Christian Prud’homme, secrétaire du syndicat Force Ouvrière aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg

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00:00 syndicat force ouvrière saisit la justice pour alerter sur la dégradation de la situation aux urgences des hôpitaux universitaires de Strasbourg.
00:06 Alors on reçoit ce matin pour en parler le secrétaire FO Osius. Bonjour Christian Prud'homme.
00:11 Bonjour.
00:11 On sait que la situation est compliquée aux urgences de Strasbourg, ça fait des mois qu'on en parle.
00:15 Vous ce que vous dénoncez ce matin c'est que c'est encore pire que d'habitude.
00:18 Oui effectivement ça fait même des années. Je vous dirais que nous relayons dans les médias la situation
00:25 des urgences mais effectivement depuis quelques mois on voit que la situation s'aggrave et face à cette réalité du terrain
00:32 on se doit de réagir et c'est pour cela que on a saisi la procureure de la république pour dénoncer
00:37 ces faits, cette factualité du terrain pour essayer d'apporter cette lumière ou un éclaircissement judiciaire
00:44 et de trouver des solutions in fine.
00:47 Concrètement ça veut dire quoi la situation se dégrade c'est encore plus d'attente, encore plus de fils d'ambulance ?
00:53 Oui avec des réels risques pour les prises en charge et pour les professionnels qui travaillent dans leur
00:58 exercice professionnel. Pour exemple pas plus tard que hier matin
01:02 un véhicule qui était bloqué dans le SASS à 5 heures du matin a dû
01:06 faire une prise en charge dans le véhicule avec une intubation en direct et ce patient comme il n'y avait plus de place au CHU
01:15 a été reporté sur l'hôpital de Saverne. Donc on fait face à des situations qui ne sont pas acceptables et aujourd'hui
01:22 par cette saisine du procureur de la république de Strasbourg
01:24 on tire un vrai signal d'alarme.
01:27 Est-ce qu'on avait déjà vu ces situations de patients
01:30 soignés sur le parking, soignés dans l'ambulance mais là ça va encore plus loin, on est obligé de les emmener vers d'autres hôpitaux ?
01:34 Oui tout à fait par ce manque de lits et cette impossibilité
01:39 de répondre en fait aux besoins de la population strasbourgienne citoyenne, on est obligé d'arriver à des situations qui sont pour nous impensables
01:48 dans le cinquième CHU de France et on prend, on fait prendre des risques et ça impacte dans les prises en charge.
01:55 C'était le discours des médecins hier matin qui sont en colère eux également et si on n'a pas des drames humains
02:01 tous les jours c'est grâce à leur investissement et à l'investissement des parcs médicaux et de tous les professionnels
02:06 des établissements sanitaires.
02:09 Et on en discute, pardonnez-moi Alice, avec les auditeurs de France Bleu Alsace, il y a Eliane notamment qui nous rejoint.
02:14 Eliane bonjour !
02:15 Bonjour !
02:15 Depuis...
02:18 Eliane !
02:19 Bonjour Eliane !
02:21 Eliane qu'est ce qui vous est arrivé vous ?
02:23 Moi j'avais un problème de santé
02:28 qui est tombé comme souvent le samedi et
02:34 je me suis dit bon ben j'attends lundi, c'était pas
02:39 c'était pas très très grave enfin comme un AVC ou quelque chose comme ça
02:47 donc mais mon médecin m'a appelé il m'a dit non non vous allez tout de suite aux urgences
02:52 il faut pas prendre le risque il y a des risques.
02:56 Et une fausse urgence.
02:58 Donc on m'a emmené aux urgences et
03:02 au NHC et
03:05 Franchement j'ai pensé pauvre France.
03:08 Parce que ?
03:10 Parce que le personnel est très très méritant
03:15 ils travaillent dans des conditions très difficiles mais moi j'ai passé donc je suis arrivé à 20 heures
03:22 on m'a pris en charge mais j'étais sur un
03:28 brancard
03:31 toute la soirée, toute la nuit jusqu'au lendemain matin
03:34 10 heures dans le couloir
03:37 et comme beaucoup on est l'un derrière l'autre c'est un brancard après l'autre dans le couloir
03:45 et pour eux il compte ça c'est des places.
03:48 Oui il y a une sorte aussi de déshumanisation quelque part de
03:51 de la prise en charge mais bien sûr non mais on l'entend Eliane mais donc vous avez passé vous toute la nuit
03:57 sur un brancard lorsque vous étiez allé aux urgences il y a 3 semaines.
04:01 Oui alors j'ai eu une prise de sang
04:03 et
04:05 ils m'ont interrogé ils ont
04:07 rempli un petit dossier médical et c'est tout et le lendemain matin un électrocardiogramme mais
04:14 de toute façon je
04:16 n'étais pas prioritaire je ne pouvais pas faire d'autres examens avant le lundi.
04:21 Eliane on vous remercie de votre témoignage ce matin sur France Bleu Alsace on écoutera Geneviève dans un instant mais on va évidemment continuer de
04:29 d'échanger dans un premier temps avec Christian Prudhomme donc secrétaire FO aux US.
04:35 Christian Prudhomme ce sont des situations qui peuvent très concrètement mettre en danger les patients Eliane là en l'occurrence.
04:41 On est d'accord l'exemple de votre
04:44 témoin est parlant et hier matin quand nous avons fait ce droit d'alerte et bien effectivement il y avait 60 patients pour une capacité de 30
04:52 places donc vous voyez qu'on double la capacité donc c'est un service qui est calibré
04:56 par son architecture pour 30 patients mais aussi par ses professionnels donc vous pouvez pas prendre en charge
05:03 le double de patients avec le nombre de professionnels qui est calibré pour 30 patients
05:08 donc on se retrouve à faire attendre à avoir des risques puisqu'il peut y avoir des difficultés de surveillance
05:13 tout ça peut entraîner des risques pour les patients. Je remercie
05:17 la témoin d'avoir souligné les professionnels méritants
05:23 parce que c'est pour cela que nous notre saisine de la procureure c'est contre X et on le souligne c'est à dire que c'est nous
05:30 on se retourne sur la responsabilité de l'institution de l'ARS Grand Est et du ministère de la santé
05:36 parce qu'on ne donne pas les moyens alors qu'il y a une obligation de moyens dans la fonction publique hospitalière
05:40 on donne pas les moyens pour pouvoir faire face à la demande
05:43 en plus en cette période où on a énormément de
05:46 personnes de touristes de faire face à la demande de soins. Alors la direction elle répond que ce sont des dénonciations
05:52 inacceptables en septembre elle disait même que ok les patients attendent mais qu'ils restent sous la surveillance du personnel médical vous vous dites que c'est faux ?
05:59 Non ce qui est inacceptable c'est la situation c'est tout je rentrerai pas de polémique avec la direction de la comdesus
06:04 parce qu'ils sont sur la forme et pas sur le fond. Sur le fond il n'y a eu que des mesurettes sur un an deux ans
06:11 nous ce qu'on a dit hier on a demandé à ce que la directrice générale vienne sur place pour constater avec nous elle n'est pas
06:16 venue donc à un moment donné
06:18 chacun prend ses responsabilités. Nous nous disons qu'il y a ces difficultés qui sont reconnues par le corps médical
06:24 hier matin le corps médical a dit que les conditions actuelles
06:27 impactaient les prises en charge
06:29 et par deux fois le corps médical a dû aller dans les véhicules pour prendre en charge les patients qui étaient en attente.
06:34 A même l'ambulance ? A même l'ambulance donc non
06:37 la com de la direction des us pour nous n'est pas acceptable. Vous parlez vous parlez de mise en danger
06:43 des patients vous parlez aussi de non-assistance
06:47 au personnel qui sont eux aussi qui aussi se mettent en danger ? En fait effectivement nous sommes un syndicat donc nous ce que nous dénonçons
06:53 c'est les conditions de travail
06:55 entraînent un danger pour nos collègues professionnels que ce soit médecins, soignants et tout
07:01 professionnels techniques et en fait c'est ce danger qui
07:05 engendre un danger dans les prises en charge et dans les difficultés de prise en charge. On va filer à
07:10 Genaud à 7h53 pour retrouver Geneviève. Geneviève bonjour. Bonjour Geneviève
07:15 soyez la bienvenue Geneviève on vous écoute on vous tend le micro vous souhaitez réagir donc sur ce sujet les
07:21 les urgences la situation aux urgences Geneviève nous entendez vous ?
07:25 Oui
07:27 bonjour à vous Geneviève dites nous vous avez vous avez vous avez un mot pour le
07:30 pour l'accueil vous avez vous avez accompagné une personne aux urgences vous ?
07:34 J'ai accompagné une personne donc je rejoins la personne que vous aviez avant moi au
07:40 Et Yann donc il y a quelques minutes qui soulignait effectivement la compétence la patience aussi du personnel soignant c'est votre cas aussi Geneviève ?
07:47 Alors que moi j'ai vu là dedans parce que je me suis un peu promenée là dedans dans les urgences je vois des infirmières oui
07:53 très bien mais après
07:55 Ils sont où les médecins ils sont où j'ai posé la question ils sont où les médecins ?
08:03 Vous avez vu surtout des infirmières
08:05 Là c'est pas encore l'heure ou alors c'était plus l'heure
08:07 ils sont où alors il y a des internes d'accord il y a des internes
08:13 mais les internes c'est des apprentis pour moi ils sont où les médecins ?
08:16 Alors je vais poser la question à monsieur Christian Prudhomme que vous avez là
08:22 Monsieur est-ce que vous ne pensez pas que tout ça le surplus dans les urgences ne viendrait pas des médecins
08:29 généralistes qui ne se déplacent plus chez les gens ?
08:33 Il y en a un sur Aguenau qui se déplace encore chez les gens donc il est sûr quand la personne a un problème
08:40 elle téléphone au SOS médecin là qui vient deux heures après mais bien sûr qui vont dans les urgences
08:47 Alors Geneviève on va laisser Christian Prudhomme répondre
08:51 Oui alors effectivement c'est un fait c'est à dire que la médecine de ville n'est plus la même qu'il y a 15 ans 20 ans
08:58 par contre ce qui nous pose vraiment difficulté et c'est pas cette patientèle c'est les patients qui nécessitent une hospitalisation
09:04 quand ils arrivent aux urgences c'est à dire qui nécessitent un lit par exemple vous prenez sur le CHU de Strasbourg vous avez 200 passages
09:11 par 24 heures il va falloir trouver 80 lits pour des patients qui nécessitent ces lits et c'est ceux là qui posent difficulté et c'est ceux là
09:18 qui vont
09:19 engorger les urgences par contre effectivement
09:21 les patients qui pourraient être traités par la médecine de ville vont attendre plus longtemps ça va poser plus de problèmes
09:27 et ça va effectivement faire un effet on va dire de masse au niveau de la salle d'attente
09:32 mais ils pourraient effectivement être dirigés et c'est l'intérêt de mettre en place des maisons médicales
09:37 et même médecin SOS 15 fait un gros travail et s'ils n'étaient pas présents
09:41 cela aggraverait encore plus la situation dans les urgences mais vraiment la difficulté c'est les lits
09:47 parce que c'est les patients qui ont besoin de lui qui nous posent problème.
09:50 Alors merci à GeneGev de nous avoir appelé
09:52 voilà pour la réponse effectivement des noeuds du problème c'est les lits au mois de juin les US ont
09:57 recruté un bed manager, un espèce de chef d'orchestre pour gérer les lits
10:01 les places disponibles est-ce que ça a changé quelque chose ?
10:03 Ils n'ont pas recruté de bed manager c'est un effet de com' en fait il y a deux cadres qui viennent 15 minutes par jour
10:09 pour faire un recensement des besoins des urgences et qui vont regarder au niveau de la cellule de gestion des lits
10:16 non parce qu'en fait il n'y a pas de fiche de poste réelle sur ce métier et il n'y a pas de pouvoir
10:20 donné à ces professionnels pour que ce soit efficace il faudrait qu'ils aient ce pouvoir coercisif de dire
10:26 aux médecins et aux responsables du service vous prenez ce patient parce que vous
10:31 il est dans les services des urgences et il attend depuis trop longtemps
10:35 or aujourd'hui c'est pas le cas donc quand effectivement parce que c'est notre demande
10:38 il y aura un vrai profil de poste et il y aura vraiment un vrai bed manager sur place
10:43 on pourra peut-être voir une petite évolution de ce côté là.
10:46 - Vous aviez alerté le ministère cet été vous aviez demandé l'ouverture d'une enquête par
10:50 l'inspection des affaires sociales tout ça est-ce que vous avez eu des suites ?
10:53 - Non effectivement alors cet été on a écrit aux quatre derniers ministres de la santé c'est à dire monsieur Véran,
11:00 madame Bourguignon, monsieur Braun et dernièrement monsieur Rousseau en demandant l'ouverture d'une enquête suite aux deux morts inattendus qui sont arrivés le
11:07 17 mars et le 1er septembre 2022
11:09 on a eu de monsieur Braun
11:11 deux lignes en disant qu'il se référait à l'enquête à R.S. Grandesse dont on n'a aucun retour et monsieur Rousseau a répondu par des éléments
11:18 un peu plus que de langage mais c'est des mesurettes c'est à dire il nous parle de maison médicale il nous parle d'études
11:24 mais nous il nous faut des actions aujourd'hui on ne peut plus continuer comme ça on ne peut pas accepter que dans notre CHU
11:30 on soit obligé d'aller dans le véhicule des sapeurs-pompiers
11:33 pour techniquer la personne, la soigner et l'envoyer dans un autre hôpital après c'est juste pas possible.
11:38 - Et vous attendez maintenant de la justice qu'elle agisse merci beaucoup Christian Prédomme.
11:41 - Merci à vous.
11:41 - Vous nous avez parlé ce matin secrétaire de force ouvrière aux hôpitaux universitaires de Strasbourg.

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