EN DIRECT - Rennes - Voici le couteau avec lequel une élève de 12 ans a menacé de tuer sa prof: "Je suis folle aujourd'hui. J'ai envie de tuer quelqu'un"
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00:00 une professeure par une élève de 12 ans. On l'écoute.
00:02 ... à intervenir auprès du collège des Hautes-Urmes à Rennes.
00:07 Il s'agit donc... La mise en cause est une jeune élève de 5e âgée de 12 ans.
00:14 Les faits se sont passés à l'occasion d'un cours d'anglais
00:18 qui avait lieu de 9h25 à 10h20.
00:22 Et c'est un cours d'anglais en demi-groupe, en demi-classe.
00:26 Et ce matin, le professeur avait choisi de diffuser un film pédagogique.
00:33 Donc c'est à l'occasion, c'est dans ce contexte-là que les faits sont survenus.
00:38 Pendant la diffusion de ce film pédagogique,
00:42 le professeur a constaté que l'élève dont il s'agit était agité,
00:47 levé le bras, le doigt de manière inappropriée,
00:52 puisque les élèves étaient en train de regarder ce film.
00:56 Donc, constatant que cet élève était agité, peut-on dire,
01:01 elle est allée s'asseoir auprès d'elle, au fond de la classe.
01:05 Je précise que c'est une professeure expérimentée
01:09 qui, par ailleurs, se trouve enseigne auprès d'un collège situé en milieu spécialisé.
01:15 Donc c'est quelqu'un, je veux dire, qui est tout à fait en capacité
01:19 d'analyser peut-être plus qu'un autre ce type de situation.
01:23 Donc ce professeur d'anglais, cette dame, a fait le choix d'aller s'asseoir auprès de cet élève
01:30 et de lui demander ce qu'elle souhaitait en levant le doigt.
01:36 À ce moment-là, d'après l'audition qui a pu être faite de cette professeure,
01:42 cet élève s'est confié à elle dans les termes que je vous indique pour être tout à fait précis.
01:48 L'élève lui aurait dit, à ce moment-là, à voix basse,
01:52 "Je suis folle aujourd'hui, j'ai envie de tuer quelqu'un aujourd'hui,
01:57 j'ai envie de tuer les élèves qui ne m'aiment pas et la personne qui est en face de moi.
02:02 Ça s'est passé à Arras et je vais faire pareil."
02:06 Voilà les propos qu'aurait tenus cette jeune élève de 12 ans à son professeur.
02:12 Elle a ajouté, selon ce que nous dit le professeur, qu'elle avait une arme
02:18 et a demandé au professeur si elle souhaitait qu'elle la lui montre.
02:22 À ce moment-là, l'élève a sorti de son cartable un couteau imposant dont voici la photographie.
02:30 Je vous précise que la dimension de la lame est de 17 cm.
02:38 L'élève a donc sorti de son sac, de son cartable, ce couteau
02:46 et à ce moment-là, d'autres élèves se sont rendus compte, je dirais, de la situation.
02:51 Les élèves, d'après ce que nous dit le professeur, n'ont pas entendu les propos que je viens de vous relater
02:58 car l'élève s'était confiée à elle à voix basse dès lors qu'elle était assise à côté de son professeur.
03:05 Donc, à ce moment-là, la professeure d'anglais décide l'évacuation de sa salle et fait sortir les élèves.
03:14 Elle reste, à ce moment-là, je dirais, avec l'élève qui, à ce moment-là, se saisit du couteau et la menace.
03:22 Le professeur sort de la classe avec l'élève menaçante derrière elle.
03:30 À ce moment-là, dans le couloir, les élèves sont devant, le professeur suit derrière avec, dans son dos, l'élève menaçante.
03:41 Une professeure d'espagnol qui faisait cours porte ouverte de l'autre côté comprend qu'il y a une situation tout à fait anormale
03:52 et se rend dans le couloir et agrippe sa collègue, la fait rentrer dans sa propre classe et ferme à clé la porte de sa classe.
04:08 Elle, à ce moment-là, ordonne un confinement de ses élèves qui mettent des chaises, des tables,
04:16 et qui ouvrent la porte pour, comme le prévoient les procédures, ce cas d'espèce.
04:22 L'élève menaçante poursuit son cheminement.
04:27 À ce moment-là, il y a le conseiller principal d'éducation et un médiateur du collège,
04:37 moi j'ai cherché le terme précis, un médiateur du collège, qui entendent, je dirais, une agitation tout à fait anormale et des cris des élèves.
04:48 Donc ils vont au-devant de la situation et montent les étages et se trouvent nez à nez avec l'élève menaçante toujours munie de son couteau.
04:59 À ce moment-là, il lui demande de lâcher son couteau, ce qu'elle ne fait pas, et à un moment donné, elle part en courant et donc ils la suivent.
05:11 Ce médiateur du collège et ce conseiller principal d'éducation poursuivent l'élève de façon, évidemment, à tenter quelque chose.
05:19 Donc ils arrivent tous les deux à neutraliser l'élève, c'est-à-dire à lui enlever l'arme de la main et à la maîtriser.
05:31 Je tiens à rendre un hommage appuyé au courage, au professionnalisme, au sang-froid de l'ensemble de ces personnels de l'éducation nationale
05:45 qui ont, on peut le dire, particulièrement su gérer une situation quelque peu extrême.
05:55 La police, je vous l'ai dit, a été appelée à 9h40 et est venue interpeller cet élève de 12 ans qui avait été, dans les termes que je vous ai indiqués,
06:05 neutralisé, maîtrisé par les personnels de l'éducation nationale.
06:11 Avec l'autorisation du magistrat du parquet de permanence, cet élève de 12 ans a été placé en retenue judiciaire.
06:19 C'est une mesure assez exceptionnelle puisqu'il s'agit d'une jeune enfant, une mesure qui peut durer 12 heures et se prolonger de 12 heures supplémentaires.
06:31 Elle a été visitée par un mélsing-légiste qui a jugé son état compatible avec la mesure de retenue que nous avions autorisée.
06:43 Nous avons ouvert une enquête criminelle pour ces faits sous la qualification de tentative d'homicide volontaire sur personne chargée d'une mission de service public.
06:55 Les investigations sont confiées à la Sûreté départementale de Rennes qui, depuis ce matin, poursuit les auditions de l'ensemble des témoins.
07:05 Et nous employons à, bien sûr, comprendre le contexte de ce passage à l'acte, ce qui est évidemment tout à fait important de comprendre pourquoi cet élève en est venu à ces menaces extrêmement graves.
07:23 Alors, je vous précise que j'ai souhaité qu'un examen médical de nature psychiatrique soit diligenté dès aujourd'hui.
07:35 Et actuellement, cette mineure se trouve au service psychiatrique de l'hôpital Pontchaillou pour faire cet examen psychiatrique qui nous permettra de nous éclairer plus avant,
07:51 je dirais, sur cette situation.
07:55 Alors, s'agissant de la personnalité de cette mineure, cette mineure est...
08:05 C'est une famille de quatre enfants.
08:09 Les parents sont d'origine mongole.
08:11 Ce sont des gens qui sont en France en situation régulière, qui ne sont pas du tout connus des services de police.
08:20 Et je précise qu'il s'agit d'une famille athée et qui, donc, a règne depuis 2012.
08:28 L'un des éléments que nous avons, enfin, qui me semble important de vous indiquer, que nous avons d'ores et déjà pu recueillir, c'est que cette mineure s'était déjà fait connaître, je dirais, pour des troubles du comportement et de la communication.
08:44 Ainsi, entre janvier et juin de l'année dernière, la dernière année scolaire, en janvier, elle s'était déjà présentée à son collège, le collège des Chalets, avec un couteau dans son cartable, mais il n'y avait pas eu, je dirais, de suite dommageable.
09:05 Par contre, il y avait eu d'autres incidents et elle a fait l'objet d'un passage en conseil de discipline au mois de juin, à la suite de menaces verbales et d'injures contre un professeur.
09:22 Et donc, le conseil de discipline avait décidé de son exclusion au mois de juin de l'établissement scolaire.
09:29 L'Education nationale, par ailleurs et en parallèle, avait fait ce que nous appelons des informations préoccupantes au Conseil départemental.
09:39 C'est les procédures tout à fait habituelles dans ce genre de situation, c'est-à-dire l'Education nationale a transmis les informations qui laissaient à penser qu'il y avait besoin d'une évaluation, je dirais, plus globale de la situation de cette mineure.
09:55 Cela a été fait par le Conseil départemental qui a conclu cet été aux besoins d'accompagnement dans un cadre administratif de cette famille, le père notamment étant désireux d'avoir de l'aide
10:09 s'agissant de la mise en place des soins et puis aussi du travail scolaire.
10:14 Cet élève a été rescolarisé dans un nouvel établissement de Rennes, celui dans lequel se sont passés les faits ce matin à la rentrée de septembre.
10:25 Alors, s'agissant des mesures prises, je vous précise que naturellement j'ai eu plusieurs contacts dans la journée avec le recteur ainsi que le directeur académique et que mes services ont saisi l'association d'aide aux victimes,
10:46 bien sûr pour accompagner cette professeure d'anglais en sa qualité de victime dans le cadre du processus judiciaire qui est en cours.
10:58 Bien sûr, cela est un élément qui vient s'ajouter aux mesures très complètes et très importantes déjà prises par l'éducation nationale pour accompagner la communauté éducative.
11:09 Mais naturellement, je laisse M. le recteur vous instruire de ces éléments-là davantage que je ne puis le faire.
11:19 Je vous précise également que nous avons le parquet de Rennes à informer le parquet national antiterroriste de ces faits.
11:26 Comme je dirais, nous le faisons habituellement dès lors que la gravité des faits, dès lors que les circonstances nous invitent à le considérer,
11:40 le parquet national antiterroriste m'a indiqué qu'il, en l'état des éléments que nous avions transmis, ne souhaitait pas se saisir de ces faits.
11:49 S'agissant des suites judiciaires, je vous précise que le Code de justice pénale des mineurs prévoit une présomption de non-discernement pour les mineurs de moins de 13 ans.
12:04 Je vous redis la définition du discernement. "Ecapable de discernement, le mineur qui a compris et voulu son acte et qui est apte à comprendre le sens de la procédure pénale dont il fait l'objet."
12:19 Voilà la définition précise de la loi s'agissant de la notion de discernement.
12:25 Donc présomption de non-discernement s'agissant de cette mineure qui a 12 ans.
12:34 Alors, les capacités de discernement du mineur peuvent être établies notamment par ses déclarations, celles de son entourage familial, l'entourage scolaire, par des éléments de l'enquête, les circonstances de faits et par une expertise bien sûr psychologique et psychiatrique.
12:51 En conclusion, avant de répondre à vos éventuelles questions, je vous dirais que mon analyse, ce soir, est que la dimension psychologique, voire psychiatrique de ces faits me paraît dominante dans le passage à l'acte grave de cette mineure.
13:08 La question de son discernement est, vous l'avez compris, également posée.
13:14 Je suis à 7 heures dans l'attente du résultat de l'examen psychiatrique en cours avant de décider de la suite judiciaire à donner à ces faits. Je vous remercie.
13:25 - Monsieur le procureur, on parlait que c'était...
13:29 - Voilà donc pour cette conférence de presse du procureur de Rennes que l'on vient d'entendre.