Le réalisateur Mathieu Kassovitz est venu nous parler de son nouveau projet, l’adaptation de son film CUUULTE La Haine en spectacle musical.

  • l’année dernière
Transcription
00:00 Ici, c'est Mathieu Casowitz. Il est venu nous parler de son nouveau projet,
00:03 l'adaptation de La Haine en comédie musicale pour les 30 ans de la sortie de son film.
00:07 J'ai été contacté il y a environ deux ans par Farid Ben Laga,
00:11 Yaman Okur et Milly Capelle.
00:15 C'est des gens qui font de la comédie musicale et qui en ont fait pas mal,
00:17 qui ont fait des comédies de Pokora, des choses comme ça, des trucs assez gros.
00:20 Et ils sont venus me voir avec une question que j'ai trouvé assez logique,
00:23 pourquoi il n'y a pas plus de comédie musicale basée sur des histoires urbaines ?
00:27 J'ai toujours pensé que La Haine était un film rap,
00:31 une comédie musicale cachée.
00:33 Et donc, j'ai tout de suite dit oui.
00:35 Et on a commencé à travailler sur le scénario
00:37 et on s'est rendu compte que les scènes venaient les unes après les autres
00:41 d'une manière assez organique.
00:42 Et en quelques mois, on s'est dit que ça valait le coup
00:45 et qu'on pouvait se lancer dans cette aventure qui allait être compliquée et passionnante.
00:51 Concrètement, ça s'est construit d'une manière assez simple et encore une fois organique.
00:54 C'est que chaque scène est une scène un petit peu indépendante des autres.
00:57 Elles racontent toute une histoire, elles ont tout un petit sujet,
01:00 elles ont toute une petite histoire, c'est une petite suite de court métrage La Haine
01:03 qui est rythmée par les heures qui sont affichées.
01:05 Mais s'il n'y avait pas les heures qui étaient affichées,
01:07 honnêtement, vous vous demanderiez ce qu'on vous raconte.
01:10 Et là, on s'est rendu compte qu'en reprenant ces scènes vraiment d'une manière très simple,
01:15 qu'est-ce qu'on veut exprimer dans cette scène ?
01:16 Quelle est la musique qui pourrait y correspondre ?
01:18 On a vraiment étendu les scènes qui existent en fait dans le film.
01:22 On les a étendues avec de la musique qui parfois donne une explication sous un autre angle.
01:26 Il y avait certaines scènes où je me posais,
01:28 où j'ai quand même laissé beaucoup de points d'interrogation dans ce film,
01:31 que ce soit la fin, que ce soit l'histoire avec le petit vieux, que ce soit la vache,
01:34 que ce soit pas mal de trucs où on se dit "mais pourquoi il y a ça, pourquoi il y a ça, pourquoi il y a ça ?"
01:38 Là, on va pouvoir en fait donner un petit peu d'explication,
01:41 sans être dans la leçon, mais juste dans l'amusement avec la musique
01:45 qui va pouvoir donner encore une fois un autre angle sur la scène.
01:49 Pour le casting, ça s'est passé encore une fois d'une manière très naturelle.
01:53 J'ai été contacté par Yasmina Zaidi,
01:57 qui m'a dit "je veux faire le casting du projet" dès qu'elle en a entendu parler.
02:00 On s'est mis sur le casting il y a environ un an.
02:03 On a vu environ 3000 personnes.
02:06 On cherchait des gens qui étaient le plus polyvalents possible
02:09 entre tous ces différents arts que la comédie musicale représente.
02:13 Et on a trouvé trois qui nous correspondent bien
02:16 et qui font une bonne passe de relais entre les anciens et le nouveau Hubert, Saïd et Vince
02:22 qu'on va vous présenter.
02:24 Le premier livret, on a été vraiment découpage du scénario
02:27 et de les mettre sous forme de qu'est-ce qu'on peut y faire, qu'est-ce qu'on y voit,
02:32 enlever les descriptions cinématographiques et garder juste les dialogues.
02:35 Et après, on a un peu tout réécrit, mais on s'est rendu compte en travaillant avec les acteurs
02:39 que le travail sur les bases du texte qui était dans le film
02:44 fonctionne tout à fait aujourd'hui et ce serait dommage de les changer
02:47 parce qu'on est tous habitués, même moi, j'ai réécouté les acteurs
02:50 et je prenais du plaisir à entendre ces phrases qui ne sont pas les phrases les plus connues,
02:53 mais malgré tout qui font partie du charme du film et qui font partie de sa structure.
02:58 Ce qui m'intéresse dans ce projet, c'est que c'est quelque chose de nouveau
03:01 que je n'ai jamais vraiment vécu.
03:04 Ce qui m'intéresse, c'est le partage des responsabilités, le partage de la créativité.
03:08 Parce que quand on est réalisateur d'un film, il y a généralement le réalisateur
03:11 et ensuite il y a les acteurs et ensuite, si on a de la chance, il y a un producteur,
03:14 mais sinon, ça descend un peu comme une pyramide.
03:17 Là, on avance vraiment au même niveau que ce soit les producteurs, que ce soit les chorégraphes,
03:21 que ce soit... J'ai un travail avec Serge Deloncourt aussi,
03:24 qui est un metteur en scène canadien, qui fait vraiment de la mise en scène théâtrale
03:27 que je ne connais pas, le live, comment gérer le live, comment gérer la rythmique du live, tout ça.
03:32 On avance tous un petit peu en ligne pour arriver à ce qu'on coordonne
03:36 tous ces différents corps de métier et qu'ils se rejoignent tous dans notre projet commun.
03:42 Mon travail, c'est de faire respecter au maximum l'oeuvre originale,
03:47 de la transférer de la manière la plus naturelle possible,
03:51 assurer le rythme, parce que le spectacle va être un spectacle qui va durer 90 minutes,
03:55 qui va être rythmé comme un film, où le spectateur ne va pas pouvoir
03:59 faire autre chose que regarder ce qui se passe.
04:01 On va passer d'un plan à un autre, on va avoir un montage comme dans un film réel
04:05 et m'assurer tout ce qu'il y a sur les écrans, parce qu'on va avoir des écrans
04:08 qui vont raconter aussi l'histoire, qui vont faire partie du décor.
04:11 L'ambition artistique, c'est d'arriver à faire un spectacle qui est un mélange
04:15 entre le cinéma et le live, c'est de mettre le spectateur dans la place de la caméra
04:19 et donc de jouer avec son oeil, de jouer avec sa perspective,
04:22 de jouer avec les parallaxes, de jouer avec les fondus,
04:25 de jouer avec les passages de points et tout ça.
04:28 Et c'est quelque chose que, voilà, ça c'est très très excitant.
04:31 Si on y arrive, c'est super, si on n'y arrive pas...
04:33 On a un truc un petit peu complexe, c'est que nos trois personnages principaux
04:40 ne sont pas forcément ceux qui vont le plus s'exprimer à travers la musique,
04:45 leurs histoires, parce qu'eux, ils ont des dialogues, ils ont leurs choses.
04:48 Et c'est surtout, encore une fois, c'est des petites scènes qui arrivent,
04:51 c'est des personnages qui viennent de l'extérieur.
04:53 Donc on va former ces jeunes acteurs à pouvoir rapper, danser, chanter.
05:00 Et ils savent déjà jouer, c'était la base.
05:02 La haine n'avait pas de musique de film, elle avait une musique,
05:05 la musique qu'on entend dans les radios, la musique qu'on entend dans une voiture,
05:08 mais pas de musique de film en elle-même.
05:10 Là, on a 90 minutes de musique de film qui va être mélangée avec...
05:14 On a Cut Killer qui s'occupe de tout ça avec nous,
05:16 on a Pouf qui est un producteur qui va aussi gérer l'ensemble de la musique avec nous.
05:21 Et on est allé chercher, en fait, tous les artistes qui sont soit là déjà depuis 20 ans,
05:26 soit qui vont être là pendant les 20 prochaines années,
05:29 parce qu'on a besoin de faire un spectacle qui soit pérenne.
05:31 On ne va pas chercher à faire des "one hit wonders" au niveau musical,
05:35 on ne va pas être dans la mode, on ne va pas être dans le courant du moment,
05:38 on va être dans ce que la musique a de plus fort,
05:42 au-delà du temps et de la mode.
05:46 Le planning, c'est qu'on a déjà deux ans de travail derrière nous,
05:49 on a bien avancé, on a fini le casting,
05:51 on a tout réglé au niveau de ce qui est des options techniques,
05:57 et à partir de janvier, juste après les fêtes,
05:59 on rentre dans le dur, on commence les répètes,
06:01 on a les lieux, on commence à travailler sur les problèmes techniques,
06:05 on a le budget, on a tout.
06:07 On a tout un travail avec la fabrication des musiques en parallèle,
06:11 on a tout un travail de janvier à juin,
06:15 qui est de mettre en place tous les problèmes techniques,
06:19 régler tous les problèmes techniques, régler les problèmes de budget,
06:21 justement, voir toutes les contraintes qu'on va devoir assumer,
06:25 et puis finir de réunir l'équipe,
06:27 et à partir de mai-juin, on va commencer à rentrer dans les vraies répètes.
06:33 Moi, j'ai tout le travail que je dois faire avant sur la vidéo.
06:37 On va travailler sur des choses différentes,
06:38 on ne va pas forcément faire un film réel qui va être diffusé derrière,
06:43 on va faire des choses qui sont beaucoup plus interactives,
06:45 et que, encore une fois, je n'ai jamais vues,
06:47 donc on se lance dans des trucs un petit peu complexes.
06:51 *musique*
06:52 Colmini !
06:53 *musique*

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