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00:00 Je m'appelle Fab Morvan.
00:01 A ca Milli Vanilli, j'ai gagné un Grammy,
00:04 trois American Music Awards, sans avoir chanté sur aucun des titres.
00:07 Ce sont deux jeunes, un d'Allemagne, un de France, précisément Paris.
00:21 On s'est rencontrés en Allemagne, à Munich.
00:23 On passait sur scène avec des bands live.
00:25 À chaque fois qu'on allait quelque part, on était la partie.
00:28 Voilà, Rob et Fab, ils cartonnent ceux-là, c'est bien.
00:31 Et bon, du bouche à oreille,
00:33 a fait que un des studios musiciens de Frank Farian nous a vus sur scène.
00:37 Il a fait "Ah, il faut que je vous présente la Frank Farian".
00:41 Frank Farian, c'est le producteur de Bonne et M, si vous connaissez.
00:43 On est arrivé au studio, on lui donne un contrat,
00:49 un contrat qu'on a signé sans avocat, sans manager, rien, pas de production.
00:54 On ne se rend même pas compte de ce qui se passe.
00:56 L'argent, il est sur la table.
00:57 On doit payer notre loyer.
00:58 On a faim. On a signé.
01:00 On nous fait venir au studio.
01:02 On arrive dans le studio.
01:03 On entend la chanson instrumentale.
01:05 Alors on fait "On commence où?"
01:09 Il fait "Non, non, non, non, venez, il faut qu'on vous parle.
01:12 Vous n'allez pas chanter." "Comment ça?" "Non, vous n'allez pas chanter."
01:15 Nous, on ne savait pas que le track,
01:16 il était déjà enregistré avec des chanteurs dessus.
01:19 Ce qui fait que ce système, cette formule qu'il avait utilisée avec Bonne et M,
01:23 il allait la réessayer, la refaire.
01:26 On n'a jamais essayé et on s'est battu et battu et battu.
01:30 Il nous a dit "Non, comment ça?
01:32 Comment ça? Comment ça vous avez remplacé les voix là?"
01:34 En fait, quand on a reçu le track et on devait apprendre le track,
01:37 on a dû le faire. On a dû le faire. On a dû le faire.
01:40 On a dû le faire. On l'a fait.
01:41 On l'a fait tous les soirs, ce qui fait que je l'avais le truc.
01:43 Monsieur Frank Farian, non, on ne pouvait rien lui dire.
01:46 Mon plan, ma formule, elle est comme ça et ça va marcher comme ça.
01:50 Les chanteurs qu'il a enregistrés, il nous a tous séparés.
01:53 On ne savait pas qui c'était.
01:53 On est coincés contre le mur. Voilà, c'est ça.
01:56 On a enlacé le mensonge au début parce que l'amour qu'on n'avait pas la maison.
02:00 On l'a découvert avec la fame, avec les fans.
02:04 Au début, c'est comme un fairytale.
02:10 C'est un rêve.
02:11 Limousine, hôtel, avion, scène, boîte.
02:15 T'es le plus fort, t'es le plus beau, t'es numéro un.
02:18 En fait, t'es dans une cage, une cage en or,
02:25 mais c'est une cage et à la fin, tu t'en rends compte.
02:28 Ce qui fait qu'à la fin, quand tout le monde part de ta chambre et la partie est
02:31 finie, la vérité, tu la vois clairement.
02:34 Tu te brosses les dents, t'es dans le miroir, tu te regardes, tu fais
02:37 Oh là là là là, comment je vais m'en sortir ?
02:39 Parce qu'on veut parler, on veut en parler, mais on ne peut pas
02:43 parce qu'on ne sait pas ce qui va se passer après ça.
02:45 Milli Vanilli, c'était la fusée.
02:48 C'était une fusée qui est passée partout.
02:50 107 villes en 8 mois.
02:52 On faisait 30 000 personnes par soir.
02:54 16 millions d'albums vendus pour le premier album.
02:57 C'est 30 millions de singles.
03:00 Et puis, ces nombres là, ils montent, ils montent sans arrêt.
03:02 Quand on passait à la télévision, les studios n'étaient pas faits
03:06 pour des performances live, ce qui fait que tous les artistes,
03:09 les lip syncs, tout le monde faisait ça.
03:12 Au niveau du playback, Robert, il a fait "moi, je prends ça".
03:15 Non, alors bon, je prends l'autre.
03:17 Je prends le rappeur, toi, tu prends le chanteur.
03:19 Ça s'est divisé comme ça.
03:20 La musique, c'était mon rêve, ce qui fait que je me suis dit OK,
03:23 parce qu'on fait ça maintenant, mais un jour, je vais le faire pour de vrai.
03:26 Ce qui fait que je l'ai pris très sérieusement,
03:28 ce qui fait que si le micro n'aurait pas marché, je l'aurais fait.
03:31 La frustration, elle est arrivée après la performance.
03:39 Quand on est sur scène, c'est une expérience incroyable.
03:42 Vous avez 30 000 personnes.
03:44 Le show commence, vous avez les drums qu'on avait symplé Ben Hur.
03:47 Ce qui fait que ça faisait "pom pom pom pom".
03:51 Et l'audience, on l'entend, c'est électrique.
03:52 Je descendais de là après la scène.
03:54 C'est la réalité, ce qui fait que pour oublier la réalité,
03:57 tu commences à boire, tu fais tous ces trucs-là que tu fais dans la nuit.
04:00 La supercherie, les gens ne l'ont pas découvert.
04:03 C'est l'industrie qui la savait, qui la connaissait, qui était au courant d'eux.
04:07 Tout d'abord, il y a eu beaucoup de jalousie parce qu'on a vendu
04:10 beaucoup trop de disques et l'industrie, ça les énervait.
04:13 On ne pouvait pas parler parce qu'aux Etats-Unis, dans les années 90,
04:17 l'accent, ils n'aimaient pas, en fait.
04:18 On avait peur d'être découvert.
04:20 Avec le temps, quand on était en public ou quoi que ce soit,
04:24 avec les événements, on ne parlait pas.
04:26 Avec le Grammy, la spotlight, elle est arrivée sur nous.
04:30 Et là, on ne pouvait plus échapper.
04:31 Il y avait des jokes à la télévision.
04:33 Les gens, ils commençaient à se poser des questions.
04:35 Pourquoi ils font des jokes sur mes événements et ils ne chantent pas ?
04:37 C'est quoi ? Ils ont un accent.
04:39 Mais comment ça se fait que sur le disque, ils sonnent différemment ?
04:42 Ils perdent l'accent quand ils chantent.
04:43 En 90, Frank Farian, on voulait s'en débarrasser, en fait.
04:48 On l'a poussé, on l'a poussé, on l'a poussé à ce qu'il nous jette
04:52 pour qu'on puisse commencer un autre projet.
04:54 Mais Frank, quand il a entendu ça, il a fait attention, attention.
04:57 Il est parti à New York.
04:58 Il a dit ils n'ont pas chanté, ce qui fait que la Maison 10
05:00 avec laquelle on travaillait, on allait commencer à faire les nouveaux trucs.
05:04 On a fait non, non, non, non, non.
05:07 On nous a mis sur une liste noire et c'était fini.
05:09 Là, c'était la fin.
05:10 C'était la destruction de Rob & Fab.
05:12 Voilà, la presse s'est acharnée sur Rob & Fab, mais pas sur le producteur
05:15 et la Maison disques.
05:16 C'était beaucoup plus facile de s'attaquer à Rob & Fab
05:18 parce que c'était sensationnel.
05:19 On avait vendu des millions et des millions d'albums.
05:22 Mais en fait, à la fin, on est devenu une punchline, une blague.
05:26 Et les gens ont complètement oublié le fait qu'on était humain.
05:28 C'est pour ça qu'avec le documentaire sur Paramount Plus,
05:31 là, on arrive à retracer l'histoire et ce qui s'est passé.
05:34 L'hypocrisie de l'industrie et les mécanismes de l'industrie
05:38 pop, de la pop musique.
05:41 Il n'y a pas de crime réel ici, mais ça coûte la vie.
05:45 La manière dont je me suis sauvé, en fait, je me suis accroché à la musique.
05:49 Mais tout d'abord, ce que j'ai fait, je dois le dire, je me suis pardonné.
05:52 J'ai pardonné aux autres qui m'ont fait du mal.
05:54 Et ça, ça m'a permis de me délivrer au niveau émotionnel.
05:58 Et là, j'ai trouvé la liberté, ce qui fait que après ça,
06:00 j'ai vraiment pu avancer beaucoup plus fort.
06:02 Robert, c'était à lui de se guérir.
06:04 C'était pas à moi.
06:05 Et j'ai essayé.
06:06 Et au début, c'était difficile parce que je pouvais pas l'aider.
06:08 Je me disais comment on va faire?
06:09 J'ai utilisé la musique en tant que médecine.
06:13 Et lui, il a utilisé la drogue en tant que médecine.
06:16 Et on m'a expliqué qu'en anglais, c'est la codépendency.
06:19 Son problème devient ton problème.
06:21 Ce qui fait qu'il ne m'en fait pas ça.
06:22 Sinon, vous allez vous perdre aussi.
06:23 Occupez vous de vous.
06:25 Il doit s'occuper de lui même.
06:26 Quand j'ai reçu l'appel, ça m'a fait mal parce que j'ai perdu
06:28 quelqu'un qui était vraiment près de moi.
06:31 Mais cet appel, je savais qu'il est arrivé parce qu'on m'avait dit
06:34 c'est soit fini à l'hôpital, au cimetière ou en prison.
06:39 Moi, je me suis caché pendant des années parce qu'en fait,
06:42 quand j'allais dans les magasins pour faire mes courses,
06:45 quand j'entendais les gens qui rigolaient, je faisais
06:46 se diriger vers moi.
06:48 Et ce qui fait que j'évitais d'être en public,
06:50 ce qui fait que je suis resté chez moi pendant des années.
06:53 En fait, je me suis construit ma carrière moi même tout seul
06:56 en travaillant, en travaillant, en travaillant.
06:58 Et c'est ce qui c'est ce qu'il y a à faire.
06:59 Il n'y a pas d'autre chose.
07:00 Si vous voulez des résultats, il faut travailler, il faut travailler dur.
07:02 Je suis très fier du fait que je n'ai pas lâché l'affaire.
07:05 Je suis toujours ici.
07:06 Je passe sur scène, ça fait des années.
07:08 Si les gens veulent voir ce que je fais, vous allez voir ses réseaux sociaux.
07:10 Je suis là.
07:11 Les chansons de Milvenelli,
07:17 je ne les ai pas rejetées parce que j'ai senti
07:20 que les chansons de Milvenelli, ça faisait partie de moi.
07:23 Mon intelligence émotionnelle m'a dit que pour avancer dans la vie,
07:27 tu dois pardonner à ceux qui t'ont fait mal.
07:29 Et là, comme ça, le funk farian, j'y pense plus.
07:32 Et je fais mon truc, je vis ma vie.
07:34 Et maintenant, j'ai une famille, j'ai quatre enfants.
07:36 La chose que je regrette, c'est d'avoir perdu Robert.
07:38 C'est mon regret numéro un.
07:40 En deuxième place, je regrette d'avoir pas chanté l'aventure.
07:44 Je ne la regrette pas parce que ça m'a appris tellement de choses.
07:46 Je ne serais pas devenu qui je suis si je n'avais pas vécu tout ça.
07:50 Mais je pense que mon histoire peut inspirer et élever les gens.
07:55 Et si je peux devenir un poster boy,
07:58 un exemple pour le monde de résilience, que si tu te donnes,
08:02 tu peux te relever, tu te concentres, tu travailles sur toi.
08:05 Il faut mettre le boulot, il faut mettre le boulot.
08:07 C'est bien, c'est bien d'être un exemple comme ça.
08:10 Girl, you know it's true.
08:11 Oh, oh, oh, I love you.
08:18 Oh, oh, oh, oh.
08:32 [Musique]