L'invitée de la rédaction.

  • l’année dernière
Monique Lemoine, co-présidente du planning familial du Loiret

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Transcription
00:00 A 8h20 sur France Bleu Orléans, Ladyline, nous accueillons notre invitée en direct
00:06 en studio ce matin de côté, c'est Monique Lemoyne, la co-présidente du planning familial
00:10 du Loiret.
00:11 Bonjour Monique Lemoyne.
00:12 Bonjour à toutes et bonjour à tous, c'est contente de vous retrouver sur France Bleu.
00:18 Les auditeurs de France Bleu Orléans bien sûr vous connaissent.
00:20 Alors on parle de ce projet de loi qui va inscrire l'interruption volontaire de grossesse
00:24 dans la Constitution, qui a été présentée hier en Conseil des ministres.
00:28 C'était une promesse d'Emmanuel Macron, il va falloir que ce soit validé par les
00:31 députés et les sénateurs qui se réuniront en congrès à Versailles.
00:35 A priori ce sera le 4 mars.
00:38 Alors sans faire de sémantique Monique Lemoyne, mais le texte parle de liberté des femmes
00:43 et pas de droit.
00:44 Est-ce que c'est une nuance sémantique qui vous déplaît ?
00:49 C'est pas que ça me déplaît mais on a un peu l'habitude quand on veut constitutionnaliser
00:57 les termes ne nous ont jamais vraiment satisfait.
01:00 C'était la même chose pour inscrire l'égalité des femmes et des hommes.
01:04 Nous on voulait que ce soit absolument garanti et c'était simplement favorise.
01:10 Donc là c'est un peu la même chose.
01:12 Or le droit à l'avortement est un droit universel et le fait de le mettre dans la
01:19 constitution nous rassure quelque peu face à ce qui se passe par exemple aux Etats-Unis
01:27 ou en Argentine ou en Russie ou dans d'autres pays où là les femmes sont comme toujours
01:34 malheureusement les premières qui vont bâtir des droits.
01:41 Vous dites que ce sera une avancée historique cette inscription de la constitution, c'est
01:45 pas juste une avancée symbolique ?
01:47 Ah non, pour moi c'est vraiment une avancée historique.
01:50 On l'a demandé, maintenant que ça arrive on va pas quand même bouder le fait que enfin
01:58 même si c'est cette liberté mais la loi de 1975 est là pour garantir aux femmes en
02:05 France le droit à l'avortement.
02:08 Qu'est-ce que ça va changer ?
02:09 Oh vous savez ça va pas changer grand chose dans les faits.
02:15 Je peux vous parler du Loiret si vous voulez.
02:18 Allons-y bien sûr, avec ce planning familial vous êtes la coprésidente.
02:21 Voilà au planning familial il faut quand même savoir qu'en 2022 notre équipe a accompagné
02:27 1066 femmes en demande d'avortement.
02:30 Ensuite on en a physiquement reçu 736 dans nos locaux et au téléphone 330.
02:42 Et au planning familial du Loiret nous faisons les avortements sous médicaments, donc les
02:50 femmes rentrent chez elles et nous en faisons sous anesthésie locale dans nos locaux.
02:55 C'est un peu unique en France.
03:00 Ce sont des chiffres qui sont stables Monique Lemoyne ?
03:03 Oui c'est tout à fait stable et donc en fait il y a 198 femmes qui ont avorté dans
03:10 nos locaux.
03:11 Alors on les accompagne si vous voulez.
03:13 Nous on n'est pas là pour juger.
03:15 On accompagne les femmes, elles viennent, on les met ensemble pour essayer de dédramatiser,
03:24 même si c'est jamais complètement anodin bien évidemment de faire cet acte.
03:28 C'est un choix de femmes, c'est leur corps et c'est elles qui choisissent.
03:33 Mais il faut savoir que chaque année c'est à peu près 198 à 200 femmes qui sont accompagnées
03:40 et qui peuvent avorter en pleine sécurité dans nos locaux avec des salariés qui leur
03:47 parlent, qui les écoutent.
03:49 Est-ce que vous avez assez de moyens ?
03:50 Alors les moyens, attendez, on peut toujours en avoir un petit peu plus parce que oui
03:57 nos salariés, on aurait besoin de plus de salariés justement pour accompagner les femmes.
04:04 Mais parce qu'il n'y a pas que l'avortement bien évidemment.
04:06 Vous me demandiez si ça va changer quelque chose.
04:08 Vous savez que je suis toujours en colère face à l'inertie du gouvernement sur les
04:15 violences envers les femmes.
04:17 Voilà, vous contextualisez, vous généralisez aux droits des femmes dans la société.
04:22 Qu'est-ce que la constitutionnalisation va changer sur les violences ? Rien bien évidemment.
04:27 Or aujourd'hui c'est l'horreur.
04:31 On avait l'impression que depuis MeToo ça y est, ça allait s'arranger, les femmes
04:36 parlaient, mais oui, mais ça ne change pas parce qu'il y a toujours autant de femmes
04:42 qui meurent sous les coups de leurs conjoints.
04:44 Même si la collectivité, si la justice, si… mettent en place des dispositifs pour
04:50 les accueillir.
04:51 Mais ça c'est après.
04:52 C'est après.
04:53 C'est si elles ne sont pas mortes.
04:54 Mais toutes celles qui meurent, imaginez un seul instant, qu'il y ait 150 hommes qui
04:59 meurent sous les coups de leurs compagnes, vous croyez qu'on resterait là où on en
05:03 est aujourd'hui ? Non.
05:05 Ça serait totalement différent.
05:07 Mais là c'est des femmes qui meurent et tout le monde ferme les yeux.
05:12 Alors oui on veut accompagner celles qui ne sont pas mortes, mais c'est un scandale,
05:18 c'est horrible.
05:19 Donc il faut parler de ça en France.
05:21 Il faut que tout le monde se mobilise.
05:23 Vous connaissez tous et toutes dans ce studio des femmes qui n'osent pas dire qu'elles
05:30 sont sous emprise, qu'elles sont battues, qu'elles ne peuvent pas faire ceci et qu'elles
05:34 sont complètement psychologiquement anéantis.
05:39 Et que peut-être un jour ça sera un coup de couteau ou ça sera un étranglement.
05:43 On ne va pas finir sur une note comme ça.
05:47 Alors, on finit sur quoi ? Il faut dire que tout le monde doit se mobiliser.
05:51 Tout le monde.
05:52 Sans aucune pudeur.
05:55 Il faut le dire.
05:56 Il faut aider.
05:58 Et nous rejoindre au planning pour nous aider aussi.
06:01 Avec le moine co-président dans le loirais du planning familial.
06:04 Bonne journée.
06:05 Merci beaucoup.
06:06 Merci.
06:07 La séquence de l'invité, vous pouvez la réécouter à tout moment en ligne sur francebleu.fr

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