• il y a 9 mois
James Cameron est l'homme de tous les records, que ce soit au cinéma ou au fond des océans. Mais en dehors des chiffres, James Cameron est surtout un artiste, un auteur, avec une vision du monde bien singulière, avec des obsessions qui lui sont propre et qu’il n’a jamais cessé de mettre en avant dans ses films. L’objectif de cette vidéo va être de comprendre ces obsessions et de mettre en parallèle des oeuvres qui forment un tout des plus cohérent.

Musiques :

- Corbyn kites instant crush
- Spaceship - jlsmrl
- 'Escape Velocity' by Scott Buckley - released under CC-BY 4.0. www.scottbuckley.com.au
- 'Electric Dreams' by Scott Buckley - released under CC-BY 4.0. www.scottbuckley.com.au
- 'Goliath' by Scott Buckley - released under CC-BY 4.0. www.scottbuckley.com.au
- 'Effervescence' by Scott Buckley - released under CC-BY 4.0. www.scottbuckley.com.au

Sources :

- https://fr.wikipedia.org/wiki/James_Cameron
- https://www.jamescameron.fr/genese/xenogenesis
- https://alextoons.com/blog/2023/1/20/tech-noir-the-art-of-james-cameron-pt4
- https://youtu.be/nIEbpGdctyg?si=9v19mz3et8MBJvyD
- https://youtu.be/dkHeJOFsQPc?si=DvhHlkKRWEOn7ujv
- https://youtu.be/gIi36H5lvxY?si=HrrkwHtJx6kntPG4
- https://youtu.be/5bxaE-LFnxc?si=c3g7vZ3CrVlI2iEf
- https://youtu.be/YiT3uzZtRb0?si=uvSBCHAl_z44qPuQ
- https://youtu.be/wrAmGIIyz_w?si=HPEIJYtZU75olyeJ

L'oeuvre de James Cameron :

- Xenogenesis (1978)
- Piranha 2 : Les Tueurs volants (1981)
- Terminator (1984)
- Aliens, le retour (1986)
- Abyss (1989)
- Terminator 2 : Le Jugement dernier (1991)
- Trues Lies (1994)
- Titanic (1997)
- Les Fantômes du Titanic (2003)
- Aliens of the Deep (2005)
- Avatar (2009)
- Avatar : La Voie de l'eau (2022)

#JamesCameron #Terminator #Avatar #Aliens
Transcription
00:00 Le chemin vers le succès est comme Harold et le crayon vert.
00:06 Vous le dessinez pour vous-même.
00:08 Vous devez imaginer d'abord, puis le dessiner, puis le marcher.
00:12 Mais je pense que beaucoup de gens dessinent de nombreuses lignes qui ne sont pas forcément les premières,
00:17 mais les premières sont réalisées par ce processus.
00:21 Pas pour tout le monde. Certaines personnes peuvent tomber dans la chance,
00:24 certaines peuvent l'avoir donné à eux,
00:26 mais je pense que la majorité des gens les dessinent pour eux-mêmes.
00:51 Forcément, ça ne pouvait être que le strict minimum pour le réalisateur de tous les records,
00:56 celui qui s'auto-proclame King of the World.
00:58 Terminator 2 fut le film le plus cher jamais réalisé en 1991,
01:04 avec ses 102 millions de dollars,
01:06 et le plus gros succès mondial de cette même année.
01:08 Sept ans plus tard, Titanic devenait le film le plus cher jamais réalisé avec 200 millions de dollars,
01:13 et le plus gros succès de tous les temps avec 2,2 milliards de dollars de recettes dans le monde.
01:18 Une somme indécente que lui seul pouvait surpasser, puisqu'il pulvérise son propre record en 2009 avec Avatar
01:24 et ses quasi 3 milliards de dollars de recettes.
01:26 La vidéo vient à peine de commencer, et j'ai déjà dit le mot "milliard" beaucoup trop de fois.
01:30 Mais ce "too much" décadent est à l'image d'un homme pour qui rien n'est inatteignable.
01:34 Pourtant, James Cameron revient de loin.
01:36 Enfant, il déborde d'imagination, crée de riches univers à travers l'écriture et les dessins,
01:41 mais pourtant en grandissant, il n'enchaîne que les petits boulots, chauffeur de camion notamment,
01:44 avant de découvrir Star Wars au cinéma en 1977, et se dire qu'il peut et qu'il doit faire ce genre de film.
01:50 Il est frustré en sortant de la salle, il a l'impression qu'on lui a volé son rêve.
01:54 Il sait à partir de là que s'il ne se met pas sérieusement au travail,
01:57 et qu'il ne devient pas le réalisateur de toute une génération, quelqu'un le fera à sa place.
02:02 Il y a eu plusieurs lumières à différents moments.
02:04 La première, c'était quand j'ai vu l'Odyssée de l'espace en 2001 pour la première fois.
02:09 Et la lumière, c'était, vous savez, un film peut être plus que juste une histoire.
02:16 Il peut être un oeuvre d'art, quelque chose qui a un impact profond sur votre imagination,
02:23 sur votre appréciation de la façon dont la musique fonctionne avec les images, etc.
02:27 Ça m'a sorti de la porte à la maison, à l'âge de 14 ans.
02:32 J'ai commencé à penser à la film dans un autre sens, et je me suis fasciné par ça.
02:36 Voilà comment, deux ans plus tard, il parvient à faire financer son premier court-métrage, Xénogénésis,
02:41 par un conglomérat de dentistes.
02:43 Le film met en place les fondations de ce que sera son cinéma, et on va y venir, ne vous inquiétez pas.
02:47 À partir de là, il travaille sur les plateaux de tournage, et se charge des effets spéciaux,
02:51 notamment sur New York 1997 et La galaxie de la terreur.
02:54 C'est d'ailleurs sur ce film qu'il parvient à se faire une petite réputation dans le milieu,
02:57 notamment en réussissant à faire bouger des verres jusqu'au lime mobile grâce à une impulsion électrique.
03:02 Cameron est ingénieux, et comprend le système comme personne.
03:05 Les producteurs du film se disent que s'il parvient à faire jouer des verres,
03:08 il n'y a aucune raison que ça ne fonctionne pas avec des acteurs.
03:10 Voilà comment il se retrouve à la barre de Piranha 2, remplaçant le premier réalisateur, Limoge,
03:15 avant d'être lui-même renvoyé au bout de 8 jours.
03:17 Un film qu'il n'a pas le temps de façonner complètement à son image,
03:20 voilà pourquoi il le renie, et considère The Terminator comme étant sa première véritable réalisation.
03:25 Terminator est une idée qui est sortie de son esprit tordu mais brillant,
03:38 durant un cauchemar sur le tournage de Piranha 2.
03:41 En se réveillant, il dessina ce croquis, et commença l'écriture du scénario.
03:44 Pour pouvoir mener la barre, il vend son scénario 1$ symbolique,
03:47 et doit dormir dans sa voiture durant la production par manque d'argent.
03:51 Quand le film sort, le succès est immédiat.
03:53 Il rapporte plus de 130 millions de dollars pour un budget de 6 millions.
03:56 Il est désormais un réalisateur qui compte, et la légende Cameron va pouvoir commencer.
04:00 Aujourd'hui, il est à l'origine d'une révolution numérique au cinéma.
04:04 Il est le précurseur d'effets visuels alors jamais vu,
04:06 et il façonne même la manière de consommer le cinéma,
04:09 notamment avec la 3D qu'il popularise grâce à Avatar.
04:12 Mais en dehors des chiffres, de la technique et autres folies,
04:14 James Cameron est surtout un auteur, avec une vision du monde bien singulière,
04:18 avec des obsessions qu'il rend.
04:20 En 40 ans, James Cameron n'a réalisé que 11 films, dont 1 qui le renie, et 2 documentaires.
04:33 Mais alors, pourquoi une telle rareté ?
04:35 Et bien parce que Cameron est un homme qui aime se surpasser.
04:38 Les effets numériques font partie intégrante de son cinéma,
04:40 et il les pousse au maximum de leur capacité.
04:42 Dans Abyss, sorti en 1989, le défi est de taille.
04:45 La fameuse scène de la visite de l'entité liquide est unique en son genre.
04:49 Pour la première fois, un effet de liquide 100% numérique est représenté à l'écran.
04:53 Un effet qui reproduit même les visages des comédiens.
04:55 Un tour de force qu'il sublime 2 ans plus tard dans Terminator 2.
04:58 Cette suite a la force de reprendre tous les éléments du premier film et de les inverser.
05:02 Le méchant devient gentil, la fille en détresse devient la guerrière,
05:05 les scènes d'action sont les mêmes avec des personnages inversés, et idem pour les dialogues.
05:11 Il reproduira ce schéma avec Aliens et Avatar la Voie de l'eau,
05:14 et dans un premier temps on peut voir ça comme une sorte de paresse.
05:17 Pourtant malgré leurs répétitions, ces suites vont prendre le contre-pied total de leur prédécesseur
05:21 et déjouer toutes les attentes.
05:23 Par deux fois, il laisse de côté l'horreur pour se concentrer sur l'action,
05:26 faisant de la victime un personnage fort.
05:28 Avatar 2, lui, va introduire un nouvel univers,
05:30 inverser le parcours initiatique du héros et le faire vivre à l'antagoniste,
05:33 et surtout amener de nouvelles avancées en ce qui concerne la motion capture,
05:37 qu'il effectue pour la première fois sous l'eau,
05:39 avec une caméra que son frère ingénieur a littéralement inventée
05:42 pour les besoins spécifiques de ce film.
05:44 Voilà pourquoi son cinéma est rare, parce qu'il offre une expérience unique à chaque fois,
05:48 parce qu'il va chercher au-delà de ce qui existe.
05:50 Abyss est tourné à 40% sous l'eau,
06:01 dans des conditions quasi invivables,
06:03 avec un Cameron, disons-le, plutôt tyrannique.
06:06 Il manque de tuer Ed Harris par noyade durant cette scène pour avoir un jeu plus réaliste,
06:11 Marie-Elisabeth Mastrantonio partira en burn-out
06:13 après qu'il ait fait un nombre de prises incalculables de la scène
06:16 où elle se prend des revers par Ed Harris,
06:18 ce qui fait qu'après ça, elle libérera toute sa frustration sur le réalisateur,
06:21 puis quitta le plateau pour ne plus jamais y revenir.
06:24 Les deux acteurs principaux ne participeront même pas à la promotion du métrage,
06:27 l'équipe technique renomme le film "L'Abu".
06:29 Bref, disons-le franchement, sur ce tournage, Cameron est le roi des cons.
06:32 Mais l'exigence a un prix,
06:34 et bizarrement, elle ne fait pas bon ménage avec l'empathie.
06:36 Son comportement ne fut pas meilleur sur le tournage de "Titanic",
06:39 où la sécurité laissait clairement à désirer,
06:41 ou encore sur "Alien", où il enferma ses techniciens
06:43 et refusa de les libérer tant qu'il n'obtint pas ce qu'il veut.
06:46 La démocratie, c'est pas son truc.
06:48 Même si, bizarrement, aucun abus de pouvoir ne fut signalé
06:51 sur les tournages des trois films avec Arnold Schwarzenegger.
06:53 Plutôt bizarre.
06:55 Cameron demande beaucoup, car on lui en demande beaucoup.
06:57 Il passera sa carrière à être sous-estimé, moqué.
07:00 Personne ne croyait en une suite en mode action du chef-d'oeuvre de Ridley Scott.
07:03 Personne ne croyait en ce gouffre financier que fut "Titanic".
07:06 Et encore récemment, personne ne croyait en la suite de son avatar,
07:09 que beaucoup jugeaient comme un film n'ayant pas marqué la culture populaire,
07:12 et dont la suite sortie 13 ans plus tard s'annonça forcément comme un bide.
07:16 Mais Cameron a toujours réussi à décevoir ses détracteurs,
07:18 grâce à un cinéma ultra-populaire,
07:20 d'une efficacité à toute épreuve,
07:22 mais surtout, ultra-engagée.
07:32 James Cameron a su utiliser la technologie à bon escient
07:35 pour réaliser ses films et pousser encore plus loin la limite de ce qui est possible.
07:39 Mais la technologie est aussi au cœur de sa filmographie,
07:41 et il a su la présenter sous différentes formes.
07:43 Dans Xenogenesis, son premier court-métrage,
07:45 on retrouve déjà les prémices de ce que sera son cinéma.
07:48 L'espace, un personnage féminin fort,
07:50 une machinerie qu'il réutilisera souvent,
07:52 et la technologie, ennemie de l'homme à travers son émancipation,
07:55 mais d'une aide précieuse quand elle est comprise.
07:58 Cette dualité, on la retrouve dans quasi tous ses films.
08:00 Le voyage dans le temps, dans le premier Terminator,
08:02 permet à Sarah et au futur John d'être sauvés grâce à l'arrivée de Kyle Reese,
08:06 mais paradoxalement, c'est cette même technologie qui les met en danger
08:09 puisqu'elle permet aussi l'arrivée du Terminator.
08:11 Dans Terminator 2, le T-800 fait face au T-1000.
08:14 Dans True Lies, la technologie permet de déjouer un attentat terroriste,
08:17 mais cette même technologie va servir également à accentuer les délires obsessionnels d'un mari jaloux.
08:21 Dans Titanic, le paquebot le plus grand du monde,
08:24 une technologie de pointe pour l'époque,
08:26 va réunir deux âmes sœurs dans la grandeur et la beauté du lieu,
08:29 pour mieux les séparer à travers ses failles.
08:31 Les avatars permettent de découvrir la faune et la flore extraordinaires de Pandora,
08:34 mais peuvent également jouer un rôle tout autre,
08:36 mettant à nu les faiblesses d'un peuple qui s'apprête à en subir les dérives.
08:39 Mais ce que Cameron dit à travers tout ça,
08:41 c'est que la technologie n'est qu'un prolongement de l'homme.
08:43 Elle est notre création, et son pouvoir de destruction n'émane que de nous.
08:47 Vous avez créé un film il y a quelques années,
08:49 qui à l'époque semblait comme un fantasme.
08:52 Maintenant, la plupart des gens qui sont les "père-démon" de l'IA
08:55 disent que ce n'est pas tellement un fantasme,
08:57 qu'en fait, il y a un risque de l'extinction de l'humanité.
09:00 Est-ce que vous partagez leur préoccupation ?
09:02 Oh, absolument. Je partage leur préoccupation.
09:05 Je vous avais prévenu en 1984, mais vous n'avez pas écouté.
09:09 Bien sûr, vous devez suivre le monnaie.
09:12 Qui construit ces choses ?
09:14 Vous les construisez pour dominer les marchés,
09:16 alors que vous leur apprenez la gêne,
09:18 ou vous les construisez pour des raisons défensives,
09:20 alors que vous leur apprenez la paranoïa.
09:22 Je pense que la weaponisation de l'IA est le plus grave danger.
09:26 Je pense que nous allons entrer dans l'équivalent d'une course nucléaire avec l'IA.
09:31 Et si nous ne la construisons pas, les autres les construiront.
09:34 Et alors, ça va s'éclater.
09:37 Skynet, les Terminators, Le Jugement Dernier,
09:41 tout ça est né de l'esprit d'un simple père de famille
09:43 qui pensait venir en aide à l'humanité sans se rendre compte de rien.
09:46 L'armement déployé sur Pandora et ce que les êtres humains en font pour de simples ressources
09:50 est la preuve de leur désintérêt total pour l'environnement qui les entoure
09:53 et l'importance de conserver cet environnement.
09:55 La confiance aveugle qu'ils vouent à leur technologie est souvent ce qui cause leur perte.
09:59 C'est ce que Cameron met en avant dans Titanic, par exemple.
10:02 Le paquebot géant est le fruit d'une arrogance sans nom, d'une confiance absurde.
10:06 Alors voilà donc le paquebot que l'on dit insubmersible.
10:08 Il est insubmersible. Dieu lui-même ne pourrait pas couler ce paquebot.
10:11 Le nucléaire est aussi une invention que Cameron dénonce à travers ses oeuvres.
10:14 Il est devenu une peur viscérale chez Sarah Connor qui sait par avance que c'est le destin de l'humanité.
10:19 Il représente les névroses d'un soldat envoûté par les abysses,
10:22 devenu complètement paranoïaque et voyant dans cette bombe le remède à tous ses maux.
10:26 Il est au cœur du conflit dans True Lies, quand un groupe terroriste menace de faire sauter une bombe nucléaire sur le sol américain.
10:31 Mais le sujet est cette fois-ci traité trop légèrement,
10:33 le film étant principalement une comédie et prenant le parti de faire sauter la bombe par simple effet de style,
10:38 quelque chose que Cameron regretta par la suite.
10:40 Le nucléaire est un élément que le réalisateur craint plus que tout.
10:43 Il est le plus grand danger écologique qui soit,
10:45 et Cameron, qui milite contre le réchauffement climatique depuis toujours,
10:48 notamment à travers ses oeuvres, en fait la menace ultime,
10:51 sur notre Terre, dans le fond des océans, sur d'autres planètes.
10:55 James Cameron craint la technologie tout autant qu'elle le fascine.
10:58 Il sait qu'elle peut être d'une aide précieuse si elle est correctement utilisée.
11:01 Il en a fait lui-même l'expérience, créant des procédés technologiques inédits pour la conception de ses films,
11:06 réalisant son rêve de visiter le fond des océans grâce à de superbes machines qui permettent de le faire en toute sécurité.
11:12 Sa peur de la technologie, elle restaure dans ses cauchemars,
11:27 qui deviennent des dessins, qui deviennent des films.
11:29 Car oui, Cameron est aussi un dessinateur hors pair.
11:32 C'est lui qui dessine aux roses dans Titanic.
11:34 C'est lui qui est à l'origine de beaucoup d'éléments de son bestiaire.
11:37 Le Terminator, l'arène alien, les avatars, une partie non négligeable de la faune et la flore de Pandora,
11:42 et même le Prédator, qu'il co-designera avec un certain Stan Winston,
11:46 qui sera à l'oeuvre sur beaucoup des films du réalisateur.
11:48 C'est également la technologie qui va lui permettre de modéliser ce qui est encore aujourd'hui sa plus grande obsession.
11:54 "Le burlot, dans 20-30 ans, il n'aura plus."
11:58 *musique*
12:05 Dès la séquence d'ouverture de Piranha 2, les tueurs volants,
12:08 son tout premier film, en tout cas sur le papier,
12:10 l'eau est présente et elle se mélange avec le rouge du sang des victimes,
12:14 qui sous-estiment ce que le réalisateur considère comme une puissance naturelle sans précédent.
12:18 Oui bon, j'en fais peut-être un peu trop, mais il n'empêche que c'est la toute première séquence de Cameron au cinéma.
12:22 Et c'est sans doute pas anodin.
12:24 On est généralement fasciné par ce qui nous effraie.
12:26 Pour James Cameron, c'est l'eau.
12:28 Dans Titanic, l'océan est un environnement que l'être humain pense pouvoir dompter
12:32 en construisant une machine aussi grande que son égo,
12:34 mais l'océan est imprévisible et ne pardonne pas le manque de vigilance.
12:37 Le RMS Titanic coulera dans la nuit du 14 au 15 avril 1912,
12:41 et cette catastrophe fera ressortir le meilleur et le pire chez chaque être humain.
12:45 Parce que l'eau place les humains face à eux-mêmes, et c'est le cas notamment dans Abyss.
12:49 C'est dans les profondeurs que les esprits se dénouent.
12:51 C'est cette immensité bleutée qui libère la folie enfouie du lieutenant Coffey,
12:55 c'est dans les profondeurs que Budd et Lindsay vont retrouver un amour qu'ils croyaient perdu,
12:59 car la puissance de l'eau va les faire passer par toutes les émotions possibles.
13:02 La colère, l'émerveillement, la tristesse, la mort, la résurrection, le pardon.
13:07 Et la production du film elle-même n'échappera pas à cette vague d'épreuves.
13:10 Abyss est un calvaire pour chaque personne présente sur le tournage.
13:13 Malgré un système révolutionnaire qui permet à tout le monde de se parler sous l'eau,
13:17 la communication est au plus bas.
13:18 Entre réalisateurs tyranniques et malsains, des comédiens à fleurs de peau, énervés, dégoûtés,
13:23 des techniciens complètement dépassés et épuisés par les conditions de travail.
13:27 Les nombreux litres d'eau utilisés pour les besoins du film agissent sur toute l'équipe
13:30 comme un poison qui se répand en malmenant les corps et les esprits.
13:34 L'eau serait-il finalement l'antagoniste ultime chez Cameron ?
13:36 C'est plus compliqué que ça.
13:38 Même si oui, dans Terminator 2, le réalisateur fait de son T-1000 un robot tueur sans pitié,
13:42 dont la force réside dans sa capacité à transformer son corps liquide en arme.
13:46 "Il est en polyalliage mimétique."
13:48 "Qu'est-ce que ça veut dire ce charabia ?"
13:50 "En métal liquide."
13:51 Petite parenthèse, mais c'est d'ailleurs marrant de constater que James Cameron se débarrasse
13:54 d'Arnold Schwarzenegger en l'immergeant dans la lave en fusion,
13:57 pour mieux le réintroduire trois ans plus tard en le faisant émerger d'une eau glacée.
14:01 James Cameron aime malmener ses personnages et ses acteurs dans l'eau.
14:05 Mais il aime aussi en montrer toute la beauté, et notamment dans son dernier film en date,
14:09 Avatar, la Voix de l'eau.
14:11 Le terme est carrément dans le titre, et ça fait sans doute perdre beaucoup de subtilité à cette chronique,
14:15 mais au moins Cameron assume à fond ses obsessions.
14:18 Déjà dans le premier Avatar, qui met en avant la beauté des forêts de Pandora,
14:21 le bestiaire est inspiré de nombreuses créatures que Cameron a pu rencontrer
14:24 durant ses plongées sous-marines, dont on peut voir une partie dans son reportage
14:28 Alien of the Deep, sorti en 2005.
14:30 Mais dans ce second opus, plus besoin d'aller dans la suggestion.
14:33 L'océan est le cœur du film, et Cameron a fait son maximum pour nous en montrer toute la beauté.
14:37 Beaucoup critiquent le film, en affirmant que le scénario est inexistant,
14:40 un copié-collé du premier.
14:42 Alors, que ce soit une redite du premier, je peux l'entendre,
14:44 mais dire que le film ne raconte rien, ça c'est faux.
14:46 Le problème c'est qu'aujourd'hui le grand public est influencé par l'émergence des séries TV,
14:50 et que donc maintenant, et pour beaucoup, un scénario sans twist, révélation et autres cliffhangers,
14:55 c'est une histoire inintéressante, et ça c'est dommage.
14:58 Avatar 2 fonctionne sur une dynamique bien plus simple,
15:00 mais il ne faut pas confondre simple et simpliste.
15:02 Le film raconte beaucoup de choses en filigrane,
15:05 les ravages du capitalisme sur l'environnement,
15:07 la difficulté d'être un parent, mais aussi d'être accepté pour ses différences.
15:10 La séparation de l'âme et de l'esprit aussi,
15:12 à travers le personnage de Kiri et déjà évoqué avec Jack dans le précédent film.
15:15 Bref, Avatar la Voix de l'eau est un très bon film,
15:18 un superbe spectacle visuel qui sublime un univers riche.
15:21 On y retrouve des personnages attachants, bien écrits et un scénario engagé.
15:24 En plus de ça, Cameron continue de mettre en avant ce qui fait de l'essence de son cinéma,
15:28 des machines destructrices, une technologie meurtrière car mal employée,
15:31 une faune et une flore aquatique saisissante, il fait même couler un navire,
15:35 et surtout des personnages féminins solides.
15:38 La femme est le point fort dans l'univers de Cameron, physiquement et mentalement.
15:42 Dans son cinéma, les héroïnes sont des femmes incomprises, sous-estimées, méprisées,
15:47 mais pourtant lucides des enjeux, du monde et du danger qui les entoure.
15:51 Dans Xenogenesis déjà, le héros est une héroïne et parvient à sauver son amie d'une attaque de robot.
15:56 Dans Piranha 2, les tueurs volants, Anne va enquêter sur ses attaques de piranhas,
16:00 et elle va se faire enlever de son corps, et se faire enlever de son corps,
16:03 et se faire enlever de son corps, et se faire enlever de son corps,
16:07 elle est le personnage avec le plus de sang froid et de bon sens.
16:10 Dans Abyss, Lindsay a une réputation qui la précède, les hommes ne voient en elle qu'une emmerdeuse,
16:14 alors qu'on peut plutôt la définir comme étant brute de décoffrage,
16:17 courageuse, curieuse et conceptrice de génie.
16:20 Elle revient à la vie littéralement, car elle est le cœur du film.
16:23 Dans Aliens, après plus de 50 ans d'hypersommeil, Ripley se réveille,
16:26 et on lui annonce que sa famille est morte et qu'elle doit de nouveau affronter son pire cauchemar.
16:30 Elle sera la voix de la raison, faisant face au capitalisme, au patriarcat,
16:34 à l'ignorance des soldats et à une armée de xénomorphes.
16:37 Terminée, la jeune femme appaurée en petite culotte.
16:39 Ici, les cheveux sont coupés, le regard est déterminé.
16:42 Tenue d'ouvrier, mitraillette à la main, Ripley ne compte plus se laisser faire.
16:46 Deux ans plus tard, le constat est le même pour Sarah Connor dans Terminator 2.
16:49 La jeune serveuse, totalement dépassée par les événements,
16:52 laisse place à une guerrière redoutable dont rien ne compte plus désormais que sa mission.
16:55 Sarah n'est plus une femme, ni une mère, elle est devenue ce qu'elle doit combattre,
16:59 une machine.
17:00 Dans True Lies, Ellen Tasker est une femme plutôt réservée.
17:03 Sa vie, son travail, son mari, tout ça l'ennuie, mais elle n'ose pas en faire plus.
17:07 C'est à la découverte de la double identité d'Harry qu'elle va se découvrir un courage enfoui,
17:11 une féminité insoupçonnée et une envie de vivre à 300 à l'heure.
17:15 Tout comme Ellen, Rose est prisonnière de sa condition de femme,
17:17 de son statut d'épouse et de sa réalité.
17:20 Le paquebot est sa prison, Jack est son échappatoire.
17:23 À travers lui, elle va oublier ses obligations, laisser tomber sa bonne tenue,
17:26 vivre chaque jour comme le dernier.
17:28 Aux yeux de ses proches, elle n'est qu'un objet que l'on expose fièrement,
17:31 que l'on troque contre un peu d'argent.
17:33 Elle n'a pas son mot à dire, mais décide pourtant de son propre sort,
17:36 en comprenant que la vie ne mérite pas d'être vécue,
17:38 si elle doit vivre dans cette abondance prétendument noble où la valeur humaine ne compte pas.
17:42 Elle préférera rejoindre Jack, véritable symbole de liberté.
17:45 Pour finir par Neytiri, sans doute le personnage féminin le plus accompli de l'univers de Cameroun.
17:50 À la fois guerrière redoutable, passionnée par l'environnement qui l'entoure,
17:53 pédagogue, courageuse, elle est le pont qui unit le spectateur à l'univers de Pandora.
17:57 Dans le second opus, elle est plus effacée.
17:59 Mais reste un personnage avec du cœur,
18:01 et rajoute à ses qualités le fait d'être une mère aimante et compréhensive,
18:04 bien plus que Jake, carrément plus stricte.
18:06 Conscient des dangers, il ne veut pas l'éménager,
18:08 quitte à perdre ce lien qui unit un parent à son enfant.
18:11 Il en est de même pour Sarah Connor,
18:13 qui ne voit son fils que comme une quête à accomplir,
18:15 un futur leader à façonner,
18:17 supprimant de ce fait tout geste d'affection que doit avoir une mère.
18:20 Elle ne le voit plus comme un petit garçon en quête d'affection,
18:22 mais comme John Connor, dernier espoir de l'humanité.
18:25 Le paradoxe veut que ce soit une machine qui soit la source de réconfort de John,
18:28 le parent parfait qu'il n'a jamais eu.
18:30 "Et de tous les pères possibles qui sont passés toutes ces années,
18:33 cette chose, cette machine, était le seul à être à la hauteur."
18:38 La parentalité est un autre thème cher à James Cameron.
18:41 Il la dépeint souvent comme stricte et éprouvante.
18:43 Jake Sully, Sarah Connor, mais aussi la mère d'Horace dans Titanic,
18:46 qui ne voit en sa fille qu'une opportunité de conserver sa fortune,
18:49 sans se soucier du bonheur de cette dernière.
18:51 Puis il y a Aliens, bien sûr, où on assiste au combat de deux mères,
18:54 la reine alien qui défend ses oeufs,
18:56 et Ripley qui voit en cette orpheline l'enfant qu'elle a perdu,
18:59 et qui va faire tout son possible et mettre sa vie en jeu pour la protéger.
19:02 "Ne la touche pas, sale pute !"
19:07 Mais avant la parentalité, il y a l'amour,
19:11 et pour ça Cameron s'y y fait régalement.
19:13 C'est du fruit de l'amour entre Sarah Connor et Kyle Reese
19:15 que naît le dernier espoir de l'humanité.
19:17 C'est l'alliance de Bud, représentation de son amour avec Lindsay,
19:20 qui le sauve d'une mort certaine.
19:22 Et en retour, c'est cet amour qui ressuscitera Lindsay de la noyade.
19:25 D'ailleurs, l'histoire de ce couple qui bat de l'aile
19:27 coïncide avec les déboires amoureux de James Cameron à cette époque,
19:30 qui divorcera en 1989, l'année de la sortie d'Abyss.
19:33 Dans True Lies, c'est l'amour entre Harry et Hélène qui a raison des terroristes,
19:36 cet amour étant littéralement plus fort qu'une bombe nucléaire.
19:39 "J'ai épousé Rambo !"
19:41 Titanic et Avatar, eux, fonctionnent dans la même dynamique.
19:44 Rose et Jack, Nathiery et Jake, vont vivre une histoire d'amour impossible,
19:48 venant de deux mondes différents.
19:49 Cependant, Jack et Jake vont réussir à s'adapter au monde qui les entoure.
19:53 Mais pourtant, c'est bien leur singularité, leur naïveté et leur courage
19:57 qui vont trouver grâce aux yeux de Rose et Nathiry.
19:59 "Vous savez voir les gens."
20:01 "Je vous vois."
20:03 "Je te vois."
20:06 Les deux couples vont devoir se battre pour que leur amour soit accepté,
20:10 ou du moins reconnu en tant que tel.
20:12 Dans les deux cas, on est sur un amour shakespearien,
20:14 et Cameron est le dernier en avoir écrit de la sorte au cinéma.
20:17 Avec un tel souffle épique et une telle passion.
20:19 Beaucoup trouvent ça niais, et ça l'est sans doute.
20:22 Mais que ces deux films aient cumulé 5 milliards de dollars de bénéfices rien qu'au cinéma,
20:26 prouve bien que les gens ne se lasseront jamais de ce genre d'histoire,
20:29 et que l'amour est toujours au cœur de ce qu'est le grand cinéma.
20:32 Titanic est sans aucun doute une des plus belles histoires d'amour du 7ème art.
20:44 Le film est sans nul autre pareil.
20:46 En plus d'être devenu un des plus gros succès de tous les temps,
20:48 récompensé par 11 oscars et un véritable phénomène de société,
20:51 il est un grand film.
20:53 Sans doute le dernier du genre.
20:55 Le contexte historique de ce mythe contemporain
20:57 constitue une base parfaite pour un récit de la sorte.
20:59 Et Cameron l'a vendu comme tel.
21:01 Si vous ouvrez ce livre jusqu'au milieu, il y a un double-truc qui est à peu près aussi grand que si vous ouvrez le livre.
21:06 Et c'est Titanic dans les stages de son baissement,
21:09 magnifiquement lit, les bateaux de vie partent,
21:11 les roquettes s'enlèvent, illuminant le ciel de la nuit.
21:14 Je suis allé dans l'office de Peter Turner et il m'a dit "qu'est-ce que tu as ?"
21:18 Et je lui ai dit "j'ai ouvert ce livre à cette peinture, j'ai tourné autour,
21:22 je l'ai mis devant lui et je lui ai dit "Romeo et Juliet sur ça".
21:26 Et il a regardé la peinture pendant un moment,
21:28 il a dit "oui, allons-y".
21:32 En effet, en annonçant d'emblée la couleur, c'est-à-dire le naufrage du Titanic,
21:36 Cameron nous fait comprendre que cette fin inéluctable n'est pas la base du récit.
21:40 Elle n'est qu'un prétexte pour suivre ces personnages qui vont vivre ce drame.
21:43 Quand il nous fait parcourir le navire en long et en large,
21:46 c'est surtout pour nous présenter cette véritable société mouvante où toutes les classes sont représentées.
21:50 Pendant que certains goûtent à des mets d'exception en comptant leurs millions,
21:53 d'autres dansent autour d'une bière,
21:55 et d'autres encore s'efforcent de faire fonctionner cette machinerie infernale.
21:58 Rose et Jack vont visiter chaque aspect du bateau,
22:01 car leur amour n'a aucune frontière, ne connaît aucune limite,
22:04 et ne s'arrête pas des différences sociétales.
22:06 Rose rêve d'une vie qui lui appartient,
22:08 d'une liberté qu'elle n'espère pas trouver sur ce navire.
22:11 Jack symbolise cette liberté, le bonheur dans son plus simple appareil.
22:15 "Il n'y a pas de destin, mais ce que nous faisons", disait Sarah Connor.
22:20 Et le destin est une chose que le personnage cameronien a su dompter,
22:24 allant au-delà de ce que l'on attendait de lui.
22:26 Une personne ordinaire vouée à vivre des choses extraordinaires,
22:29 découvrant de nouveaux mondes, et se découvrant soi-même.
22:32 C'est peut-être dans cette quête de liberté que se définit le mieux le cinéma de James Cameron.
22:36 La liberté de vivre à fond, la liberté de mourir,
22:39 la liberté d'aimer, la liberté d'être, la liberté de créer.
22:43 Et on ne peut qu'espérer que James Cameron continue de créer, encore et encore,
22:47 parce qu'il est, et restera, un très grand réalisateur.
22:50 [Musique]

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