Ce mercredi 20 décembre 2023, la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale auditionne les coordonnateurs de la mission « Exigence des savoirs », lancée par Gabriel Attal. Ce programme a été annoncé en urgence, début octobre, par le ministre de l'Éducation nationale, alors que la France connaît une chute historique du niveau scolaire, tel que mesuré par le classement international Pisa (programme international d'évaluation des acquis des élèves de 15 ans en lecture, sciences et mathématiques). Objectif de ce choc des savoirs : élever le niveau scolaire global dans toutes les disciplines. Édouard Geffray, directeur général de l'enseignement scolaire, sera notamment entendu par les députés.
Une audition à retrouver intégralité sur LCP Assemblée nationale.
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00:00:00 Bonjour à toutes et à tous.
00:00:02 Mes chers collègues, nous recevons ce matin, au titre de leur mission de coordinateur de la mission Exigences des savoirs,
00:00:09 M. Édouard Geffray, directeur général de l'enseignement scolaire,
00:00:12 Mme Caroline Pascal, chef de l'inspection générale de l'éducation du sport et de la recherche,
00:00:18 M. Tannis Lasdehaen, président du Conseil scientifique et de l'éducation nationale,
00:00:23 et M. Gilles Halbou, recteur de l'académie d'Orléans-Tours.
00:00:26 Je les remercie de s'être rendus disponibles pour cet échange qu'il me semblait indispensable d'avoir.
00:00:33 En effet, la mission Exigences des savoirs a vu le jour au début du mois d'octobre 2023,
00:00:38 à l'initiative d'une ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse.
00:00:42 Cette mission a pris la forme d'une large concertation, dans l'objectif d'identifier les principales mesures à prendre
00:00:48 pour réhausser le niveau scolaire des élèves, de la maternelle au lycée et de proposer un plan opérationnel de mise en œuvre.
00:00:56 Quatre grandes thématiques ont été définies dans le cadre de vos travaux, les programmes, les pratiques pédagogiques,
00:01:02 l'organisation pédagogique, la culture générale et les disciplines complémentaires des savoirs fondamentaux.
00:01:08 La question du niveau des savoirs est évidemment un sujet central, dont nous avons encore plus récemment mesuré toute importance,
00:01:15 avec les résultats préoccupants de l'étude de l'enquête PISA, montrant une baisse sans précédent du niveau des élèves.
00:01:22 Cette baisse touche l'ensemble des pays de l'OCDE et s'explique au moins partiellement par l'impact de la pandémie de Covid-19 sur l'enseignement.
00:01:30 Et la France se situe dans la moyenne des pays de l'OCDE, avec quelques spécificités qui doivent retenir toute notre attention,
00:01:36 notamment le fait que nous sommes l'un des pays où les inégalités sociales pèsent le plus sur les résultats scolaires.
00:01:42 Les conclusions de votre mission ont nourri le travail qui a abouti au plan annoncé par le ministre Gabriel Attal pour un choc des savoirs.
00:01:49 Ce plan comporte 20 mesures fortes qui entreront pour certaines d'entre elles en vigueur dès la rentrée 2024.
00:01:56 Elles visent à mieux soutenir les professeurs, adapter l'organisation des enseignements aux besoins des élèves et rehausser le niveau d'exigence et d'ambition global.
00:02:05 Je retiens en particulier l'annonce de la création de groupes de niveau en 6e et 5e pour les mathématiques et le français,
00:02:12 en limitant à une quinzaine d'élèves les groupes les plus en difficulté, le renforcement des stages de réussite,
00:02:18 le dernier mot donné aux professeurs concernant le redoublement et les dispositions visant à créer un sursaut en mathématiques,
00:02:25 notamment avec une nouvelle épreuve anticipée en première générale et technologique.
00:02:30 Donc, Madame, Messieurs, pourriez-vous nous rappeler la manière dont vous avez conduit vos travaux, les échanges et les consultations que vous avez menées ?
00:02:37 Les annonces du ministre reprennent-elles l'intégralité de vos recommandations ou bien certaines ont-elles été écartées ou ajoutées ?
00:02:43 Quels sujets vous paraissent prioritaires ?
00:02:46 Et sans plus attendre, je vais vous céder la parole pour une première intervention liminaire de 5 minutes environ chacun.
00:02:53 Et puis ensuite, nous aurons les orateurs de groupe.
00:02:56 Et donc, je vais vous donner la parole dans l'ordre de présentation qui est l'ordre où vous êtes à la tribune.
00:03:04 Il fallait bien choisir Monsieur Dvorjevret.
00:03:08 Merci beaucoup, Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés.
00:03:11 Alors, rapidement, en termes de paysage, vous avez commencé à adresser le constat qui a d'ailleurs été conforté par PISA,
00:03:19 qui est un constat, je dirais, ambivalent, c'est-à-dire un redressement progressif sur le premier degré observé depuis maintenant 6 ans,
00:03:28 y compris par les enquêtes internationales, PERS, etc., donc qui montre un mouvement sur le premier degré.
00:03:33 Et en revanche, des résultats plus que préoccupants sur le second degré avec une très forte baisse du niveau, plus forte que celle de nos partenaires de l'OCDE,
00:03:45 caractérisé notamment dans l'asset de PISA par une augmentation du nombre d'élèves en difficulté, qui passe entre 2012 et 2022 de 22,4% à 29%,
00:03:57 et en vis-à-vis une très forte baisse, quasiment de 50%, des élèves très à l'aise, qui passe de 13% à 7%.
00:04:04 Ce constat-là, il a été donc dressé par l'OCDE.
00:04:07 Il a en fait conforté, malheureusement, évidemment, des éléments que nous avions déjà, notamment par les tests de positionnement en seconde,
00:04:14 et qui montre qu'il y a aujourd'hui, j'allais dire que la période du collège est une période qui se traduit en fait par une cristallisation de la difficulté scolaire,
00:04:24 voire parfois par une aggravation de cette difficulté scolaire.
00:04:28 Et donc, c'est dans cet environnement-là que le ministre a donc lancé cette mission.
00:04:35 Mission, vous l'avez rappelé, qui se traduit notamment par une enquête, pour la première fois, auprès de tous les personnels pédagogiques du ministère,
00:04:41 enquête à laquelle 230 000 collègues ont répondu, et qui a montré d'ailleurs des résultats tout à fait intéressants.
00:04:49 Alors, il y a plusieurs axes sur lesquels on va revenir les uns et les autres.
00:04:52 Il y a évidemment un axe pédagogique autour des programmes qui sera développé par Caroline Pascal,
00:04:57 l'axe autour des pratiques pédagogiques, et notamment de l'enjeu des manuels et des méthodes pédagogiques par Stanislas Dehaene,
00:05:03 et puis la question du redressement spécifique en mathématiques, qui sera traitée par Gilles Elbou.
00:05:09 Alors, en ce qui me concerne, et si vous le voulez bien, je dois simplement vous dire en trois minutes,
00:05:13 le fruit des travaux, et donc dont le ministre attire un certain nombre de conclusions, sur la personnalisation des parcours.
00:05:23 Le constat aujourd'hui, c'est qu'il y a en fait un très grand, il y a eu depuis une trentaine d'années maintenant,
00:05:29 un processus qui aboutit à un très grand lissage des parcours.
00:05:33 Autrement dit, que l'élève soit en difficulté ou pas, voire en très grande difficulté, statistiquement aujourd'hui,
00:05:41 il est, si je puis dire, pris dans une scolarité complètement lisse, qui se traduit de fait par la quasi disparition du redoublement en moins de dix ans,
00:05:54 et qui se traduit aussi par une très faible personnalisation du parcours, notamment au collège.
00:05:59 Avec un effet qui est connu et documenté scientifiquement, qui est malheureusement que la très grande difficulté scolaire au CP
00:06:08 est tristement prédictive de la très grande difficulté scolaire au DNB et après.
00:06:12 Autrement dit, c'est à la fin du CP.
00:06:15 Un enfant aujourd'hui, par exemple, a des très grandes difficultés en décodage, compte tenu de ce qu'est l'organisation scolaire, les pratiques, etc.
00:06:24 La probabilité qu'il soit en très très grande difficulté dix ans plus tard, au moment de passer du connaisseur du brevet, est extrêmement élevée.
00:06:31 Et c'est cette fatalité-là qu'il faut évidemment casser, parce que ce n'est pas une fatalité, c'est un constat, mais justement l'enjeu, c'est de le combattre.
00:06:41 Et donc, il y a eu un certain nombre de mesures qui ont été annoncées.
00:06:44 Je me permets simplement, si vous voulez bien, d'en reprendre la substance.
00:06:48 D'abord autour de la personnalisation des parcours, avec cette idée notamment que, en primaire, notamment l'école élémentaire,
00:06:55 il vaut sans doute mieux réussir en six ans que se retrouver en grande difficulté en cinq.
00:07:02 Et avec un système qui n'est pas du tout une massification du redoublement, mais qui consiste par cercle concentrique à rendre possible la personnalisation des parcours.
00:07:10 D'abord en conditionnant le passage au niveau supérieur à certains dispositifs de remédiation, type stages de réussite pendant les vacances, etc., dont on sait qu'ils ont un effet extrêmement bénéfique.
00:07:20 Ça, c'est mesurable.
00:07:22 Et puis, le cas échéant, si l'ensemble des dispositifs de remédiation n'ont pas réussi, à pouvoir plus facilement qu'aujourd'hui redoubler,
00:07:30 puisque comme je le disais, aujourd'hui, le redoublement est tout à fait exceptionnel, il est de moins de 1%, grosso modo, par an.
00:07:36 Et donc l'idée, c'est que sans revenir du tout à des niveaux qu'on connaissait dans les années 80, qui étaient de l'ÈVE UNANIME excessif,
00:07:42 puisqu'on était à 30% de génération qui était en situation de "retard" en CM2,
00:07:49 en tout cas qu'on puisse donner les moyens à l'élève de consolider les acquis à des moments charnières, notamment en CP, par exemple,
00:07:55 où on sait que s'il perdure avec une difficulté, on le condamne ensuite à une très très forte difficulté ou à des efforts considérables,
00:08:07 alors même qu'il suffit de lisser son parcours, cette fois-ci non pas au sens de le rendre parfaitement identique à celui de tous les autres,
00:08:14 mais au sens d'assurer une progressivité de ses apprentissages beaucoup plus forte qu'aujourd'hui.
00:08:20 Le deuxième aspect, c'est évidemment, et donc cette question du redoublement, elle se pose essentiellement,
00:08:24 elle peut se poser plus tard, mais elle se pose essentiellement à l'école de primaire, et scientifiquement, d'ailleurs,
00:08:28 elle démontre que c'est là qu'elle a le plus gros effet pour les élèves, à condition de ne pas être reprise à identique, mais d'être personnalisée.
00:08:33 Au collège, se pose la question effectivement des groupes de niveaux, enfin ce n'est pas une question, c'est une question qui a été posée et que le ministre a tranchée, désormais.
00:08:40 Alors, trois points importants là-dessus, il ne s'agit pas de faire des classes de niveaux,
00:08:44 donc on n'a pas la classe des bons, la classe des élèves avec un niveau intermédiaire et puis la classe des élèves qui sera en difficulté,
00:08:50 parce que ça, on sait que ça ne marche pas, on a des classes qui sont parfaitement mixtes en termes de niveau scolaire,
00:08:55 mais en français et en mathématiques, pour ces deux disciplines là, il y aura des groupes de niveaux dès la rentrée scolaire 24, en 6e et en 5e,
00:09:02 pour permettre tout simplement à chacun d'apprendre dans les meilleures conditions,
00:09:06 et apprendre dans les meilleures conditions, ça veut dire permettre aux élèves les plus en difficulté d'être notamment en groupe à effectif réduit.
00:09:11 Le ministre a évoqué des groupes d'une quinzaine d'élèves, pour les élèves qui connaissent des difficultés,
00:09:17 difficultés qui sont là aussi parfaitement documentées, puisque les évaluations de 6e que nous menons depuis plusieurs années,
00:09:22 montrent que statistiquement, on a entre 25 et 30% des élèves qui sont en maîtrise insuffisante ou très insuffisante en français et en mathématiques.
00:09:30 Et donc pour ces élèves là, il y aura la possibilité d'avoir des groupes à effectif réduit, pour leur permettre d'avancer mieux et plus vite.
00:09:37 Et ces groupes, deuxième élément important, parce que c'est aussi documenté scientifiquement, seront évidemment révisables par période,
00:09:43 c'est à dire qu'on pourra passer d'un groupe à l'autre, avec in fine une meilleure confiance en soi et des résultats qui seront très probablement également meilleurs.
00:09:51 Et puis le troisième élément, et je m'arrête là dessus, c'est la fin du collège avec le diplôme national du brevet.
00:09:56 Pour redonner sa valeur à ce diplôme, vous savez qu'aujourd'hui ce diplôme, que vous l'ayez ou pas, il n'y a pas de conséquence.
00:10:01 Il y en aura désormais, puisqu'il est censé sanctionner la maîtrise du socle, et donc si vous ne maîtrisez pas le socle,
00:10:06 et bien vous ne pourrez pas passer en seconde. Et c'est pour ça que le ministre a souhaité que nous mettions en place ce qu'on appelle des prépas secondes,
00:10:12 c'est à dire la possibilité pour un élève qui n'a pas, enfin l'obligation pour un élève qui n'a pas le DNB, de passer par une classe entre guillemets de préparatoire au lycée,
00:10:22 pour lui permettre simplement de consolider des acquis qui n'auraient pas été, et puis de mieux préparer la poursuite de ses études.
00:10:30 L'objectif étant in fine que chacun réussisse mieux. Voilà pour la partie on va dire organisationnelle, en résumé, et puis évidemment le coeur du réacteur qui est pédagogique.
00:10:39 Je laisse la parole à Caroline Pascal.
00:10:41 Bien, bonjour à tous. Quelques mots en effet sur les programmes. Donc là, notre mission, c'est appuyé à la fois sur les travaux des trois groupes de travail,
00:10:50 école, collège et lycée, dans lesquels la question des programmes a été très largement évoquée, et elle est aussi très reprise, de manière assez unanime,
00:11:00 par les professeurs dans le questionnaire, dont vous avez pu voir dans le dossier de presse que 230 000 professeurs avaient répondu,
00:11:07 ce qui est quand même un échantillon très représentatif de ce qu'ils pensent. Sur les programmes, notre objectif et la ligne que nous avons suivie,
00:11:17 c'est celle de parvenir à mieux savoir ce qu'on enseigne pour bien l'enseigner. Ça supposait finalement trois objectifs.
00:11:26 Clarifier nos programmes, je vais y revenir, les rendre plus lisibles et plus progressifs et promouvoir des méthodes appuyées sur la science et sur les bonnes pratiques.
00:11:37 Pour cette révision des programmes que nous avons envisagé, je reviendrai un instant sur le calendrier.
00:11:43 Nous nous sommes appuyés en partie sur ce que disaient les enseignants, qui à 70 % disent que c'est quand même leur référence de départ, au moment où ils construisent leur enseignement,
00:11:55 et qu'ils considèrent en revanche qu'ils sont difficilement lisibles, et d'une part, à 27 %, et qu'ils ne sont pas toujours ni adaptés au niveau des élèves et à leurs besoins,
00:12:10 ni adaptés au temps d'enseignement. Le premier point, c'est-à-dire adapter à leurs besoins, est un point très important, puisque dans les annonces du ministre,
00:12:21 cette proposition a été reprise, que les programmes soient écrits non plus par rapport à ce que les professeurs doivent faire, mais par rapport à ce que les élèves doivent savoir.
00:12:29 Donc se concentrer sur les acquis que les élèves doivent avoir. La deuxième question qui s'était posée, c'est celle des repères annuels ou des repères de cycle.
00:12:39 La constitution des cycles de 3 ans conduisait à ce qu'un certain nombre d'acquis des élèves soient reportés d'année en année jusqu'à la fin du cycle.
00:12:50 La réécriture de programmes nous conduira, comme ça l'avait déjà été depuis 2017-2018, à réintroduire des repères annuels pour l'ensemble des programmes,
00:13:01 qu'il s'agisse des programmes d'école ou des programmes de collège, de manière à ce que chaque enseignant sache ce que les élèves devront avoir acquis à la fin de l'année,
00:13:11 sans reporter nécessairement sur la suite de son parcours. Ce sont les points essentiels. Autre point que nous avons également souligné, c'est la nécessité,
00:13:24 non pas de rendre moins exigeants les programmes, au contraire, cette mission avait vocation à relever l'exigence des acquis des élèves,
00:13:33 mais à les clarifier et à les rendre moins lourds. A force de réécriture, puisque depuis 2008 les programmes ne cessent d'être réécrits,
00:13:44 l'absence de priorité devenait de plus en plus nette, c'est-à-dire qu'à force de les réécrire, dans le fond, on rajoutait des éléments.
00:13:52 Donc la question est aujourd'hui de les reclarifier, de noter précisément et d'indiquer précisément aux enseignants quelles sont les priorités des acquis des élèves
00:14:02 à l'issue de l'année dont ils ont la charge, de les recentrer sur ces priorités avec des repères annuels et ce que nous avons appelé la clause de revoyure de fin de cycle.
00:14:13 Nous n'avons pas proposé de supprimer les cycles, nous avons proposé que ce cycle de trois ans permette à ceux qui ont besoin d'un peu plus de temps
00:14:23 pour acquérir certaines notions, puissent y revenir, mais sous condition qu'elles aient déjà été vues au moment où elles sont inscrites dans le programme,
00:14:34 ce qui est une approche un peu différente de la notion de cycle que celle qui existait jusqu'ici.
00:14:40 Tout ceci sera accompagné de tests de positionnement proposés par la DEP au ministère et qui devraient permettre aux enseignants de s'assurer des acquis des élèves
00:14:50 au fur et à mesure de leur enseignement et appuyer sur des méthodes éprouvées. Je laisserai mon collègue Gilles revenir notamment sur les mathématiques.
00:14:59 Le calendrier prévu pour cette révision des programmes nous conduit à travailler essentiellement sur l'école cette année pour la rentrée 24 jusqu'en CE2,
00:15:12 pour la rentrée 25 CM1/6 et puis ensuite une révision des programmes de collège.
00:15:18 Même si le message qui a été très largement diffusé et entendu est celui de Français Maths, cette question des repères annuels se posera pour l'ensemble des programmes
00:15:27 et donc l'ensemble des programmes seront revus dans l'esprit et la philosophie que je viens de présenter.
00:15:34 Permettez-moi simplement deux mots maintenant sur le socle et sur la culture générale, puisque là j'ai parlé des programmes disciplinaires.
00:15:41 La question du socle s'est aussi posée. Les enseignants disent en très grande majorité qu'ils ne savent pas très bien s'en servir et qu'ils ne sont pas très…
00:15:50 d'ailleurs ils s'en servent peu et ils le connaissent mal en quelque sorte.
00:15:57 Donc nous avons proposé que ce socle continue d'exister, que ce soit ce que tout élève doit savoir en sortant de l'école obligatoire,
00:16:05 mais qu'il se concentre sur des choses là encore lisibles et compréhensibles pour les enseignants, c'est-à-dire les compétences disciplinaires avant tout,
00:16:14 compétences disciplinaires au service des fondamentaux français et mathématiques,
00:16:20 en quoi l'ensemble des compétences disciplinaires construites dans chaque discipline servent la maîtrise du français et des mathématiques,
00:16:26 les compétences psychosociales, c'est-à-dire l'assurance, la confiance en soi, la capacité à se projeter, la méthode, la capacité à travailler seul, etc.,
00:16:38 le travail en équipe aussi, l'organisation de son travail, donc tous ces éléments qui doivent ensuite permettre aux élèves de réussir au lycée,
00:16:46 puis de réussir en enseignement supérieur, et enfin des connaissances de culture générale avec des repères identifiés pour construire une culture commune
00:16:56 à tous les élèves qui sortiront de l'école obligatoire, de la scolarité obligatoire.
00:17:01 C'est un point qui a été très largement discuté, personne, ni dans les auditions que nous avons menées, ni dans les groupes de travail,
00:17:09 ni entre nous quatre, n'ont envisagé ou n'ont retenu l'idée d'une discipline culture générale, mais au contraire, repérer dans chacun des programmes disciplinaires
00:17:19 les connaissances qui fondent pour nous une culture commune que tous les élèves sortant de l'école française doivent partager.
00:17:28 Ces repères seront donc identifiés dans les programmes disciplinaires et constitueront dans le socle la culture générale.
00:17:36 Pour terminer, ce calendrier-là est plutôt autour de la rentrée 25, d'abord parce que le travail sur les programmes doit commencer
00:17:46 avant d'identifier les objectifs qui seront ceux du socle, et permettront une entrée en vigueur en même temps que les programmes de collège jusqu'au collège.
00:17:57 C'est un enjeu, le ministre l'a répété, c'est un enjeu très important, majeur, je devrais dire, d'égalité des chances.
00:18:05 Cette culture qui doit être à la fois une culture humaniste, et qui tiendra compte évidemment des repères dans l'ensemble des disciplines de l'être et sciences humaines,
00:18:15 mais aussi une culture scientifique avec de véritables repères et des réflexions fortes sur la vérité, la preuve, etc.
00:18:28 Tout ça pour évidemment éviter la force des réseaux sociaux et des fake news, et enfin ajouter à tout cela une forme de conscience d'une destinée partagée qui est celle du pays.
00:18:40 Ce sont donc des repères importants pour nous, et ça a donné lieu à une proposition assez forte.
00:18:46 Je ne reviens pas ensuite sur des programmes plus spécifiques que nous avons pointés, par exemple celui des langues vivantes,
00:18:51 de manière à éviter que tous les élèves fassent tous les ans et dans toutes les langues la même chose, et qu'on retrouve bien là encore un ancrage culturel propre à chaque pays.
00:19:01 Voilà, je crois que, et je laisse la parole à Stainsas Dehaene ou à Gilles sur les mathématiques, comme vous le souhaitez.
00:19:08 Bonjour à toutes et tous. Et puisqu'on est sur les programmes, effectivement, on peut enchaîner.
00:19:19 Caroline venait de le dire. On a beaucoup travaillé sur la culture générale et la culture partagée.
00:19:29 Évidemment, ça nous amène à évoquer la culture scientifique, et donc les mathématiques et l'informatique.
00:19:40 Et évidemment, notre ambition, c'est aussi de développer chez tous les élèves, non seulement, comme le disait Caroline, la maîtrise de la langue,
00:19:48 mais aussi la capacité d'argumenter, de raisonner, un raisonnement appuyé sur des faits scientifiques, et aussi, évidemment, de développer l'esprit critique chez les élèves.
00:20:01 On est un pays, une nation qui peut s'enorguler d'avoir un grand nombre de reconnaissances, de médailles Fields.
00:20:12 Et en même temps, on voit ces dernières années s'éroder la confiance des jeunes en les sciences et des jeunes qui remettent de plus en plus en question des vérités scientifiques.
00:20:25 Et en parallèle, si on regarde aussi les études PISA, on voit, et c'est un sujet qui nous a beaucoup préoccupés,
00:20:35 que les écarts de résultats entre les filles et les garçons, plus de 10 points, mais c'est pas propre à la France, c'est général, depuis 20 ans, ne se sont absolument pas résorbés.
00:20:52 Et puis, dernier point et dernier constat, au moment où le président de la République et le gouvernement ont fait de la souveraineté économique et industrielle un enjeu majeur, une priorité pour la France,
00:21:08 on peut pas, aujourd'hui, penser à un développement économique et notamment un développement industriel avec des élèves qui ont des grandes lacunes en mathématiques,
00:21:20 parce que, comme le rappelait Edouard, si les résultats sont très mauvais, ils sont particulièrement mauvais en mathématiques, où on a du décrochage.
00:21:30 Alors, évidemment, dans les mesures sur lesquelles nous avons réfléchi, on peut reprendre, évidemment, toutes les mesures qui ont été évoquées par Edouard et Caroline.
00:21:46 Je voudrais commencer aussi par rappeler ce qui a été fait, et notamment le plan Bilanito-Rossians, qui avait posé une analyse et déjà des pistes,
00:21:57 et notamment à travers les 21 mesures qui ont été déployées dans ce plan. Je voudrais rappeler tout ce que nous devons faire et ce que nous avons commencé à faire
00:22:10 pour "réconcilier les élèves avec les mathématiques". On y reviendra d'ailleurs sur le contenu sur les programmes.
00:22:16 Ça passe évidemment par les clubs, par aussi le développement de la culture scientifique. Dans les auditions, on a eu des beaux témoignages d'opérations,
00:22:27 notamment avec des scientifiques côté la main à la patte. On peut parler aussi de Matangine et toutes ces opérations qui, maintenant,
00:22:36 peuvent être financées dans le cadre du Passe Culture, puisque le Passe Culture s'ouvre à la culture scientifique.
00:22:42 C'est aussi développer le travail en commun et en partenariat avec les chercheurs, notamment dans la formation continue des enseignants à travers les labos de mathématiques,
00:22:59 qui, eux aussi, peuvent être financés dans le cadre du CNR, du Conseil National de la Refondation, avec de très belles expérimentations qui ont été mises en place
00:23:10 avec, là aussi, des beaux travaux qui sont déployés dans les établissements. C'est, comme le disait Caroline, un travail sur le contenu.
00:23:23 Et là, en mathématiques, comme ailleurs, on vient de loin. Le ministre a beaucoup parlé de la méthode de Singapour.
00:23:31 Peut-être que Stanislas reviendra. La méthode de Singapour est, elle-même, issue des travaux de recherche français, notamment didacticien français.
00:23:43 Elle a été, évidemment, choisie par Singapour parce qu'elle avait fait ses preuves. Malheureusement, en France, on a des bons chercheurs en didactique et, parfois, on oublie de l'appliquer.
00:23:57 Là aussi, avec un retour aux enseignements explicites, un retour sur la manipulation, et on le sait dès le plus jeune âge et notamment dès la maternelle.
00:24:11 Je rappelle ici, évidemment, les différentes étapes verbalisées, après avoir manipulé et, ensuite, abstraire, alors que, pendant longtemps, dans le système français,
00:24:23 on a commencé par abstraire et, ensuite, à appliquer. C'est aussi le travail par amener les élèves à appréhender les mathématiques par la résolution de problèmes.
00:24:35 Et quand on voit les résultats, justement, sur les évaluations, que ce soit les évaluations nationales ou les évaluations PISA, on voit que c'est un domaine
00:24:43 sur lequel nos élèves pêchent le plus. Et puis, c'est aussi réintroduire de manière plus précoce un certain nombre de notions parce qu'on sait que,
00:24:52 et Stanislas reviendra là-dessus, que, notamment sur les nombres de fractions et les décimaux, les introduire en CM1, c'est trop trop tard.
00:25:01 Et donc, dans la réflexion qu'il y aura sur les programmes, il y a aussi ces apprentissages qui doivent se faire de manière plus précoce.
00:25:11 Et puis, évidemment, toutes les mesures qui ont été mises en avant, notamment les manuels, parce que, comme on le voit souvent, quand il manque des manuels,
00:25:20 c'est souvent les manuels de mathématiques. Donc là aussi, une réflexion à avoir sur les manuels et notamment en CP et en C1.
00:25:28 Et évidemment, sur les groupes de niveau, parce que c'est là aussi que les écarts sont les plus criants et les mathématiques étant cumulatives.
00:25:37 Si on a raté l'acquisition de notions de base, on ne pourra pas progresser. Et puis, évidemment, c'est pour nous l'épreuve anticipée de première.
00:25:57 Pour rappel, aujourd'hui, le BAC, c'est trois épreuves terminales communes et toutes les trois autour des humanités, le français écrit, le français oral et la philosophie.
00:26:09 Donc, évidemment, on ne pouvait que regretter l'absence d'une certification sur les mathématiques et plus largement sur les sciences pour, évidemment,
00:26:22 redonner une cible commune et une cible qui doit être collective pour tester notamment la capacité à appréhender les principaux objets mathématiques indispensables à tous.
00:26:37 On a réintroduit les mathématiques pour tous en première et il est important qu'on puisse tester cette capacité à appréhender les outils communs,
00:26:47 mais aussi la capacité à résoudre des problèmes fondés sur des données et aussi bien. J'ai commencé par ceci tout à l'heure. Construire un raisonnement logique.
00:26:58 Donc, on va réfléchir et travailler sur ce que peuvent être ces épreuves communes, alors peut-être pas communes à l'ensemble des élèves.
00:27:07 Il y aura peut-être des épreuves différentes suivant que les élèves auront pris ou n'auront pas pris l'enseignement de spécialité mathématique.
00:27:14 Mais évidemment, la cible, c'est qu'il y ait un niveau de certification pour tous les élèves d'enseignement généraux et technologique.
00:27:24 Merci, mes chers collègues, je vous rappelle que nous avons une salle très sonore et que tous vos appartements, si vous pouvez les faire avec un tout petit peu moins de.
00:27:33 Baissez un petit peu le ton parce que moi, j'ai même des fois du mal à entendre les orateurs de là où je suis.
00:27:39 Monsieur Stanislas de Hennestam. Oui, merci. Bonjour. Un dernier mot.
00:27:45 Donc moi, j'ai participé à cette mission au titre de président du Conseil scientifique de l'éducation nationale et en tentant le plus possible d'apporter
00:27:53 la lumière, pas seulement de ce que je connais, mais de mes collègues du Conseil scientifique. Vous savez que c'est 29 scientifiques bénévoles qui essayent d'éclairer les décisions.
00:28:01 Bon, le temps était très court. On était parfois préparé sur certains sujets, moins préparé sur d'autres. Je le dis franchement.
00:28:08 Donc la réflexion et la consultation continue avec le Conseil scientifique. Évidemment, c'était une demande forte du Conseil scientifique que la culture scientifique
00:28:18 et mathématique fasse partie intégrante des décisions. Et c'est le cas. Et ça a été ça a été dit à l'instant. J'interviens pour préciser les choses sur un autre sujet
00:28:27 qui est très important, qui est celui des manuels et des méthodes pour l'enseignement. C'est un peu partie des grandes décisions du ministre.
00:28:34 Et c'était notre suggestion. Vous savez qu'en primaire, il y a un tiers des enseignants qui n'ont pas de manuel.
00:28:41 Et ce n'est pas forcément leur décision. Souvent, c'est simplement parce que le manuel est dépassé, n'est pas disponible.
00:28:48 Ça peut être dans les cas des enseignants expérimentés une décision volontaire, mais les enquêtes ont montré que souvent, ça conduisait à l'utilisation de méthodes
00:28:58 qui ne sont pas les plus efficaces ni pour la lecture, ni pour les mathématiques. Et on a publié des notes d'alerte du Conseil scientifique là dessus,
00:29:05 notamment sur la lecture. Donc la recommandation était double et elle est suivie. La première, c'est d'avoir un manuel pour tous les enseignants.
00:29:16 Donc tous les enseignants de primaire doivent avoir un manuel et s'en servir. Et deuxièmement, que ces manuels puissent être labellisés.
00:29:25 C'est-à-dire qu'il y ait des critères les plus objectifs possibles qui conduisent à améliorer l'efficacité de ces manuels, tout en respectant la diversité
00:29:34 qui est possible dans les méthodes pédagogiques, mais avec un respect de ce qui est connu comme étant le plus efficace pour enseigner, par exemple, la lecture au CP.
00:29:43 Donc ça viendra évidemment en lien très étroit et je dirais dans un sort de cycle vertueux avec les programmes qui vont spécifier beaucoup plus précisément,
00:29:51 peut-être même à une échelle plus fine que celle de l'année, ce qui doit être fait. Et puis les évaluations nationales qui seront disponibles pour les enseignants
00:30:00 à tout moment, qui permettront dans des petits tests de vérifier ce que savent réellement les élèves. Donc l'idée, c'est que là, il y a un écosystème complet
00:30:07 qui comprend les manuels et des manuels qui seront donc labellisés. C'est une procédure qui reste à définir, mais qui devrait impliquer à la fois des enseignants,
00:30:15 des experts de la didactique, des chercheurs, de manière à avoir un regard le plus lucide possible sur la qualité des manuels.
00:30:21 Nous disposons d'enquêtes qui montrent déjà la corrélation entre l'utilisation de tel ou tel manuel et la réussite des élèves. Alors ça, c'était le sujet,
00:30:30 je dirais, principal sur lequel on m'a demandé d'intervenir ce matin. Je voulais revenir un tout petit peu sur le rôle du Conseil scientifique pour terminer.
00:30:38 Nous avons été amenés à introduire des principes au début de ce document de la mission qui me paraissent importants, qui nous ont paru importants.
00:30:48 J'attire l'attention sur deux d'entre eux en particulier. Le premier, c'est de ne pas oublier la motivation et le bien-être des élèves.
00:30:55 Parce que l'école française a une difficulté dans ce domaine et le renforcement de l'exigence ne doit pas se faire au détriment de l'importance essentielle
00:31:03 de la motivation d'apprendre pour les élèves. Le deuxième point qui est tout aussi important, c'est la nécessité d'évaluer les décisions et les pratiques dans le temps long.
00:31:16 Le Conseil scientifique de l'éducation nationale considère que c'est un point sur lequel on n'insiste pas assez.
00:31:22 Toutes ces décisions sont difficiles, toutes peuvent être controversées, doivent être adaptées au contexte français.
00:31:29 Et donc, on doit se donner la possibilité de vérifier, d'abord, bien sûr, que ces décisions soient alignées avec ce qu'on sait déjà sur le plan scientifique,
00:31:36 mais aussi de vérifier que dans le contexte où elles ont été implémentées et la beauté dans les détails, ça fonctionne ou ça fonctionne moins bien qu'on ne le pense.
00:31:43 Et il ne faut jamais oublier que lorsqu'on change des politiques publiques, on peut aussi faire du tort aux élèves.
00:31:48 Alors le débat a été particulièrement vif, et j'attire vos attentions là-dessus, sur le redoublement. Je pense que vous en êtes conscient,
00:31:53 puisqu'il y a eu des articles dans la presse également. Le Conseil scientifique est divisé, ou même, je dirais, assez opposé à cette question du redoublement,
00:32:01 sur la base de résultats scientifiques qui montrent, avec des méthodes, vous savez, d'économies qui sont extrêmement intéressantes,
00:32:07 on peut regarder des pays où il y a un seuil pour redoubler qui est très précis, et donc il y a des élèves qui sont juste au-dessus du seuil,
00:32:15 et des élèves qui sont juste en dessous du seuil. Et en regardant l'effet de cette discontinuité, alors que le niveau des élèves, lui, est continu,
00:32:22 on peut regarder les conséquences du redoublement. Et les conséquences sont, malheureusement, pour les élèves qui le subissent, pas forcément positives du tout.
00:32:28 Elles peuvent être positives au court terme, au mieux, alors que c'est très coûteux, mais sur le long terme, elles sont souvent négatives,
00:32:35 et notamment en termes d'abandon, d'échecs scolaires, parce qu'évidemment, les élèves ont un an de plus, et quand ils arrivent un peu plus tard,
00:32:41 eh bien, ils ont plus de chances d'abandonner l'école. Donc, il y a un risque sérieux du redoublement. Alors, notre document de la mission est assez nuancé
00:32:49 sur ce point, mais peut-être pas encore assez pour certains membres du Conseil scientifique. Il est très clair que la priorité, ça doit être d'aider les élèves,
00:32:58 d'apporter le maximum de soutien aux élèves quand ils en ont besoin, d'anticiper sur le fait qu'ils risquent de ne pas passer, par exemple, l'examen du brevet,
00:33:07 de leur apporter du soutien pendant l'année, de leur réapporter du soutien pendant l'été, et la mission détaille tous les mécanismes qui sont possibles dans ce domaine,
00:33:15 et le redoublement ne doit vraiment être qu'en dernière extrémité. On a discuté beaucoup au Conseil scientifique, et on en rediscutera,
00:33:22 dans la séance plénière là-dessus, le 23 janvier, sur le fait qu'un système qui n'a aucun redoublement n'est sans doute pas bon non plus, parce qu'évidemment,
00:33:29 il y a une perte de motivation ou de travail des élèves, probablement. Mais néanmoins, pour un élève individuel, le fait de redoubler, c'est quand même une sanction,
00:33:36 et c'est probablement une difficulté supplémentaire dans son parcours solaire. Et je termine là-dessus. Il faut penser aux élèves avec handicap.
00:33:43 C'est très important. Il y en a beaucoup, il y en a plus qu'on ne le pense, et pour les élèves avec handicap, il est souvent recommandé de redoubler,
00:33:51 alors que ces élèves pourraient passer, sur le plan intellectuel, à la classe suivante, en bénéficiant de dispositifs adaptés, comme l'utilisation d'un clavier,
00:33:58 par exemple, pour les élèves qui sont dyspraxiques. Donc il faut vraiment penser, avec très grande attention, à la personne de chaque élève,
00:34:05 et envisager le redoublement comme une dernière extrémité. C'est ce qui a été discuté dans notre groupe.
00:34:11 Merci, monsieur Dehaene. Nous allons passer maintenant aux orateurs du groupe. Nous commençons avec Fabrice Levigoureux, pour le groupe Renaissance, pour deux minutes.
00:34:21 Madame, messieurs, nous avons vu depuis le milieu des années 80, il y a 40 ans, le niveau des élèves baisser de manière très préoccupante, en français et en mathématiques,
00:34:40 donc dans ces matières dites fondamentales, c'est-à-dire qui sont à la source de toutes les autres. Face à cela, notre majorité a souhaité, dès 2017,
00:34:50 mettre en œuvre une mesure importante dans les écoles relevant de l'éducation prioritaire, mais pas seulement, d'ailleurs, dans la circonscription,
00:34:57 dans des écoles qui n'en relèvent pas, mais qui concentrent des élèves en difficulté, ce sont les dédoublements des classes de CP, puis de CE1, puis de grande section.
00:35:06 Dans les récents résultats des études nationales et internationales, on constate une stabilisation, peut-être une légère progression,
00:35:14 pour la première génération des doublements, ce sont des résultats à prendre avec prudence, parce qu'ils ont été, bien sûr, télescopés par les effets délétères de la crise sanitaire sur les apprentissages.
00:35:24 Toutefois, pour les élèves un peu plus âgés, qui n'ont pas été concernés par cet investissement important dans le premier degré, les résultats du classement PISA ou encore ceux de la journée Défense et Citoyenneté,
00:35:34 les résultats sont alarmants. Plus d'un jeune sur cinq éprouve de très grandes difficultés en lecture.
00:35:41 Se fondant sur ce constat, le ministre de l'Education nationale a souhaité vous confier cette lourde tâche de lui proposer des pistes de solution pour renforcer le niveau des élèves,
00:35:50 dans le cadre de la mission Exigences des savoirs. Je souhaite ici, au nom de mon groupe, vous en remercier.
00:35:56 Vos conclusions permettent au ministre de présenter des mesures fortes visant à élever le niveau des enfants et des adolescents à l'école, au collège, au lycée, dans le cadre de la feuille de route Choc des savoirs.
00:36:07 Je pense à la reconsidération et à la prise en compte du brevet des collèges ou encore à la constitution, non pas de classe, vous l'avez dit, de niveau, mais de groupe de niveau au collège,
00:36:17 pour les cours de français et mathématiques avec des effectifs réduits pour les groupes les plus en difficulté. Nous sommes en effet convaincus que l'adaptation organisationnelle
00:36:25 constitue un levier indispensable à l'accroissement des performances scolaires et à la réduction des inégalités sociales. Je me révis aussi que le ministre a retenu les propositions
00:36:33 relatives à l'apprentissage de la lecture que nous formulons avec Annie Genévard dans le cadre d'une mission sur l'apprentissage de la lecture que cette commission nous a confiée.
00:36:40 Je pense notamment au financement par l'État de manuel scolaire ou aux progressions éprouvées par la science et par les pratiques pédagogiques. Nous devons renforcer le goût pour la lecture,
00:36:49 l'envie de lire, la motivation, vous l'avez dit, monsieur Dehaene, pour vous indiquer vos analyses sur cette question du rapport à la lecture des jeunes français et de quelle manière nous pouvons le renforcer.
00:36:59 Je vous remercie. Merci, monsieur le député. Et c'est bien parce que vous aviez un rapport sur la lecture avec Annie Genévard que je vous ai laissé déborder.
00:37:06 Donc pour le Rassemblement national, Roger Chudeau. Merci, madame la présidente, madame, messieurs. Exigence des savoirs, choc des savoirs.
00:37:15 Ces formules sont d'autant plus creuses qu'elles sont martiales. Si j'étais encore professeur, je mettrais dans la marge la copie ministérielle. J'entends bien.
00:37:23 J'écrirais travail bâclé, copie comprenant quelques intuitions, beaucoup de lacunes et d'impardonnables oublis. Les intuitions, c'est le collège unique, la fin du collège unique,
00:37:33 les groupes de niveau matière, le redoublement et le DNB transformé en examen de passage en seconde.
00:37:40 Tout cela est évidemment directement tiré du programme de Marine Le Pen de 2022. C'est un fait. Vous pouvez le vérifier sur les documents. C'est très simple.
00:37:47 Donc, bravo en progrès, mais peu mieux fait. Les mathématiques, donc, les mathématiques ont été considérées comme une priorité.
00:37:55 Et je m'interroge sur la lisibilité de vos priorités, mesdames et messieurs, c'est à dire que je ne vois pas pourquoi la lecture n'est pas la priorité des priorités.
00:38:05 Quand on sait que 50 % des élèves de sixièmes ne lisent encore avec leurs doigts lorsqu'ils entrent au collège.
00:38:12 Ça m'a semblé prioritaire plus que les mathématiques, non pas pour les opposer, mais rien ne vous empêchait de le faire en même temps.
00:38:17 De même, rien sur l'histoire de France, bien sûr, et rien non plus sur la géographie de notre beau pays. Donc, ce sont les lacunes.
00:38:24 Quant aux grands oubliés, alors rien sur l'ascenseur social. Une émission fondamentale de l'école, c'est l'ascenseur social.
00:38:30 Rien sur les quartiers prioritaires de la ville, dont 80 % de nos ennuis proviennent. Rien sur les rythmes et calendriers scolaires.
00:38:37 Et encore rien sur le baccalauréat. C'est pourquoi je vous ai mis un 5 sur 20, et encore... Enfin, je note sec, en général.
00:38:44 De quoi l'exigence des savoirs est-elle le nom ? Peut-on parler ici, sérieusement, d'une politique éducative, d'une reconstruction de l'action éducatrice de l'Etat ?
00:38:53 Tout observateur sensé voit bien que tout cela n'est en fait que la production hâtive d'une posture politique et non d'une politique.
00:39:02 Il s'agit de construire le récit d'un jeune homme pressé, d'un supposé prodige de la politique, à l'image du fameux Mozart de la finance,
00:39:09 qui dirige encore pour quelque temps nos destinées. Bon, l'état d'élabrement du système éducatif mérite mieux que des mesures hâtives, partielles et décousues.
00:39:19 Le groupe Rassemblement national prépare, quant à lui, un programme complet de reconstruction de l'école de la République, à bon entendeur. Salut.
00:39:26 Merci. Pour Eléphi, Jérôme Le Gavre. Merci, madame la présidente.
00:39:33 Madame, messieurs, mardi 5 décembre, le ministre de l'Éducation nationale a présenté les mesures de son choc des savoirs destinées à élever le niveau des élèves.
00:39:41 Face à la banqueroute de l'instruction, conséquences directes des politiques destructrices des gouvernements successifs, les remèdes sont connues.
00:39:48 Rétablir les heures de cours, d'enseignement disciplinaire massivement supprimé au long des dernières années, réduire le nombre d'élèves dans toutes les classes, tous les niveaux,
00:39:56 et donc créer les postes d'enseignants nécessaires. S'agit-il de cela ? Plus de 3 000 postes de professeurs n'ont pas été pourvus à l'issue des derniers concours de recrutement,
00:40:05 et après tous les postes supprimés depuis 2017, 2 500 suppressions de postes d'enseignants sont encore imposées à la rentrée prochaine. S'agit donc d'autre chose ?
00:40:14 Plusieurs mesures sont annoncées qu'il est impossible d'évoquer en deux minutes. Prenons l'exemple des groupes de niveau au collège pour les enseignements de français et de maths.
00:40:23 Loin de mettre en place des cours de soutien qui pourraient être apportés aux élèves en difficulté, on décide que tous les élèves n'auront pas, de fait, accès à la même instruction.
00:40:31 Sacré basculement tout de même. Outre le fait que la réduction du volume horaire des autres disciplines est envisagée, ces groupes de niveau seront flexibles tout au long de l'année.
00:40:39 En d'autres termes, on transfère au collège la logique au cœur de la réforme du lycée de Blanquer, qui a eu pour conséquence l'explosion du groupe classe, la déstructuration des horaires et des emplois du temps.
00:40:49 On s'interroge d'autant plus que, selon le secrétaire général du SNPD, E.N. Unsa, cette seule mesure nécessiterait 19 000 postes supplémentaires.
00:40:57 Le ministre n'a budgété aucune des mesures annoncées, il supprime des postes, comment compte-t-il s'y prendre ?
00:41:02 En réalité, au nom du fait que moins ça marche, plus on continue, il semble bien que le véritable objectif soit ailleurs.
00:41:08 On nous annonce ainsi que le diplôme du brevet conditionnera l'accès direct au lycée. Après avoir supprimé le bac national, le brevet deviendrait un outil de sélection.
00:41:17 Que vont devenir les élèves qui ne pourront accéder au lycée ? S'agit-il, comme le demandait juste après les annonces ministérielles, un sénateur LR, à savoir orienté dès 14 ans vers l'apprentissage ?
00:41:28 Ce sénateur a au moins le sens de la propos, puisqu'au même moment est confirmée l'accélération du démantèlement des lycées professionnels et de la voie professionnelle sous statut scolaire, contre la majorité des personnels et des associations de parents d'élèves.
00:41:40 Merci, M. le député. Pour les Républicains, Annie Gennevard.
00:41:53 Merci, Mme la Présidente. Madame, messieurs, très heureuse de vous entendre ce matin sur un sujet fondamental, qui est celui de cette opération Choc des savoirs.
00:42:05 Exigence des savoirs, je crois qu'il y a un enjeu fondamental de restaurer le lien de confiance entre la nation et son école. C'est un enjeu d'avenir majeur.
00:42:18 Alors, évidemment, je reprendrai quelques éléments de ce que vous avez dit ce matin. Bien sûr, l'importance donnée au savoir.
00:42:26 Et j'ai aimé la façon dont vous avez insisté sur la concentration sur les acquis. Je pense que ça, c'est une inversion de méthode, une inversion d'objectif qui est fondamentale.
00:42:42 L'importance d'un socle de culture commune, c'est aussi un point, à mes yeux, fondamental. Je voudrais vous dire que beaucoup des mesures que vous préconisez donnent raison aux propositions des Républicains que nous formulons depuis longtemps.
00:42:58 Notamment l'attention portée aux méthodes, celles qui marchent, et leur évaluation, l'effet maître. Je voudrais dire aussi qu'un indice de positionnement social identique, les résultats sont différents.
00:43:10 Je voudrais dire que les méthodes sont fondamentalement importantes. Redonner du sens aux examens, les groupes de niveau de remédiation pour redonner confiance en soi aux élèves, tout ça est important.
00:43:23 Alors, j'ai deux questions. La première, dans un ministère qui est connu pour être quand même assez rétif à la réforme, j'en parle en connaissance de cause pour en être issu,
00:43:36 il se passe l'atterrissage de vos propositions auprès des professeurs. Quel est votre premier retour ? Et la deuxième question porte sur la formation des enseignants.
00:43:48 Il me semble qu'il y a là un champ déterminant à explorer. Moi, je crois que, oh, rien ne se fera sans des professeurs très solidement formés et auxquels on aura donné des exigences précises. Je vous remercie.
00:44:05 Merci, madame la députée. Pour les démocrates, Laurent Croisier.
00:44:08 Merci, madame la présidente, madame, messieurs. L'école est pour le groupe démocrate la première des batailles. C'est l'avenir de nos enfants, l'avenir de notre pays qui se construit à l'école.
00:44:21 Les annonces du ministre Gabriel Attal et le lancement de la mission Exigences et savoirs sont dans la lignée des propositions des députés démocrates.
00:44:29 Nous partageons le diagnostic du ministre. Oui, il y a urgence à élever le niveau et l'exigence à l'école. Face à ce constat, il y a ceux qui souhaitent que rien ne bouge.
00:44:40 Ceux qui, à force de pédagogisme, d'oubli des savoirs fondamentaux et de la culture générale, ont brisé l'ascenseur social et désespéré les enfants des classes les plus défavorisées.
00:44:52 Nous ne réussirons pourtant aucun des enjeux sans siéto, sans ambition pour notre jeunesse, sans exigence pour la transmission des savoirs fondamentaux, sans restaurer l'autorité pédagogique des enseignants.
00:45:05 Que tous ceux qui pensent que les professeurs ne travaillent pas assez, sont suffisamment rémunérés ou qu'un jardin d'enfants peut faire le programme, comme j'ai pu l'entendre ici,
00:45:15 ne serait-ce qu'une semaine dans une école maternelle, primaire, dans un collège ou un lycée. Nous n'avons pas seulement une obligation de moyens, mes chers collègues, mais une obligation de réussite.
00:45:26 Et je souhaite m'arrêter sur le collège, mais parfois décrit comme un tunnel où les élèves en difficulté ne répartent pas les lacunes accumulées et où les meilleurs élèves n'exploient pas pleinement leurs potentiels.
00:45:38 Nous défendons l'idée d'un collège modulaire qui n'étant rien une remise en cause du collège unique, mais la remise en cause d'un collège trop uniforme, incapable de s'adapter au profil de chacun des élèves.
00:45:51 En Suisse, Suède ou au Danemark, les élèves de 6e et 5e sont répartis en groupes de niveaux. Est-ce que selon vous, ce qui est possible dans les pays du Nord, réputés pour la qualité de leur système éducatif,
00:46:04 pour le respect des différences et des rythmes de chacun, est transposable dans les collèges français ?
00:46:11 Merci, M. le député. Pour les socialistes et apparentés, Fatia Kherouachi.
00:46:15 Oui, je tiens tout d'abord à remercier réellement les auditionnés pour leur intervention, que j'ai écoutée le plus attentivement que je pouvais.
00:46:25 Je parlerai d'abord du fond. D'abord, la majorité des mesures qui découlent de cette mission exigence vont à rebours des faits établis par la recherche en matière de sciences de l'éducation.
00:46:36 En effet, dès 2014, le CNESCO pointait le caractère inefficace du redoublement.
00:46:42 Si le redoublement peut avoir un impact positif sur les résultats des élèves les plus faibles, cet effet n'est pas très important.
00:46:50 Il est visible très souvent que la première année du redoublement, surtout, ne compense pas l'augmentation de risque de décrochage scolaire.
00:46:58 Concernant les groupes de niveau, ils ne permettent pas aux élèves les plus en difficulté d'améliorer leurs résultats scolaires.
00:47:05 Ils permettent aux bons élèves d'être encore meilleurs, c'est formidable, mais ils condamnent les élèves en difficulté.
00:47:11 Creusement des écarts de niveau, renforcement de la comparaison sociale, réduction du sentiment d'appartenance à la classe.
00:47:19 Le calendrier des annonces n'est pas un hasard, bien sûr.
00:47:23 Elles ont été dévoilées, ces annonces, le même jour que la publication du classement PISA.
00:47:29 Le ministre Attal veut donc aussi répondre aux mauvais résultats français.
00:47:34 Pourtant, le classement PISA pointe aussi les fortes inégalités sociales entre les élèves.
00:47:41 Un enfant issu d'une famille défavorisée a en France 10 fois plus de risques qu'un élève favorisé de se retrouver parmi les élèves peu performants en mathématiques, par exemple.
00:47:55 Mais voilà, aucune des mesures annoncées ne s'attaque au problème de fond des inégalités sociales.
00:48:01 Pire, je pense qu'une partie de ces annonces va les empirer.
00:48:05 Et puis, sur la forme, comment mettre en place les mesures annoncées par le ministre ? Comment financez-vous ces mesures ?
00:48:15 Car le PLF 2024 supprime 2 700 postes dans le premier et le second degré.
00:48:20 Et la loi de programmation budgétaire 2023-2027 fixe une quasi-stabilité budgétaire pour l'éducation nationale.
00:48:28 Donc, combien d'enseignants supplémentaires seront nécessaires pour la mise en place de ces nouvelles mesures ?
00:48:34 Voici ma question principale.
00:48:36 Merci, Madame la députée. Pour Horizon et la Parenté, Agnès Carel.
00:48:39 Merci, Madame la Présidente. Monsieur le Directeur général, Madame, Messieurs, j'ai été attentive à votre exposé sur les travaux de cette mission.
00:48:48 Les constats sont là. Si le niveau progresse en primaire depuis 2017, grâce aux mesures prises sur le dédoublement, le résultat PISA 2022 confirme une baisse importante du niveau au collège.
00:49:00 L'école a besoin, comme l'a affirmé le ministre, de remettre l'exigence à tous les niveaux et une revitalisation pédagogique à la main des enseignants.
00:49:09 En présentant votre travail, il a fait des annonces fortes que nous, membres du groupe Horizon et la Parenté, soutenons.
00:49:16 Il s'agit de simplifier des programmes avec des repères annuels indispensables, comme vous l'avez dit, de créer un sursaut en maths dès le primaire,
00:49:25 en adoptant progressivement la méthode Singapour, qui a fait ses preuves dans de nombreux pays.
00:49:29 Il propose l'intégration des enseignants de terrain dans le processus de labellisation des manuels scolaires.
00:49:35 Pouvez-vous nous en dire plus sur les modalités de cette intégration ? A quel niveau vont être leurs actions ?
00:49:41 Il s'agit également de donner le fin mot aux enseignants sur le redoublement des élèves quand cela est nécessaire.
00:49:47 C'est au préalable des stages de réussite pendant les vacances scolaires pourront être exigés, conditionnant le passage en classe supérieure.
00:49:56 L'an dernier, 40 000 professeurs volontaires les ont animés. Leurs rémunérations seraient doublées.
00:50:01 Comme je l'ai écrit dans le rapport de la mission sur l'éducation prioritaire, le rôle de ces dispositifs de soutien est fondamental pour la réussite d'un grand nombre d'élèves
00:50:10 et pour le principe de l'égalité des chances, auquel je suis très attachée.
00:50:15 J'en ajouterai une, quelque chose issu aussi du rapport sur l'éducation prioritaire, c'est celui du conventionnement des cités éducatives avec des orthophonistes.
00:50:25 Pour plus de dépistage et de suivi, cela me semble indispensable.
00:50:29 A partir de la rentrée prochaine, 6e et 5e seront répartis en plusieurs groupes de niveau flexible en français et mathématiques.
00:50:36 Les créations de postes permettront de limiter les groupes d'élèves en difficulté à une quinzaine.
00:50:41 La même organisation sera mise en place pour les 4e et 3e dès 2025. Je m'en réjouis.
00:50:46 De nouvelles mesures seront prises pour relever le niveau d'exigence du brevet à travers plus d'épreuves.
00:50:52 Il faut réinstaurer l'importance de ce premier diplôme qui fait nation.
00:50:57 Je ne peux citer toutes les mesures annoncées. Vous l'avez bien expliqué. L'objectif général qui résulte de votre mission est une mobilisation générale.
00:51:04 Nous ne pouvons que soutenir ces propositions issues de votre rapport.
00:51:07 Merci, Mme la députée. Pour les écologistes, Francesca Pasquini.
00:51:11 Oui, Mesdames, Messieurs, merci pour la présentation de ce travail ce matin.
00:51:19 Le lancement de la mission destinée à établir un état des lieux sur l'exigence des savoirs dont il est question aujourd'hui ne fait pas grand sens.
00:51:27 Les problèmes de l'école sont déjà connus depuis longtemps.
00:51:30 Une mission de 8 semaines ne rajoute rien de plus de ce qui n'a pas déjà été dit par les syndicats, les enseignants et les parents d'élèves depuis des années.
00:51:39 Cette mission n'a qu'un seul but, tenter de légitimer la politique du ministre de l'Éducation nationale.
00:51:45 Sa volonté de reformer le collège est connue de tous et explique la commande d'une telle mission.
00:51:51 Les syndicats ont dénoncé un questionnaire à destination des personnels complètement biaisés.
00:51:56 Je regrette d'ailleurs de ne pas avoir trouvé trace écrite de ces travaux.
00:52:01 Les seuls éléments que l'on connaît sur la conclusion de la mission sont d'opaques mesures issues d'arbitrage présentées par le ministre.
00:52:10 Une large part de ces mesures reprennent d'ailleurs des propositions droitières à rebours des études scientifiques et des demandes des syndicats.
00:52:18 D'autres propositions sont hypocrites et contradictoires avec l'action du gouvernement.
00:52:23 Le ministre de l'Éducation nationale souhaite que des groupes de niveau soient instaurés au collège et annonce qu'un nouveau schéma d'emploi sera bientôt dévoilé.
00:52:31 Pourtant, plus de 4000 postes d'enseignants ont été supprimés dans le projet de loi de finances de 2023 et 2024.
00:52:38 Ce qu'il faudrait pour que les enfants apprennent mieux, c'est notamment un enseignant devant chaque classe.
00:52:43 Des classes avec 20 élèves maximum aux primaires, hors des doublements REP et 25 maximum au collège.
00:52:49 Madame, Monsieur, je regrette que nous continuions à, dans les faits, perdre notre temps et ainsi perdre des élèves et des enseignants en route.
00:52:58 En toute sincérité, je n'ai donc qu'une question pour vous.
00:53:02 Est-ce qu'en faisant ce travail, vous n'avez pas eu l'impression de brasser de l'air et de participer à une vaste opération de communication,
00:53:09 plutôt que de répondre aux défis qui agitent l'école depuis des années ?
00:53:13 (Brouhaha)
00:53:17 Mes chers collègues, ouh ouh !
00:53:20 (Tapotements)
00:53:24 Je vais laisser à mes chers collègues.
00:53:29 Les orateurs répondront à toutes les questions et à toutes les interpellations ensuite.
00:53:35 Mais là, je vais donner la parole au groupe Pliot et Martine Froger.
00:53:41 Merci, Madame la Présidente, Madame, Messieurs.
00:53:45 Le ministre Gabriel Attal a annoncé le lancement de la mission Exigence des savoirs,
00:53:49 dont vous avez la charge, qui doit associer l'ensemble des parties prenantes de l'école, du collège et des lycées.
00:53:55 Cette annonce fait suite aux résultats des différents classements internationaux
00:53:59 qui confirment tous les décrochages des élèves français,
00:54:03 quelle que soit la discipline ou la compétence observée.
00:54:06 Cet abassement des performances que rien n'enraye depuis 15 ans doit nous interroger.
00:54:11 Pourtant, les décisions qui en découlent nous laissent perplexes.
00:54:15 Si nous sommes d'accord sur l'ambition visant à élever le niveau global des élèves,
00:54:20 la méthode employée et les moyens dédiés ne nous semblent pas à la hauteur des enjeux.
00:54:25 D'abord sur la forme.
00:54:27 Opérer une réforme significative au pas de charge pour une application effective dès la rentrée 2024 est pour le moins surprenant.
00:54:36 Comment ces auditions menées dans la précipitation pourraient mener à une vraie réflexion sur notre système scolaire.
00:54:42 Sur le fond, le retour à des classes de niveau en mathématiques et en français est envisagé.
00:54:47 Certains voient là un fort risque de réduction du nombre d'heures pour les disciplines autres que celles dites fondamentales
00:54:53 et d'un enseignement davantage standardisé limitant la liberté pédagogique.
00:54:58 De même, les syndicats s'inquiètent de la suppression des cycles, ce qui se pose une refonte des programmes.
00:55:04 La dégradation des conditions de travail des enseignants qu'a enduré la mise en oeuvre de ces annonces ne semble pas avoir été prise en compte.
00:55:11 Car la mise en place des nouveaux programmes dont il faudrait s'emparer, les stages pendant les vacances à assurer et les groupes de niveau à organiser
00:55:19 vont incomber aux enseignants déjà en nombre insuffisant.
00:55:23 Alors que la dernière réforme n'a pas été évaluée, une nouvelle est annoncée de façon précipitée et sans concertation.
00:55:32 Ne croyez-vous pas que cette dernière réforme risque d'impacter défavorablement l'attractivité du métier déjà fragilisé
00:55:40 si l'on en croit les difficultés à recruter ?
00:55:43 Enfin, si vouloir élever le niveau des élèves ne peut être que partagé,
00:55:48 centrer les objectifs sur la refonte des contenus et des organisations des apprentissages
00:55:53 n'est-ce pas passer complètement à côté des vrais enjeux et des besoins de l'école ?
00:55:58 Merci Madame la députée.
00:56:00 Donc ça va être à vous, Mesdames, Mesdames et Messieurs les orateurs, pour répondre aux questions.
00:56:05 Et je vous indique qu'il y a aussi 17 collègues qui ensuite voudront à nouveau vous poser des questions.
00:56:11 Donc si jamais vous n'étiez pas complètement exhaustif dans cette première partie de réponse,
00:56:15 sachez que vous avez une deuxième possibilité ensuite, un rattrapage.
00:56:22 Voilà. Donc je ne sais pas qui souhaite commencer pour Monsieur Geffray.
00:56:27 Merci beaucoup.
00:56:29 Alors peut-être quelques éléments de réponse de ce fait sous contrôle de mes collègues
00:56:34 qui bien sûr s'exprimeront les uns et les autres.
00:56:38 Le premier élément, c'est la boussole qui nous anime.
00:56:43 On dédie notre vie professionnelle à cette table et comme nous tous je crois,
00:56:48 enfin voilà, mais comme tous les professeurs de ce pays à la réussite de nos élèves.
00:56:52 Et on ne peut pas se satisfaire de constater qu'aujourd'hui un élève qui arrive en difficulté en sixième,
00:56:58 c'est quasiment à 85 ou 90% en probabilité un élève qui sera entré en difficulté au brevet.
00:57:05 On ne peut pas se satisfaire d'une situation dans laquelle un élève qui a du mal à décoder en fin de CP
00:57:12 est quasiment statistiquement, enfin à très grand risque en termes de probabilité
00:57:19 de terminer en très grande difficulté également au brevet.
00:57:23 Donc nous avons essayé dans cette mission effectivement de proposer un certain nombre de mesures
00:57:28 qui par nature se discutent, par nature, parce qu'on parle de pédagogie, on parle de la sous-pédagogie, etc.
00:57:36 qui se confrontent aussi à des études scientifiques qui sont assez nombreuses et sur lesquelles on s'est appuyé.
00:57:42 Mais avec en tout cas l'impression, et en ce qui me concerne je ne parle que de ma qualité,
00:57:48 l'impression que j'ai en tant que fonctionnaire de servir.
00:57:53 Peut-être pas idéalement, mais en tout cas la volonté de servir.
00:57:58 A partir de là, par rapport aux différents éléments qui ont été mentionnés,
00:58:03 et avec évidemment une fois encore tout ce que ça implique en termes de débat,
00:58:07 et on a bien conscience que, en soi, tout se discute.
00:58:11 Mais je voudrais juste simplement préciser quelques points.
00:58:14 Il ne s'agit, peut-être pour les groupes de niveau dont j'ai parlé tout à l'heure, et sur lesquels il y a eu beaucoup de questions,
00:58:19 il ne s'agit certainement pas de faire en sorte que les élèves les plus en difficulté apprennent moins.
00:58:25 Les élèves auront le même programme, ils apprendront la même chose.
00:58:30 Ce sont les conditions d'apprentissage qui changent.
00:58:33 On a souvent l'occasion d'échanger dans cette enceinte, et d'ailleurs je vous remercie de me faire cet honneur,
00:58:37 mais sur les dédoublements par exemple en CP ou en CE1, on n'a jamais dit que quand on dédoublait un CP ou un CE1,
00:58:43 les élèves en difficulté allaient moins apprendre, on a dit qu'ils allaient mieux apprendre la même chose.
00:58:47 C'est exactement la même chose pour les 6e, 5e, quand on veut dédoubler des groupes.
00:58:52 Le constat, c'est que vous avez des élèves qui aujourd'hui sont, j'allais dire, en difficulté,
00:59:00 et en fait, et a fortiori à l'âge de l'adolescence, sont en souffrance du fait de cette difficulté,
00:59:05 se replient sur cette difficulté, n'arrivent pas à en sortir en termes d'estime de soi,
00:59:09 sont systématiquement en queue de classe pour les notes, etc.
00:59:12 Est-ce que c'est un service à leur rang ? La réponse est non.
00:59:15 Est-ce qu'il faut en revanche les enfermer dans une logique de niveau ? La réponse est non aussi.
00:59:19 C'est pour ça qu'on a écarté d'ailleurs les classes de niveau dans notre proposition,
00:59:23 et c'est pour ça aussi que nous nous sommes fondés sur un site en études qui montre que lorsque les groupes sont,
00:59:30 une fois encore, évolutifs, alors il y a un vrai effet lequel.
00:59:35 Au Portugal par exemple, qui est un pays, comme vous le savez, qui a connu une trajectoire très intéressante
00:59:40 ces 20 dernières années, grosso modo on considère qu'il faut 10 ans pour redresser le niveau d'un système éducatif,
00:59:45 le Portugal est rentré dans une trajectoire de ce type-là.
00:59:48 Au Portugal, ils ont mis en place des groupes de niveau de ce type-là, sur des matières ciblées,
00:59:52 le portugais, les mathématiques, etc., et avec cette flexibilité des niveaux, et ça a marché.
00:59:56 On mentionnait tout à l'heure la Suisse, il y a d'autres pays également nordiques qui l'ont fait.
01:00:01 Donc ça fonctionne, dans certaines conditions, et certainement pas en tout cas avec l'idée de réduire le volume à apprendre.
01:00:08 Ça veut dire aussi, vous avez été plusieurs à le mentionner, qu'il faut des moyens à mettre en face.
01:00:13 Alors je ne suis pas sûr de partager totalement l'évaluation budgétaire qui a été faite par ces organisations,
01:00:23 que par ailleurs, évidemment, je respecte profondément, tout simplement parce qu'il ne s'agit pas de dire que,
01:00:28 pour tout le monde, tout est en effectif réduit.
01:00:33 Des élèves qui sont très à l'aise en français ou en mathématiques, ils n'ont pas besoin d'être en effectif réduit en français ou en mathématiques.
01:00:39 En revanche, des élèves qui sont en difficulté ou qui ont des fragilités particulières, oui, bien sûr, cela, il faut pouvoir adapter les effectifs.
01:00:45 Donc il y aura effectivement un nouveau schéma d'emploi, il y aura, pour être tout à fait précis, des discussions demain matin,
01:00:52 en conseil ministériel avec le ministre et nous tous sur les sujets de moyens avec l'Association syndicale.
01:01:07 Mais il y aura évidemment des moyens qui seront associés à cette mesure.
01:01:12 Donc voilà, je me permets de le redire parce que c'est un point que vous avez souligné.
01:01:17 Sur les priorités, je laisserai évidemment le voisin répondre sur tout ce qui est lecture mathématique, etc.
01:01:23 Mais simplement pour dire que dans notre esprit, il n'y a pas la priorité mathématique par rapport aux autres.
01:01:29 Il y a une priorité savoir fondamentaux, lire, écrire et compter.
01:01:33 Et les trois, évidemment, vont de pair.
01:01:36 Lire, écrire et compter est donné une culture générale.
01:01:39 Dans la loi, l'article 111-1 du code éducation, vous savez que c'est un peu votre article frontispiece,
01:01:44 il est dit que le rôle de l'école c'est de donner une culture générale.
01:01:47 Cette culture générale, ce mot-là, ces termes-là, n'existent pas dans les programmes.
01:01:52 Il en est fait une seule mention, une fois dans le programme de cycle 4, aujourd'hui.
01:01:56 Et notre constat, ça a été de dire, oui, ça c'est un enjeu social.
01:02:00 C'est un enjeu social parce qu'aujourd'hui, on sait que c'est déterminant dans toute une trajectoire de vie professionnelle, etc.
01:02:08 Et c'est aussi comme ça que naît la conscience d'une destinée partagée.
01:02:13 Si on parle de fraternité, la fraternité, elle passe aussi par une culture qui est un rapport à l'altérité, qui est un rapport à l'esthétique.
01:02:21 Et donc, du coup, quand on parle de... On n'a pas repris ce programme, on va pouvoir y revenir si vous voulez.
01:02:27 Il y a évidemment cette dimension de culture générale que mentionnait tout à l'heure Caroline.
01:02:32 Dernier point en ce qui me concerne, parce que je ne veux pas prendre trop de temps,
01:02:36 mais c'est l'enjeu aussi de, finalement, pas en lire comme ça, mais ce qui marche et ce qui ne marche pas.
01:02:42 On voit bien qu'on a différents leviers et qu'aucun de ces leviers n'a vocation ni à être, si je puis dire, mécanique, ni à être définitif.
01:02:51 On va activer le levier du passage au niveau supérieur sous condition avec des stages de réussite.
01:02:56 On va activer ponctuellement et pour certains niveaux le levier du redoublement parce qu'il y a des cas où,
01:03:01 si une fois encore, vous avez des lacunes trop importantes, on n'y revient pas.
01:03:05 On va activer le levier des groupes de niveau. Et puis, on va aussi et surtout, et je ne vais pas y revenir,
01:03:10 activer le levier des pratiques pédagogiques. Aujourd'hui, quand vous regardez les résultats au diplôme national du brevet,
01:03:16 à IPS identique, la moyenne des élèves peut varier de 10 points aux épreuves terminales.
01:03:25 Donc, c'est bien qu'à IPS identique, à conditions socio-professionnelles des familles qui sont identiques,
01:03:31 on a des très grandes variations liées à la pratique pédagogique. Et donc, c'est ces pratiques-là, évidemment,
01:03:36 qu'on va continuer à travailler. Mais je laisse mes collègues, évidemment, détailler tout cela.
01:03:41 Merci. Peut-être en complément des réponses d'Edouard, revenir un petit peu sur la réception des annonces.
01:03:50 Je reprendrai, si vous le voulez bien, un peu mon statut de chef de l'inspection générale, qui a quand même beaucoup d'inspecteurs
01:03:56 sur le terrain et qui donc ont plutôt remonté sous forme de sonde. À ce stade, il n'y a évidemment rien d'autre que ça.
01:04:04 Plutôt une réception très favorable de ces annonces qui, dans le fond, répondait de manière assez claire à des constats émis aussi
01:04:13 par les enseignants dans le questionnaire, dont on peut peut-être s'interroger sur la façon dont il a été conçu,
01:04:19 mais pour lequel 230 000 enseignants, c'est-à-dire près d'un quart des enseignants, ont pris le temps de répondre.
01:04:26 Et c'est donc qu'ils ont considéré qu'ils pouvaient avoir une forme de valeur. Je voudrais aussi revenir sur l'engagement qui a été celui de cette mission,
01:04:36 aussi bien de nous quatre que de l'ensemble des groupes de travail qui ont, pendant huit semaines, non pas cessé d'interroger, d'auditionner et de travailler
01:04:45 sur une base de travaux qui existait. Je ne reviendrai pas, et je pense que Stanislas reviendra sur les travaux de recherche,
01:04:53 mais aussi sur les rapports d'inspection qui, depuis une dizaine d'années, font des constats et des préconisations dont une partie ont été reprises
01:05:00 dans les travaux que nous avons menés. Donc il y avait une base et une base de travail qui permettait d'aller assez vite sur les constats
01:05:10 et de faire émerger dans l'ensemble des préconisations ou des recommandations qui avaient été faites par les chercheurs ou par les inspecteurs
01:05:17 celles qui nous paraissaient construire une vision relativement systématique, un plan d'action qui permettait de garder une cohérence,
01:05:27 notamment par rapport à nos objectifs. C'est ce plan d'action qui conduit à une forme de mobilisation. Et quand je disais que les enseignants l'avaient
01:05:36 plutôt relativement bien réceptionné, c'est qu'il y avait aussi, dans les propositions qui étaient faites, un certain nombre d'éléments qui conduisaient
01:05:45 à redonner la force de leur expertise. La suppression du dernier mot aux parents, la réflexion de l'équipe autour des moyens de remédiation,
01:05:55 des solutions pour étayer le parcours de l'élève jusqu'au redoublement sont des éléments qui ont été pris de manière très positive puisque c'était
01:06:05 une manière de revenir sur le fait que ce sont eux, les professionnels, en capacité de reconnaître les besoins des professeurs.
01:06:12 Alors bien entendu, cela suppose de la formation. Une formation très proche du terrain et sur le terrain, comme elle a déjà été mise en place depuis 2017-2018,
01:06:24 avec les constellations de formation de professeurs de mathématiques et de français, enfin sur les mathématiques et sur le français à l'école pour les professeurs
01:06:33 des écoles et ces constellations ont débordé, si je puis dire, sur le collège où, à travers les labos de maths, on retrouve aussi cette formation entre pairs
01:06:43 qui est beaucoup demandée avec des conseillers pédagogiques plus experts, mais les enseignants sont demandeurs de ces formations,
01:06:51 où ils travaillent ensemble pour construire leur enseignement. Donc évidemment, cette formation est essentielle.
01:07:01 Et parallèlement aux propositions qui ont été faites dans ce rapport, il y a également un travail qui est mené d'une part par la DGRH sur l'attractivité du métier
01:07:14 et ses conditions d'exercice et plus banalement encore, si je puis dire, une note de service de la Direction d'encadrement qui pose le caractère
01:07:24 d'accompagnement pédagogique comme la fonction essentielle des corps d'inspection territoriaux, premier degré comme second degré.
01:07:33 Et tout ça participe à une volonté de formation, d'accompagnement des enseignants qui sera évidemment nécessaire pour arriver aux résultats
01:07:45 que nous souhaiterions voir émerger à la suite de ce plan et des mesures qui ont été prises. Et juste pour terminer, je dirais à ce sujet que depuis 2014,
01:07:56 où le redoublement a presque totalement disparu et où il n'y a pas eu de mesures de soutien des élèves en difficulté, nous n'avons pas vu les résultats progresser.
01:08:05 De même que nous n'avons pas d'études sur le manque d'estime de soi ou la perte de confiance des élèves qui passent d'année en année sans réussir.
01:08:14 Je cède la parole à mon collègue. Peut-être que ces études-là pourraient être menées aussi et ferait le pendant des études sur le redoublement.
01:08:23 Merci, merci beaucoup pour vos questions. Je commence par la première. Ça fait cinq ans, presque six maintenant, je crois, que je quitte mon laboratoire pour à peu près la moitié de mon temps
01:08:36 pour me consacrer au Conseil scientifique de l'éducation nationale. Alors vous avez demandé est-ce que j'ai l'impression de perdre mon temps dans cette mission également?
01:08:43 La réponse est non. Par contre, s'il y a de la frustration, bien sûr qu'il y a de la frustration. Et si il y a un point sur lequel je voudrais attirer votre attention,
01:08:51 c'est qu'il y a une partie de frustration qui est liée au temps de la prise de décision. Il est certain que ce serait bénéfique de ne pas avoir autant de rapidité et plus de recul
01:09:03 sur les prises de décision et ce qui a marché et ce qui ne marche pas d'un point de vue scientifique. Il y a évidemment de la frustration aussi sur la prise de certaines décisions.
01:09:10 J'ai mentionné les nuances importantes sur le redoublement. Il y a un autre domaine sur lequel nous n'avons pas été amenés à discuter du tout, qui est celui du temps scolaire.
01:09:18 Or, il est tout à fait clair qu'il vaudrait mieux que l'école soit répartie sur un temps plus important dans la semaine. Donc il y a des éléments qui n'ont pas été discutés.
01:09:26 Mais les maires qui continuent contre vents et marées d'arriver à ouvrir l'école 5 jours sur 7 doivent être soutenus. Maintenant, si je reviens sur les décisions qui ont été prises,
01:09:38 malgré certaines frustrations, je suis ravi de voir que progressivement, et sur 5 ans je l'ai vu très clairement, les données scientifiques sont de plus en plus prises en compte
01:09:48 au sein du ministère de l'Éducation nationale. C'est le témoignage aujourd'hui dans ces décisions. Sur la lecture, il n'y a aucun doute qu'il y a maintenant tout un vocabulaire commun,
01:09:58 une série d'études communes qui sont acceptées par la communauté, ce qui n'était pas le cas il y a 5 ans. Je pense que les choses changent. Elles changent lentement parce qu'évidemment,
01:10:06 elles impliquent la formation de l'ensemble des personnes et le débat. Et ça a été le cas au cours de cette mission. J'en ai aucun doute là-dessus.
01:10:14 Certains d'entre vous ont mentionné les inégalités. Les inégalités sont la cible absolue de nos réflexions. La France a des inégalités beaucoup trop importantes dans le domaine de l'éducation.
01:10:26 La question, c'est comment les réduire. Il semblerait que les méthodes pédagogiques, le choix des bonnes méthodes pédagogiques soit un paramètre clé pour arriver à adresser ces inégalités.
01:10:36 Non seulement, d'ailleurs, des inégalités sociales, mais également des inégalités de genre. Pourquoi ? Parce que quand on a les mauvaises méthodes pédagogiques,
01:10:42 eh bien souvent, ce sont les familles qui vont compenser. C'est là encore dans le cadre de la lecture, c'est tout à fait clair. On a ce qu'on appelle le miracle de Noël qui va se produire peut-être
01:10:52 pour certaines familles. C'est-à-dire que les enfants vont rentrer à la maison et ceux qui ne savent pas encore lire, certaines familles vont compenser. Les grands-parents, les parents vont compenser.
01:11:02 Et l'enfant reviendra des vacances de Noël avec un miracle et qu'il saura lire en revenant. Bon, ça n'est pas acceptable. Et pour réduire les inégalités, précisément, nous pensons qu'il faut être
01:11:12 capable d'introduire des méthodes qui marchent et qui ont fait leur preuve d'un point de vue objectif scientifique. Alors, le point essentiel, je pense, de ces mesures, c'est d'apporter plus de soutien aux élèves
01:11:24 là où ils en ont besoin. Les groupes de niveau, dans ce contexte, ne sont pas forcément une mauvaise chose. On aurait préféré parler de groupe de besoin. Ça aurait peut-être été un terme plus acceptable
01:11:32 par tous. Mais ce que ça veut dire en pratique, c'est marqué quand même clairement, des groupes flexibles, temporaires, fixés sur un besoin particulier des élèves. Par exemple, l'élève ne connaît pas les fractions
01:11:44 comme on l'a montré dans une note du Conseil scientifique. 80% des élèves, quand ils rentrent en 6e, ne comprennent rien à des fractions les plus simples possibles. Et bien, là, il y a un besoin.
01:11:54 On peut intervenir pendant 6 semaines. Et l'idée, c'est de faire des petits groupes, d'avoir des professeurs qui soient bien formés à adresser ce point-là, d'avoir aussi une aide peut-être de tuteurs
01:12:04 intelligents en informatique. Ça peut être le cas d'exerciseurs. Et là, de répondre à un besoin précis. Et ça, on sait que ça marche. Donc, il ne s'agit pas de dire "aucune de ces mesures ne marche".
01:12:14 C'est pas vrai. Ce type de groupe de besoin, ça peut fonctionner. Le tutorat avec un enseignant qui se consacre à un élève pendant un temps particulier, ça marche. Ça, on le sait très bien.
01:12:24 Et le tutorat entre élèves est aussi une solution qui n'est pas assez explorée et qui mériterait, à mon sens, d'être organisée parce que ça coûte très peu cher et ça marche très bien.
01:12:32 Et ça redonne confiance en eux, à tous les élèves. Parce qu'ils voient qu'ils peuvent enseigner à un autre élève. Voilà. Et puis, je termine sur le point de la formation.
01:12:40 Vous avez tout à fait raison que c'est un point absolument essentiel, la formation des enseignants. Et là encore, il y a d'énormes besoins dans notre pays.
01:12:46 Ça faisait pas partie de la demande qui était faite à notre mission. Donc, c'est aussi simple que ça. Je pense personnellement que la formation deviendra de plus en plus facile
01:12:54 à mesure qu'on s'accordera sur des programmes bien ciblés, raccourcis et des manuels et des méthodes qui fonctionnent. À ce moment-là, on saura beaucoup mieux à quoi former.
01:13:04 Et ce sera plus facile d'arriver à une meilleure formation des enseignants. Mais c'est clair qu'il y a un besoin considérable. Et il faut certainement, par rapport à d'autres pays,
01:13:11 augmenter la formation des enseignants.
01:13:13 Oui, je ne vais pas être très long parce que tout a déjà été dit. Mais vraiment pour rebondir sur la nécessité, évidemment, d'accompagner les enseignants, comme Stanislas l'a dit.
01:13:26 Et ça a été dit aussi dans vos interventions. Je l'ai dit aussi en parlant des labos maths, en parlant aussi de l'accompagnement par la recherche.
01:13:38 Alors, peut-être dans un brouhaha, mais je le redis à nouveau et c'est vraiment important et c'est demandé par les enseignants.
01:13:45 Et je pense que ça sera au cœur de prochaines annonces. On n'a jamais dit, évidemment, qu'on mettait les maths devant les autres disciplines,
01:13:59 ni que nous allions supprimer les cycles ou rogner sur d'autres disciplines, comme je l'ai dit. Mais comme je l'ai entendu, et donc ça nous permet aussi de clarifier les choses,
01:14:11 si ça n'avait pas été complètement clair. Vous nous demandez comment c'est ressenti sur le terrain. Donc, évidemment, dans les déplacements, j'interroge les uns les autres.
01:14:21 Et la première chose que nous entendons de la part des enseignants, c'est que ces mesures redonnent confiance aux enseignants, confiance justement dans leur capacité à évaluer,
01:14:34 à prononcer ou pas les redoublements. Et puis aussi, le message qui est envoyé, c'est qu'il faut travailler pour les élèves.
01:14:46 Et ce message, je peux vous dire qu'il est entendu depuis quelques jours, que les élèves se disent « Ouh là, il se passe quelque chose et on doit travailler ».
01:14:56 Alors, je voudrais juste, Madame la Présidente, si vous me l'accordez, vous lire un témoignage. Parce qu'hier, j'étais en visite. Donc, c'est un dispositif élan.
01:15:08 C'est à Bourges qu'accueillent des élèves exclus temporairement des établissements, donc des élèves en grande difficulté, qui sont possiblement les futurs décrocheurs.
01:15:18 Et première interpellation, on me dit « Ouh là là, nous, nos enseignants nous ont dit, Monsieur le Recteur, maintenant qu'il allait falloir travailler, parce qu'à la fin, il y a le brevet,
01:15:29 si on n'a pas le brevet, ça va mal se passer pour nous ». Donc, je peux vous dire que le message est très bien passé.
01:15:35 Alors, j'aurais dit « Est-ce que vous avez entendu parler de la prépa seconde ? ». Ils en avaient entendu parler. J'aurais demandé « Alors, qu'est-ce que vous en pensez ? ».
01:15:43 Ils ont commencé à parler. Et j'aurais dit « Demain, je vois les députés, les représentants de la nation. Vous n'avez qu'à écrire une lettre et leur dire ce que vous en pensez. »
01:15:52 Donc, des élèves, grands décrocheurs, mesdames et messieurs les députés, nous sommes des élèves ayant participé au dispositif élan de Bourges,
01:16:02 qui accueille des élèves exclus temporairement des établissements. Suite à la rencontre avec Monsieur le Recteur de l'Académie, sur la prépa seconde,
01:16:11 nous avons réfléchi sur l'apport que pourrait avoir cette année scolaire auprès de tous les élèves. Je me permets de résumer un peu.
01:16:18 Cela leur offrirait une année supplémentaire pour acquérir toutes les compétences suffisantes pour rentrer au lycée, afin d'obtenir le baccalauréat et de pouvoir poursuivre leurs études, s'ils le souhaitent.
01:16:29 Il peut être intéressant de prévoir des sessions de stage, afin qu'ils puissent découvrir différents métiers et trouver leur projet professionnel.
01:16:38 Merci d'avoir écouté notre lettre. C'est signé, entre autres, Timeo et Mathis, des élèves en très grande difficulté. Je peux vous assurer que personne ne leur a tenu la plume.
01:16:49 Merci pour cette première partie de réponse. Nous allons continuer maintenant avec de nouvelles questions. Nous commençons avec Virginie Lanlot pour une minute.
01:17:03 Madame la Présidente, merci. Mesdames, Messieurs, il y a une question qui a été largement reprise et rebattue dans les médias depuis les annonces du ministre, c'est celle du retour du redoublement.
01:17:14 Permettez-moi de l'aborder sous un angle légèrement différent de celui sous lequel elle a fait la une de l'actualité, car il me semble que l'essentiel de cette mesure est ailleurs.
01:17:22 L'essentiel pour moi est dans le fait qu'elle remet enfin l'enseignant au centre, le professionnel de l'éducation, c'est lui.
01:17:29 C'est lui qui sait ce qui est bon ou non pour ses élèves et c'est lui qui doit avoir et qui aura donc désormais la charge de décider la pertinence ou non de les faire redoubler.
01:17:38 Par cette mesure, le ministère n'a pas tant, je crois, relancé les redoublements que replacer les professeurs dans leur rôle de sachants, de prescripteurs.
01:17:47 C'est à eux de diagnostiquer et de prescrire en matière d'éducation, à l'instar des médecins, en matière de santé.
01:17:52 A l'instar des médecins, à eux aussi d'écouter l'enfant pour produire leur diagnostic, de partager avec les parents leurs réflexions et d'expliquer le sens de ce qu'ils prescrivent.
01:18:01 Chacun sa responsabilité, chacun son rôle. Celui de premier instructeur pour les enseignants, celui de premier éducateur pour les parents.
01:18:09 Notre école souffre depuis plusieurs années d'une confusion de ces rôles. Voilà ma conviction.
01:18:15 Aussi, ma question est-elle simple ? Au-delà du redoublement, quelles autres mesures sont-elles à l'étude par le ministère pour les clarifier ?
01:18:22 Merci, madame la députée. Gratzelia Melchior, pour une minute.
01:18:27 Merci, madame la présidente. Madame, messieurs, je vous remercie pour vos engagements respectifs, mais également collectifs, ici, dans le cadre de la mission Exigences des savoirs,
01:18:36 que le ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse vous a confiées.
01:18:39 Cette mission avait pour objectif de lui proposer des pistes de solutions pour renforcer le niveau des élèves dans les savoirs les plus fondamentaux, le français et les mathématiques.
01:18:48 Je me réjouis, bien sûr, des annonces que le ministre a faites. L'une d'entre elles, qui concerne le recours à l'intelligence artificielle, a été cependant peu évoquée, et pourtant, elle me semble très intéressante.
01:18:59 En effet, les outils numériques peuvent se révéler utiles, notamment pour simplifier certaines tâches des professeurs et pour favoriser la différenciation pédagogique.
01:19:06 Ce sont aussi des leviers de soutien scolaire efficaces dans le cadre de devoirs à la maison ou sur table.
01:19:13 Toutefois, il est évidemment nécessaire de penser le recours à l'intelligence artificielle à l'école de manière raisonnée.
01:19:20 Aussi, pourriez-vous nous indiquer quel regard vous portez sur cette question et nous donner quelques exemples concrets de son utilité ? Je vous remercie.
01:19:28 Merci, madame la députée. Sarah Legrain.
01:19:30 Messieurs, dames, puisqu'il est beaucoup question ici de mathématiques, j'aimerais vous soumettre, et notamment à vous, monsieur le directeur général de l'enseignement scolaire,
01:19:40 un problème de mathématiques que je ne parviens pas à résoudre. Je vous l'ai dénoncé. Le petit Gabriel veut mettre en place des groupes de niveau au collège.
01:19:48 Il a calculé qu'il lui fallait 4 000 professeurs supplémentaires. Le syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale, lui,
01:19:55 en calculant de façon à ce qu'aucun groupe ne dépasse 40 élèves, trouve 2 300 postes par niveau et par discipline, ce qui fait 19 000 en tout.
01:20:03 Question numéro 1. Selon quel calcul, le petit Gabriel est-il arrivé à 4 000 postes seulement ?
01:20:08 Question numéro 2. Sachant que le même petit Gabriel a supprimé dans le dernier budget 480 postes de second degré.
01:20:14 Sachant que du fait des démissions record et d'une désaffection pour ce métier si difficile et si dévalorisé,
01:20:19 1 850 postes n'ont pas été pourvus dans le second degré, dont 250 en mathématiques et 242 en lettres,
01:20:25 en vertu de quelle théorème encore non découvert, le petit Gabriel compte-t-il donner quelques réalités à ces annonces ? Je vous remercie.
01:20:32 Merci, madame la députée. Alexandre Portier.
01:20:36 Merci, madame la présidente. Je voudrais déjà vous remercier pour le travail que vous avez réalisé. Dans le cadre du choc des savoirs,
01:20:43 le ministre a annoncé une réécriture des programmes scolaires, sujet sur lequel je voulais revenir, parce que dans un pays qui a déjà
01:20:49 les programmes scolaires parmi les plus chargés au monde, c'est évidemment toujours avec prudence que l'on accueille ce type d'annonce.
01:20:54 Pourriez-vous, s'il vous plaît, d'abord nous indiquer qui va avoir la charge de s'occuper de cette réécriture des programmes ?
01:21:01 Est-ce – je vais être un peu provocateur, mais volontairement – est-ce aux services qui, depuis des années, ont chargé les programmes
01:21:06 et les ont transformés en pavés lisibles que l'on va à nouveau demander maintenant de les réduire ? C'est un exercice un peu schizophrénique.
01:21:12 Mais surtout – et c'est le plus important – pourriez-vous, s'il vous plaît, nous dire quels sont les objectifs de cette réécriture ?
01:21:18 Parce que pendant que l'on parle exigence des savoirs, le Conseil supérieur des programmes, où j'ai le plaisir de siéger,
01:21:24 planche sur l'éducation à la sexualité et l'éducation au développement durable. Donc je m'interroge vraiment sur la cohérence, la sincérité
01:21:30 des annonces qui sont faites, des moyens qu'on veut y allouer, et surtout très concrètement, qu'allez-vous supprimer dans les programmes
01:21:36 pour faire la place nécessaire à l'apprentissage des fondamentaux ? Parce que quand on ouvre le Code de l'éducation, on reste quand même
01:21:42 assez dubitatif, on trouve deux pages de propositions, il va peut-être à un moment donné falloir arrêter cette folie et faire vraiment le ménage. Merci.
01:21:50 Merci, M. le député. Anne Bruniera.
01:21:54 Oui, merci, Mme la Présidente. Et tout d'abord, Mesdames et Messieurs, je tiens à saluer votre travail dans le cadre de cette mission
01:22:01 qui a permis à Gabriel Attal de faire des annonces fortes pour élever le niveau des élèves français. Parmi ces annonces, bien sûr, la mesure qui vise
01:22:09 à redonner sa valeur au diplôme national du brevet et à s'assurer que les collégiens disposent effectivement des connaissances nécessaires à la bonne poursuite
01:22:17 de leur scolarité au lycée. Je veux parler ici des prépas lycées. Nous devons collectivement réaffirmer cet objectif d'accompagner les élèves vers le lycée,
01:22:25 qu'ils soient professionnels, technologiques ou générales. J'ai deux questions à ce sujet. Tout d'abord, qu'en sera-t-il des modalités logistiques, des modalités pratiques
01:22:36 de cet prépas lycée ? Est-ce que vous pouvez nous donner des détails sur ce point ? Et deuxièmement, je voulais réaffirmer ici que c'est un devoir de l'éducation nationale
01:22:45 que d'accompagner les élèves, notamment ceux qui en ont bien sûr le plus besoin, ceux qui sont le plus en difficulté, mais aussi y compris au-delà de leurs 16 ans,
01:22:53 limite de scolarité obligatoire en France, car nous avons voté dans la loi École de la confiance cet accompagnement envers les 16-18. Et je ne peux m'empêcher de faire le lien avec ce point. Merci.
01:23:04 Merci, madame la députée. Estelle Fauleste.
01:23:07 Merci, madame la présidente. Et merci, mesdames et messieurs, de venir parmi nous ce matin pour nous faire part de vos travaux de très haut niveau d'une part et de bon sens presque d'autre part.
01:23:18 Ma question porte sur les savoirs fondamentaux et le niveau d'exigence qu'on peut avoir au regard du niveau de nos élèves et de certains candidats aux professorats des écoles, même en français.
01:23:29 On sait que ce qui stigmatise réellement les élèves, c'est de ne pas pouvoir devenir des citoyens pleins et entiers et de s'insérer également professionnellement parce que le niveau de français est très fragile.
01:23:39 Je pense notamment à la grammaire, l'orthographe et la conjugaison. On sait également que les jurys sont préoccupés tous les ans par le niveau des candidats aux concours de professorats des écoles.
01:23:49 Je me souviens de l'exemple du terme "chancelant" qui avait été interprété comme un terme relevant de la chance par les candidats aux concours l'an dernier.
01:23:57 Je crois qu'il est légitime qu'on s'en préoccupe. Et donc, j'aimerais savoir comment vous comptez peut-être vous emparer de ce sujet,
01:24:05 notamment pour nos collégiens, puisque je crois que le ministre Blanquer avait pas mal remis les choses au carré à l'école.
01:24:11 Mais au collège, on ne fait plus de dictée, plus de conjugaison, très peu de rédaction. Voilà. Je vous remercie.
01:24:18 Merci, madame la députée. C'est une calvaise.
01:24:21 Merci, madame la présidente. Merci à vous d'avoir relevé à plusieurs reprises le fait de prêter attention aux inégalités de genre.
01:24:31 Vous l'avez dit, il faut pouvoir compter et adapter les pédagogies, adapter aussi les moyens.
01:24:37 Je voulais vous poser des questions plus largement sur le lien entre le choc de savoir et les compétences transversales.
01:24:42 Savoir mémoriser, s'organiser, débattre, décrypter, c'est important. Comment concilier les deux ?
01:24:48 On peut, et vous l'avez dit, faire place à l'empathie, l'altérité. Le tutorat entre élèves me paraît être à souligner également.
01:24:55 Et je voulais également vous poser une question sur la place des associations aux côtés de la communauté éducative pour relever ensemble le choc des savoirs.
01:25:04 Comment aménager aussi bien la confiance des enseignants que ces partenariats avec les associations ?
01:25:10 Il me paraît important de pouvoir préciser quelles sont les marges de manœuvre dans le cadre de ce formidable enjeu collectif. Merci.
01:25:18 Merci, madame la députée. Léo Valter.
01:25:21 Monsieur le directeur général, monsieur Dehaene, le 5 décembre, le ministre annonçait sa volonté de labelliser l'Emmanuel scolaire du 1er degré
01:25:28 dont l'efficacité des contenus a été prouvée par la science. Cette annonce suscite en moi, comme chez nombre d'enseignants, plusieurs interrogations.
01:25:35 Qu'entend exactement le ministre par « efficacité prouvée par la science » ?
01:25:40 Existe-t-il une évaluation de l'ensemble d'Emmanuel scolaire du 1er degré ? Si oui, est-il possible de la consulter ?
01:25:46 Quels ont été ou quels seront les critères retenus ? Qui composera la commission chargée de cette labellisation ?
01:25:52 Qu'adviendra-t-il des manuels non labellisés ? Qui prendra en charge, hors CPCE1, le surcoût induit par leur remplacement ?
01:26:00 Que se passera-t-il, enfin, si un enseignant décide malgré tout d'utiliser un manuel non labellisé ou de s'en passer, comme il sont nombreux à le faire, souvent avec brio ?
01:26:09 Question subsidiaire. Le manuel Lego ou Neo, pas le copie, sans les jolies images de la méthode Bocher de nos grands-parents,
01:26:17 premier manuel à avoir été conçu par le ministère, expérimenté en 2020 par Jean-Michel Blanquer, a-t-il été évalué et obtiendra-t-il le label ?
01:26:26 Je vous remercie de votre écoute et de vos réponses.
01:26:28 Merci, monsieur le député. Emmanuel Antoine.
01:26:30 Merci, madame la présidente. La récente publication des résultats de l'enquête PISA 2022 illustre de façon claire et nette le niveau de nos élèves en mathématiques baisse de façon inquiétante.
01:26:44 Ensuite de la remise du rapport Villanito-Rossian, le plan mathématique a été lancé en 2018.
01:26:53 Il visait à la mise en œuvre des 21 mesures préconisées par le rapport et devait permettre de relever le niveau en mathématiques des jeunes Français.
01:27:01 Pour autant, les résultats de l'étude PISA 2022 ne semblent pas indiquer de résultats approbants.
01:27:07 Certes, les résultats du plan mathématique ne pourront s'observer que dans la durée, vous l'avez dit, mais pour autant, ne peut-on pas commencer à en évaluer l'efficacité,
01:27:16 car cinq ans après son lancement, aucun progrès tangible ne semble visible.
01:27:22 Merci madame la députée. Philippe Bertha.
01:27:25 Merci madame la présidente. L'affaiblissement du niveau des élèves en mathématiques, mais aussi en sciences, et je tiens à cette distinction, atteint la côte d'alerte.
01:27:36 Les classements internationaux, la multiplicité des tribunes sur le sujet, ou même certains rapports parlementaires ne semblent conduire à aucun effet.
01:27:43 Et pourtant, c'est par exemple de sciences environnementales, biologiques, chimiques, physiques dont il s'agit, bref, des matières qui forment le socle de notre avenir et la richesse de notre pays.
01:27:51 Ainsi, en sciences, les élèves français en fin de CM1 figurent désormais en avant-dernière position des pays de l'ECDE, seul le Chili demeurant derrière nous.
01:27:58 Pas mieux en fin de quatrième, où seuls 3% des enfants sont au niveau avancé en sciences, alors qu'ils sont en moyenne 10% dans les pays de l'Union Européenne et de l'ECDE.
01:28:06 On retrouve cette catastrophe dans l'enseignement supérieur, où tous mes collègues peuvent témoigner des lacunes des étudiants en premier cycle,
01:28:12 ou dans nos classes préparatoires, ou certaines peines désormais à recruter.
01:28:15 Comment se périformer des citoyens acteurs dans un monde dominé par les sciences et les techniques ?
01:28:19 Des citoyens éclairés, aptes à réagir à l'offre extrémiste et complotiste.
01:28:23 Pour exemple, 47% d'entre eux refusent encore d'accepter le réchauffement climatique.
01:28:26 1 sur 4 met en cause la théorie de l'évolution. 1 sur 6 atteste d'une terre plate.
01:28:31 Alors que nous savons que la plasticité neuronale est majeure jusqu'à l'adolescence, mais que nos enfants ne sont amenés à côtoyer dans ces années quasiment que des enseignants issus de filières littéraires,
01:28:39 n'est-il pas temps de plaider pour une stratégie d'urgence permettant un accès organisé à travers nos plus de 1700 structures dédiées à une culture scientifique, technique, industrielle et sanitaire des plus essentielles ?
01:28:50 Je vous remercie.
01:28:51 Merci, M. le député.
01:28:52 Philippe Emmanuel.
01:28:54 Merci, Mme la Présidente, Mesdames, Messieurs.
01:29:00 Je prends la parole au nom de mon collègue Christophe Marion, qui étant malade, vous prie de l'excuser pour son absence.
01:29:07 Mais prends bien soin de vous écouter, bien sûr, à distance.
01:29:10 M. Marion souhaiterait vous interroger sur l'une des mesures que votre mission a proposées, la création de groupes de niveaux flexibles à compter de la rentrée 2024 en mathématiques et en français.
01:29:23 M. le recteur Gilles Albou, il semblerait que vous ayez déjà expérimenté cette organisation à Mayotte.
01:29:31 Pourriez-vous dès lors nous en adresser un retour d'expérience précis ?
01:29:36 En effet, cette annonce du ministre de l'Éducation nationale inquiète.
01:29:40 Certains se demandent comment pourrait-il y avoir assez de professeurs pour réaliser cette mission, tandis que d'autres s'interrogent sur l'efficacité même de ces groupes de niveaux.
01:29:51 Alors que Mayotte n'est pas particulièrement connue pour attirer massivement les enseignants,
01:29:57 comment avez-vous fait pour mettre en place ces groupes de travail renforcés qui s'élevaient à 6 heures d'enseignement par semaine dans le cadre de votre plan « dire, lire, écrire » ?
01:30:07 Qu'en ont pensé les enseignants et quels effets avez-vous pu constater sur la réussite des élèves ?
01:30:13 Qu'en est-il par ailleurs de la fin prévue pour ces groupes de niveaux ?
01:30:17 On entend qu'ils seront flexibles, mais que ceux-ci sont envisagés pour toute la durée du collège.
01:30:22 Ces groupes n'ont-ils pas vocation au contraire à réintégrer les élèves le plus rapidement possible dans une classe plus homogène ?
01:30:28 Christophe Marion et moi vous remercions.
01:30:30 Merci monsieur le député.
01:30:32 Stéphane Lenormand.
01:30:34 Oui, merci madame la présidente.
01:30:40 Mesdames, messieurs, écoutez, après 35 ans dans l'éducation nationale, ce que j'ai entendu ce matin pour moi c'est un peu un remix, c'est un Star Wars saison 10 ou 11.
01:30:49 J'espère que votre mission va atterrir et débouchera sur des propositions concrètes qui releveront le défi que l'on partage tous.
01:30:59 Je voudrais simplement attirer un peu dans le prolongement de ce qu'a dit le collègue sur la situation des Outre-mer dans votre approche,
01:31:05 par rapport justement à cette recherche d'amélioration du niveau général.
01:31:10 Sachez quand même que dans les Outre-mer, nous avons la même problématique que dans l'Hexagone,
01:31:14 mais qui sont amplifiées par de nombreux phénomènes qui sont naturellement liés à l'insularité, à l'éloignement,
01:31:20 mais qui sont aussi liés à des structures sociales différentes, à des manques d'équipement, à des immensités de territoires.
01:31:26 Et je ne parle pas de la formation des enseignants et la formation continue,
01:31:30 où souvent ça se résume par une petite inspection tous les 3 ou 4 ans.
01:31:33 Et c'est pas forcément l'accompagnement qu'il faut pour aider les enseignants dans cette lourde mission.
01:31:38 Merci.
01:31:39 Merci monsieur le député.
01:31:40 Stéphane Mazart.
01:31:43 Merci madame la présidente.
01:31:44 Ma question porte sur le sujet particulier des lycées agricoles.
01:31:48 Actuellement, pour pouvoir intégrer un lycée agricole, il faut que l'élève propose une candidature spécifique et exigeante via Affenet.
01:31:55 Sans jugement de valeur, on sait juste que la formation spécifique offerte en lycée agricole est assez éloignée
01:32:01 des disciplines validées par le DNB tel qu'il est conçu actuellement.
01:32:05 Aussi, est-ce que l'acceptation dans cette filière très spécifique sera aussi soumise à l'obtention du DNB
01:32:11 comme pour l'entrée en seconde générale classique ?
01:32:14 Et si oui, et en cas d'échec au DNB, est-ce que les candidats au lycée agricole seront intégrés aux fameuses classes prépa lycées ?
01:32:21 Merci.
01:32:22 Merci monsieur le député.
01:32:24 Géraldine Bagné.
01:32:26 Madame, messieurs, dans le cadre du groupe d'études économie du livre et du papier, nous recevions il y a qu'un jour une calligraphe.
01:32:33 Meilleur ouvrier de France.
01:32:34 Cela a été l'occasion de réfléchir à une évolution souvent peu évoquée de notre société moderne.
01:32:39 Voilà plus de 50 ans qu'on n'apprend plus les lier et délier, que l'écriture n'est plus un geste central dans l'apprentissage.
01:32:45 On découle nécessairement des conséquences.
01:32:47 Attention, adresse, minutie du geste manuel, structuration de la pensée s'apprennent différemment.
01:32:53 Il arrive qu'on fasse directement passer au clavier des enfants pour qui le geste d'écriture est un peu difficile.
01:32:58 La trace écrite de nos ancêtres sera bientôt numérique et on y perd sans doute un peu des personnalités qui s'expriment.
01:33:05 Quelle est votre réflexion sur l'évolution intervenue et à venir ?
01:33:09 Quelle place pour l'écriture dans l'exigence des savoirs ?
01:33:12 Merci Madame la députée. Frédérique Meunier.
01:33:16 Merci Madame la Présidente.
01:33:18 Afin de mener à bien cette mission exigence des savoirs, Gabriel Attal a souhaité lancer une consultation de tous les professeurs via un questionnaire qui leur a été adressé.
01:33:30 Malheureusement, de nombreux personnels de l'enseignement ont été oubliés lors de cet envoi.
01:33:36 Ce questionnaire a été vivement critiqué par les enseignants, le jugeant comme une insulte à leur intelligence.
01:33:43 Des questions beaucoup trop orientées, de nombreux sujets pas abordés, notamment le nombre d'élèves par classe, puisque les classes françaises sont les plus chargées d'Europe.
01:33:54 Alors, quel est votre avis sur ce questionnaire ? Avez-vous un retour ?
01:33:58 Pensez-vous que ce retour est biaisé compte tenu du fait qu'il ne concerne pas tous les enseignants ?
01:34:04 Et quel "vous" avez-vous comme regard sur ce résultat ? Je vous remercie.
01:34:11 Merci Madame la députée. Violesse Fildebou.
01:34:14 Merci Madame la Présidente. Dans ma circonscription à Mouveau, près de Lille, j'ai échangé avec l'équipe de direction et les enseignants du Collège Vendermerch,
01:34:22 qui mènent beaucoup d'action pour l'égalité des chances, le socle des connaissances et la citoyenneté.
01:34:27 Suite aux annonces de Gabriel Attal, notre ministre de l'Éducation nationale, vous préparez une réforme d'ampleur du système éducatif français,
01:34:34 centrée sur l'urgence nationale du niveau des élèves. Parmi ces annonces, vous l'avez dit, il y a la mise en place de groupes de niveau au collège,
01:34:41 dès la rentrée 2024, en maths et en français. Les enseignants y sont bien entendu très favorables.
01:34:47 En 6e comme en 5e, maths + français, c'est environ 9 heures par semaine par classe, à multiplier donc par 2 ou 3 pour faire ces groupes de niveau.
01:34:56 Pour les classes de 6e, il y en a 3 à Mouveau, par exemple, il faut au minimum une personne, un enseignant en plus.
01:35:02 Quels seront donc les moyens prévus pour ces groupes ? Moyens supplémentaires notifiés au rectorat ou moyens constants, heures postes ou heures supplémentaires ?
01:35:10 Je vous remercie.
01:35:11 Merci, madame la députée. Emmanuel Pellerin.
01:35:14 Merci, madame la présidente. Madame, messieurs, face aux récentes évolutions du système éducatif français,
01:35:21 qui inclut l'implémentation de nouveaux programmes scolaires de la maternelle au collège, l'introduction de manuels labellisés,
01:35:28 la restructuration des classes en groupe de niveau et les modifications apportées au brevet, je m'interroge sur les méthodes d'évaluation de ces réformes.
01:35:36 Ma préoccupation principale concerne l'amélioration des compétences fondamentales des élèves, telles que l'orthographe, la grammaire et le calcul,
01:35:45 tout en veillant à maintenir un équilibre entre les exigences académiques et le bien-être des élèves.
01:35:51 Ma question est la suivante. Comment le ministère prévoit-il d'évaluer et d'assurer l'efficacité de ces mesures sur le niveau global des élèves,
01:35:59 en prenant en compte à la fois les performances académiques et le bien-être des élèves ? Merci infiniment.
01:36:04 Merci, monsieur le député. Sophie Mette.
01:36:08 Merci, madame la présidente. Madame, messieurs, cela fait deux mois que le ministre d'Education nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal, a lancé la mission Exigences et savoirs.
01:36:18 En assurant sa coordination, vous avez recueilli les résultats des concertations portant à la fois sur l'enseignement primaire, le collège et les lycées.
01:36:25 C'est en tant qu'élu d'une circonscription majoritairement rurale que j'aimerais vous interroger.
01:36:31 Le retour de terrain se voulait massif et quatre thématiques étaient abordées, notamment les pratiques et les organisations pédagogiques.
01:36:38 En la matière, vous avez reçu des témoignages de professeurs de zones rurales.
01:36:43 En tirez-vous des spécificités que nous devons prendre en compte dans le choc des savoirs, que nous appelons de nos voeux,
01:36:49 et de manière plus générale dans les futures législations ou même réglementations ? Si tel est le cas, quelle est votre analyse ? Je vous remercie.
01:36:56 Merci, Madame la députée. Sylvie Bonnet.
01:37:01 Merci, Madame la Présidente, Madame, Messieurs les orateurs. Merci pour les précisions que vous venez de nous apporter.
01:37:09 L'annonce du choc des savoirs et les mises en œuvre dès la rentrée 2024 laissent craindre le risque d'une énième réforme dans l'urgence
01:37:16 qui déstabiliserait encore plus un système déjà très fragilisé. J'aurais deux questions.
01:37:22 La méthode de Singapour a été validée pour l'apprentissage des mathématiques. Le retour à la méthode syllabique pour la lecture est-il prévu ?
01:37:31 La question du travail personnel des élèves semble être encore un tabou. De nombreux parents pensent que les devoirs à la maison sont interdits.
01:37:40 Alors que nous l'avons tous vécu ici, ce sont les exercices faits après la classe qui nous ont permis d'ancrer les apprentissages.
01:37:48 Pensez-vous qu'une évolution des pratiques est possible ? Merci.
01:37:52 Merci, Madame la députée. Fabien Diffilippo.
01:37:55 Bien, merci, Madame la Présidente. Merci aux différents intervenants. Les grands esprits se rencontrent, effectivement.
01:38:02 Comptez sur le premier point aborder l'interdiction des devoirs écrits, en tout cas après la classe et ce travail hors temps scolaire.
01:38:08 Il me semble indispensable, comme elle l'a dit, pour consolider les savoirs.
01:38:13 Il n'est pas question ici de renforcer des inégalités parce que les milieux sociaux familiaux sont aujourd'hui très hétérogènes.
01:38:21 Mais il faut avoir un niveau global qui augmente de nouveau et des savoirs fondamentaux qui soient mieux consolidés.
01:38:27 La deuxième question concerne l'obésité. Elle peut paraître assez éloignée du sujet, mais en quatre ans, chez les moins de 18 ans, elle a été multipliée par quatre.
01:38:36 À l'école, on consacre 30 minutes théoriquement d'activité physique ou en tout cas de mouvement par jour.
01:38:44 Est-ce que vous ne pensez pas que ces activités-là, qui peuvent être chronophages avec le temps de préparer les activités, de se changer, de sortir de la classe,
01:38:52 elles devraient se faire hors champ scolaire avec des associations ou se faire avec l'intervention de personnels extérieurs qualifiés diplômés des dites associations ?
01:39:01 Merci, M. le député. Mesdames et messieurs, c'est à vous de répondre à ces nombreuses questions qui, pour certaines, se recoupent.
01:39:12 Donc je laisse la parole déjà à M. Jeffrey et puis on reprend. D'accord. M. Jeffrey.
01:39:18 Merci beaucoup. Alors je vais reprendre simplement quelques points parce qu'on va se partager les choses.
01:39:24 D'abord sur le questionnaire, parce que vous avez été plusieurs à mentionner le fait qu'il aurait éventuellement été biaisé.
01:39:31 D'abord, ce questionnaire, il a été en grande partie élaboré par nos soins.
01:39:36 Et comme toujours, quand vous posez des questions, si vous voulez qu'un maximum de gens répondent, vous êtes obligés de poser des questions qui sont en nombre limité.
01:39:43 On aurait bien aimé poser 60 questions, mais si vous posez 60 questions, vous êtes sûr que les gens ne prennent pas le temps de répondre.
01:39:47 Donc il faut trouver l'équilibre entre un nombre suffisamment éclairant et en même temps suffisamment faisable pour ne pas prendre trop de temps.
01:39:54 Premier élément. Deuxième élément, on a posé des questions qui étaient pour un stand d'entrée assez ouvert, puisque les professeurs pouvaient choisir telle ou telle réponse priorisée, etc.
01:40:08 Vous avez 81,2% des professeurs qui se disent favorables ou très favorables à la mise en place de groupe de besoins au collège.
01:40:16 Quand on interroge les professeurs du premier degré sur le redoublement, est-il suffisamment préconisé aujourd'hui pour les élèves de grandes difficultés scolaires?
01:40:22 69,7% vous disent que non. 23,6% vous disent que oui, mais certains élèves doivent recevoir des remises personnalisées pour passer en classe supérieure.
01:40:29 Et 6,7% vous répondent que oui. Il n'y a pas de question biaisée, c'est juste, est-ce que vous pensez qu'il est suffisamment...
01:40:36 Enfin, oui, non ou oui, mais il devrait y avoir des aménagements supplémentaires.
01:40:40 Vous avez des questions sur la remise en cause de l'autorité, par exemple, où 48,3% des répondants ressentent une remise en cause de l'autorité de la part de la société.
01:40:51 Quand on les interroge sur la culture générale, ils sont 67,9% à préconiser d'identifier des connaissances incontournables de culture générale qui pourraient être communes à tous leurs élèves.
01:40:59 Etc. etc. C'est public. Donc, je ne pense pas que ce soit biaisé.
01:41:05 En revanche, ce qui est intéressant, c'est que sur un certain nombre de sujets, ça montre une très forte majorité de professeurs qui pensent la même chose.
01:41:17 Et on est quand même sur 230 000 répondants, je rappelle, pour 800 et quelques mille professeurs, d'une part.
01:41:23 Et d'autre part, ça montre aussi que sur certains sujets, comme celui que vous avez évoqué des devoirs écrits à la maison, les constats ne sont plus partagés.
01:41:30 Sur ces sujets-là, on est sur un équilibre. Et on voit bien que ça fait vraiment débat dans le premier degré. On est grosso modo sur à peu près 50/50.
01:41:41 Donc voilà, ce questionnaire, c'est une base parmi d'autres. Il y a eu énormément d'auditions. Il y a eu aussi beaucoup de gens qui nous ont donné des contributions, y compris très spontanées.
01:41:48 Parfois d'ailleurs assez vigoureuses, mais c'est très bien. Et on a évidemment systématiquement tout lu et essayé de prendre en compte le mieux possible ces remarques.
01:41:59 Donc ça, c'est un terme de méthode. Sur le fond, il y a un certain nombre de questions qui ont été posées, donc j'en reprends quelques-unes qui me concernent très directement.
01:42:07 Sur les effets du plan mathématique, je rappelle simplement que les élèves qui ont passé l'université de Pisa, puisque vous avez posé la question de Pisa.
01:42:19 Pisa, donc c'est Pisa 2022. Donc ce sont des élèves qui étaient en seconde en 2022, donc qui sont rentrés au collège en 2017. Très concrètement.
01:42:29 Donc ces élèves là n'ont pas bénéficié du plan mathématique puisque le plan mathématique n'est pas du plan français.
01:42:35 D'ailleurs, le plan français et le plan mathématique sont des plans qui ont trouvé à s'appliquer jusqu'à présent dans le premier degré.
01:42:41 Et on est actuellement à peu près 60% des professeurs du premier degré qui ont bénéficié du plan français, 60% des professeurs du premier degré qui ont bénéficié du plan mathématique.
01:42:49 Et on continue sur cette cadence pour que, comme on s'était fixé d'ailleurs dès le départ, dans deux ans, tous les professeurs des écoles en ont bénéficié.
01:42:55 Ce qui est intéressant, c'est que, et c'est pour ça que je pense qu'il y a des fruits, on a deux thermomètres qui nous donnent des résultats sur les mathématiques.
01:43:05 On a nos propres évaluations nationales d'abord, qui montrent une amélioration constante depuis trois ans des résultats en mathématiques en sixième et plus importante en éducation prioritaire que hors éducation prioritaire.
01:43:17 Le deuxième élément, c'est qu'on a l'enquête PEARLS, l'enquête PEARLS et l'enquête nationale qui a été faite sur les CM1, comme vous le savez.
01:43:25 Pareil, c'est PEARLS 2022, donc sur les élèves qui étaient en CM1 en 2021 et qui, eux, ont bénéficié quasiment pas du dédoublement, puisqu'ils étaient déjà trop tard, mais en revanche, assez nettement du plan mathématique.
01:43:41 Et qu'est-ce qu'on observe ? C'est que la France est le seul pays dans l'enquête PEARLS, le seul pays européen, dont le niveau des élèves a progressé entre 2016 et 2021.
01:43:53 Le seul. Tous les autres pays ont connu une chute de résultats. On aurait dû, logiquement, connaître une chute de nos résultats parce qu'il y avait eu la situation Covid.
01:44:03 Après ça, on aurait pu se dire qu'il y a une chute plus ou moins importante selon la durée de fermeture des écoles.
01:44:08 Non seulement, on n'a pas connu une chute, mais on a connu une progression. D'où le fait qu'on peut se permettre d'être optimiste sur un certain nombre d'éléments de trajectoire dans le premier degré qui sont objectivement réels.
01:44:19 Dernier élément qui est important, c'est que nous arrivons maintenant à un stade où on est capable de voir les résultats des évaluations, y compris par circonscription.
01:44:31 Et donc, de regarder si dans une circonscription, le plan mathématique et le plan français ont été particulièrement développés, on a un effet sur le niveau en mathématiques et en français des élèves.
01:44:39 Et la réponse est oui. Donc, oui, il y a des résultats, mais effectivement, vous avez raison, ils sont centrés sur le premier degré parce que le plan mathématique et français ont été centrés sur le premier degré.
01:44:48 Troisième élément, vous avez été plusieurs, entre ces questions là et les précédentes, parce qu'on avait dit qu'on se permettrait de compléter si on n'avait pas tout dit, à évoquer la question de l'autorité des enseignants et la façon finalement de consolider cette autorité.
01:45:06 D'abord, cette autorité, elle repose sur l'antériorité du savoir. Le professeur, il sait ce que l'élève ne sait pas encore.
01:45:14 Et ce n'est pas parce qu'on a un smartphone dans sa poche et qu'on peut aller voir très rapidement la réponse à une question qu'on sait ou qu'on est capable d'analyser.
01:45:23 Et deuxième chose, l'enseignant, il a une compétence non seulement de transmission, mais d'évaluation des acquis de ses élèves.
01:45:31 Or, il y a deux mesures, comme vous le savez, qui sont effectivement extrêmement importantes. La première, c'est le fait que c'est effectivement le corps professoral qui décide des préconisations pour le passage en classe supérieure ou de l'éventuel redoublement.
01:45:50 Le deuxième élément, c'est que, comme vous le savez également, le ministre a annoncé, c'est-à-dire une mesure qu'on avait proposée, la fin des correctifs académiques et d'ailleurs des consignes académiques,
01:46:03 on va dire dégradant les consignes nationales, à l'examen du diplôme national du brevet. Autrement dit, c'est le professeur qui sait noter, c'est le professeur qui note et c'est la note du professeur qui a retenu.
01:46:18 Plus évidemment, la note des professeurs qui a retenu, puisque par définition, au sein des jurys de professeurs, ils continueront à harmoniser, mais il n'y aura plus de correctif académique.
01:46:28 Et ce sont des éléments qui, évidemment, participent fortement à restaurer l'autorité des professeurs.
01:46:35 Le troisième élément, vous avez mentionné, sur lequel je voudrais revenir, c'est, et Karine Pascal, évidemment, il sera plus long que moi, mais c'est sur les programmes et la place de l'écrit.
01:46:45 Alors, il y a un constat qui est complètement partagé au sein de l'admission, on l'a dit tout à l'heure, c'est, un, qu'il y a des objectifs annuels à l'intérieur des programmes,
01:46:54 deux, que ces programmes soient conçus autour de ce que doit apprendre l'élève, y compris pour être lisible vis-à-vis des familles.
01:47:01 Aujourd'hui, on doit avoir les programmes les plus épais d'Europe, je dis d'Europe parce que je ne veux pas m'aventurer au-delà sur l'OCDE, mais je ne serais pas surpris qu'on ait les programmes les plus épais de l'OCDE.
01:47:09 Ces programmes, honnêtement, quand vous êtes parent d'élève, pour comprendre ce que votre enfant doit savoir à la fin de l'année, il faut quand même y passer un certain temps.
01:47:19 Donc l'idée, c'est qu'on revienne sur des choses qui soient beaucoup plus recentrées, mais construites autour de ce que doit apprendre l'élève en termes d'objectifs annuels,
01:47:27 ou ce avec quoi il a été en contact, parce qu'on sait bien aussi qu'il y a une progression.
01:47:31 Et avec cette logique de clause de revoyure à la fin des cycles, on ne fait pas disparaître les cycles, mais une clause de revoyure.
01:47:37 À l'intérieur de ces programmes, très clairement, nous nous souhaitons, nous avons préconisé et nous souhaitons que la place de l'écrit soit profondément redynamisée,
01:47:47 à tous les niveaux de la scolarité. Parce que si on lit sans écrire, au bout d'un moment, on ne sait plus lire.
01:47:54 Et que la formulation d'une pensée complexe et l'acquisition de la diversification vocabulaire, elle passe par la lecture et par l'écriture.
01:47:59 Et c'est un enjeu d'égalité des chances, dès le départ. Donc très clairement, ce sera au cœur des programmes qui vont trouver à s'appliquer.
01:48:07 Ces programmes seront élaborés selon les garanties habituelles, au sens où ils seront effectivement proposés par le Conseil supérieur des programmes,
01:48:19 qui, comme vous le savez, a des garanties d'indépendance en vertu de la loi, et ensuite soumis à concertation, publiées, etc.
01:48:27 Je rappelle également que ces programmes seront révisés progressivement, par tranches. Maternelle CP, CE1, CE2 pour cette rentrée, la rentrée 2024.
01:48:37 CM1, CM2, 6ème pour la rentrée 2025. 5ème, 4ème, 3ème pour la rentrée 2026.
01:48:45 Vous avez posé la question des spécificités du rural.
01:48:51 Sur le rural, dans les 230 000 réponses au questionnaire, il y avait également deux questions complètement ouvertes,
01:49:01 c'est-à-dire de champs libres, où les personnels pouvaient répondre ce qu'ils voulaient.
01:49:05 Ça, c'est un peu plus long à traiter, parce que vous avez par conséquent 560 000 réponses avec 500 caractères à chaque fois,
01:49:12 donc c'est un peu plus coriace, on va dire. Il y a deux choses qui ressortent assez clairement,
01:49:17 et pas seulement dans ce questionnaire, mais de manière générale, quand on parle de la ruralité, en termes de besoins.
01:49:23 Il y a tout ce qui tourne autour de l'accès à la culture, qui est évidemment un point pour nous important,
01:49:30 et vous savez notamment que dans le cadre du pass culture, c'est un élément qui est évidemment fondamental.
01:49:34 C'est-à-dire rendre accessible, notamment pour des élèves qui sont scolarisés dans le rural isolé, un certain nombre de biens ou d'offres culturelles.
01:49:42 Et le deuxième sujet qui est très récurrent, qui n'est pas un sujet de savoir fondamentaux, mais qui touche à l'ambition des élèves,
01:49:48 c'est la question d'orientation de découverte des métiers. Avec la même question d'ailleurs, c'est-à-dire rendre possible et faciliter
01:49:54 la découverte des métiers de secteurs différents, de spécialités différentes, etc.
01:50:01 Et donc, c'est pas forcément l'objet d'audition d'aujourd'hui, mais c'est l'un des enjeux de la découverte des métiers qu'on est en train de mettre en place par ailleurs.
01:50:09 Voilà. Et avec ça, normalement, je pense avoir tout dit en ce qui me concerne. Mais c'est-à-dire que très partiellement répondre à vos questions.
01:50:18 Je vais essayer de compléter un peu sur les programmes. J'irai très vite parce qu'Edouard a déjà dit beaucoup de choses.
01:50:25 Je reprendrai ce que nous avons évoqué, c'est-à-dire le fait vraiment de renverser la logique et la philosophie de l'écriture des programmes
01:50:33 de manière en effet à ce qu'ils soient beaucoup plus lisibles par les familles, même si c'est souvent un vœu pieux.
01:50:37 Mais là, on va essayer de le réaliser et qu'il soit tourné véritablement vers ce que les élèves doivent savoir à la fin de l'année d'enseignement,
01:50:45 qui est la leur et non pas peut-être se faire un peu plaisir avec tout ce que les professeurs aimeraient enseigner.
01:50:53 Donc ça, c'est le premier axe et c'est un axe important. Ils seront, comme ils le sont toujours, écrits à la fois par des professionnels de terrain encore en classe,
01:51:05 si je puis dire, et puis par des inspecteurs territoriaux et généraux qui, je le rappelle, sont souvent dans les classes,
01:51:11 même s'ils ne sont plus dans la fonction d'enseignant. La question de la rédaction de ces programmes, je ne voudrais pas faire une pirouette,
01:51:22 mais je pense que le temps rapide dans lequel ils vont devoir être réécrits est presque un point positif.
01:51:30 Et que la simplicité, la clarté et, d'une certaine manière, l'efficacité de ces programmes doit être en partie liée aussi au fait que nous allons devoir aller vite
01:51:42 et décider rapidement. Je pense que c'est aussi le cas pour le SOCLE, pour avoir été dans l'écriture du précédent et qui avait duré des mois et des mois et des mois.
01:51:51 Plus on avançait, plus on en mettait. Donc je crois que là, le fait d'avoir à aller vite, d'avoir à trancher et d'avoir à finalement décider de manière très synthétique
01:52:01 de ce que nous devrons mettre dedans est plutôt un atout. La deuxième chose, peut-être un point sur la pratique de l'écrit, qui a déjà été évoquée par Édouard.
01:52:11 Vous avez peut-être eu connaissance du rapport que l'Inspection générale a écrit sur la pratique de l'écriture, notamment en CM,
01:52:17 qui a montré exactement les constats que vous avez partagés avec nous, qui sont ceux d'une absence de pratique de l'écrit.
01:52:24 Les recommandations sont désormais très fortes. Des propositions faites par l'Inspection générale et partagées avec la DGESCO devraient arriver dans les classes
01:52:34 avec presque une charte de l'écriture. Qu'est-ce que chaque enseignant doit faire chaque jour de manière à ce que l'élève pratique l'écriture, de manière,
01:52:42 comme Édouard l'a souligné, à ce que la combinaison écriture et lecture soit beaucoup plus associée ? Et ce, dès la maternelle.
01:52:50 On a peu évoqué la maternelle ce matin. Il y a un plan déjà en cours, les programmes seront revus, et toutes les questions de calligraphie que vous avez posées,
01:53:00 Madame, sont au cœur de ce plan maternel, c'est-à-dire véritablement la pratique par l'élève du dessin qui conduit à l'écriture.
01:53:10 Donc ces éléments-là sont pris en compte, et pas simplement dans la mission exigence des savoirs, c'est peut-être pour ça que nous ne l'avons pas évoqué là,
01:53:16 mais déjà en amont par les politiques que nous avons commencé à mettre en place. Deux autres sujets, si vous voulez bien, et puis je laisse tout de suite la parole,
01:53:23 la prépa seconde que vous avez également évoquée. Pour en dire deux mots peut-être déjà pédagogiques, cette prépa a vocation à se construire autour de trois axes.
01:53:34 Un premier qui est conforter l'acquisition, ou plutôt d'ailleurs corriger l'acquisition des fondamentaux qui n'ont pas été acquis puisque le DNB n'a pas été validé.
01:53:43 Se préparer à la suite, donc c'est vraiment une préparation au lycée, et c'est bien la vocation de cette classe. Et puis le troisième axe, c'est de redonner confiance à ses élèves,
01:53:57 aussi bien parce qu'ils maîtrisent mieux les acquis qu'ils n'ont pas réussi à construire, et parce qu'ils se préparent mieux à la suite de leurs études.
01:54:05 Ça veut dire sans doute, et nous sommes encore en train d'y réfléchir, un premier semestre construit sur l'appui sur ce qui n'a pas été encore acquis,
01:54:17 notamment en termes de fondamentaux, mais aussi en termes de confiance, avec un suivi individualisé fort de ses élèves, de manière à ce que toute difficulté
01:54:25 soit immédiatement repérée et accompagnée, et un deuxième semestre qui commence à orienter vers la seconde, qui sera celle choisie par l'élève et à laquelle il pourra ensuite accéder.
01:54:35 Ça veut dire là aussi, découverte en effet peut-être des métiers, quelques possibilités de classes avec des secondes, découvertes des plateaux techniques pour ceux qui iront en lycée pro,
01:54:46 donc une approche de la seconde qu'ils connaîtront ensuite. Enfin, sur l'évaluation, je ne voudrais pas être trop longue, cette évaluation va des mesures et de leur efficacité,
01:54:57 elle doit être en effet pensée dès la mise en place de ces mesures, et nous sommes tous les quatre très alignés sur cette question.
01:55:04 Ça veut dire que du côté de la DEP, et nous avons déjà travaillé avec Edouard, avec Magna Tomasini, pour que se prépare un suivi de cohorte qui permette d'envisager
01:55:15 de manière très individualisée, bien sûr sur échantillonnage, l'effet de ces mesures. Les évaluations nationales exhaustives seront aussi pour nous des indicateurs forts de la prise en compte
01:55:28 et du progrès qui sera celui de nos élèves. Et enfin, la présence sur le terrain, encore une fois, des inspecteurs est aussi en manière peut-être d'évaluation plus qualitative,
01:55:39 de vérifier l'efficacité de ces mesures.
01:55:44 Merci, Monsieur Dehaene.
01:55:47 Je vais tenter d'aborder quelques-unes de vos excellentes questions. Ce n'est pas facile, en tant que scientifique, j'aimerais avoir du recul et consulter aussi d'autres collègues, mais je vais tenter.
01:55:56 Donc d'abord sur les programmes de mathématiques et la possible difficulté d'arriver à les réformer. On n'est peut-être pas d'accord sur l'urgence, parce que ce n'est vraiment pas facile de faire un bon programme.
01:56:06 Je souhaite très vivement, personnellement, que l'on regarde attentivement ce qui se passe à l'étranger, parce que le cerveau des enfants est le même partout.
01:56:14 Et pour l'apprentissage des mathématiques, on a parlé de la méthode de Singapour. Il y a une organisation extraordinairement rationnelle et efficace de l'apprentissage des mathématiques aux primaires.
01:56:22 Et il faut absolument qu'on regarde comment on s'est fait, comment on s'est organisé, qu'on prenne ce temps et que ce soit intégré dans les programmes français.
01:56:30 J'espère qu'on y arrivera, mais c'est vraiment le but d'arriver à des mathématiques qui soient plus concrètes, qui soient aussi appuyées sur des outils imagés, des outils mentaux dont on connaît l'efficacité.
01:56:41 Par exemple, l'idée qu'un nombre, c'est comme une barre. C'était une clé de la méthode de Singapour, la ligne numérique, etc. Dans ce domaine, l'examen en fin de première va jouer un rôle très important.
01:56:53 Et là aussi, je pense qu'il faut qu'on arrive à sortir des sentiers battus, à ne pas faire un examen, comme d'habitude, avec des maths très abstraites.
01:57:00 Mais au contraire, l'idée, c'était le mot de Caroline Pascal, d'avoir un examen de maths appliquées, qui soit applicable en science, applicable dans tous les domaines,
01:57:07 qui porte donc sur l'interprétation des graphes, sur l'interprétation des probabilités, qui soit aussi peut être plus attrayant pour les élèves parce qu'ils portent sur des vrais problèmes et pas sur des choses extrêmement abstraites.
01:57:17 Donc là, il y a un vrai enjeu aussi d'arriver à trouver des équipes qui répondent à ces questions-là.
01:57:23 Sur les manuels, je réponds brièvement. L'idée de la labellisation des manuels, c'est vraiment d'aider les enseignants.
01:57:30 Et l'ensemble du système, ce n'est pas de les contraindre. Donc la liberté pédagogique est inscrite et reste. Et il ne s'agit pas d'obliger à choisir tel ou tel manuel.
01:57:38 Mais il s'agit de s'appuyer sur les données qui existent et qui sont réelles, sur l'efficacité de telle ou telle méthode et parfois, oui, de tel manuel, pas toujours.
01:57:48 Par exemple, sur Néo, je vais répondre, mais le manuel est trop récent pour qu'on ait du recul du point de vue statistique.
01:57:54 Sur les manuels, de quoi on dispose ? On dispose d'études internationales sur l'efficacité de telles stratégies. Elles sont toutes très convergentes et convergentes aussi avec des statistiques françaises.
01:58:03 Par exemple, sur la lecture, vraiment, les données sur la lecture sont extrêmement claires et tout ça avait été dit d'ailleurs par l'Observatoire national de la lecture depuis 20 ans.
01:58:10 Donc, ça n'a fait que se consolider. Il y a la nécessité d'inclure rapidement des correspondances graphéme phonème à un rythme très rapide, deux fois par semaine minimum, deux par semaine.
01:58:22 Et tout le monde est d'accord là-dessus. On ne parle pas d'ailleurs de méthode syllabique, puisque le mot a été évoqué, mais on parle de méthode phonique ou graphophonologique.
01:58:29 Et bien sûr, ça n'est absolument pas opposé à la compréhension. Donc, il y a un texte du Conseil scientifique auquel je vous renvoie là-dessus.
01:58:37 Décodage et compréhension vont main dans la main. Il y a juste une étape très importante, six mois de focalisation sur apprendre le code du français.
01:58:46 Et ensuite, on peut comprendre ce qu'on lit. Voilà. Donc là, il s'agit simplement d'apporter une aide comme on l'a fait depuis le départ en attirant l'attention sur ces données scientifiques.
01:58:56 Et maintenant, en attirant l'attention sur le fait qu'il y ait des manuels qui respectent mieux ou pas que d'autres ces résultats scientifiques.
01:59:04 La place de l'écriture est centrale. On le sait d'ailleurs par des études scientifiques. Elle est indispensable au départ parce que ça aide à apprendre à lire, d'avoir un geste d'écriture.
01:59:14 Ensuite, il ne faudrait pas qu'on se focalise trop sur ce geste d'écriture par un outil, comme on dit en éducation, l'outil scripteur, n'est-ce pas ? Un stylo ou un crayon.
01:59:23 Je regrette personnellement que l'Éducation nationale ne soit pas capable d'apprendre à tous les élèves à taper correctement avec un clavier, avec tous ses doigts, parce que c'est extrêmement efficace.
01:59:32 Il y a des méthodes pour cela. Il est important de penser aux enfants avec dyspraxie, qui sont quand même assez nombreux et qui risquent d'être bloqués dans leur scolarité si on insiste sans cesse sur le stylo.
01:59:42 Il faut être flexible dans ce domaine, mais on peut écrire, bien entendu, avec un clavier. La création de textes, la compréhension de ce qu'on écrit, le vocabulaire sont les points centraux.
01:59:53 De ce point de vue-là, on a parlé à un moment brièvement du retour à la dictée. Je ne retrouve plus dans mes notes, évidemment, mais oui, c'est le savoir fondamental et le niveau regrettable de maîtrise du français.
02:00:06 L'obsession pour l'orthographe et pour la dictée est une obsession française, qui n'est pas le cas dans beaucoup d'autres pays. Elle est à notre sens exagérée. On en parlait encore hier au Conseil scientifique.
02:00:17 Il doit être possible d'insister sur le vocabulaire et sur la compréhension plus que sur la dictée, qui est un exercice assez stérile. La simplification de l'orthographe devrait être aussi réexaminée, puisqu'on n'arrive même pas à appliquer ce qui a été proposé en 1990 et accepté en 1990.
02:00:35 Donc là, il y a quand même des pistes pour se centrer à nouveau sur l'essentiel et la dictée. Je suis heureux de le dire, même si c'est une sorte de réflexe dans l'éducation nationale.
02:00:45 Revenir à la dictée, ce n'est pas du tout un travail essentiel à notre point de vue. Quoi d'autre ? Sur l'IA. Sur l'IA, c'est très intéressant. Tu vas en parler certainement, Gilles.
02:00:56 Il y a là des pistes extrêmement intéressantes. Et je suis très content qu'avec cette mission, on soit allé au-delà du réflexe que j'ai entendu plusieurs fois, qui était « l'IA, ça va simplement être des élèves qui trichent avec l'intelligence artificielle ».
02:01:08 Ça va évidemment bien au-delà de ça. Ça va révolutionner l'éducation. Ça commence à le faire avec la possibilité d'avoir des exerciceurs pour chaque élève.
02:01:17 Et le fait que chaque élève soit personnalisé, mis au travail, est extrêmement important du point de vue de l'apprentissage, parce que ça veut dire un retour sur erreur très efficace.
02:01:25 C'est évidemment très difficile pour un enseignant de donner un retour à chaque élève, à chaque instant, ce que peut faire l'intelligence artificielle.
02:01:32 Et dans le domaine de l'accessibilité, et notamment de l'accessibilité pour l'apprentissage des langues, c'est très intéressant d'avoir soit des machines avec qui on peut converser dans une langue étrangère,
02:01:43 soit simplement la mise en connexion avec un locuteur natif. Et on a parlé de ça dans le domaine de la mission. J'aimerais bien qu'on puisse le mettre en place, peut-être sous forme d'expérimentation,
02:01:51 que des classes qui sont isolées, rurales par exemple, puissent avoir un locuteur natif, à condition qu'il y ait un outil extrêmement efficace qui permette de connecter la classe avec un locuteur natif à distance.
02:02:01 Ça se fait dans certains pays. On a parlé de Uruguay en particulier, qui est entièrement équipé en informatique extrêmement transparente pour l'éducation.
02:02:09 Il faudrait peut-être y penser dans notre pays aussi, pas seulement de s'équiper, mais d'avoir des outils très fluides et d'adopter l'approche qui a été celle de l'Uruguay.
02:02:17 Et puis, je termine sur l'évaluation. Pour le Conseil scientifique de l'éducation nationale, c'est un point clé. Et on est effectivement très bien doté en France avec l'ADEP,
02:02:27 un outil statistique pour surveiller, comme le lait sur le feu, année après année, les progrès des élèves. Malheureusement, évaluer une politique, c'est plus compliqué que ça.
02:02:35 Évaluer une politique, ça voudrait dire pouvoir comparer des élèves qui ont ou qui n'ont pas fait l'objet d'un changement. Or, lorsqu'on change la totalité d'un pays en même temps,
02:02:45 ce n'est pas possible. Donc, il faut peut-être avoir une réflexion un petit peu plus distanciée vis-à-vis de ça, accepter que, par exemple, une cohorte d'élèves commence tout de suite
02:02:53 et l'autre cohorte commence l'année suivante, ce qui permettrait d'étudier les effets des décisions politiques. Sinon, on risque d'avoir des variables confondues.
02:03:03 Et c'est très difficile à ce moment d'évaluer l'effet de telle ou telle politique. Je termine en disant simplement que la France s'est dotée d'un bel outil, de ce point de vue-là,
02:03:11 qui s'appelle IDEE, qui est un outil de sciences sociales dirigé par Marc Urgan et Adrien Pavlik, sous l'influence d'Esther Duflo, vous connaissez le prix Nobel d'économie,
02:03:21 pour justement aider à évaluer les politiques en matière d'éducation, randomiser, mesurer, savoir comment mesurer. Tout ça demande une organisation scientifique
02:03:30 qui n'est pas négligeable. Il y a vraiment beaucoup d'attention parce que je crains qu'on ne soit pas tout à fait en mesure d'évaluer toutes les décisions qui ont été prises.
02:03:40 Tout a pratiquement été dit. Je vais essayer de rebondir sur quelques points qui demandent précision. D'abord, évidemment, les sciences. Merci pour la question.
02:03:52 J'en avais parlé, évidemment, en propos introductif, parce qu'évidemment, dans la culture générale, dans ce qui nous anime, il y a bien évidemment la culture scientifique
02:04:02 et même, on va dire, en amont de la culture scientifique, le raisonnement appuyé sur les faits scientifiques et l'esprit critique, comme on l'a dit.
02:04:12 Donc ça doit faire, évidemment, partie du socle. On l'a dit, on l'a écrit et ce sera évidemment dans ce qui va animer la rédaction des programmes.
02:04:23 Et évidemment, d'où l'intérêt aussi de cette épreuve en première, en fin de première, qui doit tirer tout ceci avec, évidemment, la vérification,
02:04:35 l'acquisition des objets mathématiques, Stanislas l'a dit, dans leur manipulation, mais aussi dans la manière d'appréhender les problèmes
02:04:47 et aussi la manière de construire un raisonnement logique, de lire un texte et de lire un texte scientifique et donc de vérifier cette culture scientifique commune.
02:04:59 Ça se travaille, évidemment, pas uniquement sur l'année de première, ça doit se travailler sur tout un cursus.
02:05:05 Ça veut dire, évidemment, qu'il faut travailler en amont sur la formation des enseignants et la diversité du recrutement.
02:05:11 Donc nous, on n'a pas travaillé sur le recrutement et la formation initiale. On a fait quelques propositions, par contre, sur la formation continue.
02:05:20 Caroline et Edouard en ont parlé et il y aura, on va dire, une suite à ce travail, notamment autour des labos mathématiques, puisqu'on en parle,
02:05:33 et qui doivent s'étendre autour des IREM et qui deviennent des IRES. Ça doit vous faire plaisir, monsieur le député, puisque, voilà, au-delà des maths,
02:05:43 on parle de science et aussi, puisque ça a été évoqué, je le redis, l'accueil dans nos établissements d'associations qui doivent venir faire de la médiation scientifique.
02:05:57 Alors j'ai cité la main à la patte parce que, évidemment, notre collègue Etienne Viss, que nous avons auditionné en est le porteur,
02:06:04 mais aussi de Matangine, qui est porté notamment par les collègues de la Société mathématique de France et d'autres très, très belles expériences.
02:06:14 Sur l'IA, quelques témoignages. L'IA, évidemment, c'est aussi un outil d'apprentissage en autonomie.
02:06:24 Alors moi, j'ai pu assister à des très, très belles démonstrations, notamment sur Matilla, sur la Lilo et sur Iota, qui sont aujourd'hui en phase d'expérimentation dans les écoles.
02:06:40 Et évidemment, des outils sont en développement. Je voudrais revenir aussi sur l'intelligence artificielle générative.
02:06:49 Tu en parlais tout à l'heure et vous montrez aussi, témoigner de belles expériences que nous menons, que nous menons dans l'académie, mais qui se mènent aussi en France.
02:07:01 Avec, là aussi, vous prenez un groupe en grande difficulté et d'abord, vous le familiarisez à l'intelligence artificielle.
02:07:10 Alors évidemment, on a des outils qui sont adaptés. Des élèves qui peuvent être des élèves en situation de handicap ou des élèves décrocheurs, et vous leur faites construire un compte.
02:07:26 Alors vous allez me dire, ah ouais, alors là, ça veut dire qu'ils vont ne plus apprendre à écrire.
02:07:32 Et donc, l'intelligence artificielle générative va, sur la base de certains mots-clés, rédiger un compte.
02:07:39 J'ai pu assister, je témoigne, de l'intérêt suscité par les élèves de voir, finalement, à partir de quelques mots-clés, ce qui était écrit,
02:07:52 et de découvrir ainsi, de redécouvrir le goût de la lecture et d'aller vérifier, finalement, dans ce qui a été écrit, si ça correspondait bien à ce qu'ils avaient eux-mêmes en tête.
02:08:01 Donc il y a aussi cette interaction, finalement, entre l'élève, le but qu'on s'était fixé, de comparer ce but à ce que l'intelligence artificielle, finalement, a sorti.
02:08:12 Et ça amène, là aussi, à travailler sur l'esprit critique, et ça réconcilie aussi un certain nombre d'élèves avec l'écriture,
02:08:19 et des élèves qui, de fait, après rebondissent, vont écrire leur propre compte.
02:08:24 Donc voilà, on vit avec l'intelligence artificielle, et il faut familiariser les élèves avec cet outil.
02:08:30 Et c'est un outil qui peut permettre aussi beaucoup, beaucoup de déblocage.
02:08:34 Et puisque je parle d'expérimentation, Stanislas l'a dit, on est tous les quatre persuadés que, évidemment, toutes nos préconisations se basent sur à la fois l'expérimentation,
02:08:49 mais derrière l'évaluation de ces expérimentations et la formation de ceux qui vont les appliquer.
02:08:56 Et ça me permet de rebondir sur les questions qui ont été posées sur l'outre-mer, qui est, évidemment, avec la ruralité,
02:09:02 il y a beaucoup de points communs, de fait, entre l'outre-mer et la ruralité, un magnifique champ d'expérimentation.
02:09:08 Alors j'ai eu la chance d'avoir une belle expérience en outre-mer, et puis maintenant dans un territoire où il y a beaucoup de ruralité,
02:09:15 et où on peut mener de belles expérimentations.
02:09:19 Et donc, puisque vous m'avez interrogé sur le plan "dire, lire et écrire", d'abord dire, parce qu'il se dit beaucoup de choses,
02:09:24 qu'évidemment, on ne va pas imposer Néo à tous les écoliers de France-Roume-Navarre, et d'ailleurs on ne l'a pas imposé.
02:09:33 Alors Néo, c'est le manuel que nous avons choisi collectivement à Mayotte pour l'ESCP.
02:09:41 Nous l'avons acheté, nous l'avons acheté pour tous les élèves, parce que les élèves n'avaient souvent pas de manuel.
02:09:48 Et donc ça a été notre première volonté, d'équiper les élèves de manuel, d'avoir un livre, et d'avoir un livre sur lequel on pouvait suivre.
02:09:57 Et ce manuel, on l'a choisi avec les inspecteurs, on l'a choisi aussi avec les conseils de l'inspection générale.
02:10:03 Je tiens à le dire, on a été fortement accompagnés, et évidemment, je le dis aussi, les équipes qui avaient l'habitude de travailler sur un manuel,
02:10:12 et évidemment qui en étaient satisfaits, ont continué à travailler avec ce manuel.
02:10:17 On n'a pas imposé un manuel à des équipes qui ne l'ont pas voulu.
02:10:21 Par contre, le fait d'avoir choisi un manuel, et de l'avoir choisi tous ensemble, ça nous a permis aussi, plus efficacement, d'accompagner des collègues.
02:10:30 Parce qu'on a, et vous le disiez en Outre-mer, des collègues qui sont souvent en difficulté.
02:10:35 Alors pourquoi plus qu'ailleurs ? Parce qu'on a beaucoup plus de contractuels qu'ailleurs.
02:10:39 Puisque, vous le disiez, on a aussi du mal à recruter.
02:10:42 Malheureusement, c'est aussi ce qui arrive sur des territoires un peu reculés, et ce qui nous permet d'accompagner les collègues.
02:10:49 Sur le plan "dire et réécrire", il y avait évidemment le dispositif, il y avait à peu près 6 dispositifs.
02:10:58 Il y a le dispositif 100% lecture en CP.
02:11:00 Vous me demandiez les résultats, ce qu'on a pu voir sur l'évolution après ces dispositifs.
02:11:10 Et Edouard le disait, il n'y a pas que ce qu'on a fait nous-mêmes, il y a aussi ce qui a été engagé au niveau de la DGESCO, avec le plan Maths et le plan Français.
02:11:19 Et l'accompagnement de l'inspection générale.
02:11:22 En deux ans, on est passé en lecture de la moitié des élèves qui arrivaient à lire en CE1 à maintenant deux tiers.
02:11:33 En deux ans, à moitié, deux tiers.
02:11:36 Et à l'AMICP, un tiers d'élèves qui étaient, on va dire, à l'aide sur les automatismes des déchiffrages, à maintenant la moitié.
02:11:44 Là aussi, en deux ans, un tiers, la moitié.
02:11:46 Et sur le collège, vous nous interrogez beaucoup sur les groupes de niveau.
02:11:53 Je voudrais revenir là-dessus, puisque vous nous interrogez sur les groupes qu'on a appelés les groupes petits lecteurs, petits scripteurs,
02:12:00 et les groupes de besoins, quand on a expérimenté ça aussi à Mayotte.
02:12:05 Une de nos motivations, c'était aussi de réconcilier les parents avec l'école.
02:12:13 Et je le dis, parce qu'on a beaucoup parlé ici de mixité, la mixité sociale et la mixité scolaire ne s'imposent pas.
02:12:22 Et qu'au bout d'un moment, quand les parents ont l'impression que leurs enfants vont être attirés et tirés vers le bas dans la classe,
02:12:31 parce qu'il y a trop d'élèves en difficulté, en fait, ils vont mettre leurs enfants ailleurs.
02:12:35 Et quand on est à Mayotte, ils vont les envoyer en métropole, y compris quand ça coûte très cher aux familles, avec toute la peine de l'éloignement.
02:12:47 Donc il faut réconcilier. Alors j'entends que ça va profiter peut-être aux bons élèves, mais déjà ça les sécurise. Et ça, c'est important.
02:12:57 Et puis, vous nous parlez des moyens. Mettre en place des groupes de niveau, ça permet aussi, et c'est toute la politique de l'égalité des chances qui est menée,
02:13:10 à partir évidemment des doublements de CP, CE1 et grandes sections, c'est aussi que les moyens qui vont être mis sur ces groupes soient orientés vers ceux qui en ont le plus besoin.
02:13:22 C'est ce qui vous a été présenté, c'est-à-dire des groupes à plus petits effectifs pour les élèves qui sont en plus grande difficulté,
02:13:29 et des groupes, on va dire, à taille normale pour les élèves qui n'ont pas de difficulté pour suivre.
02:13:36 C'est ça que nous avons fait. Ça ne génère pas, ça n'engendre pas automatiquement plus de moyens, surtout dans un territoire où il y a déjà beaucoup d'élèves en difficulté.
02:13:45 Par contre, ça demande une organisation, ça demande un travail a priori, ça demande un travail de formation des élèves.
02:13:52 Et c'est là-dessus, évidemment, qu'on est en train de réfléchir et qu'on a fait un certain nombre de préconisations et qu'on va accompagner, évidemment,
02:14:00 les équipes pour mettre en place ces dispositifs à partir de la rentrée prochaine, forts des quelques expériences qui ont été menées.
02:14:08 Merci beaucoup. Oui, monsieur Dehenn, vous pouvez tout à fait rajouter quelque chose.
02:14:18 Excusez-moi d'en prendre encore un peu de votre temps, mais il y a un point très important qui a été souligné par Gilles et sur lequel je voulais attirer l'attention.
02:14:25 Vous avez posé des questions sur l'attractivité du métier d'enseignant. Et c'est vrai que c'est un très gros problème puisqu'il y a des postes qui ne sont pas remplis.
02:14:32 C'est vraiment une question fondamentale qui n'était pas posée à la mission. Il est évident que le salaire joue un peu ou même beaucoup, que les conditions de travail jouent beaucoup.
02:14:42 Mais il y a un point qui est quand même essentiel et je crois que Gilles l'a abordé, c'est le sentiment d'efficacité personnelle.
02:14:48 Mon expérience pour avoir travaillé avec des enseignants dans le cadre de diffusion de méthode de lecture expérimentale avec le laboratoire, c'est la même que ce que tu as dit avec le manuel Néo.
02:14:57 C'est-à-dire que quand on donne aux enseignants une bonne méthode qui fonctionne bien, ils se sentent beaucoup mieux.
02:15:03 Ils sont parfois sceptiques au départ pour participer à une expérimentation et au bout d'un an, quand ils voient des résultats auprès de leurs élèves et notamment des élèves défavorisés, ça change tout.
02:15:11 Et donc, je pense que ce sentiment d'efficacité personnelle, si on arrive à le restaurer par le biais de certaines des mesures qui sont proposées, on résoudra en partie le problème de l'attractivité du métier d'enseignant,
02:15:20 en tout cas de la fuite de certains enseignants qui n'en peuvent plus.
02:15:24 Oui, merci beaucoup. Et moi, je voulais ajouter un complément quand même et rappeler que dans le conseil supérieur des programmes, nous avions trois députés, puisqu'il y a cinq parlementaires qui siègent.
02:15:36 Et je rappelle le nom de nos trois députés. C'est Madame Fatia Kelouachi, M. Christophe Marion et M. Alexandre Portier.
02:15:43 Voilà donc qui, je n'en doute pas, seront très vigilants et attentifs et nous ferons des retours réguliers, je l'espère, de cela.
02:15:52 En tout cas, moi, je tiens vraiment à vous remercier pour la qualité des échanges et les réponses que vous avez pu nous apporter en cette fin d'année sur cette mission Exigence des savoirs.
02:16:02 Et je dis à mes collègues que nous pourrons poursuivre nos échanges sur ce sujet dès la rentrée, puisque nous entendrons M. Gabriel Attal dès notre première réunion de 2024, le mardi 16 janvier.
02:16:13 Voilà, et donc, je vous souhaite à toutes et à tous une excellente fin de journée.
02:16:17 ni.