Salhia Brakhlia rencontre les Essentielles de notre société

  • l’année dernière
Mode Portrait c'est le nouveau format d’interview avec des invités influentes d’internet, qui fédèrent d’importantes communautés et qui s'en servent pour porter une cause ou partager leurs passions.

Mode portrait c'est 1 épisode par semaine sur myCANAL. 

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Transcription
00:00 - Ma mère, c'est mon exemplaire.
00:01 - Je vais pleurer.
00:02 - Non mais ça fait peur.
00:03 - Depuis que je suis toute petite, j'ai vu bosser.
00:07 Tous les matins, Salia Braclia interviewe des politiques dans la matinale de France
00:11 Info.
00:12 Mais cette fois, elle a voulu donner la parole à des femmes qu'on ne voit pas souvent,
00:14 mais qui exercent pourtant des métiers essentiels.
00:16 - Tu viens de sortir un livre qui s'appelle "Essentiel" sur des femmes qui font des métiers
00:20 essentiels.
00:21 Qu'est-ce que c'est ?
00:22 - Là, dans le livre, il y a 13 femmes, soit une caissière, une auxiliaire de vie, une
00:27 juge d'instruction, une surveillante pénitentiaire.
00:29 Il y en a plein autour de nous et on ne les remarque pas forcément.
00:31 - Est-ce que dans tous les métiers que tu as rencontrés pour ce livre et ce podcast,
00:35 est-ce que tu t'es dit "Ah, ce métier-là, j'aurais pu le faire, j'aurais bien aimé
00:38 le faire" ?
00:39 - Ce qui est génial avec ce livre, c'est que toutes les femmes que j'ai rencontrées,
00:43 à la fin, je ressortis en me disant "Oh, c'est génial ce qu'elle fait".
00:46 C'est que des femmes tournées vers les autres.
00:48 Et donc, quand elles te racontent leur métier avec passion, avec courage, avec fierté,
00:55 tu ne peux que les respecter en ressortant.
00:57 - La caissière Bénédicte, elle, à son poste de caisse, c'est un baromètre de la société
01:02 française.
01:03 En période d'inflation, elle a tout vu.
01:04 Elle a vu les gens qui étaient en craquage, qui étaient fâchés, les gens qui restaient
01:08 au bout de la caisse pour vérifier chaque fontime du ticket, pour voir si à un moment,
01:14 ils ont trop payé.
01:15 - C'est ça, parce que toi, tu as l'habitude d'interroger des membres du gouvernement,
01:18 des politiques qui font la langue de bois, des gens qui parlent des Français, qui gouvernent,
01:24 mais qui souvent sont très loin d'eux.
01:25 Est-ce que tu as eu l'impression d'apprendre plus de choses au contact de ces 13 femmes
01:30 sur les situations du pays que par les interviews médicales du matin ?
01:34 - C'est deux exercices totalement différents.
01:36 Les politiques, ils ont une vision d'ensemble.
01:38 Et donc, ils donnent des orientations.
01:40 Ils expliquent des réformes qui vont concerner la grande majorité, tous les Français.
01:44 - Les enfants pourront aller à l'école aussi ?
01:46 - Oui, bien sûr, les enfants pourront aller à l'école.
01:48 Ils recevront l'ADA également.
01:50 - 2000 euros net ?
01:51 - Donc, 2000 euros pour les débuts de carrière.
01:54 Et puis ensuite, une grille.
01:55 - Quand ?
01:56 - À partir de septembre.
01:57 - Il faut demander des comptes à ceux qui nous gouvernent, parce qu'ils sont à notre
01:59 service, parce que ce sont nos infos qui les payent.
02:01 Et donc, il n'y a pas de raison à ce qu'on n'ait pas les réponses aux questions qu'on
02:05 pose.
02:06 Les femmes que j'interview dans le livre, elles, elles sont sur le terrain, elles sont
02:08 dans le concret.
02:09 Et elles ont l'émotion en plus.
02:11 Tu vois ?
02:12 Elles ont le quotidien qui les frappe comme ça.
02:17 Et c'est concret.
02:18 Quand Corinne, l'auxiliaire de vie dans le livre, elle me raconte pourquoi être auxiliaire
02:23 de vie dans un EHPAD.
02:24 C'est juste surhumain, quoi, en fait.
02:26 Ça, c'est concret.
02:27 Ça, c'est la vie des Français.
02:28 Elles sont essentielles.
02:29 Ce qu'elles font dans la société est essentiel, mais elles ne demandent pas à avoir la parole.
02:34 Or, la reconnaissance, elles en manquent.
02:36 Elles en manquent dans le regard de la société, parce qu'on ne les calcule pas.
02:40 Et puis, elles en manquent aussi au niveau de la rémunération.
02:42 Pour la plupart, elles sont très mal payées pour ce qu'elles font, pour ce qu'elles
02:45 apportent à la société.
02:46 Étant dans une ZEP plus jeune, je n'ai pas eu accès à ça.
03:03 J'aurais aimé effectivement avoir des profils comme ceux de Catherine, Lucie ou Michaëla
03:06 qui viennent nous parler de leur métier.
03:08 Ça donne envie, en fait, d'avoir quelqu'un qui parle du métier.
03:11 C'est trop cool.
03:12 On a hâte de les voir.
03:13 On y va ?
03:14 Rien n'est impossible.
03:15 Même si vous venez d'un lycée de banlieue, ne vous laissez pas bloquer dans vos ambitions.
03:22 Quand vous avez envie, on ne peut pas vous arrêter.
03:23 Donc, c'est le message.
03:24 Merci beaucoup.
03:25 Pour devenir chercheuse, est-ce qu'il y a besoin de faire de nombreuses études ou
03:31 c'est plutôt un parcours court ?
03:32 Moi, je suis peut-être celle qui a fait le plus d'études dans mon laboratoire, mais
03:36 ça dépend de ce qu'on a envie de faire.
03:38 Tes études, c'est quoi ? T'as combien d'années d'études après le bac ?
03:40 Elle est obligée de réfléchir.
03:43 7 + 4 + 8.
03:45 Vous pouvez le faire.
03:46 Faut se dire ça.
03:47 Vous pouvez le faire.
03:48 Je voulais savoir, comment arrivez-vous à faire en sorte que votre vie professionnelle
03:57 n'impacte pas votre vie personnelle ?
04:00 On n'arrive pas tellement.
04:01 On n'arrive pas tellement et c'est pour ça que j'ai quitté la crime, parce que
04:05 j'ai passé toutes ces années à ne pas dormir, à faire des nuits blanches, à penser
04:10 à son victime, à penser aux gens, à penser à tout ça.
04:13 Et je peux vous dire un secret, parce qu'il n'y a quasiment que des filles ici.
04:16 Les femmes sont beaucoup plus courageuses que les hommes.
04:18 Clairement.
04:19 Et ça, je vous l'affirme.
04:21 Depuis 23 ans, je le vois au quotidien.
04:23 Tu dédies le livre à ta maman.
04:27 Est-ce qu'elle faisait un bêtise à son fils ?
04:29 Elle a la retraite, mais ma mère, c'est mon exemple.
04:31 Je vais pleurer.
04:34 Déjà ?
04:37 Je vais pleurer direct.
04:39 Non, mais elle m'émeut.
04:40 Alors, je vais parler ce matin.
04:43 Je lui ai dit que je faisais cette interview.
04:44 Tu as du pot, c'est super.
04:47 Elle m'a mis un parce que...
04:49 Depuis que je suis toute petite, je n'ai plus bossé.
04:53 Elle a fait plusieurs métiers.
04:55 Elle a fondé avec mon père, elle a créé une boîte de transport où elle livrait
05:00 des colis, mère de famille, 7 enfants, et je la vois partir tous les matins, mais
05:05 à l'aube, quoi.
05:06 C'est-à-dire que moi, avant que j'aille à l'école, elle est déjà partie.
05:08 Je reviens, elle rentre à 21h.
05:09 Et ce courage, tu vois, ce courage et ce discours avec mes parents, qu'ils ont toujours tenus,
05:15 c'est un, l'école, c'est hyper important, c'est comme ça qu'on fait sa place dans
05:19 la société, et puis après, le mérite.
05:21 En fait, il faut travailler pour mériter ce qu'on a.
05:24 C'est le discours que nos parents nous ont tenus à tous, aux sept, et du coup, on s'est
05:29 déchirés, quoi, à l'école.
05:30 Et c'est comme ça qu'en fait, à la fin, on peut avoir ce qu'on veut et faire ce qu'on
05:33 veut.
05:34 En fait, être libre.
05:35 C'est ça qui est bien, je trouve, dans les métiers, parce qu'on a souvent tendance
05:37 à penser que ces métiers, c'est des métiers qui sont hors-sum.
05:40 En fait, c'est pas que ça, il y a aussi la valeur du travail, la valeur d'être
05:44 heureux de se lever le matin.
05:45 - Toutes ces femmes-là, elles sont méritantes.
05:47 - Oui, voilà, c'est ça.
05:48 - Et ce métier-là, elles le font avec fierté.
05:50 Anne, qui est boueure à Paris, elle a choisi d'être boueure à plus de 50 ans.
05:54 Elle me dit "moi, j'ai choisi ce métier, j'ai été ultra contente d'avoir réussi
05:58 le concours à Paris", et elle se dit "ben voilà, c'est ma fierté, en fait".
06:01 D'ailleurs, elle me dit "mes filles sont fières de moi".
06:04 Et quand elle te le dit, elle a des étoiles dans les yeux.
06:07 Et donc tu te dis "mais c'est quoi ces clichés qu'on a dans la tête ?"
06:11 Et puis t'as pas besoin de gagner 15 000 euros, ou alors passer à la télé tous les jours
06:15 pour dire "j'ai réussi dans la vie".
06:17 Ce qui est intéressant, c'est de montrer ton utilité.
06:19 Et elle, elle sait à quel point elle est utile à la société.
06:21 - Est-ce que toi, ça vient de ta conscience que tu fais un médecin-infecteuse ?
06:25 - Je me pose la question.
06:27 Et en fait, je me rends bien compte de mon utilité quand il y a des moments de tension
06:32 dans la société, quand il y a des faits d'actualité qui exacerbent les divisions.
06:36 Surtout pas donner ton avis.
06:38 T'es pas là pour ça.
06:39 En revanche, t'es là pour donner une information fiable avec beaucoup de rigueur.
06:43 Moi, je suis journaliste, je donne juste l'information.
06:46 Voilà ce qui se passe au jour le jour.
06:48 Et là, je pense que je suis un peu utile.
06:51 [Musique]

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