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  • 13/12/2023
#Tchad : "Nous ne sommes pas prêts pour la fédération. Beaucoup pensent que la fédération, c'est une scission. Ceux qui prônent le fédéralisme le font parce qu'ils sont frustrés (...) Nous sommes un pays encore très fragile (...) Ceux qui ont opté pour la fédération l'ont fait en ayant des bases qui sont solides. Notre cas est très différent", Mahamat Assileck Halata, porte-parole de la Coalition "OUI", ministre. #Interview

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Transcription
00:00 A mon sens, c'est un bilan positif, même si je dirais que dans l'exercice, la moyennesse
00:12 n'a pas pris tout de suite, étant donné que c'est une campagne où on ne doit pas
00:18 absolument nous apaisantir sur les moyens de l'État.
00:23 L'ensemble des partis politiques et des ex-politico-militaires ont mis en commun leurs forces pour pouvoir
00:31 initier la campagne, battre la campagne dans le sens du but.
00:36 Ça n'a pas été facile du tout au début, parce que, comme vous le savez, dans toute
00:40 campagne, le nerf de la guerre c'est l'argent, allez le chercher.
00:45 Si beaucoup ont spéculé déjà qu'on a utilisé les fonds du Trésor, si c'était
00:50 si facile que ça, on aurait fait quelque chose d'extraordinaire, que ce qu'on a
00:54 fait qui est déjà extraordinaire.
00:55 Mais à mon sens, je suis très satisfait et nous pensons que nous allons pouvoir aller
01:03 pour gagner cette campagne.
01:04 Écoutez, si on veut faire de la mauvaise foi à bonne foi, toutes les explications
01:11 ont été données, dans le sens large, comme au figuré, par rapport à cette campagne.
01:17 Nous l'avons si bien expliqué pour faire la différence entre ce qui est fédéral et
01:22 ce qui est parti, enfin, état unitaire fortement décentralisé.
01:27 Tous ceux qui étaient déjà et ceux qui sont partis en région, avec les renforcements
01:33 qui vont se faire encore sur les deux, trois jours qui restent, nous pensons que oui, la
01:38 population a bénégocé, beaucoup ont adhéré, parce qu'il fallait faire de la pédagogie,
01:44 expliquer exactement pourquoi on veut un état unitaire fortement décentralisé.
01:51 J'insiste sur le terme « fortement décentralisé » parce qu'en somme elle-même, c'est une
01:56 expérience nouvelle.
01:57 Nous sommes pratiquement dans l'antichambre de la Fédération.
02:01 Ceux qui prônent la Fédération, et ça j'en fais, mon expérience personnelle, j'ai
02:06 été aussi à votre place comme un homme de presse, j'écoute les sollicitations des
02:10 gens, les dénonciations des gens.
02:12 Souvent ceux qui vont vers la Fédération le font par antimonie.
02:16 Ils le font parce qu'ils sont frustrés, parce qu'ils sont fâchés ou parce qu'ils
02:20 ne sont pas au centre des choses.
02:23 Or, quand il faut penser république, il faut penser démocratie, il faut penser pays, on
02:29 ne peut pas faire des choses par frustration.
02:31 On le fait en ayant la tête bien entre les épaules, en réfléchissant de fond en comble,
02:38 en mettant son intérêt personnel de côté, il faut mettre l'intérêt du pays en avant
02:43 et c'est ensemble qu'on peut se projeter pour dire « oui, je choisis ça parce que
02:47 voilà mes argumentaires ».
02:48 Vous savez, il y a un grand homme qui a dit « il va avec le vent à un sein de feuille
02:55 morte ». Pas parce que le vent a soufflé, allez on se met à aller, sinon on serait
02:58 emporté par n'importe quoi.
03:01 L'État unitaire fortement décentralisé est notre choix, on l'a dit pourquoi, on
03:06 continue de le dire pourquoi.
03:08 Nous sommes un pays encore très fragile, nous sommes un pays qui ne sort pas de nulle
03:14 part, nous n'avons pas la pérennité aujourd'hui des autres pays de par l'Afrique.
03:19 Toute notre histoire a été jalonnée par des guerres.
03:22 Nous sommes dans des contextes communautaristes, tribalistes, régionalistes.
03:27 Ceux qui ont prôné la Fédération l'ont fait en son temps en dépassant déjà cela,
03:34 en ayant déjà des fondements de base qui sont solides.
03:37 Ils ont opté pour le Fédéralisme comme expérience, ils ne sont pas allés comme ça
03:42 à tâton.
03:43 Nous, notre cas est très très différent, il est très différent dans le sens où on
03:49 ne peut pas absolument accepter d'aller vers le Fédéralisme dans ce contexte-là.
03:54 Mais déjà ce que propose l'État unitaire fortement décentralisé est très très très
04:01 bien comme ça.
04:02 L'État unitaire ce n'est pas depuis 93, c'est depuis 1960.
04:07 Depuis 1970, dites-moi, si je vous prends au mot, quel est le régime qu'il a expérimenté
04:13 jusqu'à la fin ? Vous ne pouvez pas m'en citer un.
04:16 Si vous prenez Tombalvaille, il a été sanctionné par un coup d'État.
04:20 Vous prenez le CSM par la guerre de 80.
04:23 Vous prenez encore 79, sanctionné en 90.
04:28 La mort du maréchal, nous sommes encore dans un autre fait.
04:33 Dites-moi quel est le régime dans notre pays qui a eu la latitude de gouverner tranquillement
04:41 et en expérimentant sa politique ? Il n'y en a pas.
04:44 Je vous dis encore, les réviens, c'est ce que je disais avant, ceux qui prennent cela,
04:50 le Fédéralisme, ils le font par dépit.
04:52 Ils le font parce qu'ils sont frustrés.
04:54 On est écarté, on est lésé.
04:58 Si c'est comme ça, je répare chez moi et là-bas, je peux mieux faire.
05:01 Le réplique identitaire n'a jamais été.
05:04 Certains disent encore, attention, certains disent encore oui, si on continue dans l'état
05:10 unitaire, c'est qu'on veut absolument plébisciter le pouvoir d'une personne.
05:16 Par analogie ou par translation, on dit, ok, on voit le président.
05:23 On n'ose pas le dire, mais on dit oui dans ce cas, par exemple, le président Lamartine
05:26 est présent, il va concentrer l'état unitaire, donc il va concentrer tout entre ses mains.
05:31 Mais c'est faux.
05:32 Les dérogations ou encore les recommandations qui sortent du dialogue national inclusif
05:37 sont explicites.
05:38 Aujourd'hui, on a des chambres bien passées, le CEDA, l'Assemblée, qui ne donne pas aujourd'hui
05:44 la latitude au président de gouverner comme il veut.
05:48 Ensuite, il y a la magistrature suprême avec les magistrats.
05:51 Ce n'est plus le président qui est le président des magistrats.
05:54 Il y a autant d'innovations dans les arcades de l'état unitaire fortement défrontalisé
06:00 qui font qu'on ne peut plus faire ce qu'on pouvait faire avant.
06:07 L'apothéo, c'est que tout cela était animé sur la construction de 1993 où tout le monde,
06:18 de l'avis de tous les experts, et la construction idoine et qui simplement n'a pas été respectée
06:26 comme il le fallait.
06:27 Écoutez, nous sommes dans une démocratie où on respecte le point de vue de tout un
06:32 chacun.
06:33 Chacun est libre de dire "je boycotte", il doit boycotter.
06:37 Celui qui veut dire non, il dira son nom.
06:40 Nous, on veut dire oui, on dira notre oui.
06:43 Et à la fin, c'est le peuple qui sanctionnera.
06:46 C'est autant simple.
06:47 Moi, je n'ai pas d'avis personnel à donner.
06:50 Je respecte la démocratie autant que soi.
06:53 Maintenant, si c'est moi, à ma petite personne, qui doit dire comme ça, je ramasse tout le
06:59 monde, je dis mon oui, là, et puis voilà.
07:02 Mais non, nous sommes dans une démocratie.
07:04 Et ça, je vous le dis encore, beaucoup ne le savent pas.
07:08 Le président de transition que tout le monde essaie de décrire comme si c'était le diable
07:13 en personne, était le tout premier à nous dire.
07:17 Respectons la démocratie.
07:19 Nous sommes un gouvernement de mission.
07:22 Allons vivre vers ce que le peuple nous demande.
07:25 Vous voyez, quand on n'est pas dans l'antichambre, quand on n'est pas dans la chambre, ce qui
07:32 est difficile de l'être, quand on n'y est pas, on raconte toujours ce qu'on veut.
07:37 Nous autres ministres ou encore collaborateurs qui sont là au gouvernement et qui rencontrent,
07:42 on écoute.
07:43 Le message du président est explicit là-dessus.
07:46 Si demain le non doit l'emporter, c'est le peuple qui aura choisi.
07:50 Si le oui emporte, c'est le peuple qui aura choisi.
07:54 Mais simplement, il faut qu'on dépasse le clivage de passion.
07:57 Il faudrait qu'on accepte, nous Italiens, on est habitués à la bagarre.
08:02 Il faut se bagarrer d'abord avant d'accepter.
08:04 Non, il faut accepter le résultat d'où qu'il soit.
08:08 Respecter, c'est déjà réussir.
08:10 Il y a déjà 8 millions d'Italiens sur les 17 millions d'Italiens.
08:15 Ça, c'est la campagne de ceux qui veulent dire "attention, il n'y a pas autant d'électeurs,
08:20 donc attention à la tricherie, etc."
08:23 Généralement, les mauvais présents sont présents les autres.
08:26 Vous voyez ? Les complotistes, les...
08:31 Non, non, non, moi je ne suis pas d'accord.
08:33 Il est clairement établi qu'il y a 8 millions d'électeurs qui iront déposer leur voix dans le sien.
08:40 Ceux qui ne l'ont pas fait par maléfique ou par... comment dire...
08:47 par lenteur de soi ou encore par négligence,
08:51 iront le faire, on a autant de jours, on les a appelés, interpellés, ils iront le faire.
08:56 Moi, je ne suis pas défaitiste, je dis simplement que
09:00 dimanche, quand on aura fini de voter et quand les résultats seront proclamés à ce moment-là,
09:05 on saura si vraiment ce que vous dites là est vrai.
09:08 Mais en amont, nous ne décourageons pas les idées et les esprits.
09:12 Vous savez, quand on est démocrate, un démocrate ne connaît pas ce qui est le plus difficile.
09:17 Un démocrate se dira "je vais me battre pour voir ce qui est meilleur.
09:21 Si je sors gagnant, bravo."
09:23 C'est argument contre argument, idée contre idée qu'on ira faire ça.
09:27 Plebiscit, oui, si lui, il emporte ce que,
09:32 la campagne qu'on aura faite, l'explication, la pédagogie qui a été faite auprès de la population aura réussi.
09:38 Si aujourd'hui le non est dans un pourcentage important,
09:43 c'est que derrière ça aussi il y a un message qu'il faut prendre en compte.
09:46 Mais moi, j'ai dit souvent, le message que les fédéralistes veulent envoyer
09:51 se trouve déjà dans l'état unitaire porte-moi de centralité.
09:56 Quand on dit "il faut donner l'autonomie aux régions",
09:59 quand il est possible peut-être après discussion de faire élire même les gouverneurs localement,
10:04 quand les collectivités locales vont pouvoir s'exprimer individuellement,
10:10 quand la région économiquement, socialement va pouvoir s'imposer identiquement, culturellement.
10:17 Mais on est pratiquement sous la main du champ de la fédération.
10:20 Qu'est-ce que la fédération voudrait encore faire plus que ça ?
10:25 Mais par antimonie, si elle ne l'accepte pas, ce qu'elle veut, c'est que ce pays-là éclate.
10:30 Nous, qu'est-ce qu'on dit ? On dit simplement que nous sommes un pays fragile
10:34 où nous sommes encore assis sur des aspérités clanniques, tribales, communautaires, etc.
10:41 et qu'il ne fallait pas aller encore mettre de la braise dans le cendres.
10:46 D'accord ? Attendons, expérimentons déjà ça, regardons,
10:50 mais dans un contexte d'unification du pays
10:53 et n'allons pas tout de suite dire qu'on veut la fédération.
10:57 Tout ce que tu le dis à un moment.
11:00 Je veux rappeler l'histoire, dans les années 80.
11:04 Certains sont allés jusqu'à proclamer la république de Logan,
11:10 mais Kamougué, autant opposé qu'à M. Sisteme, a dit non.
11:15 Malgré qu'à l'époque la France poussait un peu dans les coulisses.
11:18 S'il a dit non, pourquoi ? Parce qu'il sait.
11:22 Voyez-vous, nous ne sommes pas prêts pour la fédération, il faudrait qu'on se l'entende.
11:27 On ne se l'entend pas parce que simplement on le dénie,
11:30 ou parce que demain il faut concentrer le pouvoir autour de soi,
11:33 non, parce qu'on veut que les différentes richesses de ce pays puissent s'exprimer entre elles,
11:40 sans aller vers une espèce de fédération, etc.
11:44 Beaucoup pensent que la fédération c'est une scission.
11:47 Allez-y demander à une certaine population lambda.
11:50 Pour elle, sa compréhension de la fédération c'est un non, je veux être chez moi, c'est tout.
11:56 Toi Monsal, reste là-bas, toi après, Di Madoum, va chez toi,
12:01 toi Kari, ne viens plus par ici.
12:03 Non, on n'est pas à ça près.
12:07 Nous pensons qu'il ne faut pas aller par là.
12:11 L'état unitaire fortement décentralisé répond à beaucoup de questions,
12:17 beaucoup d'interrogations qui touchent la fédération.
12:21 Ensuite, le temps fera,
12:24 mais dans la paix et la concorde, le temps fera pour que demain on puisse,
12:28 peut-être un jour, si les fondements sont solides,
12:32 dire ok, peut-être que cette fois-ci,
12:34 on va voir ce que la fédération nous propose, mais derrière,
12:40 on aura cimenté le pays, pacifié le pays,
12:43 de façon à ce que toutes ces frustrations qui font que les gens veulent chacun aller chez soi là,
12:48 ne puissent pas être là.
12:50 Moi, j'ai des frères qui sont du côté sud,
12:52 il y a beaucoup de gens du sud qui ont des frères du côté du nord,
12:55 vous voulez qu'on les sépare comme ça ?
12:58 Non, non, moi je pense que non, c'est de faux arguments ça.
13:00 Vous savez, je vais vous dire encore une chose,
13:03 ça a toujours été l'apanage des mauvais pères.
13:09 En Europe, où j'ai beaucoup vécu,
13:11 je vois certains partis crier tout de suite,
13:13 on le sait déjà, c'est pas la peine,
13:15 certains vous disent c'est pas la peine d'aller conclure, on sait déjà les résultats.
13:20 Fraude massive, comment ?
13:22 On crie à la fraude sans avoir vu, sans avoir défini le mécanisme,
13:28 oh attention il y aura fraude.
13:30 Vous voyez les cris d'enfers, on les connait,
13:32 mais ce n'est pas comme ça.
13:34 Allons compétir,
13:36 le candidat fait son campagne,
13:40 nous faisons aussi la campagne,
13:41 et demain on verra bien.
13:44 Je connais M. Fuchsé Massara qui est de l'année,
13:48 je connais M. Fuchsé Massara qui est passé par la même école que moi,
13:51 Siaspo, Paris.
13:53 Je connais son intelligence.
13:56 Si lui, pendant plusieurs moments d'enfant lutte,
14:00 on l'a taxé d'être quelqu'un qui a cherché la division,
14:04 et qui aujourd'hui prend position après réflexion,
14:07 alors j'estime qu'il l'a dit après réflexion,
14:10 allez-y comprendre pourquoi.
14:13 C'est encore un élément important pour ceux qui veulent vivre de la fédéralisme,
14:18 de dire "ah, au moins nous votons oui pour un État unitaire,
14:22 pour que l'on décentralise".
14:24 J'ai aussi écouté,
14:25 des amis de RFI m'ont fait écouter,
14:31 et j'apprécie beaucoup.
14:33 J'estime que,
14:35 et l'intelligence et la trajette, on peut y aller.
14:38 Si j'ai un message,
14:39 c'est que je veux que la chose se fasse dans la joie et la légèreté.
14:43 Nous ne sommes pas des ennemis,
14:45 nous sommes entre compatriotes.
14:47 On peut ne pas être d'accord,
14:49 du tout,
14:50 mais passé le moment du vote,
14:53 on est en famille.
14:54 Aujourd'hui, cette histoire de référendum,
14:57 il lise beaucoup de gens.
14:58 Il y a même dans une même famille,
15:00 des frères, celui-là a dit "oui, ça me renvoie un peu
15:03 au moment des guerres civiles,
15:05 tel frère est dans telle tendance, l'autre est dans l'autre tendance".
15:09 C'est tout simplement une divergence d'idées.
15:13 Nous ne sommes pas d'accord,
15:14 nous avons demandé à aller vers une sanction populaire.
15:19 Le peuple décidera,
15:20 le peuple qui aura décidé,
15:22 et pour moi, et pour mon frère qui est de l'autre camp,
15:26 que cela se fasse dans la joie et la légèreté.
15:29 Je voudrais que cela se fasse sans provocation,
15:33 et que ça se fasse dans la bonne humeur.
15:36 Après tout, tout ce qu'on fera, on le fera pour le tchad.
15:39 C'est le tchad qui doit être bébécité,
15:42 c'est le tchad qui doit être mis en avant.
15:45 Depuis plusieurs années,
15:47 beaucoup de nos compatriotes ont oublié le tchad.
15:50 Ils l'ont mis au placard en pensant à eux d'abord,
15:53 et après le tchad.
15:55 Aujourd'hui, le message que je leur dis,
15:57 le tchad d'abord.
15:58 Respectons notre pays pour que ce pays-là,
16:00 au moins pour une fois, puisse choisir sa constitution
16:06 et se lancer sur les rails du développement.
16:08 Si j'ai un message à leur dire, c'est respect.
16:11 Merci à vous.
16:13 Sous-titrage Société Radio-Canada
16:15 [Bruit de l'espace]
16:17 Merci.

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