LIGNE ROUGE - "N'importe quoi", le premier succès de Florent Pagny en 1988
Il luttait depuis deux ans contre un grave cancer du poumon. Florent Pagny est aujourd'hui en rémission et annonce même une nouvelle tournée dans trois ans. L'artiste à la voix de baryton et aux nombreux tubes s'est toujours relevé des coups durs qui ont jalonné sa carrière. Attaqué par la critique, boycotté par les médias, à la rue faute de revenus, en guerre contre le fisc pour fraude fiscale… Il a traversé plusieurs descentes aux enfers avant d'être finalement considéré comme l'un des artistes préférés des Français. Ce documentaire inédit donne la parole à celles et ceux qui ont jalonné sa vie, qui sont derrière ses plus grands succès et les moments clés de sa carrière. “Florent Pagny, confidentiel”, un reportage signé par Yves Couant, Jérémy Muller, Élodie Noiret et Philippe Orlinski.
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00:00 -Voici Florent Pagny qui nous interprète n'importe quoi.
00:05 -Florent.
00:07 C'est d'abord l'histoire d'un succès fulgurant qui ne va durer que deux ans.
00:13 En cette année 88, un OVNI en perfecto fait une entrée fracassante dans la variété française.
00:19 -Dis-moi pourquoi t'es comme ça, pourquoi ça va pas, pourquoi t'essayes pas, pourquoi tu veux pas.
00:33 A 27 ans, Florent Pagny triomphe avec sa première chanson qu'il a lui-même écrite et composée.
00:39 N'importe quoi, un hymne anti-drogue qui raconte les ravages de l'addiction.
00:44 -Ah non crois pas, je vais rester planté là, à te voir mourir dans tes délires, me regarder faire n'importe quoi.
00:58 -Un cri du coeur quoi, c'était ça qui touchait, c'était la sincérité, le sujet, parce qu'il est pas arrivé en chantant une bluette quoi.
01:05 Et il frappe fort avec un titre voilà qu'on remarque et il avait un look aussi, voilà cette gueule d'ange avec sa boucle d'oreille, son cul.
01:14 Et cette voix opératique, ça ça n'existait pas.
01:24 Un succès décoiffant.
01:29 Mise en musique par son influent producteur Gérard Louvain ainsi que Carmen Boucher, sa manageuse de l'époque.
01:36 -Ça marche, on en vend comme des petits pains, on en vend je me souviens c'était entre 13 et 17 000 par jour.
01:42 -Vous voyez les fans qui envoyaient des... Je recevais des lettres, des lettres, des lettres, c'était un truc de fou hein, mais vraiment.
01:52 Sa chanson est matraquée sur les ondes et Florent Pagny s'envole dans un tourbillon de promotion.
02:03 -J'étais submergée d'appels, d'émissions de télé, de radio, pour faire des interviews, la presse.
02:09 -Florent Pagny rentre, grâce à n'importe quoi, un peu dans la cour des grands. C'est le chanteur qui monte, le jeune talent.
02:19 Et ce jour-là, le chanteur célèbre son succès dans l'émission Star de TF1. Sacrée soirée qui rassemble alors jusqu'à 10 millions de téléspectateurs.
02:28 -C'est peut-être pas ce que vous visiez dans votre carrière non ? Le top 50.
02:32 -Le top 50, je crois qu'à chaque fois qu'on fait une chanson, on a peut-être envie d'y arriver. Maintenant d'arriver premier au top 50, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de chanteurs qui peuvent dire "je vais être premier avec une chanson".
02:40 -Vous ne savez pas que j'ai ce cadeau pour vous. Et c'est un petit peu une surprise. J'ai votre premier disque d'or que vous allez accrocher chez vous, regardez. Il est pour vous.
02:49 *Applaudissements*
02:58 -Il y va de sa quille de larmes. Merci Florent.
03:00 -C'est un beau moment quoi.
03:02 Mais ce succès va s'enrayer alors que le style musical de Florent Pagny commence à être pris en grippe par une partie de la critique.
03:10 -Il y a cette image d'adolescent rebelle qui ressort avec ses chansons suivantes. Il y a un texte très très adolescent qui est "laissez-nous respirer". Il se révolte contre des gens qu'il nomme pas.
03:24 *Musique*
03:38 -Avec cette chanson qui s'en prend naïvement aux gens de pouvoir, les critiques fusent.
03:43 *Musique*
03:45 -Yves Bigot est alors journaliste à Libération. Il va être l'un de ses plus féroces détracteurs dans ses chroniques.
03:51 -Je trouve que c'est vraiment mal écrit, que c'est vraiment vulgaire. Je trouve ça populiste, de mauvais goût.
04:02 -En plus vraiment tellement à contre-courant de cette époque, qui est une époque plutôt quand même un peu d'euphorie, d'époque progressiste.
04:10 -Messieurs les plus chiants, messieurs les plus grands, etc. On dit mais ça c'est un truc, on n'avait pas entendu ça depuis les années 50 quoi.