René Descartes.

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00:29 Chers auditeurs, bonjour et bienvenue pour ce troisième numéro de "Soyez sages, votre émission de philosophie".
00:35 Alors pour la rentrée, nous allons parler d'un penseur emblématique du XVIIe siècle,
00:40 si ce n'est peut-être le plus important,
00:43 j'ai nommé René Descartes, et plus particulièrement aujourd'hui,
00:47 son fameux cogito ergo sum "Je pense donc je suis".
00:51 Considéré comme le fondateur de la subjectivité moderne,
00:54 alors le fait que maintenant il soit établi que nous soyons des sujets autonomes,
00:58 nous y reviendrons par la suite,
01:00 Descartes était un philosophe, mais aussi un physicien et un mathématicien.
01:05 Il fait preuve d'une curiosité intellectuelle précoce,
01:07 il sera d'ailleurs surnommé "le petit philosophe" par son père pendant son enfance,
01:12 et il affirmera dans son livre "Le discours de la méthode" qu'il avait un extrême désir d'apprendre.
01:18 Il fait ses études chez les jésuites, mais il est assez déçu de l'enseignement qu'il reçoit,
01:23 incapable selon lui de rassasier sa soif de vérité.
01:27 Alors Descartes va avoir l'intuition que les prétendus savoirs
01:31 qui lui ont été transmis pendant son instruction sont incertains,
01:35 et il écrit d'ailleurs dans les méditations métaphysiques à ce sujet
01:38 "Je suis contraint d'avouer que de toutes les opinions que j'avais autrefois reçues en ma créance pour véritable,
01:44 il n'y en a pas une de laquelle je ne puisse maintenant douter".
01:48 Il y a peut-être dans les connaissances que Descartes a acquis jusque là,
01:52 du vrai mais aussi certainement du faux,
01:54 un peu comme nous quand nous avons été à l'école de la République
01:57 et qu'on en vient à un plus grand à réfléchir et à se questionner
02:02 sur la fiabilité des connaissances qui nous ont été transmises.
02:05 Et bien Descartes lui, va préférer les considérer comme étant toutes fausses,
02:09 sans chercher à les réformer,
02:11 mais au contraire en s'inscrivant dans une démarche révolutionnaire.
02:15 Tout ce qui était jusqu'à présent seulement vraisemblable,
02:18 il va le tenir pour faux et balayer toutes ses connaissances
02:21 pour reconstruire un savoir vrai, la vérité n'ayant de valeur pour nous,
02:26 que si nous pouvons la distinguer avec certitude de l'erreur.
02:29 On a là quand même un projet unique dans l'histoire de la philosophie
02:33 que Descartes va mener en proposant de substituer à toutes les autorités
02:37 qui se trouvaient jusqu'alors en dehors de lui,
02:40 l'autorité qui se trouve en lui, la raison présente en chacun.
02:43 Et d'ailleurs à ce sujet, Descartes part d'un postulat assez original pour son temps,
02:48 qui est celui de dire que nous sommes tous dotés de raison.
02:51 Il commence le discours de la méthode par ces mots
02:54 "le bon sens est la chose du monde la mieux partagée".
02:57 C'est donc la raison qui va faire autorité en matière de vérité.
03:01 Alors Descartes laisse ici entrevoir son optimisme dans la pensée et ses capacités.
03:06 C'est pour cela d'ailleurs qu'il est considéré comme le chef de file du rationalisme moderne.
03:11 Alors en philosophie, le rationalisme est le courant qui estime
03:15 que toute connaissance humaine provient de la raison.
03:17 La raison serait à l'origine de notre connaissance, c'est par elle qu'on acquiert le savoir.
03:22 Cela suggère une confiance en la raison, elle peut et doit tout comprendre
03:27 et cela implique de penser que le réel est rationnel,
03:31 c'est-à-dire que le monde est cohérent, organisé,
03:34 et qu'il suit un ordre que la raison peut appréhender.
03:37 Le rationalisme s'oppose à l'empirisme, qui est un courant philosophique
03:42 qui soutient que l'origine de toute connaissance humaine provient de l'expérience sensible,
03:47 c'est-à-dire de l'expérience que l'on fait du monde au moyen de nos cinq sens.
03:51 Les sens seraient pour les empiristes à la source de nos connaissances.
03:55 Il faut faire l'expérience du monde pour le connaître.
03:58 Par exemple, pensez à une odeur, l'odeur de lavande.
04:01 Je peux vous énumérer tous les composés organiques,
04:05 tous les récepteurs olfactifs qui seraient en jeu.
04:07 Si vous ne la sentez pas, vous ne pourriez pas la connaître.
04:10 Néanmoins, les rationalistes, dont Descartes, objectent aux empiristes
04:15 qu'on ne peut pas faire confiance aux sens.
04:18 Effectivement, ils nous trompent ou nous induisent en erreur.
04:21 Pensez notamment aux illusions d'optique, aux illusions perceptives,
04:25 et Descartes prendra celles d'un bâton immergé dans l'eau
04:30 qui, en raison du phénomène de réfraction de la lumière,
04:33 pourrait, à nous, depuis notre point de vue, nous apparaître brisés.
04:37 C'est pourquoi, pour Descartes, les mathématiques constituent un modèle de rigueur
04:41 pour aboutir à des certitudes, car elles ne sollicitent que la raison,
04:46 sans égard au sens ni à l'imagination,
04:49 ses outils étant sans équivalent dans le monde sensible.
04:52 La volonté de Descartes est de systématiser le raisonnement mathématique à toutes les sciences,
04:58 son objectif étant de fonder ce qu'il appelle en latin une "mathesis universalis",
05:02 c'est-à-dire une mathématique universelle.
05:05 Le projet cartésien va donc rejeter deux choses,
05:08 à la fois tous les arguments d'autorité venus de précepteurs extérieurs à sa propre raison,
05:14 et le recours à l'expérience sensorielle pour exiger une certitude absolue
05:19 en science et en philosophie, se calquant sur le modèle des mathématiques.
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05:53 Revenons maintenant au projet cartésien de refondation du savoir au moyen du doute.
05:58 L'extrait que nous allons commenter est un passage des méditations métaphysiques,
06:02 qui sont en fait une sorte de journal intime de l'esprit,
06:06 parti en quête de la seule vérité certaine sur laquelle le savoir pourra se rebâtir.
06:12 Descartes y parle à la première personne, et nous invite à le suivre
06:16 dans la progression méthodique de son itinéraire, à la manière d'un exercice philosophique.
06:21 Dans les méditations, qui sont au nombre de six,
06:24 l'esprit erre d'abord dans l'obscurité du doute, comme nous allons le voir,
06:29 à la recherche d'une lumière métaphysique, un repère, un ancrage,
06:33 auquel il pourra se raccrocher pour après reconstruire l'ensemble du savoir.
06:38 Dans la première méditation, Descartes nous propose de le suivre dans un doute hyperbolique.
06:45 Alors pourquoi hyperbolique ? Eh bien parce qu'il va procéder à un doute exagéré,
06:49 qui va tout remettre en question, y compris ce qui semble le plus intuitif,
06:54 doute hyperbolique et méthodique, puisque Descartes va l'appliquer volontairement,
06:59 comme une méthode, du grec "méthodos", c'est-à-dire une voie, un chemin,
07:03 pour accéder à la vérité.
07:05 Il emploie le doute, qui est initialement l'outil des sceptiques,
07:08 le scepticisme étant une école de philosophie du IVe siècle avant J.-C.,
07:12 dominée par la figure de Pyrrhon, et qui soutenait qu'on ne pouvait pas atteindre de vérité
07:16 et qu'on devait suspendre notre jugement en toute chose.
07:19 Mais cet outil, il le retourne complètement dans la mesure où lui va l'utiliser comme un moyen
07:26 pour parvenir à une certitude.
07:28 Le doute de Descartes n'est pas le doute des sceptiques,
07:31 puisqu'il a une fin, l'évidence, que l'on recherche.
07:34 Alors dans cette première méditation, Descartes va d'abord commencer par douter du monde extérieur.
07:40 En effet, on peut douter de la réalité du monde matériel qui nous entoure.
07:44 Et d'ailleurs, c'est ça qui est quand même très déstabilisant en philosophie,
07:47 c'est qu'on a aucun raisonnement valide qui nous conduit à la conclusion
07:51 que le monde extérieur existe nécessairement.
07:54 Il est hautement probable, compte tenu de nos nombreuses interactions,
07:58 que la réalité autour de nous existe.
08:00 Mais néanmoins, rien ne nous le garantit,
08:02 et on pourrait être, à l'instar de l'expérience de pensée proposée par le philosophe Hilary Putnam,
08:08 un cerveau plongé dans une cuve, branché à des électrodes
08:11 qui produiraient artificiellement la réalité.
08:14 Et d'ailleurs, le cinéma s'est emparé de ce problème épineux,
08:18 puisqu'on retrouve ça dans Matrix ou encore dans un film comme The Truman Show.
08:22 Et Descartes, lui, va suggérer que nous pourrions être en train de dormir.
08:26 On pourrait tout à fait être en train de rêver.
08:28 En rêve, on ne soupçonne pas que nous pourrions être en plein sommeil,
08:32 et on prend pour réel le scénario et le décor construit par notre cerveau.
08:37 La réalité peut donc faire l'objet d'un doute.
08:40 Mais qu'en est-il des vérités mathématiques, demande Descartes ?
08:44 Il relève en effet que 2+3 font 5, que l'on soit dans la réalité ou en rêve.
08:50 Est-ce dire alors qu'elles existent réellement, et qu'on ne pourrait pas douter d'elles ?
08:54 Descartes propose alors, audacieusement, un argument un peu risqué pour son temps,
09:00 qui est l'hypothèse d'un malin génie, c'est-à-dire un dieu mesquin,
09:03 qui viendrait nous leurrer sur leur existence,
09:06 et irait même jusqu'à nous tromper sur l'existence de nos corps.
09:09 Il écrit,
09:11 Je supposerais donc qu'il y a non point un vrai dieu qui est la souveraine source de vérité,
09:16 mais un certain mauvais génie, non moins rusé et trompeur que puissant,
09:20 qui a employé toute son industrie à me tromper.
09:23 Je penserais que le ciel, l'air, la terre, les couleurs, les figures, les sons,
09:28 et toutes les choses extérieures que nous voyons,
09:30 ne sont que des illusions et tromperies, dont il se sert pour surprendre ma crédulité.
09:35 Je me considérais moi-même comme n'ayant point de main, point dieu,
09:39 point de chair, point de sang,
09:41 comme n'ayant aucun sens, mais croyant faussement avoir toutes ces choses.
09:45 Donc toutes ces choses qui nous apparaissent intuitives,
09:48 et en lesquelles on accorde notre confiance,
09:50 Descartes nous dit qu'elles pourraient être créées par un malin génie,
09:54 qui s'amuserait à nous tromper.
09:56 Il faut attendre la deuxième méditation,
09:59 pour que Descartes trouve enfin la vérité capable de résister
10:04 à son doute hyperbolique et à l'hypothèse du malin génie.
10:08 Nous lisons maintenant le passage qui va nous intéresser plus précisément,
10:12 puisque c'est celui où Descartes découvre enfin la première vérité indubitable.
10:18 Je vous le lis.
10:20 Moi donc, à tout le moins, ne suis-je pas quelque chose ?
10:23 Mais j'ai déjà nié que j'eusse aucun sens ni aucun corps.
10:26 J'hésite néanmoins, car que s'en suis-t-il de là ?
10:29 Suis-je tellement dépendant du corps et des sens que je ne puisse être sans eux ?
10:34 Mais je suis persuadée qu'il n'y avait rien du tout dans le monde,
10:37 qu'il n'y avait aucun ciel, aucune terre, aucun esprit ni aucun corps.
10:41 Ne me suis-je donc pas aussi persuadée que je n'étais point ?
10:45 Non, certes, j'étais sans doute.
10:47 Si je me suis persuadée ou seulement si j'ai pensé quelque chose.
10:51 Mais il y a un je-ne-sais-quel trompeur très puissant et très rusé
10:55 qui emploie toute son industrie à me tromper toujours.
10:58 Il y a donc point de doute que je suis, s'il me trompe.
11:01 Et qu'il me trompe tant qu'il voudra, il ne saurait jamais faire que je ne sois rien
11:05 tant que je penserais être quelque chose.
11:07 De sorte qu'après y avoir pensé et avoir soigneusement examiné toute chose,
11:12 enfin il faut conclure et tenir pour constant que cette proposition "je suis, j'existe"
11:18 est nécessairement vraie toutes les fois que je la prononce ou que je la conçois en mon esprit.
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11:53 Et voilà donc la découverte de la vérité dont on ne peut douter.
11:57 "Je suis, j'existe" qui fera l'objet de trois formulations.
12:01 La première qui est la plus connue,
12:03 "Je pense donc je suis" dans le discours de la méthode en latin, cogito ergo sum.
12:08 Cette proposition, et ajoute Descartes,
12:11 "si ferme et assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques
12:15 ne sont pas capables de les branler."
12:17 La deuxième, "je doute donc je suis"
12:19 dubito ergo sum en latin, dans la recherche de la vérité par la lumière naturelle.
12:24 Et enfin "je suis, j'existe" celle que nous venons de lire dans les méditations métaphysiques.
12:30 Alors on peut d'ailleurs y voir, à l'instar de certains amis de Descartes
12:33 qui lui avaient fait la remarque à son époque,
12:35 une réminécence de Saint Augustin qui écrit dans "La cité de Dieu"
12:39 "Si je me trompe, je suis" en latin si enim falor sum,
12:43 "car celui qui n'est pas ne peut être trompé,
12:46 et de cela même que je suis trompé, il résulte que je suis."
12:50 Alors effectivement, Descartes le rejoint,
12:52 si le malin génie nous trompe, et bien c'est qu'il trompe quelqu'un,
12:55 nous-mêmes, autrement dit, que nous sommes.
12:58 Et si je doute, c'est bien qu'il existe quelqu'un qui doute,
13:01 et ce quelqu'un, c'est moi.
13:03 Pour penser, il faut un "je",
13:05 compris non pas ici comme une donnée psychologique,
13:08 c'est-à-dire mon moi individuel ou monsieur untel,
13:11 mais comme un sujet, en philosophie, un être,
13:14 qui est le principe de ses pensées et de ses actions,
13:17 à la différence d'un objet.
13:19 C'est ainsi que Descartes découvre cette première vérité fondamentale,
13:23 il est absolument certain d'exister,
13:25 alors même que son corps et tous les objets du monde
13:28 restent prisonniers du doute.
13:30 Le "je pense donc je suis" devient la première certitude,
13:33 et par là, la condition de toutes les certitudes à venir.
13:37 Celle-ci n'a de sens qu'à être éprouvée en soi-même.
13:40 Evidente, elle ne se démontre pas,
13:42 et s'aperçoit dès lors qu'on tourne notre regard en nous-mêmes.
13:46 On touche ici un point fixe, une première prise métaphysique.
13:50 Irréductible, incontestable,
13:52 le "je" peut être conçu par soi,
13:54 indépendamment de tout autre chose.
13:56 Pour Descartes, ce "je" est substantiellement immatériel,
13:59 puisqu'il a pour essence la pensée.
14:01 "Je pense donc je suis" signifie que Descartes définit l'homme
14:05 comme une chose essentiellement pensante.
14:08 Il écrit d'ailleurs à ce sujet
14:10 "Je fermerai maintenant les yeux, je boucherai mes oreilles,
14:13 je détournerai tous mes sens,
14:15 j'effacerai même de ma pensée toutes les images,
14:17 des choses corporelles, ou du moins,
14:19 parce qu'à peine cela se peut-il faire,
14:21 je les réputerai comme vaines et comme fausses.
14:24 Et ainsi, m'entretenant seulement moi-même,
14:27 et considérant mon intérieur,
14:29 je tâcherai de me rendre, peu à peu,
14:31 plus connu et plus familier à moi-même.
14:33 Je suis une chose qui pense,
14:35 c'est-à-dire qui doute, qui affirme,
14:37 qui pense, qui pense,
14:39 qui affirme, qui nie,
14:41 qui connaît peu de choses, qui en ignore beaucoup,
14:43 qui aime, qui est,
14:45 qui veut, qui ne veut pas,
14:47 qui imagine aussi, et qui sent."
14:49 Descartes démontre ainsi que l'expérience
14:51 de la conscience que nous avons de nous-mêmes
14:54 constitue la thèse la plus immédiate et certaine.
14:57 On prend conscience que l'on est un sujet pensant
15:00 et on découvre notre identité
15:02 comme un jeu qui pense.
15:04 À présent, Descartes sonde la vérité du cogito
15:08 dans la troisième méditation
15:10 pour en trouver d'autres.
15:12 Il le décortique pour faire apparaître
15:14 une certitude supplémentaire.
15:16 Et la première altérité que Descartes découvre,
15:19 en dehors de sa propre conscience
15:21 et avant même le monde extérieur,
15:23 c'est Dieu.
15:24 Comment ?
15:25 Eh bien, nous sommes des choses pensantes,
15:27 nous l'avons dit,
15:28 c'est-à-dire que nous avons des pensées.
15:30 Et Descartes va les analyser,
15:32 certaines d'entre elles, comme celles de la perfection,
15:35 qu'il relève dans le discours de la méthode,
15:37 et qu'il y a des idées qui sont plus ou moins perfectes.
15:40 Les idées d'un monde ou d'infini,
15:43 plus proprement dans les méditations,
15:45 ne peuvent pas venir de nous-mêmes
15:47 ni de l'expérience que l'on fait du monde.
15:49 En effet, nous sommes des êtres imparfaits et finis.
15:52 On ne peut donc pas être, nous-mêmes,
15:55 à l'origine de ces idées.
15:57 Et dans la nature, nous ne rencontrons pas plus
15:59 la perfection ou l'infini.
16:01 On peut donc en conclure que ces idées
16:03 ont été placées dans notre esprit
16:05 par l'idée d'un dieu trompeur,
16:07 d'un malin génie que nous duprés,
16:09 puisque celui-ci serait parfait.
16:11 Descartes écrit à ce sujet,
16:13 "Il faut nécessairement conclure que Dieu existe,
16:15 car je n'aurais pas l'idée d'une substance infinie,
16:17 moi qui suis un être fini,
16:19 si elle n'avait été mise par moi
16:21 par quelque substance qui fut véritablement infinie."
16:23 En disant que Dieu est parfait,
16:25 on affirme qu'il cumule toutes les qualités.
16:28 Or, l'existence est une de ces qualités.
16:31 Effectivement, alors je m'excuse,
16:33 si j'emprunte cet exemple,
16:35 mais si je vous racontais avoir trouvé l'homme parfait,
16:37 l'homme beau, intelligent, drôle,
16:39 et que j'ajoutais "il n'existe pas",
16:41 cela n'aurait pas de sens.
16:43 Donc pour être parfait,
16:45 effectivement, encore faut-il exister.
16:47 Dieu, dans la mesure où il est parfait,
16:49 ne peut donc pas ne pas être.
16:51 On ne peut pas concevoir un être parfait
16:53 qui n'existerait pas.
16:55 Et c'est à partir de cette idée de perfection
16:57 que l'on conclut à la nécessaire existence de Dieu.
16:59 On pourrait, pour que ce soit plus clair,
17:01 poser le raisonnement sous la forme d'un syllogisme,
17:04 c'est-à-dire pour reprendre la classification d'Aristote,
17:08 un raisonnement valide qui part de deux prémisses
17:11 pour aboutir nécessairement à une conclusion.
17:14 Cela donnerait "Dieu est un être parfait,
17:16 or ce qui existe est plus parfait que ce qui n'existe pas,
17:19 donc Dieu existe."
17:21 Et je finis en vous dévoilant
17:23 ce qui me semble être le plus émouvant en philosophie.
17:27 On a quand même là un penseur rationaliste
17:29 qui vient de déduire l'existence de Dieu
17:32 au moyen de la raison,
17:34 en nous en donnant une démonstration logique.
17:37 Mais ça ne va pas dispenser des cartes d'amour,
17:39 d'exaltation et de ferveur religieuse,
17:42 puisqu'il écrit dans un très beau passage
17:44 "Il me semble très à propos de m'arrêter quelque temps
17:47 à la contemplation de ce Dieu tout parfait,
17:50 de peser tout à loisir ses merveilleux attributs,
17:53 de considérer, d'admirer et d'adorer
17:55 l'incomparable beauté de cette immense lumière
17:58 au moins autant que la force de mon esprit,
18:00 qui en demeure en quelque sorte éblouie,
18:02 me le pourra permettre.
18:04 Car comme la foi nous apprend
18:06 que la souveraine félicité de l'autre vie
18:08 ne consiste que dans cette contemplation
18:11 de la majesté divine,
18:12 ainsi expérimenterons-nous dès maintenant
18:15 qu'une semblable méditation,
18:17 quoique incomparablement moins parfaite,
18:19 nous fait jouir du plus grand contentement
18:21 que nous soyons capables de ressentir en cette vie."
18:24 Alors ce qui est assez remarquable,
18:25 c'est que Descartes,
18:26 alors même qu'on le présente comme un rationaliste forcené,
18:29 parle en chrétien et parle de son amour pour Dieu.
18:33 La raison philosophique et même mathématique
18:35 qui découvre Dieu ne le découvre dans la pensée cartésienne
18:38 pas simplement comme un principe explicatif du monde
18:42 qui serait uniquement de l'ordre rationnel,
18:44 mais comme un objet d'adoration et d'aimoi.
18:47 La raison n'est donc pas ici une faculté aride,
18:50 sèche et froide,
18:52 elle est celle qui accueille la foi,
18:54 l'émotion et l'émerveillement.
18:56 Je vous remercie pour votre écoute
18:58 et espère avoir partagé mon enthousiasme
19:02 pour ce point de pensée de la philosophie cartésienne.
19:06 A très bientôt !
19:07 Sous-titrage ST' 501
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