Depuis plusieurs mois, des centaines de personnes ont été dirigées vers des "sas d'accueil temporaires régionaux", loin de la capitale. Les associations dénoncent une stratégie d'éloignement, à l'approche des Jeux olympiques.
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00:00 Si les gens refusent de monter dans les bus alors qu'ils vivent dans des campements de fortune aussi misérables ici,
00:04 c'est qu'il y a un problème avec la destination des bus.
00:06 Il fait encore nuit lorsque ces migrants sont délogés de leurs campements.
00:16 L'objectif des autorités, les orienter vers des sas régionaux.
00:21 Mais sur les 100 personnes présentes hier matin,
00:23 seules 16 ont accepté de prendre place dans ce bus qui les emmène à Strasbourg.
00:29 Si ça paraît, je vais monter.
00:31 Si ça ne paraît pas, je ne vais pas monter.
00:33 Strasbourg c'est très loin pour moi.
00:35 Je n'ai pas besoin d'aller là-bas.
00:37 Déjà je travaille ici.
00:38 Pour ça, je n'ai pas d'énergie là-bas.
00:41 Plusieurs associations dénoncent ce dispositif qui viserait selon elles,
00:45 à vider Paris de ces migrants pour les Jeux Olympiques de 2024.
00:50 Depuis avril dernier, plus de 3 300 personnes ont été redirigées vers ces 10 sas régionaux.
00:56 Des centres d'accueil parfois éloignés des grandes villes,
00:58 mal desservis, insalubres et faiblement sécurisés.
01:02 Là en fait on vient d'attendre pendant 2-3 heures
01:04 parce que les gens refusent de monter dans les bus,
01:06 parce qu'ils savent que malheureusement les propositions qu'on leur donne en province
01:10 ne sont pas adaptées à leurs besoins,
01:11 parce qu'en fait souvent après 3 semaines ils se retrouvent à la rue.
01:13 On commence à comprendre qu'à peu près 40% des gens qui vont dans les sas
01:16 finiraient par être hébergés dans le dispositif national d'asile.
01:20 40% c'est évidemment pas assez, ça veut dire que plus de la moitié des gens finissent à la rue,
01:25 mais qui finissent à la rue autre part qu'à Paris.
01:27 Et le problème c'est que quand on est ailleurs qu'à Paris,
01:29 il n'y a pas autant d'associations, il n'y a pas autant d'ONG,
01:31 et il n'y a pas la même communauté aussi pour se donner des coups de main,
01:34 s'héberger quand vraiment il fait trop froid la nuit.
01:36 La plupart des gens veulent rester ici,
01:38 ils ont besoin des ressources qu'il y a à Paris pour vivre,
01:40 il y en a même qui ont du travail.
01:41 Il faut s'imaginer ce que c'est de trouver du travail quand on est étranger et qu'on vit à la rue.
01:45 Si les gens refusent de monter dans les bus
01:47 alors qu'ils vivent dans des campements de fortune aussi misérables ici,
01:50 c'est qu'il y a un problème avec la destination des bus.
01:52 Au final, ils se retrouvent dans une situation pire qui est de vivre en hiver sous ce pont,
01:57 dans ce campement de misère rempli de détritus, c'est ça qu'il faut avoir en tête.
02:00 Arrivé à Strasbourg, ces 16 migrants vont être pris en charge
02:03 pendant trois semaines dans cet hôtel désaffecté.
02:06 Mais selon Médecins du Monde, 60% d'entre eux ne recevront aucune solution d'hébergement.
02:12 Le souci c'est qu'aujourd'hui, il installe ce dispositif dans un contexte
02:16 où il y a très peu de moyens.
02:18 Le problème qu'on a mathématiquement aujourd'hui,
02:21 c'est qu'il y a plus de besoins par rapport à des personnes
02:25 qui sont sans solution d'hébergement
02:28 que de places à leur offrir quand elles appellent le 115.
02:31 De son côté, le gouvernement assure que ces transferts vers les régions
02:35 ne sont pas liés aux Jeux Olympiques de Paris.
02:38 Ils vont donc dans ces sas régionaux, l'ancien hôtel qu'on vient de voir sur ces images.
02:42 Leur situation va être étudiée pendant ces trois semaines
02:45 parce qu'il y a des travailleurs sociaux qui vont leur rendre visite.
02:48 Pour les 84 autres personnes qui sont parties dans le bus d'Île-de-France,
02:52 ils vont dans un centre où leur situation va être étudiée,
02:55 mais c'est seulement pour une semaine.
02:57 Ils sont une semaine à l'abri.
02:59 En fonction de leur situation, ils vont être orientés dans d'autres structures
03:03 ou ils vont être remis à la rue.
03:05 Mais il faut savoir que ces personnes, si elles veulent rester en région,
03:07 c'est parce qu'elles ont du travail ici.
03:08 Sous-titrage Société Radio-Canada