• l’année dernière
Taylor Swift est partout : en couverture de “Time Magazine”, désignée personnalité de l’année, dans les grands stades du monde pour une tournée de tous les superlatifs, et, en double, sur les plateformes de streaming. La chanteuse américaine a entrepris de réenregistrer ses six premiers albums. Pas par plaisir, dit-elle, mais par nécessité : par le jeu de la revente de son label de jeunesse et des contrats signés lorsqu’elle débutait, la voilà dépossédée de ses masters (et donc des droits d’exploitation de sa musique).Une artiste victime de l’industrie, vraiment ? Derrière ce storytelling, forcément biaisé, il y a surtout le symbole d’une pop-star tellement puissante qu’elle peut entreprendre ce qu’aucun autre musicien de son envergure n’avait entrepris. Au point de bouleverser la musique ? On tente de répondre à cette question dans ce nouvel épisode de Ca$h Musique, l’émission de « Télérama » qui ouvre le portefeuille de l’industrie musicale.Les précédents épisode de Ca$h Musique : https://www.youtube.com/playlist?list=PLVqfjXoCgKbZvwmpiSu68WjkrTb7g9XHu

#taylorswift #taylorsversion #scooterbraun

Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCb9EmqspwO4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1

Category

🎵
Musique
Transcription
00:00 Est-ce que vous entendez une différence entre cette version de chanson de Taylor Swift
00:05 et celle-ci ?
00:11 Pas vraiment ? Les Swifties, les fans dévoués de la chanteuse américaine, le remarqueraient au premier coup d'oreille.
00:22 Ces deux versions dans lesquelles quelques détails changent ont été enregistrées par la reine toute puissante de la pop à 9 ans d'intervalle.
00:29 Pas par plaisir, mais parce qu'elle le peut, et même selon elle, parce qu'elle le devait.
00:34 Dans ce nouvel épisode de Cache Musique, on se demande si le fait que Taylor Swift réenregistre ses albums implique un changement brutal dans l'industrie musicale.
00:43 Les Swifties sont justement ceux sur qui la chanteuse compte pour préférer la nouvelle version de Shake It Off par rapport à l'ancienne,
00:56 toutes les deux au cœur d'une bagarre de labels et de personnalités.
01:00 On remonte la chronologie.
01:02 En 2005, Taylor Swift, 16 ans, signe sur le label Big Machine Records.
01:06 Jusqu'en 2018, elle y sort 6 albums qui se vendent à des millions d'exemplaires à travers le monde
01:11 et qui font d'elle la superstar qu'elle est lorsque son contrat avec Big Machine prend fin et qu'elle signe avec Universal.
01:18 L'année suivante, le label Big Machine Records est vendu à Scooter Brown, l'une des personnalités les plus puissantes de la musique américaine, mais aussi son ennemi personnel.
01:28 On ne va pas la refaire ici, mais leur rivalité se cristallise autour de ce rachat qui fait de Brown, pour le dire vite,
01:34 le bénéficiaire des droits d'exploitation des masters des chansons des 6 premiers albums en question.
01:40 Un master, c'est la fixation d'une oeuvre musicale sur un support, un CD, un vinyle, et aujourd'hui, un fichier numérique.
01:47 Pour represser ses albums ou vendre une de ses chansons pour un film ou pour une pub, c'est Scooter Brown qui touche une partie du pactole.
01:55 Mais attendez, ça veut dire que Taylor Swift, aussi puissante soit-elle, n'est pas entièrement propriétaire de ses propres chansons ?
02:02 Odile Deplat, chef du service musique de Télérama, explique que cette affaire est un peu plus nuancée.
02:07 Taylor Swift ne possède pas ses masters, mais n'en est pas dépossédé pour autant. En fait, c'est un partage.
02:13 Le label a investi pour enregistrer ses 6 premiers albums et en échange, ils ont des droits dessus.
02:20 Et elle, elle a toujours le droit moral. Donc elle peut très bien interdire aussi l'utilisation de sa musique pour une campagne de pub qui lui déplaît.
02:28 Et le label, lui aussi, peut refuser qu'une de ses musiques soit utilisée dans un film qui ne plaît pas au label.
02:37 En fait, il y avait un partage des droits. Elle, elle le jugeait en sa défaveur. Le label estime que c'était un partage des droits classique de maison de disque.
02:46 Et en fait, l'histoire Taylor Swift et son label, c'est une histoire plutôt très personnelle de revente à quelqu'un qu'elle n'aimait pas.
02:54 Mais ce n'est pas forcément le reflet d'une situation dramatique pour tous les artistes.
02:59 Taylor Swift continuait à toucher de l'argent et continue aujourd'hui encore à toucher de l'argent sur ses premiers albums qui sont chez son ancien label.
03:06 C'est juste qu'elle en touche plus avec les versions qu'elle a enregistrées, puisqu'elle est propriétaire de tout.
03:11 Mais elle les a enregistrées en étant célèbre, ce qui est quand même une grosse différence d'un point de vue risque financier.
03:16 Avant de devenir l'artiste la plus influente de l'industrie musicale et du monde, Taylor Swift était une artiste presque comme les autres,
03:29 soumise aux règles d'un contrat signé à 16 ans qui n'avait rien d'exceptionnel à l'époque et encore aujourd'hui.
03:36 C'est des l'exploitation de ses masters, c'est classique, c'est même la normalité.
03:40 Il y a peu, je discutais avec un groupe de rock français en plein développement qui avait enregistré son premier album pour le compte d'un label.
03:47 Manque de peau pour eux, le directeur de cette structure s'est retrouvé empêtré dans une affaire judiciaire empêchant la sortie de leur disque.
03:55 Compte tenu des contrats, le groupe était dans l'impossibilité de le proposer ailleurs.
03:59 Trois solutions s'offraient à lui.
04:01 Attendre une hypothétique fin des démés des judiciaires, tout réenregistrer avec ce que ça implique comme investissement financier pour un jeune groupe,
04:08 se faire une raison et passer à autre chose en enregistrant de nouveaux morceaux.
04:13 Le groupe a opté pour la troisième option, la plus douloureuse mais la plus raisonnable.
04:18 Pour Taylor Swift, on est moins dans le raisonnable.
04:23 J'ai toujours voulu m'occuper de mon propre musique.
04:25 Vous ne savez probablement pas ça mais la plupart de vos artistes préférés n'occupent pas leur travail.
04:30 Il y a eu quelque chose qui s'est passé il y a des années,
04:33 je me suis rendue très claire que je voulais pouvoir acheter ma musique,
04:38 cette opportunité n'était pas donnée à moi et elle était vendue à quelqu'un d'autre.
04:43 Donc je me suis dit que je suis la personne qui a fait cette musique.
04:46 Tout d'abord, je peux juste en faire ça encore.
04:49 Donc c'est ce que nous faisons.
04:51 C'est ce que je veux dire.
04:53 Quand quelque chose dit "version Taylor" en parenthèse,
04:58 ça signifie que je l'ai, ce qui est excitant.
05:01 Les versions Taylor sortent au fur et à mesure et la réception auprès des fans,
05:05 qu'elle a incité à aller écouter ses versions, est évidemment positive.
05:09 Personne n'avait jamais fait ce qu'a fait Taylor Swift,
05:12 réenregistrer ses albums, c'est parce qu'en fait on était dans un monde physique.
05:15 Et c'était très compliqué matériellement de réimprimer,
05:20 de represser des albums, de les redistribuer dans un magasin.
05:23 Le monde physique, ça marchait vraiment différemment du streaming.
05:25 Avec Taylor Swift, c'était très compliqué.
05:27 Elle a fait la promotion directement par ses réseaux sociaux,
05:31 c'est l'autre gros changement.
05:33 Elle a pu prévenir ses fans sans médias,
05:36 que tout était à nouveau à disposition.
05:38 Et ses nouveaux albums, ses nouvelles versions,
05:41 ses "Taylor's versions" sont devenus les plus streamés.
05:44 Donc, fureur de son ancien label qui a ses premiers albums
05:50 et qui ne gagne plus d'argent avec ses premiers albums,
05:53 l'éditeur de Taylor Swift gère un catalogue,
05:55 si elle réenregistre ses propres versions,
05:57 finalement ça remet en avant ses propres musiques,
06:00 ça génère de nouveaux droits.
06:02 Côté éditeur, ils sont ravis.
06:03 Côté producteur, c'est effectivement plus compliqué
06:05 parce que le producteur a avancé l'argent pour les masters,
06:10 ses six premiers albums.
06:11 A l'époque, elle n'en avait pas, Taylor Swift.
06:13 Donc, il avance de l'argent et va récupérer sa mise après via le streaming.
06:17 Donc, si Taylor Swift a fait un grand changement,
06:20 récupérer sa mise après via le streaming,
06:22 donc si Taylor Swift réenregistre,
06:24 effectivement le label ne gagne plus autant d'argent
06:28 et c'est l'artiste qui récupère l'argent du risque pris au début.
06:32 Donc, il y a une relation de confiance qui peut être brisée.
06:34 Ici, on est autant dans une guerre d'influence
06:37 que dans une histoire personnelle et une histoire de gros sous.
06:40 Ce storytelling s'inscrit aussi dans une industrie
06:42 qui recommence à voir le cash couler à flot
06:45 et où certains artistes seraient tant businessmen,
06:48 prêts à contrôler au maximum toute la chaîne de la production de leur musique.
06:52 Ce n'est pas un méchant label et une gentille artiste
06:55 ou une méchante artiste et un gentil label.
06:57 Le label s'est assez mal comporté,
07:00 mais la situation de Taylor Swift n'était pas aussi catastrophique
07:03 qu'elle voulait bien le dire.
07:04 C'est un cas assez isolé, mais néanmoins, ça fait réfléchir
07:07 et c'est plutôt le signe d'un changement des rapports entre artistes et labels.
07:14 C'est-à-dire que les artistes, effectivement, ont leurs réseaux sociaux,
07:17 ont les moyens d'enregistrer plus facilement
07:19 et on voit une tendance chez les artistes à vouloir monter leur label,
07:23 à être en distribution, à se dégager des labels traditionnels.
07:28 Certains ont les moyens.
07:29 Quand on est débutant, on n'a pas forcément de quoi enregistrer son album,
07:32 on n'a pas de quoi faire sa promotion.
07:34 Donc, c'est aussi intéressant d'avoir un label.
07:36 Et puis, il y a un risque aussi.
07:37 Certes, l'artiste peut décider de produire son album,
07:41 donc il touchera plus d'argent sur toutes les ventes, sur tout le streaming.
07:44 C'est ça qui est en jeu.
07:46 Si ça ne marche pas, il perd aussi tout l'argent qu'il a investi.
07:49 Alors que si on fait ça avec une maison de disques,
07:51 c'est la maison de disques qui perd l'argent.
07:53 Et il y a d'autres artistes.
07:54 Donc, c'est un peu comme une assurance.
07:56 Il y a une espèce de solidarité.
07:57 Ceux qui marchent financent ceux qui ne marchent pas encore très bien,
08:00 aident quand il y a un creux.
08:02 Quand on est tout seul, c'est comme quand on est auto-entrepreneur,
08:05 on assume seul ses risques.
08:07 Pour une Taylor Swift, il y a évidemment des milliers d'autres artistes
08:11 qui ne disposent pas de sa puissance inédite sur l'industrie musicale.
08:15 Et qui sont bien obligés de jouer avec les règles du jeu,
08:18 pas toujours en leur faveur.
08:20 Ce sont justement ces règles sans cesse fluctuantes
08:23 que l'on continue à explorer dans le prochain épisode de Cash Music.
08:26 [Musique]

Recommandations