• l’année dernière
Comment mieux accueillir les demandeurs d'asile ? Comment mieux les répartir sur le territoire, sachant que l'île de France concentre près de la moitié des demandes d'asile.
Il y a 3 ans, le Gouvernement a lancé un nouveau « schéma national d'accueil ».
Objectif, que chaque département prenne sa part de solidarité.
Alors des CADA (Centres d'Accueil pour Demandeurs d'Asile), voient le jour dans de petits villages ruraux.
Mais ça ne fait pas toujours l'unanimité.
Nous sommes allés dans l'Indre, à Bélâbre, au coeur du Berry. Dans cette commune de moins de 1000 habitants, alors que le maire se bat pour ce projet, une partie des habitants proteste contre l'arrivée prochaine de 38 demandeurs d'asile.

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Transcription
00:00 -Manifestation autorisée et maintenue pour les anti-Cada.
00:05 Rendez-vous 9h, place de la République, à Bélabre.
00:09 -Bélabre.
00:11 Une commune de 940 âmes,
00:15 au coeur du Béry, dans l'Inde.
00:17 Ici, les habitants se déchirent
00:20 sur l'installation prochaine
00:22 d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile, un Cada.
00:26 En 9 mois, c'est la quatrième fois qu'ils manifestent.
00:30 -C'est des gros cadas, là.
00:33 -La manifestation anti-Cada est autorisée et maintenue...
00:37 -L'île-de-France concentre
00:39 près de la moitié des demandes d'asile.
00:42 L'Etat veut mieux les répartir
00:44 et souhaite que les régions prennent leur part.
00:47 L'Inde, département sous-doté,
00:50 va créer 60 nouvelles places d'accueil.
00:54 38 dans cette petite commune rurale.
00:57 Et ça ne fait pas vraiment l'unanimité.
01:00 -On va les mettre là, les parquer, au fond,
01:02 sans rien, sans jardin, sans activité.
01:05 Qu'est-ce qu'on va faire ?
01:07 Ma crainte, c'est de voir des gens
01:09 qui ne pourront rien faire de la journée
01:11 faire des bêtises parce qu'ils s'ennuient.
01:14 -Dans des petits villages,
01:15 où les gens ont l'habitude de vivre très tranquillement,
01:19 et où il n'y a ni transport, où il n'y a rien à faire,
01:22 je comprends que les gens se posent des questions.
01:25 -Depuis que le projet a été annoncé par le maire,
01:30 c'est tout le village qui s'est crispé.
01:32 -Le maire a réussi une chose formidable,
01:36 c'est de diviser en deux sa population.
01:39 -Ca a créé deux mondes différents, du coup.
01:43 -C'était mal préparé initialement,
01:46 et puis voilà, aujourd'hui, c'est la guéguerre.
01:49 ...
01:55 Musique sombre
01:57 -Un village coupé en deux,
01:59 au point que le maire ne peut plus se déplacer dans les rues
02:03 sans être pris à partie.
02:05 ...
02:09 -Bonjour.
02:10 -Bonjour.
02:12 ...
02:17 -Le monsieur qui est là, je lui ai dit bonjour.
02:20 Il m'a dit "tu oses me dire bonjour".
02:22 -Moi, je suis passée avec tel honte, cet homme.
02:26 -Il a posté sur les réseaux sociaux
02:29 que l'usine, là, pouvait être brûlée.
02:34 -L'usine, c'est cette ancienne chemiserie désaffectée.
02:39 C'est elle que Laurent Laroche a revendue
02:42 à l'association Viltaïs.
02:44 Elle doit être transformée en cada,
02:47 un centre d'accueil pour demandeurs d'asile.
02:50 -Je viens toujours là avec un peu d'émotion
02:52 parce que ma maman y a travaillé.
02:54 Ici, il y avait 120 ouvrières,
02:57 dans les années 50-60 jusqu'au début des années 80.
03:00 Ces ouvrières fabriquaient des chemises
03:03 pour la haute couture française, Pierre Cardin, Christian Dior.
03:07 Donc là, on va monter à l'étage.
03:09 ...
03:12 On arrive dans la grande pièce qui sera aménagée pour l'étage.
03:16 Donc, vous voyez dans quel état c'est.
03:18 -On a tout à écrire.
03:21 -Il y a tout à écrire.
03:22 -Ca a servi de gymnase.
03:24 -Karine Bouteleux, en charge du projet pour Viltaïs,
03:27 visite pour la première fois les locaux.
03:30 -Donc là, on sera dans la salle de l'étage
03:33 où il y aura des chambres, des douches et des toilettes.
03:36 -Si ma mémoire est bonne, un coin buanderie
03:40 pour qu'ils aient accès aux machines à laver, sèche-linge.
03:43 Le bas sera plus sur les activités collectives
03:46 et les bureaux qui seront...
03:48 Qui permettront la confidentialité
03:50 pour travailler les dossiers de demande d'asile.
03:53 -600 mètres carrés
03:56 pour accueillir 38 demandeurs d'asile.
03:59 -Ca fait un très bel espace.
04:01 -Oui.
04:03 -Les combes seraient aménageables.
04:05 C'est la superficie qui nous a plu.
04:07 Comme je le disais,
04:08 quand je suis arrivée, il y a tout à écrire.
04:11 C'est vrai que là, finalement, on a quatre murs, un toit,
04:14 et on va pouvoir faire ce qu'on a envie de faire.
04:17 -Allez, allez.
04:18 -Mais pour l'instant, pas de travaux en vue.
04:20 Annoncée en février,
04:23 neuf mois après, la vente n'est toujours pas signée.
04:26 -J'ai plus de mal à m'imaginer comment ça va être en bas, en fait.
04:31 -Voilà.
04:32 Ici, on a une association de tir à l'arc.
04:34 Alors, elle va être déménagée provisoirement.
04:38 C'est... particulier, en effet, d'être là.
04:42 Je suis la cible.
04:44 Je suis la cible de bon nombre de gens.
04:47 Je suis l'homme à abattre.
04:49 Oui.
04:52 -On dirait que c'est pas drôle.
04:57 -Non, c'est pas drôle.
04:59 J'y mets tout mon coeur, parce que j'y crois.
05:05 Comment refuser cet accueil à des enfants, à leurs parents ?
05:10 -L'accueil des demandeurs d'asile
05:13 est une compétence de l'Etat.
05:15 En acceptant de vendre ce bâtiment à Ville-Thaïs,
05:19 Laurent Laroche n'imaginait pas les conséquences.
05:22 -Je me sens menacé, hein.
05:25 Vous savez, la personne qu'on vient de rencontrer,
05:29 qui me dit...
05:30 Voilà.
05:32 "T'as pas honte de me dire bonjour."
05:36 Moi, je suis l'élu.
05:37 Pour moi, y a rien qui a changé. J'ai pas changé, moi.
05:41 Je suis comme j'étais.
05:43 C'était des gens que je considérais
05:46 comme des gens tout à fait normaux, aimables,
05:49 pour qui j'avais un peu d'estime.
05:51 C'est des gens qui m'avaient jamais rien fait,
05:54 qui, aujourd'hui, sont dans une...
05:57 Ce monsieur, particulièrement, est dans une haine.
06:00 -Ville-Thaïs a ouvert six cadas dans la région.
06:06 Mais l'association n'avait jamais été confrontée
06:09 à une telle hostilité.
06:12 -On est aussi démunis, parce que c'est la première fois.
06:15 On en vient à faire des démarches qu'on n'avait jamais faites.
06:18 C'est-à-dire communiquer avec les renseignements territoriaux,
06:22 déposer plainte et des mains courantes
06:24 sur les postes diffamatoires
06:26 qui sont diffusés sur tous les réseaux sociaux.
06:29 -Il est là-bas.
06:31 -En quittant le bâtiment,
06:34 le voisin qui avait invictivé le maire
06:36 nous interpelle à notre tour.
06:38 -Vous avez fait le maquis ?
06:41 -Oui. -Vous filmez le maire ?
06:42 -Le maire ? Il y a un maire, ici ?
06:44 -Ou un collabo.
06:46 -S'il est en colère,
06:48 c'est que sa maison est face aux cadas.
06:51 Alors, il a bien réfléchi.
06:53 Après 20 ans ici, il a décidé de quitter le village.
06:57 -Je pense qu'on veut débarrasser Paris,
06:59 soulager les Parisiens,
07:01 parce que les Parisiens en ont peut-être autant marre que nous.
07:04 En ce moment, on en a marre.
07:06 On vit plus, on dort plus.
07:07 Moi, je pense que c'est la sécurité.
07:10 -La sécurité n'y sera pas.
07:11 -Qu'est-ce qu'ils vont faire ?
07:13 En plus, là, ils n'ont pas de terrain,
07:15 rien, rien, rien.
07:16 Maintenant, ils disent que ça va être des familles.
07:19 -Le maire a géré Ville-Thaïs tout seul.
07:22 Il n'a rien demandé à personne. Il l'a fait de son chef.
07:25 Pourquoi il n'a pas fait un référendum ?
07:27 -Un projet clivant, passé sous silence.
07:32 C'est ce que reproche une partie de la population à son maire.
07:36 Laurent Laroche, lui, assume son choix.
07:39 ...
07:43 -Je n'ai pas commis d'erreur, de faute.
07:45 Peut-être, éventuellement, aurions-nous dû,
07:48 peut-être, je dis bien peut-être,
07:50 aurions-nous dû communiquer plus tôt,
07:53 c'est ce qui m'a été reproché.
07:54 J'ai appelé une dizaine d'élus,
07:56 qui ont des cadavres dans toute la France,
07:59 et qui ont fait des réunions publiques
08:01 et qui l'ont très mal vécu, et qui m'ont déconseillé de le faire.
08:05 Ville-Thaïs n'était pas vraiment non plus favorable
08:08 à la réunion publique dès le départ.
08:10 On a dit qu'on allait avancer avec le Conseil
08:12 et on ferait une réunion publique après.
08:14 On l'a fait au mois de mars, une fois que le Conseil
08:17 avait pris la décision de vendre l'usine.
08:20 On ne va pas me reprocher ça pendant un an, un an et demi.
08:23 ...
08:25 -Et c'est pourtant le cas.
08:27 Les lettres d'insultes, de menaces s'amoncèlent à la mairie.
08:31 ...
08:32 -C'est un dossier que je n'ouvre pas souvent,
08:35 parce qu'il me fait du mal.
08:37 -Devant notre caméra,
08:39 il accepte de replonger dans ses courriers.
08:42 -Monsieur le maire, chaque jour qui passe dans ce pays,
08:45 nous subissons les faits divers les plus atroces par les migrants.
08:48 Nous ne laisserons pas ce centre ouvrir dans notre région
08:52 sans réagir.
08:53 Nous ne laisserons pas un petit collabo défigurer
08:56 le visage de la France sans rien faire.
08:58 Vous êtes prévenu.
08:59 ...
09:01 -Ces derniers jours, les intimidations
09:04 sont montées d'un cran.
09:06 Trois coups de fil anonymes à son domicile.
09:08 Un homme lui promettait de lui faire la peau.
09:11 Le maire a apporté plainte pour la première fois.
09:15 Il vit depuis sous protection policière.
09:18 ...
09:20 -Aujourd'hui, encore, j'ai la boule au ventre.
09:23 On n'est pas à l'abri de rencontrer un fou
09:25 qui va, je sais pas, me tabasser.
09:30 C'est vraiment inquiétant pour moi, pour ma famille.
09:34 -Et ce week-end-là,
09:37 la tension ne va pas retomber à Bélabre.
09:39 Une cinquantaine de gendarmes
09:42 se sont déployés sur la place du village.
09:45 Sous une pluie battante,
09:47 les anti-cadas s'organisent.
09:49 Et c'est Ludivine Faccio,
09:52 la fille de l'épicier,
09:54 qui a pris la tête de la contestation.
09:57 -On va demander de garder un rythme assez calme.
10:02 On n'est pas obligés de courir.
10:04 Le but, c'est de gagner un peu de temps et de montrer qu'on est là.
10:08 On a des caméras qui couvrent cet événement.
10:10 -Et le mauvais temps n'a pas dissuadé ces Bélabrais
10:14 de venir défendre leur village.
10:17 -40 migrants à Bélabre,
10:19 c'est trop pour la commune de Bélabre.
10:22 -On voudrait un Bélabre bien tranquille.
10:24 ...
10:27 -C'est bien, il y a un programme qui nous entoure.
10:30 ...
10:32 -Quel gros connard, je l'ai jamais vu !
10:35 -Il est tout seul, là, quand même.
10:37 ...
10:39 -Le cortège a choisi symboliquement de passer devant la mairie.
10:43 Reclus dans son bureau,
10:46 entouré de son équipe municipale,
10:49 le maire est tendu.
10:51 Depuis ses fenêtres, il jauge la participation.
10:56 -Ils ne sont pas nombreux,
10:57 ils ne sont pas plus nombreux que d'habitude.
11:00 -Moins, je pense.
11:01 Largement moins.
11:04 ...
11:07 Ce qui me fait plus de mal, c'est que je vois des gens de la famille,
11:11 des gens de la famille pour qui j'ai...
11:14 de l'amitié, des sentiments.
11:18 -La Roche démission !
11:20 La Roche démission !
11:22 La Roche démission !
11:25 La Roche démission !
11:27 -Non, je ne démissionnerai pas.
11:29 J'irai au bout.
11:31 Il y a beaucoup de gens du Rassemblement national.
11:34 C'est des gens de Bélabre qui se laissent influencer
11:37 par des discours politiques nationaux.
11:40 -Ce jour-là,
11:43 ils sont 150 dans les rues du village.
11:46 Après neuf mois de contestation,
11:48 la mobilisation ne faiblit pas.
11:51 -Ce superbe et chaleureux village,
11:54 qu'on aime tant, au fond de nous, n'est pas équipé,
11:57 n'est pas prêt à recevoir un tel projet.
11:59 Nous sommes déjà, nous, Bélabre, petite commune,
12:02 victimes des difficultés que l'Etat nous impose,
12:05 des aires médicales, manque de structure.
12:08 Applaudissements
12:09 -Mais c'est surtout un combat contre l'immigration
12:12 qui se joue aussi à Bélabre.
12:14 D'ailleurs, à la tribune,
12:16 c'est l'avocat parisien Pierre Gentillet,
12:19 proche du Rassemblement national,
12:21 qui est invité à prendre la parole.
12:23 -C'est une affaire civilisationnelle.
12:26 Ce combat à Bélabre est un combat local, bien sûr,
12:29 et c'est aussi un combat national.
12:32 Regardez vos villes,
12:33 regardez votre pays.
12:36 Le reconnaissez-vous ?
12:38 -Non.
12:39 -Alors, il faut vous battre.
12:42 Parce que l'Etat vous a abandonnés.
12:46 L'Etat a abandonné le peuple français,
12:48 comme le maire vous a abandonnés.
12:51 Battez-vous.
12:52 Applaudissements
12:54 -Des élus Rassemblement national, des départements voisins
12:58 sont venus renforcer le mouvement.
13:00 -On va gagner ! On va gagner !
13:02 On va gagner !
13:04 -Au niveau national, quelque chose se passe.
13:07 Il faut que nous, élus, soyons auprès des habitants,
13:11 puisqu'on voit bien que l'Etat et même les municipalités
13:14 laissent un peu les gens à l'abandon,
13:17 malgré leurs réclamations,
13:18 malgré leur refus d'installation de cada
13:21 et cette immigration massive qui inceste.
13:24 -Élu divine Faccio
13:25 est bien décidé à faire plier le maire.
13:28 -Kalak, avec la mobilisation de ses locaux et de l'extérieur,
13:32 a réussi à faire plier la décision.
13:35 Eh bien, pourquoi pas, oui,
13:36 s'il est là, peut être le petit Kalak, pourquoi pas, oui.
13:40 -Kalak, ce village breton
13:43 dont le maire, harcelé, menacé de mort,
13:46 a fini par abandonner son projet de cada.
13:50 Musique douce
13:52 ...
13:54 -Loin du bruit de la manifestation,
13:57 à l'autre bout du village,
13:59 un petit collectif s'est réuni.
14:01 Eux ne sont pas descendus dans la rue.
14:05 ...
14:08 -Là, la manifestation à Pélabre, dans la Breine, est terminée.
14:12 -Ils étaient une centaine ce matin pour dire non
14:15 au centre d'accueil des demandeurs d'asile.
14:18 150 personnes selon les organisateurs,
14:20 130 selon les gendarmes...
14:22 -Candrine, Céline, Frédéric et leurs amis
14:25 ont monté un collectif favorable au cada.
14:28 Et eux aussi aimeraient bien faire entendre leur voix.
14:31 -Le rassemblement s'est plutôt déroulé...
14:34 -On crie moins fort qu'eux.
14:35 Je trouve que c'est difficile.
14:38 -Ce qui vient de s'actuer,
14:39 c'est pas dans le thème, aujourd'hui,
14:42 de défendre les demandeurs d'asile,
14:46 voire les réfugiés.
14:47 ...
14:49 -Les gens qui travaillent sur Pélabre,
14:51 qui sont artisans et autres,
14:53 si jamais ils annoncent qu'ils sont pro-cada,
14:56 quels risques ont-ils ?
14:57 Que les gens ne fassent plus appel à eux ?
14:59 -Forcément, d'un côté ou de l'autre,
15:01 on s'est positionnés aussi, on s'est jugés.
15:04 Les regards, les gens qui disent plus bonjour,
15:07 effectivement, c'est très difficile.
15:09 Au début, j'ai pris le parti de faire comme si de rien n'était,
15:14 en se disant que ça va passer avec le temps.
15:16 Je m'en suis fatiguée.
15:18 Maintenant, je dis bonjour aux gens qui me sourient,
15:20 qui me disent bonjour, et après, non.
15:23 -C'est compliqué, je...
15:24 Euh...
15:26 Toute cette haine qu'on a pu recevoir,
15:28 qu'on me voit encore...
15:30 Euh...
15:32 ...
15:33 ...
15:37 Musique sombre
15:38 -Être favorable au cadavre à Pélabre
15:41 est délicat pour les habitants,
15:43 comme pour le maire.
15:44 Mais Laurent Laroche ne désarme pas.
15:47 Il croit toujours à son projet.
15:49 Il sait que le parcours sera long
15:51 et bien plus compliqué que prévu.
15:54 -Monsieur Laroche, on ne viendra pas...
15:56 -C'est devenu un combat
15:58 parce que...
16:00 il a été très vite mis sur le champ politique.
16:04 Mais certains vous diront,
16:07 accepter de faire venir un cadavre
16:09 dans sa commune,
16:11 c'est déjà un choix politique.
16:13 Au combat politique, il faut des réponses politiques.
16:16 Et le fait d'aller à Argenton,
16:18 participer à la semaine de l'intégration,
16:21 rencontrer des autres élus,
16:23 ce sont des actes politiques.
16:25 -La ville voisine d'Argenton-sur-Creuse
16:29 accueille elle aussi un cadavre.
16:31 Elle organise une semaine de l'intégration.
16:34 La secrétaire générale
16:36 de la préfecture du département est présente
16:39 et Laurent Laroche veut en profiter pour la rencontrer.
16:43 -Je vais vous proposer
16:45 une vision de la ville.
16:46 -C'est bien que vous soyez venu.
16:48 -Oui, tout à fait.
16:50 -Comme ça, ça donne une...
16:51 Comment dirais-je ? Une vision large
16:54 de tous les dispositifs.
16:55 -Au coeur de la conversation,
16:57 les freins à l'intégration.
17:00 -Bien sûr.
17:01 -Ce qui est plus compliqué,
17:02 c'est peut-être pas tant trouver du logement ou de l'emploi,
17:06 car on est sur un département où on a 4 % de taux de chômage.
17:09 Les entreprises sont demandeuses de main-d'oeuvre.
17:12 On peut trouver des parcours et organiser l'orientation
17:15 vers l'emploi. La question qui se pose,
17:18 c'est la mobilité.
17:19 -La mobilité, c'est un vrai sujet.
17:21 Là, on est sur le point de signer,
17:23 avec une association départementale
17:26 Familles Rurales, en fait,
17:27 la possibilité de faire du transport solidaire.
17:30 -Mais le plus important pour le maire de Bélabre,
17:33 c'est de s'assurer du soutien de l'Etat.
17:36 -C'est une politique publique qui est portée par l'Etat.
17:39 L'Etat ne peut pas faire seul
17:41 et, bien évidemment, au premier chef, ce sont les élus.
17:44 Quand on a des élus comme M. le maire,
17:46 extrêmement engagés, qui croient à ce projet,
17:49 on se doit, au niveau des services de l'Etat,
17:51 d'être à ses côtés, de le soutenir, de l'accompagner,
17:55 voire même de mobiliser les services
17:57 pour que les choses aillent jusqu'au bout
17:59 et dans de bonnes conditions,
18:01 et que M. le maire ne se sente pas seul.
18:03 -Vous ouvrez la voie ?
18:05 -Voilà.
18:06 Ils ouvrent la voie.
18:07 C'est pas sans dommage.
18:09 Il y a des dégâts collatéraux.
18:11 -On vous accompagne. -Je sais.
18:13 Musique douce
18:15 -Au nord du département,
18:17 une autre commune a ouvert la voie, il y a 7 ans,
18:20 la ville de Buzancay.
18:22 4 500 habitants
18:24 et un cadavre qui accueille 110 demandeurs d'asile.
18:28 C'est ici qu'Amina vit depuis 4 mois.
18:33 Elle a fui son pays suite à des violences familiales,
18:36 pour des raisons de sécurité,
18:39 elle souhaite rester anonyme.
18:40 -Allez, on va courir 5 minutes
18:43 pour faire réchauffer le corps, OK ?
18:45 Allez. Yes.
18:47 Allez, on commence.
18:48 Un, deux, trois, let's go !
18:52 -Depuis quelques semaines,
18:54 c'est elle qui anime le cours de danse de la ville.
18:57 -6, 7, 8...
19:00 -Lorsqu'on a quitté notre pays,
19:02 on a cru qu'on allait vivre ici en cachette.
19:05 Mais on pratique notre vie tranquillement,
19:09 on fait ce qu'on veut.
19:10 Au début, ils ont cru qu'on allait rester
19:14 comme ça, les bras croisés,
19:16 mais lorsqu'ils ont vu qu'on veut vivre,
19:19 qu'on veut s'intégrer, ils ont aimé ça.
19:22 -Certains habitants viennent même assister à son cours.
19:26 Aujourd'hui, l'intégration se passe bien,
19:29 mais à l'époque, comme à Bélabre,
19:32 le projet n'a pas vraiment été bien accueilli
19:35 par la population.
19:36 -Au début, à Buzancay,
19:38 on entendait n'importe quoi sur le marché.
19:41 Et petit à petit, je crois que le comportement
19:44 qu'ils ont eu, toutes les personnes
19:47 qui venaient de droite et de gauche,
19:49 il n'y a pas eu de choses à leur reprocher.
19:52 Ils se sont un peu intégrés.
19:54 Ca fait que c'est comme ça aujourd'hui,
19:56 mais c'était pas gagné.
19:58 -En 7 ans, 190 familles,
20:01 comme celle d'Amina, ont été hébergées dans ce centre.
20:05 Des familles qui arrivent souvent des grandes villes,
20:08 des métropoles.
20:09 -Les familles, la plupart du temps,
20:11 quand elles arrivent à Buzancay,
20:13 elles ont un peu ce sentiment,
20:15 "On est dans une zone un peu perdue."
20:17 Mais quasiment toutes les familles sont contentes d'être ici,
20:21 parce qu'il y a un environnement qui est paisible,
20:24 il y a l'accès à la piscine l'été,
20:26 il y a le parc, il y a des espaces verts,
20:28 il y a un peu tout ce qu'il faut.
20:30 -Souhaitent-elles pour autant rester vivre
20:33 dans ces villes de campagne ?
20:35 Amina vient d'obtenir l'asile.
20:37 Elle a justement rendez-vous avec sa référente sociale
20:41 pour préparer sa sortie du cadavre.
20:43 -Tu es quelqu'un qui s'intègre très facilement,
20:46 qui, au niveau social, sait beaucoup partager,
20:49 donner, recevoir, donc ça, dans la vie de tous les jours,
20:53 c'est très important, mais j'ai pas d'inquiétude pour toi.
20:56 -Merci, parce que je me trouve à l'aise,
20:58 je me trouve très bien ici.
21:00 -Par rapport à ton projet professionnel,
21:02 là, on va pouvoir faire une demande d'inscription
21:05 à Pôle emploi.
21:07 -Est-ce qu'il y a des formations où je puisse faire un projet,
21:11 quelque chose d'équivalent à mon travail,
21:14 dans mon domaine, mais c'est pas la peine d'aller
21:17 dans un autre endroit pour chercher mon poste.
21:20 -En quelques mois, Amina a trouvé sa place.
21:24 Elle envisage de refaire sa vie juste à côté, à Châteauroux.
21:28 -S'il y avait des moyens de transport
21:31 pour venir tard à Byzance,
21:35 je quitterais jamais Byzance, parce que je suis tranquille,
21:38 mes enfants sont bien, il y a plein de sécurité,
21:41 personne ne te fait des problèmes, rien du tout.
21:45 -Il faudrait améliorer les choses en termes de mobilité.
21:48 Clairement, pour habiter en zone rurale,
21:53 il faut avoir le permis et un moyen de transport.
21:56 Les familles, quand elles arrivent ici,
21:58 n'ont pas forcément les moyens de financer un permis.
22:01 -Depuis l'ouverture du CADA en 2016,
22:04 trois familles ont choisi de s'installer à Buzançay,
22:07 25 dans le département.
22:09 L'histoire aurait pu s'arrêter là,
22:12 mais elle sait aussi jouer sur le terrain de foot
22:15 d'un petit village voisin, Argy.
22:18 -Soutien, soutien !
22:19 -Là-bas !
22:21 -Viens, Ibrahim.
22:23 -Viens, Ibrahim !
22:24 -Ils viennent du Mali, de la Gambie,
22:27 de la Côte d'Ivoire,
22:29 une équipe vraiment multinationale.
22:34 Ca tourne du feu de Dieu.
22:37 -Le club de foot local allait fermer,
22:40 faute de joueurs.
22:42 Ce sont les réfugiés de Buzançay qui ont sauvé l'équipe.
22:46 Musique intrigante
22:48 -Sinon, c'était fini pour nous.
22:50 A 6, on peut pas faire une équipe.
22:52 Vendredi, on mettait la clé sous la porte.
22:54 Le samedi, ils sont venus nous voir pour l'Assemblée générale.
22:58 Au départ, on avait un peu peur entre la barrière de la langue
23:01 et 15 joueurs qui arrivaient d'un coup.
23:04 Ils auraient pu prendre le pouvoir.
23:05 Ca s'est pas du tout passé comme ça.
23:07 Il y a eu tout de suite un...
23:09 Ca s'est très bien passé.
23:11 -Nous aussi, on avait besoin d'un club comme ça pour jouer.
23:14 Donc c'était bien pour eux, bien pour nous.
23:18 Ca aide beaucoup à s'intégrer,
23:20 ça aide à sortir des soucis, beaucoup de choses.
23:23 -C'est une manière de s'intégrer.
23:25 Entre nous, souvent, il y a des gens qui sont assez timides.
23:29 Entre nous, ici, quand on communique,
23:31 à travers le sport, ça facilite déjà le langage.
23:34 -En deux ans, la petite équipe multinationale
23:40 a pris du galon et attiré les regards.
23:43 -On a des très bons joueurs. On a l'équipe à abattre.
23:46 Le club était en train de mourir au niveau des supporters.
23:49 Plus personne venait.
23:50 Et pour le coup, cette curiosité,
23:54 le fait qu'on soit un peu atypiques a fait venir quelques curieux.
23:58 La plupart se sont rendus compte que ça se passait super bien.
24:01 -Ca va ?
24:02 -Et depuis quelques mois,
24:04 un supporter de marque assiste aux entraînements.
24:07 -On va pouvoir acheter des parkas.
24:12 J'ai trouvé les prix.
24:13 -Qu'on ait des tenues qui ressemblent à un club.
24:16 -Oui, mais ça va se faire.
24:18 -Oui, exactement.
24:19 -C'est l'objectif.
24:20 -Vous voyez comment ils sont habillés.
24:22 -Originaire de Buzencet,
24:25 l'ancien patron du PSG vient là en voisin
24:28 et donne un coup de pouce au club,
24:31 régulièrement.
24:32 -C'est une très belle histoire, c'est très agréable d'être là.
24:35 Je prends beaucoup de plaisir à être là.
24:37 J'ai connu tous les échelons dans le football,
24:40 de gagner une Coupe d'Europe et de me retrouver ici.
24:43 Je suis aussi heureux que dans d'autres histoires.
24:45 Il y a plus de nationalité dans l'équipe d'Argide,
24:48 4e division départementale, qu'au Real Madrid.
24:50 -Allez, allez, allez !
24:52 Musique douce
24:54 ...
24:57 -A Bélabre,
24:59 quelques semaines se sont écoulées depuis la dernière manifestation,
25:03 mais la tension est loin d'être retombée.
25:06 Le projet a pris beaucoup de retard.
25:09 La signature de la vente avec Ville Tailly s'est repoussée,
25:13 les travaux aussi.
25:15 -Imaginons que la signature ait lieu courant janvier.
25:18 Vous, les travaux,
25:19 vous avez une idée, après, derrière ?
25:22 -Alors, après, il faut qu'on recontacte
25:24 toutes les entreprises,
25:26 parce qu'on n'avait pas de données de planning et d'agenda.
25:29 -Les anticadas ont investi le terrain juridique.
25:34 Ils ont déposé des recours au permis de construire.
25:37 -On est toujours dans cette espèce de pression.
25:40 Je pense que quand les travaux seront commencés,
25:43 quand la vente sera faite,
25:45 je pense que c'est là que ça va retomber,
25:47 parce que les gens vont se dire...
25:49 -Oui, c'est fait.
25:50 La pression permanente, c'est pour partir.
25:53 M. Laroche nous avait dit "stop, on arrête".
25:56 Effectivement, on aurait abandonné ce projet,
25:59 mais là, c'est pas du tout le souhait de Ville Tailly.
26:03 -Si j'avais voulu abandonner, j'aurais eu maintes occasions.
26:07 Je ne pensais pas que ce serait à ce point-là
26:10 et qu'il y aurait autant de fractures.
26:14 Musique douce
26:15 -En attendant l'ouverture du cada,
26:18 Ville Tailly doit honorer son engagement avec l'Etat.
26:22 Les 38 demandeurs d'asile seront provisoirement accueillis
26:26 dans une autre ville du département.
26:29 Laurent Laroche, lui,
26:30 espère les recevoir à Bélabre, à l'automne prochain.
26:35 -Je pense qu'un jour,
26:36 un certain nombre de Bélabrais qui, aujourd'hui, sont dans la rue,
26:40 m'accorderont que j'ai eu raison.
26:43 Musique douce
26:45 [Musique]

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