SIMONE - SMILE : Les femmes sont des Hommes !

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Transcript
00:00 C'est bien connu, les femmes sont des hommes.
00:02 Non ? Ah pardon, excusez-moi, je vois que vous vous êtes embrouillés, je recommence.
00:06 C'est bien connu, les femmes sont des hommes.
00:09 Mais si, avec un gros H, une majuscule.
00:12 C'est beaucoup plus clair et crédible là, non ?
00:14 L'homme préhistorique. Le mus est de l'homme, les droits de l'homme.
00:18 Si vous ne vous représentez que des hommes et non des femmes à l'écoute de ces expressions,
00:22 dites-vous que vous n'êtes pas seul.
00:23 Cognitivement, de nombreuses études ont montré que l'usage du masculin neutre
00:27 activait moins de représentation de femmes que l'utilisation de termes épicènes,
00:32 des termes dont la forme ne varie pas entre le masculin et le féminin.
00:35 Utiliser "homme" à la place "d'humain" ne relève absolument pas du synonyme,
00:40 mais bien du méthonyme, en d'autres termes, lorsqu'une partie se prend pour le tout.
00:44 Hier, c'était donc la journée internationale des droits de l'homme.
00:47 L'occasion de rappeler que bon nombre de pays ont depuis des lustres remplacé cette expression
00:52 par celle moins exclusive de "droits humains".
00:55 En italien, "diretti umani".
00:57 En espagnol, "derechos humanos".
00:59 En allemand, "menschenrechte".
01:01 En irlandais, "menserechte".
01:03 En roumain, "dretturi leounuli".
01:06 En portugais, "dzireytus umanus".
01:08 Ou encore en polonais, "prava čuovjeka".
01:11 Et surtout que d'autres pays francophones, comme la Suisse ou encore le Canada,
01:15 enfin le Québec, disent eux aussi "droits humains" sans que cela ne leur écorche la bouche.
01:20 La France pourtant persiste et signe, prétendant un attachement tout particulier à son statut de précurseur
01:25 en termes de droits avec sa déclaration de 1789,
01:28 dont le nom avait pourtant été choisi sans ambiguïté
01:30 pour désigner les individus de genre masculin et exclure les femmes.
01:34 Ce qui avait à l'époque motivé la célèbre Olympe de Gouges
01:37 à rédiger sa fameuse déclaration des droits de la femme et de la citoyenne,
01:41 puisqu'elle avait très bien compris que les femmes n'en étaient pas.
01:44 Il faudra en effet attendre l'année 1946
01:47 pour que le mot "femme" apparaisse au sein de la Constitution et du Code civil
01:51 afin de leur accorder quelques droits.
01:53 Ainsi, garder la formule utilisée il y a plus de 4 siècles
01:56 serait une manière de valider l'état d'esprit d'alors,
01:59 lorsque Nicolas Bosé, membre de l'Académie française, déclarait
02:03 "le genre masculin est réputé plus noble que le féminin
02:06 à cause de la supériorité du mâle sur la femelle".
02:09 Vous l'aurez compris, l'homme avec ou sans majuscule est un faux générique.
02:14 La construction et l'utilisation du langage n'ont rien d'arbitraire.
02:18 Elles sont en réalité le reflet des valeurs et des mœurs d'une société.
02:22 Le masculin n'est pas désigné comme neutre de façon impartiale,
02:25 de la même manière qu'il ne l'emporte pas sans raison.
02:27 Si la syntaxe est réfléchie ainsi,
02:29 c'est pour rendre logique et familière cette hiérarchisation.
02:33 Au sein de la société, le masculin est la référence,
02:36 le modèle, le point de départ par lequel on pense le monde.
02:40 C'est aussi parce qu'on ne peut penser sans le langage
02:42 et que le langage est un prédominance masculine
02:45 que l'homme est devenu la mesure de toute chose.
02:47 Je finirai par une citation de la captivante historienne de la littérature
02:51 Eliane Viennot.
02:53 Si "citoyens" voulait dire "citoyennes",
02:55 les femmes auraient eu le droit de vote dès 1789.
02:59 Or, elles ont attendu 155 ans pour que cela devienne réalité.

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