Soupçons sur le montage de l'enquête sur Depardieu - Jacques Cardoze lance un appel dans "Morandini Live": "Je demande que l'on montre les rushs de la séquence avec la petite fille sans montage" - VIDEO

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Soupçons sur le montage de l'enquête sur Depardieu - Jacques Cardoze lance un appel dans "Morandini Live": "Je demande que l'on montre les rushs de la séquence avec la petite fille sans montage" - VIDEO

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00:00 On est avec Jacques Cardoze, qui est l'ex-présentateur de Complément d'Enquête sur France 2. Bonjour Jacques, merci beaucoup d'être en direct avec nous.
00:06 Et c'est vrai que c'est vous qui, depuis quelques jours, a enquêté sur ce Complément d'Enquête, votre ancienne émission, et en particulier sur le montage qui a été fait.
00:13 Visiblement, vous avez vu qu'Emmanuel Macron vous a entendu, puisqu'il en parle, hier. Alors pour les gens qui ne savent pas vraiment, est-ce que vous pouvez nous expliquer
00:20 quels sont les doutes qui existent concernant cette phrase de Gérard Depardieu ? Je précise que c'est une phrase qui est prononcée quand, à l'image, on voit une petite fille
00:28 qui a une dizaine d'années sur un cheval. C'est une phrase vulgaire, enfin voilà, avec beaucoup de mots terribles qu'on peut associer à cette phrase.
00:36 Mais vous vous dites, il y a un doute. Est-ce qu'il parle vraiment de cette petite fille ?
00:41 Oui, et pour être tout à fait honnête, Jean-Marc, c'est pas moi qui ai eu les premiers doutes. C'est un certain nombre de journalistes qui m'ont appelé dès le week-end dernier
00:48 en me disant « qu'est-ce que tu penses de cette séquence ? ». C'est quand même très bizarre que ces propos soient tenus en off. Et à force d'échanger avec l'équipe de tournage de Yann Moix,
01:00 je me suis rendu compte qu'il y avait un vrai doute, puisque l'entourage de Yann et toute l'équipe de tournage essayent de se remémorer ce contexte-là,
01:10 et s'aperçoient que c'est une phrase qui a pu être prononcée non pas à l'endroit de la petite fille. Je précise que Gérard Depardieu dit « fifille » parce que j'ai vu les réactions sur les réseaux sociaux.
01:22 Il dit « fifille » à beaucoup de femmes. Et la thèse qui est défendue par l'équipe de Yann Moix, c'est qu'ils sont quasi sûrs – j'emploie le « quasi » –
01:32 que ce n'est pas à l'endroit de la petite fille qu'il s'exprime à ce moment-là, mais que c'est à l'endroit d'une femme de 36 ans.
01:40 Et ce qui les fait dire ça, c'est qu'il y a un mot dans cette phrase qui ne peut pas avoir été dit à ce moment-là. Mais voilà, il y a aussi une procédure judiciaire en cours.
01:51 Donc je ne veux pas révéler ça. Donc ça, ça fait deux sérieux doutes. Et puis par ailleurs, il y a le contexte du tournage globalement.
01:58 Le fait qu'à un autre moment donné, Gérard Depardieu ait été très véhément à l'égard d'un homme, un touriste canadien qui portait un chapeau
02:09 et qui figure dans le film de Yann Moix de 2h30 que malheureusement la presse ne peut pas voir aujourd'hui.
02:15 Eh bien Gérard Depardieu court vers cet homme-là, qui lui a un comportement déviant vis-à-vis d'une petite fille. Et c'est au cours du même tournage.
02:24 Donc vous voyez, il y a des incohérences. Par ailleurs, autre incohérence, c'est que c'est la guide, la guide qui elle-même s'exprime par écrit
02:33 depuis le tournage du film en disant ô combien Gérard Depardieu s'est bien comporté à son égard. Et là, ce sont des éléments écrits, tangibles,
02:43 qui prouvent un comportement. Donc tout ça fait naître un doute, Jean-Marc. Moi, je ne dis pas qu'il y a manipulation, mais je me dis que
02:51 si j'avais été à la tête de complément d'enquête à ce moment-là, pour en être certain, j'aurais voulu voir Gérard Depardieu avec ce qu'on appelle
03:00 la séquence in, c'est-à-dire le brut Gérard Depardieu avec la petite fille à côté pour voir réellement quel est son comportement.
03:07 Là, lorsqu'il y a un off, on peut tout faire dire parce qu'on peut récupérer une phrase qui a été dite 30 secondes avant ou 30 secondes après
03:14 et tout ramasser en 12 secondes. C'est trop grave compte tenu du contexte aujourd'hui à l'égard de Gérard Depardieu qu'on n'ait pas ces éléments.
03:22 Moi, je n'accuse personne. Je dis juste que la presse en général m'a appelé, m'a demandé quel était le contexte. J'ai commencé à passer des coups de fil.
03:32 J'ai échangé à plusieurs reprises avec Yann Moix, qui lui-même échange avec ses proches et essaye de se remémorer tout ce qui s'est passé il y a 5 ans.
03:41 Et on est maintenant dans le doute. Voilà, il y a un sérieux doute sur ce montage.
03:45 – Jacques, on va essayer d'être très précis pour les gens qui ne connaissent pas trop la télé, qui ne connaissent pas trop le montage.
03:51 En fait, personne ne nie, si j'ai bien compris, que Depardieu ait tenu ses propos, puisqu'on les entend.
03:59 Ils sont là. La seule question, c'est à qui s'adresse-t-il à ce moment-là ?
04:03 Et est-ce que complément d'enquête sur ses propos a mis les images de cette petite fille alors que ce n'était pas à elle qu'il s'adressait ?
04:10 Voilà, je pense que j'ai résumé la question.
04:12 – Vous avez tout à fait très bien résumé, Jean-Marc.
04:16 En montage, ce qu'on entend en off peut ne pas correspondre à ce que l'on voit à l'image en in.
04:25 Donc, en effet, la suspicion tourne autour de ses propos.
04:29 Est-ce que ses propos, qui sont par ailleurs tout à fait condamnables, graveleux, on est absolument d'accord là-dessus,
04:35 et toute l'affaire de la justice est une autre affaire, elle passera, ça n'est pas le sujet ?
04:41 Aujourd'hui, le sujet, c'est ce reportage et ce montage.
04:44 Si cette phrase-là ne concerne pas la petite fille et qu'il ne sexualise pas une petite fille de 10 ans,
04:50 alors avouez que la polémique, elle est un petit peu différente.
04:53 Donc moi, c'est cette interrogation-là que j'ai avec d'autres confrères qui, encore une fois, m'ont appelé,
05:00 m'ont demandé quel était le contexte et ce que j'en pensais.
05:03 Alors moi, je n'étais pas dans la salle de montage, je connais les journalistes qui ont pu faire ce reportage.
05:08 Maintenant, je commence à défiler un petit peu les tenants, les aboutissants de tout ça.
05:14 Et moi, ce que je souhaiterais, c'est tout simplement que l'équipe de complément ou le producteur,
05:17 parce que peut-être que ce n'est pas l'équipe de complément qui en est responsable,
05:23 mais peut-être que le producteur lui-même a fait un pré-montage avant de proposer les images à Complément d'Enquête.
05:31 Eh bien, je leur demande de faire la lumière sur tout ça pour s'expliquer,
05:35 pour qu'on sache si réellement il a sexualisé une petite fille ou pas.
05:40 Avouez que la même phrase qui est dite à quelqu'un de 36 ans, c'est tout à fait condamnable, c'est grossier.
05:46 On est absolument d'accord là-dessus.
05:48 Mais le faire à l'égard d'une petite fille de 10 ans, ce n'est plus du tout la même chose.
05:52 Ce n'est plus du tout la même chose.
05:53 On ne parle pas du même degré de moralité, si j'ai envie de dire.
05:57 Effectivement. Donc, il y a une solution très simple, finalement, de répondre à cette question.
06:01 La solution simple, c'est de montrer les rushs, en fait, qui ont servi au montage du reportage.
06:05 Moi, je vous entends chez Cyril régulièrement, ça fait à peu près une semaine que vous demandez à ce que ces rushs soient publiés,
06:11 que ces rushs soient montrés. La réponse est toujours non pour l'instant.
06:15 Alors, à ma connaissance, il y a un journaliste de presse écrite qui a fait cette demande le week-end dernier.
06:22 Et les deux responsables de l'émission ont demandé un petit quart d'heure, seraient allés vérifier.
06:30 Et on dit non, non, il n'y a rien de spécial. Circuler, il n'y a rien à voir.
06:35 Mais en l'occurrence, ils n'ont pas proposé les rushs.
06:38 Ce qu'il faut ajouter, Jean-Marc, et qui est très important, c'est que le film de 2h30, Yann Moix, a disparu.
06:44 Le lien qui était possible et qui était visionnable pour la presse, et c'est ce que demande Yann,
06:51 voudrait que tout le monde puisse voir son film, parce que l'ensemble de son film propose un autre montage,
06:58 un autre regard, et ça pourrait apporter des éléments d'appréciation.
07:03 Moi, vous savez, Jean-Marc, dans cette affaire, je me mets tout simplement à la place de la juge ou des juges d'instruction.
07:10 Imaginez que ce soit une jeune fille de 25 ou 30 ans qui ne connaisse pas du tout la carrière de Gérard Depardieu,
07:17 ou très peu, et qui ne soit pas du tout marquée par le monstre de cinéma comme nous, nous le sommes, à notre âge,
07:23 et qui se base uniquement sur ce complément d'enquête.
07:26 Je trouve qu'il y a une perversion de la réalité, en fait.
07:30 Si en plus, ce montage n'est pas tout à fait juste, ce qui peut arriver, je pense que ça pose un vrai problème d'appréciation.
07:38 Et on est dans une société aujourd'hui où l'impact médiatique peut avoir des conséquences très graves sur l'aspect judiciaire.
07:47 Et donc, je demande à ce que, en effet, les « Rush » soient disponibles, et en tous les cas, que cette séquence soit diffusée sans montage.
07:56 Et je pense que ça honorerait France 2, ça honorerait le complément d'enquête et ça honorerait le producteur.
08:03 Ce n'est pas normal qu'il y ait une suspicion. C'est trop grave.
08:06 Et puis, par ailleurs, il y a des conséquences judiciaires, et même, j'ai envie de dire, de carrière très importantes pour Gérard Depardieu.
08:13 Et puis, par ailleurs, il y a une question d'honneur pour Yann Moix. Yann Moix, il a fait un film de deux heures et demie.
08:19 Où est ce film ? Qui peut le voir ? Moi, je souhaiterais le voir et d'autres journalistes voudraient le voir.
08:24 – C'est vrai que le film de Yann, c'est un peu une autre question, mais juste, on peut saluer quand même la prudence du président de la République hier.
08:31 Moi, j'étais très surpris par ses propos. Je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'il dise ça.
08:34 Parce que, non seulement, il désavoue sa ministre, mais ça, on va en parler dans un instant,
08:39 mais surtout, sur le film, il est très prudent. Et ça, honnêtement, bravo à lui de mettre cette prudence,
08:46 qui n'est pas du tout le cas dans toute la presse, qui s'est jetée sur Depardieu, qui l'a massacré.
08:50 Et aujourd'hui, avec les doutes que vous exprimez avec certains de vos confrères, ça peut peut-être faire un peu réfléchir.
08:56 Merci Jacques Cardoz, en tout cas. Merci beaucoup pour ces explications. C'est important de le dire.
09:00 Et si jamais vous avez le film, si jamais vous pouvez voir les images, n'hésitez pas à venir nous en parler.
09:06 – Je salue Jean-Marc, pardon, mais je salue le président de la République,
09:11 qui d'une certaine façon ne donne pas un blanc sain à ce que j'appellerais le journalisme procureur.
09:18 Il faut toujours être très prudent. Et je trouve que son intervention était en fait très très courageuse.
09:24 – Très, effectivement. Je suis d'accord avec vous Jacques.
09:26 Merci beaucoup Jacques d'avoir été avec nous. Rost, vous voulez réagir ?
09:28 – Oui, parce qu'il y a deux choses dans cette affaire, il faut faire attention.
09:32 C'est dire que c'est un grand homme et que, voilà, pour moi c'est un argument qui n'est pas.

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