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00:00 [Musique]
00:09 Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous retrouver dans The Good Talks.
00:13 Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Christophe Salmon.
00:16 Bonjour Christophe.
00:17 Bonjour Émilie.
00:18 Vous êtes directeur du mécénat du groupe Crédit Mutuel Alliance Fédérale
00:22 et également délégué général de la fondation de ce même groupe.
00:26 Pour commencer, est-ce que vous pouvez peut-être nous citer les quelques chiffres clés
00:31 du groupe Crédit Mutuel Alliance Fédérale ?
00:33 Oui, alors peut-être vous parlez du groupe Crédit Mutuel Alliance Fédérale
00:36 qui est un groupe original, puisque mutualiste et coopératif.
00:40 Il est détenu par ses sociétaires, donc détenu par les caisses locales de crédit mutuel
00:45 qui elles-mêmes se sont regroupées au sein de fédérations, il y en a 18 en France
00:49 et 14 de ces fédérations se sont regroupées autour de ce qu'on appelle Crédit Mutuel Alliance Fédérale
00:55 qui regroupe aussi toutes les filiales du groupe et notamment le CIC,
00:58 notamment les assurances du crédit mutuel.
01:00 Ça fait beaucoup de monde.
01:01 Ça fait beaucoup de monde, ça fait 75 000 collaborateurs en France et à l'étranger.
01:07 Ça fait aussi 16 500 élus mutualistes, donc qui accompagnent nos actions,
01:12 soutiennent nos actions et finalement dirigent le groupe.
01:16 Un groupe qui est entreprise à mission depuis 2021.
01:20 Oui, on est devenu la première banque entreprise à mission.
01:25 On s'est fixé une raison d'être, ensemble écouter et agir.
01:30 Et donc on essaye de l'appliquer dans toutes nos activités,
01:34 que ce soit nos activités commerciales, en proximité du client,
01:37 mais aussi dans nos activités philanthropiques ou de mécénat.
01:40 Ça fait beaucoup de monde quand même pour co-créer, ce n'était pas compliqué de le faire ?
01:44 Non, parce que les évidences émergent quand vous consultez énormément de monde.
01:51 Et ça nous a permis de centrer nos priorités sur le client
01:55 et de définir peut-être avec plus de pertinence nos ambitions et nos engagements.
02:01 Alors, je le disais, vous êtes délégué général de la fondation du groupe Crédit Mutuel Alliance fédérale.
02:06 Est-ce que vous pouvez nous expliquer en quoi ça change d'être une fondation d'un groupe mutualiste ?
02:11 Peut-être justement parce qu'on applique concrètement notre raison d'être, ensemble écouter et agir.
02:18 Notamment, on a beaucoup travaillé sur le ensemble.
02:20 Notre fondation, elle n'est pas hors sol, ce n'est pas le seul outil philanthropique du groupe.
02:27 Ça s'appuie déjà sur ce qui est fait localement, sur toutes les initiatives de proximité
02:33 qui sont faites en soutien des associations locales.
02:35 Mais nous manquait finalement un outil pour continuer d'accompagner, par exemple, des associations dans leur SMH,
02:44 pour accompagner des plus gros projets et c'est ce qu'on a mis en place avec la fondation.
02:48 Et sa particularité, par exemple, c'est qu'elle est gouvernée par les élus mutualistes et par des collaborateurs
02:56 qui ont fait acte de candidature pour rejoindre des commissions
03:00 et qui décident eux-mêmes des projets qui sont soutenus par la fondation.
03:03 Ça représente combien de personnes, du coup ?
03:05 Alors, ça représente, on a fait deux commissions de 13-14 personnes,
03:09 une commission sur l'environnement, une commission sur la solidarité et les territoires.
03:14 Et ce sont des gens de tous horizons, de toutes filiales, élus, mutualistes, collaborateurs,
03:19 qui se réunissent au sein de ces commissions et qui travaillent bénévolement
03:23 pour définir les projets qui sont soutenus par la fondation.
03:26 Et les projets, il y en aura beaucoup, puisqu'ils vont être alimentés, renforcés par plus de moyens,
03:36 rendus possibles par une initiative que vous avez prise début 2023, qui est le dividende sociétal.
03:43 Est-ce que vous pouvez nous parler de cette initiative,
03:46 qui a été primée d'ailleurs par le Grand Prix de la Goude Economie 2023,
03:49 qui est une initiative prise, je crois, à ce jour par deux groupes en France ?
03:54 Trois, puisque la MAE, on l'a appris récemment, a rejoint cette initiative
03:59 et a aussi mis en place une mesure de ce type-là.
04:02 En plus de Maïf, du coup.
04:04 Exactement, que de plus en plus d'entreprises rejoignent finalement cette initiative,
04:08 ça va dans le bon sens.
04:10 Effectivement, c'est un dispositif innovant, c'est surtout fort,
04:14 dans la mesure où c'est la décision d'affecter chaque année une partie de notre résultat
04:19 à des initiatives solidaires ou de transition environnementale.
04:23 Et quand je dis une partie de notre résultat,
04:25 nous on a pris la décision d'affecter 15% de notre résultat.
04:28 Je crois que c'est le plus gros pourcentage des entreprises engagées sur le dividende sociétal.
04:34 15%, ça représente pour cette année 2023 ?
04:37 Ça représente 525 millions d'euros.
04:39 C'est quand même conséquent.
04:41 C'est conséquent.
04:42 Là où un budget de la Fondation avant…
04:44 Avant, c'était 6 millions d'euros, le budget de la Fondation,
04:48 en plus de toutes les initiatives qui étaient prises localement.
04:50 Mais c'est vrai que là, du coup, puisqu'il y a plusieurs piliers dans le dividende sociétal,
04:55 dont un pilier mécénat, c'est environ 80 millions d'euros
04:58 qui seront affectés au mécénat dans le cadre du dividende sociétal.
05:02 Et donc, ça nous donne des moyens beaucoup plus forts,
05:05 beaucoup plus importants pour agir, agir vite et puis agir de manière forte.
05:11 Oui, alors expliquez-nous justement la différence entre votre casquette mécénat et fondation.
05:17 C'est complémentaire, j'imagine ?
05:19 C'est complémentaire, c'est tout à fait complémentaire,
05:22 puisqu'il y a à la fois la volonté d'animer, de développer toutes les initiatives locales,
05:27 de permettre à chacun d'agir,
05:29 et finalement d'avoir un autre levier d'action avec cette fondation
05:34 qui permet de faire ce qui ne peut pas être fait ailleurs, au niveau local ou au niveau régional.
05:40 Donc, c'est la combinaison de ces différents leviers qui est importante.
05:44 Et notamment, dans le cadre, on a lancé par exemple cette année un appel à projet
05:49 sur les questions de biodiversité. La fondation a lancé cet appel à projet.
05:53 Et plutôt que de lancer vers l'extérieur, on l'a lancé surtout vers nous-mêmes,
05:58 à destination de nos réseaux, de nos caisses locales de crédit mutuel, de nos agences CIC,
06:03 en disant, si sur votre territoire, vous avez des initiatives qui sont intéressantes,
06:09 qui protègent la biodiversité et que vous voulez voir soutenues,
06:13 faites-nous en part et on va voir nous, de quelle manière on peut les accompagner.
06:18 Et ça a été une force incroyable. On a eu 300 projets qui nous ont été remontés.
06:22 Il y a eu une émulation dans le groupe autour de cet appel à projet
06:25 qui nous a permis de dégager une enveloppe de 2,5 millions et de soutenir au final
06:30 36 projets sur les 300 qui nous avaient été remontés.
06:33 Alors justement, je voulais vous parler de ces projets.
06:35 Est-ce que vous pouvez nous donner des exemples de projets que vous soutenez ?
06:39 Alors, je vais vous citer un exemple d'un projet qui montre aussi le cheminement
06:44 qui peut exister dans le groupe et le rôle des commissions.
06:48 Je vous disais que dans les commissions, on a des personnes qui sont des élus mutualistes,
06:52 de proximité ou des collaborateurs. Mais un jour, on a une élu mutualiste d'Anjou
06:56 qui est venue nous rencontrer en disant, j'ai eu connaissance d'une initiative
07:00 de rendre l'art photographique accessible aux personnes aveugles ou avec un handicap visuel.
07:07 Et ce projet pourrait être monté avec le grand photographe Sebastiao Salgado.
07:12 Donc, ça paraissait comme ça entre Angers et Sebastiao Salgado, complètement incongru.
07:18 Et finalement, ce projet, on l'a mené à bien et on a, grâce à une autre fondation
07:24 qui s'appelle la Fondation Visio, mis en place pour la première fois un coffret
07:28 à destination des personnes malvoyantes qui rend l'art photographique accessible.
07:33 Et ce qui est très bien, c'est que c'est une initiative qui a été reprise très récemment
07:38 par les éditions Taken qui ont permis de développer ce projet et de finalement éditer ce coffret
07:47 plus largement qu'on a pu le faire.
07:49 Proposer des ouvrages qui permettent de continuer cette initiative.
07:54 Exactement.
07:56 Alors pour 2024, qu'est-ce que vous avez dans votre besace ?
08:01 Alors 2024, on a un sujet de préoccupation.
08:06 La fondation, elle agit à la fois sur le domaine de l'environnement
08:10 et à la fois sur le domaine sociétal.
08:13 Et là, notre ambition et le constat qu'on fait, c'est que finalement,
08:16 ces deux domaines d'action qu'on pensait séparés, qu'on pensait distincts,
08:21 finalement, ils se rapprochent de plus en plus.
08:23 Et qu'il y a vraiment des choses à faire, un combat à mener sur la transition environnementale juste.
08:28 Comment faire en sorte que chacun puisse rénover son logement,
08:32 accéder à une élémentation de meilleure qualité.
08:36 Il y a plein de sujets, accéder à la mobilité.
08:38 Il y a plein de sujets autour de cette transition environnementale juste
08:41 et c'est vraiment quelque chose qu'on veut développer.
08:43 Qu'est-ce qui est le plus compliqué pour vous ?
08:45 Qu'est-ce qui est le plus compliqué pour nous ? C'est détecter les bons projets.
08:49 Détecter les bons projets parce qu'il y a beaucoup d'initiatives.
08:53 Il y a beaucoup d'initiatives qui sont attirantes, qu'on a envie de soutenir.
08:59 Et c'est vrai qu'on a un budget important.
09:01 Mais notre responsabilité, c'est à la fois d'essayer de rendre possible des projets
09:07 qui paraissent sur le papier impossibles.
09:10 C'est le cas avec l'exemple que je vous ai donné.
09:13 Mais aussi de veiller à l'impact réel des projets qu'on soutient.
09:19 Et donc, on est très préoccupé par ça.
09:21 C'est-à-dire, comment sélectionner au mieux les projets
09:24 et comment veiller à ce qu'ils aient un impact concret sur le terrain, sur les territoires.
09:29 Un impact social et environnemental.
09:32 Un impact social et environnemental et qui puisse rayonner sur l'ensemble du territoire.
09:37 Et c'est pour ça qu'on est beaucoup sur des questions d'essai-mage.
09:40 Essayer de voir quels sont les bonnes initiatives qui marchent sur le terrain
09:43 et notre réseau nous aide à ça.
09:45 Et puis, quand on a vu que l'initiative fonctionnait,
09:47 accompagner l'association pour agir beaucoup plus largement et essaimer son action.
09:53 Pour vous, qu'est-ce que c'est qu'une gouvernance responsable ?
09:56 Une gouvernance responsable, c'est une gouvernance qui est préoccupée par le temps long.
10:02 En fait, c'est aussi, je pense, une vertu de notre groupe
10:06 et des groupes mutualistes dans leur ensemble,
10:08 c'est d'être projeté dans le temps long,
10:10 de ne pas avoir les bénéfices immédiats ou de ne pas être préoccupé par les bénéfices immédiats.
10:15 Et donc, d'essayer de porter une vision
10:19 qui permette d'assurer l'efficacité des actions qu'on accompagne, qu'on soutient ou qu'on met en place.
10:25 Et enfin, votre vision sur peut-être les initiatives des entreprises françaises,
10:30 est-ce que vous pensez qu'elles sont de plus en plus impliquées
10:35 pour veiller à avoir des empreintes positives, en tout cas moins négatives
10:40 ou est-ce qu'on est encore beaucoup trop en retard ?
10:42 Et on le sait, ça sera toujours comparé à l'urgence climatique et environnementale.
10:49 Je pense que ça va dans le bon sens.
10:51 Alors évidemment, on est en retard,
10:53 évidemment la prise de conscience est certainement tardive,
10:58 mais ça va dans le bon sens.
10:59 On a parlé autour du dividende sociétal, de la mesure qu'on a prise,
11:02 mais on voit que petit à petit, d'autres entreprises vont dans le même sens.
11:08 Je suis peut-être très optimiste, mais je pense qu'il y a une prise de conscience
11:13 de la part des entreprises, de leur rôle sociétal, environnemental,
11:17 et des mesures comme celle qu'on a mise en place l'atteste.
11:21 Et donc vous êtes en modèle coopératif aussi,
11:25 avec peut-être des entreprises concurrentes,
11:27 pour faire avancer peut-être aussi les lois, les réglementations,
11:31 pour faire bouger la société, pour aller encore plus loin dans cette transition ?
11:37 Oui, et notamment sur le domaine du mécénat,
11:41 je crois qu'il y a beaucoup de choses à faire, effectivement,
11:44 pour fédérer nos forces.
11:46 On est encore trop chacun dans notre couloir,
11:49 trop chacun sur nos domaines, sur nos préoccupations,
11:52 et je crois que pour accompagner des grands enjeux,
11:55 il faudra trouver le moyen de se fédérer ensemble
11:58 et de pouvoir accompagner des projets à plusieurs fondations,
12:02 et de faire en sorte que des associations se coordonnent aussi entre elles,
12:09 pour agir plus fortement sur un certain nombre de sujets.
12:12 Ce que vous faites déjà, puisque vous m'avez parlé d'une autre fondation
12:14 avec laquelle vous collaborez.
12:16 Ce qu'on fait déjà, et je pense que la démarche est bonne,
12:19 de se fédérer et d'agir de concert,
12:24 parce que les moyens nécessaires pour faire bouger les choses,
12:27 ils sont importants, et on n'y arrivera pas seul.
12:30 Merci beaucoup Christophe Salmon,
12:33 je rappelle, directeur du mécénat pour le groupe crédit mutuel Allianz Fédéral
12:38 et délégué général de la fondation de ce même groupe.
12:40 Et je vous dis à vous, à très bientôt dans The Good Talks.
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