en charge des symptômes de la ménopause.
23:06 Merci beaucoup. Au revoir. Bonne soirée.
23:09 Mieux informer les patientes est primordial
23:12 quand on sait que 7 femmes ménopausées sur 10 souffrent de bouffées de chaleur.
23:17 Laurence Rossignol, ça vous parle, cette affaire de traitement ?
23:25 C'est vrai que ça a été très dommageable pour la prise en charge des femmes.
23:28 C'est sûr que la manière dont les vieux mandarins et les vieux barbos
23:32 de la gynécologie médicale et de l'obstétrique se sont rués
23:35 avec une joie sauvage sur cette étude américaine
23:38 pour en déduire qu'il fallait arrêter tous ces traitements
23:41 qui allaient tous donner des troubles cardiovasculaires
23:44 ou des cancers du sein aux femmes qui les prenaient,
23:47 m'a quand même un peu attiré mon attention.
23:49 C'est comme si c'était tellement bien
23:52 que les femmes ne puissent pas avoir un traitement
23:55 qui va leur permettre d'amortir les effets de vieillissement de la ménopause.
24:01 Parce que ça a aussi cet avantage-là, le traitement,
24:04 c'est un effet extérieur, physique, et puis surtout,
24:07 ça permet de nous libérer des inconvénients de la ménopause.
24:12 Et il a fallu beaucoup de travail d'autres gynéco-obstétriciennes
24:17 pour dire "mais attention, ces études américaines,
24:20 elles ne sont pas applicables en France,
24:24 elles ne sont pas exploitables en France aujourd'hui,
24:27 elles sont biaisées et elles ne sont pas pour nous".
24:29 Et encore aujourd'hui, on rencontre de nombreuses femmes
24:34 qui sont restées sur l'idée que ces traitements
24:37 seraient dangereux potentiellement pour elles
24:40 et qu'il vaut mieux ne pas les prendre.
24:41 Mais surtout, on a un autre problème,
24:43 c'est qu'on a une recommandation de la Haute Autorité de Santé
24:46 qui, je crois, date de 2014.
24:50 Et avec mes collègues sénatrices, dans notre rapport,
24:52 ce que nous demandons également, c'est que la Haute Autorité de Santé
24:55 revoie sa recommandation, parce qu'elle est quand même
24:58 très inspirée d'une très très grande prudence
25:00 à l'égard de ces traitements, et que la Haute Autorité de Santé
25:04 réexamine cette recommandation à l'aune de ce que l'on sait aujourd'hui.
25:08 Est-ce qu'aujourd'hui, ils écriraient la même ?
25:10 Et sinon, il en faut une nouvelle.
25:12 - Laurence Ressignol, pour conclure,
25:14 est-ce qu'il faudrait trouver un autre nom à la ménopause ?
25:17 C'est tellement perçu négativement aujourd'hui,
25:19 c'est tellement stigmatisant pour les femmes,
25:22 on se dit "on ne pourrait pas l'appeler autrement".
25:24 - Je ne sais pas quels mots on pourrait trouver pour remplacer "ménopause"
25:27 qui rendent la chose joyeuse et guirette.
25:30 Je pense que plutôt, il faut admettre que la ménopause
25:33 est partie de notre vocabulaire.
25:35 C'est un mot médical, c'est un mot scientifique,
25:38 il dit les choses, il faut que tout le monde l'accepte,
25:40 ce n'est pas un vilain mot.
25:42 - C'est un mot commencé par les hommes.
25:44 Et s'ils parlaient de la ménopause ?
25:46 - Oui, et si on parlait d'eux aussi, de ce qu'ils ne veulent pas dire,
25:49 c'est-à-dire que l'andropause, ça existe.
25:51 - Ah oui, ça peut aussi être un angle sous lequel on pourrait dédramatiser ça.
25:54 - On pourrait se demander si leur refus de prendre en compte la ménopause
25:57 n'est pas une façon de mettre aussi le silence sur leur propre andropause.
26:01 - Voilà, la question est posée, messieurs, vous pouvez répondre.
26:04 Merci beaucoup, Laurence Ressignol, d'avoir été avec nous pour parler de la ménopause.
26:08 Je voudrais signaler que ma consoeur Claire Fournier a mis sur les réseaux
26:13 un podcast qui s'appelle "Chaud devant",
26:15 c'est un podcast consacré à la pré-ménopause et à la ménopause,
26:19 témoignage des experts aussi pour ce programme
26:22 qui est dédié à toutes les femmes de plus de 50 ans,
26:26 mais les hommes aussi peuvent regarder.
26:28 À très vite sur LCP.
26:31 ...
26:44 - LCP, Assemblée nationale.
26:47 En partenariat avec MGEN Mutuelle Santé-Prévoyance,
26:51 vous a présenté État de santé.