Ça vous regarde - 2023 : les retraites et l'immigration électrisent l'Assemblée !

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GRAND DÉBAT / 2023 : les retraites et l'immigration électrisent l'Assemblée !

Quels sont les événements politiques qui ont marqué 2023 et comment peut-on caractériser cette année ? Sur le plan national, la mort de Nahel, les émeutes en banlieue, l'assassinat de Dominique Bernard à Arras ont clairement placé 2023 sous le signe de la violence. À l'international aussi, le bilan est dramatique avec la poursuite de la guerre en Ukraine et le déclenchement du conflit entre le Hamas et Israël. Seule la COP 28 a fait retentir une note d'espoir avec la conclusion d'un accord que beaucoup ont jugé historique. Du côté de l'Assemblée nationale, la réforme des retraites et l'adoption du projet de loi immigration ont tous deux causé beaucoup de chahut dans l'hémicycle. Signe d'une forme de brutalité politique, depuis l'arrivée d'Elisabeth Borne au poste de Première ministre, 23 49.3 et 31 motions de censure ont marqué l'actualité parlementaire. L'année 2024 sera-t-elle plus apaisée ?

Invités :
- Jean-Baptiste Daoulas, journaliste politique à « Libération »,
- Catherine Tricot, directrice des éditions à la revue « Regards »,
- Wally Bordas, journaliste politique au « Figaro »,
- Richard Werly, correspondant France/Europe pour « Blick ».

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcript
00:00 Générique
00:02 ...
00:04 -Bonsoir à tous et bienvenue dans "Ça vous regarde".
00:09 C'est la dernière de l'année. L'heure est au bilan.
00:12 Bilan d'une année parlementaire riche,
00:14 d'une année politique mouvementée,
00:16 de la réforme des retraites à la loi immigration,
00:19 de la fin de la nupes aux tensions au sein de la majorité.
00:22 On essaiera de tirer les leçons de cette année 2023 en France,
00:26 mais aussi à l'étranger, avec cette guerre en Ukraine
00:29 qui est dure et ce nouvel embrasement
00:32 au Proche-Orient.
00:33 On se projettera sur 2024,
00:35 quelles sont les grandes lois attendues à l'Assemblée
00:38 et les principaux rendez-vous sur la scène internationale.
00:41 Voilà pour le sommaire. C'est parti pour "Ça vous regarde".
00:45 Générique
00:47 ...
00:56 Pour faire le bilan de cette année politique,
00:59 nous sommes avec Wally Bordas.
01:01 Bonsoir. -Bonsoir.
01:02 -Vous êtes journaliste au Figaro, en charge de l'actualité.
01:06 Catherine Tricot, bonsoir. -Bonsoir.
01:08 -Vous êtes directrice de la revue "Regard".
01:10 Jean-Baptiste Daoulas,
01:12 les plus fidèles téléspectateurs de LCP vous connaissent bien.
01:15 Vous êtes passé par cette maison,
01:17 mais vous êtes journaliste politique à Libération.
01:20 Enfin, Richard Verly, notre couteau suisse préféré,
01:24 chroniqueur régulier dans l'émission "Ça vous regarde"
01:27 et correspondant du quotidien en ligne suisse "Blick".
01:31 On va commencer par ce qui a fait l'actu cette année à l'Assemblée.
01:35 Avant d'en débattre, on se rafraîchit la mémoire
01:38 avec le bilan de cette année parlementaire
01:40 signée Stéphanie Despierre.
01:42 -L'année parlementaire s'ouvre sur une longue et âpre bataille,
01:45 celle des retraites.
01:47 -Il n'y a pas plus injuste pour les carrières pénibles,
01:50 pour les carrières longues, que la réforme qui est proposée.
01:53 Vous avez compris, nous, à l'unisson, c'est non.
01:56 -Après des mois de tractation,
01:58 persuadés d'avoir le soutien de la droite,
02:00 le gouvernement croit aussi détenir la bonne stratégie
02:03 pour contrecarrer toute obstruction de la gauche.
02:06 Mais rien ne va se passer comme prévu.
02:09 Plus les jours passent, plus les Républicains se divisent.
02:12 Dans l'hémicycle, l'atmosphère est électrique,
02:15 parfois délétère, avec des débats qui tournent au pugilat.
02:18 -Vous êtes un imposteur et un assassin.
02:20 -Aux avant-postes, les députés insoumis donnent de la voix,
02:23 le débat s'enlise sous les milliers d'amendements.
02:26 -Les engagements présidentiels... -On n'est pas dans un amphi,
02:29 on n'est pas dans une manif, on est dans l'hémicycle
02:32 de l'Assemblée nationale.
02:33 -Résultat, après 15 jours de discussions,
02:36 les députés n'ont toujours pas fini d'examiner le texte.
02:40 La Première ministre n'a aucune assurance
02:42 d'avoir une majorité.
02:44 Elle engage sa responsabilité.
02:46 -Sur le fondement de l'article 49,
02:48 alinéa 3 de la Constitution,
02:51 j'engage la responsabilité de mon gouvernement.
02:55 -Le coup près de la motion de censure passe très très près.
02:58 Elisabeth Borne sauve son poste à 9 voix.
03:02 Est-ce le début de l'immobilisme ?
03:04 Pas vraiment. L'exécutif parvient à faire voter
03:07 la relance du nucléaire, l'accélération
03:09 des énergies renouvelables ou encore la réforme du RSA.
03:12 L'automne arrive et avec lui,
03:14 une nouvelle saison de 49.3 sur le budget.
03:17 -Le projet "Doit de finance" est un texte fondamental.
03:21 Les oppositions ne souhaitent pas trouver de compromis
03:24 avec nous.
03:25 -Aussi sur le fondement de l'article 49,
03:28 alinéa 3 de la Constitution...
03:30 -Pour l'exécutif, l'année finit comme elle a commencé,
03:33 par un casse-tête politique, cette fois sur l'immigration.
03:37 A l'Assemblée, ça commence par un coup de théâtre.
03:41 -Pour 270, contre 265.
03:45 -Toutes les oppositions se liguent pour voter une motion de rejet.
03:48 C'est inédit depuis 1998.
03:52 La loi n'est même pas débattue dans l'hémicycle.
03:54 Mais le gouvernement persiste.
03:56 Sa nouvelle version de la loi est soutenue par les Républicains
04:00 et aussi par le Rassemblement national.
04:02 Un baiser de la mort pour le camp présidentiel.
04:05 -Vos sénateurs et reines ont voté contre le texte du Sénat
04:08 il y a un mois. Ce texte n'était pas assez dur.
04:10 Désormais, c'est le texte du Sénat.
04:13 -15 mesures symboliques et vous votez pour.
04:15 Pour qui vous nous prenez ?
04:17 -Conséquence, la loi immigration est votée,
04:19 mais à quel prix pour l'exécutif ?
04:21 Une crise politique et une majorité fracturée.
04:25 -Jean-Baptiste Daoula, ce petit sujet de Stéphanie
04:27 permet de voir quelque chose d'étonnant.
04:30 Il y a deux grosses réformes adoptées.
04:32 La première, celle des retraites contre la rue.
04:35 La dernière, la loi immigration, où Emmanuel Macron dit
04:38 "je suis là pour répondre aux attentes des Français".
04:41 C'est pas contradictoire ?
04:42 -C'est contradictoire.
04:44 On voit qu'on fait dire tout et son contraire
04:46 au sondage selon qu'on les a pour ou contre soi.
04:49 Ce qui est intéressant dans ce que révèle le sujet,
04:52 pour moi, c'est l'un des principaux enseignements de l'année,
04:55 c'est la métamorphose du parti Les Républicains.
04:59 On le voit dans les deux réformes,
05:01 à quel point ils perdent son statut de parti de gouvernement.
05:05 On les voit toper avec Elisabeth Borne
05:07 sur une réforme qui reprend leur programme présidentiel
05:10 sur les retraites.
05:12 Les Troupes Les Républicains n'ont pas voulu l'endosser
05:15 et on a vu la crise que ça a causée.
05:17 On le revoit à la fin avec un texte
05:19 complètement durci à l'extrême sous leur pression
05:22 pour courir derrière le Rassemblement national.
05:25 A chaque fois, le ferment de cette crise,
05:28 c'est que vous avez Les Républicains
05:30 qui refusent de former une coalition de droite assez classique
05:34 avec le gouvernement d'Emmanuel Macron.
05:36 On pourrait avoir une droite classique,
05:39 un gouvernement de droite classique
05:41 qui permettrait à une gauche d'être une gauche classique.
05:45 C'est une forme de... Je ne sais pas si c'est une immaturité
05:48 ou une incapacité de prendre ses responsabilités,
05:51 une métamorphose, une perte de qualité,
05:53 de sens de responsabilité,
05:55 mais c'est la cause de beaucoup des crises qu'on a vues.
05:58 -Wally Bordas, vous, qui suivez cette actue parlementaire
06:01 très chaude pour le Figaro,
06:03 vous en retenez quoi ?
06:04 -Ca a été compliqué pour le gouvernement.
06:07 Quand on part de la réforme des retraites,
06:09 où ils sont censés avoir un accord avec Les Républicains
06:12 et ils sont obligés de faire l'article 49.3
06:17 pour faire valider leur projet de loi,
06:19 qui passe à neuf voies de se faire renverser
06:22 sur une motion de censure,
06:24 sur le projet de loi de migration,
06:26 où, effectivement, c'est compliqué dès le début.
06:29 Ils ont l'impression qu'ils peuvent le faire,
06:31 j'ai envie de dire, en même temps,
06:34 comme le souhaitait Gérald Darmanin,
06:36 avec le volet très régalien
06:38 et le volet un peu plus social sur les régularisations.
06:42 C'est compliqué aussi et, finalement,
06:44 ils se font voler, j'ai envie de dire,
06:46 leur projet de loi par Les Républicains.
06:49 C'est là où j'ai pas la même analyse.
06:51 Entre la réforme des retraites et la réforme immigration,
06:54 Les Républicains, là où ils avaient perdu la main
06:57 et perdu en crédibilité, ont réussi, ces derniers jours,
07:00 à en reprendre en tordant la main au gouvernement.
07:04 -On va en parler un peu après.
07:06 -Et tout ça, pardon, pour terminer,
07:09 sur fond de 49.3,
07:11 on commence l'année avec un 49.3 sur la réforme des retraites
07:15 et on termine l'année avec une motion de censure, hier,
07:18 sur le budget. -Sur la motion de budget.
07:20 -C'était le 23e, je crois, 49.3, depuis le début de la législature.
07:24 -Catherine Tricot, votre regard à vous, journaliste de regard,
07:28 journaliste, journaliste, engagée à gauche, on va dire.
07:31 -Oui, sur l'année parlementaire,
07:33 j'ai trouvé que le Parlement ne fonctionnait pas, du tout.
07:37 C'est-à-dire qu'il n'y a pas de débat,
07:40 on passe de 49.3 en 49.3,
07:42 on est... La réforme des retraites,
07:44 avec un temps qui a été...
07:46 -Il n'y a pas de débat ?
07:47 -Non. Franchement, il n'y en a pas beaucoup.
07:50 Notamment sur les grands sujets,
07:52 le temps de débat pour la réforme des retraites
07:55 avait été ramené à 15 jours pour une raison qu'on ignore.
07:58 Je ne sais pas pourquoi il fallait que ce soit 15 jours.
08:01 Pour la réforme sur l'immigration,
08:03 il fallait que ce soit bouclé avant Noël.
08:06 -Si il n'y a pas de débat sur la réforme,
08:08 c'est pas un sujet prioritaire ? -Non, parce qu'ensuite,
08:11 le fait que la CMP doit se réunir en urgence,
08:14 le lundi soir, pour le mardi matin,
08:16 et qu'on revienne le mardi après-midi, etc.,
08:18 du coup, on a un texte de loi, il n'y a même pas eu
08:21 ce que l'on fait en général pour les lois,
08:24 on regarde l'étude d'impact, on fait une étude d'impact,
08:27 on n'a aucune idée de combien de familles vont être concernées
08:30 par la suppression des allocations familiales
08:33 ou des APL, on n'en sait rien.
08:35 On n'a pas soumis au Conseil constitutionnel
08:37 le projet de loi pour vérifier sa constitutionnalité.
08:41 Vraiment, on fait des tarabistouilles
08:43 avec les LR dans les secrets à Matignon,
08:45 alors que ça devrait se discuter en CMP.
08:48 Tout ça me paraît absolument incroyable,
08:50 c'est-à-dire qu'on passe sur le corps des députés,
08:53 on ne discute pas à l'Assemblée,
08:55 et on aligne les 49-3 sur les votes budgétaires à tire larigot.
08:58 Moi, j'ai l'impression qu'on a un gouvernement
09:01 qui est minoritaire à l'Assemblée,
09:03 qui se comporte à l'Assemblée
09:05 d'une manière extrêmement cavalière,
09:07 voire autoritaire.
09:09 -Richard Verlier,
09:10 votre regard de la vue de Suisse.
09:12 -Cette année parlementaire, elle prouve
09:14 que le système politique français n'arrive pas à évoluer.
09:18 Vous vous souvenez de ce qu'on s'était dit
09:20 après les législatives de juin 2022 ?
09:22 On rentrerait peut-être,
09:24 non pas dans un système parlementaire type britannique,
09:27 mais néanmoins dans la formation de coalitions.
09:30 Emmanuel Macron lui-même le disait,
09:32 puisqu'il préconisait des majorités ad hoc.
09:34 -Certains élus d'autres camps politiques aussi en parlaient.
09:38 -Cette année, c'est celle du passage en force.
09:40 Soit on passe en force avec le 49-3,
09:42 donc là, on utilise un instrument institutionnel,
09:45 mais on l'utilise à très haute fréquence
09:48 et dans un contexte très volatile,
09:50 soit on trouve ponctuellement un allié sur l'immigration,
09:53 ce sera les Républicains, mais dans tous les cas,
09:56 et Emmanuel Macron le théorise,
09:57 car après l'adoption de ces deux lois,
10:00 il revendique d'être passé en force,
10:02 c'est bon pour le pays, et tout dernièrement,
10:04 ça va continuer. Donc on n'est pas du tout
10:07 dans une évolution de ce système politique présidentiel
10:10 dont on pouvait quand même souhaiter
10:12 qu'il tienne compte de la volonté des Français
10:15 qui ont envoyé une assemblée plus éclatée qu'auparavant.
10:18 -Il y a une forme de passage en force,
10:20 y compris vis-à-vis de sa propre majorité
10:22 qui n'a pas été ménagée.
10:24 On a vu des députés de la majorité
10:26 qui ont dû se plier au 49-3 sur la réforme des retraites,
10:29 et la loi immigration, qui est assez éloignée
10:31 de ce qu'on lui avait vendu.
10:33 Vous pensez que cette majorité,
10:35 elle peut tenir sur 2024,
10:37 ou est-ce que ça va craquer à un moment ?
10:39 Je sais pas par qui on commence. Jean-Baptiste ?
10:42 -Ca dépend de ce qu'on entend par "craquer".
10:44 -Est-ce qu'on peut imaginer des frondeurs ?
10:47 -On a vu qu'il y en a pu,
10:48 il y en a pu avoir ponctuellement sur la loi immigration.
10:51 Après, il faut savoir que le fait d'être en majorité relative,
10:55 ça a plutôt tendance à resserrer les rangs.
10:57 Il faudra juste qu'on retourne un an et demi en arrière,
11:00 après l'élection présidentielle.
11:02 On imaginait une majorité absolue
11:04 entre Horizon, Le Modem et Renaissance,
11:06 et on se disait que soit Horizon, soit Le Modem
11:09 allaient faire sauter à la corde Macron
11:11 pour lui assurer des majorités ponctuelles.
11:14 -Tout le monde reste... -C'est une énorme solidarité,
11:17 à l'exception, vraiment, de ce texte immigration,
11:20 et on voit pas comment, décemment,
11:23 que ce soit Edouard Philippe,
11:25 qui a envie de se positionner comme un successeur,
11:28 non pas un héritier, mais un successeur d'Emmanuel Macron,
11:31 peut se permettre de passer pour celui
11:34 qui lui aura planté un coudeau dans le dos
11:36 au milieu du quinquennat.
11:38 Tout le monde est tenu à une responsabilité collective.
11:41 -Wally Bordas ? -J'ai l'impression,
11:43 vous parliez de l'aile droite,
11:45 que c'est la même chose sur l'aile gauche.
11:47 C'est eux qui ont été touchés ces derniers jours
11:50 par la loi immigration, qui étaient heurtés,
11:52 tristes de voir cette loi adoptée avec les voix du RN.
11:55 Quand on leur parle, ils disent très clairement
11:58 où est-ce que je vais aller si je quitte la majorité,
12:01 je vais pas aller chez les socialistes,
12:03 y a pas de groupe de centre-gauche qui peut me représenter.
12:07 Et la question qui se pose, c'est est-ce que,
12:09 soit ils restent au sein de Renaissance
12:12 et ils continuent à faire vivre leur petite chapelle interne
12:15 en essayant de peser,
12:17 soit ils tentent de créer un groupe,
12:19 il faut 15 parlementaires pour créer un groupe,
12:22 un groupe parlementaire, ils pourraient le faire,
12:25 on a vu, y a eu 20 votes contre
12:27 et une quinzaine d'abstentions chez Renaissance,
12:29 mais sont-ils d'accord sur tous ces députés-là ?
12:32 -Vous en pensez quoi ?
12:33 Richard, vous imaginez quoi pour la suite de cette majorité ?
12:37 -Je suis assez d'accord avec ce qui vient d'être dit.
12:40 C'est une majorité qui va rester unie parce qu'elle est captive.
12:43 Elle est captive, d'abord parce qu'elle n'a pas,
12:46 vous l'avez dit, d'endroit où se poser.
12:49 Ces députés frondeurs vont pas retourner au PS,
12:52 c'est le moins qu'on puisse dire.
12:53 D'autre part, il y a la pression qu'exerce Emmanuel Macron.
12:57 C'est à nouveau la caractéristique.
12:59 Emmanuel Macron gère cette majorité quasiment en direct,
13:02 avec les dégâts que l'on voit,
13:04 et donc ils sont coincés,
13:06 parce que s'affranchir de cette majorité,
13:08 ça voudrait dire trahir le président auquel ils doivent,
13:11 pour beaucoup, l'essentiel de leur carrière,
13:14 sinon toute leur carrière politique,
13:16 mais cette captivité, elle est pas de bonne augure,
13:19 parce que les Français, eux, ils regardent,
13:22 et clairement, il y a aujourd'hui, on pourrait le dire,
13:25 un problème, ce serait pas illégitime
13:27 de dire que la meilleure solution pour le pays,
13:30 d'un point de vue démocratique,
13:32 ce serait la dissolution et de rebattre les cartes.
13:35 -Catherine Tricot.
13:36 -Emmanuel Macron s'était présenté en 2017
13:38 un peu comme un social libéral libéral.
13:42 Il a complètement changé de point de vue,
13:45 c'est-à-dire que, social libéral,
13:47 il est en poussant chaque fois un peu plus loin le curseur.
13:50 On l'a vu avec la loi sur la retraite,
13:52 mais aussi avec la loi sur le RSA,
13:54 la loi sur le temps d'indemnité de chômage,
13:57 et là, on nous annonce une prochaine modification
14:00 qui réduira le temps d'indemnité pour les seniors.
14:02 On a, sur le plan social, une version extrêmement droite
14:06 du comportement, mais on le voit sur d'autres sujets.
14:09 La loi immigration, on en a parlé,
14:11 mais les déclarations d'Emmanuel Macron
14:13 portant soutien à Gérard Depardieu, par exemple, l'autre soir,
14:17 pour quelqu'un qui dit que pour son quinquennat,
14:19 il met l'égalité femmes-hommes au coeur,
14:21 ça fait beaucoup avaler.
14:23 -On va rester sur l'année parlementaire
14:25 pour l'instant. -Bien sûr,
14:27 mais ce que je veux dire, c'est que la question
14:29 pour les députés parlementaires, ils ont été élus
14:32 en pensant soutenir un candidat, je dirais,
14:35 de tendance sociale libérale, libérale.
14:37 Ils ont un type qui est totalement autoritaire,
14:40 éventuellement masculiniste, et en tout cas,
14:42 pas tout à fait social.
14:44 Ils ont un problème d'exister, de se faire entendre.
14:46 Et comme, en plus, je pense qu'Emmanuel Macron
14:49 va virer les ministres qui ont osé monter le bout du doigt,
14:52 il faut qu'ils trouvent la façon d'exister,
14:55 de se faire entendre. -C'est que dans la façon
14:57 qu'a Emmanuel Macron d'envisager le pouvoir,
15:00 il y a une incapacité à prendre en compte
15:02 le fait qu'il est en majorité relative.
15:04 Il y a toujours cette impression qu'une décision
15:07 peut être prise de manière unilatérale et verticale
15:10 et que l'intendance va suivre à l'Assemblée.
15:13 -C'est la crise qu'on voit depuis un an et demi.
15:15 A l'inverse, derrière cette incapacité
15:17 d'Emmanuel Macron à comprendre qu'il est limité,
15:20 il y a aussi une forme de déresponsabilisation collective,
15:23 des partis d'opposition plus ou moins modérés
15:26 qui ne savent pas faire des compromis,
15:28 mettre de l'eau dans leur vin,
15:30 et qui ne savent pas avoir le compromis,
15:32 autant que comme une compromission,
15:34 comme l'ont fait les LR, de vouloir imposer leur loi.
15:37 Si un parti minoritaire n'impose pas sa loi à Emmanuel Macron,
15:41 c'est aussi problématique,
15:43 parce qu'à ce compte-là, ça ne peut pas marcher.
15:45 -Avant qu'on parle des autres partis politiques,
15:48 un mot d'Elisabeth Borne.
15:50 Elle a dit qu'elle avait le sentiment du devoir accompli.
15:53 Est-ce que ça veut dire qu'elle est arrivée au bout du chemin,
15:56 qu'elle a accompli sa mission,
15:58 qu'il va y avoir un remaniement, qu'elle doit céder sa place,
16:02 et pour qui, pour quel cap ?
16:03 Emmanuel Macron a parlé d'un nouveau cap dans sa prise de parole.
16:07 -Si elle a le sentiment du devoir accompli,
16:10 ce devoir, au fond, aura été celui
16:12 d'être la chef disciplinaire de la majorité,
16:14 parce que moi, ce qui me frappe, c'est que depuis son arrivée,
16:18 elle n'a pas réussi à incarner le moindre projet politique.
16:23 Elle n'est que la courroie de transmission.
16:25 -Est-ce qu'Emmanuel Macron lui a laissé cet espace ?
16:28 -Quelquefois, vous prenez un espace,
16:30 même si on ne vous le laisse pas.
16:32 Vous le prenez par votre personne, par les mots que vous utilisez,
16:36 par vos méthodes. Vous pouvez exister,
16:38 le président est au-dessus et le Premier ministre en dessous,
16:42 mais clairement, pour moi, elle aura été celle qui aura tenu,
16:45 serré la ceinture de la majorité, utilisé ses instruments
16:48 de passage en force institutionnel.
16:50 Je ne sais pas ce qui restera d'Elisabeth Borne
16:53 comme Premier ministre. -Vous êtes d'accord ?
16:56 -J'ai l'impression qu'elle est lessivée.
16:58 Elle est lessivée par cette année et demie de 49-3,
17:01 de lois difficiles à passer.
17:03 -Cette dernière loi, on sent que ça a été une épreuve.
17:06 Elle l'a fait comprendre.
17:08 -On a l'impression qu'elle est au bout du chemin.
17:10 Même quand on discute ici et là avec les parlementaires
17:14 de sa majorité qui l'ont longtemps soutenue,
17:16 il n'y a plus grand monde pour venir à sa défense.
17:19 Au contraire, les mots sont plutôt virils, plutôt méchants.
17:22 -Jean-Baptiste Daoulas ?
17:24 -Il y a un paradoxe Elisabeth Borne depuis le début.
17:27 C'est une Première ministre qu'on donne toujours partante.
17:30 Tous les trois mois, environ, revient le remaniement.
17:33 Soi-disant, on voit des hoffs assassins venant de l'Elysée.
17:37 On voit qu'Emmanuel Macron ne la supporterait plus,
17:39 qu'elle serait lessivée.
17:41 Qu'est-ce qu'on voit ?
17:42 Elle est sauvée par une seule question,
17:45 qui ferait moins pire qu'elle ?
17:46 En fait, il n'y a aucune personne qui s'impose.
17:49 -Vous dites dès lors qu'Emmanuel Macron annonce un nouveau cap.
17:53 Quel pourrait être ce cap ?
17:54 -Un nouveau cap, tous les trois mois aussi,
17:57 il nous le fait.
17:58 On a eu les 100 jours au printemps,
18:00 on a eu l'initiative politique d'ampleur,
18:03 là, on a le nouveau cap.
18:05 -Dans ce quinquennat,
18:06 Macron essaie de gagner du temps pour masquer le fait
18:09 qu'il n'a plus de latitude politique.
18:12 -Catherine Tricot.
18:13 -L'orientation politique d'Emmanuel Macron,
18:15 elle s'est clarifiée.
18:17 Il y a eu cet en même temps qui nous a été vendu
18:19 au premier quinquennat, désormais, il n'y a plus de en même temps,
18:23 il y a une orientation à droite,
18:25 il va prendre une Première ministre qui va rassembler la droite
18:28 et, si possible, que l'héritier du macronisme
18:31 sera quelqu'un de la droite.
18:33 Elisabeth Borne, qui venait de la gauche,
18:35 a perdu tous les combats qu'elle a menés,
18:38 si elle en a mené beaucoup, mais rien de gauche
18:40 n'est sorti de son mandat de Premier ministre,
18:43 elle a tout perdu, elle a été, en effet, la duche d'en chef
18:46 pour faire tout avaler et elle n'a pas de poids politique,
18:49 elle n'incarne pas.
18:50 Les combats politiques de juin prochain,
18:53 elle ne peut absolument pas être la chef de ce combat-là.
18:56 -Un mot de la droite. On a vu Laurent Wauquiez,
18:59 dans les colonnes du Figaro, dire ce matin
19:01 que l'espoir s'est levé à droite avec l'adoption de ce texte,
19:05 de cette loi immigration très fortement inspirée
19:07 du projet de la droite.
19:09 La droite peut renaître de ses centres,
19:11 vous pensez, en 2024.
19:13 Très vite. Wally Bordas, vous êtes...
19:15 -J'ai trouvé cette année 2023 très dure pour la droite.
19:18 Ils ont été en difficulté.
19:19 -Ils ont repris la main. -Exactement.
19:22 Ils ont été en difficulté à l'Assemblée nationale,
19:25 ils se sont divisés, ils se sont haïs, même.
19:27 Il y en a qui ne se parlaient plus.
19:29 Et on a l'impression, en cette fin d'année,
19:32 que sur l'immigration,
19:33 alors qu'on pensait que ça allait être presque l'estocade,
19:37 le coup fatal qui allait finir par les tuer,
19:41 ils ont réussi,
19:42 moi, je trouve, un espèce de coup de génie
19:45 d'Olivier Marleix sur cette motion de rejet,
19:48 à reprendre la main
19:50 et, en commission mixte paritaire,
19:53 effectivement, à imposer leur loi.
19:55 C'est le seul sujet de l'immigration
19:58 sur lequel, effectivement, ils sont à peu près tous d'accord.
20:01 Les 62 députés LR ont voté ce texte.
20:04 On va voir le début d'année prochaine
20:07 qui s'annonce forcément décisif,
20:09 avec la campagne des Européennes qui va commencer,
20:11 le projet de loi fin de vie qui va arriver.
20:14 Il pourrait y avoir des divisions
20:16 qui peuvent encore semer le trouble.
20:18 -On va parler du RN, le parti de Marine Le Pen,
20:20 qui est souvent présenté comme le grand gagnant
20:23 de cette année politique.
20:25 Est-ce que c'est le cas ?
20:26 -Oui, je crois que François Hollande
20:28 a très bien résumé dans l'entretien qu'il a donné en Monde.
20:31 La majorité n'a pas accepté les votes du RN,
20:34 mais il en a pris les idées.
20:36 C'est quand même factuellement juste.
20:38 Si vous demandez à quelqu'un dans la rue
20:40 si ce projet de loi sur l'immigration
20:42 ressemble plus au Macron ou à Le Pen originel,
20:45 tout le monde répondra que c'est dans la direction de Le Pen.
20:48 À partir du moment où vous prenez le chemin,
20:50 vous faites le boulot.
20:52 Sur la droite, c'est remise à peser,
20:54 mais elle n'existe toujours pas.
20:56 Quel est le projet de la droite,
20:58 à part faire adopter la loi de l'immigration ?
21:00 Quel est le projet politique ?
21:02 Il va falloir qu'ils bossent
21:04 pour afficher un projet politique convaincant.
21:06 -Sur le RN, les sondages montrent que ça y est,
21:09 le parti s'est normalisé, c'était l'objectif de Marine Le Pen.
21:13 Quel peut être son objectif pour l'année à venir ?
21:16 -De rien faire. -De rien faire ?
21:17 -C'est ce qui lui rapporte le plus.
21:20 Il faut faire le moins de propositions,
21:22 laisser l'espèce de déresponsabilisation collective
21:25 qu'on voit à l'oeuvre depuis un an et demi continuer
21:28 et toujours laisser les éditorialistes
21:30 terminer en disant que ça fait monter le RN.
21:33 C'est très simple, en fait, Oscar Laffeyre.
21:35 -Un mot de la gauche avec vous, Catherine Tricot.
21:38 On a vu la NUPES qui a explosé,
21:40 Jean-Luc Mélenchon qui a annoncé la mort de la NUPES,
21:43 et puis là, on voit Manuel Bompard
21:45 qui appelle à ressusciter cette alliance à l'aune
21:48 du vote de cette loi immigration.
21:50 François Ruffin a lancé un appel similaire
21:52 ce matin sur France Inter.
21:54 La gauche peut refaire son unité sur cette loi ?
21:57 Vous y croyez ? -Sur cette loi ?
21:58 -Sur cette loi, mais pour l'avenir.
22:01 -Le problème qui s'est posé à la gauche
22:03 n'est pas un problème de contenu ponctuel sur les retraites.
22:06 Ils étaient d'accord et sur l'ensemble des textes.
22:09 Ils votent à peu près tous la même chose.
22:11 Le problème qui a tué la NUPES,
22:13 c'est que c'est une alliance qui s'est constituée
22:16 au forceps très rapidement, en 15 jours.
22:19 Là où le programme commun a mis 10 ans à se négocier,
22:22 là, en 15 jours, on a forcé le bras
22:24 à tous les partenaires qui étaient exsangues
22:26 après l'élection présidentielle,
22:28 avec Jean-Luc Mélenchon en force.
22:30 -On a vu qu'il y avait beaucoup de rancœur.
22:33 -Oui, mais d'abord, ce qui s'est passé,
22:35 c'est qu'ils ont signé...
22:37 -Est-ce qu'ils peuvent tourner cette page ?
22:39 -Je ne pense pas qu'ils peuvent tourner cette page
22:42 si il n'y a pas un changement structurel
22:44 dans l'organisation de la gauche.
22:47 Si on a le but de vouloir être hégémonique,
22:49 dominatrice et tordre le bras à ses partenaires,
22:52 ça ne pourra pas se faire.
22:54 Il peut y avoir des convergences et des luttes communes
22:57 sur les retraites, l'immigration ou d'autres sujets,
23:00 mais sur le fond, il faut reconnaître
23:02 la gauche dans son pluralisme.
23:04 La gauche française a toujours été diverse.
23:06 Il n'y aura pas eu un alignement sur un seul point de vue.
23:09 Par ailleurs, la question dont on discutait tout à l'heure
23:13 sur la gauche de la Macronie, à mon avis,
23:15 ne peut pas prétendre être une alternative,
23:18 redevenir majoritaire dans le pays,
23:20 si elle continue d'avoir ce comportement
23:22 excluant à l'égard des autres courants
23:25 qui ont pu être, à un moment donné,
23:27 et peuvent, éventuellement, eux-mêmes,
23:29 quoi qu'on en pense, se dire être encore issus
23:32 de cette histoire de la gauche.
23:34 Je crois que c'est un changement structurel d'organisation
23:38 et ce n'est pas un problème, je dirais,
23:40 de thématique ou de sujet programmatique.
23:43 -On va élargir un peu le spectre de cette année politique
23:46 en voyant comment cette actualité très riche de l'année
23:50 a pu peser fortement dans le débat politique
23:52 du drame de Crépol à l'attentat d'Arras
23:54 en passant par les émeutants banlieue.
23:57 Un rappel en image signé Marco Pommier.
23:59 Musique douce
24:01 -La réforme des retraites a enflammé l'hémicycle et la rue.
24:05 En mai, la contestation s'invite
24:07 jusque sur les marges du Festival de Cannes.
24:09 Discours au vitriol de Justine Trier,
24:12 réalisatrice française, 3e femme à décrocher la palme d'or,
24:16 pour son film "Anatomie d'une chute".
24:18 -La marchandisation de la culture
24:20 que le gouvernement néolibéral défend
24:22 est en train de casser l'exception culturelle française.
24:25 Applaudissements
24:27 -2023, une année avec son lot de tragédies.
24:30 Début juin, à Annecy,
24:31 un homme poignard de 4 jeunes enfants et 2 adultes.
24:34 Quelques semaines plus tard, le pays s'embrase,
24:37 6 nuits d'émeute, le domicile d'un maire
24:40 attaqué à la voiture bélier.
24:42 Extrême violence après la mort de Naël, 17 ans,
24:44 tué par un policier pour avoir refusé d'obtempérer.
24:47 45 000 policiers mobilisés,
24:49 3500 arrestations.
24:50 -La leçon que j'en tire, c'est l'ordre, l'ordre, l'ordre.
24:54 -Alors, pour retrouver un peu d'unité,
24:56 quoi de mieux qu'une Coupe du monde ?
24:58 La France, capitale mondiale du ballon ovale pendant 2 mois.
25:02 -C'est la France, c'est l'été, c'est MMA,
25:04 les All Blacks, au dodo !
25:06 -Des records d'audience,
25:07 16,5 millions de téléspectateurs,
25:09 pour la défaite des Bleus face à l'Afrique du Sud
25:12 en quart de finale.
25:13 Des événements 5 étoiles et des invités de marque,
25:16 Charles III portant un toast à l'amitié franco-britannique
25:20 lors d'un banquet majestueux à Versailles.
25:22 Le pape François, lui, s'offre un bain de foule
25:25 dans le bouillonnant Stade Vélodrome,
25:27 60 000 fidèles rassemblés pour une messe géante
25:30 et un appel vibrant en faveur des migrants.
25:33 -Ceux qui risquent leur vie en mer
25:35 n'envahissent pas,
25:36 ils cherchent l'hospitalité.
25:38 -En octobre, c'est les froids,
25:40 le terrorisme islamiste frappe à nouveau l'école.
25:43 A Arras, le professeur Dominique Bernard
25:45 est poignardé devant son établissement.
25:48 Trois ans après la décapitation de Samuel Paty,
25:51 l'urgence attentat fait son retour en France.
25:53 -Nous faisons bloc.
25:54 -Faire bloc contre l'explosion des actes antisémites aussi,
25:58 marche citoyenne inédite à l'initiative
26:01 des présidents de l'Assemblée nationale
26:03 pour l'évacuation des migrants.
26:05 -A l'initiative des présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale,
26:09 plus de 100 000 personnes à Paris un dimanche d'automne,
26:12 entre applaudissements et silence.
26:14 Le silence aussi de tout un village.
26:16 Marche blanche à Crépol en hommage à Thomas, 16 ans,
26:19 tué dans une rixe d'un coup de couteau
26:22 lors d'un bal qui a viré au cauchemar.
26:24 Un pays impacté aussi par le dérèglement climatique,
26:27 des sols asséchés en hiver,
26:29 aux inondations historiques dans le Nord
26:32 et des records de chaleur.
26:33 2023, la deuxième année la plus chaude
26:37 jamais enregistrée en France.
26:39 -Quand on voit ce bilan de l'actualité
26:42 qui a marqué cette année 2023,
26:44 il y a quand même une actualité globalement très anxiogène
26:48 avec Crépol, Arras, les émeutes en banlieue.
26:50 On sent une société française sous tension,
26:53 crispée, qui se fracture.
26:54 A chaque fois, le sentiment que c'est le RN qui en profite.
26:58 Jean-Baptiste Daoulas,
26:59 vous pensez que c'est quelque chose d'inéluctable.
27:03 Comment expliquer que cette actualité-là
27:05 nourrisse finalement le RN ?
27:08 -Auprès, on peut difficilement
27:10 faire qu'une actualité anxiogène ne soit pas anxiogène.
27:14 Ce qui pourrait être une façon de ne pas nourrir le RN,
27:17 ce serait peut-être, en tout cas, de la part de l'exécutif,
27:20 de proposer une réponse plus équilibrée.
27:23 On l'a revu, cette phrase très caricaturale
27:25 d'Emmanuel Macron, "l'ordre, l'ordre, l'ordre",
27:28 pour répondre aux émeutes.
27:31 Il manquait "justice sociale",
27:33 il manquait des mots de compassion supplémentaires
27:35 pour la famille de Nahel.
27:37 Il y a un discours équilibré qui peut davantage recoudre
27:40 la société plutôt que de se dire que la réponse
27:43 est d'aller dans une surenchère autoritaire
27:46 sur laquelle les macronistes ne seront jamais mieux disants
27:49 que le RN.
27:50 -Derrière ce que vous dites, il y a ce débat
27:53 sur la meilleure façon de combattre les idées du RN.
27:56 Ca fait débat au sein de la majorité.
27:58 Il y a plusieurs lignes qui s'affrontent.
28:01 -Il y a une ligne qui est beaucoup plus morale,
28:03 celle d'Olivier Véran ou d'Elisabeth Borne,
28:06 qui a été rabourrée par Emmanuel Macron,
28:08 de rappeler les origines d'extrême droite de ce parti,
28:11 puisque plus grand monde ne le fait.
28:13 Après, il y a une façon de dire que c'est en étant
28:16 dans une réponse plus pragmatique,
28:18 en répondant aux problèmes des gens,
28:21 que le RN, presque comme par miracle, allait refluer.
28:24 On voit qu'il y a deux points de chômage en moins,
28:27 comparé à 2017.
28:28 Le score du RN n'a pas davantage reflué.
28:32 Donc on voit que cette idée
28:34 qu'en répondant à des problèmes extrêmement précis,
28:37 on va faire refluer le RN, c'est un peu limité.
28:41 Ce qui manque, c'est peut-être aussi
28:43 une vision sociétale un peu plus enthousiasmante,
28:46 avec un peu plus d'espoir, un peu plus d'unité,
28:48 qui manque. -Voilà.
28:50 Vous partagez ce point de vue.
28:52 Quelle est la meilleure façon, pour Emmanuel Macron,
28:55 de faire face au RN ?
28:56 -C'est un point qui m'a marqué sur le RN, cette année.
28:59 Et je trouve que les images étaient assez parlantes
29:04 sur la marche contre l'antisémitisme.
29:06 Le RN est là.
29:08 Le RN dont on connaît les origines,
29:10 même s'il y a eu des évolutions.
29:12 Le RN est là, mais les Insoumis ne sont pas là.
29:14 Jean-Luc Mélenchon n'est pas là.
29:16 Je trouve que c'est un peu le résumé, finalement,
29:19 de tous ces événements,
29:22 avec le RN qui, finalement, a réussi
29:25 à trouver une espèce de chemin
29:28 de la respectabilité,
29:30 et des Insoumis qui les ont aidés,
29:33 finalement, par leur outrance,
29:36 par leur surenchère.
29:39 On l'a vu au moment de la réforme des retraites,
29:42 on l'a vu encore plus au moment d'Israël-Hamas,
29:47 avec ce qui s'est passé là-bas,
29:50 début octobre.
29:53 Les Insoumis ont aidé le RN
29:56 encore plus à se respectabiliser,
29:58 et en se sortant, eux, de fait,
30:01 en tout cas, c'est mon opinion,
30:03 du champ républicain, comme le disait Elisabeth Borne,
30:07 de par leurs différentes déclarations outrancières.
30:10 -Quelle est la meilleure façon de répondre
30:12 aux tensions présentes dans la société française ?
30:15 -De faire converger le pays au lieu de le faire diverger.
30:19 C'est comme ça qu'on diminue les tensions,
30:22 quand les gens ont un sentiment d'appartenance accrue
30:25 et non pas l'impression d'être dans des communautés différentes
30:29 qui sont amenées à se confronter.
30:31 Je vais prendre deux dates qui sont très éclairantes.
30:34 Début janvier 2023, c'est la conférence à Versailles,
30:37 des investisseurs étrangers, le sommet Choose France.
30:40 Emmanuel Macron invite des grands patrons
30:43 et le bilan, 6 milliards d'euros de promesses d'investissement.
30:46 A priori, on se dit,
30:48 ça y est, l'année démarre bien.
30:49 Fin d'année, vous avez quoi ?
30:51 Vous avez toutes les polémiques sur l'immigration,
30:54 vous avez les inquiétudes autour, effectivement,
30:57 des chômeurs seniors, l'indemnisation senior,
31:00 donc l'inquiétude sociale.
31:01 Quoi que vous fassiez, et c'est le problème actuel,
31:04 même si vous créez des emplois, on est dans un contexte
31:07 d'inflation où le pouvoir d'achat est plus préoccupant
31:10 pour les gens que le fait de trouver ou de changer d'emploi.
31:14 Vous êtes coincé. Emmanuel Macron,
31:16 sur le terrain économique, on peut penser qu'il réussit,
31:19 ça ne produit pas de fruits politiques.
31:22 -Catherine Tricot, la meilleure réponse aux tensions ?
31:25 -Je partage ce qui vient d'être dit.
31:27 La meilleure réponse, c'est de ne pas aggraver les tensions.
31:30 La loi immigration ne faisait que de mettre de l'huile sur le feu,
31:34 alors qu'il y a des sujets consensuels en France.
31:36 On a vu à la fin se terminer des images accablantes
31:39 sur le réchauffement climatique.
31:41 Sur ce sujet-là, il y a matière à construire,
31:44 pas seulement des actions, mais un récit inclusif.
31:47 Quand on veut calmer le jeu, on ne fait pas les déclarations
31:50 de M. Le Maire, qui prétend réduire les indemnités
31:55 pour les personnes de plus de 55 ans.
31:57 On a l'impression qu'Emmanuel Macron,
31:59 comme on l'a dit, il est dans son turbo,
32:02 il avance, il avance, il passe sur le corps social,
32:06 et les gens ne veulent pas ça. Il n'a pas été élu pour ça.
32:10 Il avait dit "mon mandat sera écologiste ou ne sera pas",
32:13 et il avait, en effet, annoncé, par exemple,
32:15 l'égalité femmes-hommes.
32:17 C'est quelque chose qui fait consensus en France.
32:20 Pourquoi il est venu en défense de Gérard Depardieu ?
32:23 C'est pas possible. -Votre point de vue
32:25 sur ce que disait Wally Bordas, sur LFI,
32:28 LFI a fait le jeu du Rassemblement national...
32:31 -Je ne pense pas que ça se pose dans ces termes.
32:34 Ce que je pense, c'est que l'analyse,
32:36 je la livre comme elle est la mienne.
32:38 Je ne sais pas si elle serait reprise par mes amis de LFI,
32:42 mais je pense qu'ils se disent qu'il faut qu'il y ait quelqu'un
32:45 qui représente ceux qui sont en colère,
32:47 ceux qui sont mécontents, ceux qui veulent renverser la table.
32:51 Puisque l'ERN se normalise,
32:53 nous allons prendre cette attitude et cet espace-là.
32:56 Je crois qu'ils se trompent.
32:58 Je pense qu'ils se trompent, parce que ce matin,
33:00 François Ruffin a dit quelque chose qui m'est apparu comme juste.
33:04 Il a dit "nous avons besoin de nous rassembler
33:06 "et d'une politique qui protège".
33:08 Je pense que c'est cela qui est... Bien sûr qu'il y a de la colère.
33:12 -Et de joie. Il a parlé de joie. -Oui.
33:14 Il faut protéger, rassembler, réunir, donner de l'objectif,
33:19 de la joie et du bonheur.
33:20 Je crois qu'attiser les colères, le ressentiment,
33:23 en fait, ce que je crois en plus, c'est que c'est un mauvais calcul
33:27 parce qu'on ne fait pas des voix à gauche sur le ressentiment.
33:30 Le ressentiment nourrit l'extrême droite.
33:32 -Un mot là-dessus ? -Je suis d'accord.
33:35 Quand on a vu le récap de l'année que vous avez montré,
33:38 on a envie d'avaler un anxiolytique à la fin.
33:40 On a besoin de câlins, de douceur, on a besoin de...
33:43 -Mais est-ce qu'il y a vraiment cette envie
33:46 de vivre ensemble aujourd'hui, en France ?
33:48 -Bah, clairement, pas assez,
33:50 mais le rôle d'un responsable politique
33:52 devrait justement être de stimuler ça.
33:55 Vous ne pouvez pas diviser les gens, appuyer là où ça fait mal
33:58 et porter des projets de loi qui ne font que diviser.
34:01 Je ne vois pas comment vous pouvez ramener autre chose
34:04 que de l'anxiété.
34:05 -Si vous deviez retenir, chacun, une image marquante
34:08 de l'année 2023, vous aviez la parole.
34:11 En France. -En France,
34:12 malgré tout, les inondations...
34:15 -Les inondations ?
34:16 -C'est quand même quelque chose de...
34:18 Si on s'assoit 5 minutes, qu'on respire un grand coup
34:21 et qu'on réfléchit, c'est la principale menace.
34:24 De vivre dans une planète... -Sur le dérèglement climatique.
34:27 Année la plus chaude encore.
34:29 On attend le bilan, mais oui.
34:31 -Effectivement, c'est la priorité.
34:33 -Richard Verdi ? -Ce serait une image
34:35 un peu latérale, des salariés de casinos.
34:38 On est loin en termes d'intensité, les émeutes,
34:40 on y pense tout de suite, les manifestations
34:43 contre les retraites, mais rien n'a été réglé en France.
34:46 On a un dirigeant d'un grand groupe de distribution
34:49 qui a commis des erreurs manifestes de gestion,
34:52 qui a accumulé les dettes.
34:53 Il y a une forme d'impunité économique
34:55 qui conduit à la faillite d'un groupe tout à fait emblématique
34:59 en Créa-Saint-Etienne, etc.
35:01 Je trouve ça tragique pour la France.
35:03 La France s'est désindustrialisée.
35:05 Elle est frappée au coeur de ce qu'on pensait être
35:08 notre force économique, la grande distribution.
35:10 C'est lamentable. -Oually Bordas ?
35:12 -Je dirais que c'est l'image de la voiture de bélier
35:15 qui fonce dans la maison du maire de Lailerhose.
35:19 Je trouve que c'est symptomatique de notre époque,
35:22 que ça raconte quelque chose, effectivement,
35:25 de ce qui s'est passé cette année,
35:27 de ce côté anxiogène dont on parlait
35:29 et que le reportage a très bien mis en valeur.
35:32 Ca m'inquiète aussi sur le côté violence
35:35 fait aux élus, qui semble de plus en plus fort
35:40 dans notre société.
35:41 On commence à se demander si ça...
35:44 On le voit, ça commence à provoquer
35:47 une sorte de crise de la vocation,
35:49 une crise des vocations,
35:50 et que les personnes ne souhaitent plus s'engager,
35:53 alors que c'est des petites villes, des petits villages.
35:57 Les images de Crépole, qu'on n'a pas vues,
35:59 qu'on a en tête, sont également marquantes
36:02 dans ce sens où c'est la violence
36:04 qui s'invite même dans un petit village
36:06 au fin fond de la France.
36:08 -On termine par vous.
36:09 -Le désespoir des jeunes après la mort de Naël.
36:12 C'est ça qui retient.
36:14 Je pense qu'on a une jeunesse qui ne sait pas où elle va,
36:18 qui est perdue et désespérée,
36:20 qui n'a pas d'institution à ses côtés,
36:22 clairement pas la police à ses côtés,
36:24 mais pas non plus, je dirais,
36:26 des chemins pour retrouver une place
36:29 dans la ségrégation spatiale
36:31 qui continue de se renforcer.
36:33 Moi, je... Voilà.
36:34 Je trouve qu'on a retenu la violence
36:36 et je retiens le désespoir de cette jeunesse.
36:39 -C'est pas très positif.
36:40 Vos choix, tous, sont un peu...
36:42 -Il faut changer l'année, Clément.
36:44 -Vivement 2024.
36:46 On va sortir à présent de notre prisme franco-français
36:49 pour faire le bilan de cette année 2023
36:51 sur le plan de l'actu internationale.
36:54 On voit cela avec Thibault Hénocq.
36:56 Explosion
36:57 -Allahu akbar !
37:00 -L'année 2023 aura d'abord été marquée par l'horreur.
37:04 Le 7 octobre, la barbarie du Hamas frappe Israël
37:08 et réveille le conflit entre l'Etat hébreu
37:11 et son voisin palestinien.
37:12 Massacre de civils, prise d'otages,
37:15 l'atrocité des exactions place le monde en état de choc
37:19 et enclenche une riposte massive de l'armée israélienne.
37:23 Cette guerre sera longue et difficile.
37:26 Nous vivons des jours difficiles.
37:28 Deux jours plus tard, la bande de Gaza
37:30 est placée en état de siège par Tsaïl,
37:32 une prison à ciel ouvert où les bombes pleuvent
37:35 depuis sans discontinuer.
37:37 Tentative de médiation, appel à la trêve.
37:39 Au fil des semaines, la communauté internationale,
37:42 d'abord presque unanime à soutenir Israël,
37:45 s'alarme et tente d'obtenir une désescalade, en vain.
37:48 Le 8 décembre, le secrétaire général de l'ONU échoue,
37:52 à faire adopter par le Conseil de sécurité
37:55 une résolution demandant un cessez-le-feu.
37:57 Les Etats-Unis y opposent leur veto.
37:59 -Nous ne soutenons pas une résolution
38:02 qui appelle à un cessez-le-feu non durable.
38:04 -Un nouveau conflit sanglant et un autre qui dure.
38:08 Explosion
38:09 En Ukraine, 2023 sera passé sans qu'un camp
38:12 parvienne à prendre le dessus sur l'autre.
38:14 Après un hiver marqué par l'offensive russe
38:17 et la terrible bataille de Bahmout,
38:19 le printemps est marqué par un espoir,
38:21 celui de la contre-offensive ukrainienne.
38:23 Mais la Russie résiste et l'Occident est mis au défi
38:26 de mener une guerre d'usure.
38:28 -Nous devons poursuivre notre effort de coalition de guerre
38:31 pour gagner cette guerre.
38:33 Nous avons besoin de davantage d'armes lourdes.
38:35 -Un soutien qui menace de s'essouffler,
38:37 notamment aux Etats-Unis, tandis que l'Europe se divise.
38:41 Il y a quelques jours, l'Union ouvre la voie
38:43 à une adhésion de l'Ukraine, mais la Hongrie s'oppose
38:46 à une nouvelle aide de 50 milliards.
38:48 Des conflits qui feraient presque oublier
38:51 une autre bataille tout aussi vitale,
38:53 celle pour le climat.
38:54 2023 aura été l'année la plus chaude jamais enregistrée.
38:57 Un énième signal d'alarme face auquel les avancées
39:00 auront encore semblé trop minces cette année.
39:03 Il y a quelques semaines, la COP28 à Dubaï débouche sur un accord.
39:06 -It is so decided.
39:08 Applaudissements
39:10 -L'objectif d'une transition pour sortir des énergies fossiles
39:14 est pour la première fois acté, mais sans objectif chiffré.
39:17 -On va commencer par ce conflit entre Israël
39:20 et le Hamas. On a entendu Benyamin Netanyahou
39:22 expliquer qu'il refusait d'entendre parler de cesser le feu
39:26 avant que le Hamas n'ait été éliminé.
39:29 Richard Verdi,
39:30 qu'est-ce qui pourrait ouvrir la voie à une solution politique ?
39:34 -Il y a deux variables qui, pour l'instant,
39:38 restent, je dirais, hors d'atteinte.
39:41 La première, c'est la question du leadership.
39:44 Il y avait une très bonne tribune de Thomas Friedman
39:47 qui disait qu'on ne sortira pas de cette situation
39:50 sans les meilleurs des Israéliens et des Palestiniens.
39:53 Désolé, pour le moment,
39:54 il n'y a pas les meilleurs des Israéliens
39:57 à la tête du pays. Benyamin Netanyahou
39:59 est à la porte de la prison et il est tenté de prolonger la guerre
40:02 pour rester chef du gouvernement.
40:04 Ses alliés d'extrême droite ont prouvé
40:07 leur caractère nuisible politiquement.
40:09 Du côté des Palestiniens, malheureusement,
40:11 que ce soit le Hamas avec ses méthodes terroristes
40:14 ou l'autorité palestinienne décrédibilisée,
40:17 il n'y a pas le personnel pour construire
40:19 un pays où on est dans une impasse
40:21 tant qu'il n'y aura pas eu ces changements.
40:23 -Vous voyez qui ? -Du côté israélien,
40:26 il y a des ressources, un pays démocratique,
40:28 il y a des oppositions, il y a le général Gantz,
40:31 il y a du personnel, et du côté palestinien,
40:33 on pense à Marwan Barghouti, qui est détenu,
40:36 à qui on prête des intentions qu'on ne connaît pas,
40:39 puisqu'il est détenu depuis de longues années
40:41 et toujours pas libéré.
40:43 C'est la première variable,
40:45 malheureusement, hors d'atteinte.
40:47 L'autre variable, c'est qu'Israël n'arrête pas de dire
40:50 "objectif de guerre".
40:51 Mais que peuvent être des objectifs de guerre ?
40:54 Aujourd'hui, Israël contrôle la totalité de la bande de Gaza,
40:57 en tout cas peut en prendre le contrôle,
41:00 détruit quasiment toutes les infrastructures,
41:02 montre des tunnels, notamment ce grand tunnel
41:05 qu'on a vu récemment, le fameux métro de Gaza.
41:07 On n'a toujours pas vu de dirigeants du Hamas tués,
41:10 ils n'ont pas montré qu'ils ont éliminé.
41:13 Donc certes, ils vont éradiquer
41:15 les capacités ponctuelles militaires du Hamas,
41:17 mais le mouvement va disparaître.
41:19 Je crois que ces objectifs de guerre
41:21 ne sont pas atteignables, contrairement à ce que dit Israël,
41:25 et tant que des objectifs de guerre ne sont pas atteints,
41:28 si la volonté, c'est de les atteindre,
41:30 c'est la guerre interminable.
41:32 -Catherine Tricot ? -On renforce le Hamas,
41:34 et pas simplement en Palestine.
41:37 Le problème, c'est que le Hamas, aujourd'hui,
41:40 est apparu comme étant une force de résistance
41:43 qui a remis sur l'agenda international
41:46 la question israélo-palestinienne.
41:48 Donc, on est extrêmement responsables
41:50 de les avoir abandonnés, d'être passés à autre chose.
41:53 On n'a pas réglé le problème,
41:55 on les a laissés dans leur isolement et dans leur détresse.
41:58 Le Hamas est en train de gagner en force politique
42:01 à l'international et à l'intérieur du territoire palestinien.
42:05 Enfin, parmi les Palestiniens,
42:07 je sais même plus comment on peut appeler ça,
42:09 parce que c'est un truc avec des bouts de confetti,
42:12 ce que vous venez de dire,
42:14 c'est qu'en fait, à Gaza, on tue 20 000 Palestiniens,
42:17 mais surtout, on détruit... -Selon le Hamas.
42:20 C'est les chiffres du Hamas. -Ce sont, selon le Hamas,
42:23 20 000 Palestiniens. On peut penser qu'ils n'ont pas de raison
42:26 ni de le sous-estimer, ni de le sur-estimer.
42:29 C'est l'ordre de grandeur. Par contre, ce qui est factuel,
42:32 c'est que tout est détruit.
42:34 On fait en sorte que les Palestiniens
42:36 ne puissent pas se redresser, ne puissent pas recommencer
42:40 à construire et à avoir un projet.
42:42 S'il n'y a pas de projet, il n'y a que de la désespérance,
42:45 de la haine et du terrorisme.
42:47 -N'oublions pas quand même une équation
42:49 qui est celle de la démographie.
42:51 Il y a environ 15 millions de Juifs à travers le monde,
42:54 il y a un milliard de musulmans,
42:56 et le monde entier regarde les atrocités.
42:59 J'étais au Qatar il y a pas longtemps,
43:01 dans les studios d'Al Jazeera,
43:03 le jour où Al Jazeera parlait à l'un de ses correspondants à Gaza
43:07 qui venait de perdre 22 membres de sa famille.
43:10 Voilà ce que regarde le monde entier,
43:12 pas nous, les Occidentaux,
43:13 parce qu'on regarde pas Al Jazeera,
43:15 mais tous les pays du Sud.
43:17 Là, vous aviez un journaliste qui n'était pas un observateur,
43:20 il venait de perdre 22 membres de sa famille.
43:23 Contre ça, vous n'avez pas beaucoup de parade.
43:26 -Jean-Baptiste Daoulas, comment jugez-vous
43:28 la position d'Emmanuel Macron sur ce conflit
43:31 depuis le 7 octobre ?
43:32 -C'est du classique d'Emmanuel Macron
43:34 dans les relations internationales,
43:37 il a dit que par sa seule énergie, sa seule volonté,
43:39 il va pouvoir réconcilier les irréconciliables.
43:42 C'est ce qu'on avait vu jusqu'au dernier moment
43:45 avant le déclenchement de la guerre en Ukraine.
43:47 Il pensait mettre d'accord Vladimir Poutine et Zelensky.
43:51 Là, on a vu d'abord une difficulté
43:55 à reconnaître
43:57 les excès d'Israël
44:02 dans sa riposte,
44:04 puis ensuite, il a semblé faire la leçon à Israël
44:07 sur ses excès.
44:08 On a l'impression qu'il finit toujours par fâcher tout le monde,
44:12 tout en ayant un rôle international
44:15 qui est malheureusement, à l'image du poids de la France,
44:18 limité aujourd'hui.
44:20 -Wally Bordas, sur cette même question,
44:22 quelle est la boussole d'Emmanuel Macron ?
44:24 -Il a fait du en même temps, en fait.
44:27 Il a fait du classique Macron,
44:28 en commençant par prôner une coalition internationale
44:32 de lutte contre le Hamas,
44:34 et deux semaines plus tard, de dire
44:36 qu'il faut absolument cesser le feu.
44:38 Donc quasiment tout est son contraire.
44:41 Et j'ai remarqué quand même que,
44:44 pendant cette séquence,
44:46 on met de côté les Insoumis,
44:48 qui se sont complètement décrédibilisés
44:51 et qui ont fait exploser la nupes,
44:53 au sein même de la majorité d'Emmanuel Macron,
44:55 il y a eu des divergences de vues
44:58 qui n'ont pas vraiment apparu
45:01 aux yeux du grand public,
45:02 parce qu'elles étaient silencieuses.
45:04 Finalement, c'est vrai que ce conflit
45:07 qui existe depuis très longtemps
45:08 et qui, là, s'est embrasé,
45:10 divise énormément de monde.
45:12 Dans la population, les gens en débattent.
45:14 Il n'y a pas un dîner de famille
45:16 où ça ne peut pas s'envenimer à cause de ça.
45:19 Et dans la majorité, il y a eu vraiment ce débat,
45:22 sauf qu'il n'est pas arrivé sur la place publique.
45:25 Les déclarations d'Emmanuel Macron
45:27 n'ont fait que semer le trouble,
45:29 encore une fois, au sein de sa majorité.
45:31 -On va parler de l'Ukraine,
45:33 avec cette aide militaire des Etats-Unis et de l'Europe
45:36 qui semble faiblir.
45:37 La contre-offensive ukrainienne que tout le monde attendait
45:41 à non seulement échouer, mais l'armée russe
45:43 semble reprendre le terrain sur la ligne de front.
45:46 Il y a aussi des tensions entre Volodymyr Zelensky
45:49 et son chef d'Etat-major.
45:50 Vous êtes inquiét, Richard Vélier.
45:52 Est-ce qu'il y a un risque que l'Ukraine s'effondre
45:55 face à l'armée russe ?
45:57 -Je ne crois pas
45:58 parce que je crois que la population ukrainienne
46:01 est massivement derrière l'effort de guerre.
46:03 L'Ukraine ne va pas manquer de combattants.
46:06 C'est un autre sujet.
46:07 Il y a des problèmes de recrutement.
46:09 La population masculine ukrainienne
46:11 est sans proportion avec la population russe.
46:14 Par contre, quand vous êtes en Ukraine,
46:16 les gens ne lâcheront pas.
46:18 Ils tiennent à leur pays
46:19 et ne veulent pas tomber sous les fourches de Poutine.
46:22 C'est extrêmement fort.
46:23 Ce que vous risquez d'avoir, c'est un affaiblissement
46:27 du pouvoir exécutif ukrainien,
46:28 lâché peut-être par les Européens, par les Américains,
46:32 contesté parce qu'il va falloir
46:33 que Volodymyr Zelensky se représente.
46:36 Il y a des élections prévues, on ne sait pas si elles vont se tenir.
46:39 Il y a une fragilité, je dirais, du système,
46:42 une fragilité institutionnelle,
46:44 mais pour le moment, je ne vois pas affaiblir
46:46 la volonté des Ukrainiens de résister.
46:48 -Cet enjeu de l'aide militaire occidentale...
46:51 -La difficulté de l'aide militaire occidentale,
46:54 c'est... Il y en a deux principales
46:56 qui sont les mêmes pour toutes les guerres.
46:58 Ca ne marche jamais, l'aide militaire,
47:00 si vous donnez le matériel trop tard.
47:03 Il y a un problème de calendrier.
47:04 Un certain type de matériel est indispensable à un moment.
47:08 Les chars qu'on a donnés, l'Ukraine en avait besoin
47:11 avant et on les a donnés trop tard.
47:13 Ensuite, ce que tout le monde commence,
47:15 et disons-le, les Occidentaux, on ne veut pas donner
47:18 trop de matériel à l'Ukraine, parce qu'on ne veut pas
47:21 que ce conflit nous engage trop.
47:23 Je pense que personne au sein des alliés de l'OTAN
47:27 n'est prêt à donner à l'Ukraine les moyens de battre,
47:30 de mettre une raclée en imaginant que ce serait possible
47:33 à Vladimir Poutine. Personne,
47:35 parce qu'on a trop peur de lui.
47:37 Ce qu'il faudrait, c'est qu'à un moment donné,
47:40 et c'est ce qu'on espère,
47:41 Poutine cale en disant "c'est bon, j'ai obtenu ce que je voulais,
47:45 "êtes-vous prêts à venir à la table de négociation ?"
47:48 -Catherine Tricot, sur Poutine,
47:50 on l'a vu en 2023 résister un coup d'Etat.
47:52 Son armée a donc repris la main sur le terrain en Ukraine.
47:57 Personne ne semble en mesure de contester son pouvoir
48:00 et il va visiblement être réélu très facilement en 2024.
48:03 On nous prédisait un effondrement de l'économie russe,
48:06 pour l'instant, on ne le voit pas venir.
48:09 C'est quoi ? C'est un échec ?
48:10 La stratégie occidentale est un échec ?
48:13 Comment vous analysez ça ?
48:14 -Ce que je pense à la stratégie occidentale,
48:17 c'est déjà de ne pas lui permettre d'envahir l'Ukraine.
48:20 Ça n'a pas été un échec.
48:21 -Tout ce qui a été mis en oeuvre depuis
48:24 semble tarder à produire ces effets.
48:26 -Il faut arrêter de prendre les autres pour des riens.
48:29 Le problème des Occidentaux, c'est qu'ils s'imaginent
48:32 qu'ils ont des moins que rien partout
48:34 et des petits pays qui sont limite des pays sous Dèvres.
48:39 Non, il faut arrêter de penser comme ça.
48:41 La Russie est un grand pays,
48:43 c'est pas parce qu'elle a perdu la guerre froide
48:46 qu'elle n'est rien.
48:47 Elle est le plus grand pays en termes de géographie,
48:50 d'histoires, elle a des ressources.
48:52 On ne va pas traiter la question de cette manière-là.
48:55 Je rejoins ce que vous venez de dire.
48:57 Il n'y a aucune guerre depuis la Seconde Guerre mondiale
49:00 d'invasion de territoire qui a été gagnée.
49:03 Poutine ne gagnera pas la guerre en Ukraine
49:05 parce que les Ukrainiens ne le laisseront pas faire.
49:08 Il n'y a aucun contre-exemple depuis la Seconde Guerre mondiale.
49:12 Ça sera vrai pour Poutine comme ça a été vrai pour les Américains.
49:16 -Très vite, d'un mot, cette COP 28,
49:18 dans cette actualité plutôt sombre sur la scène internationale,
49:22 il y a cet objectif de sortie des énergies fossiles
49:25 qui a été acté, Jean-Baptiste Daoulas.
49:27 Vous retenez plutôt le verre à moitié plein,
49:30 le verre à moitié vide sur cette COP 28 ?
49:32 -C'est évidemment une nouveauté,
49:36 donc on ne peut que s'en réjouir.
49:38 J'ai plutôt tendance, après, à faire confiance
49:41 aux spécialistes du sujet qui trouvent
49:43 que cette COP est extrêmement décevante
49:45 et que les moyens ne sont pas là
49:47 pour arriver à nos objectifs de limitation
49:49 du réchauffement de la planète.
49:51 Donc ça reste, malgré tout,
49:53 une forme d'inquiétude qui persiste, malheureusement.
49:56 -Wally Bordas ?
49:57 -J'ai l'impression qu'à chaque COP,
50:00 on dit qu'elle accouche d'un accord historique.
50:02 Je me souviens de la COP 21,
50:04 où ça avait été particulièrement marquant
50:06 sous la présidence Hollande,
50:08 et finalement, là, on est sept ans plus tard,
50:11 huit ans plus tard, pas grand-chose n'a changé,
50:14 j'ai l'impression,
50:15 et c'est la situation environnementale du monde.
50:18 -Il nous reste un peu de temps pour nous projeter
50:20 sur cette année 2024. On souhaite avoir votre regard,
50:23 à vous quatre, sur quatre événements prévus l'an prochain.
50:27 On va les prendre par ordre chronologique.
50:29 On commence avec vous, Wally Bordas.
50:31 Vous êtes notre spécialiste du Parlement.
50:34 On vous a attribué ce texte sur la fin de vie.
50:36 On en parle depuis longtemps,
50:38 et il devrait enfin arriver au Parlement en février.
50:41 C'est un texte sur lequel Emmanuel Macron a longtemps tergiversé.
50:45 On va avoir deux textes sociétaux,
50:47 qui vont arriver en début d'année.
50:49 On a le texte IVG, qui arrive mi-janvier,
50:52 quasiment dès la reprise à l'Assemblée nationale,
50:55 qui fait un relatif consensus, j'ai l'impression,
50:58 dans la classe politique,
51:00 et qui risque de ne pas trop diviser.
51:02 Et on a ce projet fin de vie,
51:04 qui est prévu... Il n'y a pas de date encore,
51:06 mais premier trimestre.
51:08 -Au mois de février, ça peut encore évoluer.
51:10 -Et qui, lui, risque d'être très intéressant.
51:13 Les grandes lignes ont été tracées.
51:16 Et on a l'impression que c'est un sujet
51:20 qui peut diviser dans tous les camps,
51:23 que ce soit au gouvernement, que ce soit dans la majorité,
51:26 que ce soit au RN, que ce soit à droite, à gauche.
51:29 J'ai l'impression que c'est un sujet
51:31 qui convoque des histoires personnelles,
51:33 des convictions personnelles, des sensibilités personnelles,
51:37 et qui peut donc s'avérer peut-être passionnant,
51:41 que ce soit à l'Assemblée ou au Sénat,
51:43 et qui était attendu.
51:44 Et donc, je pense qu'on va tous bien s'amuser
51:47 à écouter les débats qui vont arriver à l'Assemblée.
51:50 -Comment expliquez-vous l'hétergiversation
51:52 d'Emmanuel Macron ? On l'avait vu dire
51:55 que lui, à titre personnel,
51:56 il souhaitait choisir sa fin de vie.
51:59 On s'était dit qu'il allait agir vite là-dessus,
52:01 et finalement, il faut attendre 2024.
52:04 -C'est un sujet qui est difficile.
52:05 C'est un sujet qui est difficile
52:07 parce qu'effectivement, comme je le disais,
52:10 il y a beaucoup de choses.
52:11 Emmanuel Macron a aussi des conseillers autour de lui,
52:16 des personnes qui plaident.
52:18 Je sais que François Bayrou, par exemple,
52:21 est plutôt hostile, intimement, sur ce projet de loi.
52:25 Donc, ces hésitations d'Emmanuel Macron...
52:28 Il y a eu d'autres projets de loi sur lesquels il hésitait.
52:31 On se souvient d'un projet de loi
52:33 qui a mis 15 mois à accoucher.
52:34 Donc, ce projet de loi fin de vie,
52:36 il a mis un moment à accoucher.
52:38 Il arrive au Parlement, il a été aussi construit,
52:41 il y a eu une convention citoyenne,
52:43 il a été aussi construit avec la société civile,
52:46 même si la société civile se plaint
52:48 que ses idées n'aient pas été totalement reprises
52:51 dans ce projet de loi.
52:52 Voilà, il a mis du temps à accoucher,
52:55 il arrive, et je pense qu'on n'a pas fini d'en parler.
52:59 -On passe à vous, Jean-Baptiste Daoulas.
53:01 Les élections européennes vont avoir lieu le 9 juin.
53:04 Est-ce que ces européennes ne risquent pas
53:06 de se transformer en tour de chauffe avant la présidentielle ?
53:10 -Un tour de chauffe,
53:11 parce que c'est des élections de demi-mandat.
53:14 On sera deux ans et trois mois, à peu près,
53:16 après la réélection d'Emmanuel Macron.
53:19 Donc, évidemment, tout va être vu à l'aune de 2027.
53:22 Avant ça, c'est aussi...
53:24 Qu'est-ce qui attend Emmanuel Macron
53:26 pour la fin de son mandat ?
53:28 S'il y a une déroute,
53:29 on voit bien qu'il va finir ce mandat
53:32 encore pire qu'il ne l'a commencé,
53:34 c'est-à-dire comme un commandant,
53:36 comme un canard boiteux.
53:37 Donc, le score de la majorité présidentielle
53:40 va être scruté.
53:41 Ce qui est intéressant, c'est qu'on sent
53:43 un mélange de fébrilité et d'assurance
53:46 chez les macronistes,
53:47 parce qu'on voit qu'ils ont le contexte politique de face.
53:52 Malgré tout, ils sentent aussi
53:53 que c'est une élection qui leur est assez favorable,
53:56 car ils ont l'impression d'avoir un monopole
53:59 sur un électorat libéral et pro-européen
54:01 qui est toujours à se mobiliser aux européennes
54:04 et qui, dans leur style, leur vaudra toujours
54:07 environ 20 % des suffrages et leur évitera une déroute.
54:10 C'est pour eux.
54:11 C'est intéressant de voir ce qui va se passer à gauche.
54:14 Il y a pas moins de quatre listes qui vont s'affronter.
54:17 -Vous pensez que ça peut bouger,
54:19 parce qu'il y a encore un appel ce matin
54:22 de François Ruffin à se rassembler
54:24 pour les européennes ?
54:25 -Des appels, vous allez en avoir jusqu'au bout,
54:28 mais il y a quand même quelque chose à aller contre.
54:31 Quand vous additionnez dans les sondages
54:33 les partis de gauche,
54:34 c'est bien plus important,
54:36 il y a beaucoup plus d'élus aussi
54:38 si chacun y va de manière séparée.
54:40 L'aspiration unitaire pour 2027, elle est intéressante,
54:44 mais outre les querelles presque au bord de la haine
54:47 qu'on a pu observer ces dernières semaines
54:50 au sein de la NUPES,
54:51 on voit aussi que leur intérêt numérique, stratégique,
54:54 n'est pas d'aller...
54:56 -C'est le leadership de la gauche
54:58 qui peut se jouer dans ce scrutin ?
55:00 -C'est le leadership de la gauche qui va se jouer.
55:03 -Ce que va faire l'électorat social-démocrate,
55:05 qui, malgré tout, était, pour une bonne partie,
55:08 resté chez Emmanuel Macron.
55:10 Est-ce que la loi immigration va être
55:12 le dernier clou dans le cercueil pour eux,
55:15 qui va leur faire définitivement abandonner le macronisme
55:18 et revenir vers une offre social-démocrate
55:20 ou écologiste modérée ?
55:22 C'est peut-être un des mouvements de fond
55:24 qu'on va surveiller avec les européennes
55:26 et qui peut être décisif pour 2027.
55:28 -Catherine, sur les JO,
55:30 on nous avait vendu une grande fête
55:32 populaire à Paris en 2024.
55:35 Là, on parle de la menace terroriste,
55:37 des problèmes dans les transports,
55:39 on parle de ce que ça va coûter.
55:41 Alors, fête ou fiasco, pour vous, ces JO ?
55:44 -On n'y est pas encore.
55:45 Je pense que ça sera une fête.
55:47 Je pense que quand on y sera,
55:49 l'événement va nous emballer.
55:51 Ca s'est produit un peu comme ça à Londres, par exemple,
55:54 où juste avant, tout le monde pensait que ça serait un fiasco.
55:57 Les Anglais se sont pris au genou.
56:00 Je crois qu'on va être heureux de cet événement.
56:03 On sera déçus de nos résultats sportifs.
56:05 Absolument rien n'a été fait depuis le temps qu'on a ces JO
56:10 pour relancer une politique de masse du sport,
56:13 pour avoir du sport de masse et du sport d'élite.
56:16 Rien n'a été fait.
56:17 On ne va pas avoir beaucoup de médailles,
56:20 mais on sera contents des JO.
56:21 Par contre, ce que je regrette,
56:23 c'est qu'on avait vendu cette proposition au monde
56:27 comme une proposition à la fois écologique et inclusive.
56:30 C'était les JO de Paris et de la Seine-Saint-Denis,
56:33 et ça devait être une grande proposition
56:37 d'un grand événement mondial écolo.
56:39 Je crois que l'un et l'autre vont être foirés.
56:42 Ca ne sera ni écolo ni très inclusif.
56:45 -Pourquoi ? -Ce qu'on voit sortir
56:47 de la Seine-Saint-Denis, ce qu'on voit sortir de terre
56:50 en Seine-Saint-Denis, c'est pas énormément de choses,
56:53 et ce sont des choses qui ne sont pas très inclusives.
56:56 Si vous allez faire un tour du côté de l'île Saint-Denis
56:59 ou de Saint-Denis, où va y avoir le village olympique,
57:02 franchement, c'est pas hyper enthousiasmant.
57:05 Moi, je crois qu'on n'a pas réussi à inventer
57:08 une forme d'urbanisme nouveau,
57:12 écolo, et qui fasse que la Seine-Saint-Denis
57:15 se sente bien dans cette manifestation.
57:17 -Richard, il y a ce grand rendez-vous
57:20 de la présidentielle américaine à la fin de l'année.
57:23 Faut-il craindre une réélection de Donald Trump ?
57:26 -Oui, il faut le craindre d'abord pour l'Amérique.
57:28 Avant de parler des conséquences en Europe et pour le monde,
57:32 Donald Trump est maintenant sur une ligne
57:34 qui est carrément autoritaire. Il revendique même
57:37 de faire des écarts avec la démocratie,
57:39 il refuse de répondre aux questions,
57:41 il dit qu'il va s'en prendre à l'Etat profond,
57:44 il sait qui incarne cet Etat profond,
57:46 il est donc plus ciblé qu'il ne l'était
57:49 durant son premier mandat, et il traite les migrants
57:52 qui veulent arriver aux Etats-Unis de vermines.
57:55 C'est un grand débat politique.
57:56 Ca va être intéressant de voir comment les Américains réagissent.
58:00 Il y a un danger pour le système.
58:02 Rappelons ce qui se passe dans l'Etat d'école du Colorado,
58:06 où la Cour suprême a déclaré qu'il ne pourrait pas se présenter
58:09 dans cet Etat, ce qui pose de vraies difficultés.
58:12 Et puis, il y a les dangers pour le reste du monde.
58:15 La liste est longue. Parlons essentiellement de l'Europe.
58:18 Pour l'Europe, ça veut dire deux choses.
58:21 Ca veut dire la possibilité que dans le dos des Européens,
58:24 il le revendiquera lorsque ça se présentera,
58:27 il peut trouver des excuses commerciales, géopolitiques,
58:30 tout ce qu'on veut, mais il peut trahir les Européens,
58:33 même si, encore une fois, l'OTAN est là, l'Alliance,
58:36 il y a des considérations stratégiques,
58:38 mais Trump, en tout cas,
58:40 pour l'instant, il ne veut aucun, je dirais, aucune obligation.
58:43 Et puis, la deuxième chose, qui est très préoccupante aussi,
58:47 c'est la manière dont, au fond, il va, par son élection,
58:50 sponsoriser de facto tous les régimes autoritaires
58:53 et tous les partis nationaux populistes
58:55 à travers le monde.
58:56 Le symbole serait désastreux pour quelque chose
58:59 dont on tient à l'Assemblée nationale, la démocratie.
59:02 -Merci, Richard.
59:03 Verdi, cette année 2024 s'annonce passionnante.
59:06 Comptez sur nous, ALCP, pour vous faire vivre cela,
59:09 pour vous décrypter cette actu.
59:11 Un grand merci à tous les quatre d'être venus
59:13 sur le plateau de "Ça vous regarde"
59:15 pour cette dernière de l'année. Je remercie
59:18 toutes nos équipes techniques et rédactionnelles
59:20 qui sont en coulisses.
59:22 C'est grâce à eux que cette émission existe chaque soir.
59:25 Merci à vous, chers téléspectateurs,
59:27 d'être toujours plus nombreux à nous suivre.
59:29 Myriam Ankawa se joint à moi
59:31 pour vous souhaiter de très belles fêtes de fin d'année.
59:34 A très bientôt sur LCP.
59:35 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
59:37 Générique
59:40 ...
59:50 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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