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Histoire du développement la station de Vaujany ou comment un petit village niché au fond d'une vallée isolée du massif de l'Oisans est devenu en un demi-siècle une station de ski attirant une clientèle internationale.

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00:22 Atypique, authentique, surprenante, la station village de Vaujany se raconte dans une histoire digne d'un conte de fées.
00:29 Située en Isère, au cœur de Loisan, à 1250 mètres d'altitude,
00:34 elle affiche une liste d'infrastructures à peine croyable pour un village de 350 habitants.
00:39 Une piscine, une patinoire, un boulim, une base de loisirs, une médiathèque, un musée, un cinéma
00:44 et même des escalators reliant les différents niveaux de la station.
00:50 Pourtant, il y a à peine 40 ans, le village était voué à la désertification,
00:54 son économie essentiellement basée sur l'agriculture n'ayant pas résisté à l'exode rural.
00:59 1000 habitants en 1900, moins de 200 en 1980. L'affaire semblait pliée.
01:08 C'est alors que le miracle se produisit, résumé en trois lettres, EDF.
01:14 Le géant de l'électricité français choisit Vaujany pour implanter dans les années 80
01:19 la plus grosse station hydroélectrique d'Europe, engendrant une magne financière colossale
01:23 qui va bouleverser le petit village de paysans de Loisan.
01:27 Mais avant que la bonne fée électricité se penche sur Vaujany,
01:30 ce sont des générations de montagnards qui ont écrit son histoire.
01:43 Pour vous présenter Vaujany, c'est une des plus grandes communes en termes de surface
01:47 sur le territoire national. On n'est pas loin de 10 000 hectares.
01:50 Ce sont des hectares quasi verticaux pour la plupart, puisqu'on est un pays de montagne.
01:55 Nous sommes limites rof avec la Savoie, qui est toute proche ici,
02:02 avec qui nous avons des frontières ancestrales qui ont forgé notre histoire.
02:08 Vous aviez 1000 habitants en 1900, ça impliquait forcément des familles nombreuses.
02:12 La terre était rude, la vie était rude, et l'hiver, en général, les garçons et les aînés partaient
02:19 pour soulager la charge familiale et la charge sociale des familles,
02:23 partaient exercer le métier de colporteur.
02:26 Certains colportaient de la lunetterie, par exemple.
02:29 Certains colportaient des fleurs des montagnes, des fleurs médicinales.
02:33 Certains colportaient de la mercerie.
02:36 Il y avait les ramoneurs savoiards, il y avait les bougnards qui venaient de l'Auvergne,
02:41 et les fameux colporteurs de raisons, qui en profitaient pour s'enrichir intellectuellement,
02:46 puisqu'ils revenaient au printemps en ayant voyagé, en ayant découvert des choses.
02:51 Ces populations, c'est la terre qui les nourrissait, et la terre et l'élevage.
02:56 Tout le monde avait sa maison ou sa ferme dans les hameaux de Vaujany, etc.
03:02 Et tout le monde, ici, avait un chalet d'alpage, où on pratiquait le pastoralisme.
03:10 On partait d'ici avec les bêtes et on montait en alpage, tout l'été.
03:15 Ça, c'est aussi des histoires dont on ne se passe pas, enfin, qu'on n'oublie jamais.
03:21 Moi, j'y allais avec ma mère, parce que le mari restait au hameau
03:28 pour faire les travaux des champs avec les plus grands enfants.
03:32 On passait deux mois d'été à faire les foins.
03:35 C'était plutôt avec les grands-mères qu'on vivait dans le chalet, les grands-parents.
03:40 On montait les vaches, les poules, les lapins, les cochons.
03:44 On vivait dans la ferme complètement.
03:47 On faisait le foin, les parents restaient en bas, parce qu'il y avait soit les blés à faucher,
03:52 soit les commencés à piocher les pommes de terre.
03:54 Ils avaient toujours quelque chose à faire dans la ferme du bas, et nous, on faisait la ferme du haut.
03:59 Nos parents faisaient les voyages de la Villette jusqu'ici, jusqu'au col du Sabaud,
04:04 pour récupérer le foin, pour l'engranger pour l'hiver, pour les bêtes.
04:07 C'était le montagnage, avec le troupeau et les troupeaux, le troupeau de vaches, de chèvres,
04:11 ceux qui avaient des moutons également.
04:13 On allait s'installer jusqu'au mois d'octobre dans ces chalets d'alpage,
04:18 ce qui fait que la famille était un petit peu éclatée.
04:21 Les enfants avec les grands-parents dans les chalets d'alpage,
04:24 et les parents, la génération de nos parents, restaient en bas pour travailler la terre.
04:29 Il n'y avait pas de dimanche, il n'y avait pas de samedi, il n'y avait pas de dimanche,
04:31 c'était que la semaine de l'agriculture.
04:33 On sortait un peu voir les filles, mais bon, le lendemain matin, il fallait être au boulot.
04:37 À 6 heures du matin, il fallait se lever.
04:40 Voilà, après ça a été, ça s'est disparu petit à petit,
04:45 parce que la génération, notre génération,
04:49 n'avait pas la même vision des choses que nos parents.
04:54 C'était tout à fait différent de nos grands-parents.
04:56 Et là, la génération d'après nos enfants, et les petits-enfants,
05:00 c'est plus du tout la même mentalité.
05:02 Ils ne pourront jamais faire ce qu'on a vécu.
05:05 Ça, c'est impossible.
05:07 L'agriculture de montagne était vraiment très rude chez nous.
05:10 On se levait quand le jour se levait, on se couchait à la tombée de la nuit,
05:16 et puis on vivait au milieu des bêtes.
05:22 J'allais à l'école ici, et puis dès l'entrée en 6e,
05:27 je suis partie en ville, les pensionnaires, parce qu'il n'y avait rien ici.
05:31 Nous, on n'allait même pas à Bourdoisan.
05:33 Le plus proche, c'était Vizille, Grenoble.
05:37 Puis après, à notre époque, la plupart des gens sont partis d'ici,
05:42 parce que plus d'agriculture, plus rien.
05:45 C'était une commune très pauvre.
05:47 On voit bien ce qui touche à tout, à l'exode rural, etc.
05:51 La commune de Vosges-Amis comportait 1000 habitants en 1900.
05:55 Et en 1980, il ne restait plus que 200 habitants.
05:58 J'ai été élu conseiller municipal pour la première fois en 1983.
06:03 La première mission que nous avons mise en place, hélas,
06:08 c'est de fermer l'école, la seule école communale, faute d'élèves.
06:13 C'était un village qui vieillissait de par sa population,
06:17 qui n'avait plus d'avenir agricole,
06:19 puisque l'agriculture de montagne était plus ou moins condamnée à terme,
06:24 et qui regardait avec envie les montagnes qui l'entouraient
06:28 et n'avait pas les moyens d'y investir.
06:31 -Au cours du XXe siècle, quelques villages avaient en effet pris
06:44 le virage d'un nouveau sport de montagne, le ski.
06:47 Cette mode va rapidement attirer les habitants des vallées
06:53 et des villes enneigées.
06:55 Les congés payaient ton de tapis, le public est au rendez-vous.
06:59 Les villages se transforment peu à peu en stations de sport d'hiver,
07:09 comme l'Alpe d'Huez, voisine de Vosjanie,
07:12 qui a misé sur le ski dès les années 30.
07:15 Devenue bientôt incontournable, la station aura le privilège
07:19 de faire la plupart des épreuves du bobsleigh.
07:22 Dans les années 70, l'or blanc coule à flot pour les stations d'hiver,
07:28 mais Vosjanie n'a pas les moyens de s'aligner.
07:31 Dépeuplé, le petit village rural se meurt.
07:34 Une bonne fée va se pencher sur Vosjanie
07:38 et créer le miracle qui va bouleverser le village et la vallée.
07:42 L'entreprise EDF cherche à implanter une centrale hydroélectrique
07:46 dans les sociétés qui augmentaient considérablement
07:49 ses besoins en électricité.
07:51 Vosjanie s'impose comme un écrin rêvé pour un tel ouvrage.
07:55 - Les 1res entreprises que l'on a vues arriver,
07:59 c'était plutôt dans les années 70.
08:02 C'était des entreprises spécialisées dans les forages
08:05 qui venaient étudier les sols.
08:07 Et donc, pendant plusieurs années, en plusieurs saisons,
08:11 ils sont venus étudier les sols pour vérifier
08:14 la qualité des roches, etc.
08:17 Et la possibilité d'implanter ces installations hydroélectriques,
08:21 les 2 barrages et la centrale troglodyte
08:24 qui produit notre électricité.
08:27 D'abord, ce n'est pas la centrale qui s'est installée,
08:32 ce sont les barrages.
08:34 Et donc, c'est la géographie locale,
08:37 composée de vallées profondes et d'une rivière,
08:40 qui ont fait qu'on était prédestiné pour faire 1, voire même 2 barrages.
08:45 Après cela, je dirais pendant toutes les années 80,
08:49 pendant une bonne dizaine d'années,
08:52 nous avons vécu ici dans un chantier formidable.
08:55 C'était presque le Far West, où l'on cherche de l'or ou du pétrole.
09:00 En tout cas, ce qu'on a trouvé, c'est de l'hydroélectricité.
09:04 Donc, c'était une époque formidable.
09:07 On a 3000 ouvriers qui travaillaient ici jour et nuit.
09:10 C'était une période industrieuse, où Vaujany s'est transfigurée d'ailleurs,
09:14 parce qu'on est passé d'un petit village de 200 habitants
09:18 à un village où travaillaient 3000 personnes,
09:22 où il y avait des bons dimancheaux dans les cafés.
09:26 Enfin bon, c'était assez phénoménal.
09:29 - C'était une fourmilière, puisque tous les ouvriers restaient sur le site.
09:35 Il y a eu un cantonnement, ce qu'ils appelaient un cantonnement,
09:39 où il y avait des maisons où tous les ouvriers dormaient là.
09:42 Il y avait les cantines, tous les hôtels.
09:45 Il y avait 3 hôtels à Vaujany à l'époque,
09:48 qui étaient complets par le personnel des chantiers qui travaillaient.
09:52 - Le chantier du siècle, c'était surtout le plus grand chantier de France dans ces années-là.
09:57 Il y avait entre 2000 et 3000 salariés sur le chantier,
10:01 avec des chantiers particuliers.
10:03 Le chantier du barrage de Grand Maison n'était pas sur l'année complète.
10:07 Les travaux du barrage de Grand Maison s'étaient mis à octobre,
10:11 parce que l'hiver, c'était inaccessible.
10:14 C'était monstrueux. Tous les matériaux sont issus du site.
10:21 On ne transporte pas des rochers sur 100 km.
10:24 Tout est pris sur le site.
10:26 Il y avait des engins énormes, des dumpers qui font 50 tonnes à vite,
10:30 100 tonnes en charge, avec des roues de plus de 2 m de diamètre.
10:34 Mais c'était impressionnant de le voir construire tous les jours,
10:38 de le voir évoluer de saison en saison.
10:40 Il a été construit en 4 saisons.
10:43 Les premières terres ont été posées en 1981.
10:46 On a mis en eau en 1984.
10:48 On a démarré le premier groupe en 1985.
10:51 Pour une usine de cette constitution, c'est un beau challenge.
10:55 Les anciens avaient un certain sens du travail bien fait.
11:00 J'ai travaillé sur le barrage de Grand Maison
11:03 depuis le départ de la construction du barrage de Grand Maison
11:06 jusqu'à sa fermeture.
11:08 J'ai eu l'opportunité de travailler en mécanique
11:10 sur le fameux tunnelier qui a percé le massif du Rissou.
11:13 J'ai travaillé à 1,5 km de la maison où j'habitais.
11:17 Le tunnel, c'était une aventure extraordinaire.
11:20 On travaillait en 3-8.
11:22 On travaillait jour et nuit pendant 6 jours.
11:25 On travaillait 6 jours d'affilée.
11:27 On n'arrêtait jamais.
11:29 On est parti de la Villette.
11:31 On a creusé tout d'abord avec du dynamitage au départ.
11:34 Le tunnel d'accès pour aller jusqu'à la galerie
11:37 qui alimente aujourd'hui le barrage en amont
11:40 jusqu'au lac du Vernet.
11:42 On a fait ce tunnel du bout jusqu'au bout.
11:45 On a vu la transformation de la montagne.
11:48 La montagne a complètement changé d'aspect.
11:51 Le terrain a été comblé par tout le marinage
11:54 qu'on appelait du marinage
11:57 qui a été évacué par voie de transport de trains.
12:01 - J'ai le souvenir, je donne un exemple.
12:04 Tous les soirs à 17h, à Grand Maison, c'était un tir de mine.
12:08 On le savait, on était déjà dans le bâtiment de surveillance
12:12 pour étudier les derniers contrôles.
12:15 Et à ce moment-là, il y a 17h,
12:18 systématiquement, il y avait le tir d'explosifs.
12:21 On ne les tirait pas des 10 kg.
12:24 C'était vraiment des belles explosions
12:27 pour permettre de créer les enrochements
12:30 qui allaient être posés sur le barrage.
12:33 - Pendant 10 ans, on a mangé de la poussière aussi, des camions.
12:37 Jusqu'en 84-85, où les installations ont été terminées
12:41 et où le barrage a été mis en eau
12:44 et a commencé à produire de l'hydroélectricité,
12:48 des fronts sonnants et trébuchants
12:51 pour toutes les communes alentours, y compris Vaujailly.
12:55 ...
13:04 - Moi, je suis né sur ce territoire, je suis né à Bourg-d'Oisen.
13:08 Mais vraiment à Bourg-d'Oisen, je ne suis pas né à Grenoble.
13:12 Il y avait une maternité.
13:15 J'ai grandi, j'ai connu Vaujailly au tout début.
13:18 C'était nos sorties.
13:21 Mon frère s'est marié à Vaujailly en 77.
13:24 J'ai le souvenir de la petite mairie à l'époque.
13:27 On avait un peu du mal à tout se tenir.
13:30 Il y avait la vallée de l'Audole ici,
13:33 qui était l'Audole coulée au fond.
13:36 L'ancienne piscine est sous le barrage Évernay.
13:39 EDF a tout recréé. Il faut voir ce qui a été fait.
13:42 Le réseau routier, le viaduc, la piscine,
13:45 tout ça, c'est EDF qui a suivi et mis en place.
13:50 - On a été bouleversés par ce chantier.
13:53 Puis après, ça s'est fait petit à petit.
13:56 On a commencé à voir des maisons qui se construisent.
13:59 On a vu arriver la création de la station.
14:02 Et puis on est pris dans le...
14:05 On se rend peut-être plus compte que ça avance aussi vite.
14:09 C'est hors norme, oui, totalement hors norme.
14:12 Puis on a eu des petites remontées, de rien du tout,
14:15 des petits téleskis.
14:17 Mais non, ça n'aurait pas pu se faire
14:20 sans la création du barrage.
14:23 - Quand EDF est arrivé, bien entendu,
14:26 c'était la manne financière qui arrivait pour les gens du pays,
14:29 qui est aujourd'hui la manne financière de la commune de Vaujany.
14:32 Tous les terrains étaient des terrains privés
14:35 et ils avaient besoin de ces terrains-là.
14:38 Donc ça a été le début du changement de l'ère de l'agriculture,
14:41 qu'on était de montagne, au changement où les gens
14:44 avaient une manne d'argent qu'ils n'avaient jamais vue dans leur vie.
14:47 Puisque EDF payait à l'époque des terrains très, très, très chers.
14:50 - Aujourd'hui, je me pose la question sur
14:53 que serait la vallée de l'Audole sans EDF Grand Maison.
14:56 C'est ça qu'il faut se dire. La question, la bonne question, elle est là.
14:59 Qu'est-ce que cet aménagement au-delà de la fourniture d'électricité
15:05 a apporté des retombées, des retombées fiscales
15:09 qui sont définies par l'État. EDF paye ce qu'il doit payer.
15:12 Mais c'est ce qui a fait le bonheur de ce pays.
15:17 - Le barrage étant quasiment intégralement sur Vaujany,
15:20 forcément, la taxe foncière a constitué une manne importante.
15:25 On n'a pas mis longtemps pour savoir ce qu'on allait en faire.
15:28 Comment transformer cette manne financière en industrie touristique.
15:32 Il a été facile pour nous de regarder autour de nous.
15:35 On avait un exemple assez fameux sous les yeux
15:39 qui nous faisait briller les nôtres.
15:42 Puisque la proximité immédiate de l'Alpe d'Huez
15:45 était le meilleur exemple et le meilleur point de rattachement
15:49 pour que nous développions cette activité touristique sur notre territoire.
15:55 ...
16:24 ...
16:27 - La manne financière issue de l'implantation d'EDF est colossale.
16:31 La machine de guerre se met alors en marche
16:34 et le petit village rural en perdition démarre sa transformation.
16:38 La station de Vaujany va sortir de terre
16:41 et devenir une incroyable vitrine des infrastructures de pointe,
16:44 été comme hiver.
16:46 Impensable pour une petite commune de 350 habitants.
16:50 - On est allé voir les constructeurs de téléphérique
16:53 et de remontée mécanique.
16:55 On est allé voir les services de l'Etat.
16:58 On a fait un projet de UTN, Unité Touristique Nouvelle,
17:02 avec les communes avoisinantes.
17:05 Et en 1987, c'est-à-dire 2 ans après la mise en eau du barrage,
17:10 on a inauguré notre première télécabine.
17:13 Donc vous voyez que les choses se sont faites relativement rapidement.
17:17 Et on avait quand même déjà des idées assez avancées
17:21 sur le développement touristique de ce territoire.
17:25 (indicatif musical)
17:28 (indicatif musical)
17:55 - En à peine 35 ans, la station a construit un réseau complet
17:58 de remontées mécaniques, télécabines, téléphériques ou télémixtes
18:01 lui permettant de rallier 4 stations voisines et 2 villages
18:05 totalisant 10 000 hectares,
18:07 réunis sous la bannière Alpe d'Huez Grand Domaine Ski.
18:23 Mais l'enjeu de la diversification est omniprésent pour la commune
18:26 qui ne cesse de valoriser les activités de plein air
18:29 et développer des infrastructures qui savent se passer de la neige.
18:32 Bases de loisirs, bowling, piscines, patinoires,
18:36 le terrain de jeu est infini.
18:39 - En 35 ans, le domaine, que ce soit le domaine skiable
18:50 ou le village a énormément évolué, donc il y a des souvenirs d'enfance
18:54 où il n'y avait ici rien, il n'y avait pas de piscine,
18:56 il n'y avait pas de patinoire.
18:58 J'ai la chance d'être originaire de Vaujany, c'est-à-dire que j'ai grandi ici.
19:01 J'étais au ski-club à Vaujany, j'ai travaillé pour l'école de ski à Vaujany
19:05 et aujourd'hui j'ai la chance d'être directeur de la station de Vaujany
19:08 et donc gérer un certain nombre d'équipements
19:10 et notamment le pôle sport et loisirs de la station.
19:13 On est dans un village qui a 350 habitants,
19:17 on fait x10 en période hivernale ou estivale selon,
19:22 donc 3500 lits à peu près sur la destination.
19:25 On a eu la chance d'avoir EDF qui a construit les deux barrages,
19:29 que ce soit Grande Maison et le barrage du Vernet,
19:32 donc forcément qui nous permet de nous développer
19:34 et qui a permis de franchir un vrai virage,
19:36 il y a de cela environ une trentaine, quarantaine d'années.
19:39 Juste ici, on va retrouver le bâtiment de la piscine
19:43 qui date des années 2000, 99 pour être précis.
19:46 On va avoir donc un bassin avec un toboggan,
19:50 une pataugeoire, un espace bien-être avec sauna, mame, jacuzzi,
19:54 une salle de fitness et un gymnase de 600 m2.
19:57 Et puis de l'autre côté, la patinoire qui est plus récente,
20:00 qui a 10 ans et donc dans ce bâtiment de la patinoire,
20:02 on va avoir l'équipement glace forcément,
20:05 cette piste de 58 mètres par 28 mètres.
20:08 Le Vaujany Artistic Club qui compte environ une soixantaine de licenciés
20:12 et qui est présent sur glace plusieurs fois par semaine pour les entraînements.
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21:01 En 2013, on a commencé avec très, très peu de licenciés.
21:05 Puis au fur et à mesure, on a créé une section compétition,
21:07 puis une section pré-compétition, donc pour se préparer à la compétition.
21:10 Alors c'est vrai qu'avoir un complexe sportif,
21:13 parce qu'il n'y a pas que la patinoire, il y a aussi tout ce qu'il y a à côté,
21:16 ça crée un espace de sport qui est quand même assez intéressant
21:21 pour une petite station de 350 habitants.
21:24 Donc c'est vrai que ça a été une très belle opportunité,
21:27 et c'est ce qui nous a permis aujourd'hui de pouvoir monter ce club
21:31 et de pouvoir pérenniser tout ça, et on espère encore pendant quelques années.
21:35 Donc c'est une vraie chance d'avoir ça.
21:38 On a également le club de hockey sur glace, les Grizzlies de Vaujany,
21:41 qui sont là quasiment tous les jours.
21:43 Ils sont là tous les jours parce qu'il y a beaucoup de catégories.
21:46 Et puis nous avons également un club de curling.
21:48 Il se passe beaucoup de choses dans cet équipement,
21:51 bien évidemment des clubs,
21:53 donc on a pu avoir la chance de voir Florent Amodio avec son académie de patinage,
21:57 qui est donc installée à Vaujany depuis quelques années.
22:15 J'étais venu m'entraîner ici à Vaujany lors d'une préparation olympique,
22:18 et tout de suite dans ma tête, j'avais gardé ça dans un coin de ma tête,
22:23 et je m'étais dit « tiens, si il y avait un jour une école ici, ça serait grandiose ».
22:27 Et puis les choses se sont faites, sont passées,
22:30 et j'ai toujours gardé le lien avec Vaujany.
22:33 Et puis l'un dans l'autre, on s'est parlé,
22:36 et puis on a lancé cette école, on s'est lancé ce challenge
22:39 de faire une école de haut niveau dans des conditions de rêve,
22:42 optimales pour tout sportif.
22:44 Trouver des conditions comme ça en Europe, il n'y en a pas beaucoup.
22:48 Mais voilà, c'est le haut niveau, et Vaujany nous permet de réaliser tous nos rêves,
22:52 moi en tant que coach, en tant que patineur,
22:55 donc voilà pourquoi on est ici depuis 2018.
22:58 On a un petit bijou là, dans nos montagnes,
23:03 donc espérons qu'on continue, qu'on ait de plus en plus de médailles,
23:06 qu'on accède à des Jeux olympiques et qu'on fasse briller cette patinoire.
23:11 La ville de Vaujany, c'est vrai que si on dépasse un petit peu le cadre de la patinoire,
23:15 ce qui est génial, c'est que, contrairement à ce qu'on peut avoir à côté à l'Alpe d'Huez,
23:21 qui est complètement une ville, c'est énorme,
23:24 ici on garde, je trouve, le côté familial,
23:29 c'est un petit village où tout le monde se connaît.
23:32 Moi je me vois faire grandir mes gamins ici sans problème,
23:36 c'est ma vie extraordinaire, je me lève le matin, j'ai la cascade,
23:42 je peux faire mon métier à 100%,
23:45 et c'est vrai que je préfère être ici à 1500% en me disant
23:48 « ouais ok, faut peut-être que je fasse 20 minutes pour aller faire mes courses,
23:50 les devoir juste en bas »,
23:52 donc ouais, ça implique un sacrifice quand on vient de Paris,
23:55 « tiens, qu'est-ce que je vais faire, je vais rentrer dans ma montagne et tout »,
23:57 mais au final je suis un homme heureux, mes patineurs sont heureux,
24:00 on a tout le cadre autour qui est merveilleux.
24:03 - Mais bon, on n'en parle pas trop, après trop de gens vont venir.
24:06 - La vie à Vaujany c'est vrai que c'est assez atypique,
24:11 c'est pas du tout la vie en ville,
24:13 c'est vrai que moi j'ai toujours habité en ville,
24:15 et quand je suis arrivée à Vaujany, je suis arrivée en septembre,
24:19 tout va bien, c'est encore l'été, il fait beau, il y a encore un peu des gens,
24:23 et puis arrivé le mois d'octobre-novembre,
24:25 les nuits sont plus longues, donc ça fait un peu peur,
24:30 et puis après l'hiver arrive, de nouveau il y a de l'énergie,
24:34 de l'ambiance, des gens, ça bouge.
24:36 En fait c'est une station quatre saisons,
24:39 mais la saison d'été c'est vraiment quelque chose d'assez exceptionnel,
24:42 les paysages sont géniaux,
24:44 c'est assez facile de se faire plaisir à Vaujany, aussi bien en hiver qu'en été, ça c'est sûr.
24:48 [Musique]
25:05 Si les infrastructures développées font le bonheur des sportifs et des touristes,
25:09 elles jouent également un rôle primordial dans l'ancrage familial au sein de la commune.
25:14 Grâce à son aisance financière providentielle,
25:17 Vaujany a pu se doter d'un pôle enfance complet,
25:20 s'assurant le retour d'une génération de petits Vaujanyens qui lui avaient cruellement manqué.
25:25 [Musique]
25:54 [Musique]
26:12 J'ai deux enfants, Raphaël et Adrien, un de neuf ans et un de six ans.
26:17 Les enfants quand ils étaient petits allaient chez une nounou,
26:24 mais à partir de six ans ça commence à être compliqué,
26:26 et si nous n'avions pas l'accueil de loisirs de Vaujany, ce serait vraiment très compliqué.
26:30 La vie à Vaujany est très agréable, ça reste une station familiale,
26:34 même si l'hiver on accueille énormément de monde, ça reste très convivial.
26:40 [Brouhaha]
26:53 Je suis parisienne d'origine, j'ai fait le choix de partir de la région parisienne
26:59 pour vraiment une envie d'autre chose, une envie de montagne.
27:04 Donc le fil conducteur, c'est resté la petite enfance et ça l'est toujours.
27:10 Par contre non, j'ai vraiment des gros besoins pour retourner à Paris,
27:15 mais sinon non, je resterais vive dans la région, c'est certain.
27:18 Ce pôle enfance a été ouvert en juillet 2013.
27:23 Nous réunissons les enfants permanents et les enfants vacanciers ensemble,
27:28 ça a été un choix, alors que sur d'autres stations,
27:31 des fois il y a une garderie vraiment pour les vacanciers,
27:34 une garderie pour les petits enfants permanents.
27:36 Donc du coup on a une capacité d'accueil totale sur le pôle enfance qui est de 60 enfants,
27:41 30 sur le centre de loisirs, 30 sur la crèche.
27:45 [Il a lissé ses griffes, s'est léché les bagunes et a murmuré...]
27:49 Comme on a 60 places, on va combler les places sur l'hiver et sur l'été avec les vacanciers.
27:56 Et on reçoit les petits vacanciers, mais on reçoit aussi, surtout l'été,
28:01 tous les enfants qui viennent chez leurs grands-parents,
28:04 ou les résidences secondaires, les gens qui viennent sur Vaujany,
28:07 qui sont en résidence secondaire et qui vont venir par exemple tous les week-ends,
28:11 ou alors les vacances scolaires, etc.
28:13 Donc je pense que c'est quand même très très important pour une famille,
28:17 d'avoir un mode de garde, ça permet de, je pense quand même,
28:22 de fidéliser des familles sur le village.
28:24 Et je me dis que j'espère que ça va durer comme ça
28:27 et qu'il y a de plus en plus effectivement de familles qui vont venir s'implanter à Vaujany.
28:30 [Il parle à la famille...]
28:38 Je suis arrivée sur une saison à Vaujany il y a 20 ans, exactement,
28:43 et j'ai travaillé à la garderie au départ, sur l'hiver,
28:48 et petit à petit les choses ont évolué, je suis restée.
28:53 J'ai eu un petit garçon qui est grand aujourd'hui.
28:57 Ce qui est important c'est à la fois de ne pas oublier effectivement
29:01 que le développement du village, il est vraiment parti de la centrale hydroélectrique,
29:07 et grâce au barrage de Grandvaison qui est sur la commune de Vaujany.
29:11 Et effectivement ça a permis de vivre encore ici,
29:18 puisque s'il n'y a pas de travail c'est difficile d'y vivre.
29:21 Disons que c'est une station village, c'est un village et après ça grossit autour du village,
29:28 donc oui il y a une grosse différence avec une station qui est née vraiment que pour le ski,
29:37 parce que c'est quand même un peu l'image qu'il y a autour des grosses stations.
29:42 Ça reste une station familiale avec une facilité de tout faire à pied.
29:49 Alors l'affût de touristes, il est important l'hiver et puis sur juillet-août aussi.
29:56 Ça fait du bien aussi de voir du monde nouveau et puis d'avoir des rencontres aussi différentes.
30:04 On a des Anglais, des Belges, c'est intéressant aussi d'échanger
30:10 et de voir leur culture, elle est différente de la nôtre.
30:13 Mais à la fois on les accueille, on leur fait découvrir notre village
30:17 et aussi tout ce qu'on peut faire autour du village.
30:20 Donc c'est un bon partage.
30:23 À la fin de saison on est fatigué, donc on se dit à nous de profiter
30:29 et de se poser un peu après la saison.
30:44 - Salut Nadine ! - Ça va les filles ?
30:47 - Ça va et toi ? - Ben oui !
30:48 - Voilà, brandade de mon rues maison aujourd'hui. - Ah !
30:50 - Des anciens pour tout le monde. - Très bien !
30:53 - Voilà, voilà. Tu veux un petit coup de main Nadine ?
30:55 - Non, mais écoute, ça va aller. - Non, ça va aller ?
30:58 - Ça va aller. - Bon, ben écoute, je te laisse faire alors.
31:00 - D'accord. Et ben à tout à l'heure. - Oui, à tout à l'heure.
31:03 - Merci. - Merci Nadine.
31:05 - À tout à l'heure.
31:12 Après le repas des petits, deuxième service pour la cantine,
31:15 destination des aînés du village cette fois.
31:18 Aux intersaisons, les commerces ont baissé le rideau
31:21 et il faut descendre dans la vallée à environ 20 minutes de voiture
31:24 pour trouver une épicerie, sans compter la difficulté de circuler
31:27 en montagne l'hiver.
31:29 Le portage des repas est alors décisif pour le maintien à domicile des seniors.
31:39 - Je porte les repas aux aînés. J'en ai une petite vingtaine.
31:44 Je fais les courses pour certaines personnes.
31:47 Je descends à Allemand ou à Bordeaux-Azans,
31:49 parce que bon, ils ont ou pas de voiture ou ils peuvent plus conduire.
31:53 Donc voilà, je vais à la boulangerie, enfin bon, ou des services pour la poste.
32:05 - On a tous bien conscience qu'il faut essayer de garder nos anciens
32:11 le plus longtemps chez eux.
32:13 Donc on leur apporte un certain nombre de prestations.
32:16 La chance que nous avions d'avoir ce pôle enfants,
32:19 c'était d'avoir une cantine qui produise des repas
32:22 et elle pouvait aussi également produire des repas pour les personnes âgées
32:26 ou moins âgées, mais dépendantes, en fonction des situations.
32:30 Donc c'est effectivement un outil de lien social très fort.
32:36 Au-delà de la simple prestation, ce sont des gens qu'on va visiter tous les jours.
32:41 On a un oeil sur eux.
32:43 - Je connais tout le monde, puisque là, moi, je suis lyonnaise,
32:52 mais je suis arrivée ici à 5 ans.
32:57 C'est vrai que j'ai vu aussi la station se développer vraiment,
33:03 parce que bon, il n'y avait rien quand il n'y avait ni téléphérique, rien du tout.
33:08 Il y avait juste, vous voyez, 3 téléskis,
33:13 un téléski sur l'anversin et deux sur vos gènes.
33:17 Devoir grandir la station, c'est vrai que c'est super, quoi.
33:26 Parce qu'on peut aller à la piscine, au pooling, à la patinoire.
33:32 Voilà, maintenant, il y a le cinéma, on a un musée, bibliothèque.
33:38 C'est vrai que ça s'est bien agrandi et c'est très bien, quoi.
33:43 On est à l'air pur, quoi. La montagne, ça nous gagne.
33:48 [Musique]
33:52 - Bonjour, Nadine. - Bonjour, Tine. Ça va ?
34:06 - Aujourd'hui, ça va à peu près. - Bon, ben, tant mieux.
34:11 - Voilà. - Tant mieux, tant mieux.
34:13 - Tant que tu poses comme d'habitude, puisque je ne peux pas...
34:17 - Ah oui. - Il faut que ce soit à ma hauteur.
34:20 - Si j'ai des problèmes... - Oui, ben, de dos, oui.
34:25 - Voilà, voilà. - Voilà.
34:28 - Je vais découvrir ce qu'il y a de bon. - Oui. Moi, je sais.
34:33 - Toi, tu sais. - Oui, oui, oui.
34:35 Nathalie m'a dit que c'était de la brande date de Mourue.
34:38 - Ah oui. Puis je n'ai pas regardé le menu.
34:40 Il faut dire, moi, j'attends toujours la surprise.
34:43 Je ne regarde même pas le menu de la semaine.
34:46 - Bon, tout se passe bien ? - Ben, oui.
34:49 - Ta distribution se passe bien ? - Très bien, comme d'hab.
34:53 - Comme d'hab. Et toujours du plaisir à toi.
34:56 - Ah, ben, merci. - Ça, c'est le rayon de soleil de la journée.
35:00 - Je suis née à Voschanie et j'ai travaillé...
35:04 Je fais toute ma carrière à Grenoble et à la retraite,
35:08 ben, on est venu s'installer ici.
35:12 On voulait y rester peu de temps.
35:15 On s'y est posé et on est resté.
35:18 Et puis, tout est beau ici.
35:20 Quand on se réveille le matin et que vous voyez un paysage comme ça,
35:24 vous n'avez pas envie de partir.
35:27 Et là, la commune facilite quand même beaucoup...
35:32 ...les anciens à vivre chez eux le plus longtemps possible
35:39 avec tout ce qu'ils peuvent nous proposer.
35:44 Je bénéficie des repas à domicile.
35:47 Je bénéficie de l'aide, des aides, par exemple, l'hiver.
35:53 Quand je me lève, ben, tout est dégagé devant la maison,
35:57 grâce à Nadine, encore.
36:00 Moi, j'ai connu Voschanie autrefois.
36:04 C'était une commune très pauvre.
36:07 Et puis, voilà que la fée électricité est arrivée.
36:12 Ça a été le bouleversement complet.
36:15 Là, moi, j'ai pas vraiment vécu la période des chantiers
36:19 parce qu'on ne travaillait pas sur Grenoble.
36:22 Mais il y a eu un bouleversement énorme.
36:26 Les routes, vous voyez tous ces murs en pierre, tout ça,
36:30 c'est tout.
36:32 Et grâce à EDF, j'ai pu assister à la construction du barrage,
36:37 bien sûr.
36:39 - Présente sur toutes les lèvres et dans l'histoire de chaque foyer,
36:44 l'usine de grand maison a marqué pour toujours le destin
36:49 du petit village.
36:51 Et pendant que les Voschania profitent du miracle,
36:55 l'incroyable monstre de puissance est à l'oeuvre jour et nuit
37:00 pour produire et veiller à la régulation des besoins
37:04 en électricité.
37:06 - La vocation à sa conception, c'était d'intervenir
37:10 sur les creux de tension, en tout cas, les creux de besoins
37:14 en termes de consommation ou les surplus, c'est-à-dire
37:18 de l'absorber.
37:20 Le fait d'être d'un ménage moyen en France fait apparaître
37:24 qu'on consomme beaucoup le matin, c'est-à-dire qu'on a
37:28 un pic de consommation le matin et un pic le soir,
37:32 mais que d'un autre côté, on ne consomme plus du tout
37:36 le soir.
37:38 Le réseau énergétique nécessite un équilibre permanent
37:42 et déséquilibré.
37:44 Dans ce contexte-là, grand maison accompagnait
37:48 une grande partie de l'économie.
37:51 - On est dans la centrale de grand maison,
37:55 la plus grande station de transfert d'énergie par pompage
37:59 d'Europe.
38:01 Ici, on est sur la salle d'Eppelton, c'est-à-dire
38:05 à l'étage 0, le reste qui se passe à 100 m de profondeur
38:09 dans les entrailles de loisirs.
38:12 - Dans le milieu d'hydraulique, grand maison,
38:16 c'est la plus grande station d'hydraulique d'Europe.
38:20 Elle a un fonctionnement très particulier,
38:24 c'est une batterie géante, 1800 MW de puissance disponible
38:28 en 15 minutes sur le réseau électrique interconnecté français.
38:32 C'est l'équivalent d'un EPR, de Flamanville par exemple.
38:36 - L'eau de la fonte des neiges et du ruissellement
38:40 des massifs des Grandes Rousses et de Belle Donne
38:44 sont des sources d'énergie d'habitude.
38:47 Haut de 160 m, le barrage permet une retenue
38:51 de 140 millions de m3 d'eau, une formidable source d'énergie
38:55 lorsqu'elle dévale la montagne dans une galerie de 7 km
38:59 creusée dans la roche pour alimenter les usines de production.
39:03 Une fois turbinée, l'eau est stockée dans une seconde retenue
39:07 fermée par le barrage du Vernet.
39:10 Une autre est stockée dans une usine en extérieur
39:14 et une située à 70 m de profondeur.
39:17 Lorsque la demande d'électricité est importante,
39:20 les eaux retenues en amont sont acheminées vers l'usine en aval
39:24 qui va transformer cette énergie en électricité.
39:27 Une fois la demande retombée, les groupes réversibles
39:30 de l'usine souterraine se mettent au travail pour pomper
39:33 et remonter l'eau qui va reconstituer la réserve en amont.
39:36 - Le fonctionnement de Grand Maison,
39:39 en capacité de turbiner et de pomper,
39:42 c'est par exemple, lorsqu'on ouvre et qu'on fait turbiner une machine,
39:47 on peut remplir à l'équivalence de débit
39:50 une piscine olympique en 10 secondes.
39:53 Il y a sur Grand Maison 12 machines,
39:56 ce qui veut dire que lorsque Grand Maison fonctionne,
39:59 on remplit une piscine olympique toutes les secondes.
40:02 Ou on la vide, puisque les fonctionnements sont réversibles.
40:07 - Ici, nous sommes au coeur de la centrale de Grand Maison.
40:10 Nous sommes dans la salle des robinets sphériques.
40:13 C'est ici que l'eau du barrage qui est située au-dessus de nous,
40:16 900 m plus haut, à 1 700 m d'altitude, arrive.
40:19 Et ces robinets, ce sont des vannes qui servent à mettre l'eau
40:22 sur les machines qui vont produire dans les 2 sens,
40:25 en sens turbine et en pompe, soit de l'énergie,
40:28 soit la faire remonter dans le barrage.
40:32 (bruit de machine)
40:35 - Avant de rentrer dans le milieu de l'hydroélectricité,
40:47 je ne savais pas qu'il y avait une aussi grande puissance
40:50 à Grand Maison, qui est comparable à 2 tranches nucléaires
40:53 anciennes générations. C'est assez imposant.
40:56 Surtout après, quand on est sur place et qu'on se rend compte
40:59 qu'il y a des réseaux d'eau, des réseaux électriques, etc.,
41:02 il y a vraiment beaucoup de redondance dans cette centrale.
41:05 Et c'est ce qui fait son charme, c'est sa complexité.
41:08 Et finalement, de toujours se rendre compte qu'on a des choses
41:11 à apprendre, moi, ça fait 7 ans que je suis là,
41:14 on en apprend tous les jours, vraiment.
41:17 Lorsque je suis d'astreinte, donc c'est une semaine par mois,
41:20 je peux être amené à être appelé 24 heures sur 24
41:23 pendant 7 jours. Et en cas de défaut, j'ai un appel,
41:26 c'est une centrale d'appel automatisée qui me dit
41:29 voilà, tu as un défaut à tel endroit, je vais sur place,
41:32 je me connecte. Ou alors, dès que je rentre dans la salle
41:35 de commande, visuellement, je peux voir sur le synoptique
41:38 qu'est-ce qui est en défaut.
41:41 Moi, j'ai la chance d'habiter à 5 minutes à pied de la centrale.
41:44 Je ne connaissais pas Vaugénie avant, et finalement,
41:47 ça fait 7 ans que j'y suis, donc j'y suis bien.
41:50 Il y a beaucoup d'amis à voix qui viennent à la maison,
41:53 on se fait des super week-ends,
41:56 donc c'est vraiment un chouette endroit.
41:59 Le soir, si on veut être au calme, on est au bord de l'eau,
42:02 donc voilà, c'est vraiment quelque chose que j'aime bien.
42:05 Puis monter au barrage de Grand Maison, l'ouverture de la pêche,
42:08 voilà, c'est des choses qui, pour moi, m'animent tous les printemps,
42:11 au mois de mai, mai-juin, c'est quand même super agréable
42:14 de passer une nuit là-haut, faire l'ouverture,
42:17 et puis derrière, redescendre dans la vallée,
42:20 et un peu couper du monde.
42:23 Couper du monde, c'est bien la sensation que l'on a
42:27 dès que l'on s'engage sur la route du col du Sabaud,
42:30 pour y découvrir un panorama époustouflant,
42:33 avec le Mont Blanc en toile de fond.
42:36 C'est dans cet écrin que des familles de Montagnard
42:39 ont écrit l'histoire de Vaugénie et façonné son patrimoine rural.
42:42 (musique douce)
42:45 - Je vais te faire visiter ma villa secondaire.
42:53 - Exactement, revoir ce qu'on a vécu dans notre enfance,
42:56 savoir exactement comment les anciens vivaient.
42:59 C'est bien ce que tu as fait, de refaire ton patrimoine.
43:02 - Une villa secondaire améliorée.
43:05 - Une belle histoire pour faire revivre les ancêtres.
43:09 - On y a passé du temps avec mon fils.
43:12 - C'est un joli chalet.
43:15 - Et voilà le résultat.
43:18 - C'était le bon temps.
43:21 Il y a encore le chalet de Raoul, qui est encore vivant,
43:24 dessus les roches.
43:27 Autrement, tout le reste, c'est tout tombé.
43:30 - C'est bien dommage, c'est malheureux, mais c'est comme ça.
43:33 - Ce qui serait bien, c'est de pouvoir les refaire.
43:36 - Dès l'instant qu'un chalet est complètement écroulé,
43:39 qu'il n'y a plus le toit dessus, on n'a plus le droit
43:42 de le reconstruire.
43:45 Même si le bois à l'intérieur est cassé ou quelques murs tombés,
43:48 dès l'instant qu'il est visible à l'oeil,
43:51 il peut être reconstruit à l'identique.
43:54 Dès l'instant qu'il n'y a plus de toit et que les murs sont là,
43:57 on ne peut plus rien faire.
44:00 C'est vraiment bien dommage pour les enfants
44:03 de venir, qui petit à petit se perdent.
44:06 On n'a plus ce visuel qu'on avait quand on était jeunes,
44:09 dans les chalets d'alpage, où on vivait l'été.
44:12 C'est bien dommage que nous ne puissions pas
44:15 reconstruire les chalets de nos ancêtres.
44:18 C'est quand même un patrimoine qui est là.
44:21 Au mieux de laisser des ruines, laisser les gens refaire
44:24 à l'identique, bien entendu.
44:27 En montagne, ce n'est pas pour refaire des chalets d'alpage
44:30 dans les stations. C'est simplement refaire
44:33 les choses à laquelle on a vécu dedans quand on était jeunes.
44:36 Heureusement que le tien était resté en entier.
44:39 -Voilà, nous y voilà. J'ouvre la porte.
44:42 Je vais te faire visiter. Vois ce que tu en penses.
44:45 -Oh, dis donc, mon Gérard. Ça, tu as pu bien refaire.
44:48 Dis donc. Ton père serait là, ta mère serait là.
44:51 -Pas sans peine.
44:54 -Tu t'imagines un peu le travail que tu as abattu là-dedans.
44:57 -Je suis allé des heures et des heures. J'ai ramassé des pierres.
45:00 Toutes les jolies pierres que je voyais sur le bord de la route,
45:03 un peu sur les murs, par-ci, par-là.
45:06 Et voilà, on a tout remonté. Donc, on s'est aperçus,
45:09 avant de faire ce mur, qu'il y avait du rocher.
45:12 Donc, le rocher, pour qu'il y ait plus de hauteur...
45:15 -Pour t'abaisser, t'as cassé ton rocher.
45:18 -J'ai cassé le rocher pendant 3 semaines de compresseur.
45:21 -Dis donc. -Bon. Boum, boum, boum.
45:24 C'est le compresseur qu'on m'avait prêté gentiment.
45:27 La poutre transversale, on l'a coupée dans ma forêt, là-bas,
45:30 dans notre forêt, tu sais où c'est?
45:33 -Oui, sur la Cambre-la-Garde. -Et on l'a traînée jusqu'ici.
45:36 On l'a mise en place. -Mais ils devaient les tremper
45:39 dans l'eau, tu sais. Ils foutaient plus dans l'eau
45:42 pour pas que les vers s'y mettent dessus.
45:45 -Le bois est très dur. -Ils sont encore en bon état.
45:48 -L'asurée. -T'as bien travaillé, hein, mon Gérard.
45:51 -Il y a eu beaucoup de récup' dans ce chalet.
45:54 C'est un chalet qui était fait en pierre.
46:00 En pierre sèche.
46:03 Parce que, bon, il y avait pas de ciment à l'époque, je pense.
46:06 Après, ils faisaient le toit en bois, avec des grosses poutres
46:09 et des gros chevrons en bois, écarriers à l'âge, bien sûr.
46:12 Ça tenait comme ça voulait.
46:15 C'était pas toujours bien fignolé, quoi.
46:18 Je venais avec ma grand-mère, qui pouvait pas trop marcher,
46:21 donc elle restait un peu, c'est elle qui faisait la cuisine.
46:24 Et puis ma maman, surtout ma maman,
46:27 qui trayait les vaches, donc on trayait les vaches.
46:30 On avait l'écremeuse, on écrémait le lait,
46:33 donc le petit lait d'un côté, la crème de l'autre.
46:36 Et une fois par semaine, on fabriquait du beurre.
46:39 Le beurre, on le vendait.
46:42 Il y avait des épiciers sur Vosgeny, là-bas.
46:45 Et mon papa, il faisait 5-6 kilos de beurre par semaine, en gros.
46:49 Donc il faisait une grosse motte,
46:52 et un mec, il faisait des petites plaques, et on vendait ça.
46:55 - C'est des souvenirs exceptionnels.
46:58 Quand on vivait dans la ferme, on vivait...
47:01 Nous, on avait le chalet, pas comme le chalet de Gérard.
47:04 Nous, on avait un chalet où on avait les tables dessous,
47:07 on avait toutes les bêtes, et on dormait dessus les bêtes,
47:10 avec simplement un plancher qui nous séparait.
47:13 Et on avait des fleurs d'aboine,
47:16 et on était à ras les tôles de la charpente du chalet.
47:19 - On habitait sous les étoiles,
47:22 avec juste un petit toit de tôle entre nous.
47:25 Et c'était... c'était la vie rurale de l'époque.
47:28 "Tabienfad voreyeitchi, l'imbrav payi."
47:31 "Vous avez bien fait de venir ici, c'est un beau pays."
47:34 - Les grand-mères, elles parlaient toutes en patois, à l'époque, ensemble.
47:38 Et nous, en étant jeunes, on a appris le patois comme ça.
47:42 Un peu moins bien que qu'elles,
47:44 mais j'ai connu des familles qui parlaient patois.
47:47 Ils parlaient toujours patois, les anciens.
47:50 Nous, on était bien contents d'avoir fait ça.
47:53 Au moins, on n'est pas tombés.
47:56 On était bien contents d'avoir fait ça, au moins, on n'est pas tombés.
48:00 (musique douce)
48:04 (musique douce)
48:07 - Je pense qu'on est, comme tout montagnard, attachés à nos racines.
48:23 Et c'est important de continuer à évoluer
48:26 sans oublier l'histoire qui a fait qu'aujourd'hui, nous en sommes là,
48:30 et l'objectif, c'est vraiment de continuer à développer ça
48:33 en respectant tout ce qui a été fait et en gardant notre histoire et notre âme.
48:37 Puis, bien sûr, la nature, la montagne, qui est incroyable,
48:40 comme dans beaucoup d'endroits,
48:42 mais quand en plus, ça nous tient à coeur, c'est encore plus beau.
48:45 (musique douce)
48:49 (musique douce)
48:52 - Mais cette nature temprisée est aujourd'hui menacée,
49:03 et les montagnards sont hélas aux premières loges
49:06 pour constater les effets dévastateurs du réchauffement climatique.
49:09 (musique douce)
49:17 La fonte des glaciers impacte directement les stations,
49:20 dont la viabilité économique est remise en cause
49:23 par la succession d'hivers peu enneigés.
49:26 - Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'être visionnaire
49:31 pour envisager que la neige va manquer.
49:34 Alors nous avons la chance ici d'être reliés
49:38 avec le grand domaine de l'Alpe d'Huez.
49:41 Et donc c'est un domaine d'altitude,
49:44 ce qui fait que nous sommes à peu près tranquilles
49:47 pour les 30 prochaines années dans l'exploitation du tourisme
49:50 des sports d'hiver, en fait.
49:53 Donc cela nous donne du temps, contrairement à d'autres stations
49:56 de plus basse altitude, du temps pour opérer notre mutation,
50:01 notre conversion, notre diversification,
50:04 à tel point que nous l'avons déjà entamée, finalement.
50:07 (musique douce)
50:11 - Si Vaujany a su transformer l'Aubaine
50:14 du barrage de Grand Maison en accélérateur économique,
50:17 la commune ne renie pas pour autant ses racines,
50:20 son patrimoine et sa vraie richesse,
50:23 une nature majestueuse, rude mais généreuse.
50:26 Sauvée de l'abandon par sa situation géographique
50:29 et la bonne étoile qui lui permet de briller
50:32 parmi les stations les mieux dotées,
50:35 Vaujany semble parée pour vivre paisiblement sa renaissance
50:38 au fil de ces 4 saisons.
50:41 (musique douce)
50:44 (musique rock)
50:48 (musique rock)
50:52 (musique rock)
50:56 (musique rock)
51:00 (musique rock)
51:03 (générique de fin)
51:30 [SILENCE]

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