Les déclarations tonitruantes et autres sorties médiatiques de Jean-Luc Mélenchon font régulièrement l'objet de nombreuses critiques.
Surtout de la part de ses opposants.
Mais elle commencent parfois à gêner y compris même à l'intérieur de son propre mouvement politique, La France Insoumise.
Pour l'instant, ceux qui réclament son départ au sein du mouvement sont très minoritaires.
Mais il y en a aussi qui quittent le navire.
Ainsi, dans l'Hérault, Pierre Polard, maire de Capestang et membre de LFI, vient de décider de rendre sa carte.
Jean-Luc Mélenchon en est-il la raison ?
Surtout de la part de ses opposants.
Mais elle commencent parfois à gêner y compris même à l'intérieur de son propre mouvement politique, La France Insoumise.
Pour l'instant, ceux qui réclament son départ au sein du mouvement sont très minoritaires.
Mais il y en a aussi qui quittent le navire.
Ainsi, dans l'Hérault, Pierre Polard, maire de Capestang et membre de LFI, vient de décider de rendre sa carte.
Jean-Luc Mélenchon en est-il la raison ?
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00:00 Mélenchon est-il devenu désormais un handicap pour la France Insoumise ?
00:03 - Vous êtes 240 à avoir voté, 239 exactement.
00:07 Et vous répondez oui à 91% et non à 9%.
00:13 Je crois que là il n'y a pas de... - C'est assez clair.
00:15 - C'est clair, net et sans bavure.
00:17 - Et on veut vous entendre également au 04-67-58-6000 pour en parler avec nous ce matin.
00:23 Pierre Paullard, maire de Cap-Estan et membre de la France Insoumise.
00:28 - Ex-membre. - Ex-membre qui vient effectivement de rendre sa carte.
00:31 Bonjour M. Paullard. - Bonjour.
00:32 - Bonjour Pierre Paullard, merci d'être venu nous rejoindre.
00:35 Vous êtes fâché ? - Non, pas du tout.
00:37 - Je ne dis pas après nous. - Non, j'entends bien.
00:39 - Après la France Insoumise pour décider de...
00:43 Alors je ne dirais pas de claquer la porte, mais en tout cas de quitter le navire on va dire.
00:46 - Non, je ne suis pas fâché.
00:48 C'est simplement un désaccord avec la stratégie on va dire,
00:53 la stratégie actuelle du mouvement.
00:55 D'une part cette stratégie qui était théorisée de conflictualisation permanente
01:00 et puis cette idée de dire qu'on va gagner en allant chercher des voies
01:05 uniquement dans les quartiers populaires des grandes villes et des banlieues.
01:08 Voilà, donc ça c'est quelque chose avec lequel je ne suis pas d'accord.
01:12 - Alors ça fait deux points intéressants sur lesquels je vous propose de revenir,
01:14 mais avant ça je vous fais réagir à notre question du jour.
01:16 91% de nos auditeurs qui disent qu'effectivement pour eux,
01:20 Jean-Luc Mélenchon est devenu un handicap pour la France Insoumise.
01:23 On n'a pas osé écrire le mot "bouler", mais c'est aussi un peu ce que ça voulait dire.
01:26 Ça vous surprend ce résultat ?
01:28 - Ça me surprend.
01:30 Enfin, moi je ne vais pas m'attacher à cibler un homme en particulier,
01:34 d'autant plus que Jean-Luc Mélenchon il a quand même fait énormément
01:37 pour redresser le flambeau de la gauche.
01:40 Moi ce qui m'interroge avant tout c'est la stratégie.
01:45 Je ne vais pas cibler un homme en particulier,
01:48 d'autant plus qu'il a pris un peu de recul par rapport au mouvement,
01:51 même s'il est quand même en merline.
01:54 - On ne peut pas dire qu'il ait pris tant de recul que ça.
01:55 Sa dernière déclaration a quand même été très très commentée.
01:57 Est-ce que ça, ce n'est pas quand même préjudiciable aux causes
02:01 que veut servir la France Insoumise ?
02:04 - C'est un peu ce que je dis.
02:07 C'est qu'en fait, il faut plutôt chercher à rassembler,
02:11 rassembler au-delà de ce qui a fait le résultat qu'on a eu
02:15 aux présidentielles et aux législatives,
02:17 rassembler notamment en direction des villages,
02:22 des petites villes, des villes moyennes,
02:25 pour effectivement rassembler les classes populaires
02:29 qui finalement qu'on soit dans les quartiers populaires
02:32 des grandes villes ou dans les petits villages,
02:34 on a les mêmes besoins.
02:36 Et donc c'est ça que je préfère mettre en avant,
02:38 chercher à rassembler, plutôt que de pointer
02:40 ce qui aujourd'hui peut agacer, peut diviser.
02:44 - Alors dans votre premier propos, vous avez parlé de conflictualisation.
02:51 C'est-à-dire que vous reprochez au cadre de la France Insoumise,
02:57 aux députés qu'on voit dans l'hémicycle,
02:59 ou ceux qui sont dans les conférences de presse,
03:02 d'être trop tonitruants, d'aller systématiquement au conflit,
03:07 c'est ça en fait, qui vous pose un problème aujourd'hui ?
03:10 - En fait, on s'aperçoit que les idées qu'on porte,
03:12 notamment dans le programme "L'Avenir en commun",
03:14 les idées qu'on porte, elles sont largement majoritaires
03:16 dans la population, que ce soit l'indexation des salaires
03:18 sur l'inflation, la régulation des tarifs de l'énergie,
03:21 le référendum d'initiative citoyenne,
03:23 tout ça, c'est largement majoritaire dans la population.
03:26 Pour autant, ça ne se traduit pas par des résultats dans les sondages,
03:30 et c'est plutôt le Rassemblement National qui en bénéficie de ces attentes.
03:34 - Pourquoi ? Parce que ces postures dérangent,
03:37 finissent par déranger les Français ?
03:39 - Moi, en tant qu'élu local, je me suis rendu compte
03:42 que les gens ne cherchent pas la radicalité, forcément.
03:46 Ils voient bien que ça ne marche pas,
03:48 mais ils veulent que ça change,
03:50 dans le calme et dans le rassemblement.
03:53 Pour autant, les gens, effectivement,
03:55 ils le voient bien que l'hôpital est en lambeaux,
03:57 l'école est en difficulté,
03:59 les services publics se retirent de nos territoires,
04:01 ils le voient, mais ce qu'ils veulent,
04:04 c'est que ça fonctionne bien,
04:06 on le voit dans nos communes,
04:08 les gens ne cherchent pas forcément la radicalité,
04:10 ils veulent que leur situation s'améliore,
04:12 que leurs enfants soient bien éduqués,
04:14 qu'ils aient un logement, un emploi.
04:16 - Et pour ça, à priori, ils ne font pas confiance à la gauche ?
04:19 - Ils ne font pas confiance à la gauche...
04:22 - Vous avez été candidat au législatif à deux reprises,
04:25 2017 et 2022, vous avez échoué à deux reprises.
04:28 2022, c'est le Rassemblement National
04:30 qui a pris cette circonscription,
04:32 ça veut dire quoi ?
04:33 Ça veut dire que le Rassemblement National,
04:35 pour une partie en tout cas des électeurs de votre circonscription,
04:37 répond plus aujourd'hui à ces problématiques
04:39 que la gauche ne peut le faire, selon vous ?
04:42 - Disons que l'argument principal du Rassemblement National,
04:45 c'est qu'on ne les a jamais essayés.
04:47 Et pourtant, ils ne disent rien.
04:49 Quelles sont leurs solutions ?
04:51 Moi, j'ai été battu par une candidate
04:53 qui n'a pas fait campagne,
04:55 parce qu'il n'y a aucune solution
04:57 concrète aux attentes des habitants.
05:00 Et donc, en se disant "on ne va rien dire,
05:02 on laisse venir", c'est un peu ce qui se passe
05:04 aussi à l'Assemblée Nationale,
05:05 les députés Rassemblement National,
05:06 ils ne disent rien,
05:07 ils attendent leur tour, entre guillemets,
05:10 sauf que, au final, on s'apercevra
05:12 que derrière, il n'y a absolument rien,
05:14 il n'y a aucune solution.
05:15 - France Bleu Héros, 7h51,
05:17 les déclarations tonitruantes et hautes sorties
05:19 médiatiques de Jean-Luc Mélenchon
05:20 font régulièrement l'objet de nombreuses critiques,
05:22 surtout de la part de ses opposants,
05:24 mais elles commencent parfois aussi à gêner,
05:26 y compris même à l'intérieur de son propre mouvement politique.
05:29 Il y en a même qui quittent le navire,
05:31 c'est notamment le cas de Pierre Paullard,
05:33 notre invité ce matin,
05:34 ex-membre de la France Insoumise.
05:36 Est-ce que Mélenchon est devenu désormais
05:38 un handicap pour la France Insoumise ?
05:40 On veut vous entendre, vous avez la parole,
05:42 au 04 67 58 6000, ainsi que sur nos réseaux sociaux.
05:45 Claire, par exemple, sur Facebook, nous dit
05:47 "A-t-il été un jour autre chose que cela ?"
05:50 - Ah, bon, je ne sais pas si on peut répondre à ça,
05:53 Pierre Paullard.
05:54 - C'est un point de vue, comme je l'ai dit,
05:56 il a quand même réussi à reprendre
05:59 le flambeau de la gauche en 2022,
06:01 alors qu'effectivement, on pensait qu'on allait
06:03 être complètement à la ramasse,
06:05 si on passe l'expression, au présidentiel.
06:07 Et voilà, il s'en est fallu de peu que ça passe.
06:10 Donc on peut au moins lui rendre grâce de ça.
06:13 - Alors, vous disiez deux choses tout à l'heure,
06:14 conflictualisation, ça y est maintenant,
06:15 j'arrive à le prononcer,
06:16 puis autre chose, vous disiez,
06:18 la France Insoumise s'est fixée comme objectif prioritaire
06:20 à la reconquête des quartiers dits populaires,
06:23 mais ne s'occupe pas de la France des campagnes,
06:25 de la France dite périphérique,
06:27 comme on l'a dit, ou périurbaine,
06:29 comme on a le concept qui est apparu
06:31 pendant la crise des Gilets jaunes.
06:32 Est-ce que c'est ça l'erreur et la faute politique
06:34 de la France Insoumise, aujourd'hui, selon vous ?
06:36 Et vous êtes maire de Cap-Estan,
06:38 on est dans ce cadre-là ?
06:41 - Tout à fait.
06:42 On ne peut pas dire que la France Insoumise
06:44 ne s'occupe pas de la France périphérique,
06:46 mais je pense qu'elle ne s'en occupe pas assez,
06:48 et qu'elle n'en fait pas assez, une priorité.
06:51 Parce que ça a été rappelé récemment
06:52 par la direction du parti,
06:53 l'objectif c'est de gagner des voix
06:56 dans les quartiers populaires,
06:57 principalement dans les quartiers populaires
06:58 des grandes villes et des banlieues.
07:00 Donc effectivement, ça il ne faut pas le perdre,
07:01 parce que c'est un acquis important et c'est nécessaire,
07:03 mais il faut aussi réussir à rassembler,
07:06 notamment dans la France périphérique,
07:07 parce que je le répète,
07:08 les attentes sont les mêmes
07:09 dans les quartiers populaires des grandes villes
07:11 et dans la France périphérique,
07:12 les attentes sont les mêmes,
07:13 c'est les services publics, c'est l'éducation,
07:14 c'est la santé, c'est le logement, c'est l'emploi.
07:16 Et ça, effectivement, ces préoccupations
07:18 elles sont partagées par tous,
07:19 et nous, on a des réponses à y apporter,
07:22 contrairement au rassemblement national.
07:23 - Le positionnement d'un certain nombre de responsables
07:25 de la France Insoumise par rapport au conflit
07:27 entre Israël et le Hamas,
07:29 avec le refus de beaucoup d'entre eux
07:33 de reconnaître, de le dire,
07:35 en tout cas de prononcer le mot,
07:36 que le Hamas est un groupe terroriste,
07:38 ça vous a posé problème aussi, ça ?
07:40 C'est aussi une des raisons
07:41 pour lesquelles vous quittez ce mouvement aujourd'hui ?
07:43 - Ça a joué, effectivement,
07:44 parce que, oui, là, il n'y a pas d'arrangement à voir.
07:47 Le Hamas est un mouvement terroriste,
07:50 et ce qui s'est passé le 7 octobre,
07:52 c'est inqualifiable,
07:54 et il faut effectivement le condamner.
07:56 Au même titre qu'il faut condamner
07:58 ce que fait le gouvernement israélien,
08:00 je ne parle pas d'Israël en général,
08:01 mais du gouvernement israélien,
08:02 ce que fait le gouvernement israélien à Gaza,
08:04 où il a femme, il assoif les populations,
08:07 et ça, il faut le condamner également.
08:09 - Dernière chose, Pierre Polar,
08:10 en ce qui vous concerne, politiquement,
08:12 et maintenant, en interrogation,
08:14 vous allez aller voir ailleurs ?
08:15 Vous attendez de voir ce qui va se passer ?
08:18 - C'est vrai qu'aujourd'hui,
08:20 je suis un peu "orphelin", c'est clair,
08:23 mais bon, après, la vie politique
08:26 est faite de rebondissements,
08:27 et je pense qu'il se passera des choses,
08:29 bon là, ça va être un peu "gelé"
08:31 après les européennes,
08:33 et après, je pense qu'il y aura des recompositions,
08:35 et à mon modeste niveau,
08:37 j'essaierai d'y contribuer
08:39 en portant justement la parole
08:41 de la France périphérique,
08:43 j'aime pas ce mot,
08:44 mais de la France des villes,
08:45 des petites villes, des villages,
08:46 la France rurale,
08:48 dans laquelle je vis,
08:50 et dans laquelle j'ai l'honneur d'être maire.
08:52 - Merci Pierre Polar,
08:53 maire de Cap-Estaing,
08:55 d'être venu dans le 6.9 ce matin.
08:56 Bonne journée à vous, merci.
08:58 - Dans un instant, c'est les informations,
09:01 ou on peut peut-être accueillir,
09:03 si vous le souhaitez.
09:04 - C'est vous qui décidez, Karim.
09:05 - On va le prendre, le temps, j'ai envie de vous dire,
09:08 ce rendez-vous, c'est quand même un rendez-vous
09:09 où vous avez la parole chaque matin,
09:10 c'est la force.
09:11 - Vous appelez toujours un tout petit peu tard.
09:13 - C'est souvent que ça appelle un peu tard ?
09:14 - Faut appeler tout de suite, dès 45.
09:16 - Donc on décide quand même de vous prendre,
09:17 puisque priorité à vous,
09:18 Karim nous appelle, bonjour Karim.
09:20 - Oui, bonjour, bonjour l'équipe,
09:22 bonjour tout le monde,
09:23 j'appelle pour répondre à la question,
09:25 Jean-Luc Mélenchon, non, ça n'a jamais été un problème,
09:29 il ne sera jamais un problème,
09:30 c'est quelqu'un qui dit une vérité,
09:31 moi je n'ai jamais voté pour ce mec,
09:33 ni pour son parti,
09:35 mais je me rends compte quand même,
09:37 que c'est la bonne personne,
09:38 qui ne fait pas la différence entre les différents français.
09:41 Le problème en France actuellement,
09:43 c'est de dire la vérité,
09:44 c'est de condamner, par exemple,
09:46 quelqu'un qui est affreux,
09:48 quelqu'un qui terrorise la population,
09:51 que ce soit le Hamas ou Israël,
09:53 maintenant lui, il n'a pas pris parti,
09:55 ou il a pris parti,
09:57 donc c'est ça le problème en France,
09:58 maintenant en France, pour continuer,
10:00 et être félicité par tous les médias en France,
10:03 c'est qu'il faut rentrer dans le camp,
10:05 il faut être sur la ligne,
10:06 et lui il est contre la ligne,
10:07 et c'est un mec révolutionnaire que j'adore,
10:09 moi je voterai pour lui à la prochaine élection.
10:11 - Ah, vous ne l'avez pas fait jusqu'à présent,
10:12 mais maintenant vous le ferez,
10:13 donc si j'ai bien compris.
10:14 - Je ne l'ai jamais fait,
10:15 je n'ai jamais fait,
10:16 j'étais toujours contre ces idées,
10:17 parce que moi je l'ai pris pour quelqu'un
10:19 qui est populiste,
10:20 qui cherche comme Marine Le Pen,
10:22 mais maintenant pour moi,
10:23 Macron à la poubelle,
10:25 et c'est Mélenchon,
10:26 j'espère pour lui qu'il sera un président un jour.
10:28 - Alors Karim, qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis ?
10:30 - C'est que, vous voyez,
10:32 moi dès le premier jour,
10:34 j'ai condamné l'attaque de Hamas, par exemple.
10:36 L'attaque de Hamas dès le premier jour,
10:38 j'ai trouvé incroyable de voir des gens comme Hamas,
10:41 par exemple,
10:42 qui continuent à tuer des gens innocents.
10:44 - Evidemment Karim,
10:45 je crois qu'on est tous là-dessus.
10:46 - Mais de voir, de voir que
10:49 tous les politiques français,
10:51 20 000 morts, des bébés,
10:53 moi j'ai trois enfants que je tiens,
10:55 voir des gens qui sont privés,
10:57 des ministres qui disent,
10:58 on leur donne pas à manger,
10:59 dans ce monde-là tu vois,
11:01 oui mais il faut condamner le 7 octobre,
11:04 mais on l'a condamné le 7 octobre.
11:05 Sauf que Mélenchon, c'est quelqu'un qui dit,
11:07 oui, on l'a condamné le 7 octobre,
11:09 mais on est devant un gouvernement,
11:12 un État terroriste,
11:14 un État qui tue des populations,
11:15 qui tue des bébés,
11:16 qui tue des femmes, des hommes,
11:18 et fait pas la différence.
11:19 Et Hamas et Israël, les deux c'est les mêmes.
11:22 - Ok.
11:23 Merci Karim d'avoir appelé ce matin.
11:25 - Ok, au revoir.
11:26 - Merci Pierre Paullard, bonne journée à vous.
11:28 - Merci, bonne journée.
11:29 - On retrouve cet entretien sur francebleu.fr,
11:32 en vidéo également sur notre application,
11:35 ici par France Bleu et France 3.