L'invité de 7h45
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00:00 Nicolas Crosel, notre invitée donc, la députée Renaissance du Vignoble Nantais, Sophie Erente.
00:04 Merci d'être là, bonjour à vous Sophie Erente.
00:06 Bonjour Monsieur Crosel.
00:07 Il y a trois jours, vous avez voté contre la loi immigration, vous faites partie des
00:11 20 députés Renaissance et des 27 si on compte les collègues d'Horizon et du Modem à avoir
00:16 fait ce choix lourd en politique quand même, voter contre une loi du gouvernement quand
00:20 on est député de la majorité.
00:21 Est-ce que depuis vous avez eu un coup de fil d'Emmanuel Macron ou d'Elisabeth Borne ?
00:24 Non, je n'en attends pas.
00:26 Et vous avez eu des pressions des cabinets, des remarques ?
00:29 Pas du tout.
00:30 Est-ce que cette prise de position a été douloureuse pour vous ?
00:35 Oui parce qu'en fait, alors dans votre introduction vous parliez du texte du gouvernement, en
00:40 fait ce n'est pas le texte du gouvernement puisque celui-là je l'aurais voté.
00:44 Ah vous l'auriez voté celui-là ?
00:45 Celui-là on s'était mis d'accord sur un compromis donc ce n'est pas le texte du gouvernement
00:49 qui est sorti de la CMP.
00:51 Et c'est bien ça mon problème, mon gros problème.
00:54 C'est tout le parcours parlementaire en fait.
00:58 Aujourd'hui on nous a convaincus, ou en tout cas on nous a demandé de voter un texte qui
01:05 est issu du Sénat et non pas de l'Assemblée Nationale au départ.
01:08 Un compromis entre celui du Sénat et ce qui est sorti de la CMP.
01:11 Oui mais de rien.
01:12 C'est-à-dire nous n'avions pas de texte issu de l'Assemblée Nationale.
01:15 A mettre en balance.
01:16 Le seul texte qui était issu de l'Assemblée c'est celui de la Commission des lois qui
01:21 n'est pas le texte qui a été mis en balance à la CMP.
01:24 C'est ça qui me gênait profondément.
01:26 C'est-à-dire que nous parlementaires, comment dirais-je, députés, nous sommes élus au
01:30 suffrage direct.
01:31 Et ce suffrage-là pour moi il a été balayé en fait.
01:35 Il a été balayé par exemple aussi pour la réforme des retraites ou pour d'autres sujets.
01:39 Mais j'aurais voulu voter.
01:41 Ça aussi.
01:42 Ça, ça fait partie des sujets.
01:43 Mais là on est sur une loi immigration qui était déjà compliquée, pour laquelle j'aurais
01:49 aimé qu'on ait peut-être une autre manière de faire les choses.
01:53 C'est-à-dire d'abord de ne pas commencer par la soumettre à l'avis du Sénat, mais
01:58 commencer par l'Assemblée nationale.
01:59 - Dont on sait que le Sénat est à droite et qu'on savait qu'il allait forcément durcir
02:03 ce texte.
02:04 Vous parlez quand même dans votre communiqué d'un texte qui va à l'encontre des fondements
02:08 de votre engagement politique et des valeurs qui fondent votre intégrité morale.
02:11 Ce n'est pas des mots à la légère.
02:13 - Ah non.
02:14 Ah non non.
02:15 Parce qu'en fait, pour moi, si vous voulez, mon engagement il est surtout de réussir
02:19 à convaincre que pour des problèmes complets.
02:22 Je ne nie pas qu'il y a des problèmes, il y a des solutions qui ne sont surtout pas
02:26 simplistes.
02:27 Que là, nous avons fait le choix de tendre la main à des théories, à des options législatives
02:36 qui sont de l'ordre de la séparation des peuples.
02:42 Il y a vraiment un sujet qui me heurte en fait.
02:45 - Vous vous reconnaissez dans ce qu'ils disent qu'il y a une sorte de victoire idéologique
02:51 de l'extrême droite, du Rassemblement National dans certains, au moins, des articles de cette
02:56 loi ?
02:57 - Évidemment, ils sont 88, ils ont voté à 88 voix.
02:59 Il n'y a même pas eu un espace qui les a fait hésiter.
03:05 Les LR, de la même manière, il n'y a pas un vote contre.
03:08 Je veux dire, il n'y a même pas eu de questionnement de leur part.
03:11 Et moi, ma grande souffrance, parce que c'est quand même ça dont il s'agit, c'est que
03:16 je n'ai même pas, aujourd'hui, face à mes électeurs, aux citoyens que je représente,
03:21 160 000 habitants, je ne peux même pas leur dire "voilà ce qui s'est passé dans l'hémicycle".
03:26 Il n'y a pas eu ce débat-là.
03:27 - Et quand Emmanuel Macron dit que c'était le bouclier dont on a besoin, cette loi, et
03:31 que ce qui peut vous choquer, ça va tomber au Conseil Constitutionnel, ou on va le retravailler
03:36 après, vous dites quoi ? C'est trop facile ?
03:38 - Alors, je ne dis pas que c'est trop facile, je dis que ce n'est pas une bonne manière
03:42 de légiférer.
03:43 Nous légiférons mal sur ce sujet-là, c'est une mauvaise manière de faire.
03:48 Je n'attends pas d'un Conseil Constitutionnel qui vienne nettoyer une loi mal votée.
03:52 J'attends d'un Conseil…
03:53 - Et encore moins qu'il soit saisi par celui qui est à l'origine de la loi ?
03:55 - Mais parce qu'évidemment, nous étions dans un process législatif qui est heurté,
04:01 qui n'est pas normal.
04:02 Je n'ai jamais vécu cette situation-là.
04:05 - Et est-ce que vous comprenez que la CGT, par exemple, appelle à la désobéissance
04:08 civique, que les départements, Michel Ménard, conseil départemental de l'Europe Atlantique
04:11 ont dit "on n'appliquera pas les restrictions dans le versement de l'APA aux étrangers
04:16 ? L'allocation d'autonomie ?
04:18 - D'abord, je pense qu'il faut attendre que le Conseil Constitutionnel se prononce.
04:24 En fait, moi j'ai plusieurs problèmes, c'est qu'on nous a présenté cet accord de la CMP
04:30 à notre groupe en nous disant "ne vous inquiétez pas, il y a des choses horribles dans le texte,
04:35 mais un, le Conseil Constit va nettoyer, deux, on n'est pas obligé d'appliquer tous les
04:39 articles".
04:40 - C'est pas comme ça que ça marche.
04:41 - Non, en fait.
04:42 - Et comment on recolle les morceaux après, Sophie Errante, comment on recolle les morceaux
04:47 pour les trois ans et demi qui restent ? Parce que la majorité relative c'est un fait, donc
04:52 les compromis avec la droite ça va être un fait.
04:54 On en a parlé ensemble plusieurs fois, on vous disait "est-ce que la Macronie tente
04:58 pas un peu vers la droite ?" Vous, vous venez de la gauche, vous étiez député à l'époque
05:02 sous François Hollande, vous venez de la gauche et vous vous disiez "mais non, quand on regarde
05:05 le fond, c'est nous la vraie gauche".
05:06 Est-ce qu'aujourd'hui encore, vous pouvez vous dire ça, ou vous voyez que ça tangue,
05:10 ça dévie et il n'y a pas d'issue sur ce quinquennat ?
05:12 - Alors, jamais je ne suis défaitiste.
05:15 Moi, je ne crois pas qu'on puisse se dire "c'est la fin des haricots, rien ne va plus
05:19 et tout est acheté à la poubelle".
05:21 Par contre, je pense qu'il va falloir qu'on s'explique.
05:23 C'est-à-dire qu'il y ait une clarification et une explication.
05:27 Que s'est-il passé ? Pourquoi on est allé jusque-là ? Moi, un texte coûte que coûte,
05:31 ce n'est pas possible.
05:32 Et pas sur cette thématique-là, encore une fois.
05:35 Donc, oui, je suis une femme de gauche et je reste une femme de gauche, mais une gauche
05:40 qui est en responsabilité, le premier homme qui m'a donné envie de m'engager, c'est
05:44 Dominique Choscan.
05:45 Donc, je n'ai pas l'impression d'être complètement diamétralement opposée au projet politique
05:49 qu'il portait à l'époque.
05:50 Donc, le projet politique, ce n'est pas le projet politique qui n'est pas bon.
05:54 C'est ce que nous en faisons et comment nous le mettons en œuvre.
05:57 - Il faut une dissolution pour clarifier la majorité ?
05:59 - Non, je pense qu'il faut qu'on se parle.
06:01 Il faut qu'il se passe quelque chose après ce vote-là et ça ne peut pas être du circuler,
06:06 il n'y a rien à voir.
06:07 - Vous êtes déçue d'Emmanuel Macron ? Vous avez été l'une des premières à le rejoindre
06:09 il y a six ans ?
06:10 - Ben, disons que je suis chamboulée.
06:14 Je suis chamboulée parce que ce n'est pas le contrat de politique que nous avons scellé.
06:22 Moi, je le connais depuis 2014.
06:24 Il a été mon ministre de l'économie d'abord.
06:26 J'ai créé le pôle des réformateurs.
06:29 C'est aussi parce que nous étions des réformateurs et dans la ligne d'un projet politique chose
06:35 canien.
06:36 Là, aujourd'hui, j'ai besoin qu'on s'en reparle pour se dire si on est vraiment dans
06:40 le même projet politique.
06:41 - Je vous remercie beaucoup pour votre franchise.
06:43 Merci d'être venue ce matin.
06:45 - Merci à vous de m'avoir invitée.