Le Cycle d'Orientation du Marais est inscrit au patrimoine. Nous vous dévoilons ce que l'architecture a d'exceptionnel et comment elle s'inscrit dans une révolution scolaire à Genève !
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00:00 (musique)
00:11 - Le cycle d'orientation du Marais a été inscrit à l'inventaire
00:14 des bâtiments dignes de protection.
00:16 Il est le reflet de l'époque de la massification
00:19 du système scolaire Genevois avec la création du cycle d'orientation.
00:24 - Le cycle du Marais appartient à l'ensemble de cycles d'orientation
00:28 qui sont réalisés dans les années 60
00:31 et qui seront les premiers établissements scolaires
00:34 industrialisés du canton de Genève.
00:36 On va réaliser pendant plusieurs années une série de cycles
00:41 plus ou moins identiques et qui seront entièrement préfabriqués
00:45 et qui vont permettre, grâce à des techniques
00:47 de construction industrialisée, de les réaliser extrêmement rapidement
00:51 de manière économique et de répondre surtout
00:54 à une réforme de l'enseignement scolaire secondaire
00:57 intervenue au début des années 60 et qui nécessite de construire
01:01 en masse des nouveaux locaux pour les élèves de l'enseignement secondaire.
01:06 - C'est le conseiller d'Etat André Chavannes qui met en oeuvre
01:09 ce qui constitue une véritable démocratisation
01:12 du système scolaire Genevois il y a tout juste 60 ans.
01:16 On y place la culture générale au coeur de l'enseignement
01:19 et rend la scolarité secondaire de 12 à 15 ans obligatoire.
01:23 Qui dit massification de l'école, dit forcément
01:26 qu'il faut construire des bâtiments et vite.
01:29 Pour cela, on fait appel à un procédé de fabrication
01:32 que l'on connaît des cités satellites telles que la Cité Donnay,
01:35 construite quelques années auparavant.
01:38 - Alors, effectivement, les cycles d'orientation
01:41 et la Cité Nouvelle Donnay partagent le même procédé
01:44 de construction industrialisée qui est le procédé Barretz
01:48 qui est en fait un système de préfabrication en béton
01:51 mis au point et inventé par un ingénieur français
01:53 qui s'appelle Jean Barretz.
01:55 - Effectivement, ce sont les mêmes types de procédés
01:58 même si les éléments sont un peu différents
02:00 puisqu'un édifice de logement n'est pas un établissement scolaire.
02:03 Sur le principe, au niveau constructif,
02:06 on a des choses qui sont tout à fait semblables
02:09 à savoir une préfabrication en usine
02:12 ou sur le chantier pour la Cité Donnay,
02:15 en usine ici pour les cycles d'orientation
02:18 et qui sont ensuite acheminées sur le chantier
02:21 et montées un peu à l'image d'un grand mécano.
02:24 - L'on considère alors l'ensemble des cycles d'orientation
02:27 à construire à Genève comme un seul grand chantier
02:30 nécessitant la construction d'une usine à Satigny
02:33 de laquelle vont sortir les pièces destinées aux cycles
02:36 de la Florence, puis de Budé, de Pinchat
02:39 et finalement du Marais et de la Golette.
02:42 Les cycles sont assemblés à partir des différentes pièces
02:45 construites là-bas à la manière d'un jeu de Lego.
02:48 Un couloir central relie différentes unités périphériques
02:51 abritant les salles de classe ou de gym.
02:54 Ce qui permet un bâtiment flexible selon le terrain
02:57 de construction. Les bâtiments eux-mêmes sont assemblés
03:00 par modules incluant les éléments usinés.
03:03 Ce mode industrialisé n'empêche pas une certaine qualité
03:06 architecturale. Un bâtiment très épuré
03:09 et surtout lumineux avec ses grandes baies vitrées,
03:12 ses élégantes escaliers et ses briques de verre
03:15 dans les couloirs et au plafond.
03:18 C'est un bâtiment qui est relativement simple
03:21 dans sa matérialité, je dirais.
03:24 C'est un bâtiment qui se veut robuste
03:27 pour durer dans le temps.
03:30 Un collège, c'est un bâtiment qui souffre.
03:33 Il y a beaucoup de passages.
03:36 Il faut que ce soit bien réalisé, que ça dure longtemps.
03:39 Ça n'empêche pas d'avoir un travail fin
03:42 sur certains aspects esthétiques ou décoratifs
03:45 comme le choix de la polychromie
03:48 dans certaines parties du bâtiment,
03:51 notamment au niveau des allèges.
03:54 Et puis aussi la réalisation à l'extérieur
03:57 de certains éléments mobiliers en béton
04:00 comme des bancs ou des bassins fontaines
04:03 qui sont aussi dessinés par l'architecte
04:06 et préfabriqués en béton.
04:09 À l'époque, il y avait la volonté de réaliser
04:12 des choses modernes, nouvelles,
04:15 qui incarnent cette réforme de l'enseignement secondaire.
04:18 La réception a été plutôt très positive
04:21 dans le sens où on était fiers et heureux
04:24 d'avoir une architecture qui soit lumineuse,
04:27 simple, bien faite, avec des plans aussi nouveaux
04:30 qui s'adaptent aux nouveaux enseignements
04:33 de la réforme, comme par exemple
04:36 des salles d'enseignement spéciales
04:39 comme la science physique,
04:42 le dessin, etc.
04:45 Donc autant d'enseignements qui n'existaient pas auparavant
04:48 et donc c'est un bâtiment qui se prête
04:51 tout à fait à ces nouveaux enseignements.
04:54 - Quant à l'usine, toujours en activité,
04:57 elle marque encore aujourd'hui l'architecture genevoise
05:00 puisque les éléments préfabriqués qui y sortent
05:03 servent encore à l'assemblage des immeubles actuels.
05:06 Mais pour les premiers construits,
05:09 il reste l'un des bâtiments les mieux préservés
05:12 et dont on devra continuer à prendre soin.
05:15 - Il y aura une attention plus grande
05:18 qui sera apportée au projet d'éventuelle
05:21 rénovation ou extension du bâtiment.
05:24 Cela ne veut pas dire qu'on ne peut plus toucher
05:27 au bâtiment, pas du tout.
05:30 Cela veut dire que le projet des architectes
05:33 sera en train de se développer
05:36 et il y aura un travail de collaboration
05:39 entre les architectes et le patrimoine
05:42 pour conserver les qualités
05:45 et permettre au bâtiment d'évoluer.
05:48 [SILENCE]