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ÉducationTranscription
00:00:00 [Pas de son]
00:00:09 Est-il réellement utile de présenter Frédéric Taddeï ?
00:00:12 Non, mais on va quand même le faire.
00:00:14 Animateur emblématique des années 90-2000,
00:00:16 qui continue aujourd'hui son activité sur son nouveau média,
00:00:19 L'Immédiat, que je vous conseille de découvrir,
00:00:21 vous aurez un lien en description,
00:00:23 il est l'homme derrière ce que sont probablement les deux émissions
00:00:26 les plus emblématiques des années 90 et 2000, Paris dernière,
00:00:29 et l'irremplaçable Ce soir ou jamais.
00:00:32 Alors quand l'occasion s'est présentée de rencontrer un des hommes
00:00:35 qui a été une de mes sources d'inspiration
00:00:37 pour exercer le métier qui est le mien aujourd'hui,
00:00:40 eh bien, mon sang n'a fait qu'un tour
00:00:41 et je n'ai pas pu m'empêcher de lui poser toutes les questions
00:00:43 qui me passaient par la tête.
00:00:44 Et vous en avez d'ailleurs fait de même toute la soirée dans le chat.
00:00:47 C'était l'occasion de revenir sur ses meilleurs et ses pires moments
00:00:51 au sein de sa carrière télévisuelle,
00:00:53 de nous partager son expérience et d'aborder pêle-mêle différents sujets
00:00:56 comme la liberté d'expression, le pluralisme des médias,
00:00:59 les drogues douces ou encore les boîtes à partouze.
00:01:01 Vous remarquerez que la première partie de l'émission
00:01:03 comporte énormément d'images d'inserts.
00:01:04 C'était volontaire.
00:01:05 Je voulais mettre ces extraits emblématiques de son émission,
00:01:09 de ses émissions, afin de permettre,
00:01:12 notamment déjà de créer du contexte et surtout de permettre aux plus jeunes
00:01:15 de découvrir peut-être pour la première fois
00:01:18 des scènes emblématiques d'une époque regrettée.
00:01:20 Je vous souhaite un excellent épisode.
00:01:22 S'il vous a plu, mettez un pouce en l'air.
00:01:24 N'hésitez pas à commenter et à partager.
00:01:26 Et je vous dis à très vite pour une nouvelle vidéo.
00:01:28 Ciao.
00:01:30 [Bruit de bruit de télévision]
00:01:33 On m'a emmerdé. Mais plus tard pour Alain Soral.
00:01:37 Quand j'ai invité Alain Soral, il y avait 10 personnes devant lui, face à lui.
00:01:41 Tout le monde trouvait ça normal.
00:01:42 [Bruit de télévision]
00:01:42 Quand j'ai invité Dieu Donné, il y avait la Lycra en face de Dieu Donné.
00:01:45 C'est même la Lycra qui m'a demandé d'inviter Dieu Donné.
00:01:47 [Bruit de télévision]
00:01:48 Il ne faut pas que tu sois en train de lire la fiche que quelqu'un d'autre t'a écrite,
00:01:51 avec la prochaine question. Parce que ça, c'est terrible.
00:01:55 Je vais ronger ça.
00:01:56 Voilà.
00:01:56 [Bruit de télévision]
00:01:57 Oui, alors il faut tirer dessus tout le temps. C'est ça le problème.
00:01:59 Oui.
00:02:00 C'est que sinon, ça s'arrête.
00:02:01 [Bruit de télévision]
00:02:02 Si j'ai un conseil à donner aux jeunes, c'est connaissez la loi.
00:02:05 Qu'est-ce qui est interdit ? Qu'est-ce qui n'est pas interdit ?
00:02:08 [Bruit de télévision]
00:02:08 Une fois, on a été condamnés.
00:02:10 Pourquoi ?
00:02:11 Parce que j'avais fait le mur avec une fille pour rentrer dans un cimetière.
00:02:16 Et qu'après, elle s'était un peu caressée sur une tombe.
00:02:18 [Bruit de télévision]
00:02:19 Il faut que tu saches tout sur ton invité pour qu'il ne puisse pas te mentir.
00:02:22 Oui.
00:02:22 C'est un métier ce soir.
00:02:24 Tu ne sauras jamais puisque tu ne savais pas tout sur moi.
00:02:27 [Musique]
00:02:31 Bonsoir tout le monde.
00:02:32 Bienvenue pour le retour de...
00:02:35 Pas content avec TabiBiens.
00:02:36 J'en ai perdu le nom de l'émission.
00:02:38 Ça va aller, mais ça fait longtemps qu'on n'a pas...
00:02:40 Et ce soir, on est avec Frédéric Taddeï.
00:02:43 Bonjour.
00:02:43 Bonjour. Comment vas-tu ?
00:02:44 Je vais bien.
00:02:45 On ne t'a pas trop fait attendre ?
00:02:46 Non, ça va.
00:02:47 À cause du périph' d'Annie Dalgo qui nous a empêché d'accéder au...
00:02:50 Oui, c'est toujours de la faute d'Annie Dalgo.
00:02:52 C'est toujours de la faute d'Annie Dalgo.
00:02:54 Tu la défends ?
00:02:55 Je ne défends personne.
00:02:55 Moi, je ne suis l'avocat ni le procureur de personne.
00:02:58 Absolument personne.
00:02:59 Voilà.
00:03:00 Alors, pour beaucoup de gens qui sont là ce soir,
00:03:02 qui sont très ravis de te voir,
00:03:03 tu es un peu une légende de la télé
00:03:05 avec Michel Drucker ou Ardisson.
00:03:09 Oui, j'ai pris les exemples un peu au hasard.
00:03:11 Bon allez, Cyril Hanouna.
00:03:13 Donc oui, non, mais plus sérieusement pour beaucoup,
00:03:15 tu as associé une image de subversion, de dissidence,
00:03:18 d'une télé qui ne se fait plus.
00:03:21 D'ailleurs, j'étais vieux et c'est...
00:03:22 Voilà, c'est en général...
00:03:23 C'est la médaille.
00:03:24 C'est la médaille.
00:03:25 Et du coup, histoire de savoir si le TDI qu'on a dans nos mémoires,
00:03:30 c'est toujours le TDI d'aujourd'hui,
00:03:31 question rapide, histoire de savoir si on va être déçu,
00:03:34 est-ce que dix ans plus tard,
00:03:37 on invite toujours tout le monde
00:03:38 ou est-ce que pas tout avait raison et il y a des cerveaux malades ?
00:03:41 Vous invitez en plateau des gens qu'on n'entend pas ailleurs,
00:03:43 mais vous invitez aussi des gens qu'on n'entend pas ailleurs
00:03:46 et qu'on n'a pas forcément,
00:03:47 que les autres médias n'ont pas forcément envie d'entendre.
00:03:49 Je me demandais, en passant sur France 2,
00:03:50 est-ce que vous continuerez d'inviter Tariq Ramadan,
00:03:54 Dieu Donné, Alain Soral, Marc-Edouard Nab,
00:03:57 c'est-à-dire des gens que vous êtes les seuls à...
00:04:00 - A recevoir. - A la télévision.
00:04:01 Et à mon avis, pas seulement pour de bonnes raisons.
00:04:03 Dans le cas de Tariq Ramadan et de Marc-Edouard Nab,
00:04:05 ils ont fait à peu près toutes les émissions imaginables.
00:04:07 L'un en tant qu'intellectuel et l'autre en tant qu'écrivain.
00:04:13 Moi, j'ai pas envie d'inviter Tariq Ramadan.
00:04:14 - Mais libre à vous, donne pas le choix. - Je vous le dis.
00:04:16 - Non mais vous dites... - Et du coup, il n'y a pas de truc de profit.
00:04:18 - Il fait toutes les émissions. Vous dites "bah non, il fait pas toutes les émissions".
00:04:21 - Oui, oui, d'accord. Mais enfin, vous, vous faites une émission,
00:04:23 vous faites le journal, vous ne faites pas une émission de débat intellectuel.
00:04:26 - Ça m'empêche d'avoir chacun la chaîne et de voir votre marque qui vous plait.
00:04:29 - Sur ce sujet, j'ai toujours été clair et j'ai toujours fait ça partout,
00:04:33 y compris sur les stations de radio que nous avons fréquentées tous les deux.
00:04:37 Pour moi, il n'y a pas de liste noire,
00:04:39 il n'y a pas d'invité que je refuse d'inviter par principe parce que je ne l'aime pas.
00:04:44 Voilà, je me l'interdis. Je suis sur le service public,
00:04:46 c'est pas à moi d'inviter les gens en fonction de mes sympathies ou de mes antipathies.
00:04:50 Voilà, c'était... Donc, à partir de ce moment-là, non mais c'est pas important.
00:04:53 - C'est très simplement une question de sympathie ou d'antipathie.
00:04:55 - Ah si ! Vous avez très bien trouvé.
00:04:57 - Non, non, on a une responsabilité quand on anime une émission de débat,
00:05:01 de débat public, on a une responsabilité, par exemple,
00:05:04 de ne pas propager des thèses complotistes, de ne pas donner la parole à des cerveaux malades
00:05:07 parce que dans les gens que j'ai cités, je pense qu'il y a des cerveaux malades.
00:05:10 - Libre à vous de le penser, je crois. - Les gens qui pensent que...
00:05:13 - C'est un jugement, Patrick ! - Non, non, c'est pas un jugement.
00:05:15 - Ah bah si ! - Les gens qui pensent qu'on a jamais marché sur la Lune,
00:05:18 que le 11 septembre n'a pas existé ou que les chambres à gaz...
00:05:21 - Mais ils ont droit de... - Mais qui, dans les gens que vous avez...
00:05:24 Peut-être Soral, c'est à lui que vous faites allusion.
00:05:26 - Elle est horrible sur le 11 septembre, enfin bon, bravo.
00:05:30 - Oui, mais bon, c'est un débat éternel, on ne sera jamais d'accord sur ce sujet.
00:05:34 J'anime une émission de service public. Si j'étais sur Fox News, je serais comme vous,
00:05:38 je déciderais que les gens qui regardent Fox News
00:05:40 veulent entendre un certain son de coche et je le privilégierais.
00:05:44 - On a chacun le droit de penser ce qu'on veut, Patrick !
00:05:48 - Tu veux dire moi ou... - En général, est-ce qu'il faut...
00:05:50 Oui, toi. Est-ce que toi, t'inviterais toujours tout le monde ou y'en avait ?
00:05:54 - Moi, j'ai invité tout le monde quand je faisais encore "Interdit d'interdire" sur RT,
00:05:59 je t'ai même invité toi, c'est la preuve que j'invitais tout le monde.
00:06:03 Et tout le monde ne voulait pas forcément venir, mais tu invites tout le monde.
00:06:07 Et... Mais j'étais le seul, je pense que je suis le seul, oui.
00:06:12 Mais je ne regarde pas beaucoup la télévision.
00:06:14 Je ne sais pas, il paraît qu'il y a une émission qui remplace "Ce soir ou jamais"
00:06:17 qui s'appelle je ne sais plus comment sur la 5, un peu à la même heure.
00:06:21 Est-ce qu'ils invitent tout le monde ?
00:06:23 - "C'est ce soir". - "C'est ce soir".
00:06:24 Oh non, ouais.
00:06:26 - Roi d'auteur, t'as demandé ou... - Non, non, je regarde pas.
00:06:28 On est limite, on est limite.
00:06:30 "C'est ce soir", ils ont appelé ça. Et c'est quoi ? C'est un truc de talk ?
00:06:33 Entre gens bien, d'accord, entre gens respectable.
00:06:36 Donc toujours, pour toi, il faut toujours éthiquement inviter tout le monde.
00:06:41 Il faut inviter tout le monde, toujours.
00:06:42 Mais moi, ce qu'il y a, c'est que moi, j'ai une déontologie qui est la mienne.
00:06:46 Je me suis fabriqué. Elle est implacable.
00:06:48 Je sais exactement si je peux inviter un tel ou pas,
00:06:52 dans quelles circonstances, avec qui, etc., etc.
00:06:56 Mais je l'impose à personne.
00:06:57 Il se trouve que mes petits camarades ont toujours bien aimé
00:07:00 dire ce qu'ils pensaient de ma façon de travailler.
00:07:01 Mais moi, je n'ai jamais perdu mon temps à dire ce que je pensais de la leur.
00:07:04 Et je n'ai pas du tout l'intention de faire du prosélytisme.
00:07:07 C'est ma manière de faire.
00:07:10 Si ça ne plaît pas, ça ne plaît pas, tant pis, mais c'est la mienne.
00:07:14 C'est ta manière, mais c'est aussi ta responsabilité,
00:07:16 parce que c'est aussi une vision éthique des choses que tu défends,
00:07:19 parce que le service public, c'est censé être la mission.
00:07:23 C'est pour ça que je l'ai fait comme ça.
00:07:25 C'est juste que je n'aurais pas fait forcément comme ça,
00:07:28 de la même manière ailleurs.
00:07:30 Mais après, c'est comme ça que c'est né.
00:07:32 Et c'est comme ça que c'est resté en ce qui me concerne.
00:07:34 Il n'y a que des journalistes,
00:07:35 parce qu'il n'y a que des journalistes qui me posent cette question,
00:07:38 de savoir quand est-ce que vous allez faire taire machin,
00:07:40 quand est-ce que vous allez interdire un tel de télévision.
00:07:43 Ça me sidère.
00:07:45 Ça me sidère.
00:07:46 Jamais personne qui dirige une chaîne de télé ne me l'a dit.
00:07:49 Jamais un politique ne me l'a dit.
00:07:51 Jamais un téléspectateur ne m'a abordé pour me dire
00:07:54 quand est-ce que vous arrêterez de donner la parole à tout le monde.
00:07:57 Il n'y a que des journalistes qui me disent
00:07:59 quand est-ce que vous arrêtez de donner la parole à tout le monde.
00:08:00 C'est le signe d'un côté microcosmique.
00:08:03 Je ne sais pas, vous venez de me poser la question, posez-la vous.
00:08:05 Pourquoi vous me posez cette question ?
00:08:07 Parce que ce sont les journalistes qui posent les questions.
00:08:09 Mais non.
00:08:09 Il y a des tas d'autres questions qu'on pourrait se poser,
00:08:13 y compris sur les gens qui sont constamment cités là.
00:08:17 Il y en a plein d'autres dont on pourrait me dire
00:08:18 pourquoi personne ne me dit.
00:08:20 Almarie Delcambre, pourquoi vous ne lui avez pas donné la parole ?
00:08:22 Moi je me suis demandé.
00:08:23 C'est une façon de vous poser la question.
00:08:26 Non mais c'est très bizarre que les journalistes
00:08:29 aujourd'hui réclament à un journaliste que ses opinions personnelles,
00:08:34 parce que c'est ça que vous me dites,
00:08:35 en gros vous me dites il faudrait que vos opinions personnelles
00:08:39 vous dictent le choix de vos invités sur le plateau.
00:08:43 Non.
00:08:43 On vient de passer deux ans de Covid.
00:08:46 On a passé l'essentiel de notre temps chez nous à regarder la télé
00:08:49 pendant ces deux ans.
00:08:50 Je parle pour toi.
00:08:50 Pour certains, oui, pour certains.
00:08:52 Si j'avais dû passer deux ans à regarder la télé, je me serais tué.
00:08:55 Oui c'est vrai.
00:08:56 Mais du coup comment ça se fait que la télé
00:08:58 n'a jamais été aussi chiante alors qu'il n'y a quand même
00:09:00 jamais eu autant de gens qu'on en a eu besoin ?
00:09:01 Elle résonne plus.
00:09:03 C'est à dire que tu fais un effort quand tu es en compétition
00:09:06 avec la concurrence.
00:09:07 Si tu n'as pas de concurrence ou si tu as l'impression,
00:09:10 souvent c'est une fausse impression,
00:09:12 de toute façon les gens n'ont pas d'autre choix que de te regarder.
00:09:18 Tu te laisses aller.
00:09:19 Il y a des gens qui croient encore ça alors qu'on a 500 chaînes de télé ?
00:09:22 C'est souvent le problème.
00:09:23 Tu sais, les gens n'ont pas compris que tout est en concurrence avec tout.
00:09:27 C'est à dire que quand tu fais un film français classique
00:09:31 qui espère aller au festival de Cannes,
00:09:33 tu es en concurrence avec toutes les séries de Netflix,
00:09:36 avec les documentaires qui sont sur YouTube,
00:09:39 avec les jeux vidéo, avec le cinéma en salle,
00:09:42 avec les pièces de théâtre, etc.
00:09:44 Parce qu'on n'a pas 48 heures chaque jour.
00:09:47 Donc tout le monde est en compétition avec tout le monde.
00:09:49 Nous là, on est en compétition avec tout ce que je viens de citer.
00:09:52 Les gens qui nous regardent en ce moment,
00:09:53 ou qui nous regarderont en replay,
00:09:56 ils ont préféré regarder ça plutôt qu'une série sur Amazon
00:10:00 ou un stand-up sur Netflix.
00:10:04 Mais la compétition n'est pas moins forte qu'avant avec le replay ?
00:10:07 Elle est bien pire.
00:10:08 Elle est exacermée.
00:10:09 Justement, vu qu'on peut rattraper quand on veut.
00:10:10 Mais oui, mais le replay, il est en concurrence.
00:10:12 Le stock et le flux sont en concurrence permanente aujourd'hui.
00:10:15 Pourquoi on ne vend plus de disques ?
00:10:17 Alors d'abord parce que les gens n'ont plus rien à foutre d'avoir un disque.
00:10:19 Mais quand tu écoutes un morceau d'aujourd'hui,
00:10:22 tu cliques pour écouter un morceau d'aujourd'hui sur Deezer ou sur autre chose,
00:10:26 tu pourrais très bien écouter un morceau des Rolling Stones qui date d'il y a 50 ans.
00:10:29 Et donc les gens qui sortent des disques aujourd'hui sont en compétition
00:10:33 avec les gens qui sortaient des disques il y a 50 ans ou il y a 100 ans.
00:10:37 100 ans ou moins.
00:10:38 Oui, 100 ans peut-être moins.
00:10:39 Mais 70 ans, facile.
00:10:41 D'ailleurs, on a l'impression que les Rolling Stones, c'était hier.
00:10:44 C'est quand même des vieillards gravataires
00:10:46 qui chantent toujours les mêmes chansons dans des stades.
00:10:49 Tu vois, ils chantent en quittant qu'humain.
00:10:51 Je sais pas, je vais voir les Stones cinq ou six fois en concert,
00:10:54 ils chantent à chaque fois "on quitte on qu'humain".
00:10:56 Et ça fait 50 ans que ça dure.
00:10:59 60 ans.
00:10:59 C'est ce que les gens veulent voir.
00:11:00 Oui, c'est ça.
00:11:01 Mais c'est comme s'ils l'avaient fait hier.
00:11:03 Ils ne se rendent pas compte qu'il n'y a même plus de différence.
00:11:06 Tu crois que les émissions que tu as faites,
00:11:08 allez, on va dire, ce soir ou jamais, au Paris Dernier,
00:11:10 c'est faisable aujourd'hui ou pas ?
00:11:12 Parce qu'il y a un collectif, il y a des pétitions pour que ça reprenne.
00:11:16 Si on prend Paris Dernier par exemple,
00:11:18 c'est la seule émission, je crois, de l'histoire de la télé française
00:11:22 qui a été faite entièrement avec une petite caméra numérique.
00:11:25 À l'époque, elle avait tellement de succès,
00:11:26 enfin, elle était tellement happy few,
00:11:28 que tous les animateurs de télé posaient avec des petites caméras numériques
00:11:31 dont ils ne savaient même pas se servir,
00:11:32 parce qu'ils faisaient de la télé normale.
00:11:34 Et tout le monde pensait que tout le monde allait se mettre
00:11:36 à faire des émissions de télé avec des caméras numériques.
00:11:38 À ma connaissance, je crois que c'est la seule,
00:11:40 entièrement faite en caméra numérique.
00:11:41 Parce que t'es quand même relativement casse-couille,
00:11:43 tu aimerais quand même tout de même que tu dises bonjour.
00:11:45 - Bonjour Roselyne. - Bonjour Roselyne.
00:11:48 - Hola Roselyne. - Hola Roselyne.
00:11:50 - C'est vrai ? - Bonjour à tous.
00:11:53 - Roselyne et Guilbert. - Et Guilbert de Paris.
00:11:58 - Hola, que tal ? - Roselyne.
00:12:00 - Hola, que tal ? - Guilbert.
00:12:02 Donc vous ne vous quittez plus alors ?
00:12:04 Ça y est, c'est...
00:12:05 - En aucun cas. - Il n'y a plus de réserve.
00:12:07 Non, on vient de se retrouver.
00:12:08 Mais disons la vérité, on a le début de l'année.
00:12:11 C'est l'avantage, quand le film sort,
00:12:13 on reconstitue la fraternité du tournage.
00:12:16 C'était il y a un an, vous n'avez jamais donné de nouvelles,
00:12:19 jamais téléphoné en dépit des promesses.
00:12:21 - Non, non, non. - Un an après...
00:12:22 - Ça c'est vraiment... - C'est très cinéma.
00:12:24 - C'est vrai que ça n'est pas du tout ça.
00:12:26 On baise sur les tournages, on retrouve sa femme après le tournage
00:12:30 et on rebaise à la promo.
00:12:32 - C'est ça. - Et on quitte sa femme après la promo.
00:12:35 Et on vit avec une autre.
00:12:36 Non, non, et on la revoit au moment de la sortie de la cassette vidéo et du DVD.
00:12:40 Si le film a marché, si le film a marché,
00:12:42 on voit les avocats.
00:12:44 On voit les avocats.
00:12:46 On voit les avocats.
00:12:47 Et c'était l'émission la plus branchée,
00:12:49 c'est resté quand même l'émission la plus branchée pendant 8 ans,
00:12:51 ce qui est un peu...
00:12:52 - Un peu moins long que "Ce soir ou jamais".
00:12:54 - Non, mais quand tu te dis que tu es le mieux branché pendant 8 ans,
00:12:56 tu te dis que vraiment les autres n'essaient pas de te rattraper.
00:12:59 - Et puis quand... - Et puis ça n'arrive pas.
00:13:01 - Voilà, oui ou non, je crois qu'il y a vraiment...
00:13:03 Non, on s'est dit, ce sera celle-là.
00:13:05 Un peu comme "Ce soir ou jamais", on s'est dit,
00:13:06 c'est ça l'émission culturelle, maintenant on n'en fait plus.
00:13:09 - Ouais, il y en a quand même...
00:13:11 Ouais, non...
00:13:13 Il n'y a rien qui trouve grâce à "Tu regardes quoi ?"
00:13:16 - Non, mais ce n'est pas ce qui trouve grâce.
00:13:17 Tu as une émission littéraire, je ne sais plus le nom,
00:13:19 qui était déjà là avant, sur la 5.
00:13:22 Elle était là avant "Ce soir ou jamais", elle est toujours là.
00:13:24 Et puis c'est tout.
00:13:25 Il n'y a pas eu de nouvelle émission culturelle,
00:13:27 on n'a pas essayé quelque chose de nouveau.
00:13:29 C'était nouveau, "Ce soir ou jamais",
00:13:31 au lieu de faire une émission où le type vient vendre son livre,
00:13:34 on faisait un débat avec des artistes, des intellectuels,
00:13:37 c'était une nouvelle manière de ne pas refaire "Apostrophe".
00:13:40 Et donc c'est l'actualité vue par la culture.
00:13:43 Personne...
00:13:44 Alors, il y a eu plus ou moins des gens qui ont essayé de faire des pastiches,
00:13:48 de ça, depuis, sur France Télévisions,
00:13:50 mais il n'y a pas de nouvelle émission culturelle.
00:13:53 - Mais c'est une volonté...
00:13:54 Enfin, c'est une absence de volonté de faire,
00:13:56 c'est une impossibilité, parce que...
00:13:58 Est-ce que pour toi, aujourd'hui, le politiquement correct
00:14:01 rendrait possible de telles émissions ?
00:14:03 - Non, je ne sais pas.
00:14:05 Tu sais, quand j'ai commencé à faire "Ce soir ou jamais",
00:14:07 tout le monde disait "Il n'y a plus d'émission culturelle,
00:14:09 et il n'y en aura plus".
00:14:10 D'ailleurs, on me l'a dit, quand on m'a confié "Ce soir ou jamais",
00:14:12 on m'a dit "Fais gaffe, tu sais, si celle-là ne marche pas,
00:14:14 il n'y en aura sûrement pas d'autres".
00:14:16 Elle a marché pendant 10 ans, mais il n'y en a pas eu d'autres.
00:14:18 - Il n'y en a pas eu d'autres, ouais.
00:14:20 - Oui, parce que l'émission culturelle, on se dit "De toute façon,
00:14:22 ça ne fera pas d'audience".
00:14:24 Ce qui était important, d'ailleurs, Mylander, il faut que tu fasses une émission.
00:14:26 On s'en fout un peu de l'audience,
00:14:28 alors on a quand même fait beaucoup,
00:14:30 mais on veut qu'on en parle.
00:14:32 Ce qu'on voulait, c'était qu'on parle de cette émission,
00:14:34 que ce ne soit pas juste un point dans la nuit,
00:14:36 comme on a vu, beaucoup d'émissions culturelles
00:14:38 avaient minuit, comme ça, dont personne ne parlait jamais.
00:14:40 - Il y a eu la PPDA.
00:14:42 - Il y a eu tout, il y a eu les mots de minuit,
00:14:44 des tas de trucs comme ça.
00:14:46 On savait que c'était là, mais on ne savait même pas à quelle heure.
00:14:48 Moi, tout le monde,
00:14:50 on en parlait beaucoup.
00:14:52 Donc c'était réussi aussi pour ça.
00:14:54 Mais elle a fait quand même 800 000 téléspectateurs
00:14:56 en moyenne pendant 10 ans.
00:14:58 Ce qui était énorme
00:15:00 pour une émission aussi ambitieuse.
00:15:02 Mais maintenant,
00:15:04 demain, si tu as de l'ambition,
00:15:06 je ne vois pas ce qui empêcherait
00:15:08 de faire une émission nouvelle.
00:15:10 À l'époque, on disait
00:15:12 qu'il n'y avait plus d'émissions culturelles,
00:15:14 et on disait aussi qu'il n'y avait plus de débats,
00:15:16 et il n'y en aura plus.
00:15:18 Bon, il se trouve que j'ai fait des débats que les gens ont appréciés,
00:15:20 des débats qui renouvelaient, parce que ce n'étaient pas des débats
00:15:22 avec des journalistes et des hommes politiques,
00:15:24 c'était des débats avec des artistes et des intellectuels.
00:15:26 Et bon, ben voilà.
00:15:28 Et maintenant, on dit qu'il n'y a plus de débats.
00:15:30 Moi, je trouve qu'il y en a plein, mais c'est vrai que c'est des débats
00:15:32 avec des gens payés pour débattre.
00:15:34 Mais demain,
00:15:36 tout ça peut recommencer.
00:15:38 Suffit de vouloir.
00:15:40 - Les gens disent que la question, c'est la censure.
00:15:42 T'es en train de me dire que demain,
00:15:44 j'organise une émission, il y a Marquis Noirnabe et Alain Soral,
00:15:46 Delphine Ernotte est valide ?
00:15:48 - Non, c'est pas ça. De toute façon, moi déjà, on m'a emmerdé.
00:15:50 Mais plus tard, pour Alain Soral,
00:15:52 quand j'ai invité Alain Soral,
00:15:54 il y avait 10 personnes devant lui, face à lui.
00:15:56 Tout le monde trouvait ça normal.
00:15:58 - Je voudrais quand même répondre sur le vote populaire,
00:16:00 parce que je pense que c'est vraiment
00:16:02 le nerf de la guerre, du débat
00:16:04 que nous pouvons avoir sur le populisme.
00:16:06 - Le PC fait combien ?
00:16:08 - Je me fiche là de zébales sujet.
00:16:10 - On sera sur le populisme. Tout à l'heure,
00:16:12 Jacques Rancière m'a bien rejointe.
00:16:14 - Sur le Front National et sur la base électorale du Front National.
00:16:16 En 2002, précisément,
00:16:18 26% des ouvriers qui ont voté
00:16:20 ont voté pour le Front National.
00:16:22 Pardon, je dis 26, c'est 23...
00:16:24 - C'est le premier parti ouvrier de France, après l'abstention.
00:16:26 - Non, le premier parti ouvrier de France, c'est l'abstention.
00:16:28 - Mais je viens de le dire, ma petite jeune fille.
00:16:30 Je l'ai écrit 20 fois.
00:16:32 - Mais d'abord, mademoiselle et ma petite jeune fille, on va arrêter sur le plateau.
00:16:34 Il suffit d'aller se promener
00:16:36 sur l'ensemble des sites du Front National,
00:16:38 sur l'ensemble des sites de discussion
00:16:40 de proches du Front National,
00:16:42 pour voir qu'il y a, derrière ce discours
00:16:44 apparent de Marine Le Pen sur la laïcité,
00:16:46 sur la République, des choses qui ne sont absolument pas républicaines.
00:16:48 - C'est apparemment une femme, c'est apparemment une femme moderne.
00:16:50 - Et des choses qui ne font absolument pas la lire.
00:16:52 - Moi, ce qui me gêne dans le Front National, c'est l'antislamisme.
00:16:54 - Et absolument pas égalitaire.
00:16:56 - Voilà, pour le reste, je ne vois pas ce que vous pouvez lui reprocher.
00:16:58 Elle est moderne comme vous, elle a fait ses enfants toutes seules comme vous,
00:17:00 elle a la même taille que vous, elle s'habille comme vous,
00:17:02 elle a fait les mêmes études que vous, de quel droit vous la diabolisez ?
00:17:04 Comme ça, Strauss-Kahn pourra être élu avec 65% des voix,
00:17:06 en se faisant passer pour un mec de gauche,
00:17:08 un protecteur des musulmans et des immigrés, face à la menace fasciste,
00:17:10 en étant la continuation aggravée de Sarkozy
00:17:12 dans tous les secteurs clés
00:17:14 et dans toutes les lectures lourdes,
00:17:16 en tant que président du FMI, néolibéral, pro-américain, pro-syndical.
00:17:18 - Je rappelle que cette théorie du complot
00:17:20 est donc le protocole des sages de Sion,
00:17:22 un livre contre...
00:17:24 - Michel Maffezolin !
00:17:26 - C'est tout, tu ne veux pas parler d'Hitler aussi ?
00:17:28 - C'est dit 5 ans après, quand on a voulu...
00:17:30 quand quelques journalistes
00:17:32 ont dit que j'étais devenu
00:17:34 le prince des ténèbres,
00:17:36 qu'à ce moment-là, ils ont dit
00:17:38 "Oui, il a invité machin, il a invité ma truc,
00:17:40 mais quand j'invitais Dieudonné, il y avait la lycra en face de Dieudonné,
00:17:42 c'est même la lycra qui m'a demandé d'inviter Dieudonné,
00:17:44 parce qu'ils étaient contents de pouvoir...
00:17:46 - Ah ouais ? - Bah oui, évidemment !
00:17:48 - J'ai eu 3 fois, je crois, donc c'était une des...
00:17:50 - Il y en a une qui est restée connue,
00:17:52 où il y a, en fait,
00:17:54 il y a Bournazel de la lycra,
00:17:56 il y a Thierry Lévy
00:17:58 en face de Dieudonné, tout le monde est très content
00:18:00 de pouvoir avoir Dieudonné en face
00:18:02 et de pouvoir lui dire son fait.
00:18:04 - Ne vous réfugiez pas derrière une liberté d'expression
00:18:06 qu'au fond, vous ne respectez pas.
00:18:08 - Alors, je pense...
00:18:10 je trouve le procédé
00:18:12 assez malhonnête,
00:18:14 je vous le dis. - Vous embellez des mots
00:18:16 que vous allez regretter dans un instant,
00:18:18 mais vous vouliez la paix,
00:18:20 vous vouliez la paix, on peut en sortir
00:18:22 très facilement, vous savez, il y a
00:18:24 une série, il y a l'injure,
00:18:26 il y a l'injure, et après l'injure,
00:18:28 il y a la loi,
00:18:30 et après la loi, il y a les coups.
00:18:32 Et vous le savez. Donc évitez l'injure,
00:18:34 évitez l'injure,
00:18:36 et vous éviterez la loi et les coups.
00:18:38 - Donc ça pose aucun problème, c'est après
00:18:40 on va en faire une montagne,
00:18:42 parce qu'à ce moment-là,
00:18:44 on a envie de
00:18:46 régler mon compte. - Oui, mais de toute façon,
00:18:48 toi, tu t'en foutais, tu... - Je me fous de...
00:18:50 - T'as jamais eu de sujet ou d'invité tabou,
00:18:52 mais c'est quoi, tu penses que t'as eu
00:18:54 de la chance ou t'en avais vraiment rien à foutre d'être viré ?
00:18:56 - C'est dire... Non, tu penses
00:18:58 aussi que tu seras pas viré parce que tu fais
00:19:00 ce que t'as dit que tu ferais et que tout le monde te soutient,
00:19:02 et j'ai toujours été soutenu par
00:19:04 les directions successives de France Télévisions
00:19:06 qui les utilisaient, et bien ils
00:19:08 ont fait exactement ce qu'on lui demande de faire.
00:19:10 C'est-à-dire, d'inviter, ils sont tous allés
00:19:12 me défendre à l'époque. - Il n'y a jamais eu
00:19:14 un ultimatum, il n'y a jamais eu un tentative...
00:19:16 - Mais je sais que ça va décevoir
00:19:18 ceux qui nous écoutent en ce moment. - Ah non, ça va les faire regretter
00:19:20 une époque, peut-être ? - Non,
00:19:22 je sais qu'à chaque fois que je dis
00:19:24 "personne ne m'a jamais censuré",
00:19:26 "personne ne m'a jamais dit 'n'invite pas un tel'",
00:19:28 "personne ne m'a jamais dit 'invite machin'",
00:19:30 ça déçoit les gens.
00:19:32 Je suis navré, c'est comme ça.
00:19:34 Ça ne veut pas dire qu'au même moment,
00:19:36 peut-être qu'on empêchait d'autres de faire
00:19:38 ce qu'ils voulaient. Mais comme l'a dit
00:19:40 Bruno Patineau à l'époque, qui n'était pas encore
00:19:42 le patron de Arte, mais qui était le numéro 2
00:19:44 de France Télévisions, et qui disait "ça ne vous gêne pas que Frédéric Taddei
00:19:46 invite un tel ou un tel",
00:19:48 il a dit "non, parce que c'est lui".
00:19:50 - Oui, il y a ça aussi. - Parce que
00:19:52 il savait que sur mon plateau,
00:19:54 j'écoutais ce que les gens disaient,
00:19:56 que s'ils disaient un truc qui n'était pas correct
00:19:58 ou qui tombait sous le coup de la loi,
00:20:00 j'allais intervenir.
00:20:02 Et que je ne me laissais pas dépasser.
00:20:04 Et que jamais... Il n'y a jamais eu de scandale
00:20:06 sur mon plateau. Il n'y a jamais eu de...
00:20:08 Il n'y a jamais eu de...
00:20:10 Jamais personne n'est parti
00:20:12 en colère.
00:20:14 Si, une fois, Guy Bedos.
00:20:16 - Ah ouais ? - Oui, parce que
00:20:18 il y avait trop de humoristes sur le plateau.
00:20:20 Il m'a dit
00:20:22 "C'est pas pour rien que je fais du one-man-show".
00:20:24 Et il est parti.
00:20:26 - Il n'y a jamais eu de départ,
00:20:28 de truc, sinon ? - Jamais, jamais.
00:20:30 Il n'y a jamais eu de procès. Il n'y a jamais eu un truc
00:20:32 qui a été dit sur le plateau de "Ce soir ou jamais"
00:20:34 où les gens, le lendemain, comme c'est arrivé des milliers de fois
00:20:36 dans des milliers d'émissions,
00:20:38 ils se rendaient compte, il a dit ça,
00:20:40 et l'animateur ou l'animatrice l'a laissé dire.
00:20:42 Jamais, sur "Ce soir ou jamais",
00:20:44 quand les gens ont dit des énormités, j'étais là.
00:20:46 - Donc le secret, c'est de savoir bien gérer son émission.
00:20:48 - C'est de comprendre ce que les gens disent.
00:20:50 Déjà, c'est beaucoup. - Ouais.
00:20:52 - Savoir aussi pourquoi tu les invites.
00:20:54 Et puis aussi, quand tu mets quelqu'un
00:20:56 qui est...
00:20:58 qui a une forte tête, on va dire,
00:21:00 il faut qu'il y ait des fortes têtes en face.
00:21:02 Tu ne laisses pas de tribunes aux gens.
00:21:04 Tu ne laisses pas un mec,
00:21:06 Soral ou Dieudonné, ils avaient beaucoup de monde
00:21:08 en face d'eux. Beaucoup.
00:21:10 Et des gens
00:21:12 de calibre.
00:21:14 Il y a eu Éric Zemmour, il est venu,
00:21:16 en face de lui, il y avait des gens de taille.
00:21:18 Ça a donné des vrais débats. - Éric Zemmour,
00:21:20 c'est ça la grande bataille idéologique d'aujourd'hui ?
00:21:22 - J'ai écouté l'Omélie
00:21:24 du père Attali et je suis encore un peu
00:21:26 ébloui.
00:21:28 Il y a les méchants et les gentils.
00:21:30 Il y a les vilains
00:21:32 qui veulent la pureté et la purification,
00:21:34 l'horreur quasiment, le nazisme.
00:21:36 Et puis il y a les gentils
00:21:38 qui sont bienveillants, qui sont
00:21:40 altruistes. Oh, c'est beau. C'est beau.
00:21:42 Sauf que ça n'existe pas, monsieur Attali.
00:21:44 Surtout, ça fait
00:21:46 fi de ce qu'on est.
00:21:48 Non pas de ce qu'on devient, mais de ce
00:21:50 qu'on est. Auguste Comte disait
00:21:52 "Les morts gouvernent les vivants", monsieur Attali.
00:21:54 Et Raymond Aron ajoutait "L'histoire est tragique".
00:21:56 Et ça, vous l'oubliez.
00:21:58 Vous parlez pour un homme hors sol,
00:22:00 vous parlez pour un homme qui passe sa vie dans les aéroports.
00:22:02 Mais ça, il n'existe pas, à part vous,
00:22:04 monsieur Attali. Il y a des gens
00:22:06 qui sont là, qui sont là depuis
00:22:08 mille ans et qui ont envie d'être là encore
00:22:10 mille ans et qui n'ont pas envie d'être métissés,
00:22:12 monsieur Attali. Excusez-les !
00:22:14 Ils n'ont pas envie. Ils n'ont pas envie
00:22:16 d'être submergés. Ils n'ont pas envie d'être remplacés.
00:22:18 C'est con, je reconnais.
00:22:20 C'est bas. C'est bas et c'est pas
00:22:22 vraiment altruiste. Mais
00:22:24 c'est leur vie. Vous comprenez ?
00:22:26 Et ils n'ont pas envie que monsieur Attali, le père Attali,
00:22:28 vienne leur dire "Vous êtes des nuls,
00:22:30 vous êtes des médiocres, vous êtes des racistes,
00:22:32 vous êtes des xénophobes, vous n'êtes pas des bienveillants".
00:22:34 Eh ben non ! Eh ben non !
00:22:36 Ils ne sont pas bienveillants. Parce que les autres,
00:22:38 non plus, ne sont pas bienveillants.
00:22:40 - Vous êtes très exactement dans le discours de ce que je disais tout à l'heure.
00:22:42 - Mais je sais que c'est à moi
00:22:44 que vous parliez. Je ne suis pas complètement débile.
00:22:46 - Vous parlez au public, pas à vous. - Non, non, non.
00:22:48 - Ecoutez, non, non. Ne soyez pas narcissique au point de croire
00:22:50 que je vous parlais. - Non, non, non. Je vous laisse narcissisme.
00:22:52 C'est de vous que je l'ai appris depuis longtemps.
00:22:54 - Je ne vous parlais pas à vous, je parlais en général.
00:22:56 - Mais voyons. - Mais vous faites partie de ceux qui considèrent
00:22:58 qu'en effet, une fois après être admis
00:23:00 dans un club, il est bon d'enfermer la porte
00:23:02 pour que les autres n'en soient pas. Et ça, c'est insupportable.
00:23:04 - Monsieur Attali,
00:23:06 la France n'est pas un club.
00:23:08 - C'était pas un type tout seul
00:23:10 qui...
00:23:12 avec un animateur qui vient lui mordre les mollets.
00:23:14 Comme ça arrive souvent.
00:23:16 - Donc c'est quoi,
00:23:18 ce serait quoi le conseil que tu donnerais à des jeunes là
00:23:20 qui regardent, qui voudraient se lancer dans le métier
00:23:22 de l'animation pour savoir cadrer un débat,
00:23:24 pour savoir en tirer le mieux sans avoir
00:23:26 les emmerdes.
00:23:28 - Tu n'as pas d'emmerdes
00:23:30 si tu sais ce que tu fais. - Justement, puisque tu n'en as pas eu.
00:23:32 - Il faut savoir
00:23:34 pourquoi tu fais
00:23:36 ce que tu fais. Il faut faire un débat
00:23:38 dont tu comprends les enjeux
00:23:40 étonnants et les aboutissants.
00:23:42 Il faut comprendre,
00:23:44 savoir pourquoi tu invites les gens
00:23:46 et qu'ils ne soient pas d'accord entre eux.
00:23:48 Il faut que tu sois
00:23:50 d'aucun bord, d'aucun côté.
00:23:52 Tu n'es ni le défenseur ni le procureur de personnes.
00:23:54 Tu n'avantages personne.
00:23:56 C'est ce qui fait qu'ils ne se sentiront pas obligés de hurler
00:23:58 ou de partir.
00:24:00 - À part Finkielkraut. - Il ne s'agissait pas de mon livre.
00:24:02 Je parle de Maurice Barès
00:24:04 pour dire qu'à un
00:24:06 moment donné,
00:24:08 le discours romantique de l'appartenance,
00:24:10 l'importance
00:24:12 donnée par
00:24:14 le rôle donné
00:24:16 par les romantiques à l'appartenance
00:24:18 face à l'idéologie d'un homme
00:24:20 des lumières,
00:24:22 conçu comme son propre fondement,
00:24:24 ce discours... - Maurice Barès, c'est tout.
00:24:26 - C'est vous. - Maurice Barès, c'est tout.
00:24:28 - C'est vous. - Maurice Barès, c'est tout sauf romantique.
00:24:30 - Il est
00:24:32 contre un animateur.
00:24:34 Contre un invité,
00:24:36 pas contre moi. Il n'est pas parti.
00:24:38 Ils sont même sortis
00:24:40 de l'éterne.
00:24:42 Mais il s'en est beaucoup venu.
00:24:44 D'ailleurs, il me dédicassait
00:24:46 pendant un certain temps tous ses livres de la part de "Taisez-vous",
00:24:48 écrit en capital.
00:24:50 - C'est vrai ? Il mettait ça ? C'est bon, ça ?
00:24:52 - Oui, mais il y a beaucoup d'humour au Finkielkraut.
00:24:54 Et...
00:24:56 Donc il regardait. Mais voilà, il faut que tu...
00:24:58 Il faut que tu écoutes ce que les gens disent.
00:25:00 Il ne faut pas que tu sois en train de lire la fiche
00:25:02 que quelqu'un d'autre t'a écrite
00:25:04 avec la prochaine question. Parce que ça, c'est...
00:25:06 - Alors, je vais ronger ça.
00:25:08 - Si t'as écrit tes fiches, normalement,
00:25:10 tu peux t'en souvenir.
00:25:12 Mais la plupart du temps, c'est pas l'animateur
00:25:14 qui a écrit sa fiche. Donc il déchiffre
00:25:16 un peu sa question. Et puis en ce temps-là,
00:25:18 l'autre répond. Il répond n'importe quoi.
00:25:20 L'histoire de ce...
00:25:22 Le parfumeur qui,
00:25:24 à un moment, dit un truc horrible sur les Noirs.
00:25:26 Je ne sais pas si les Noirs ont tellement travaillé.
00:25:28 Une phrase que tout le monde reprend,
00:25:30 qui scandalise tout le monde.
00:25:32 - Qu'est-ce qui
00:25:34 vous séduirait si
00:25:36 on vous devait vous faire un parfum ?
00:25:38 Et elle m'a dit...
00:25:40 "J'aime le jasmin,
00:25:42 la rose et le centale."
00:25:44 Pour une fois, je me suis mis
00:25:46 à travailler comme un Nègre.
00:25:48 Je ne sais pas si les Nègres
00:25:50 ont toujours tellement travaillé.
00:25:52 Et...
00:25:54 Au bout d'une 33e
00:25:56 essai, j'ai trouvé
00:25:58 que ça sentait assez bon pour lui présenter.
00:26:00 - Le problème, c'est que
00:26:02 l'animateur, ce jour-là,
00:26:04 elle n'a pas entendu la phrase.
00:26:06 Elle était en train de lire ses fiches.
00:26:08 Et c'est le lendemain, en lisant les journaux,
00:26:10 qu'elle a découvert ça. Ou peut-être en lisant les tweets
00:26:12 après, qu'elle s'est rendue compte qu'on avait dit ça
00:26:14 sur son plateau. Elle n'écoutait pas.
00:26:16 Moi, quand tu es venu dans mes émissions,
00:26:18 quand tu parles, je te regarde dans les yeux.
00:26:20 Tu peux me parler, tu peux parler à l'autre en face,
00:26:22 mais tu sais que je te regarde dans les yeux et que je t'écoute.
00:26:24 Et tu n'es pas tout seul.
00:26:26 Tu ne vas pas partir...
00:26:28 Voilà, il y a plein de trucs comme ça.
00:26:30 - Mais du coup, alors tu dis, il n'y a pas eu de pression.
00:26:32 Donc tous ceux qui disent, Delphine Arnot,
00:26:34 elle a coupé l'émission parce que c'était trop sulfureux,
00:26:36 ils disent de la merde.
00:26:38 - Je n'en sais rien.
00:26:40 Ça, c'est la présidente suivante.
00:26:42 Mais à ce moment-là, ce soir ou jamais,
00:26:44 ça s'arrête. La raison pour laquelle on a arrêté ce soir ou jamais...
00:26:46 Moi, j'estimais que quand j'ai commencé ce soir ou jamais,
00:26:48 Patrice Duhamel m'avait dit,
00:26:50 tu t'en prends pour 10 ans.
00:26:52 J'ai dit, très bien, 10 ans, c'est parfait.
00:26:54 J'avais fait 8 ans ce soir ou jamais, Paris-Dernière.
00:26:56 Je me suis dit, 10 ans, c'est très bien.
00:26:58 Et au bout de 10 ans... Pourquoi il avait dit 10 ans ?
00:27:00 Il avait dit 2 fois 5 ans de présidence.
00:27:02 Et effectivement,
00:27:04 sur le 2e mandat,
00:27:06 celui de Pierre Fimelin,
00:27:08 déjà, j'étais plus qu'une fois par semaine.
00:27:10 Et puis après, le mandat est suivant.
00:27:12 Pourquoi on a arrêté ce soir ou jamais ?
00:27:14 Sans doute parce qu'on pensait
00:27:16 qu'on allait faire mieux.
00:27:18 Et peut-être parce qu'on a trouvé ça trop sulfureux.
00:27:20 Peut-être aussi parce que c'était une année présidentielle
00:27:22 et qu'on se disait...
00:27:24 J'en ai fait 2 présidentielles.
00:27:26 J'ai fait Sarkozy et j'ai fait Hollande.
00:27:28 Personne ne s'est plaint.
00:27:30 Mais on se dit toujours,
00:27:32 laisser des artistes, des intellectuels, pouvoir parler autant qu'ils veulent
00:27:34 sur une présidentielle, c'est peut-être risqué.
00:27:36 Je ne sais pas. Je me pose la question et je m'en fiche.
00:27:38 Je n'ai pas de regret particulier.
00:27:40 J'ai beaucoup aimé faire ça.
00:27:42 Je l'ai fait 10 ans, c'est bon.
00:27:44 - Et l'autre émission que tu as arrêtée,
00:27:46 c'est ce que tu faisais sur RT.
00:27:48 - Alors celle-là, je l'ai arrêtée.
00:27:50 - Là, c'est pour des raisons morales, personnelles.
00:27:52 - Je l'ai dit.
00:27:54 Je l'ai arrêtée
00:27:56 parce que je pensais que la guerre allait éclater.
00:27:58 Et que même si Vladimir Poutine n'envahissait pas l'Ukraine,
00:28:02 puisque j'ai démissionné 3 jours avant,
00:28:04 de toute façon,
00:28:06 étant donné ces dernières déclarations,
00:28:08 la veille,
00:28:10 je savais qu'il se retrouvait en conflit
00:28:12 ouvert avec la France.
00:28:14 Et que donc, à partir de ce moment-là,
00:28:16 je trouvais plus tenable de faire une émission de débat
00:28:18 sur une chaîne russe
00:28:20 si le conflit était...
00:28:22 Et ce qu'on a été capable de faire,
00:28:24 c'est ce que certains ont interprété comme du nationalisme.
00:28:28 - Bah oui !
00:28:30 Mme Sonia De Villiers,
00:28:32 qui a dit que c'était du nationalisme,
00:28:34 disait que quand le boucher Poutine n'était pas en guerre,
00:28:36 ça ne dérangeait pas Taddeï,
00:28:38 mais alors maintenant, ça y est,
00:28:40 il se réveille avec une crise de conscience.
00:28:42 Et du coup, ces cons-là sont allés dire
00:28:44 que tu étais nationaliste.
00:28:46 - Non, elle a dit.
00:28:48 - Elle, oui.
00:28:50 - Je ne pense pas qu'elle le croyait, ce qu'elle a dit.
00:28:52 C'est juste que quand j'ai commencé
00:28:54 Interdit d'interdire sur RT,
00:28:56 c'est elle,
00:28:58 je suis allé faire une longue interview,
00:29:00 dont elle n'a pas gardé que des bons souvenirs.
00:29:02 - Oui.
00:29:04 - Mais pourtant, c'était rigolo.
00:29:06 - Ça s'est mal passé ?
00:29:08 - Non, c'était très bien passé, mais c'était plutôt rigolo.
00:29:10 Et c'est elle qui m'a dit
00:29:12 "Qu'est-ce qui vous ferait partir d'RT ?"
00:29:14 Et j'ai dit "S'il y a une guerre".
00:29:16 Alors elle avait ricané,
00:29:18 parce qu'il ne peut pas y avoir une guerre avec la Russie.
00:29:20 Si il y a une guerre, je partirais.
00:29:22 - Quelques jours avant de commencer sur RT,
00:29:24 Frédéric Taddeï m'avait donné une interview.
00:29:26 Est-ce que quelque chose pourrait provoquer
00:29:28 votre départ de Russia Today ?
00:29:30 - Bien entendu.
00:29:32 - Quoi par exemple ?
00:29:34 - Une guerre entre la France et la Russie.
00:29:36 Il y en a tellement qui ont l'air de la souhaiter.
00:29:38 Pour abattre un tyran pareil, ça vaudrait le coup, non ?
00:29:40 - Qu'est-ce que vous pensez de Vladimir Poutine ?
00:29:42 - Franchement, rien.
00:29:44 - On appelle ça avoir de la constance.
00:29:46 Frédéric Taddeï est un intervieweur subtil,
00:29:48 soir ou jamais, émission de débat malmenée,
00:29:50 puis déprogrammée par France Télé.
00:29:52 Il s'était rabattu sur RT,
00:29:54 lui apportant notoriété et légitimité
00:29:56 à cette chaîne étrangère qui voulait s'implanter,
00:29:58 la chaîne créant un espace à la mesure
00:30:00 de l'animateur qui voulait continuer
00:30:02 à exister. Frédéric Taddeï
00:30:04 avait intitulé son émission "Interdit d'interdire",
00:30:06 postulant une entière liberté
00:30:08 de parole, tant pis si c'est pour le compte
00:30:10 d'un média financé par un régime
00:30:12 qui interdit et muselle à tout va.
00:30:14 De fait, Taddeï a continué de recevoir
00:30:16 des gens souvent intelligents et a mené des débats
00:30:18 sur mille et un sujets, peu importe
00:30:20 la féroce répression qui s'est pendant ce temps-là
00:30:22 abattue sur les journalistes et activistes russes
00:30:24 opposés à Vladimir Poutine,
00:30:26 du moment que son micro à lui,
00:30:28 demeure ouvert. La seule limite
00:30:30 morale, vous l'avez entendu, que s'était fixée
00:30:32 Frédéric Taddeï, et à laquelle
00:30:34 il se tient, c'est la guerre.
00:30:36 C'est la patrie en danger.
00:30:38 Le nationalisme pour valeur
00:30:40 cardinale. Le nationalisme
00:30:42 avant la démocratie, avant
00:30:44 les droits de l'homme, avant la liberté d'expression
00:30:46 et plus simplement, avant
00:30:48 la solidarité. C'est un choix,
00:30:50 il mérite d'être décrypté.
00:30:52 - Voilà, on peut se traiter, tu t'en fous de ce qu'on dit de toi ?
00:30:54 - Oui, oui, à peu près, oui.
00:30:56 - A peu près, oui. - En tout cas,
00:30:58 dès l'instant où tu fais un métier public,
00:31:00 notamment que tu fais de la télévision,
00:31:02 politique c'est pire encore.
00:31:04 Mais juste après politique, il y a, je fais de la télé.
00:31:06 Moi j'ai eu un régime quand même
00:31:08 assez extraordinaire pendant quasiment
00:31:10 les deux
00:31:12 tiers de ma carrière, on ne fait que
00:31:14 m'en sorcer.
00:31:16 - C'est vrai, tu t'en es bien sorti. - Tout le temps, j'étais extraordinaire.
00:31:18 Tout le monde... Les gens
00:31:20 se sentaient... Parce qu'il y a un processus de mimétisme.
00:31:22 Si tout le monde dit du bien de toi, les autres
00:31:24 se disent "je vais pas commencer à en dire du mal". Il y en a un ou
00:31:26 deux qui ont dit un peu de mal tout de suite.
00:31:28 "Aaah, pourquoi t'es là ?
00:31:30 Je suis mal de frère, t'as dit qu'il était un saint."
00:31:32 Et puis après,
00:31:34 il y a une espèce de révolte, il y a un petit noyau
00:31:36 qui s'est dit "non, quand même, il faut lui régler
00:31:38 son compte". - Et qui sont alors ces gens ?
00:31:40 - Peu importe.
00:31:42 Et donc là, il a commencé à devenir un peu mieux
00:31:44 de dire du mal de moi.
00:31:46 Et puis là, normalement,
00:31:48 et puis après, j'étais plus à force des visions,
00:31:50 donc là, tu pouvais y aller. Parce que j'étais plus...
00:31:52 - T'as envie de y revenir ?
00:31:54 - Non, pas spécialement.
00:31:56 J'ai pas de...
00:31:58 - Il y avait quand même une différence,
00:32:00 quand on a connu le Taddy de Paris
00:32:02 dernière et de ce soir ou jamais.
00:32:04 J'ai adoré aller dans ton émission sur RT.
00:32:06 Pourquoi les murs sont en verre ?
00:32:08 Pourquoi les canapes sont...
00:32:10 Enfin, il y a un truc qui va pas dans la lumière,
00:32:12 dans le décor... - Ah, sur RT ?
00:32:14 - Ouais, enfin... - C'est vachement joli.
00:32:16 - Non, mais c'est vachement joli, mais il manque un public.
00:32:18 Déjà, ça change. - Ah oui, moi j'aime bien aussi.
00:32:20 - Ça dérange toi ? - Moi, j'aime pas refaire les choses.
00:32:22 - Ne pas refaire les choses.
00:32:24 - Quand j'ai fait "interdit d'interdire", je me suis dit "qu'est-ce que je fais ?
00:32:26 C'est encore une émission de débat, je vais pas refaire par les dernières
00:32:28 ce soir ou jamais". De toute façon, j'en avais pas
00:32:30 les moyens, c'était pas le même budget.
00:32:32 Donc tu fais autre chose, et t'essayes
00:32:34 qu'il y ait un avantage,
00:32:36 à faire quelque chose moins cher,
00:32:38 avec moins de gens.
00:32:40 Et j'ai trouvé que c'était une émission qui était finalement
00:32:42 plus pédagogique que "ce soir ou jamais".
00:32:44 - Pourquoi ? - Ou "ce soir ou jamais".
00:32:46 Il y avait beaucoup d'effets de manche,
00:32:48 c'était plus tard dans la soirée,
00:32:50 il y avait plus de monde, il y avait un public,
00:32:52 même si le public, on lui avait demandé de ne pas
00:32:54 applaudir, "tiens, je peux prendre une de tes cigarettes ?"
00:32:56 - Vas-y, je t'en prie. - Tu jures que c'est pas de la drogue ?
00:32:58 - Non, non, ce n'est pas de la drogue.
00:33:00 Parce que je suis contre les drogues douces.
00:33:02 - Ah oui, soit on prend de la dure, soit on n'en prend pas, c'est ça ?
00:33:04 - Au moins...
00:33:06 - Ah mais va animer l'émission sous opium.
00:33:08 Si tu veux du...
00:33:10 - C'est pas pour autant qu'il faut en prendre tout le temps.
00:33:12 Mais je veux dire, de là à prendre de la drogue,
00:33:14 je ne comprends pas qu'on
00:33:16 prenne des drogues douces. En fait, de là, c'est du tabac,
00:33:18 c'est de la drogue dure. - C'est du tabac.
00:33:20 - C'est de la drogue dure. - N'est-ce pas Twitch ?
00:33:22 Mais en fait, c'est dingue,
00:33:24 parce qu'on a envie de voir
00:33:26 derrière la neutralité que t'as, autre chose, en fait.
00:33:28 - Je voudrais tout savoir,
00:33:30 ce que je pense vraiment.
00:33:32 - Mais oui, quand t'invites Nab... - Qu'est-ce qu'on s'en fout ?
00:33:34 - Tous les autres, on pourra bien finir.
00:33:36 - Mais alors, pour moi, le souci,
00:33:38 c'est que tout à l'heure, je vous ai dit, ce qui serait intéressant
00:33:40 avec cette affaire, c'est de
00:33:42 bouger le discours juridique
00:33:44 sur un discours moral et d'éthique.
00:33:46 Quelle est votre responsabilité ?
00:33:48 De terminer un débat
00:33:50 sur cette question de la liberté d'expression
00:33:52 et d'inviter un antisémite
00:33:54 sur ce plateau ? Parce que Marc-Edouard Nab
00:33:56 a publié... Il n'a même plus d'éditeur,
00:33:58 tellement ses textes sont antisémites.
00:34:00 - Pardon, Emilie Frèche... - Mais voilà !
00:34:02 Je vous dis, vous terminez l'émission...
00:34:04 - Je termine pas l'émission, je la termine avec vous.
00:34:06 Il est venu à Paris. - Il est venu, et vous donnez la parole
00:34:08 et une tribune, donc il y a une part de responsabilité,
00:34:10 comme Soral, comme Kemron N'Okamu,
00:34:12 comme tous ces gens-là. Je peux pas ne pas vous le dire.
00:34:14 - Marc-Edouard Nab a publié
00:34:16 des dizaines de livres, des milliers de pages,
00:34:18 pour lesquelles il n'a jamais été condamné.
00:34:20 Excusez-moi.
00:34:22 - Quand t'invites Nab, quand t'invites
00:34:24 Dieu Donné, quand t'invites Soral,
00:34:26 quand t'invites... - Mais c'est toujours les mêmes...
00:34:28 - Est-ce qu'il n'y a pas une fascination ?
00:34:30 - C'est toujours les mêmes, qu'on cite.
00:34:32 On devrait aussi citer tous ceux
00:34:34 qu'on n'assimile pas à ceux-là,
00:34:36 et qui sont tous aussi
00:34:38 subversifs. J'ai invité
00:34:40 des mecs
00:34:42 de l'autre côté, qui étaient extrêmement...
00:34:44 - Une des plus subversives,
00:34:46 c'est la... qui glaçante,
00:34:48 c'est la guénolée, c'est le réquisitoire
00:34:50 de guénolée contre...
00:34:52 - Ourya Bouteldia. - Ourya Bouteldia.
00:34:54 - Oui, par exemple. - C'est silence sur le plateau.
00:34:56 - Mais là, on est...
00:34:58 J'ai invité des...
00:35:00 J'ai invité des gens, des contestataires,
00:35:02 ceux qu'on n'entendait pas ailleurs,
00:35:04 sur tous les sujets. Donc la première fois qu'on a vu
00:35:06 des économistes anti-euro
00:35:08 à la télé, c'était dans "Ce soir ou jamais".
00:35:10 Tout le monde était là...
00:35:12 - Qu'est-ce qui se passe ? - Il y a des mecs qui disent
00:35:14 que l'euro, c'est pas bon. - L'euro, c'est pas bien ?
00:35:16 - Il y a des pays qui profitent de l'euro.
00:35:18 Ça n'est le cas ni de la Grèce, ni d'Italie,
00:35:20 ni d'Espagne, ni de la France.
00:35:22 Ces 4 pays sont des pays
00:35:24 à qui l'euro a nuit.
00:35:26 - A profité. - Attendez, attendez.
00:35:28 - A profité de 1999 à 2008 et nuit maintenant.
00:35:30 - Si vous voulez. Tout à fait d'accord.
00:35:32 Et la France s'est privée
00:35:34 d'un levier précieux qui est le levier monétaire.
00:35:36 Et bien les difficultés actuelles,
00:35:38 les difficultés du moment seraient levées
00:35:40 si nous avions encore un moyen d'action
00:35:42 sur la monnaie que nous n'avons pas.
00:35:44 Le Japon vient de le prouver. - D'accord avec ça.
00:35:46 - D'évaluer une monnaie nationale.
00:35:48 C'est un ballon d'oxygène dont nous nous sommes privés.
00:35:50 - Je suis d'accord. - Le gouvernement,
00:35:52 le gouvernement actuel, le pouvoir actuel en France
00:35:54 comme dans d'autres pays, s'est lié les mains.
00:35:56 Et il dit "on n'y peut rien, c'est comme ça,
00:35:58 on ne viendra pas en arrière". Et beaucoup de gens disent
00:36:00 "quitter l'euro ce serait bien difficile,
00:36:02 ce serait bien délicat, ce serait bien mon souhait etc."
00:36:04 Donc continuons à absorber ce poison
00:36:06 qui nous tue, qui asphyxie l'économie etc.
00:36:08 - Et c'est pareil,
00:36:10 j'ai invité, je ne sais pas, Françoise Héritier.
00:36:12 Je pense que quand elle est morte,
00:36:14 ils ont été obligés de passer des images de ce soir ou jamais
00:36:16 dans aucune autre émission.
00:36:18 Pape Ndiaye, à mon avis,
00:36:20 si la seule fois où il a dû passer sur la télé publique
00:36:22 avant de devenir ministre,
00:36:24 c'est dans ce soir ou jamais.
00:36:26 La plupart, voilà,
00:36:28 ça va jusqu'à Chomsky,
00:36:30 en passant par à peu près
00:36:32 toutes les tendances, tu as eu
00:36:34 des...
00:36:36 j'ai eu tout le monde, dans tous les domaines.
00:36:38 Est-ce qu'il n'y a pas de la fascination ? Non.
00:36:40 - Non, aucune.
00:36:42 Et il y a des préférences ?
00:36:44 Alors, quel que soit le nom de l'émission,
00:36:46 si je devais te dire,
00:36:48 est-ce que tu as trois
00:36:50 moments où tu as pris ton pied ?
00:36:52 - Tu sais, j'ai fait 750 émissions
00:36:54 de ce soir ou jamais. 750.
00:36:56 Pivot n'a fait que 725 apostrophes.
00:36:58 - C'est pas vrai !
00:37:00 Tu as tenu les comptes ? Il y avait un objectif de le battre ?
00:37:02 - Oui. - Ah, bah voilà !
00:37:04 - C'est à dire l'émission culturelle
00:37:06 la plus longue de l'histoire de la télé.
00:37:08 - C'est la plus longue.
00:37:10 - Et donc... - Paul-Lach, il y en a eu combien, des Rodrigues ?
00:37:12 - Il y en a eu un peu moins.
00:37:14 Et puis c'était pas une émission culturelle.
00:37:16 Mais... - C'est quoi ?
00:37:18 - C'était une émission qui se voulait
00:37:20 des débats d'actualité, d'info.
00:37:22 Enfin, il y avait un petit reportage
00:37:24 fait par des journalistes qui t'expliquaient
00:37:26 le bien et le mal. Et puis après, il y avait un tribunal
00:37:28 populaire qui jugeait un type
00:37:30 avec 40 types
00:37:32 qui l'accusaient. - Ouais, ça, tu ne voulais pas, toi ?
00:37:34 - Non, je n'ai jamais fait ça, moi.
00:37:36 Mais j'aimais beaucoup
00:37:38 le droit de réponse.
00:37:40 Mais c'est pas du tout ce que j'ai fait, effectivement.
00:37:42 Mais là, pourquoi ça pouvait virer
00:37:44 mal ? Parce que
00:37:46 t'avais 40 personnes et il y en avait qui étaient
00:37:48 tout au fond et qui n'ont jamais donné la parole.
00:37:50 Pourquoi l'enterrement d'Arakiri
00:37:52 ou de Charlie Hebdo, je ne me souviens plus, ça se passe mal ?
00:37:54 - C'est I.S.Arakiri. - C'est parce que
00:37:56 les fondateurs... Enfin, le professeur Choron,
00:37:58 il est tout au fond. - Pourquoi tu invites
00:38:00 des lycéens qui ne veulent rien dire ?
00:38:02 - Bah, faut que j'apprenne. - Ça ne veut plus
00:38:04 rien dire, les lycéens !
00:38:06 C'est des merdeux ! Des produits cul !
00:38:08 Des gros percissements !
00:38:10 - Oui, qui gueulent pour lui. - Oui, oui.
00:38:12 Il n'a pas le droit de parler, lui. Il est là juste pour faire joli.
00:38:14 Et voilà, moi, ce n'est jamais
00:38:16 arrivé. Ce soir, jamais tout le monde n'a parlé autant.
00:38:18 Le plus connu et le moins connu.
00:38:20 Et quel que soit leur bord.
00:38:22 Et il y avait toujours en face des gens pour leur répondre.
00:38:24 Mais tout ça pour te dire que
00:38:26 je n'ai pas de... Il y a des tas de moments
00:38:28 dont je me souviens. Et parfois...
00:38:30 Moi, j'ai des très bons souvenirs dans les shows...
00:38:32 - Voilà, c'est ça, des bons souvenirs. - ...que personne n'a vus.
00:38:34 - Justement, comme ça, les gens vont aller les voir.
00:38:36 - Et on les mettra à la post-prod. - Non, parce que
00:38:38 je crois que personne ne les a enregistrés à ce moment-là.
00:38:40 Elles sont à l'INA, mais c'est tout. Je me souviens d'une émission
00:38:42 où j'avais invité que des gastronomes chinois.
00:38:44 Ce qu'on m'avait dit, il ne faut surtout pas faire une émission
00:38:46 où il n'y a que des chinois parce que personne ne regardait.
00:38:48 - Donc tu l'as fait. - J'ai fait une émission avec que des chinois.
00:38:50 - Pourquoi des gastronomes ? - Moi, chinois !
00:38:52 Parce qu'il y avait, je ne sais plus,
00:38:54 un salon ou un truc qui faisait
00:38:56 qu'il y avait des gastronomes chinois qui étaient là.
00:38:58 Et je me suis dit que ça allait faire une bonne émission.
00:39:00 Parce qu'on a plus de restaurants chinois que de pharmacies en France.
00:39:02 Je me suis dit qu'ils vont nous dire
00:39:04 ce que c'est que la vraie gastronomie chinoise.
00:39:06 Et alors, ils nous avaient expliqué notamment
00:39:08 que tous nos restaurants chinois n'étaient pas des restaurants chinois.
00:39:10 D'ailleurs, ils étaient tenus par des vietnamiens.
00:39:12 Et puis, de toute façon, ce n'était pas des cuisiniers.
00:39:14 Et que ça n'avait rien à voir avec ce qu'on mange en Chine.
00:39:16 Ce qui est vrai dès l'instant où tu vas en Chine
00:39:18 ou même au Vietnam, d'ailleurs, ça n'a rien à voir avec ce qu'on mange ici.
00:39:20 - Le nem, ce n'est pas chinois, c'est viet.
00:39:22 - Non, mais c'est surtout que ce n'est pas accommodé de la même manière.
00:39:24 Nous, on a des versions aseptisées.
00:39:26 - Mais nous aussi, on a une version aseptisée de notre bouffe.
00:39:28 - Surtout. - Voilà.
00:39:30 - C'est très pénible à filmer.
00:39:32 - Oui, alors il faut tirer dessus tout le temps.
00:39:34 C'est ça le problème.
00:39:36 Sinon, ça s'arrête.
00:39:38 - Et puis, il n'y a rien dedans, non ?
00:39:40 C'est tout petit, non ?
00:39:42 C'est très fin, non ? - C'est fin.
00:39:44 Oui, mais ça dure plus longtemps.
00:39:46 - Je déconseille aux gens d'utiliser ça.
00:39:48 - Oui, mais c'est parce que là,
00:39:50 il n'y avait vraiment plus rien.
00:39:52 Sinon, on peut envoyer la prod, acheter un paquet de clopes en bas.
00:39:54 - Un vrai.
00:39:56 - Un vrai paquet de clopes. - Des blondes.
00:39:58 - Très bien.
00:40:00 - Quelle marque ?
00:40:02 - Un truc qui commence par un M, un truc qui commence par un G,
00:40:04 un truc qui commence par un L,
00:40:06 un truc qui commence par...
00:40:08 - Rouge, rouge.
00:40:10 - C'est pareil pour la drogue, on ne va pas faire semblant, sinon ce n'est pas drôle.
00:40:12 - Merci.
00:40:14 - Et donc, quand tu parles de RT, c'est...
00:40:16 - C'est bien parce que moi, quand je faisais "Ce soir ou jamais",
00:40:18 je n'ai plus à envoyer le réalisateur m'acheter des clopes.
00:40:20 - Pourquoi ?
00:40:22 - Parce que sans le réalisateur, l'émission s'arrête.
00:40:24 - S'il n'y avait pas de caméra...
00:40:26 - Et du coup, maintenant, tu viens sur Internet.
00:40:28 Au-delà de l'interview qu'on fait là,
00:40:30 tu m'as dit que tu étais mis au podcast.
00:40:32 Je suis désolé de ne pas être au courant.
00:40:34 - Je lance,
00:40:36 avec des jeunes de votre âge,
00:40:38 l'e-media,
00:40:40 l-e-d-i-a-s,
00:40:42 et on lance un catalogue de podcasts
00:40:44 tournés partout,
00:40:46 sur Apple, sur Deezer...
00:40:48 - Mais pas sur YouTube, pas sur Twitch.
00:40:50 - Non. Alors, il y a des extraits qui passent
00:40:52 sur les réseaux sociaux, parce qu'on s'est filmés,
00:40:54 mais c'est de l'audio.
00:40:56 Et ils sont très contents, parce qu'en deux mois,
00:40:58 on a fait plus de 36 millions de vues.
00:41:00 - En deux mois ?
00:41:02 - 36 millions. Mais attention, tout ce qui est
00:41:04 interaction avec notre contenu,
00:41:06 il n'y a pas 36 millions de gens
00:41:08 qui ont regardé, écouté
00:41:10 toutes les émissions. Il y a 36 millions de gens...
00:41:12 - Tu veux faire 120 millions en 8 ans ? Je suis dégoûté.
00:41:14 - Ils ont interagi avec
00:41:16 notre contenu.
00:41:18 - Mais tu n'as pas eu l'envie du...
00:41:20 C'est juste parce que
00:41:22 tu attends que la technique soit au niveau,
00:41:24 ou tu vas te dire "je me mets sur YouTube,
00:41:26 je me mets sur Twitch, je me mets sur..."
00:41:28 - Je n'ai pas envie de faire de la télé pour faire de la télé.
00:41:30 Parce que pour moi, YouTube...
00:41:32 - C'est marrant, tu disais tout à l'heure "c'est de la télé".
00:41:34 - Il n'y a pas de différence. C'est de la télé.
00:41:36 La plupart des... Je vois mon fils,
00:41:38 il regarde tel ou tel truc sur YouTube,
00:41:40 et je lui dis "c'est de la télé".
00:41:42 Parce qu'il ne sait pas d'où ça sort.
00:41:44 Mais c'est quand même de la télé.
00:41:46 Ce n'est pas parce que tu n'es pas sur France Télévisions
00:41:48 ou sur TF1 que ce n'est pas de la télé.
00:41:50 C'est de la télé. - Pourtant, tu ne payes pas l'art de vence.
00:41:52 - Oui, mais ce n'est pas ça qui fait la...
00:41:54 - C'est de la télé, oui.
00:41:56 - L'art de vence, c'est pour financer le service public.
00:41:58 Donc toi, tu n'es pas le service public, tu ne touches pas
00:42:00 l'art de vence. Mais tu fais quand même de la télé.
00:42:02 Canal+ ne touchait pas l'art de vence,
00:42:04 c'était quand même de la télé. D'ailleurs, quand j'étais
00:42:06 à Canal+ et que le slogan, c'était
00:42:08 "Quand vous êtes sur Canal+, vous n'êtes pas en train de regarder la télé",
00:42:10 - C'était une connerie. - ça me faisait rigoler.
00:42:12 Et je n'arrêtais pas de me moquer de cette pub.
00:42:14 C'était de la télé, comme le reste.
00:42:16 - C'est de la télé, oui.
00:42:18 - Et quand tu regardes
00:42:20 un spectacle de stand-up
00:42:22 sur Netflix, c'est de la télé.
00:42:24 C'est retransmis
00:42:26 à la télé, c'est diffusé à la télé.
00:42:28 - Oui, c'est même d'ailleurs souvent
00:42:30 adapté pour pouvoir spécifiquement
00:42:32 tourner sur la télé. - Sans doute.
00:42:34 - Oh. - Sans doute.
00:42:36 - Et alors du coup, tu fais quoi dans cette nouvelle émission ?
00:42:38 - Je suis le directeur de la qualité.
00:42:40 Non, du catérographe. J'ai fait...
00:42:42 - Non mais quelle forme ça prend ? Vu que tu ne fais jamais deux fois la même chose...
00:42:44 - C'est très compliqué parce que là,
00:42:46 tu changes de paradigme. Quand tu fais les podcasts,
00:42:48 les podcasts, pour moi, c'est l'avenir proche de la télé.
00:42:50 De la télé et de la radio.
00:42:52 C'est-à-dire que l'Internet, ça consiste à supprimer
00:42:54 les intermédiaires. Donc là, on va supprimer
00:42:56 les chaînes. Les chaînes et les stations.
00:42:58 Les animateurs vont
00:43:00 proposer directement leurs émissions
00:43:02 aux spectateurs, aux auditeurs,
00:43:04 sans plus passer par une chaîne de télé.
00:43:06 A partir de ce moment-là, qu'est-ce que ça change ?
00:43:08 Alors déjà, tu n'as plus l'Arkom. - L'Arkom ?
00:43:10 - Oui, enfin, la haute autorité.
00:43:12 - Ah oui, oui. - Elle s'appelle le Celsa.
00:43:14 - Je ne connais même pas
00:43:16 le nom des mecs, je dois dire à quel point ils sont fous.
00:43:18 - À l'époque où j'avais beaucoup d'ennuis avec eux, c'était Paris-Dernière.
00:43:20 Donc là, je les connaissais. Mais maintenant, j'ai plus
00:43:22 d'ennuis avec eux.
00:43:24 Et donc, tu n'as plus tout ça.
00:43:26 Et tu n'as plus l'histoire d'horaire.
00:43:28 Enfin, tu connais ça, toi.
00:43:30 - Ouais. Tu fais quand tu veux. Même si
00:43:32 les gens sont quand même habitués à une régularité
00:43:34 qui fait que quand tu as un horaire fixe, ça se voit
00:43:36 sur l'audimat, quand même. - Sans doute.
00:43:38 D'ailleurs, nous, on poste nos nouvelles
00:43:40 émissions le vendredi. Les nouvelles partent.
00:43:42 Mais qu'est-ce que ça change ? Ça change
00:43:44 quand même des trucs. Alors après, ça va changer le contenu.
00:43:46 C'est déjà en train de changer le contenu. Il faut commencer
00:43:48 à se dire, qu'est-ce que je peux faire là que je ne pourrais pas
00:43:50 faire à la radio ? Ou je ne pourrais pas faire à la télé
00:43:52 si demain, je fais des émissions de télé sur le podcast.
00:43:54 Et c'est ça qui m'intéresse,
00:43:56 de réfléchir à ça. - Oui. - Ça m'intéresse
00:43:58 de réfléchir à... Par exemple, sur le podcast
00:44:00 là que je fais en ce moment, "Pourquoi ?"
00:44:02 C'est des interviews d'une demi-heure.
00:44:04 Et je veux que ce soit des conversations
00:44:06 et qu'il n'y ait pas de...
00:44:08 J'essaye qu'il n'y ait pas d'act...
00:44:10 Mes invités n'ont pas d'actualité.
00:44:12 Que ce soit comme des conversations, comme ça,
00:44:14 qui pourraient être faites n'importe comment. - N'importe comment.
00:44:16 - À n'importe quel moment, puisque ça peut être
00:44:18 écouté dans un an ou dans deux ans.
00:44:20 Donc je joue là-dessus. - Je vous insiste sur ça un peu aussi.
00:44:22 - Et puis je ne dis jamais "Bonjour". Parce que j'en peux plus
00:44:24 qu'on dise "Bonjour" à la radio. - Pourquoi ?
00:44:26 - Parce que quand t'écoutes la radio,
00:44:28 tout le monde se dit "Bonjour" tout le temps.
00:44:30 Je suis l'animateur, "Bonjour".
00:44:32 Hein ? Alors en plus,
00:44:34 ils disent tous "Bonjour à tous". Je ne supporte pas
00:44:36 "Bonjour à tous". Alors je reçois
00:44:38 un premier... - Ah oui, "Bonjour à l'audience",
00:44:40 pas à l'invité. - Voilà.
00:44:42 Le chroniqueur arrive, "Bonjour Frédéric",
00:44:44 "Bonjour à tous". Et
00:44:46 ensuite la météo, "Bonjour",
00:44:48 "Bonjour à tous", etc.
00:44:50 Et quand t'es sur des chaînes
00:44:52 de radio d'information continue,
00:44:54 ils reviennent 50 fois par jour.
00:44:56 C'est toujours les mêmes.
00:44:58 Et ils se redisent "Bonjour". "Bonjour",
00:45:00 "Bonjour à tous", "Bonjour", "Bonjour à tous", "Bonjour", "Bonjour à tous".
00:45:02 C'est plus que ça la radio. "Bonjour",
00:45:04 "Bonjour à tous". Donc je me suis dit
00:45:06 "Tiens, déjà je vais changer ça,
00:45:08 on va plus dire "Bonjour"". - D'accord.
00:45:10 C'est déjà un changement.
00:45:12 - C'est un petit pas. - Un petit pas, ouais.
00:45:14 - C'est intéressant de voir que
00:45:16 t'essaies d'avoir une réflexion sur
00:45:18 qu'est-ce que justement on peut faire de spécifique,
00:45:20 vu que pour toi il n'y a pas trop de limites à la télé.
00:45:22 - Non. Et quand tu regardes
00:45:24 ce qu'était Canal+ au départ,
00:45:26 Canal+ ils arrivent, pour la première fois
00:45:28 tu ne dépends plus de la...
00:45:30 de la...
00:45:32 de la... comment on appelle ça ?
00:45:34 La redevance justement. - Les gens disent tous "Bonjour"
00:45:36 du coup ils se font un peu chier.
00:45:38 - Et il n'y a plus de redevance.
00:45:42 Et t'es une télé par abonnement.
00:45:44 Au début ils font de la télé comme on en fait
00:45:46 au même moment sur Antenne 2 ou sur TF1.
00:45:48 Les premières émissions de Canal,
00:45:50 c'est très innovant. Et puis assez vite
00:45:52 ils se disent "Mais attends, nous,
00:45:54 on vit des abonnements, on n'a plus du tout
00:45:56 les mêmes obligations vis-à-vis
00:45:58 de l'audience,
00:46:00 c'est plus la même chose". Et là les émissions
00:46:02 commencent à changer. Le paradigme
00:46:04 change parce que Canal+
00:46:06 ne vit plus de la même manière
00:46:08 en tant que... - Le modèle économique a joué
00:46:10 sur le ton de... - Oui, le modèle économique
00:46:12 change tout.
00:46:14 A partir du moment où Netflix arrive,
00:46:16 Canal+ est obligé de bouger
00:46:18 aussi.
00:46:20 Netflix change le paradigme.
00:46:22 Tout à coup ce qu'on veut, c'est quand on va
00:46:24 sur le stock, on veut qu'il y ait beaucoup
00:46:26 de programmes proposés.
00:46:28 Et c'était pas la question du temps
00:46:30 de Canal+. Du temps de Canal+ on voulait
00:46:32 pouvoir revoir le même film à des horaires
00:46:34 différents toute la semaine.
00:46:36 - Avec le petit bonus du premier samedi du mois
00:46:38 qui était quand même des valeurs ajoutées. - Et puis t'avais "Nul part ailleurs"
00:46:40 qui était là, où c'était la vitrine et on disait
00:46:42 "Venez, abonnez-vous à Canal+".
00:46:44 Et ce paradigme-là,
00:46:46 il est fini.
00:46:48 - Tu le regrettes ?
00:46:50 - C'était comme ça.
00:46:52 Y'a pas à regretter ou pas regretter. Moi j'ai été très
00:46:54 heureux avec Canal+. Mais
00:46:56 à un moment ça évolue, ça change.
00:46:58 Et c'est ça qui est très intéressant.
00:47:00 Aujourd'hui c'est quoi la plus grande
00:47:02 chaîne de télévision du monde ? C'est une chaîne
00:47:04 qui n'a pas de caméra, pas de studio
00:47:06 et qui s'appelle YouTube.
00:47:08 Et ça, ça change beaucoup de choses.
00:47:10 - Même si c'est pas vraiment une chaîne,
00:47:12 ce sont plein de petites chaînes qui sont...
00:47:14 - C'est une chaîne. Aujourd'hui, le concurrent
00:47:16 "Pourquoi est-ce que TF1 veut s'allier avec M6 ?"
00:47:18 c'est par rapport à YouTube.
00:47:20 Le concurrent de TF1
00:47:22 et d'M6, c'est YouTube.
00:47:24 Ils partagent le marché publicitaire.
00:47:26 Et comment faire pour que
00:47:28 YouTube ne nous prenne pas toute la pub ?
00:47:30 Faut s'allier. Faut être plus gros
00:47:32 pour avoir une chance de résister.
00:47:34 - Tu penses que cette télé à l'ancienne, elle va...
00:47:36 - De toute façon, elle va s'adapter.
00:47:38 Enfin, j'espère pour elle.
00:47:40 - Oui, si elle le fait pas, ça va être compliqué.
00:47:42 - En même temps, ça fait 10 ans qu'on entend
00:47:44 que la télé télé est morte.
00:47:46 - Non, c'est... Aujourd'hui,
00:47:48 on va de plus en plus aller vers une télé de niche.
00:47:50 Pour moi, c'est ça. C'est-à-dire que...
00:47:52 - Pourquoi t'appelles-tu télé de niche ?
00:47:54 - Une télé de niche, c'est qu'au lieu de penser...
00:47:56 Tu veux le temps où TF1 pouvait espérer
00:47:58 40 ou 45 % de parts de marché, c'est fini.
00:48:00 Y a trop de possibilités. Comme on le disait
00:48:02 tout à l'heure, y a trop de concurrence.
00:48:04 Tout est concurrence avec tout. Donc, tu peux plus
00:48:06 faire 35 % à part une finale de Coupe du Monde
00:48:08 ou même la soirée électorale.
00:48:10 Plus personne la regarde.
00:48:12 On l'arrête à 21h30 ou à 22h,
00:48:14 parce qu'on met un film,
00:48:16 une grosse comédie populaire
00:48:18 pour pas que les gens se tirent.
00:48:20 - TF1 avait déprogrammé un des débats
00:48:22 de la dernière présidentielle pour mettre les visiteurs.
00:48:24 - Oui, oui. Je crois qu'il y a eu camping.
00:48:26 - Il y a eu camping.
00:48:28 - Y a eu une chambre à faire, en fait.
00:48:30 - Une heure, c'est bon. Après,
00:48:32 de toute façon, ils vont pas dire des trucs passionnants.
00:48:34 En plus, c'est vite daté.
00:48:36 Donc...
00:48:38 Donc...
00:48:40 Sur cette télé de niche,
00:48:42 maintenant, moi, j'aimerais faire...
00:48:44 Je lui avais dit ça. En fait,
00:48:46 maintenant, il faut plus compter les téléspectateurs,
00:48:48 il faut les peser.
00:48:50 - Il t'a dit ? - Il pese les téléspectateurs.
00:48:52 Bah oui. Il faut savoir par qui t'es regardé.
00:48:54 Tu sais, par exemple, on a toujours dit France 4,
00:48:56 la chaîne des jeunes, c'est ça, c'est la chaîne des jeunes,
00:48:58 France 4 ? Elle n'existe plus, maintenant.
00:49:00 Ils disaient que ça marche pas, elle fait que 0,2 % de part de marché.
00:49:02 Je sais pas quoi, je dis des chiffres.
00:49:04 Je dis, mais ça n'a aucun sens.
00:49:06 Si elle fait chez les jeunes,
00:49:08 si elle avait fait 90 % chez les jeunes,
00:49:10 c'était une chaîne géniale.
00:49:12 Moi, j'adorerais faire une chaîne où il y aurait 2 000 personnes
00:49:14 qui la regarderaient seulement.
00:49:16 Mais que ce soit les 2 000 milliardaires de la planète.
00:49:18 Là, je peux... Bah, parce que là, tu les pèses,
00:49:20 et tu dis, attends, si je fais une émission
00:49:22 qui intéresse les 2 000 milliardaires de la planète,
00:49:24 mon influence est considérable,
00:49:26 tu vois, beaucoup plus grande que celle
00:49:28 de Laurent Delhouse.
00:49:30 Voilà. Mais pour ça, il faut peser.
00:49:32 Quand je dis peser, c'est pas leur donner
00:49:34 plus de valeur qu'ils n'ont. C'est juste de savoir
00:49:36 qu'ils te regardent. - C'est Hanouna qui le fait, ça,
00:49:38 à la télé des jeunes. - Mais Hanouna,
00:49:40 il a compris beaucoup de choses à la télé d'aujourd'hui.
00:49:42 - Pour toi, c'est un escroc, c'est un génie ?
00:49:44 - Non, c'est quelqu'un qui est totalement
00:49:46 en phase avec la télé telle qu'elle est
00:49:48 en train de changer aujourd'hui.
00:49:50 Alors qu'on aime ou qu'on aime pas ce qu'il fait, il n'a aucune importance.
00:49:52 A mes yeux, je m'en fous.
00:49:54 Mais il pense à ça, il réfléchit
00:49:56 à ça, il fait de la télé qui est
00:49:58 constamment branchée sur les réseaux sociaux.
00:50:00 Et voilà, c'est sa
00:50:02 manière à lui de faire de la télé
00:50:04 adaptée à notre époque.
00:50:06 Tu peux pas faire toujours de la télé indéfiniment
00:50:08 comme on en faisait
00:50:10 en 1980.
00:50:12 Si tu regardes une émission littéraire aujourd'hui,
00:50:14 c'est exactement la même que celle que
00:50:16 faisait Bernard Pivot en 1975.
00:50:18 - Pourtant, quand tu demandes aux gens, ce qu'ils regrettent
00:50:20 le plus, c'est les émissions de cette époque.
00:50:22 - Oui, mais tu sais bien, ça c'est la différence
00:50:24 entre attitude et comportement.
00:50:26 Si tu dis aux gens "Qu'est-ce que vous voulez à la télé ?"
00:50:28 Ils vont tous te dire "Des émissions culturelles
00:50:30 très hautes gammes".
00:50:32 Et puis, qu'est-ce qu'ils regardent à la fin ?
00:50:34 - Bizarrement, la télé-réalité. - Ils regardent la télé-réalité,
00:50:36 les Marseillais ou le Big Deal.
00:50:38 C'est la différence entre attitude et comportement.
00:50:40 Alors quand tu lui dis "Qu'est-ce que vous regrettez ?" Ils vont tous te dire
00:50:42 "Ce soir ou jamais".
00:50:44 "Ce soir ou jamais". Ils étaient jamais
00:50:46 que 800 000 à regarder, c'était pas toujours les mêmes.
00:50:48 - Je me rends pas compte si c'est beaucoup.
00:50:50 - 800 000 pour une émission quand même
00:50:52 très haute gamme, à cette heure-ci,
00:50:54 oui, c'est beaucoup. - Ouais, c'est beaucoup, ouais.
00:50:56 - Mais tu peux toujours te dire
00:50:58 que tu ferais mieux avec autre chose.
00:51:00 Ça s'est pas révélé exact.
00:51:02 - C'est pas révélé exact, non.
00:51:04 Mais tu... C'est étonnant
00:51:06 que tu... Alors pour toi,
00:51:08 il n'y avait pas de censure. Mais il y en a quand même
00:51:10 qui la vivent. - J'en sais rien.
00:51:12 Tu sais, il faut se méfier de l'auto-censure.
00:51:14 - C'est ça, justement. Pour toi, qu'est-ce qui est plus...
00:51:16 - Les gens n'arrêtent pas de te dire qu'on les a empêchés
00:51:18 de faire ceci ou cela.
00:51:20 C'est pas toujours vrai. - Ah, des vrais tiges.
00:51:22 - C'est une façon de...
00:51:24 de s'excuser,
00:51:26 c'est le cas de le dire,
00:51:28 de ne pas avoir fait...
00:51:30 - De ne pas avoir le courage de faire ce qu'on voulait faire.
00:51:32 - Oui, alors après, le courage... Merci.
00:51:34 C'est génial.
00:51:36 - Voilà. - Tu veux une vraie cigarette ?
00:51:38 - On est dans les années 70.
00:51:40 - Fais attention, tu sais que ça va te paraître un peu fort.
00:51:42 - Oh, le salaud !
00:51:44 - Merci.
00:51:48 - Ah oui, on a pu la... Qu'est-ce qu'il a pris ?
00:51:50 - Il nous a pris...
00:51:52 Ah, c'est encore marqué,
00:51:54 c'est un maître de...
00:51:56 C'est combien, maintenant, un paquet d'industres, comme ça ?
00:51:58 - 10 balles, non ? - 10 balles ?
00:52:00 - 10 balles 50.
00:52:02 - 10 balles 50 ? - 50.
00:52:04 - Le petit 50 centimes pour t'emmerder
00:52:06 à aller chercher la petite piècette.
00:52:08 - Tu l'as pas. - Ok.
00:52:10 Mais tu crois que les...
00:52:12 - Est-ce que pour toi, c'est les émissions qui façonnent le spectateur
00:52:14 ou c'est le spectateur qui façonne l'émission ?
00:52:16 - Je pense que la responsabilité de France Télévisions,
00:52:18 c'est d'élever le niveau
00:52:20 parce que c'est souvent par rapport à...
00:52:22 C'est par rapport à ce qu'on fait de mieux
00:52:24 que se situe tout le monde.
00:52:26 Il y a un entraînement vers le haut
00:52:28 et il y a un entraînement vers le bas.
00:52:30 Donc je pense que c'est la mission du service public
00:52:32 de France Télévisions de faire des émissions
00:52:34 ambitieuses, d'essayer.
00:52:36 Tu réussis pas toujours.
00:52:38 Et de laisser un peu de temps
00:52:40 pour que ces émissions ambitieuses,
00:52:42 ce soir ou jamais, moi j'avais une vision très précise
00:52:44 de ce que je voulais, c'est ce qu'il y a eu,
00:52:46 mais ça a mis du temps
00:52:50 à moi et à ceux qui m'entouraient
00:52:52 d'arriver à le réaliser,
00:52:54 ce que j'avais dans la tête.
00:52:56 - Toi quand on regarde l'émission, on a l'impression que c'est pas une émission...
00:52:58 - Si, elle a changé, elle a évolué...
00:53:00 - T'as bougé des masses ? - Non, juste en deux mois.
00:53:02 Ça a mis deux mois pour se trouver,
00:53:04 pour être capable tous les jours,
00:53:06 c'était une quotidienne, de faire,
00:53:08 d'être au niveau de l'exigence
00:53:10 que l'on voulait avoir.
00:53:12 Au début, ils y arrivent pas toujours et puis ils comprennent pas toujours
00:53:14 ce que j'ai dans la tête.
00:53:16 C'est-à-dire que, par exemple, c'était tout à fait
00:53:18 étonnant pour eux quand ils me disaient
00:53:20 "Bah, je sais pas, on va parler
00:53:22 de tel sujet."
00:53:24 Ils m'invitaient toujours l'invité de service,
00:53:26 celui qu'on voyait dans toutes les émissions pour parler de ce sujet-là.
00:53:28 Je disais "Non, c'est le dernier que je veux, je veux les autres,
00:53:30 ceux qu'on voit pas, ceux qui travaillent
00:53:32 vraiment, pas ceux qui passent leur temps à la télé."
00:53:34 Et...
00:53:36 Il fallait les chercher, il fallait les trouver, puis je voulais
00:53:38 qu'il y ait au moins toujours un tiers
00:53:40 des invités à l'écran,
00:53:42 qu'ils soient des femmes.
00:53:44 À une époque où t'avais... Ah oui, un tiers.
00:53:46 Tu vois, tu le fais tellement bien que j'ai jamais remarqué...
00:53:48 Parfois, on arrivait à la parité.
00:53:50 Mais il y avait au moins toujours un tiers.
00:53:52 Parce que, si tu...
00:53:54 Parce qu'il y avait eu des études, moi je faisais partie
00:53:56 d'une commission sur
00:53:58 les femmes dans les médias,
00:54:00 et il y avait une étude qui avait montré que
00:54:02 si t'es une femme sur quatre invités,
00:54:04 t'es la femme.
00:54:06 Si t'es deux femmes sur
00:54:08 six invités, c'est les femmes.
00:54:10 Si, en revanche, il y a un tiers,
00:54:12 bah si, deux femmes sur six invités,
00:54:14 voilà. Là, t'es
00:54:16 une invitée comme les autres. Mais il y a des femmes.
00:54:18 C'est pour pas être la femme de service.
00:54:20 Enfin, je suis un peu fatigué.
00:54:22 Ça s'adapte à plein d'autres trucs.
00:54:24 C'est un minimum. Il faut partir de là.
00:54:26 Donc c'est pour ça que la plupart des femmes
00:54:28 que tu vois à la télévision aujourd'hui, elles sont toutes nées dans
00:54:30 Ce soir ou jamais, parce que tous les gens qui travaillent avec moi
00:54:32 étaient obligés d'aller chercher des femmes.
00:54:34 Et tu vois, on est allé en chercher
00:54:36 beaucoup et qu'on a révélées.
00:54:38 Elles sont devenues,
00:54:40 que ce soit Dacha Polony, tout le monde le sait.
00:54:42 - Et pour toi, c'est qui les gens que t'as révélées ?
00:54:44 - Oh, ce serait prétentieux.
00:54:46 Ils étaient au même niveau. Mais enfin, dans le cas de
00:54:48 Dacha Polony, je l'ai rendue célèbre parce que
00:54:50 ils se sont vus que c'était celle qui avait été le plus invitée
00:54:52 dans Ce soir ou jamais.
00:54:54 - C'est toi qui choisissais à chaque fois ?
00:54:56 - Non, j'avais toutes mes équipes. Après, si
00:54:58 j'intervenais, évidemment.
00:55:00 S'il me semblait que cette personne-là
00:55:02 n'était pas à sa place, ou si ça
00:55:04 désaccèle le débat,
00:55:06 tu vois, tout ça, c'est très compliqué
00:55:08 à mettre en place.
00:55:10 Je peux te tromper, d'ailleurs, j'ai fait des erreurs, comme tout le monde.
00:55:12 Je me souviens d'un débat
00:55:14 où tout à coup, on était sûrs que
00:55:16 un tel était de ce côté-là.
00:55:18 - L'opinion par rapport au débat ?
00:55:20 - Voilà.
00:55:22 Et puis il a complètement retourné sa casaque
00:55:24 pendant le débat. Il a dit exactement le contraire
00:55:26 de ce qu'il disait dans ses livres. - Et là, tu fais quoi ?
00:55:28 - Tu peux rien faire. Tu vas pas l'obliger à dire...
00:55:30 - Tu le fais remarquer ou pas ? - Non, mais tu peux lui faire remarquer,
00:55:32 mais c'est pas exactement ce que vous dites dans votre livre.
00:55:34 Et puis, simplement parce que tu t'orientais
00:55:36 aussi en fonction des gens qu'il y avait autour de toi.
00:55:38 Si t'avais l'impression qu'autour de toi,
00:55:40 ils étaient tous...
00:55:42 ils agissaient, ils intervenaient
00:55:44 dans tel sens, t'avais envie de prendre le contre-pied,
00:55:46 par exemple. Ou au contraire, t'avais envie
00:55:48 de rejoindre le camp adverse
00:55:50 pour pas être emmerdé.
00:55:52 Donc t'as tous... C'est que c'est humain, un débat.
00:55:54 Mais ça, tu peux pas le prévoir.
00:55:56 - Merci à Obalu qui a offert 20 abonnements.
00:55:58 Ça, ça veut dire quoi ?
00:56:00 Ça veut dire qu'il a offert à 20 personnes
00:56:02 qu'il ne connaît pas des abonnements
00:56:04 pour pouvoir regarder les émissions,
00:56:06 les replays... - Parce que t'es payé, là, pour...
00:56:08 On s'abonne pour regarder ça ?
00:56:10 - Non, on le regarde totalement gratuitement,
00:56:12 mais il y a un délai, c'est-à-dire que nous, après,
00:56:14 on va le monter, on va mettre des inserts, etc.
00:56:16 - Ah, tu veux dire que tout ce qu'on dit là n'est pas...
00:56:18 - Si, si, si, si. Mais en fait, ceux qui veulent regarder
00:56:20 la roche brute, vraiment, l'émission brute,
00:56:22 sont les corrections de caméra,
00:56:24 les corrections de colorimétrie,
00:56:26 les corrections de...
00:56:28 les inserts, tu vois, quand tu vas citer une émission,
00:56:30 on va essayer de trouver l'extrait, on va essayer de le mettre, etc.
00:56:32 - J'en ai cité aucune, moi.
00:56:34 - Mais justement, il y en avait quelques-unes, moi,
00:56:36 que je voulais avoir ton retour, parce qu'il y en a quelques-unes
00:56:38 qui sont absolument fascinantes. - Ben, montre.
00:56:40 - Ben oui, alors, est-ce qu'on a la tablette ou pas ?
00:56:42 Parce que pour moi, dans le top des moments de ta vie,
00:56:44 il y a ce passage absolument hallucinant, à Paris dernière,
00:56:46 où t'es en train... Donc, il y a un vieux
00:56:48 qui te lit des poèmes,
00:56:50 t'es sur un canapé, et il y a un couple
00:56:52 qui baise juste à tes pieds.
00:56:54 - Ah bon ?
00:56:56 - Tu te souviens pas de ce truc ? C'est dingue, parce que
00:56:58 les extraits les plus cultes, c'est pas forcément...
00:57:00 - C'est-à-dire ? - Ça remonte un peu, hein.
00:57:02 Je l'ai fait entre
00:57:04 98 et 2006.
00:57:06 - Alors, est-ce qu'on peut le mettre pour les gens qui vont regarder ?
00:57:08 - C'est bon ?
00:57:10 - J'aime, j'aime,
00:57:12 et la chère langue de ma maîtresse
00:57:14 se noue au bourrelet du *****.
00:57:16 Et sa douce salive
00:57:18 huile mon *****.
00:57:20 Mon nez, cependant, s'est poussé au plus creux
00:57:22 de *****. - Tu te souviens pas de cet extrait-là ?
00:57:24 - Si, je me souviens maintenant. - Ah, ben voilà.
00:57:26 - Déjà, effectivement, à l'époque,
00:57:28 sur Paris les Premières,
00:57:30 tu pouvais me montrer ce que tu voulais.
00:57:32 Il fallait pas que ce soit de pénétration, par exemple.
00:57:34 - Y a pas de floutage sur les seins ?
00:57:36 - Jamais de floutage sur rien du tout.
00:57:38 C'était horrible. En revanche,
00:57:40 il m'arrivait de filmer flou.
00:57:42 Parce que quand j'allais dans... - Exprès, donc.
00:57:44 - Paris-Dernier était tellement bien vu,
00:57:46 tous les clubs,
00:57:48 même les plus fermés, voulaient qu'on vienne.
00:57:50 Et donc, je pouvais filmer
00:57:52 dans des bacs
00:57:54 roux-momo, dans des clubs sadomaso,
00:57:56 mais en même temps, tout le monde n'avait pas forcément
00:57:58 envie d'apparaître. Donc j'avais une méthode,
00:58:00 je pouvais filmer un peu flou.
00:58:02 Ce qui fait que même si je perdais les cassettes,
00:58:04 les gens étaient tranquilles.
00:58:06 Mais les jours où il y avait Paris-Dernier,
00:58:08 dans ces clubs-là,
00:58:10 il y avait une petite affiche, "Attention, ce soir, il y a Paris-Dernier
00:58:12 qui passe", et il y avait trois fois plus de monde.
00:58:14 - Oui, bien sûr. Il fallait demander
00:58:16 les droits de diffusion à l'image, à l'époque ?
00:58:18 - Non, tu faisais signer des papiers,
00:58:20 mais il se trouve que moi, quand je montais l'émission,
00:58:22 parce que j'étais réalisateur, je filmais, j'interviewais,
00:58:24 et je réalisais l'émission. Et dès qu'il y avait
00:58:26 quelqu'un qui, dans son comportement,
00:58:28 laissait entendre qu'il n'avait pas envie d'être dedans,
00:58:30 je le coupais. Systématiquement.
00:58:32 Ce qui fait qu'en huit ans, on n'a jamais eu
00:58:34 un seul procès. Jamais. Personne n'a...
00:58:36 Peut-être aussi parce que j'étais sur Paris-Premier,
00:58:38 j'aurais été sur TF1, ça aurait été différent.
00:58:40 Mais si j'aurais été sur TF1, tout aurait été différent.
00:58:42 Les gens avaient envie,
00:58:44 ça les amusait d'être dans Paris-Dernier,
00:58:46 parce qu'ils se sont regardés par 400 000
00:58:48 à Pifiu.
00:58:50 Pas seulement à Paris, d'ailleurs, c'était aussi en Paris.
00:58:52 Le nombre de gens qui m'ont dit "je regardais Paris-Premier en province",
00:58:54 "Paris-Dernier en province",
00:58:56 ça m'a donné envie de monter à Paris.
00:58:58 C'était énorme. Mais,
00:59:00 en revanche, à l'époque, tu n'avais pas encore...
00:59:02 C'était au tout début
00:59:04 Dailymotion ou YouTube.
00:59:06 Ce qui fait que les séquences
00:59:08 comme celles-ci, tu les trouves aujourd'hui
00:59:10 sur YouTube.
00:59:12 À l'époque, tu les...
00:59:14 Rien ne restait. Et puis,
00:59:16 la plupart, tu ne les as pas sur YouTube.
00:59:18 Les gens ne les ont pas enregistrées.
00:59:20 Oui, c'est très bien, parce qu'il y a des gens
00:59:22 qui ne seraient pas du tout contents de se retrouver aujourd'hui sur YouTube.
00:59:24 Ce n'était pas prévu.
00:59:26 Tu vois, ils faisaient un truc...
00:59:28 Tu trouvais l'œil d'Armanant partout, personne ne le sait.
00:59:30 Là, par exemple, si mon souvenir est bon,
00:59:32 le garçon qui est là
00:59:34 va devenir célèbre 2-3 ans plus tard.
00:59:36 Pour quelque chose, il n'a aucun rapport avec ça.
00:59:38 Aucun rapport avec ça.
00:59:40 Si je me souviens bien, c'est celui-là.
00:59:42 On salue notre ministre de la Justice.
00:59:44 Mais moi-même, je ne le savais pas,
00:59:46 puisque ce n'est pas moi qui...
00:59:48 C'est le type qui lisait des poèmes
00:59:50 qui l'a amené. Donc, moi, je ne le connaissais pas,
00:59:52 ce type. Mais simplement...
00:59:54 Ah oui, c'est le mec avec la blonde qui va devenir célèbre.
00:59:56 Il a prévu
00:59:58 ce garçon pour faire l'amour avec elle
01:00:00 pendant qu'il lisait des poèmes.
01:00:02 Et ce garçon va devenir célèbre dans une émission
01:00:04 de télé-réalité quelques années plus tard.
01:00:06 Mais on me l'a dit, parce que les gens
01:00:08 qui regardaient cette émission de télé-réalité l'ont reconnu.
01:00:10 Et deuxièmement,
01:00:12 si mon souvenir est bon,
01:00:14 cette séquence a donné
01:00:16 deux romans.
01:00:18 Il y a deux écrivains
01:00:20 qui sont servis de ça, comme point de départ
01:00:22 d'un de leurs romans,
01:00:24 comme s'ils vivaient cette scène-là.
01:00:28 Il y a quelqu'un qui te remercie,
01:00:30 il y a Carl dans le chat, qui te remercie
01:00:32 pour une interview spécifique
01:00:34 de Gaspard Noé après "Irréversible".
01:00:36 Oui, c'est notamment avec Gaspard.
01:00:38 D'ailleurs, ce soir-là, après, on va dans un club
01:00:40 sadomaso.
01:00:42 Hors émission, donc ?
01:00:44 Non, il m'accompagne, c'est la suite de l'émission.
01:00:46 C'était ma nuit, je filmais tout en une soirée.
01:00:48 Donc, il était dans l'émission
01:00:50 pour son interview.
01:00:52 Et puis après, j'allais
01:00:54 dans un club qui s'appelait "Cris et chuchotements".
01:00:56 Il m'a dit "Je viens avec toi, je viens avec toi".
01:00:58 Et c'était très marrant.
01:01:00 C'est très marrant, oui.
01:01:02 Et ça se passe comment, ce soir ou jamais ?
01:01:04 Quel est le potentiel ? Parce qu'on a l'impression
01:01:06 que c'est complètement improvisé.
01:01:08 Tu parles de Paris-Dernière.
01:01:10 Oui, Paris-Dernière, pardon. Comment ça se passe à Paris-Dernière ?
01:01:12 C'était trop... C'était beaucoup plus structuré
01:01:14 et préparé qu'on ne le pense ?
01:01:16 Non, c'est exactement comme
01:01:18 tu le vois dans l'émission.
01:01:20 Comme dans une vraie soirée, tu as des rendez-vous dans ta soirée.
01:01:22 Tu sais que tu vas retrouver tes copains
01:01:24 à telle heure, à telle heure il y a un concert
01:01:26 et à la fin il y a
01:01:28 l'espérance
01:01:30 d'un truc sensuel
01:01:32 et nirvanesque.
01:01:34 Et puis au milieu de ça,
01:01:36 il y a des tas de trucs que tu n'avais pas prévus.
01:01:38 Une belle soirée, la meilleure soirée, c'est celle que tu n'avais pas prévue.
01:01:40 Et c'est pareil à Paris-Dernière.
01:01:42 Il y a des gens avec qui j'ai rendez-vous.
01:01:44 Et puis comme c'est la seule émission de télévision
01:01:46 où n'importe qui peut rentrer, puisque je suis dans la rue,
01:01:48 je suis dans les cafés, je suis dans les boires,
01:01:50 mais je n'ai pas de garde du corps.
01:01:52 Oui, c'est ça, parce qu'on ne voit pas.
01:01:54 Donc il n'y a pas trois personnes qui disent "non, non, intervenez pas".
01:01:56 N'importe qui peut rentrer dans l'émission.
01:01:58 Et ça arrivait, mais ce n'était pas comme aujourd'hui.
01:02:00 Aujourd'hui, je pense qu'il y aurait tout le temps des gens...
01:02:02 Oui, ça.
01:02:04 Non, à l'époque, ça n'était pas ça. Il y avait des gens qui rentrent dans l'émission
01:02:06 pour faire un rapport avec celui avec qui je parle ou avec moi.
01:02:08 Et certains, je les gardais dans le montage.
01:02:10 D'autres, non.
01:02:12 Mais il y avait quoi ?
01:02:14 C'est quoi le ratio rush par rapport à ce que tu as gardé ?
01:02:16 C'était quoi ?
01:02:18 Tu filmais dix heures, tu en gardais ?
01:02:20 Je restais une demi-heure sur chaque lieu, à peu près.
01:02:22 Et ça donnait dix minutes.
01:02:24 Dans Paris-Dernière, tout est vrai.
01:02:26 Tout est réel.
01:02:28 Je n'ai jamais dit à quelqu'un "fais ceci".
01:02:30 Ce n'est pas moi qui dis à la fille
01:02:32 "alors voilà, tu vas faire semblant de..."
01:02:34 Pas du tout.
01:02:36 Je suis le truc.
01:02:38 Je retrouve la fille qui a rendez-vous avec le mec
01:02:40 qui va lui bander les yeux.
01:02:42 Et donc, c'est leur trip à eux.
01:02:44 Ce n'est pas le mien.
01:02:46 Donc tout est vrai.
01:02:48 Mais je fictionne tout.
01:02:50 Je fictionne le réel.
01:02:52 C'est ça le principe de Paris-Dernière.
01:02:54 Tout est vrai, tout ce que vous avez vu.
01:02:56 Mais j'ai fictionné le réel.
01:02:58 C'est-à-dire qu'après, je suis arrivé plus vite
01:03:00 que je ne suis arrivé en réalité.
01:03:02 J'ai écourté certaines scènes.
01:03:04 Je suis arrivé...
01:03:06 Telle scène, là,
01:03:08 je l'ai vécue plus tôt dans la soirée
01:03:10 que je ne vous le dis.
01:03:12 Je refais...
01:03:14 Je fictionne pour que ce soit
01:03:16 une espèce de soirée idéale.
01:03:18 Ce n'est pas comme un film.
01:03:20 Un film, c'est complètement un puzzle.
01:03:22 Tu fais croire un mensonge.
01:03:24 Tu fais de milliers de mensonges
01:03:26 une vérité.
01:03:28 Moi, c'est que de la vérité.
01:03:30 Et je fais à la fin un beau mensonge.
01:03:32 Un beau mensonge, l'expression.
01:03:34 Qu'est-ce qu'ils disent, les gens ?
01:03:36 Le chat ?
01:03:38 Les gens demandent si tu préfères
01:03:40 le Cap-Ferret ou la Russie.
01:03:42 Ça a du sens.
01:03:44 Je sais pourquoi.
01:03:46 Parce que j'ai été au Cap-Ferret
01:03:48 pendant des années
01:03:50 et je déteste cet endroit.
01:03:52 Pourquoi si tu détestes cet endroit ?
01:03:54 Je voyais tout le temps.
01:03:56 Ma femme aimait beaucoup le Cap-Ferret.
01:03:58 Mon fils aimait beaucoup le Cap-Ferret.
01:04:00 Mon meilleur ami avait une maison au Cap-Ferret.
01:04:02 Je suis allé au Cap-Ferret pendant des années.
01:04:04 Tout en m'en plaignant tellement fort
01:04:06 que chaque année,
01:04:08 la radio du Cap-Ferret
01:04:10 m'interviewait pour que je leur dise
01:04:12 du mal du Cap-Ferret.
01:04:14 J'étais le seul et je me plaignais de tout.
01:04:16 C'est devenu un gag entre Ferré et Capien.
01:04:18 Le mec qui disait du mal du Cap-Ferret,
01:04:20 c'était moi.
01:04:22 J'y suis allé pendant 25 ans.
01:04:24 J'exagère un peu, non.
01:04:26 C'était le seul endroit où je revenais.
01:04:28 Ce que j'aime, c'est voyager,
01:04:30 faire le tour du monde.
01:04:32 Je ne reviens jamais aux beaux endroits
01:04:34 parce que la Terre est vaste.
01:04:36 Je suis loin d'avoir tout vu.
01:04:38 Le seul endroit où je revenais,
01:04:40 c'était l'enfer, le Cap-Ferret.
01:04:42 Mais il y a les plus belles plages du monde.
01:04:44 C'est un endroit merveilleux.
01:04:46 Je suis allé beaucoup plus au Cap-Ferret
01:04:48 qu'en Russie, même si je suis allé en Russie.
01:04:50 Il y a le communiste gay qui demande
01:04:52 - c'est son pseudo -
01:04:54 - il y en a peut-être plusieurs, on ne sait pas -
01:04:56 si tu gardes un bon souvenir
01:04:58 de ton interview de Stupéflip.
01:05:00 Oui, elle est formidable.
01:05:02 C'est très drôle. Un jour, mon fils
01:05:04 m'a dit "Regarde,
01:05:06 il y a une interview de toi extraordinaire
01:05:08 et c'était Stupéflip."
01:05:10 Je l'ai revue, elle est fantastique.
01:05:12 Tu ne t'en souvenais plus à ce moment-là ?
01:05:14 Si, je m'en souvenais vaguement.
01:05:16 Mais tout à coup, je trouve que je fais preuve
01:05:18 de beaucoup d'esprit dans cette interview.
01:05:20 On a l'extrême.
01:05:22 C'est formidable. On dirait que c'est écrit.
01:05:24 Alors que je garantis que tout est improvisé.
01:05:26 Mais quand je vais aux toilettes,
01:05:28 tout est formidable.
01:05:30 Il y a une toilette avec Gad Elmaleh ?
01:05:32 Oui, il y en a aussi.
01:05:34 Il faut la regarder en entier.
01:05:36 Elle est diffusée sur YouTube
01:05:38 mais la qualité n'est pas ouf.
01:05:40 Oui, c'est les gens qui l'avaient
01:05:42 mis en cassette vidéo à l'époque
01:05:44 et qui l'ont ensuite...
01:05:46 Cassette vidéo + YouTube + compression...
01:05:48 Mais c'est vrai que c'est un très bon moment.
01:05:50 Visiblement, tu n'as pas de gros besoins.
01:05:52 Tu n'es pas le roi des consommateurs.
01:05:56 Je pense que tu n'as pas fait les soldes.
01:05:58 Toi aussi, tu trouves ?
01:06:00 Mais moi, je veux de l'argent.
01:06:02 Nous, on est là pour le pognon d'abord.
01:06:04 Tu n'es pas là pour la célébrité,
01:06:06 puisque tu te caches sous ce masque.
01:06:08 Bon, écoute,
01:06:10 moi, tu commences vraiment à m'énerver.
01:06:12 Tu aimes bien Gainsbourg ?
01:06:16 C'est un peu de la rébellion à deux balles.
01:06:18 Le mec qui a des petites photos de Gainsbourg
01:06:20 dans ses toilettes.
01:06:22 C'est ce que tu dis en pissant.
01:06:24 Fais gaffe.
01:06:26 Toujours des promesses.
01:06:28 Mais nous, on n'est pas des rebelles,
01:06:34 tu sais, Frédéric.
01:06:36 C'est nous, les gentils.
01:06:38 Il suffit de ne pas montrer sa gueule
01:06:40 à la télé pour être un handi,
01:06:42 mais c'est plus dire que ça.
01:06:44 Tu en es vachement détiqué, attends-toi.
01:06:46 Non, parce que maintenant,
01:06:48 de ne pas montrer sa gueule,
01:06:50 c'est devenu The Only Gaming Town.
01:06:52 Et alors ?
01:06:54 Si je tire la chasse, ça vous choque peut-être.
01:06:56 Mais non, mon petit canard,
01:06:58 fais ce que tu veux.
01:07:00 Quel cynisme, Adola !
01:07:02 Bon, allez, je vais vous laisser.
01:07:06 Ça y est, maintenant,
01:07:08 t'as dit tes deux conneries.
01:07:10 Pas du tout, moi, je vous aime bien.
01:07:12 Excusez-vous, les gars.
01:07:14 Frédo,
01:07:16 bas les masques, Frédo.
01:07:18 Nous, avec des masques,
01:07:20 on est plus sincères que toi, sans.
01:07:22 Exactement !
01:07:24 C'est quoi, tes autres...
01:07:26 Il y en a plein, il y en a tellement.
01:07:28 Mais si tu peux faire...
01:07:30 J'ai vu qu'il y en a quelques-unes
01:07:32 qui sont sur Internet,
01:07:34 mais il n'y a même pas le centième
01:07:36 de ce qu'on a fait sur Internet.
01:07:38 C'est ce que je trouve très bien, d'ailleurs.
01:07:40 C'est mieux, moi.
01:07:42 J'ai envie de dire, j'ai envie d'avoir l'anthologie...
01:07:44 J'ai envie de...
01:07:46 Comme Arnisson, ouais.
01:07:48 Non, Thierry, il a plus...
01:07:50 Moi, j'aimerais que
01:07:52 Paris-Dernière, on le ressorte
01:07:54 dans 10-15 ans.
01:07:56 Parce qu'au fond, si tu veux raconter
01:07:58 le tournant du siècle, il n'y a pas de film
01:08:00 emblématique, il n'y a pas d'émission emblématique,
01:08:02 il n'y a que Paris-Dernière.
01:08:04 Ce qu'il te raconte, 98-2006,
01:08:06 c'est Paris-Dernière. Il y a tout le monde.
01:08:08 Tous les gens sont dedans. Ils sont tous dedans.
01:08:10 À un moment ou à un autre, ils arrivent. Il y a tout.
01:08:12 Et donc, je voudrais ça, qu'on le ressorte
01:08:14 dans 20-30 ans, au moment où on aura
01:08:16 un peu de nostalgie des années 2000.
01:08:18 - Je pense qu'elle est là, déjà. - Oui.
01:08:20 Mais elle sera encore plus forte dans 10 ans.
01:08:22 On les ressort tous.
01:08:24 Et que ce soit pas ridicule.
01:08:26 - Ah, ça l'est pas ! - Si c'est pas ridicule,
01:08:28 on ne sait jamais. Je voudrais que les jeunes,
01:08:30 qui ne l'auront pas vu à l'époque où ça a été fait...
01:08:32 Parce que c'est quand même assez arty.
01:08:34 Il y a une façon de filmer,
01:08:36 il y a une façon de monter, il y a le jump cut,
01:08:38 il y a les musiques, les accélérés, tout ça.
01:08:40 Est-ce que ce sera complètement ridicule
01:08:42 dans 10 ans ou pas ?
01:08:44 C'est ça, moi, qui m'intéresse. - Non, je pense pas.
01:08:46 - Mais si c'est là tout le temps, tu ne pourras plus juger.
01:08:48 Tu vois, puisque tu seras habitué.
01:08:50 Si tu le redécouvres avec un iPhone...
01:08:52 - Donc, demain, on te dit "tu veux reprendre Paris-Dernier, c'est 8",
01:08:54 tu dis non. - C'est impossible.
01:08:56 Tu ne peux pas reprendre Paris-Dernier. - Pourquoi ?
01:08:58 - Parce que, d'abord, aujourd'hui, tout le monde a une caméra
01:09:00 dans la poche, avec un iPhone.
01:09:02 Moi, j'étais le seul. - Tout le monde ne sait pas s'en servir.
01:09:04 - Tout le monde n'a pas les réseaux,
01:09:06 les endroits où aller, tout. On n'a pas ce faire.
01:09:08 - Oui, mais aujourd'hui, à l'époque, quand je te montrais Castel
01:09:10 ou Le Queen, 99,9% de la population
01:09:14 n'avait jamais vu d'image de Castel ou du Queen.
01:09:16 Quand je te montrais les clubs échangistes,
01:09:18 personne n'avait jamais vu un club échangiste.
01:09:20 Donc, ça avait un côté totalement...
01:09:22 - On va faire un sondage dans le chat. Combien d'entre vous ont déjà vu
01:09:24 un club échangiste ?
01:09:26 - Parce que, maintenant, c'est passé de mode.
01:09:28 Mais, en revanche, ils ont tous vu des images de fêtes.
01:09:30 C'est plus exotique,
01:09:32 comme c'était à l'époque. Les boîtes de nuit,
01:09:34 t'as des images, tout le monde se filme.
01:09:36 Alors, je suis d'accord, ils filment pas
01:09:38 comme je filmais moi. Et ils interviewent
01:09:40 pas les gens comme je faisais.
01:09:42 - Ben voilà ! Elle est là, ta valeur en jeu.
01:09:44 - Déjà, t'as ce problème-là, quand même, que c'est moins
01:09:46 exotique que ça l'était. Et puis, deuxièmement,
01:09:48 tu ne peux plus faire la séquence sexy de la fin
01:09:50 parce qu'elle se retrouverait
01:09:52 sur YouTube le lendemain,
01:09:54 et que, donc, je n'aurai que des professionnels.
01:09:56 C'est ce qui a été le problème de Paris Dernière.
01:09:58 Les gens qui ont pris ma suite,
01:10:00 ils avaient affaire à des actrices de porno toute la journée.
01:10:02 - Et donc, tu veux dire que toi,
01:10:04 tu t'éclates vraiment à faire du porno ?
01:10:06 - Excuse-moi. - Tu peux tout à fait te déshabiller,
01:10:08 ma chérie. Ouh là là !
01:10:10 C'est très joli, ce que tu portes. C'est quoi,
01:10:12 cette petite chose ? Raconte-moi.
01:10:14 Ouh là là !
01:10:16 Ah, mais Gérard ! Comment ça va ?
01:10:18 Mais mon Gégé ! Ouvre ! Descends !
01:10:20 Mais mon Gégé !
01:10:22 Comment tu vas ?
01:10:24 Mais regarde, une jeune fille qui se déshabille pour moi.
01:10:26 Tu vas bien, mon Gérard ? - Bonjour, Gérard.
01:10:28 - C'est ça, ça va ? - Ça va bien.
01:10:30 - Bon. - Tu es très belle.
01:10:32 - Fais attention avec ton scooter, Gérard.
01:10:34 - Allez, Gérard !
01:10:36 - Mais Gérard, reviens. Mais Gérard.
01:10:38 Gérard, tu nous suis,
01:10:40 tu fais exprès. - Pardon ?
01:10:42 - Tu nous suis, Gérard. Tu as vu cette jeune fille et tu nous suis.
01:10:44 - Non. - Non.
01:10:46 - Je suis mon chemin. - Tu suis ton chemin.
01:10:48 - Tu vois, parce que...
01:10:50 - Pourtant, on ne pourra plus faire d'authentique.
01:10:52 - Pas de la même manière. Pas comme ça.
01:10:54 Moi, toutes les images que tu as,
01:10:56 des clubs échangistes,
01:10:58 tu as même un célèbre
01:11:00 bar à hôtesses
01:11:02 qui a été fermé
01:11:04 par la police depuis.
01:11:06 Le seul qui avait réussi à filmer avec les filles,
01:11:08 c'était moi. Tu vois ? Et d'ailleurs,
01:11:10 quand ils ont fermé ce bar, c'était le baron.
01:11:12 Les seules images qu'il y avait dans la presse...
01:11:14 - Oh, je ne connais pas. - Non, mais parce que
01:11:16 c'est devenu après une boîte de nuit très célèbre.
01:11:18 Mais avant, c'était un bar à hôtesses
01:11:20 et il a été fermé. Et le seul qui avait filmé
01:11:22 et qui avait montré ces images, c'était moi.
01:11:24 - C'est le seul qui avait le tuyau ou le seul qui...
01:11:26 - Non, parce que le seul qui...
01:11:28 On était très respectueux.
01:11:30 Paris-Dernière, tu vois, j'avais une petite caméra,
01:11:32 je me déplaçais, je ne faisais pas de bruit,
01:11:34 je n'avais pas l'arrogance de la télé.
01:11:36 Donc, les gens étaient ravis de m'accueillir.
01:11:38 Après, ceux qui ne voulaient pas être dedans, ils n'étaient pas dedans.
01:11:40 Si quelqu'un ne voulait pas être dedans, on n'était jamais intrusif.
01:11:42 Si j'arrivais dans un endroit
01:11:44 et qu'il y avait plein de gens que je connaissais, des gens célèbres,
01:11:46 je n'allais pas pointer une caméra sur leur nez.
01:11:48 J'avais quelqu'un, mon assistant, qui allait les voir,
01:11:50 qui disait "Vous voulez bien être dans Paris-Dernière ?"
01:11:52 S'il disait non, je passais et je ne les montrais pas.
01:11:54 Je n'ai jamais été...
01:11:56 Moi, je n'étais pas un paparazzi.
01:11:58 Mais en même temps,
01:12:00 il y avait une façon d'être partout chez soi,
01:12:02 comme les rois et les voleurs,
01:12:04 qui effectivement...
01:12:06 Et surtout à une époque qui était quand même assez extraordinaire
01:12:08 et qui, par rapport aujourd'hui,
01:12:10 laisse entendre qu'on était libres de tout faire.
01:12:12 - Oui, on avait le droit de fumer,
01:12:14 on avait le droit de conduire vite.
01:12:16 - On avait le droit de conduire vite.
01:12:18 Mais je suis convoqué au CSA parce que je conduisais vite.
01:12:20 Alors que je leur expliquais...
01:12:22 - Alors après, ça les regarde.
01:12:24 - Ah, dans l'émission ?
01:12:26 - Oui.
01:12:28 - Attends, ils ont compris que les plans étaient accélérés,
01:12:30 que c'était un effet post-prod, quand même ?
01:12:32 - Je leur ai dit après.
01:12:34 - Non, mais non.
01:12:36 - Oui, ils disaient que c'était une mauvaise image que je donnais.
01:12:38 Mais les gens ont bien compris que c'était accéléré.
01:12:40 - Bien sûr.
01:12:42 - Heureusement, maintenant, ça a changé, c'est l'arcone,
01:12:44 on était convoqués toutes les semaines.
01:12:46 - Toutes les semaines ?
01:12:48 - Toutes les semaines.
01:12:50 - C'est les pommes du sketch.
01:12:52 - Mais en même temps, c'est vrai qu'on était très libres
01:12:54 parce qu'on n'a jamais été censurés.
01:12:56 On était convoqués toutes les semaines,
01:12:58 mais on n'avait jamais d'ennuis.
01:13:00 - Aucun.
01:13:02 - Et toutes les chaînes du monde entier sont venues pour...
01:13:04 Toutes voulaient faire pareil dernière.
01:13:06 - Il y a eu des tentatives de copie ?
01:13:08 - Tout le monde voulait faire pareil dernier dans leur pays respectif,
01:13:10 et tous ont conclu qu'ils ne pouvaient pas le faire
01:13:12 parce qu'ils n'auraient jamais pu être aussi libres
01:13:14 pour montrer la vie sexy de la fin.
01:13:16 - Donc il y avait une spécificité de la France.
01:13:18 - De la France, ils disaient "mais jamais on nous laissera
01:13:20 montrer autant de choses", et deuxièmement,
01:13:22 ils se disent "on va avoir des procès".
01:13:24 - Il n'y a eu aucune tentative...
01:13:26 - Et jamais personne n'a fait,
01:13:28 alors que tous sont venus, des Américains,
01:13:30 des Anglais, les Scandinaves,
01:13:32 les Allemands, ils sont tous venus.
01:13:34 Tous sont venus un jour sur le tournage.
01:13:36 - La France première sur les clubs échangistes, disent les gens.
01:13:40 - A l'époque, oui.
01:13:42 Capitale mondiale des clubs échangistes.
01:13:44 - 21% des gens du chat n'ont jamais vu de leur vie
01:13:46 un club échangiste.
01:13:48 - C'est normal, mais d'abord,
01:13:50 à l'époque c'était vrai aussi, mais tu pouvais les voir,
01:13:52 alors tu voyais des versions tronquées
01:13:54 sur TF1 ou ailleurs, dans des émissions,
01:13:56 avec un vieux type, avec un bandana,
01:13:58 et une femme avec les seins refaits,
01:14:00 ils avaient 65 ans, et on disait "c'était ça les clubs échangistes".
01:14:02 Et puis moi, tu regardais Paris dernier,
01:14:04 et tu voyais des filles super jeunes, très jolies.
01:14:06 C'était beaucoup plus inquiétant d'ailleurs.
01:14:08 Parce que tu disais "mais attends, cette fille, je pourrais l'épouser demain".
01:14:10 - Oui.
01:14:12 - Après, je vais découvrir que c'était une habituée des clubs échangistes.
01:14:14 - C'est un problème.
01:14:16 - Alexandre Deneur,
01:14:18 qui demande "est-ce que tu n'étais pas censuré
01:14:20 parce que Paris dernière...
01:14:22 pas censuré parce que Paris dernière les soutenait
01:14:24 ou parce que le CSA n'a pas osé ?"
01:14:26 - Parce que Paris première me...
01:14:28 Non, non, simplement parce que je...
01:14:30 - Oui, parce que Paris première...
01:14:32 - Non, parce que je ne tombais pas sous le coup de la loi, c'est ça l'important.
01:14:34 Il faut que tu saches, très bien, si j'ai un conseil
01:14:36 à donner aux jeunes, connaissez la loi.
01:14:38 Qu'est-ce qui est interdit,
01:14:40 qu'est-ce qui n'est pas interdit ?
01:14:42 La plupart du temps, les gens ne savent pas ce qui est interdit.
01:14:44 Ils croient que tout est interdit ou ils voudraient tout interdire
01:14:46 alors que c'est déjà interdit, etc.
01:14:48 Et si tu connais la loi,
01:14:50 tu sais ce que tu as le droit et tu fais exactement...
01:14:52 Et puis, alors tu vas toujours
01:14:54 un tout petit peu plus loin.
01:14:56 En pariant sur le fait
01:14:58 que le CSA ne va pas se couvrir
01:15:00 d'un ridicule pour venir
01:15:02 t'empêcher de faire ça parce qu'il serait ridicule.
01:15:04 Donc généralement, ton pire ennemi,
01:15:06 ce n'est pas la chaîne, c'est le service juridique de la chaîne.
01:15:08 Le service juridique, lui, il est là pour te dire
01:15:10 ne fais rien. Si tu ne fais rien,
01:15:12 on n'aura pas d'ennui.
01:15:14 C'est normal, le service juridique, il est là
01:15:16 pour qu'on n'ait pas d'ennui. Donc, il va dire
01:15:18 ne fais rien, c'est mieux.
01:15:20 Et donc, j'avais souvent des discussions
01:15:22 avec le service juridique pour expliquer
01:15:24 que 1) juridiquement,
01:15:26 j'étais dans mon droit,
01:15:28 et 2)
01:15:30 si j'allais un peu
01:15:32 trop loin, le CSA ne m'en tiendrait
01:15:34 pas rigueur, il se rendrait compte que...
01:15:36 Et effectivement, c'est ce qui est arrivé.
01:15:38 Une fois, on a été condamné.
01:15:40 - Sur quoi ? - Parce que j'avais
01:15:42 fait le mur avec une fille pour
01:15:44 rentrer dans un cimetière
01:15:46 et qu'après, elle s'était un peu caressée
01:15:48 sur une tombe.
01:15:50 - Dans un pari dernier, donc ? - Ouais.
01:15:52 Et bon, je me suis dit...
01:15:54 - Sur quel motif ? Sur le fait d'avoir fait le mur ?
01:15:56 - Les deux.
01:15:58 - Ah ouais. D'accord. - On n'était pas
01:16:00 dans la profondation de sépulture, mais
01:16:02 c'est pas loin, quoi. Enfin, elle
01:16:04 était, moi, ce qui est important. - Je vois, je vois.
01:16:06 - Donc là, ça a été un peu...
01:16:08 - Alors attends, il y avait un autre extrait, justement,
01:16:10 qui était absolument génial, que les gens ont demandé
01:16:12 à voir. C'est l'extrait de Gad Elmaleh
01:16:14 aux chiottes. - Oui.
01:16:16 - Tu dois t'en souvenir. Qu'est-ce que ça vaut le coup de le remettre ?
01:16:18 On le mettra à la post-prod ?
01:16:20 - Elle est très sympa. - On peut le remettre.
01:16:22 On peut le remettre pour les gens, au pire.
01:16:24 Ça ne dérange pas de le revoir une minute ? - Non, non.
01:16:26 - Parce que cet extrait, il est... Et donc, tu le
01:16:28 croises, ou c'est... - Non, on a rendez-vous.
01:16:30 - Oui, oui, vous avez rendez-vous. OK.
01:16:32 Vous avez rendez-vous. Il sait qu'il va passer,
01:16:34 il sait... - Et il est, à l'époque,
01:16:36 il n'est pas aussi connu qu'il le sera par la suite.
01:16:38 - Oui, il est jeune, là. On est en... - Il est jeune, il est
01:16:40 au théâtre, je me souviens, et...
01:16:42 Et, à vrai dire, je ne
01:16:44 connaissais aucun de ses sketchs.
01:16:46 Il y a un moment, on se balade dans la rue
01:16:48 et tout le monde vient et il lui parle de M. Seguin
01:16:50 et je ne sais pas de quoi on lui parle.
01:16:52 - Ah, le fameux sketch. D'accord. - Le fameux sketch.
01:16:54 Mais il y a des moments formidables. On est devant une...
01:16:56 devant une vitrine de charcuterie
01:16:58 où il m'explique qu'il meurt
01:17:00 d'envie de manger du jambon, mais qu'il ne pourra jamais en manger
01:17:02 parce que sa religion lui interdit, et qu'il sait qu'il y a deux trucs
01:17:04 qu'il ne fera jamais dans sa vie, c'est manger du jambon
01:17:06 et se faire enculer. Et...
01:17:08 Voilà. Et puis, à la fin,
01:17:10 effectivement, on se retrouve à essayer de faire pipi
01:17:12 tous les deux, et lui, il n'y arrive pas.
01:17:14 - Je meurs d'envie de faire pipi, ça ne te dérange pas ?
01:17:16 - Moi, j'ai envie de pisser aussi. - Ben, viens.
01:17:18 - Je bois des bières depuis tout à l'heure. Viens, on va y aller.
01:17:20 - Pardon ?
01:17:22 - Si il y a quelqu'un...
01:17:24 Si il y a quelqu'un derrière moi, je te jure, j'arrive pas à me concentrer.
01:17:26 - C'est vrai ? - J'arrive pas.
01:17:28 - C'est ça que t'étais peut-être un peu homo, foulé, ou...
01:17:30 - Voilà, ça doit être ça. Je te promets,
01:17:32 j'arrive pas à me concentrer. Vas-y. Vas-y, toi, on va voir.
01:17:34 Vas-y.
01:17:36 Vas-y.
01:17:38 Par contre,
01:17:40 j'adore un truc, c'est pisser dans les lavabos.
01:17:42 - Ah oui ? - Ouais. - Ben, vas-y, fais-le, si tu veux.
01:17:44 - Non, j'ose pas. J'ai peur
01:17:46 qu'il y ait quelqu'un qui rentre. - Attends.
01:17:48 T'aimes pas quand il y a quelqu'un dans ton dos,
01:17:50 t'aimes pas quand il y a quelqu'un qui rentre ?
01:17:52 T'es pas facile à vivre, hein ? - Il y a une réplique dans la pièce
01:17:54 qui dit "je t'aime et j'ai besoin de pisser".
01:17:56 Le mec, il se lève et il va pisser.
01:17:58 Et il revient avec plein d'idées.
01:18:00 J'espère que ça va me donner des idées, aussi.
01:18:02 - Tu vois, moi, je fais pipi sans problème
01:18:04 alors que t'es dans mon dos, hein. - Ouais.
01:18:06 - J'ai confiance, moi. - C'est parce que t'as l'habitude.
01:18:08 Il y a des gens qui peuvent pisser partout,
01:18:12 il y en a d'autres qui peuvent s'endormir n'importe où.
01:18:16 Et toi, tu peux quoi, alors ?
01:18:18 C'est quoi ta spécialité ?
01:18:20 - Moi, je peux pas pisser partout.
01:18:22 Mais je vais essayer de me concentrer, tu vois.
01:18:24 - En revanche, moi, ce qui m'ennuie quand tu fais pipi
01:18:26 dans les urines noires, c'est que tu peux pas t'essuyer.
01:18:28 - Mais je me suis jamais essuyé.
01:18:30 C'est la différence entre les gens qui sont circoncis
01:18:32 et ceux qui sont pas circoncis.
01:18:34 Ceux qui sont circoncis, ils ont pas besoin de s'essuyer.
01:18:36 - Ah oui ? - Bah non. - Pourquoi ?
01:18:38 - Bah, c'est très connu, parce qu'ils ont pas cette espèce
01:18:40 d'énorme peau qui entoure leur sexe
01:18:42 pour... - Ah oui.
01:18:44 - Tu vois, alors nous, les circoncis,
01:18:46 les juifs, les musulmans,
01:18:48 les hygiéniques...
01:18:50 - Et les malades !
01:18:52 - Mais non, pas les malades. - Ceux qu'on a dus.
01:18:54 - Mais non ! - Ceux qui se lavaient pas
01:18:56 quand ils étaient petits, tu vois, j'ai attrapé un phimosis.
01:18:58 - De plus en plus. Et soit c'est long,
01:19:00 soit t'arrives pas du tout à pisser. - Ah si, ça y est,
01:19:02 moi, c'est long, c'est tout, c'est toute la soirée.
01:19:04 - T'as bu de la bière aussi ? - Oh, j'ai bu de tout,
01:19:06 je crois. Je me suis un peu... - T'étais où ?
01:19:08 Oh, la réponse !
01:19:12 Non mais t'es pas circoncis, toi.
01:19:14 - Non, je suis désolé, non. - Ah ouais.
01:19:16 Lui, il est amoureux, il est faux amoureux.
01:19:18 Il m'a fait une confidence tout à l'heure.
01:19:20 Manu.
01:19:24 - Il parait que t'es amoureux. - Oui.
01:19:26 - Tout amoureux. - D'une femme ?
01:19:28 - Oui.
01:19:30 - Ça fait plaisir, tu sais comment il en parle.
01:19:32 - Comme si j'avais 15 ans, 16 ans.
01:19:34 - On va manger un petit truc juste à côté.
01:19:36 C'est un truc où je vais très souvent
01:19:38 après le théâtre.
01:19:40 - T'es déchiré, là.
01:19:42 - Je suis déprimé.
01:19:44 - T'es bien déchiré.
01:19:50 - Mais j'aurais bien voulu le voir,
01:19:52 ce maudit film, là,
01:19:54 la mobilette qui décolle.
01:19:56 - C'est celui de Pouzin.
01:19:58 C'est un film que j'ai fait avec Merzacaloach.
01:20:00 - Celui qui est allé aux Oscars ?
01:20:02 - Ouais.
01:20:04 Qui a failli avoir un Oscar,
01:20:06 mais je n'ai pas eu l'Oscar.
01:20:08 - C'est ça que tu veux, là ?
01:20:10 - Moi, je vais te l'attraper.
01:20:12 - L'Oscar ?
01:20:14 Va me le chercher, tu me l'amènes.
01:20:16 Je peux te dire que je te donnerai très cher pour ça.
01:20:18 - Je voudrais que les gens sachent que moi,
01:20:20 je faisais pipi sans problème.
01:20:22 - Oui, on le voit.
01:20:24 - Et lui, non, il bloque.
01:20:26 - Je crois que lui, il bloque.
01:20:28 - C'est quoi, c'est du 2000 ?
01:20:30 - Tout ça, c'est les premiers.
01:20:32 - C'est les premiers, ouais.
01:20:34 Et ça a duré 8 ans.
01:20:36 - Et dans les extraits cultes,
01:20:38 il y a le "taisez-vous".
01:20:40 - Ça, c'est ce soir ou jamais.
01:20:42 - Oui, il y a Delon.
01:20:44 - La différence, ce soir ou jamais,
01:20:46 c'est que là, il y a Dailymotion,
01:20:48 il y a YouTube, et les gens prennent
01:20:50 des extraits et les mettent eux-mêmes.
01:20:52 Nous, on n'a jamais mis un extrait.
01:20:54 C'est pas France Télévisions qui met des extraits.
01:20:56 C'est uniquement les gens.
01:20:58 - C'est même pas sur la chaîne de l'INA, d'ailleurs.
01:21:00 - Bien sûr que si, t'as tout.
01:21:02 - Paris Dernière.
01:21:04 - Mais là, il n'y a que le service public.
01:21:06 - Oui. - Donc tu as les émissions de TF1
01:21:08 jusqu'à ce que TF1 soit privatisé.
01:21:10 Et tu n'as pas Paris Dernière.
01:21:12 En revanche, t'as tout, ce soir ou jamais, sur l'INA.
01:21:14 Mais quand tu regardes sur Internet,
01:21:16 c'est très marrant, d'ailleurs.
01:21:18 Tous les débats, effectivement,
01:21:20 les plus...
01:21:22 ...retentissants de l'époque,
01:21:24 ils sont. Mais t'as des émissions que j'aime beaucoup,
01:21:26 avec Delon, d'ailleurs, je crois pas qu'elle y soit.
01:21:28 - Non, l'extrait Delon,
01:21:30 où il parle de Le Pen, il y est.
01:21:32 - Ah, bon. Mais sinon...
01:21:34 - On l'a, en plus, il y est.
01:21:36 Non, non, il y est. Le Delon Le Pen,
01:21:38 il est pas compliqué.
01:21:40 - Vous êtes sûr que c'est mon émission, ça ?
01:21:42 - Ah, bah, vas-y, mets-le, je te jure.
01:21:44 Vas-y, tu vas voir.
01:21:46 ...
01:21:48 ...
01:21:50 ...
01:21:52 C'est très intéressant, cette scène,
01:21:54 parce qu'il y a Burt Lancaster, le monde est en train de changer
01:21:56 autour d'eux, c'est la révolution.
01:21:58 Burt Lancaster n'a pas envie de pactiser avec l'époque.
01:22:00 Il est hérétif, alors que
01:22:02 vous, qui êtes jeune, vous prenez le monde
01:22:04 à bras-le-corps et vous avez bien l'intention
01:22:06 de vous adapter.
01:22:08 J'ai l'impression qu'aujourd'hui, c'est vous, le guépard.
01:22:10 C'est vous, Burt Lancaster, que le cinéma
01:22:12 a changé et que
01:22:14 vous n'avez plus envie de vous adapter.
01:22:16 - C'est gentil de me dire ça, je ne sais pas si
01:22:18 je mérite cet honneur.
01:22:20 C'est Lancaster, c'est... Bon, quand même, c'est Lancaster.
01:22:22 Non, mais c'est vrai que je suis
01:22:24 tout à fait d'accord avec vous, je n'ai plus envie
01:22:26 de me battre,
01:22:28 je n'ai plus envie de cette époque, je suis resté
01:22:30 au siècle passé et que ce...
01:22:32 Ce siècle ne m'intéresse plus.
01:22:34 - Tout était plus grand, à vos yeux, c'est ça ?
01:22:36 - Non, c'était différent, mais je crois qu'il faut
01:22:38 vivre avec son temps, mais tout était différent, suivant
01:22:40 le métier qu'on fait, bien sûr, mais tout était différent
01:22:42 sûrement pour vous, tout était différent pour moi
01:22:44 dans mon métier, et sûrement tout était différent
01:22:46 dans leur métier à eux tous, là.
01:22:48 Peut-être ne le pensent-ils pas comme moi,
01:22:50 ne sont pas d'accord, je ne sais pas, mais je pense que ça
01:22:52 n'a plus rien à voir. C'est une
01:22:54 forme de nostalgie de l'époque, du siècle passé
01:22:56 que je ressens, et j'estime que
01:22:58 je n'ai plus envie de faire quoi que ce soit maintenant, je regarde,
01:23:00 j'observe, je suis spectateur, je suis...
01:23:02 C'est tout. - Il faut que...
01:23:04 - Mes amis me disent "il faut t'adapter ou mourir".
01:23:06 M'adapter, je ne m'adapterai pas, et mourir, je ne mourrai pas.
01:23:08 Enfin, pas tout de suite. - C'est quoi être de droite
01:23:10 pour vous ? - Parce que j'ai été élevé
01:23:12 dans le...
01:23:14 l'esprit du général de Gaulle
01:23:16 par ma famille, que je suis
01:23:18 le général de Gaulle toute sa vie, et que j'étais
01:23:20 un homme de droite près du général de Gaulle.
01:23:22 - Et vous n'avez jamais eu envie
01:23:24 de jouer un homme de droite. - Ça ne m'a pas empêché
01:23:26 d'être copain, parce que je l'ai
01:23:28 connu quand il était, avant qu'il soit député,
01:23:30 j'ai été copain avec Le Pen.
01:23:32 - Ah oui, ça. - Voilà. Ça fait jaser, hein.
01:23:34 - Oui, oui, ça c'est bien vous, ça c'est...
01:23:36 - J'emmerde les gens, c'est mes amis, qu'ils soient de droite, de gauche
01:23:38 ou quoi. Il y a des cons à droite,
01:23:40 vous le savez, et des cons à gauche aussi.
01:23:42 - Oui, oui, non, ça je ne doute pas. - Ben voilà, pas de problème.
01:23:44 - Mais c'est quand même, c'est tout à fait
01:23:46 vous que... Vous aimez vous jeter
01:23:48 en pâture, c'est-à-dire là je parle... - Pas du tout.
01:23:50 - Si, je me souviens à l'époque où vous avez déclaré...
01:23:52 - Non mais est-ce que j'ai l'air d'avoir été bouffé, là, regardez.
01:23:54 - Non, non, comme quoi, on ne perd pas toujours
01:23:56 à la fin. - Ben voilà.
01:23:58 - Et on peut s'en sortir. Mais c'est vrai qu'au moment où vous avez
01:24:00 proclamé votre amitié pour Jean-Marie Le Pen,
01:24:02 on disait, elle datait de loin d'ailleurs,
01:24:04 c'était le moment où il était l'ennemi public numéro un.
01:24:06 - Mais je m'en fous, c'est mon ami.
01:24:08 - Oui, vous n'étiez pas obligé, j'ai eu peur de la provocation aussi,
01:24:10 d'avoir voulu le dire. - J'étais comme j'étais, voir des amis
01:24:12 en prison, et puis voilà, bon,
01:24:14 ben c'est mon ami, c'est mon ami, que veux que ça me fasse.
01:24:16 - Vous voyez, "Deux hommes dans la ville",
01:24:18 c'est un film complètement contre la peine de mort,
01:24:20 et vous, vous disiez partout, vous étiez pour la peine de mort.
01:24:22 - Et ben voilà, je suis toujours pour la peine de mort.
01:24:24 - Est-ce que vous avez... Je ne vous demanderai pas dans quelle occasion,
01:24:26 mais est-ce que vous avez été,
01:24:28 vous-même, à un moment, est-ce que vous vous êtes conduit
01:24:30 comme un salaud ? Est-ce que ça vous a intéressé ?
01:24:32 - Oh, ça m'est sûrement arrivé une fois dans ma vie,
01:24:34 à vous aussi d'ailleurs. - Oh, évidemment.
01:24:36 - C'est un film pour tous les hommes, une fois comme un salaud, oui,
01:24:38 mais ça dépend dans quelle situation et pourquoi, et vis-à-vis de qui.
01:24:40 - Mais je veux dire, c'est... - Si c'est vis-à-vis
01:24:42 de plus salauds que vous, oui.
01:24:44 - Oui. - Oui. - Oui, oui. - Ça se défend.
01:24:46 - Oui. - Voilà. - Parce que ce que je dis
01:24:48 à Delon, c'est que c'est quand même bizarre,
01:24:50 il dit qu'il est de droite,
01:24:52 toujours, et il n'a joué que des mecs
01:24:54 de gauche. Il n'a jamais joué
01:24:56 un mec de droite, une fois seulement,
01:24:58 où il joue un mec de l'OAS,
01:25:00 au début des années 60, dans un film que tout le monde,
01:25:02 que personne ne connaît, mais sinon, il ne joue
01:25:04 que des communistes. Et il n'a...
01:25:06 D'ailleurs, son modèle, c'est un
01:25:08 acteur américain qui avait été rayé
01:25:10 par le McCarthy parce
01:25:12 qu'il était communiste. Les deux
01:25:14 metteurs en scène les plus grands avec lesquels il a
01:25:16 tourné, c'est Joseph Lezay et Luquino Vesconti,
01:25:18 qui sont deux communistes,
01:25:20 et lui a joué très souvent les communistes, et jamais
01:25:22 les mecs de droite. C'est ça, ma question ?
01:25:24 - Tu lui demandes... - Voilà. Je lui dis, mais est-ce que
01:25:26 vous êtes vraiment de droite ?
01:25:28 Est-ce que c'est pas une pose ?
01:25:30 Voilà.
01:25:32 - Il y a des gens, il y a
01:25:34 Carloman qui dit...
01:25:36 Non, c'est ZoomTHX qui dit
01:25:38 "Et l'actrice X qui tourne une scène devant
01:25:40 sa mère, c'était réel ou c'était du buzz ?"
01:25:42 - Oui, ça c'est... Non, c'est pas moi,
01:25:44 c'est pareil, j'arrive chez... Comment s'appelle-t-il ?
01:25:46 - C'est vrai, ça. - C'est un acteur de
01:25:48 porno réalisateur aussi, qui a fait un film
01:25:50 même qui est passé officiel de Cannes.
01:25:52 Comment il s'appelait ? Je connaissais que lui...
01:25:54 - C'est pas son nom, mais c'est un chauve en chauve.
01:25:56 - Il est chauve, il est très intelligent, très drôle,
01:25:58 et il me dit...
01:26:00 Il nous appelle,
01:26:02 il dit "Venez, j'ai un truc spécial,
01:26:04 une fille, sa mère, etc."
01:26:06 J'y vais.
01:26:08 - Qui croit pas au début, non ?
01:26:10 - Si, moi je crois.
01:26:12 Ils te maratinent pas.
01:26:14 Les gens, ils savent que t'es pas dupe.
01:26:16 Un des charmes de Paris Dernière,
01:26:18 c'est que je fais jamais partie du club.
01:26:20 Je suis là un peu...
01:26:22 Avec toujours une même distance.
01:26:24 J'appartiens au cul de chapelle,
01:26:26 je suis pas un branché, je suis pas le showbiz, je suis pas...
01:26:28 - T'es pas un mondain ?
01:26:30 - Je suis personne, je suis que moi
01:26:32 et tous les téléspectateurs
01:26:34 qui peuvent se reconnaître pendant un moment
01:26:36 en moi, puisqu'on me voit pas.
01:26:38 Donc...
01:26:40 Mais les gens te maratinent pas, parce qu'en même temps,
01:26:42 quand même, tu vois, tu peux pas...
01:26:44 - Oui, il y a les caméras qui arrivent...
01:26:46 - Non, mais c'est juste...
01:26:48 Il y a juste la mienne, mais...
01:26:50 Je fais attention, quand même.
01:26:52 Il y a eu un entretien, par exemple, que j'ai jamais passé,
01:26:54 c'était avec Régine.
01:26:56 Régine essayait de me convaincre
01:26:58 que sa boîte était la boîte la plus branchée de Paris,
01:27:00 alors qu'à l'époque, elle était
01:27:02 complètement à la ramasse.
01:27:04 Et donc, je lui fais comprendre...
01:27:06 - C'était quoi, ses 2000 ?
01:27:08 - Je sais plus à quel moment.
01:27:10 Je lui fais comprendre que je suis pas le journaliste de base
01:27:12 à qui on peut raconter n'importe quoi,
01:27:14 que je connais un peu la nuit, etc.
01:27:16 Je lui dis gentiment, poliment.
01:27:18 Et elle insiste, et elle insiste, et elle insiste
01:27:20 pour me dire que vraiment, tout le monde se presse
01:27:22 pour aller chez elle tous les soirs.
01:27:24 Je lui dis, bon, je vais pas passer l'interview,
01:27:26 parce que je veux pas être désagréable avec cette dame
01:27:28 et lui dire qu'elle ment.
01:27:30 Donc, je préfère pas passer l'interview.
01:27:32 Tout ça pour dire qu'il me racontait pas trop de pipos.
01:27:34 Et donc, c'était vrai.
01:27:38 - Toi, tu caviardes pas ?
01:27:40 Enfin, si dans Paris Dernière, bien sûr.
01:27:42 - Oui, non, non, mais c'était très monté.
01:27:44 Mais jamais, toutes les autres émissions,
01:27:46 c'est toujours, si je l'enregistre pas,
01:27:48 si elle ne passe pas en direct,
01:27:50 elle est dans les conditions du direct.
01:27:52 - D'accord.
01:27:54 - Il peut arriver que tu rabottes, parce que c'est un peu trop long,
01:27:56 mais tu fais très attention
01:27:58 à ne pas être injuste.
01:28:00 C'est-à-dire, dans Paris Dernière,
01:28:02 ça aurait été très facile, je suis avec toi pendant une demi-heure,
01:28:04 t'as un peu bu,
01:28:06 tu vas me dire plein de conneries,
01:28:08 à un moment.
01:28:10 Tu vas être très con.
01:28:12 Et puis, à un autre moment, tu vas être très intelligent.
01:28:14 Si je suis un salopard, je vais montrer que quand t'es très con.
01:28:16 Voilà.
01:28:18 Et si je suis moi,
01:28:20 je vais montrer que quand t'es un peu con,
01:28:22 et quand t'es très intelligent.
01:28:24 Et si je suis vraiment...
01:28:26 j'ai pitié,
01:28:28 je vais montrer que quand t'es intelligent.
01:28:30 - Donc, quand on a vu des gens brillants dans tes émissions, c'est parce que t'avais pitié ?
01:28:32 - Non.
01:28:34 C'est pas ce que je voulais dire.
01:28:36 - Il y a quelqu'un qui nous dit,
01:28:38 je suis allé sur l'INA, certes,
01:28:40 je ne suis pas abonné, peut-être, mais je n'ai jamais rien trouvé
01:28:42 sur "Ce soir ou jamais". - Parce qu'il n'est pas abonné.
01:28:44 - Parce que tu n'es pas abonné, d'accord.
01:28:46 D'accord, ok.
01:28:48 Et qu'il ne peut pas l'être,
01:28:50 puisque ça n'est malheureusement pas un service public,
01:28:52 et à ma connaissance, seuls les professionnels peuvent y avoir accès.
01:28:54 Moi, je suis abonné.
01:28:56 - Il y a un accès professionnel particulier.
01:28:58 - Voilà.
01:29:00 - On peut peut-être avoir accès à ça.
01:29:02 C'est le professionnel de la télé.
01:29:04 - Toi, tu demandes une accréditation, tu l'auras.
01:29:06 Et tu pourras même prendre des extraits que tu paieras à l'INA.
01:29:08 Et tu mettras tous les extraits que tu veux.
01:29:10 C'est pour ça qu'ils nous accréditent.
01:29:12 Parce que nous, demain, on peut utiliser leurs extraits.
01:29:14 Ce qui est le but.
01:29:16 - Il faut pas y passer sur le petit écran.
01:29:18 - Mais le pauvre Carlement, qui n'est qu'un téléspectateur,
01:29:20 qui a payé la redevance,
01:29:22 et qui a donc financé tous ses programmes,
01:29:24 il n'a pas le droit de les voir.
01:29:26 - C'est un système de fou.
01:29:28 - Il est 19h30, donc je pense que tu vas pas tarder à nous quitter.
01:29:30 - C'est l'heure pour moi.
01:29:32 - C'est l'heure que je me couche.
01:29:34 - C'est toi qui as fini.
01:29:36 - Non, non, c'est vrai.
01:29:38 - Il y avait une question quand même qui avait été posée par Bernard,
01:29:40 qui me demande si tu consommes des contenus
01:29:42 internet ou YouTube, ou pas vraiment,
01:29:44 surtout maintenant que tu y es.
01:29:46 - Oui, oui, bien sûr, mais j'en ai toujours...
01:29:48 - Mais au-delà du replay,
01:29:50 même si pour toi il n'y a pas de différence,
01:29:52 au-delà du replay télé, du contenu spécifiquement internet...
01:29:54 - Je ne regarde pas les émissions de télé classiques.
01:29:56 Donc quand je regarde de la télévision,
01:29:58 c'est toujours du contenu internet.
01:30:00 - Tu vas nous dire des trucs ou non ?
01:30:02 - Non, parce que c'est en fonction
01:30:04 de ce qui m'intéresse à un moment ou à un autre.
01:30:06 Pour moi, c'est de la documentation.
01:30:08 Je ne regarde pas des programmes
01:30:10 pour regarder des vidéos.
01:30:12 C'est-à-dire que je ne regarde pas des programmes
01:30:14 pour regarder un programme.
01:30:16 Si j'ai besoin de me documenter
01:30:18 sur un sujet ou sur une autre,
01:30:20 et que j'ai envie de savoir ce qu'on a pu en dire
01:30:22 ici ou là, à ce moment-là,
01:30:24 je vais regarder. Mais je ne regarde jamais
01:30:26 un programme en tant que tel.
01:30:28 Mais ce n'est pas par mépris ni rien,
01:30:30 c'est juste que je n'ai pas le temps.
01:30:32 Tout est en concurrence avec tout le monde,
01:30:34 et moi j'ai choisi
01:30:36 des manières de comprendre le monde
01:30:38 qui ne passent pas tellement par la télévision.
01:30:40 - Oui, plus.
01:30:42 - Voilà. Ça ne passe pas tellement
01:30:44 par la presse écrite non plus,
01:30:46 bien que j'en lise beaucoup pour l'émission de radio
01:30:48 que je fais sur Europe 1.
01:30:50 Là, c'est une émission d'actualité,
01:30:52 donc je suis obligé de savoir ce qu'on a dit dans les journaux.
01:30:54 Mais oui, je pense que
01:30:56 si tu veux comprendre le monde,
01:30:58 c'est plutôt dans les livres.
01:31:00 - Il y a une école,
01:31:02 tu as dit, peut-être, il y aura des gens
01:31:04 qui essaient de reprendre le style, mais toi,
01:31:06 tu as des modèles en journalisme ?
01:31:08 Quand tu as commencé, tu disais,
01:31:10 "Waouh, si je veux faire ça, je veux être Polac, je veux être machin..."
01:31:12 - Non, justement, moi, j'ai eu des gens
01:31:14 qui étaient des références.
01:31:16 - Voilà, c'est ça.
01:31:18 - Mais que je les ai tous rencontrés,
01:31:20 d'ailleurs, c'était plaisant.
01:31:22 Le premier, c'était Yves Bourouzy,
01:31:24 pour La Distance.
01:31:26 Mais à l'époque où je rencontre Yves Bourouzy,
01:31:28 je ne sais pas que je vais faire de la télé,
01:31:30 c'était pour la presse écrite,
01:31:32 et je lui dis que ce qui me plaît chez lui,
01:31:34 c'est La Distance.
01:31:36 Il est allé à la télévision,
01:31:38 ce qui n'est pas facile à l'époque.
01:31:40 Il invente ça, une espèce de distance
01:31:42 vis-à-vis de ce qu'il est en train de faire.
01:31:44 Et quelques années plus tard,
01:31:46 il y a le 10 ans de Canal+,
01:31:48 on ne s'était jamais revus, et il est là,
01:31:50 et il vient vers moi et me dit,
01:31:52 "Tu vois La Distance, toi aussi, tu as compris."
01:31:54 Non, évidemment,
01:31:56 il y a Pivot, et il y a Chancel,
01:31:58 surtout Jacques Chancel, mais beaucoup,
01:32:00 Bernard Pivot, dans un autre genre,
01:32:02 mais jamais en tant que modèle,
01:32:04 il est à la distance.
01:32:06 Ils ont fait ça, à leur manière,
01:32:08 il n'est pas question que je le fasse.
01:32:10 Tu ne peux pas faire de la télévision,
01:32:12 tu vois tout de suite les imposteurs.
01:32:14 Tu ne vois pas les imposteurs au cinéma.
01:32:16 Peut-être que Jean-Paul Belmondo était un lâche.
01:32:18 C'est un acteur, il a peut-être fait semblant
01:32:20 d'être courageux, je ne crois pas que c'était le cas.
01:32:22 Mais admettons, c'est possible,
01:32:24 tu pourrais être le roi des lâches
01:32:26 et jouer que des types glorieux au cinéma.
01:32:28 Je ne crois pas que tu...
01:32:30 Si tu es un imbécile, il ne suffit pas
01:32:32 de te dire "non, on verra tout de suite que tu es un imposteur".
01:32:34 Parce que tu es toi, même si quelqu'un écrit tes fiches,
01:32:36 on le verra que c'est toi.
01:32:38 Tu ne peux pas sortir de toi-même à la télé.
01:32:40 Tu ne peux pas être un autre.
01:32:42 Voilà.
01:32:44 Dernière question, qui a été beaucoup posée.
01:32:46 Les gens veulent savoir, ça n'a aucun rapport,
01:32:48 si tu as déjà rencontré Macron.
01:32:50 Ils ne précisent pas si c'est en Club Échangez.
01:32:52 Oui, j'ai dîné avec Macron.
01:32:54 Macron n'était pas encore président de la République.
01:32:56 D'accord. Mais il allait déjà aux Chandelles.
01:32:58 Non, c'était...
01:33:00 Dans un dîner qui avait été organisé
01:33:02 pour lui par Stéphane Bern.
01:33:04 Il était quoi ?
01:33:06 Il était quoi ? Ministre ?
01:33:08 Non, il était en campagne à ce moment-là.
01:33:10 Pourquoi j'étais là ?
01:33:12 C'est parce que Brigitte Macron
01:33:14 avait dit à Stéphane Bern
01:33:16 qu'ils aimeraient beaucoup que je sois là.
01:33:18 Donc j'ai été invité.
01:33:20 Et j'étais très flatté.
01:33:22 Ils demandaient à ce que je sois là.
01:33:24 D'ailleurs, j'étais assis en face de lui, à côté d'elle.
01:33:26 Et j'en ai un très bon souvenir.
01:33:28 Tu n'as pas la tentation, des fois,
01:33:30 quand tu vas dans ce genre de dîner,
01:33:32 qui sont des dîners off, de dire
01:33:34 "Ah, j'aurais aimé qu'il y ait une caméra".
01:33:36 Non, pas du tout.
01:33:38 Mais en revanche, je ne cherche pas
01:33:40 à les revoir.
01:33:42 C'est-à-dire qu'il m'est arrivé,
01:33:44 je les ai tous rencontrés à un moment ou à un autre,
01:33:46 soit dans mes émissions, soit en privé.
01:33:48 Mais je ne veux pas être leur ami.
01:33:50 Je ne veux pas être...
01:33:52 Je n'ai pas envie
01:33:54 d'être invité à l'Élysée.
01:33:56 J'ai été invité à l'Élysée par Nicolas Sarkozy.
01:33:58 Je suis venu.
01:34:00 Il avait envie de faire ce soir ou jamais.
01:34:02 Je lui ai proposé de faire ce soir.
01:34:04 - Il avait envie de se retrouver
01:34:06 à Marie-France Garot ?
01:34:08 - Il avait envie de le faire avec moi, tout seul.
01:34:10 - Ah, tout seul ! Parce que sinon, c'est compliqué.
01:34:12 - Je lui ai dit avec plaisir.
01:34:14 Mais on ne l'annoncera que la veille.
01:34:16 Et je vous promets, je ne vous poserai que des questions
01:34:18 qu'on ne vous a jamais posées.
01:34:20 Et il m'a dit "Oui, banco".
01:34:22 Et puis finalement, on n'a jamais pu le faire.
01:34:24 Il aurait peut-être été réélu.
01:34:26 Et moi, j'aurais perdu la considération
01:34:28 de tous ces gens qui étaient là, peut-être, ce soir.
01:34:30 Qui m'auraient dit que j'allais me faire réélire à Sarkozy.
01:34:32 Mais justement, parce qu'après,
01:34:34 la campagne présidentielle commençait.
01:34:36 Enfin, ça allait. Et ce n'était plus possible.
01:34:38 J'aurais aimé le faire au moment où il est président.
01:34:40 Et pouvoir lui demander, par exemple,
01:34:42 pourquoi le Fouquet's.
01:34:44 Ce qu'il a dit, mais trop tard.
01:34:46 Et...
01:34:48 Voilà, tout ça,
01:34:50 ça m'aurait intéressé.
01:34:52 François Hollande, il est venu.
01:34:54 Mais il était encore Premier secrétaire du Parti Socialiste.
01:34:56 Et il m'arrive de dîner avec François Hollande.
01:34:58 Parce qu'on a un ami commun.
01:35:00 Et je le trouve tout à fait passionnant.
01:35:02 Mais voilà, quand ils sont au pouvoir,
01:35:04 en revanche, tu ne les fréquentes pas.
01:35:06 C'est tout.
01:35:08 Mais maintenant, moi, je ne me sens pas journaliste.
01:35:10 Je suis plus un animateur qu'un journaliste.
01:35:12 - Ouais.
01:35:14 Dernière question.
01:35:16 Dernière de la soirée qui est frosteur.
01:35:18 Qui dit "Est-ce qu'il y a un invité que tu n'as jamais reçu ?
01:35:20 Et que tu aurais aimé recevoir ?
01:35:22 Ou que tu as raté ?
01:35:24 Et que tu aurais aimé recevoir ?
01:35:26 - Il y a Roman Polanski.
01:35:28 Mais j'ai fini par pouvoir l'interviewer.
01:35:30 Mais dans une autre circonstance
01:35:32 dont il ne reste aucune trace.
01:35:34 Mais pour moi,
01:35:36 c'était le réalisateur que je voulais interviewer.
01:35:38 - Il y avait déjà des polémiques ?
01:35:40 - Non, il y avait l'histoire
01:35:42 des Etats-Unis.
01:35:44 Mais c'est une histoire sur laquelle il s'est exprimé à longueur.
01:35:46 Il avait beaucoup dit.
01:35:48 C'était l'homme.
01:35:50 C'était tout.
01:35:52 Comme j'ai fait Delon, j'aurais aimé faire Roman Polanski.
01:35:54 Après,
01:35:56 vu les polémiques, ça devenait compliqué.
01:35:58 Mais j'ai fait Woody Allen aussi.
01:36:00 Mais avant...
01:36:02 Il y avait eu la polémique.
01:36:04 Mais ça n'était réglé judiciairement.
01:36:06 C'était avant que la fille
01:36:08 adoptive dise "oui, oui, oui".
01:36:10 Et que tous les gens qui avaient travaillé
01:36:12 avec Woody Allen disent "Oh, je regrette d'avoir travaillé avec lui".
01:36:14 Mais je l'ai fait avant.
01:36:16 - Il n'y a pas d'autre que tu regrettes d'avoir ?
01:36:18 - Sûrement.
01:36:20 Il faudrait que j'y réfléchisse.
01:36:22 Il y a tous les Américains.
01:36:24 Récemment,
01:36:26 quand Alapachino est venu en France,
01:36:28 de coup, je reçois...
01:36:30 Il venait au théâtre.
01:36:32 Il a fait une tournée en Europe.
01:36:34 Et à chaque fois, il se retrouvait sur une scène de théâtre avec un journaliste
01:36:36 qui lui posait des questions.
01:36:38 Et il improvisait.
01:36:40 Et il voulait que ce soit moi, son entourage.
01:36:42 Je ne sais pas pourquoi.
01:36:44 Le directeur du théâtre m'a appelé.
01:36:46 Il me dit "Ils veulent que ce soit vous".
01:36:48 Je lui ai dit "Mais vous savez pourquoi ?"
01:36:50 Mais comme j'ai invité beaucoup d'Américains dans "Ce soir ou jamais",
01:36:52 c'était peut-être pour ça. Ils étaient tous assez contents en sortant.
01:36:54 Et je lui ai dit
01:36:56 "Moi, je veux bien, mais si j'ai une oreillette
01:36:58 et qu'on traduit ce qu'il dit, parce que mon anglais
01:37:00 n'est pas assez bon,
01:37:02 il faut que je comprenne ce qu'il me dit".
01:37:04 Comme je le disais tout à l'heure,
01:37:06 quand tu interviews quelqu'un, même si après,
01:37:08 tu sais qu'il va partir en live,
01:37:10 tu comprennes ce qu'il dit.
01:37:12 Donc, j'ai peur de ne pas...
01:37:14 Ils m'ont dit "Non, ce n'est pas possible".
01:37:16 Donc, j'ai dit non. Et c'est Léa Salamé qui l'a fait.
01:37:18 - Merci d'être venu.
01:37:20 Tu vois, j'ai réussi à abandonner mes fiches.
01:37:22 - Tu vois, c'est bien.
01:37:24 - Je n'ai même pas lu quasiment.
01:37:26 - C'est un progrès, c'est très bien.
01:37:28 - Oui, mais on ne sait jamais.
01:37:30 Donc, il faut que tu aies raison. Il faut que j'apprenne à bosser sans fiches.
01:37:32 - En tout cas, merci.
01:37:34 Parce que,
01:37:36 il y a des gens qui essayent
01:37:38 de s'inscrire un peu dans la continuité de ce que tu avais fait
01:37:40 et qui ont des moyens du bord.
01:37:42 - Encore une fois, c'est un sale métier. Il faut essayer de le faire proprement.
01:37:44 - Tu ne le conseillerais pas, ce métier ?
01:37:46 - Ça n'a pas de sens de le conseiller.
01:37:48 Il y a des gens qui sont faits pour ça.
01:37:50 Moi, je n'y ai jamais pensé avant de le faire, par exemple.
01:37:52 À un moment, on m'a dit...
01:37:54 Je vous souviens, le premier, c'est Michel Pollack, d'ailleurs,
01:37:56 qui voulait que je vienne en tant que chroniqueur sur une de ses émissions
01:37:58 qui n'a jamais existé. Et puis ensuite, c'est Canal+.
01:38:00 Et comme c'était Canal+, je me suis dit "Pourquoi pas ?"
01:38:02 Je dis "Moi, je veux bien venir à nulle part ailleurs,
01:38:04 vous m'assurez que je ne vais pas juste venir faire ma petite chronique
01:38:06 et que je m'en vais ?"
01:38:08 Ils m'ont dit "Non, non, tu pourras rester."
01:38:10 J'ai dit "D'accord."
01:38:12 Et puis j'ai trouvé ça sympa.
01:38:14 Et puis après, Thierry m'a proposé de faire Paris-Dernière.
01:38:16 Et là, je me suis dit "Là, c'est top."
01:38:18 Mais j'ai toujours eu l'impression d'être un touriste à la télé.
01:38:22 Je ne suis pas fait pour rester.
01:38:24 D'ailleurs, je n'y suis plus, là.
01:38:26 Mais enfin, c'est la première fois. J'y étais depuis.
01:38:28 - C'est la première fois que tu es au chômage ?
01:38:30 - Au chômage...
01:38:32 C'est la première fois que je n'ai pas d'émission de télé.
01:38:34 J'ai eu des émissions en permanence depuis 1994.
01:38:38 Mais ça ne me manque pas.
01:38:40 - Surtout que maintenant, tu es sur Internet.
01:38:42 - Et un dernier conseil.
01:38:44 Il faut que tu saches tout sur ton invité
01:38:46 pour qu'il ne puisse pas te mentir.
01:38:48 - Je vais me mentir ce soir ?
01:38:50 - Tu ne sauras jamais, puisque tu ne savais pas tout sur moi.
01:38:52 - C'est vrai.
01:38:54 - Alors que moi, quand tu viendras sur l'immédiat,
01:38:56 je saurai tout sur toi. Tu ne pourras pas me mentir.
01:38:58 - D'accord. Ce sera avec plaisir.
01:39:00 Merci à la régie, merci à l'invité,
01:39:02 merci aux spectateurs et, comme on dit ici,
01:39:04 merci Cognacjet. A vous les studios.
01:39:06 A tout de suite.
01:39:08 (Générique)