Mad Max fury Road Feat Thomas Gilbert
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ÉducationTranscription
00:00:00 [Musique épique]
00:00:09 Bonjour, bonsoir à tous, bienvenue dans le désert post-apocalyptique,
00:00:14 du coup dans la langue française entre autres,
00:00:16 mais surtout de Mad Max, puisqu'on va parler de Mad Max Fury Road !
00:00:20 Film incroyable à mes yeux, mais on va en discuter.
00:00:23 Je suis accompagné, comme vous le voyez avec Thomas, qui revient,
00:00:26 puisqu'il a écrit leur série sur le premier Mad Max, qui est déjà sorti,
00:00:32 chez l'écran fantastique, et là il prépare la suite,
00:00:34 dans laquelle il y aura entre autres toute une partie sur Fury Road.
00:00:37 Donc il vient nous en parler pour notre plus grand plaisir,
00:00:40 et pour pouvoir parler de ce film qui, déjà,
00:00:42 avant même que tu puisses dire bonjour, comment vous allez, blablabla,
00:00:46 Fury Road, c'est un des rares films récents qui, je trouve,
00:00:49 a atteint ce statut de film culte instantané.
00:00:52 Vas-y, je te laisse !
00:00:54 Oui, bonjour tout le monde.
00:00:56 C'est vrai, c'est assez étonnant, je pense que beaucoup de monde
00:01:01 étaient assez perplexes quand George Miller a annoncé
00:01:04 qu'il se lançait vraiment dans un quatrième épisode,
00:01:07 même si ça a demandé beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps,
00:01:09 on va y revenir après, pour que le film voit le jour,
00:01:12 mais c'est clair que je ne pense pas que beaucoup de gens s'attendaient
00:01:15 à ce que le film ait un impact à ce point.
00:01:18 George Miller peut-être était, lui, en premier lieu,
00:01:21 lui, il croyait, évidemment, mais puis surtout,
00:01:24 c'est un film aussi qui a, je pense, un peu divisé,
00:01:27 c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de gens qui disaient,
00:01:30 oui, mais il n'y a pas d'histoire, c'est beaucoup de bruit,
00:01:33 alors que d'autres personnes disaient, ont dit que c'est un film
00:01:37 incroyablement cinématique, c'est-à-dire que George Miller,
00:01:42 il a toujours eu cette volonté de faire des films
00:01:45 qui parlent d'abord par l'image, et je pense que Mad Max Fury Road,
00:01:49 c'est vraiment la quintessence de ça.
00:01:52 Donc, oui, je vois un film culte quasiment immédiatement,
00:01:55 ça c'est clair.
00:01:58 - Pourtant, ce n'est pas le film qui a fait le plus d'entrées à ce moment-là,
00:02:01 pour rester sur les véhicules qui font vroom vroom, Fast and Furious,
00:02:04 je ne sais plus le combien, Tiem, est sorti la même année,
00:02:07 a fait plus d'argent et tout, mais Mad Max a tout de suite eu
00:02:10 un petit côté, bim, et pourtant, c'est une suite,
00:02:13 comme on en a actuellement, ça aurait pu être clairement
00:02:16 plus compliqué, en plus d'une certaine manière, il nous fait du fan service,
00:02:19 puisqu'il fait "vous avez aimé le 2, je vous redonne le 2 en x10
00:02:22 au niveau de la durée de l'action et tout", et ça marche.
00:02:27 - C'est vrai que financièrement, le film a fonctionné quand même,
00:02:30 parce que si mes souvenirs sont bons, il a dû récolter dans les 380 millions
00:02:34 de dollars au box-office monde, ce qui est plutôt des bons chiffres,
00:02:37 mais ce n'est pas des chiffres exceptionnels, pour comparer,
00:02:40 le film est sorti en 2015, à l'époque, je ne sais pas,
00:02:44 des films comme, à l'époque, le 2ème Avenger, je pense,
00:02:50 qui était passé le milliard de dollars, donc on n'est pas dans des chiffres
00:02:54 comparables par rapport à ce que pouvaient faire les films du MCU,
00:02:57 par exemple, du Marvel Cinematic Universe, mais le film a aussi
00:03:01 une reconnaissance critique, c'est-à-dire qu'il a quand même eu,
00:03:05 il me semble, 10 nominations aux Oscars, et donc, il a eu ce statut
00:03:10 assez rapidement de film culte, comme on disait tout à l'heure,
00:03:15 et effectivement, je crois que c'est dû au talent de Miller,
00:03:20 qui a réinterprété son personnage, mais il le faisait déjà,
00:03:24 même si dans la première trilogie, il y a forcément un lien,
00:03:27 puisqu'on est avec le même acteur, Kim Edgibson, mais finalement,
00:03:30 c'est des films tous un peu différents, alors il y a le même environnement,
00:03:34 le même acteur, mais à chaque fois, il réinterprète le mythe,
00:03:37 et là, il le fait encore plus avec ce quatrième épisode,
00:03:40 par la force des choses, puisqu'il change d'acteur,
00:03:43 et puis, voilà, il a joué sur le côté aussi, George Miller,
00:03:47 les cascades sont essentiellement faites en vrai, même si le numérique
00:03:52 est évidemment présent également, mais il y a tout ce côté-là
00:03:55 qui fait que je pense que c'est devenu un des monuments du cinéma d'action,
00:04:00 ça c'est clair, et aussi un monument, si on peut dire,
00:04:06 c'est une catégorie des films dystopiques, je pense que c'est aussi
00:04:10 un grand film dans ce genre-là.
00:04:13 - Alors, j'ai le box-office en France, sous les yeux, de cette année-là,
00:04:17 Fury Road, il a fini 22ème, derrière des films tels que Les Mignons,
00:04:21 tels que 50 Nuances de Grey, L'épreuve 2, après il y a des films sympas,
00:04:29 quand même, au-dessus, mais voilà, Tekken 3 est passé devant Mad Max Fury Road,
00:04:34 je ne veux pas être méchant, mais peut-être que le post-apo a eu lieu
00:04:38 cette année-là, en réalité, c'était peut-être de la peau, bref.
00:04:42 Alors, raconte-nous un petit peu cette odyssée, parce qu'en réalité,
00:04:45 ce qui est étonnant, c'est que ce n'est pas un film qui date d'hier.
00:04:49 - Non, c'est un film qui a mis beaucoup de temps à se faire,
00:04:52 pour resituer un peu le contexte, déjà c'est la première trilogie,
00:04:55 je vais le faire rapidement, ce n'est pas le but de cette vidéo,
00:04:58 mais George Miller, au départ, il ne se destinait pas forcément au cinéma,
00:05:01 il était médecin à la base, mais il a toujours apprécié le cinéma,
00:05:05 il a voulu se donner une chance, et ça a donné naissance au premier Mad Max
00:05:10 qui était tourné en fin 77 et qui est sorti en 79, et qui lui a ouvert les portes
00:05:15 de cette carrière de cinéaste. Il s'est lancé ensuite dans le deuxième épisode,
00:05:22 qu'il ne voulait pas forcément faire au départ, parce que le premier film,
00:05:25 au niveau du tournage, n'avait pas été une bonne expérience,
00:05:27 c'est-à-dire que, notamment quand il a fait la post-production,
00:05:30 il avait surtout retenu les erreurs qu'il avait faites pendant ce tournage,
00:05:35 et donc il se disait "je vais faire autre chose que Mad Max",
00:05:38 et le personnage l'a un peu rattrapé, et donc il s'est lancé dans Mad Max 2,
00:05:43 qui a eu un succès encore plus important que le premier,
00:05:46 et qui a installé vraiment cet univers post-apocalyptique, dystopique,
00:05:51 ce personnage de Mad Max, de solitaire, un peu héros malgré lui,
00:05:58 et donc ce film a vraiment un très gros succès mondial,
00:06:04 surtout en Australie, mais aussi en France, si je ne me trompe pas,
00:06:08 je crois qu'il doit faire plus de 3 millions d'entrées,
00:06:10 au moins 2 millions et demi, ça c'est sûr,
00:06:12 et derrière, il se lance encore dans un autre épisode,
00:06:20 il a un petit intermède aux Etats-Unis, puisqu'il va tourner un épisode,
00:06:23 un des segments de la 4ème dimension avec Spielberg,
00:06:28 et puis il revient en Australie pour faire Mad Max au-delà du Dôme du Tonnerre,
00:06:32 qui sort en 1985, qui est là un épisode un peu décrié par les fans,
00:06:38 parce qu'on retrouve l'ambiance de Mad Max,
00:06:40 mais il y a un côté un peu plus positif, pour résumer un peu,
00:06:44 notamment dans la deuxième partie, où Mad Max est entouré d'enfants,
00:06:48 et l'ambiance un peu nihiliste des deux premiers épisodes est un peu gommée,
00:06:55 même s'il est quand même toujours là,
00:06:57 et cet épisode sera un peu moins bien accueilli par les fans de la saga,
00:07:03 et donc là, George Miller se dit qu'il est temps de couper un peu avec Mad Max,
00:07:08 et il va faire plein d'autres choses entre temps,
00:07:13 avant de revenir à Mad Max, notamment il retourne à Hollywood
00:07:18 pour retourner les sorcières d'Eastwick avec Jack Nicholson,
00:07:22 et ce n'est pas du tout une bonne expérience pour lui,
00:07:25 c'est-à-dire qu'il le raconte, il dit "ma première expérience avec Hollywood,
00:07:29 c'était avec Steven Spielberg,
00:07:31 et j'avais l'impression que ça se passait de manière formidable",
00:07:34 et il dit "mais je ne m'étais pas rendu compte en fait que Spielberg avait un tel statut,
00:07:37 qu'il était complètement protégé des interférences d'Hollywood,
00:07:41 des producteurs qui pouvaient l'embêter,
00:07:43 et donc Miller était aussi indirectement protégé de ça",
00:07:46 et il s'est vraiment rendu compte avec les sorcières d'Eastwick du fonctionnement d'Hollywood,
00:07:50 où en fait il était un peu naïf,
00:07:53 quand on lui demandait "de quoi tu as besoin, on va faire quelques économies,
00:07:58 est-ce que tu peux nous dire sur quoi on peut économiser",
00:08:01 lui un peu naïvement il disait "moi je n'ai pas besoin de caravane,
00:08:04 je suis toujours sur le tournage, sur le plateau,
00:08:07 donc je n'ai pas besoin de caravane",
00:08:09 et en fait à partir de là, les producteurs ont considéré ça comme un aveu de faiblesse,
00:08:14 ils se sont dit "lui on va pouvoir gratter maximum avec lui",
00:08:18 et il raconte que par exemple quand il demandait 150 figurants,
00:08:21 il n'en avait que 75,
00:08:23 et il a raconté ça à Jack Nicholson,
00:08:26 Jack Nicholson lui a dit "Hollywood si tu veux avoir ce que tu veux,
00:08:30 il faut être un peu malin et même un peu fou,
00:08:33 il faut que tu leur montres que c'est toi le patron",
00:08:36 et donc il a fini par dire "maintenant que j'avais besoin de 150 figurants,
00:08:39 j'en demandais 300, et j'étais sûr d'en avoir 150".
00:08:42 Donc les sorcières d'Eastwick, ce n'est pas une bonne expérience pour lui,
00:08:46 il n'a plus vraiment envie de travailler avec Hollywood,
00:08:49 à tel point qu'il attendra 92 pour faire un autre film,
00:08:54 entre temps il faut savoir aussi que dans les années 80,
00:08:57 ça on le sait assez peu,
00:08:59 mais George Miller a beaucoup travaillé pour la télévision en Australie,
00:09:02 il a produit beaucoup de séries qui ont marqué en Australie
00:09:05 dans les années 80, donc il n'a pas rien fait non plus.
00:09:08 Donc il revient avec Lorenzo en 92 au cinéma,
00:09:12 qui est un film d'un tout autre genre,
00:09:15 un mélo assez dur d'ailleurs, qui s'est inspiré d'une histoire vraie,
00:09:19 un film d'ailleurs qui n'est pas forcément facile à voir,
00:09:25 parce que c'est vraiment un film dur,
00:09:27 mais qui montre quand même l'étendue du talent de George Miller,
00:09:30 qui sait vraiment tout faire.
00:09:33 Et ce qui se passe après, c'est qu'on le sollicite pour travailler
00:09:38 sur un film qui s'appelle "Contact",
00:09:41 qui est une adaptation d'un roman écrit par Carl Sagan, l'astronome.
00:09:48 Donc il travaille plusieurs mois, quasiment un an je crois, sur le film,
00:09:54 mais il n'arrive pas à s'entendre avec la Warner,
00:09:57 il n'arrive pas à s'entendre sur un scénario,
00:10:00 et il finit par abandonner le projet,
00:10:04 ça ne se passe pas très bien avec la Warner,
00:10:06 donc le film est récupéré par Robert Zemeckis.
00:10:09 Et ça ne se passera pas très bien avec la Warner,
00:10:12 à tel point qu'il ira devant les tribunaux pour régler le problème.
00:10:19 Et "Mad Max" dans tout ça, l'idée vient au milieu des années 90.
00:10:24 En fait, George Miller dit que juste après "Mad Max 3",
00:10:28 il le raconte comme ça, il dit "je traversais la rue,
00:10:33 et à un moment j'ai eu un flash,
00:10:35 et je me suis dit "mais ça c'est une idée pour un nouveau "Mad Max"".
00:10:39 A l'époque il dit "je venais de sortir de "Mad Max 3",
00:10:41 la dernière chose que je voulais faire, c'était faire un autre "Mad Max",
00:10:44 donc il a laissé ça un peu de côté.
00:10:46 Et au milieu des années 90, il est vraiment sur le devant de la scène,
00:10:53 parce qu'il y a un film qui s'appelle "Babe",
00:10:55 que je pense pas mal de personnes ont vu,
00:10:57 qui marche très très bien.
00:10:59 Alors il ne l'a pas réalisé, mais il l'a produit.
00:11:02 Il l'a un petit peu réalisé,
00:11:04 parce que le réalisateur Chris Noonan,
00:11:06 c'est quelqu'un qu'il connait depuis longtemps,
00:11:08 et donc le producteur, il a en partie pris la main aussi sur le film,
00:11:12 et c'est d'ailleurs pour ça qu'il réalisera la suite quelques années plus tard.
00:11:16 Et donc le film marche au-delà des espérances,
00:11:19 c'est vraiment à la fois un succès financier et un succès critique.
00:11:24 Un film produit par Universal.
00:11:27 Ce qui est intéressant de remarquer, c'est que George Muller,
00:11:30 il a déjà fait un film ultra-violent et un film pour enfants.
00:11:33 C'est ça, ouais.
00:11:35 Et ça montre qu'il veut vraiment toucher à tout.
00:11:38 Quand on regarde sa filmographie, c'est évident,
00:11:41 je pense qu'il n'y a pas plus lointain comme univers que "Babe"
00:11:45 par rapport à "Mad Max", ça c'est clair.
00:11:47 C'est difficile d'avoir un spectre plus large que celui-là.
00:11:53 Et donc le film est produit par Universal,
00:11:55 et donc là il est évidemment en très bon terme avec Universal,
00:11:59 qui envisagera d'ailleurs après de travailler sur "Mad Max".
00:12:04 Mais entre-temps, il a re-sollicité George Muller par rapport à "Mad Max",
00:12:11 mais par la Warner, mais pas pour faire un "Mad Max" au cinéma,
00:12:16 mais pour faire un "Mad Max" à la télévision.
00:12:18 À l'époque, il est question d'une série télé sur le personnage.
00:12:23 Et donc George Muller hésite, il se dit "Est-ce que c'est vraiment une bonne idée ?"
00:12:29 Et puis il se dit "Pourquoi pas, on me propose ça, je vais y réfléchir".
00:12:34 Il dit "J'ai rien à perdre là-dessus".
00:12:36 Petite question, on parle bien de la télévision américaine,
00:12:39 faire une version de "Mad Max" pour la télévision américaine.
00:12:41 Exactement, tout à fait, pour la Warner.
00:12:44 Et donc on lui propose de travailler avec un scénariste qui s'appelle Eric Blackney,
00:12:50 que j'ai interviewé pour le prochain numéro de l'écran fantastique.
00:12:56 Eric Blackney, c'est quelqu'un qui a produit "Un flic dans la mafia",
00:13:02 qui est une série de la fin des années 80, début des années 90.
00:13:07 Et à l'époque, il vient aussi de travailler sur "21 Jump Street" avec Johnny Depp.
00:13:13 Et il raconte dans le magazine qu'on l'a sollicité pour retravailler la fin de la deuxième saison de "21 Jump Street"
00:13:22 où les producteurs n'étaient pas du tout contents.
00:13:24 Et donc il est arrivé, il a réécrit ça, et tout le monde était super content, ça fonctionnait très bien.
00:13:30 Il est devenu showrunner de la saison 3, il raconte que "J'étais un peu le roi du monde,
00:13:36 que je jouais de la guitare avec Johnny Depp, tout le monde me trouvait très sympa".
00:13:41 Et puis très rapidement, ça a moins bien marché sur la saison 3,
00:13:44 et tout de suite je suis rapidement devenu un paria, plus personne ne voulait de moi.
00:13:49 Je rigole un coup parce que tu dis "il dit dans le magazine", ça c'est ce que moi je dis,
00:13:56 il m'a dit et je l'ai écrit dans le magazine, c'est pas tout à fait marrant comme tu dis ça, vas-y continue.
00:14:02 Et donc il a cette expérience de la télévision, et donc il va collaborer avec George Miller
00:14:09 pour essayer de mettre sur pied la série, au moins un scénario.
00:14:13 Et ils vont se rendre compte, il faut remettre dans le contexte, on est au milieu des années 90,
00:14:19 on est fin 95, et la télévision, en tout cas dans tout ce qui est de la fiction,
00:14:26 n'a pas encore connu sa révolution des années 2000, où la télévision va devenir un support
00:14:32 qui va complètement changer vis-à-vis de sa vision de la fiction.
00:14:37 A l'époque, faire de la fiction à la télévision c'est un peu faire du sous-cinéma.
00:14:43 Evidemment il y a des exceptions, il y a des très grandes séries à cette époque là aussi,
00:14:48 mais par exemple il n'était pas envisageable qu'un acteur de cinéma, un grand acteur de cinéma,
00:14:54 aille faire de la télévision, on considérait que c'était brader son talent.
00:14:59 Aujourd'hui ça a complètement changé.
00:15:02 Et donc George Miller et Harry Blacknecks se rendent compte que s'ils ne veulent pas trahir
00:15:06 l'univers de Mad Max, ça va être très compliqué de faire une série.
00:15:09 Parce que Mad Max, il y a ce côté un peu nihiliste, il y a des personnages,
00:15:15 notamment des méchants très particuliers, et dans le côté un peu grand public de la télévision,
00:15:21 c'est difficile d'être fidèle à l'univers de Mad Max et de l'adapter à la télévision.
00:15:26 Aujourd'hui, je pense que ce serait, ce n'est pas l'objectif de George Miller,
00:15:29 mais aujourd'hui ce serait certainement plus simple, mais à l'époque c'était vraiment compliqué.
00:15:33 Et donc l'idée est abandonnée de se lancer dans la série,
00:15:40 pourtant la Warner avait déjà prévu de faire des produits dérivés,
00:15:45 de faire des figurines, Mad Max, ce genre de choses, mais ils abandonnent l'idée.
00:15:50 Ce qui prouve bien que ce qu'ils voulaient faire pour la télé, c'est un truc grand public,
00:15:54 qui touche peut-être un grand public, entre autres les enfants et autres, pour acheter des figurines.
00:15:58 Donc, Mad Max, ce n'est pas tant l'adapter, je pense que oui,
00:16:01 mais finalement ils ont déjà fait des séries western, Kung-Fu par exemple,
00:16:05 un gars qui se balade d'un endroit à l'autre, on aurait pu retrouver ça.
00:16:08 Mais l'univers et l'état d'esprit surtout, ça par contre...
00:16:11 Ça c'était beaucoup plus compliqué.
00:16:13 Et d'ailleurs, il y avait déjà eu une tentative, juste après Mad Max 3,
00:16:19 de faire une série aussi, mais le projet avait été abandonné,
00:16:24 parce que malheureusement l'acteur principal qui avait été sollicité avait eu un grave accident de moto,
00:16:28 et donc Miller avait décidé de mettre ça de côté.
00:16:32 Donc là, la série à nouveau, elle est abandonnée.
00:16:36 Mais Mad Max, lui, reste dans l'esprit de George Miller,
00:16:42 d'autant plus qu'en 96, il y a un illustrateur, un dessinateur,
00:16:48 qui va lui écrire un courrier, cet illustrateur s'appelle Brandon McCarty,
00:16:53 qui est un illustrateur qui a été marqué par Mad Max, notamment le deuxième épisode.
00:17:00 Il a créé dans les années 80 un comic qui s'appelle Freakwave,
00:17:04 et qui est ouvertement inspiré de Mad Max 2,
00:17:09 et qui d'ailleurs, je pense que le film Waterworld s'en inspirera aussi un peu.
00:17:15 Si on doit citer toutes les œuvres qui s'inscrivent dans Mad Max 2, je crois qu'on est là jusqu'à demain.
00:17:20 Je vous rappelle qu'on a fait une petite vidéo sur Okuto No Ken, par exemple,
00:17:23 pour citer que ça a même influencé au Japon.
00:17:26 Et donc, à l'époque, il travaillait aussi, cet illustrateur,
00:17:30 sur une série canadienne qui est totalement en images de synthèse,
00:17:34 au milieu des années 90, les effets numériques n'étaient pas encore au niveau qu'on connaît aujourd'hui.
00:17:41 Et il y a un des épisodes qui est une parodie, un hommage en tout cas à Mad Max 2,
00:17:47 et donc il lui écrit une lettre et il lui envoie une vidéo de cet épisode.
00:17:50 Et George Miller est intrigué, il se dit "Tiens, pourquoi pas essayer de discuter avec cette personne ?"
00:17:57 Et donc, il le sollicite, et McCarty et Miller se rencontrent.
00:18:02 Et à l'époque, l'idée de la série n'est pas encore totalement abandonnée.
00:18:11 Et McCarty lui dit "Mais pourquoi tu veux faire une série ?
00:18:15 Est-ce que faire un quatrième film, ce ne serait pas mieux ?"
00:18:19 Et là, Miller se dit "C'est vrai que le projet sur la série n'avance pas,
00:18:23 donc pourquoi pas essayer de faire un film ?"
00:18:27 Et là, il va monter sa petite équipe, Miller.
00:18:32 A l'époque, il est déjà pas mal accaparé par la suite de Babe, qui sortira en 98.
00:18:38 Et donc, il monte sa petite équipe, qui est composée de Brad-Dan McCarty.
00:18:42 Il rappelle Eric Blackney, avec lequel il a travaillé sur la série.
00:18:47 Il sollicite un autre illustrateur qui s'appelle Peter Pound,
00:18:50 que j'ai interviewé aussi pour le magazine.
00:18:53 Peter Pound a déjà travaillé avec Miller sur d'autres projets.
00:19:00 Et aussi Norma Morisseau, la chef costumière de Mad Max 2 et 3.
00:19:06 Cette équipe se met en place, et il travaille.
00:19:11 Pour l'instant, il y a des idées de scénarios.
00:19:14 L'idée de base est posée, c'est-à-dire qu'il s'agit de faire une course-poursuite de 2 heures.
00:19:20 Il y a déjà l'idée d'un personnage féminin central,
00:19:24 avec Mad Max qui intervient dans le scénario.
00:19:28 Mais il n'y a pas de scénario vraiment écrit.
00:19:32 Eric Blackney, qui a travaillé sur la série, est là pour décrire un scénario.
00:19:39 Il se rend compte que la méthode de Miller est assez inhabituelle.
00:19:46 Il veut vraiment travailler sur l'image.
00:19:48 C'est pour ça que le travail avec Bardan McCarthy l'intéresse beaucoup.
00:19:51 Il est issu du milieu du comics et de la bande dessinée.
00:19:54 Il veut d'abord visuellement traduire ce qu'il veut voir à l'écran,
00:19:59 avant de le faire en mots.
00:20:02 Pendant des semaines et des mois, il travaille comme ça.
00:20:06 À tel point qu'Eric Blackney commence à se demander ce qu'il fait.
00:20:10 Il finira par partir.
00:20:12 Il dit qu'il ne se sentait plus vraiment à sa place,
00:20:17 et qu'il fallait qu'il parte.
00:20:19 George Miller dit qu'il n'avait pas des idées suffisamment bonnes pour rester poli.
00:20:23 C'est lui qui l'a plutôt fait partir.
00:20:27 Lui s'en va, et au fur et à mesure, les choses n'avancent pas assez vite.
00:20:34 L'équipe finit par se séparer au fur et à mesure.
00:20:39 Là, on est en 97.
00:20:42 "Bake 2" sort en 98, si je ne me trompe pas.
00:20:49 C'est un échec, clairement.
00:20:52 Il ne fonctionne pas du tout aussi bien que...
00:20:55 Je parle d'un échec financier, chacun jugera la qualité du film.
00:20:59 Le film ne fonctionne pas autant que le premier.
00:21:04 Pour autant, George Miller n'abandonne pas l'idée de son Mad Max.
00:21:11 Il est quelqu'un de très têtu.
00:21:14 Il se dit que "Bake 2" n'a pas marché, mais il a suffisamment de crédit pour continuer.
00:21:22 Universal lui fait toujours confiance.
00:21:26 Il est question d'une sortie d'un Mad Max 4 dès 2001.
00:21:32 Le film ne sortira qu'en 2015, et on pense déjà à une sortie en 2001.
00:21:39 Miller reforme une nouvelle équipe en 99.
00:21:43 Il rappelle Branagh McCarthy, Peter Pound, et un troisième homme qui sera essentiel.
00:21:53 Mark Sexton, un illustrateur qui a grandi en Australie.
00:22:09 Cette équipe de 3 personnes, avec George Miller,
00:22:14 a travaillé pendant des années sur la conception du film.
00:22:22 Miller garde cette idée de construire le film visuellement.
00:22:27 Sexton, que j'ai interviewé, le raconte dans le magazine.
00:22:33 Il dit que leur quotidien était d'être dans une salle à Sydney,
00:22:40 dans les bureaux de production de Kennedy Miller, la boîte de production de Miller.
00:22:46 On était dans une salle qui s'appelait la Mad Max Room.
00:22:52 George Miller s'asseyait dans un coin de la pièce,
00:22:56 et nous disait qu'il verrait bien un véhicule qui ferait ça,
00:23:00 et qu'il y aurait cette scène-là, et telle cascade.
00:23:05 Après, c'était à Branagh McCarthy, Mark Sexton, et Peter Pound
00:23:09 de traduire tout ça en images.
00:23:13 Ce que je n'ai pas dit sur Sexton, c'est que,
00:23:17 c'est la façon dont il est arrivé sur le projet.
00:23:21 Il avait déjà travaillé pour Kennedy Miller,
00:23:25 et quand on l'a sollicité, il avait travaillé sur Babe 2,
00:23:29 et c'était le frère de George Miller qui l'a sollicité,
00:23:33 et il était persuadé qu'il allait travailler sur Happy Feet.
00:23:36 Happy Feet n'est sorti qu'en 2006, mais il y avait déjà un embryon de projet.
00:23:41 Il s'est dit qu'il allait encore travailler sur des animaux qui parlent,
00:23:47 mais il y va quand même, parce que c'est George Miller.
00:23:51 Donc il arrive, et il est accueilli par...
00:23:55 Des animaux qui parlent et qui chantent, précisons-le quand même !
00:23:59 Il arrive à Sydney, et il est accueilli par le frère de George Miller,
00:24:04 qui lui dit "vas-y, tu peux monter, George t'attend dans la Mad Max Room".
00:24:10 Il se dit "Mad Max Room, c'est bizarre, pourquoi ?"
00:24:14 Il rentre dans la pièce, et il raconte qu'il a vu un grand tableau blanc,
00:24:19 et puis un titre de film qui était déjà Fury Road,
00:24:24 le film s'appelait déjà comme ça à l'époque,
00:24:28 et il voit des dessins déjà, qui étaient faits par Bradman McCarthy et Peter Pound,
00:24:34 et là il échange évidemment sur le film avec George Miller,
00:24:39 et au bout de quelques minutes, George Miller finit par lui dire
00:24:43 "Est-ce que tu voudrais travailler sur Mad Max ?"
00:24:49 Et évidemment, Martin Stone dit "oui, je ne vais pas te dire non, évidemment".
00:24:55 Donc lui qui avait travaillé sur bien autre chose que Mad Max,
00:25:01 il se retrouve à être embarqué dans cette aventure,
00:25:05 et il raconte aussi dans le magazine qu'il y avait un énorme tableau blanc au milieu de la pièce,
00:25:12 et chacun proposait des images, George Miller validait ou pas,
00:25:17 et une fois qu'une image était dessinée, il y avait une sorte de scan intégré au tableau,
00:25:24 et ça passait sur le tableau, ça numérisait les dessins,
00:25:28 et ça les imprimait en tout petit format,
00:25:31 et ça permettait ensuite à George Miller de les manipuler,
00:25:35 de faire des mini-storyboard qui lui permettait de commencer à envisager ses séquences.
00:25:40 Donc, si j'ai bien compris, on ne part pas d'un scénario,
00:25:44 on part vraiment d'idées visuelles,
00:25:47 parce que si on dit bande dessinée, c'est un peu ravé,
00:25:50 c'est la bande dessinée, et puis il y a aussi les scénarios dans la bande dessinée,
00:25:54 mais vraiment d'idées visuelles, et qu'ensuite justement on a agencé pour créer des séquences.
00:25:58 Donc, on part, comme tu l'as dit, du visuel.
00:26:01 - Oui, et d'ailleurs, Mark Sexton, quand on lui pose la question sur ce fonctionnement un peu inhabituel,
00:26:07 lui dit que c'était totalement naturel pour un film comme celui-là,
00:26:11 parce que c'est un film qui ne marche que par l'image,
00:26:19 et il le dit d'ailleurs, si vous regardez Mad Max 2,
00:26:25 si vous lisez le scénario de Mad Max 2, mais que vous n'avez pas d'image en tête,
00:26:29 c'est ennuyeux au possible.
00:26:32 Et il dit, si on avait fait la même chose pour Fury Road,
00:26:36 si on faisait lire à un acteur le scénario de Fury Road sans image,
00:26:40 il se dit, mais qu'est-ce que raconte ce film ? Qu'est-ce que vous voulez dire ?
00:26:45 Et donc, pour Mark Sexton, pour Peter Pound, et pour Brandon McCarthy,
00:26:49 qui était vraiment l'associé numéro un de George Miller sur le projet,
00:26:55 c'est vraiment lui qui était celui qui traduisait en premier les idées de George Miller,
00:27:04 et après Peter Pound et Mark Sexton les travaillaient,
00:27:08 ils avaient une trame évidemment du scénario,
00:27:12 mais en gros, il y avait quatre lignes de scénario pour ensuite 50 storyboards, 50 images.
00:27:18 Donc c'était impossible au final de travailler autrement que comme ça,
00:27:22 et d'ailleurs, quand ils ont proposé les scénarios à des acteurs,
00:27:27 c'était un scénario qui était accompagné du storyboard,
00:27:30 il n'y avait pas moyen de faire autrement,
00:27:32 si on voulait convaincre des acteurs, il n'y avait pas moyen de faire autrement.
00:27:37 Cette bande-là, elle travaille pendant des mois dessus,
00:27:41 au fur et à mesure, Peter Pound va devenir celui qui va s'occuper plus de l'aspect véhicule,
00:27:47 il n'est pas tout seul, mais c'est lui qui va être un peu celui à qui on parle
00:27:52 quand il s'agit de créer les véhicules.
00:27:55 Brad MacCarty aussi avait créé pas mal de choses.
00:27:58 Brad MacCarty va après partir sur d'autres projets,
00:28:03 c'est du coup vraiment Mark Sexton qui jusqu'à fin 2001,
00:28:06 va devenir celui qui va dessiner le plus de storyboards,
00:28:10 à tel point qu'à la fin, alors ça c'est un chiffre invérifiable,
00:28:14 mais apparemment il y aurait eu 3500 images dessinées pour faire le storyboard du film.
00:28:21 Donc évidemment, comme ça dure des mois, voire des années,
00:28:25 il y a aussi pas mal d'idées qui ont été abandonnées,
00:28:27 ils n'ont pas tout gardé, notamment, si je peux citer juste un ou deux exemples,
00:28:32 ça concerne Immortan Joe, il était bleu à la base,
00:28:35 l'idée a été abandonnée parce que certains films qui s'appelaient Avatar
00:28:40 est sorti entre temps, donc ils ont voulu abandonner l'idée.
00:28:42 Au départ, ce n'était pas de l'eau qui tombait d'en haut,
00:28:46 c'était des patates et il fallait trouver une patate bleue
00:28:49 qui permettait, si on la trouvait, d'accéder aux repères d'Immortan Joe
00:28:53 et donc d'être un peu dans la haute société de ce désert.
00:28:57 Donc voilà, évidemment, il y a eu un énorme tri qui a été fait
00:29:01 pour arriver à ce film de deux heures qui est extrêmement,
00:29:03 qui reste extrêmement riche.
00:29:05 Mais j'ai une question, alors du coup, ils ont raison
00:29:08 ceux qui disent qu'il n'y a pas de scénario du coup ?
00:29:10 Dans l'absolu, on pourrait presque dire oui,
00:29:14 parce que c'est comme si une énorme course poursuite,
00:29:16 l'histoire se résume très rapidement, on a un méchant tyrannique
00:29:22 qui veut garder ses épouses pour lui, on a une femme qui n'est pas d'accord
00:29:26 avec ça, elle prend ses épouses, elles s'en vont,
00:29:28 elles ne trouvent pas l'endroit où elles voulaient aller,
00:29:30 elles retournent et réussissent à conquérir l'endroit
00:29:33 et à devenir les chefs de cet endroit.
00:29:36 C'est résumé comme ça.
00:29:40 La chose, c'est que, et ça Georges Miller l'a très bien compris,
00:29:43 c'est qu'on est dans un médium qui s'appelle le cinéma
00:29:46 et que le cinéma, c'est d'abord des images et du son.
00:29:49 Et que oui, c'est toujours très bien d'avoir un excellent scénario
00:29:53 et d'avoir des éléments psychologiques qui permettent de densifier son histoire.
00:30:00 Mais Georges Miller, dans ce qu'il raconte visuellement,
00:30:03 dans le rythme qu'il donne à son film,
00:30:05 je serais presque tenté de dire qu'il est tellement efficace,
00:30:08 c'est une expérience physique et sensorielle aussi, Mad Max 4.
00:30:11 Et donc il est tellement efficace là-dedans,
00:30:14 que d'avoir un scénario presque trop poussé,
00:30:17 ça parasiterait, je pense, la façon dont on vit ce film
00:30:20 et dont on le reçoit.
00:30:22 Et ça, je pense qu'il l'a très bien compris.
00:30:24 Et c'est pour ça que le film marche aussi bien.
00:30:26 Alors, il n'a pas forcément besoin d'un scénario compliqué,
00:30:29 mais je dirais que c'est une qualité du film d'avoir un scénario simple.
00:30:32 Et donc ceux qui disent qu'il n'y a pas de scénario, ils n'ont pas tort,
00:30:35 mais ils ont tort dans la façon dont ils appréhendent le film,
00:30:39 le produit final.
00:30:41 Il n'y a pas forcément de scénario écrit,
00:30:43 ce qui ne veut pas dire qu'il ne se passerait avec rien de raconté,
00:30:46 mais c'est raconté autrement que par le scénario.
00:30:48 Exactement. Et les personnages sont là.
00:30:50 Il le dit d'ailleurs, Miller, il le dit,
00:30:52 moi je voulais raconter le parcours de personnages
00:30:54 qui ne sont pas forcément des parcours très compliqués, très complexes,
00:30:57 mais il voulait les raconter en mouvement.
00:30:59 C'est-à-dire que les choses, elles sont dites pendant des scènes d'action.
00:31:02 Furiosa, on apprend à la découvrir au fil du film.
00:31:07 Mad Max, il n'est pas du tout le même au début et à la fin du film,
00:31:12 même s'il garde, même à la fin du film, ce côté solitaire, endurci.
00:31:16 Mais par exemple, quelqu'un qui n'a pas vu les trois premiers films,
00:31:22 il peut tout à fait apprécier ce film.
00:31:26 Et pour ça, Miller, de toute façon, il l'a toujours dit,
00:31:29 même dès le premier film, et ça s'est de plus en plus développé
00:31:33 au fil de sa carrière, il a dit, moi, je veux faire du cinéma
00:31:37 presque muet, en fait. Je veux que les images montrent,
00:31:41 alors muet dans le sens, il y a beaucoup de son,
00:31:44 le son a un rôle extrêmement important dans ces films,
00:31:46 mais muet dans le sens, je n'ai pas forcément besoin de dialogue
00:31:49 pour dire ce que j'ai à dire.
00:31:52 Et c'est vrai que pour ça, Fury Road, il n'y a pas beaucoup
00:31:55 d'exemples dans le cinéma moderne de films,
00:31:57 alors s'il y a d'autres films d'action qui ne parlent pas beaucoup,
00:32:00 mais des fois, ça ne passe pas très bien.
00:32:02 Lui, il arrive à le faire de manière assez magistrale
00:32:05 et vraiment, il avait ce but-là au départ,
00:32:09 et il l'a extrêmement bien réussi, je trouve.
00:32:12 Je tiens à préciser qu'un certain Hitchcock a dit qu'à partir du moment
00:32:16 où le cinéma est devenu parlant pour lui, c'était la mort du cinéma,
00:32:19 justement représenté par la caméra.
00:32:21 Peut-être qu'il a un petit peu exagéré, mais on retrouve cette idée
00:32:24 justement de raconter par la caméra.
00:32:26 Kurosawa aussi avait cette ambition-là, justement,
00:32:29 que son film puisse être vu à l'étranger si on ne parle pas la langue.
00:32:32 Et ça, il me semble que cette description-là, c'est même Miller qui l'a dit.
00:32:35 Donc, il avait vraiment cette idée du cinéma par l'image
00:32:38 plus que par le pur dialogue vide, on va dire, vide d'image.
00:32:44 Et d'ailleurs, je n'ai pas compté le nombre de lignes de texte
00:32:48 qu'il y a à max dans ce film, mais ça ne doit pas faire beaucoup, je pense.
00:32:53 Le nombre de fois où Tom Hardy ouvre la bouche,
00:32:56 je pense que s'il y a peut-être une trentaine de lignes de dialogue,
00:33:03 je pense que ça va être le grand maximum, à mon avis.
00:33:07 Et d'ailleurs, puisqu'on parle de Tom Hardy,
00:33:10 on peut peut-être revenir sur le fait que Meg Gibson n'ait pas fait de film.
00:33:15 Au départ, évidemment, quand Miller se lance au milieu des années 90
00:33:21 dans un éventuel Mad Max 4, il est inconcevable de ne pas reprendre Mel Gibson.
00:33:27 Il faut savoir que dans les années 90, c'est une énorme star,
00:33:34 Mel Gibson, il faut le resituer dans le contexte,
00:33:36 c'est une des plus grandes stars de la planète de l'époque,
00:33:39 avec Harrison Ford, avec Tom Cruise, avec Tom Hanks, avec Kevin Costner aussi.
00:33:45 On est vraiment dans cette génération-là.
00:33:48 Et donc, pour lui, quand il écrit le scénario,
00:33:53 c'est forcément avec Mel Gibson en tête.
00:33:56 Et même d'ailleurs, Brendan McCarthy, lui, n'envisage pas également
00:34:00 de faire le film avec un autre acteur.
00:34:03 Et donc, quand il dessine tous ces storyboards,
00:34:06 à un moment, il se dit qu'il va falloir qu'on l'appelle un peu ce Mel Gibson,
00:34:10 pour voir ce qu'il en pense.
00:34:12 Et donc, Mel Gibson arrive à Sydney, dans les bureaux de George Miller,
00:34:19 en début 2001.
00:34:21 Et ça, pareil, Mark Sexton le raconte dans le magazine.
00:34:24 C'est assez drôle, parce que qu'est-ce qui va se passer ?
00:34:28 Il y a déjà des milliers de storyboards qui ont été dessinés.
00:34:31 Pendant les deux jours où Mel Gibson est à Sydney,
00:34:34 il est assis sur une chaise, et il y a George Miller à côté de lui,
00:34:38 et Brendan McCarthy, qui lui montre les storyboards,
00:34:40 et qui lui dit "là, tu vois, là, tu seras dans l'Interceptor,
00:34:45 et puis là, tu vas faire un tonneau, et puis dans la scène d'après,
00:34:48 tu seras attaché, parce qu'on va te graver des trucs dans le dos".
00:34:52 Et puis, tout le temps, il lui déroule le film comme ça.
00:34:56 Et Mark Sexton raconte, c'est assez drôle, il dit,
00:34:59 mais à tel point que ça durait des heures, et qu'à un moment,
00:35:02 Mel Gibson, il est sur sa chaise comme ça, et puis il ferme les yeux,
00:35:05 tellement ça devient compliqué.
00:35:07 Et surtout, il dit aussi que Miller n'était pas forcément très habile,
00:35:11 des fois, pour raconter le film, et c'est Brendan McCarthy
00:35:15 qui prenait le relais pour maintenir l'attention de Mel Gibson,
00:35:18 pour lui dire "non, mais là, tu vas voir, c'est génial, il va se passer ça".
00:35:22 Et à l'époque, Mel Gibson, lui, il a une réponse plutôt positive,
00:35:26 il est plutôt enthousiaste.
00:35:27 On est en 2001, il dit "moi, je veux faire le film, ça m'intéresse,
00:35:33 en revanche, il faut le faire vite".
00:35:35 Parce que lui, il dit "moi, j'ai 45 ans, si on ne fait pas le film
00:35:39 dans les 2-3 ans, vu tout ce que le film demande physiquement,
00:35:42 je ne serais peut-être pas capable de le faire".
00:35:45 Aujourd'hui, ça peut sembler un peu étonnant, quand on voit Tom Cruise
00:35:47 à 60 ans, je vois encore dans Mission Impossible,
00:35:50 mais Mel Gibson, il n'a peut-être pas le même hygiène de vie
00:35:53 que Tom Cruise.
00:35:55 Et donc, à l'époque, il est vraiment question de faire le film
00:35:58 avec Mel Gibson.
00:36:02 Comme je disais, il y a une énorme star, et Miller comprend qu'il faudra
00:36:05 payer le cachet qu'il mérite, et à l'époque, Mel Gibson,
00:36:10 c'est 20 millions de dollars par film.
00:36:12 Ce n'est pas moins que ça.
00:36:14 Il sait que le budget, pour faire un Mad Max, il faut de l'argent,
00:36:21 mais quand vous rajoutez 20 millions, surtout à l'époque,
00:36:23 ça commence à faire de l'argent.
00:36:26 Mais les studios qui sont sur le coup, parce que Universal
00:36:31 était intéressé, puis après c'est la Fox qui va prendre le relais,
00:36:34 et puis finalement, la Warner revient en jeu.
00:36:36 Mais les studios, ils n'imaginent pas un film Mad Max sans Mel Gibson.
00:36:41 D'autant plus que, quand il est encore envisagé, même en 2002,
00:36:46 je crois que c'est 2002, où il signe avec M. Nat Chalamet Lancer,
00:36:52 qui est aussi un gros succès, c'est le deuxième plus gros succès
00:36:55 d'un réalisateur, après Sixième Sens.
00:36:57 Donc Mel Gibson est toujours une star au début des années 2000.
00:37:00 Puis il a aussi changé de statut, Mel Gibson,
00:37:02 parce qu'il est devenu réalisateur.
00:37:05 Ce qui va aussi changer un peu le rapport avec George Miller,
00:37:08 parce que la dernière fois qu'ils ont travaillé ensemble,
00:37:10 c'était en 1985 sur Mad Max 3.
00:37:14 À l'époque, il avait à peine 30 ans, il avait moins de 30 ans, Mel Gibson.
00:37:17 Il était déjà en train de devenir une star, mais il n'avait pas le statut
00:37:20 qu'il allait avoir dans les années qui suivent.
00:37:23 Et là, il est en plus passé derrière la caméra.
00:37:25 Avec Braveheart, il a eu l'Oscar du meilleur réalisateur et du meilleur film.
00:37:29 D'ailleurs, petite parenthèse, la même année que Babe,
00:37:32 parce que Babe était aussi nominée à cette époque-là,
00:37:35 et c'est Mel Gibson qui a reçu les récompenses.
00:37:38 Donc effectivement, le rapport de force a un petit peu changé.
00:37:42 Et Mark Sexton aussi le dit dans l'interview, il dit
00:37:47 quand on déjeunait avec Mel Gibson en 2001,
00:37:52 on sentait qu'il avait vraiment un discours de réalisateur.
00:37:57 Il pensait déjà réaliser La Passion du Christ,
00:38:01 même si le film ne sortira qu'en 2004.
00:38:04 Et donc, il avait vraiment déjà une vision de réalisateur.
00:38:09 Et donc, à cette époque-là, il dit toujours qu'il est son Mel Gibson,
00:38:13 même si Miller comprend que ça va être un peu difficile.
00:38:18 Et donc, il se dit, on peut peut-être aussi imaginer autre chose
00:38:22 avec un Max un peu plus jeune.
00:38:25 Un des acteurs à qui il pense à l'époque, c'est Heath Ledger,
00:38:29 qui vraiment sort du lot à l'époque et qui vient de tourner avec Mel Gibson
00:38:34 dans The Patriot.
00:38:36 Donc, le lien se fait un peu naturellement.
00:38:40 Et si je tourne un défi dans The Patriot, il fait fils de Mel Gibson en plus.
00:38:45 Oui, tout à fait. Absolument.
00:38:47 Donc, à l'époque, c'est la Fox, on est en 2002,
00:38:52 2001-2002, c'est la Fox qui a repris le projet en main.
00:38:56 Et il est vraiment question de sortir le film,
00:39:00 puisque comme Hollywood sait faire,
00:39:02 parfois les grands blockbusters sont positionnés 2, 3, 4 ans à l'avance
00:39:07 sur des dates pour garder la date au chaud
00:39:10 et pour être sûr de pouvoir sortir à cette date-là
00:39:12 et qu'il n'y ait pas un autre blockbuster qui se positionne la même semaine.
00:39:16 Et le film est positionné en juillet 2004.
00:39:19 Donc, il est à nouveau question d'une sortie en juillet 2004.
00:39:22 Et donc, un tournage à l'été 2003 pour pouvoir respecter la date.
00:39:26 Et là, il est toujours question que Mel Gibson fasse partie de l'aventure.
00:39:30 Il y a des repérages qui sont faits un peu partout.
00:39:33 Il est question de tourner en Australie, comme les trois premiers films.
00:39:37 Même si Mel Gibson dit, moi, je préférais les États-Unis
00:39:41 parce que moi, partir 6, 8 mois, quitter les États-Unis 6, 8 mois,
00:39:45 je ne suis pas trop chaud.
00:39:47 Mais la Fox se rend compte que ça coûterait trop cher de tourner aux États-Unis.
00:39:50 Donc, on envisage d'autres solutions.
00:39:52 Un pays qui est retenu, c'est la Namibie.
00:39:56 Voilà, ça prouve le bon équilibre.
00:39:59 Les paysages correspondent bien à l'univers de Mad Max et ça coûterait moins cher.
00:40:03 Donc, le travail commence sur place.
00:40:05 Fin 2002, il y a une équipe qui commence à s'installer,
00:40:10 à travailler sur les véhicules.
00:40:12 Et puis, finalement, au bout de quelques mois,
00:40:16 la Fox prend un peu peur.
00:40:18 Ils se rendent compte que le film va peut-être coûter un peu trop cher.
00:40:21 Et il y a aussi des raisons, des prétextes un peu politiques qui sont utilisés.
00:40:25 Il y a la guerre en Irak, ils ont peur d'aller tourner en Afrique,
00:40:28 dans des conditions un peu compliquées, ça puisse être problématique.
00:40:33 Et donc, finalement, à quelques mois du début du tournage,
00:40:36 la Fox abandonne le projet.
00:40:39 Et donc, Miller doit mettre ce Mad Max 4 de côté.
00:40:45 Ça ne l'empêche pas de continuer à travailler sur le film
00:40:47 avec un nouveau collaborateur qui s'appelle Nick Latouris,
00:40:51 que les fans de Mad Max connaissent.
00:40:55 Si vous vous souvenez du premier Mad Max,
00:40:57 il y a une scène où il y a un mécanicien dans le premier film.
00:41:01 Et ce mécanicien, c'est Nick Latouris parce qu'il est aussi acteur.
00:41:05 Ce n'est pas la première fois que George Miller sollicite des acteurs
00:41:08 pour écrire des scénarios.
00:41:10 Et donc, il travaille avec lui.
00:41:12 Et c'est aussi un acteur qui, pour ceux qui sont un peu nostalgiques,
00:41:15 d'une série qui s'appelle "L'air claqueur à vif".
00:41:18 Il jouait dans cette série-là.
00:41:20 Et donc, il le sollicite.
00:41:22 Et là, Nick Latouris va prendre les 3500 storyboards qui ont été faits,
00:41:26 il va plancher des semaines et des mois dessus,
00:41:29 et il va développer des thématiques.
00:41:31 Il va vraiment enrichir le scénario.
00:41:34 Il aura aussi un rôle important pour le scénario de ce Mad Max.
00:41:41 Et ça permet aussi à George Miller, le tournage ne se faisant pas,
00:41:47 de se concentrer pleinement sur "Happy Feet",
00:41:50 qui sort en 2006, je crois, si je ne me trompe pas.
00:41:54 Et là encore, après le triomphe de "Babe",
00:41:59 il triomphe encore avec un autre film, avec des animaux.
00:42:02 Cette fois-ci, un film d'animation.
00:42:05 Donc là, on est vraiment aussi dans la conception à l'opposé
00:42:08 de ce que sera "Mad Max 4",
00:42:11 puisque là, on est vraiment dans un studio,
00:42:13 évidemment, avec des fonds verts, puisque c'est de l'animation.
00:42:16 Alors que dans "Mad Max 4", il va vraiment se confronter aux éléments.
00:42:20 Et donc là, le film est produit par la Warner.
00:42:23 Donc là, c'est un peu la réconciliation avec le studio,
00:42:26 puisque quand vous rapportez de l'argent avec un studio,
00:42:29 c'est toujours plus facile de travailler que quand c'est l'inverse.
00:42:32 Et là, George Miller est un peu le roi du monde,
00:42:37 parce que la Warner ne va pas hésiter à l'époque
00:42:40 à lui confier un film qui s'appelle "Justice League".
00:42:43 Donc ça, on est en 2006-2007.
00:42:47 Et Miller, il ne connaît pas trop les super-héros,
00:42:50 que ce soit DC ou Marvel, mais il dit oui,
00:42:53 parce qu'il se dit "on me confie un énorme projet,
00:42:57 moi ça me plaît bien, je vais dépenser beaucoup d'argent,
00:42:59 et puis je vais montrer que je suis capable de faire
00:43:02 le plus gros film de super-héros de tous les temps,
00:43:04 le film le plus cher de super-héros".
00:43:05 Parce qu'à l'époque, on parle d'un budget
00:43:08 d'entre 200 et 300 millions de dollars,
00:43:10 ce qui est les budgets moyens des gros films de super-héros aujourd'hui,
00:43:14 mais à l'époque, c'est monumental.
00:43:16 Il y a une quinzaine d'années, entre 200 et 300 millions de dollars,
00:43:20 ces budgets-là étaient rarissimes.
00:43:24 Ou alors c'était des budgets où on dépassait.
00:43:26 C'est-à-dire que là, on parle d'un budget prévisionnel.
00:43:30 Si vous cherchez les infos, c'est celui qu'il avait
00:43:33 dans le titre de projet, on va dire "Justice League Mortal".
00:43:37 C'est ça, exactement.
00:43:39 Et le film avance, parce qu'il avait notamment son casting,
00:43:46 il avait notamment Armie Hammer pour jouer Batman,
00:43:50 Armie Hammer qui a incarné les jumeaux dans "The Social Network" notamment.
00:43:56 Il avait vraiment son casting, et puis il y a plusieurs choses
00:44:00 qui vont faire que le film ne va pas se faire,
00:44:02 il y aura une grève des scénaristes,
00:44:04 et puis Mark Sexton, on parle aussi dans l'interview,
00:44:09 il dit qu'il y avait des idées incroyables dans ce film,
00:44:11 parce que Mark Sexton a aussi travaillé sur ce film.
00:44:14 Il y avait des idées incroyables, mais on n'arrivait pas à les lier.
00:44:17 Il n'y avait pas vraiment de ligne directrice sur ce film.
00:44:21 Et surtout, George Miller voulait emmener ces super-héros
00:44:25 dans des directions un peu étonnantes,
00:44:28 et il dit que le public aura été plutôt plus décontenancé
00:44:32 qu'attiré par le film.
00:44:34 Je ferme la parenthèse, le film ne se fait pas,
00:44:38 et donc il revient à nouveau à Max,
00:44:42 tous les chemins ramènent à Max pour George Miller.
00:44:47 Et là, il sait définitivement qu'il ne pourra plus travailler avec Mel Gibson,
00:44:52 parce qu'entre-temps, la carrière de Mel Gibson
00:44:56 est un peu plongée pour des raisons extra-artistiques.
00:45:01 Il est arrêté en état d'ivresse,
00:45:04 il est accusé de propos antisémites en 2006,
00:45:07 en 2010, il sera accusé de violences conjugales contre sa femme.
00:45:11 Donc, non seulement il est un peu trop vieux pour le rôle maintenant,
00:45:15 mais les studios ne peuvent pas accepter
00:45:20 que Mel Gibson soit la tête d'affiche d'un film aussi important,
00:45:24 en tout cas qui coûte autant d'argent.
00:45:26 - Et peut-être aussi, c'est une petite question,
00:45:28 alors je n'ai plus toute la carrière de Mel Gibson en tête,
00:45:31 en plus de cette chute-là,
00:45:32 est-ce qu'il ne commençait pas déjà à avoir une perte de popularité
00:45:35 dû peut-être à son âge ?
00:45:37 - Il avait encore des succès au cinéma,
00:45:40 je ne suis pas trop sûr de la date,
00:45:42 mais il y avait quand même une comédie, "Ceux que veulent les femmes",
00:45:45 qui avait très bien marché aussi.
00:45:48 Au niveau de sa carrière de réalisateur,
00:45:50 au moment où il a ses problèmes,
00:45:52 il y a "L'Occalipto" qui est sur le point de sortir.
00:45:55 Et le film est plutôt...
00:45:59 Je ne sais plus financièrement comment le film marche,
00:46:02 mais en tout cas en 2004, "La Passion du Christ",
00:46:04 c'est un énorme succès.
00:46:06 Je crois qu'à l'époque, c'est le film classé R,
00:46:09 c'est-à-dire interdit aux moins de 17 ans d'en accompagner,
00:46:11 qui est le plus gros succès, au moins aux Etats-Unis en tout cas,
00:46:15 de l'histoire du cinéma.
00:46:17 A l'époque, ce n'est plus le cas maintenant.
00:46:19 Donc, 2004, il y a encore...
00:46:23 Je pense qu'il y a vraiment une co-comitance
00:46:27 entre ces problèmes extra-artistiques et sa chute.
00:46:33 Je pense que les deux sont quand même assez liés.
00:46:36 Je regarde sa filmographie, en effet,
00:46:38 je vois "2000, The Patriot", comme on a dit,
00:46:40 "2000, toujours ceux que veulent les femmes",
00:46:42 "2002, nous étions soldats",
00:46:44 qui a quand même, je ne sais pas s'il a fonctionné,
00:46:46 mais en tout cas, on en parlait beaucoup,
00:46:47 donc c'est encore une star.
00:46:48 "2002, toujours Signe", qu'on a dit,
00:46:50 c'est une réussite.
00:46:51 Et après, c'est à peu près à ce moment-là qu'en effet,
00:46:55 il y a eu une chute.
00:46:56 Donc, ça a vraiment l'air d'être plus une chute extra-artistique,
00:46:59 comme tu as dit.
00:47:00 - Surtout que "La Passion du Crise", qui sort en 2004,
00:47:02 je te le disais, est vraiment un succès au-delà des espérants.
00:47:06 Je pense que même Mel Gibson n'imaginait pas
00:47:07 que le film marcherait autant.
00:47:09 Et donc là, George Miller, il a compris
00:47:13 qu'il ne pourrait pas travailler avec Mel Gibson sur ce film.
00:47:15 Et donc là, il faut qu'il trouve un remplaçant.
00:47:19 Et donc, il repense à nouveau à "Eastlager",
00:47:23 sauf que, évidemment, il a vite mis cette idée de côté,
00:47:26 puisque "Eastlager", malheureusement, disparaît en janvier 2008
00:47:30 sur le tournage du film de Terry Gilliam,
00:47:32 "L'Imaginarium du Docteur Parnassus",
00:47:34 quelques mois avant la sortie de "The Dark Knight".
00:47:37 Et donc, il pense à Michael Fassbender,
00:47:43 il est question de Brad Pitt aussi,
00:47:45 il est question d'Eric Bana, qui à l'époque a un gros scott,
00:47:50 puisqu'il tourne avec Spitberg dans "Munich",
00:47:52 il tourne aussi "Hulk".
00:47:54 Et il est même question, ça c'est plus surprenant,
00:47:58 mais il est même question d'Eminem à une époque,
00:48:01 parce que George Miller a vu "Eight Mile"
00:48:07 et il se dit "mais pourquoi pas ?"
00:48:09 et en fait, ça se fera pas,
00:48:13 notamment parce qu'Eminem ne veut pas quitter
00:48:15 pendant plusieurs mois son chez-lui,
00:48:18 et donc il abandonnera l'idée.
00:48:20 Mais un Mad Max blond entre Brad Pitt et Eminem,
00:48:24 George Miller y a sérieusement pensé.
00:48:26 Son choix, évidemment, se portera au final sur Tom Hardy,
00:48:32 qui je pense est plutôt un très bon choix,
00:48:35 je pense qu'on est tous d'accord sur ce point-là.
00:48:38 - Justement, il y a beaucoup de débats là-dessus,
00:48:40 en disant que si c'est pas Mel Gibson,
00:48:42 ça ne vaut rien, etc.
00:48:44 Mon point de vue personnel, c'est Mel Gibson,
00:48:48 on vient de le dire, c'était pas possible.
00:48:50 Donc soit on a un bon film sans Mel Gibson,
00:48:52 soit on a pas de bon film, à vous de choisir.
00:48:54 - Effectivement, je pense que dans l'imaginaire collectif,
00:48:58 Mad Max ça reste Mel Gibson.
00:49:00 On pense à Mad Max, la première chose à laquelle on pense,
00:49:03 c'est Mel Gibson, ça c'est évident.
00:49:05 Mais là où l'arrivée d'un nouvel acteur,
00:49:08 je pense que dans une autre saga,
00:49:11 ce serait certainement plus dérangeant.
00:49:13 - Mais ça l'est moins chez Mad Max,
00:49:15 parce que ce que je disais au début de cette vidéo,
00:49:18 c'est qu'à chacun des films,
00:49:20 Miller réinterprète le mythe.
00:49:23 C'est jamais tout à fait le même personnage.
00:49:26 Et d'ailleurs, il n'y a pas de chronologie cohérente dans Mad Max.
00:49:30 C'est-à-dire que si vous essayez de faire une timeline
00:49:34 de ce qui se passe, ça ne tient pas la route
00:49:37 par rapport à l'apocalypse qui se passe dans le monde,
00:49:41 et par rapport à l'âge de Max.
00:49:43 Il n'y a pas de logique.
00:49:45 Et ça, il s'en fiche.
00:49:47 Miller veut raconter une histoire dans le même environnement,
00:49:50 avec un même personnage,
00:49:52 mais même s'il garde les mêmes caractéristiques,
00:49:55 on raconte une histoire toujours un peu différente,
00:50:00 toujours un peu la même finalement.
00:50:03 Je mets le premier film à part, qui est vraiment un peu différent,
00:50:06 mais les films 2, 3 et 4 ont un peu la même structure.
00:50:09 C'est traité différemment, évidemment,
00:50:12 mais notamment dans l'évolution du personnage,
00:50:15 il y a quelque chose de très commun.
00:50:17 On a presque l'impression parfois de repartir à zéro avec ce personnage,
00:50:21 mais avec les mêmes codes.
00:50:23 Donc changer d'acteur, ça fait partie d'une certaine logique.
00:50:27 C'est intéressant ce que tu dis,
00:50:29 parce que c'est un peu la même approche qu'avait Howard quand il a écrit Conan.
00:50:32 Le même personnage, mais finalement des aventures différentes.
00:50:35 Laquelle se passe avant, laquelle se passe après, tu me poses trop de questions.
00:50:38 Et on retrouve cette même idée,
00:50:40 et du coup, ça permet justement de la variété,
00:50:45 d'être libéré de la contrainte historique.
00:50:49 Mais il y en a qui n'ont pas aimé, on va dire.
00:50:53 Et on voit par exemple, ça a pu perturber certaines personnes,
00:50:57 il n'hésite pas à réutiliser les mêmes acteurs,
00:51:01 mais sur des rôles différents.
00:51:03 Entre le 2 et le 3, il y a Bruce Spence,
00:51:06 qui dans le 2 interprète le pilote du gyrocopter,
00:51:09 et qui dans le 3 interprète aussi un pilote d'avion.
00:51:12 Donc les gens se sont dit "mais c'est le même personnage, je ne comprends pas",
00:51:15 alors que c'est deux rôles différents.
00:51:17 Là dans le 4, même si c'est moins évident,
00:51:19 parce qu'il est caché par un masque,
00:51:21 il y a aussi Chris Burns, qui incarne Immortan Joe,
00:51:24 qui jouait déjà le méchant principal dans le premier film.
00:51:28 Donc pour ça, George Miller n'a pas de...
00:51:32 Et de toute façon, comme on disait, il n'avait pas le choix.
00:51:35 Ce n'était pas possible de retravailler avec Mel Gibson
00:51:38 sur un film qui coûte autant d'argent,
00:51:40 et donc il a fallu trouver une autre solution.
00:51:43 Et la solution Tom Hardy, elle est...
00:51:45 Alors effectivement, je pense qu'il y a des gens qui peuvent se dire
00:51:47 "pour moi, ce n'est plus Mad Max, donc ça ne m'intéresse pas",
00:51:50 mais au final, je trouve que ce n'est pas du tout gênant,
00:51:53 et au contraire, même ça, comme il y a eu 30 ans d'écart
00:51:57 entre le 3e film et le 4e,
00:52:00 ça permet de redonner aussi une certaine vie à la saga,
00:52:04 c'est-à-dire qu'on repart sur autre chose,
00:52:06 tout en prenant des éléments qui sont évidemment indispensables à la saga.
00:52:11 C'est l'environnement dystopique, le personnage de Max,
00:52:13 son côté un peu anti-héros, en tout cas solitaire,
00:52:17 dans ce monde dévasté.
00:52:19 Donc il reprend des codes de sa saga,
00:52:22 et puis il en fait autre chose avec un autre acteur
00:52:25 qui, je trouve, correspond très bien au rôle.
00:52:28 D'ailleurs, quand Mel Gibson a discuté avec Tom Hardy
00:52:32 sur le fait qu'il prenait le relais,
00:52:34 il a dit "j'ai trouvé peut-être quelqu'un encore un peu plus fou que moi".
00:52:38 Et c'est ce que dit Miller aussi,
00:52:40 il dit "moi j'avais besoin de trouver un acteur
00:52:42 qui dégage à la fois une forme de sympathie,
00:52:45 et qui en même temps fait peur",
00:52:47 parce que vous ne savez pas trop, quand vous allez rencontrer,
00:52:49 s'il va vous prendre dans ses bras ou s'il va vous foutre une baffe.
00:52:52 Et il y a de ça chez les deux, chez Mel Gibson et chez Tom Hardy.
00:52:56 Et donc Tom Hardy, à l'époque, n'était pas très connu,
00:53:01 ce qu'il a vraiment lancé, c'est le film Bromson.
00:53:04 Il avait eu d'autres rôles, il avait fait des comédies,
00:53:07 il avait joué dans un Star Trek dont le titre m'échappe.
00:53:11 Le dernier Nemesis.
00:53:13 Nemesis, c'est ça, tout à fait.
00:53:14 Le vrai dernier.
00:53:16 Il avait joué aussi avec Daniel Craig dans Layer Cake.
00:53:20 Je crois que c'est dans ce film-là d'ailleurs
00:53:23 que Christopher Nolan l'a remarqué,
00:53:25 et il lui a confié un rôle dans Inception.
00:53:27 Donc quand Miller le prend,
00:53:31 il n'est pas du tout aussi connu qu'au moment de la sortie du film,
00:53:34 parce qu'il le prend à la fin des années 2000,
00:53:37 et comme Mad Max met tellement de temps à se faire,
00:53:40 entre temps, il aura tourné dans Inception,
00:53:43 et il a surtout le temps de jouer Bane dans The Dark Knight Rises,
00:53:46 de Christopher Nolan,
00:53:48 qui là va lui offrir une popularité encore plus importante.
00:53:52 Donc effectivement, quand Mad Max 4 sort en 2015,
00:53:56 Tom Hardy, on ne peut plus dire que c'est un inconnu,
00:53:58 ce n'est pas une star, mais c'est quand même un acteur
00:54:01 que les gens ont déjà vu ailleurs,
00:54:03 et dont ils reconnaissent le visage.
00:54:06 Même si Dark Knight Rises et d'autres rôles qu'il fera chez Christopher Nolan,
00:54:10 c'est masqué du visage.
00:54:12 - Oui, c'est ça.
00:54:14 D'ailleurs, on voit des similitudes un peu involontaires,
00:54:17 mais dans le masque que porte Bane,
00:54:20 on retrouve ce masque chez Immortan Joe,
00:54:23 il y a vraiment des similitudes qu'on peut constater
00:54:26 entre son personnage de Bane et celui d'Immortan Joe, c'est sûr.
00:54:30 Et du coup, une fois qu'il a choisi son acteur principal,
00:54:35 il se relance vraiment dans le film, Miller,
00:54:39 et là, Warner est revenu en tant que studio producteur,
00:54:46 il envisage en 2010 de tourner en Australie,
00:54:50 de revenir là où ont été tournés les 3 premiers films,
00:54:54 et là, pareil, il y a une préparation qui se fait,
00:54:57 et toute la préparation se fait aux alentours de Sydney,
00:55:00 et malheureusement pour Miller, au moment où il veut tourner,
00:55:05 il y a des grosses pluies qui tombent en Australie,
00:55:09 notamment dans la zone de Broken Hill,
00:55:12 où avait été tourné le 2ème film, où il veut à nouveau tourner,
00:55:15 et donc le désert se transforme en région un peu…
00:55:18 le jaune et le sable laissent la place à du vert et à de la végétation,
00:55:24 évidemment c'est compliqué de tourner Mad Max dans ce genre d'environnement.
00:55:29 - Mais s'il avait gardé une vue du Parc de la Ville, il aurait pu faire autre chose.
00:55:33 - Je t'entends plus, excuse-moi.
00:55:35 - J'ai dit, mais s'il avait gardé Immortan Joe bleu, il aurait pu faire Avatar.
00:55:39 - C'est vrai, absolument, ce n'est pas bête.
00:55:43 Et donc en fait, il attend un peu, il espère que le désert va revenir,
00:55:49 et puis quasiment un an après, il se rend compte que ce n'est toujours pas le cas,
00:55:52 on est à l'été de 2011, et il est obligé de dire,
00:55:55 non, on ne va pas tourner tout de suite, il faut qu'on trouve une autre solution.
00:56:00 Et il a peur de perdre une partie de son casting,
00:56:04 parce que Thomas Hardy, ça fait déjà quelques temps qu'il attend,
00:56:07 il a aussi choisi Charlize Theron en Furiosa.
00:56:10 Alors pour la petite anecdote, il y avait d'autres actrices qui ont été envisagées au fil des ans,
00:56:14 à la fin des années 90, Peter Pan avait dessiné Uma Thurman en Furiosa,
00:56:21 il y a une photo dans le magazine qui sort en janvier de ce dessin.
00:56:26 Plus tard, il y aura même, comme il avait sollicité Brad Pitt,
00:56:31 il avait aussi envisagé Angelina Jolie, il y a eu des questions de Cameron Diaz,
00:56:35 de Michel Monaghan, donc il y a pas mal de noms qui ont circulé.
00:56:39 Et donc voilà, le film est retardé, il a peur de perdre son casting,
00:56:44 finalement il a réussi à le garder.
00:56:47 Et il y a un premier, le film est vraiment, on retourne en Namibie pour tourner finalement.
00:56:52 Namibie qui avait déjà été envisagée plusieurs années avant.
00:56:58 Et donc le tournage est prévu en février 2012,
00:57:03 donc là, grosse préparation évidemment avant.
00:57:07 Et puis comme dans cette pré-production rien ne se passe comme prévu,
00:57:11 en fait peu de temps avant le tournage, Miller apprend qu'il doit se faire opérer du cœur.
00:57:15 Donc ses médecins lui disent "vous pouvez effectivement le repousser,
00:57:20 mais ce serait mieux de le faire tout de suite".
00:57:23 Et donc il le fait tout de suite et il dira "j'ai eu raison de le faire,
00:57:26 parce que si je ne le faisais pas, j'aurais probablement pas été capable
00:57:29 de tenir sur le tournage".
00:57:31 Donc il le fait et ça repousse de plusieurs mois le tournage,
00:57:35 qui commencera finalement à l'été 2012 en Namibie.
00:57:39 Et donc avec évidemment Tom Hardy, Charlie Sterron,
00:57:43 et tous les autres acteurs, toute l'équipe technique qui vont se poser des mois,
00:57:48 parce que le tournage va durer plusieurs mois.
00:57:52 Et là c'est une autre aventure la production du film,
00:57:55 parce qu'il s'est passé pas mal de choses,
00:57:59 notamment dans la volonté affichée de Miller de tourner au maximum pour de vrai,
00:58:07 c'est-à-dire les cascades du film sont hallucinantes
00:58:12 et la plupart de ce qu'on voit à l'écran a été réellement tourné,
00:58:16 ce qui paraît des fois assez incroyable.
00:58:18 Et quand on voit le making-of, on se rend compte que ça a vraiment été fait comme ça.
00:58:22 Alors évidemment il y a aussi beaucoup d'effets numériques,
00:58:26 c'est-à-dire que je sais que ces dernières années,
00:58:29 notamment depuis un ou deux ans, c'est un peu la course au blockbuster qui dira
00:58:33 "mais moi j'ai pas de fond vert, j'ai pas de fond bleu, j'ai rien fait,
00:58:36 tout est réel et tout", alors que bon on sait que c'est un peu plus compliqué que ça.
00:58:43 Et lui d'ailleurs, Miller le cachera pas, il dira "oui on a fait en sorte de tourner pour de vrai,
00:58:52 mais il y avait des choses que je pouvais pas faire dans la réalité,
00:58:55 je vais pas tuer des gens pour tourner son film".
00:58:58 Et donc le superviseur des effets spéciaux qui était Dan Oliver
00:59:06 et le superviseur des effets visuels Andrew Jackson ont vraiment travaillé ensemble
00:59:11 pour trouver les meilleures solutions pour répondre aux demandes de George Miller.
00:59:16 Pour créer certains plans où on tourne une partie en réalité,
00:59:24 par exemple une moto qui saute dans un canyon, on la filme en vrai,
00:59:28 mais pour prolonger le plan on a peut-être besoin d'effets numériques.
00:59:31 Les effets numériques ont aussi besoin de la réalité pour créer des éléments en images de synthèse.
00:59:37 Tout ça se croise et Miller sait très bien qu'il a besoin des deux,
00:59:41 même si sa priorité c'est de travailler pour de vrai,
00:59:43 pour donner au spectateur le sentiment d'être au cœur de la poursuite, de la bataille.
00:59:49 Et ça on le ressent très fort dans le résultat final, c'est aussi ce qui fait le succès du film.
00:59:56 Oui il y a des images numériques, mais je pense que la puissance du film
01:00:02 repose beaucoup sur le fait que les cascades ont été réellement tournées.
01:00:05 Par exemple la première scène de l'Interceptor qui fait plein de tonneaux,
01:00:09 quand on voit la puissance que ça dégage, on se dit "mais comment ils ont pu faire ça ?"
01:00:14 ça a vraiment été tourné, il y a vraiment un cascadeur.
01:00:17 D'ailleurs le cascadeur qui a fait cette scène-là c'est Guy Norris,
01:00:21 qui était déjà sur Mad Max 2.
01:00:23 C'est lui d'ailleurs qui, je ne sais pas si certaines personnes ont vu le film,
01:00:30 mais il y a un plan célèbre où on voit un des méchants qui est stoppé,
01:00:40 qui fait une sorte d'acrobatie en l'air, dont le corps tourne comme un pentin désarticulé.
01:00:45 Ce n'était pas prévu que ça se fasse comme ça,
01:00:48 mais évidemment George Miller a gardé la scène dans le film.
01:00:51 C'est ce cascadeur-là qui est revenu sur le cadre,
01:00:55 qui est au volant de l'Interceptor quand la voiture de Max fait des tonneaux.
01:01:00 Il y a vraiment une collaboration entre les effets visuels et les effets spéciaux.
01:01:05 De toute façon il y a une scène qui n'aurait pas pu exister sans les effets numériques,
01:01:09 c'est la tempête de sable.
01:01:10 Vous pensez bien que là, même si les mouvements des voitures
01:01:14 ont vraiment été filmés dans la tempête,
01:01:16 si vous n'avez pas d'images de synthèse, cette scène-là n'existe pas évidemment.
01:01:22 Il y a ce tournage qui est très compliqué,
01:01:27 parce que George Miller est très exigeant,
01:01:31 et ça se répercute aussi sur les acteurs.
01:01:35 On est en Namibie, le quartier général est dans une ville où il n'y a pas forcément grand chose.
01:01:43 Le tournage dure des mois, les conditions ne sont pas faciles,
01:01:47 il peut faire très froid la nuit et très chaud en pleine après-midi.
01:01:51 Ce qui ne va pas faciliter le travail,
01:01:54 c'est qu'au départ ça ne se passe pas très bien entre Tom Hardy et George Miller.
01:01:58 George Miller n'arrive pas à obtenir tout ce qu'il veut de Tom Hardy,
01:02:02 à tel point qu'il se demande s'il a vraiment fait le bon choix.
01:02:05 Ce qui va se passer aussi, c'est que les acteurs ont du mal avec la méthode de George Miller.
01:02:12 George Miller tourne des plans de 4-5 secondes,
01:02:17 il dit "action" et 3 secondes après il dit "coupez".
01:02:21 Il y a des acteurs qui ont déjà fait des films,
01:02:25 donc ils savent comment ça se passe,
01:02:28 mais on ne tourne pas forcément une séquence complète de 2-3 minutes d'un coup.
01:02:33 Mais le procédé du découpage est vraiment poussé à l'extrême.
01:02:37 Miller le dit, mais il dit "mais moi je demandais des fois qu'il y ait juste un regard".
01:02:41 On coupait et on repartait sur autre chose.
01:02:44 Ça finit par agacer les acteurs, notamment Charlize Theron,
01:02:48 qui comprend le procédé mais qui a besoin d'explications de la part de George Miller.
01:02:53 Elle le raconte, elle dit "en fait je discutais avec lui,
01:02:58 et quand je sortais de la discussion, je n'avais pas plus de réponses,
01:03:01 il me donnait des informations dont je n'avais pas besoin,
01:03:03 qui ne parlaient pas forcément du film mais de mon personnage,
01:03:05 et donc des fois j'étais un peu perdu".
01:03:08 Et ça, ça ajoute aux conditions compliquées du tournage.
01:03:11 D'après ce qu'il y aura dans le magazine,
01:03:16 puisque j'ai quand même lu une partie,
01:03:18 si j'ai bien lu, elle dit "le gars commence à parler du film,
01:03:22 il commence à donner plein d'infos, plein d'infos, plein d'infos,
01:03:24 il parle dans plein de directions, mais il n'a pas répondu à la question".
01:03:27 C'est exactement ça.
01:03:29 Je pense que c'est assez logique de la part de George Miller,
01:03:33 parce que George Miller a son film en tête depuis presque 20 ans.
01:03:37 Il a découpé visuellement son film.
01:03:40 Il sait déjà quasiment le résultat qu'il aura au montage,
01:03:43 pas exactement, mais comme il a vraiment les images du storyboard en tête,
01:03:47 il sait ce qu'il veut voir.
01:03:48 Donc c'est difficile, même si vous montrez le storyboard à un acteur ou une actrice,
01:03:52 c'est difficile de dire "t'inquiète pas, ça va donner ça à l'image".
01:03:56 En fait, je pense que le seul message qu'il pouvait donner à ses acteurs,
01:03:59 c'est de dire "faites-moi confiance".
01:04:01 Sauf que là, vous êtes face à un réalisateur qui a une immense carrière,
01:04:04 mais vous êtes sur un tournage compliqué,
01:04:07 vous revenez sur une saga où il n'y a pas l'acteur principal qui est Emile Gibson.
01:04:11 Aujourd'hui, c'est facile de dire "Mad Max 4" a un énorme succès,
01:04:14 c'est un film culte, mais je pense qu'à l'époque,
01:04:16 quand les acteurs sont sur le tournage,
01:04:18 ils peuvent se dire "on court peut-être aussi à la catastrophe,
01:04:21 ça va peut-être être le film qui va tuer la saga".
01:04:24 Évidemment que George Miller est un immense réalisateur,
01:04:28 mais je peux comprendre aussi les réserves de Tom Hardy et de Charlize Theron
01:04:32 sur le tournage.
01:04:33 D'autant plus qu'entre les deux, ça ne se passe pas bien.
01:04:36 Entre les deux acteurs, ils n'ont pas du tout les mêmes méthodes de travail.
01:04:40 Dans un livre qui a été écrit, que je conseille aux gens,
01:04:45 "Blood, Sweat and Chrome",
01:04:47 c'est un livre en anglais, mais si vous maîtrisez un peu la langue,
01:04:50 ça vaut le coup de le lire,
01:04:52 qui raconte un peu comment le film a été créé.
01:04:57 Il raconte une scène, notamment, entre Charlize Theron et Tom Hardy,
01:05:02 où il y avait déjà beaucoup de tensions.
01:05:04 Il faut savoir que la majorité des scènes entre les deux acteurs
01:05:06 se passent dans le War Rig, qui est le camion que conduit Furiosa.
01:05:09 Ils ont dû passer des mois et des mois ensemble
01:05:14 dans la cabine d'un camion.
01:05:17 Et quand vous vous entendez pas bien, ça doit être vraiment très compliqué.
01:05:20 Dans ce livre, il y a une scène qui a raconté
01:05:23 où on avait demandé aux deux acteurs d'être présents à 8h du matin,
01:05:26 dans la cabine.
01:05:28 Et à l'époque, Tom Hardy était déjà réputé pour ses retards sur le plateau.
01:05:33 Donc, Charlize Theron savait très bien qu'il ne serait pas à l'heure.
01:05:37 Mais elle a mis un point d'honneur à venir à l'heure
01:05:39 pour justement être en avant le fait qu'il ne serait pas à l'heure.
01:05:42 Et donc, elle arrive à 8h. À 9h, il n'est toujours pas là.
01:05:45 On lui dit "Mais non, retourne dans ta tente, te reposer."
01:05:49 Elle dit "Non, non, je reste, je reste."
01:05:51 Et il débarque à 11h. Tom Hardy arrive à 11h.
01:05:55 Donc, elle sort du camion et elle pique une colère noire.
01:05:59 Elle l'insulte clairement.
01:06:01 C'est ce qui est raconté dans le livre.
01:06:03 Et à ce moment-là, Tom Hardy s'approche d'elle de manière un peu agressive
01:06:08 et lui dit "Mais qu'est-ce que tu viens de dire ?"
01:06:10 Et là, Charlize Theron raconte qu'à partir de ce moment-là,
01:06:13 elle s'est sentie menacée.
01:06:15 Donc, elle a dit "Moi, je ne peux plus travailler dans ces conditions.
01:06:17 Il faut trouver quelqu'un qui fasse le lien entre nous deux.
01:06:19 Il faut trouver un intermédiaire."
01:06:21 Et il a fallu qu'une productrice vienne sur le tournage
01:06:26 pour faire le tampon entre les deux.
01:06:28 Alors, ça s'est un peu calmé visiblement après.
01:06:30 Mais on a failli arriver à un point de non-retour entre les deux acteurs.
01:06:35 À tel point d'ailleurs que si vous regardez attentivement le making-of,
01:06:39 les making-of sont souvent sur les Blu-ray, les DVD,
01:06:42 les produits un peu de promotion.
01:06:44 Mais là, on sent bien dans quelques phrases que prononcent Tom Hardy
01:06:47 et Charlize Theron que ce n'étaient pas les meilleures amies du monde.
01:06:50 Et notamment, Tom Hardy, je crois, a dit à un moment
01:06:54 "On sent des tensions entre les personnages.
01:06:57 Donc, c'est normal à un moment que ça ressurgisse aussi sur nous."
01:07:00 Donc, on sent bien vraiment qu'entre les deux acteurs,
01:07:02 ça ne s'est pas très bien passé.
01:07:04 Et Charlize Theron, d'ailleurs, quand elle repense au film,
01:07:09 elle ne peut pas s'empêcher de repenser à ça.
01:07:11 Et elle en souffre presque physiquement tellement ça l'a marqué ce tournage.
01:07:16 Elle est heureuse du résultat final, évidemment.
01:07:18 Mais elle n'arrive pas à se détacher de ce qui s'est produit.
01:07:22 Donc, ça a été, je pense, aussi compliqué pour George Miller de gérer ça.
01:07:26 Tu veux dire que dans le making-of, ils ne disent pas
01:07:28 "Ah, c'est la meilleure actrice avec laquelle je n'ai jamais tourné.
01:07:30 Ah, c'est le meilleur film que j'ai jamais fait."
01:07:32 Ils ne disent pas ça.
01:07:33 Mais donc, c'est un premier making-of.
01:07:35 Ils ne disent pas qu'on faille en venir aux mains,
01:07:38 parce que c'est le cas, c'est la réalité.
01:07:40 Mais ils disent que oui, il y a eu des tensions.
01:07:44 Et que pour faire passer la pull, on dit
01:07:47 "C'est bien parce que ça a servi le film,
01:07:49 parce qu'on sent qu'il y a aussi la tension entre les deux personnages,
01:07:52 notamment dans la première partie du film."
01:07:55 Donc, effectivement, mais en tout cas, ça a été tendu à ce point.
01:07:59 Et je pense que George Miller n'avait pas besoin de ça pour son film,
01:08:04 parce que le tournage était vraiment déjà suffisamment compliqué.
01:08:09 D'ailleurs, le président de la Warner à l'époque, Jeff Robinoff,
01:08:14 sent que c'est un peu compliqué, que ça n'avance pas assez vite.
01:08:18 Et donc, en septembre 2012, il se rend en Namibie sur le tournage
01:08:22 pour mettre clairement un petit coup de pression à George Miller.
01:08:26 Et en fait, il lui dit "Écoute, à l'époque,
01:08:30 il reste la dernière course-poursuite à filmer,
01:08:34 qui n'est pas la plus simple.
01:08:37 Et il reste des scènes qui encadrent aussi le film,
01:08:39 des scènes à la citadelle au début et à la fin du film."
01:08:42 Et en gros, le patron de la Warner lui dit "Écoute,
01:08:47 tu fais un choix, soit tu tournes tes scènes du début de la fin,
01:08:50 soit tu tournes ta course-poursuite,
01:08:53 mais tu n'auras pas le temps de tout faire."
01:08:55 Donc, George Miller, il fait un peu à Paris, il dit "Je ne peux pas me passer
01:08:58 de ma scène, ma poursuite, donc je vais la tourner,
01:09:00 et puis on verra pour la suite."
01:09:02 Une fois que le tournage en Namibie est terminé,
01:09:05 il y a quelques semaines de tournage, trois semaines à moi,
01:09:08 qui sont prévues en Afrique du Sud, au Cap.
01:09:11 Donc toute l'équipe part en Afrique du Sud.
01:09:14 Et là, effectivement, quand le tournage se termine,
01:09:18 Miller n'a pas pu tourner tout ce qu'il voulait.
01:09:21 Il lui manque des scènes du début, il lui manque carrément
01:09:25 la fin de son film.
01:09:28 Et il doit commencer le montage du film,
01:09:31 qui est fait par Margaret Sixel,
01:09:34 qui est une monteuse et qui est aussi la compagne de George Miller.
01:09:38 Donc elle commence à travailler sur le film, et elle se dit
01:09:41 "Mais comment je vais faire, il me manque le début et la fin."
01:09:44 À ce point qu'elle se dit "Est-ce qu'on va mettre une voix off
01:09:47 qui raconte comment les personnages en sont arrivés là,
01:09:50 pendant la première course-poursuite, comment on va faire?"
01:09:53 Et là, Miller a une vraie chance, c'est-à-dire qu'on sait qu'Hollywood,
01:09:56 souvent c'est des guerres de pouvoir, et que souvent ça se joue en haut lieu.
01:10:01 Et en fait, il y a un changement de régime à la Warner,
01:10:04 c'est-à-dire qu'il y a un nouveau patron qui arrive,
01:10:07 et là, les premières images, il dit "Mais on ne pourrait rien faire,
01:10:11 ce n'est pas possible, si vous n'avez pas de début et de fin du film."
01:10:14 Et donc il accepte de redonner un peu d'argent,
01:10:18 quand je dis un peu d'argent, c'est plusieurs millions de dollars,
01:10:22 pour que George Miller puisse terminer son film.
01:10:26 Et on est la fin 2013, sauf que le tournage principal s'est terminé fin 2012,
01:10:33 et donc on est un an après.
01:10:36 Et donc il peut tourner les scènes qui lui manquaient,
01:10:40 il réussit à faire revenir les acteurs pour tourner cette scène-là.
01:10:45 Charlize Theron, elle demandera "Mais est-ce que je vais avoir besoin
01:10:50 de me raser à nouveau le crâne?"
01:10:52 parce que j'avais les cheveux très courts dans le film,
01:10:55 ils ont commencé à repousser, on s'arrangera pour que ce ne soit pas le cas.
01:11:00 Et donc Miller peut vraiment terminer son film.
01:11:04 Après, il y a évidemment plusieurs mois de montage et de post-production,
01:11:08 que ce soit pour les effets visuels ou pour le montage en lui-même,
01:11:12 parce que pour ceux qui ont vu le film, c'est quand même un prodige de montage,
01:11:17 le film recevra l'Oscar d'ailleurs, le meilleur montage,
01:11:21 et donc il y a beaucoup de boulot.
01:11:25 Et la Warner, quand ils voient les images, ils ont un peu peur de certaines images,
01:11:31 comme s'ils font un peu les naïfs, comme s'ils ne connaissaient pas l'univers de Mad Max,
01:11:37 quand on voit les méchants dans le 2, on voit bien que c'est des personnages un peu bizarres,
01:11:42 c'est un univers étrange, et donc quand ils voient les War Boys,
01:11:45 ils se disent "Oh, ils sont un peu trop violents, qu'est-ce que c'est que ces personnages,
01:11:49 on ne comprend pas tout ce qu'ils font".
01:11:52 Ils ont peur de certaines scènes, et donc ils interviennent dans le montage,
01:11:56 ils disent "Vous ne pouvez pas couper ça, ça, ça nous gêne un peu".
01:12:00 Le War Boys qui se suicide, c'est un peu trop violent, on ne peut pas couper ça.
01:12:05 Et en fait, ils vont demander à un autre monteur, et un des producteurs du film,
01:12:11 ils vont demander de faire un autre montage que celui de Miller et de Sixel.
01:12:17 Et au départ, on demande à Miller "Mais ça vous dérange si on fait un autre montage ?"
01:12:22 Et évidemment, Miller dit "Bah oui, ça me dérange parce que j'ai eu le Final Cut,
01:12:26 donc vous êtes gentils, mais moi ça m'embête un peu que vous fassiez un autre montage de mon film".
01:12:33 - C'est mieux si vous le voulez, mais on gardera le mien.
01:12:36 - Exactement, et en fait il fait un pari, il se dit "Bon, on va les laisser faire,
01:12:41 de toute façon, ça fait des mois qu'on travaille dessus,
01:12:43 il n'y a aucun moyen que leur montage soit meilleur que le nôtre".
01:12:47 Et il va aller vraiment jusqu'au bout du raisonnement, parce qu'il va prendre un risque,
01:12:51 parce que la Warner va projeter les deux montages lors de projections test.
01:12:58 Et au départ, d'ailleurs, dans l'entourage de Miller, on lui dit "Mais t'es sûr de faire ça ?
01:13:01 Parce qu'imagine qu'il y a des meilleurs notes sur l'autre montage,
01:13:04 tu vas être obligé de sortir, ce sera la preuve qu'il faut sortir l'autre montage".
01:13:09 Et Miller est sûr de son coup, il dit "Non, c'est impossible que ce soit meilleur".
01:13:12 Et il a raison, effectivement, quand les deux montages sont montrés,
01:13:16 les résultats des fameuses fiches qu'on donne à ces personnes,
01:13:20 ces spectateurs qui vont voir ces projections test,
01:13:23 elles sont bien meilleures sur le montage de Miller.
01:13:26 Et donc là, Miller raconte qu'il n'y a même pas eu de réunion le lendemain,
01:13:30 la Warner comprenait qu'il fallait sortir ce montage-là.
01:13:33 Ça n'empêchera pas Miller, qui est quand même quelqu'un d'intelligent,
01:13:37 de regarder l'autre montage qui a été fait, et de piquer quelques idées à ce montage-là.
01:13:42 Donc c'est la preuve qu'il n'a pas un ego non plus surdimensionné,
01:13:46 et quand une idée est bonne, il va la prendre et l'utiliser quelle que soit son origine.
01:13:52 Et donc là, la partie est gagnée pour Miller.
01:13:56 Il sait que le film n'est pas encore sorti,
01:14:02 mais il sait qu'il pourra faire le montage qu'il souhaite,
01:14:05 il a encore plusieurs mois de travail.
01:14:08 Le lancement marketing du film commence vraiment au Comic-Con de San Diego à l'été 2014.
01:14:20 J'avais la chance d'être sur place il y a 9 ans,
01:14:24 et c'était quelque chose quand même,
01:14:27 c'était la redécouverte de Mad Max après tant d'années,
01:14:31 et puis la puissance des images dans une salle immense,
01:14:35 le fameux Hall H de San Diego,
01:14:38 ça peut accueillir plus de 7000 personnes, avec des écrans vraiment monumentaux.
01:14:42 Donc c'était quelque chose,
01:14:45 et à partir de là, il y a tout un buzz qui se fait autour du film,
01:14:51 et puis il y aura aussi plus tard, au moment de la sortie du film,
01:14:56 un passage à Cannes qui va aussi bien exposer le film.
01:14:59 La sortie du film en mai 2015, Miller comprend qu'il a gagné son pari,
01:15:06 le film est bien accueilli par les critiques,
01:15:09 il marche plutôt très bien, c'est pas un énorme succès,
01:15:12 comme peut l'être d'autres blockbusters,
01:15:15 mais en tout cas, lui, il a clairement réussi son pari,
01:15:19 même si ça a mis du temps,
01:15:22 parce qu'entre le début du tournage en 2012 et la sortie en 2015,
01:15:26 il y a trois ans, et puis surtout,
01:15:29 entre le premier travail sur le film et la sortie,
01:15:32 il y a quasiment 20 ans,
01:15:35 donc c'est un parcours semé d'embûches,
01:15:38 mais quand on voit le résultat final,
01:15:41 on se dit qu'il a eu raison d'être persévérant, George Miller.
01:15:45 - Parlons un peu des bandes annonces,
01:15:50 parce que quand elles sont sorties, j'ai trouvé que c'était des bandes annonces,
01:15:53 mais elles ne montraient pas grand-chose,
01:15:56 elles cachaient bien son jeu,
01:15:59 je me souviens que, alors tu as le requiem de Verdi,
01:16:02 déjà de base, je suis acquis,
01:16:05 il n'y a pas besoin de beaucoup plus,
01:16:08 mais je me souviens, je voyais la bande annonce,
01:16:11 je me disais, ok c'est Mad Max,
01:16:14 mais il y en a beaucoup qui étaient en mode "ouah, ça va être génial",
01:16:17 et moi j'étais en mode, je sais pas, ça dit rien, je sais pas,
01:16:20 si ça a été une volonté de Miller,
01:16:23 parce que je sais pas s'il a participé à l'élaboration de la bande annonce,
01:16:26 mais en tout cas, tout l'intérêt du film,
01:16:29 c'était de montrer la qualité visuelle du film,
01:16:32 je pense qu'il n'y avait pas forcément besoin de montrer grand-chose,
01:16:35 Mad Max a une telle aura,
01:16:38 on était dans le retour d'une saga occulte,
01:16:41 et donc la question c'était de savoir,
01:16:44 est-ce que la saga allait être une sorte de film,
01:16:47 la question c'était de savoir, est-ce que la saga allait réussir à survivre sans Mel Gibson,
01:16:52 c'était surtout ça,
01:16:55 et donc montrer que visuellement,
01:16:58 qu'au niveau de l'action, on avait mis le paquet,
01:17:01 c'était dans l'intérêt à la fois de la Warner et de Miller.
01:17:07 - Et bien on va attaquer le film en lui-même, après une heure et quart,
01:17:12 on va parler du film en lui-même,
01:17:15 mais le film est aussi bon,
01:17:18 il a été pensé depuis longtemps,
01:17:21 ce n'est pas un truc qu'on a fait, il faut faire une suite,
01:17:24 on a une année, tu reprends la même trame,
01:17:27 c'est un film vraiment travaillé,
01:17:30 ça ne tombe pas de nulle part.
01:17:33 On va essayer d'évoquer un peu le film,
01:17:36 on ne va pas passer tout le film en revue,
01:17:39 mais le film commence justement par ce Max de dos,
01:17:42 on a une voix off qui nous raconte les choses,
01:17:45 pas la manière de Max de dos,
01:17:48 et donc on revient sur quelque chose que tu as dit,
01:17:51 le film réintroduit son monde et son univers.
01:17:54 - Oui, clairement,
01:17:57 le dernier film étant sorti 30 ans avant,
01:18:00 Miller s'il veut convaincre un autre public,
01:18:03 il est obligé de partir du principe qu'il y a une bonne partie des spectateurs
01:18:06 qui n'ont peut-être vu aucun des trois premiers films,
01:18:09 et donc il réinstalle le personnage,
01:18:12 qui est un peu le même que celui qu'on voit au début de Mad Max 2,
01:18:15 et un peu aussi celui qu'on voit au début de Mad Max 3,
01:18:18 même si dans Mad Max 3 il évolue un peu différemment,
01:18:21 mais il réinstalle ce personnage,
01:18:24 et je dirais de manière encore un peu plus,
01:18:27 je ne sais pas si le mot outrancier est le bon mot,
01:18:30 mais en tout cas il en rajoute encore un peu,
01:18:33 c'est-à-dire qu'on a un Mad Max hirsute avec sa barbe,
01:18:36 ses cheveux, qui mange un lézard,
01:18:39 autant dans Mad Max 2,
01:18:42 on a le côté taciture,
01:18:45 on a le côté "je veux survivre dans ce milieu un peu impitoyable",
01:18:48 et dans Mad Max 4,
01:18:51 on a presque l'impression qu'il est devenu fou,
01:18:54 c'est-à-dire qu'il a des voix intérieures qui lui parlent,
01:18:57 il est complètement traumatisé par des gens qu'il n'a pas pu sauver,
01:19:00 et donc on est dans un personnage qui mentalement est un peu abîmé,
01:19:03 et je dirais même physiquement,
01:19:06 parce qu'une fois qu'il est capturé,
01:19:09 quand il arrive à s'échapper, c'est une brute,
01:19:12 c'est-à-dire qu'il y a 15 War Boys qui le poursuivent,
01:19:15 et ils n'arrivent pas à l'attraper.
01:19:18 C'est un animal quasiment au début du film,
01:19:21 ce qui est un peu moins le cas,
01:19:24 on ne l'a pas vu à ce point-là féroce dans les précédents films.
01:19:27 C'est une manière pour Miller de réintroduire le même personnage,
01:19:30 mais d'en proposer une itération un peu différente et encore plus brutale.
01:19:33 Globalement, il est plus brutal,
01:19:36 mais comme je t'ai déjà dit,
01:19:39 il y a une reconstruction du personnage où on va aller par étapes,
01:19:42 parce qu'il y a beaucoup de gens qui ont gueulé sur cette scène.
01:19:45 C'est un détail, mais c'est un lézard à deux têtes,
01:19:48 pour introduire les déformations des autres personnages qu'on aura par la suite,
01:19:51 et donc nous rappeler ce monde post-apo,
01:19:54 et cette fois-ci peut-être plus appuyé au niveau du personnage,
01:19:57 de la bombe atomique, même si ce n'est plus de l'actualité.
01:20:00 Dans le 2, Miller avait dit que ce n'était pas vraiment de la post-apo,
01:20:03 post-atomique, on va dire, je ne sais pas comment dire ça,
01:20:06 parce qu'il disait qu'il aurait dû retomber radioactif,
01:20:09 et Miller c'est un petit peu intelligent, c'est marrant qu'il dise ça.
01:20:12 Ensuite, il se fait poursuivre et l'interceptor est détruit rapidement.
01:20:15 Il y en a qui disent que c'est justement pour détruire le mythe,
01:20:18 tout de suite ils tuent l'image du personnage,
01:20:21 et il y en a qui ont gueulé là-dessus.
01:20:24 Qu'est-ce que tu en penses ?
01:20:27 Non, je trouve qu'au contraire, il a raison.
01:20:30 Miller ne veut pas refaire la même chose,
01:20:33 il veut réutiliser les codes de sa saga,
01:20:36 et il estime que finalement son personnage de Max,
01:20:39 même si l'interceptor est un élément capital du personnage,
01:20:42 mais là il estime que dans ce film-là,
01:20:45 il peut le faire exister sans le mettre au volant de sa voiture,
01:20:48 sans que ce soit un élément majeur.
01:20:51 Il en joue dans le film, c'est quand il est attaché devant
01:20:54 et que quelqu'un d'autre conduit sa voiture qui a été plus ou moins réparée.
01:20:57 Max dit "ça c'est ma voiture",
01:21:00 je ne sais plus ce qu'il dit exactement,
01:21:03 mais la voiture réapparaît plusieurs fois dans le film,
01:21:06 donc il y a aussi des clins d'œil vis-à-vis de ça.
01:21:09 Mais effectivement, Miller, je pense que quand il a fait ce film,
01:21:12 il a dû se dire "qu'est-ce que je vais utiliser de Max ?
01:21:15 Qu'est-ce qui m'intéresse ?
01:21:18 Qu'est-ce que je reprends ?"
01:21:21 Il s'est dit "je vais essayer de commencer fort,
01:21:24 je vais mettre un Max qui est en danger,
01:21:27 qui est menacé,
01:21:30 et le meilleur moyen de le menacer,
01:21:33 c'est de le faire perdre son armure principale,
01:21:36 qui est sa voiture.
01:21:39 Et si Max a plus sa voiture,
01:21:42 j'essaie de trouver une comparaison,
01:21:45 donc il y a un truc en moins,
01:21:48 et comme le but du récit est de mettre Max en position de faiblesse,
01:21:51 il n'y a rien de mieux que de lui faire perdre sa voiture.
01:21:54 Mais ça fait longtemps que je n'ai pas vu le 2.
01:21:57 Dans le 2, il part avec sa voiture à un moment donné,
01:22:00 il se fait attaquer par les pirates de la route,
01:22:03 la voiture est détruite,
01:22:06 il revient au camp avec le mec en hélico,
01:22:09 et après il repart avec le camion, donc la voiture est détruite.
01:22:12 C'est un élément important, la voiture au début du film,
01:22:15 puisque quand il veut négocier avec les membres de la raffinerie,
01:22:18 il négocie pour avoir de l'essence,
01:22:21 pour repartir,
01:22:24 donc la voiture a un rôle important,
01:22:27 mais quand il s'en va, la voiture est détruite,
01:22:30 et à la fin du film,
01:22:33 la voiture n'a plus de rôle,
01:22:36 et dans le 3e épisode,
01:22:39 l'intercepteur ne conduit plus,
01:22:42 il est avec un autre véhicule,
01:22:45 tracté par des dromadaires.
01:22:48 Dans l'imaginaire collectif,
01:22:51 Mad Max est associé à ce véhicule,
01:22:54 mais au final,
01:22:57 il a un rôle très important,
01:23:00 on a cette image de Max qui conduit sa voiture,
01:23:03 mais elle n'est pas...
01:23:06 Max peut exister sans,
01:23:09 et Miller l'a prouvé plusieurs fois dans la saga.
01:23:12 - Comme je le disais,
01:23:15 le film détruit le personnage,
01:23:18 et il va peu à peu se reconstruire,
01:23:21 au début, il a les cheveux longs,
01:23:24 il a la barbe,
01:23:27 il se fait capturer, l'intercepteur est détruit,
01:23:30 ensuite, rasage, coupe de cheveux,
01:23:33 on va le prendre comme sac de sang,
01:23:36 on va lui mettre cette muselière,
01:23:39 qu'il va porter pendant un moment,
01:23:42 on retrouve le côté animal,
01:23:45 et ensuite, il va récupérer sa veste,
01:23:48 donc Mad Max va se reconstruire,
01:23:51 et au début, il va s'opposer à Furiosa,
01:23:54 et ses camarades,
01:23:57 pour finalement devenir amis.
01:24:00 Le film nous fait une reconstruction de personnage,
01:24:03 sans tomber dans le "je n'étais pas bien,
01:24:06 la vie est magnifique",
01:24:09 mais il y a vraiment une reconstruction du personnage,
01:24:12 et à un moment donné,
01:24:15 Max va dire à l'équipe de Furiosa,
01:24:18 "voilà ce qu'il faut faire pour revivre",
01:24:21 moi qui ne le dis pas, je vais vous dire comment.
01:24:24 - Là où Miller est intelligent,
01:24:27 c'est qu'il prend l'élément central du personnage de Max,
01:24:30 à partir du deuxième film,
01:24:33 qui est la survie,
01:24:36 le but de Max, c'est de survivre dans cet univers,
01:24:39 et si possible de manière solitaire,
01:24:42 même si il a des aventures qui le confronteront à différentes communautés.
01:24:45 Et dans Fury Road,
01:24:48 effectivement, au départ,
01:24:51 il a ce côté animal,
01:24:54 et il va retrouver, peu à peu,
01:24:57 une attitude plus humaine,
01:25:00 même s'il reste un personnage violent pendant tout le film,
01:25:03 mais d'apparence, il devient plus...
01:25:06 On découvre au fur et à mesure son visage,
01:25:09 et dans les autres films,
01:25:12 on retrouvait ça aussi,
01:25:15 c'est pour ça que je disais que la structure des trois derniers films,
01:25:18 est assez commune,
01:25:21 il ne veut communiquer avec personne,
01:25:24 et les circonstances vont l'obliger à travailler avec les autres,
01:25:27 que ce soit dans le 2, avec les membres de la raffinerie,
01:25:30 pour récupérer de l'essence,
01:25:33 et au final, il se sentira obligé de collaborer avec eux,
01:25:36 pour les aider à transporter l'essence.
01:25:39 Dans le 3e, il veut récupérer son véhicule en allant à Barter Town,
01:25:42 et ensuite en combattant dans le Dôme du Tonnerre,
01:25:45 et il est prêt à mourir,
01:25:48 il est tout proche de la mort dans le désert,
01:25:51 il est sauvé par les enfants,
01:25:54 donc là, il rencontre à nouveau une autre communauté,
01:25:57 qui va l'aider à une manière presque onirique,
01:26:00 encore un peu mystique,
01:26:03 dans sa dernière partie du Dôme du Tonnerre,
01:26:06 donc il va aussi retrouver un peu de son humanité,
01:26:09 et effectivement, dans le 4,
01:26:12 il y a aussi cette évolution,
01:26:15 qui est faite presque naturellement,
01:26:18 parce que Max ne la provoque pas,
01:26:21 par exemple, quand il collabore avec Furiosa,
01:26:24 au départ, il ne veut pas collaborer avec elle,
01:26:27 il veut lui piquer son camion,
01:26:30 et comme elle a mis un code pour qu'elle soit la seule à pouvoir piloter le camion,
01:26:33 il est obligé de collaborer avec elle.
01:26:36 Le basculement du film, pour le personnage,
01:26:39 il se fait quand Furiosa comprend que cette fameuse terre promise
01:26:42 qu'elle recherchait n'existe pas,
01:26:45 et elle veut avec les motos parcourir pendant des dizaines de jours
01:26:48 un désert de sel,
01:26:51 et là, Max lui dit au début que non, il ne viendra pas avec lui,
01:26:54 l'espoir est un leurre, il n'y arrivera pas,
01:26:57 et puis le lendemain matin, il finit par les rejoindre,
01:27:00 pour lui dire que le seul moyen,
01:27:03 c'est de retourner à la citadelle, de conquérir la citadelle,
01:27:06 donc là, c'est vraiment le moment d'un rôle pivot dans le scénario,
01:27:09 c'est-à-dire que là, vraiment, c'est lui qui oriente l'histoire,
01:27:12 et qui va les pousser à retourner à la citadelle,
01:27:15 et c'était déjà un peu le cas dans le troisième film,
01:27:18 c'est-à-dire que dans Mad Max 3,
01:27:21 au départ, il ne veut pas s'occuper des enfants,
01:27:24 parce que les enfants pensent que c'est l'élu qui est venu les aider,
01:27:27 qui est venu les sauver, il essaie de faire comprendre que ce n'est pas le cas,
01:27:30 finalement, il était obligé d'aller sauver les enfants qui sont partis dans le désert,
01:27:33 et pour s'en sortir, ils vont devoir retourner à Barter Town,
01:27:36 qui était l'endroit que lui voulait quitter,
01:27:39 et un peu comme dans Mad Max 4, il retourne à l'endroit dont il voulait s'échapper,
01:27:42 et c'est le seul moyen de retrouver un semblant de vie,
01:27:45 un semblant d'humanité.
01:27:48 - Alors, il y aurait plein de choses à dire là-dessus,
01:27:51 mais je pense qu'on va partir ensuite sur un personnage qu'on a assez peu développé,
01:27:54 et qui pourtant est très important, évidemment, Furiosa,
01:27:57 Furiosa interprétée par Charlize Theron, qui est, je trouve, incroyable.
01:28:00 Bon, ce n'est pas la première fois qu'elle le fait,
01:28:03 mais c'est une femme qui est plutôt reconnue, chacun ses goûts,
01:28:06 mais reconnue pour sa beauté, qui encore une fois, ne mise pas du tout là-dessus,
01:28:09 dans un rôle très physique,
01:28:12 et qui, je trouve, compte un personnage absolument mémorable, à vie personnelle.
01:28:15 - Elle dit que quand on lui a proposé de jouer dans Mad Max,
01:28:20 avant de voir les images, et avant de voir ce que le film allait être,
01:28:26 au départ, elle s'est dit "on va me faire jouer la jolie fille dans Mad Max,
01:28:29 ça ne m'intéresse pas",
01:28:32 et la qualité du personnage, évidemment, a changé d'avis.
01:28:35 Clairement, c'est un personnage qui est dans la lignée des Ripley dans Alien,
01:28:43 des Sarah Connor dans Terminator,
01:28:46 et d'ailleurs, on peut même considérer que c'est le personnage principal du film,
01:28:52 parce que c'est elle qui déclenche l'histoire,
01:28:55 tout démarre de son désir de s'affranchir du tyran qu'est Immortan Joe,
01:29:04 et de partir avec les cinq épouses,
01:29:07 et en fait, Max, il arrive là-dedans, il n'a rien demandé,
01:29:10 et il va devoir collaborer avec elle,
01:29:13 et après, le récit fonctionne très bien dans cette collaboration,
01:29:16 et c'est évidemment aussi grâce à Max qu'elle va réussir à changer sa vie,
01:29:22 mais vraiment, le personnage principal, je pense, de ce film, ça reste Furiosa,
01:29:30 et d'ailleurs, Eric Blackney, qui est un des scénaristes à l'origine du film,
01:29:36 même s'il n'a pas participé à la suite de l'aventure,
01:29:39 il disait d'ailleurs, à Miller, "mais ton personnage principal c'est Furiosa,
01:29:44 tu veux faire un Mad Max, mais Max subit plus l'histoire qu'il ne la provoque",
01:29:50 et lui, il estimait que c'était un problème,
01:29:53 qu'on était certes dans l'univers de Mad Max,
01:29:57 mais qu'on ne racontait pas une histoire sur Max.
01:30:00 Je trouve que c'est au contraire, Miller s'en sort très bien,
01:30:04 malgré ce qu'on pourrait considérer comme un écueil,
01:30:07 mais je trouve que les deux personnages se retrouvent très bien,
01:30:11 et collaborent très bien, et moi, je n'ai aucun souci avec ça,
01:30:15 mais clairement, si on doit désigner un personnage principal du récit,
01:30:20 je pense que c'est Furiosa, et ce n'est pas un hasard,
01:30:23 si dans quelques mois, on aura un préquel qui s'appelle Furiosa,
01:30:27 c'est un personnage qui va permettre à la saga de prendre un autre virage,
01:30:38 même si on espère retrouver Max un peu plus tard,
01:30:41 mais si la Warner a misé sur un film qui s'appelle Furiosa,
01:30:47 c'est que le personnage a un potentiel suffisamment fort
01:30:51 pour que le studio prenne le risque de refaire confiance à Miller
01:30:56 sur un personnage qui n'est pas Max.
01:30:59 - Ce qui nous amène à un autre débat,
01:31:02 enfin déjà, pour continuer,
01:31:04 ce n'est pas pour rien aussi que le film s'appelle Fururo de Furiosa,
01:31:07 il doit y avoir un petit lieu comme ça,
01:31:10 mais beaucoup disent que le personnage principal c'est Furiosa,
01:31:14 et que Max se fait piquer son film.
01:31:16 Or, à part dans le premier, le Mad Max post-apo,
01:31:20 à partir du 2 et du 3,
01:31:22 Max n'a jamais été le héros de ses aventures,
01:31:25 c'est le principe du cowboy errant,
01:31:27 qui arrive quelque part, qui trouve une situation,
01:31:29 et qui va interagir avec cette situation avant de se casser,
01:31:32 et c'est exactement ce qu'il fait là.
01:31:34 Donc finalement, il n'est pas plus ou moins actif que dans les autres,
01:31:37 et en plus il a une part présente.
01:31:40 - Je pense qu'effectivement, dire ça, c'est vraiment manquer,
01:31:43 rater un des éléments essentiels de la saga,
01:31:47 dans le personnage de Max,
01:31:50 c'est que si Max pouvait éviter toutes les aventures possibles
01:31:57 et être le plus discret possible,
01:31:59 lui, il veut juste qu'on ne l'embête pas,
01:32:02 dans le 2, il veut vivre tout seul avec son chien,
01:32:05 dans le 3 avec ses dromadaires,
01:32:07 dans le 4 avec sa voiture,
01:32:09 il se trouve qu'il est embarqué dans des aventures,
01:32:11 et effectivement, il est obligé d'interagir.
01:32:13 Dans le 2 par exemple,
01:32:15 au départ, il n'a pas l'intention d'interagir avec les membres de la raffinerie,
01:32:21 et puis il rencontre le pilote du gyrocopter,
01:32:25 qui le menace,
01:32:27 et puis finalement, Max retourne de la situation,
01:32:29 et le pilote lui dit "tu sais, tu cherches de l'essence,
01:32:32 il y a une raffinerie, tu peux en trouver là-bas".
01:32:34 Max va faire un marché avec ses résidents de la raffinerie,
01:32:39 et quand il se rend compte que les résidents sont en danger,
01:32:43 et qu'il y a des méchants qui les menacent,
01:32:46 une fois qu'il a atteint son objectif,
01:32:48 il part avec son essence,
01:32:50 et puis voilà, point, il ne veut pas faire plus,
01:32:54 finalement il sera obligé de faire plus que ça.
01:32:57 Pareil dans le 3,
01:32:59 dans le 3 il va à Bartholomew parce qu'il veut récupérer son véhicule,
01:33:03 il est embarqué avec ce personnage d'entité joué par Tina Turner,
01:33:07 qui lui propose à nouveau un marché,
01:33:09 donc ça on a encore cette notion de marché,
01:33:11 et puis il atterrira dans cette communauté d'enfants
01:33:15 avec lesquels il sera obligé de collaborer,
01:33:18 et encore dans Mad Max 4,
01:33:22 il a affaire à Furiosa,
01:33:24 qui veut fuir Immortan Joe,
01:33:27 donc encore une fois Miller joue avec les codes de la saga,
01:33:31 qui sont celui d'un personnage solitaire,
01:33:33 qui est embarqué dans des aventures qu'au départ ne maîtrise pas,
01:33:36 et dont le rôle va finalement être majeur,
01:33:39 c'est lui qui va avoir un rôle capital dans l'histoire de base,
01:33:43 qui n'est pas effectivement son histoire,
01:33:46 du coup les gens qui disent "oui mais c'est Furiosa le personnage principal",
01:33:50 et alors ça ne fait que mettre en avant les qualités de ce personnage de Max,
01:33:56 qui est un personnage discret,
01:33:58 qui doit forcer un peu son caractère pour avoir un vrai rôle dans l'histoire,
01:34:04 et ça marche très bien,
01:34:07 Miller réussit complètement son coup,
01:34:10 ce qu'on disait tout à l'heure,
01:34:12 en racontant un peu la même histoire,
01:34:14 mais en réinterprétant toujours le mythe de manière un peu différente,
01:34:18 et moi je trouve ça pas du tout gênant,
01:34:22 au contraire, d'avoir un nouveau personnage qui est Furiosa,
01:34:25 qui est très bien écrit, très bien interprété,
01:34:28 qui est un excellent personnage,
01:34:31 donc je peux comprendre les gens qui disent "Max est un peu au second plan",
01:34:40 j'entends le discours,
01:34:43 mais pour moi ce n'est pas un discours qui se tient par rapport à ce que Miller voulait faire,
01:34:48 c'est à dire continuer à exploiter un personnage de Max,
01:34:52 qui veut d'abord évoluer en arrière-plan,
01:34:55 et qui par la force des choses est obligé d'agir.
01:34:59 - Avant de parler d'autres sujets que je trouve intéressants,
01:35:03 on va parler d'un truc,
01:35:05 il y a la bande-annonce de Furiosa, le préquel qui est sorti,
01:35:08 et des gens ont déjà commencé à gueuler en disant "ça va être Woke", le grand mot.
01:35:13 J'ai envie de dire, ok, mais vous avez vu Furiosa ?
01:35:17 Alors, attention, on met ce mot de côté,
01:35:21 on va juste parler du film en lui-même,
01:35:23 c'est à dire, Fury Road, c'est un film féministe, clairement,
01:35:26 c'est des femmes qui le disent "on ne veut plus être des objets",
01:35:29 et qui décident d'échapper à leurs conditions par elles-mêmes,
01:35:32 et qui vont mener une révolte, grosso modo c'est ça.
01:35:35 Mais le film a aussi l'intelligence de faire qu'il y a des femmes fortes comme Furiosa,
01:35:39 il y a des femmes moins fortes comme les mères,
01:35:42 je ne sais plus si c'est comme ça qu'il faut dire, les mères,
01:35:44 qui accompagnent, et il y a des hommes forts comme Max,
01:35:48 et des hommes moins forts comme celui de Nux,
01:35:50 qui est donc le war boy qui va les accompagner,
01:35:53 et toute l'équipe va mieux fonctionner quand ils travaillent ensemble,
01:35:57 encore avec les femmes qu'ils trouvent dans le désert,
01:35:59 de là où vient Furiosa, etc.
01:36:01 Donc en fait le film est féministe, mais c'est un féminisme, j'ai envie de dire,
01:36:04 loin de certains courants qu'on a eu par la suite,
01:36:06 où si on est féministe et que tous les hommes c'est de la merde,
01:36:08 non, le film est beaucoup plus intelligent,
01:36:10 et beaucoup plus construit à ce niveau-là.
01:36:12 Quand Furiosa et Max se tapent dessus,
01:36:14 on a clairement, j'ai envie de dire, cette image-là,
01:36:16 où on a une Furiosa qui est ultra badass,
01:36:18 et qui franchement, elle ne rigole pas,
01:36:20 elle a deux doigts de le trucider deux, trois fois,
01:36:23 j'ai envie de dire que Max gagne ce combat d'une certaine manière,
01:36:26 il se permet de gagner le camion,
01:36:28 mais du coup il est quand même obligé de faire équipe.
01:36:30 Donc en réalité, c'est une égalité parfaite, j'ai envie de dire.
01:36:33 Moi je trouve ce film à ce niveau-là absolument incroyable
01:36:35 dans la gestion de ce sujet. Qu'est-ce que tu en penses ?
01:36:38 En fait, Miller, il a toujours dit qu'on peut voir des échos politiques
01:36:45 ou même sociaux dans la saga Mad Max.
01:36:48 Je pense que dans le premier, c'est un film qui est très marqué,
01:36:52 qui a une vraie identité australienne,
01:36:54 on ne va pas tout développer,
01:36:56 mais je pense qu'un certain Melvin Zett serait beaucoup plus pointu sur ce sujet.
01:37:04 On a déjà fait une vidéo sur le premier Mad Max,
01:37:06 qui dure je crois que trois heures.
01:37:08 Je vous conseille, si vous êtes un fan de Mad Max,
01:37:10 il faut absolument acheter son livre, c'est assez exceptionnel.
01:37:14 Je ferme la parenthèse.
01:37:17 En fait, il a toujours dit qu'il prenait des éléments de l'actualité.
01:37:23 Par exemple, quand il y a les chocs pétroliers dans les années 70,
01:37:28 il s'est dit "tiens, je vais utiliser le thème de l'essence pour le mettre dans mon film".
01:37:34 Pour autant, il ne dit pas "attention, énergie fossile, on part vers l'apocalypse".
01:37:46 En fait, il montre certes une dystopie, mais il ne dit pas
01:37:49 "attention, ce que je vous montre là, c'est ce qu'on va vivre dans quelques années,
01:37:52 et il faut absolument l'éviter".
01:37:53 Lui, il montre un décor, il raconte une histoire,
01:37:56 et effectivement, il prend des éléments de la société dans laquelle il vit.
01:38:00 La société, il le transpose dans un univers fictionnel.
01:38:03 Mais pour autant, ce ne sont pas des films politiques.
01:38:05 On peut tout à fait les interpréter de manière politique et sociale,
01:38:08 mais ce n'est pas le but à la base de Miller.
01:38:10 On le retrouve aussi, peut-être de manière encore plus évidente,
01:38:15 dans ce quatrième épisode.
01:38:17 Par exemple, là, il ne traite plus de l'essence, mais de l'eau.
01:38:21 Effectivement, les questions de l'eau se posent de manière prégnante aujourd'hui.
01:38:26 Et concernant les rôles des personnages féminins,
01:38:29 si on voit le film aujourd'hui, on peut se dire
01:38:34 "Tiens, Miller, il a bien surfé sur la vague Me Too,
01:38:38 sauf que le film sort en 2015, c'est avant la vague Me Too".
01:38:41 Je ne veux pas dire que Miller est un précurseur,
01:38:44 parce que lui n'aimerait pas ce mot-là,
01:38:46 mais Miller, lui, il a dit "Non, mon histoire, c'était pour raconter
01:38:52 comment l'homme est proche de son extinction,
01:38:57 comment je vais pouvoir raconter ça ?
01:39:00 Je vais mettre en scène un tyran qui veut profiter de jeunes femmes
01:39:06 pour avoir des enfants.
01:39:08 Ces jeunes femmes vont se rebeller,
01:39:10 elles vont trouver une solution pour quitter cet environnement
01:39:14 qu'elles ne peuvent plus supporter.
01:39:16 À partir de là, je raconte une histoire où les femmes sont au centre du récit.
01:39:20 Après, les gens font les interprétations qu'ils veulent sur cette chose-là.
01:39:24 S'il y a des gens qui trouvent que Max est moins présent,
01:39:29 et que ça ne leur plaît pas, c'est leur droit.
01:39:32 Mais au final, la façon dont Miller intègre tout ça dans son récit,
01:39:36 elle est absolument parfaite, dans le sens où c'est l'histoire
01:39:39 qu'il a envie de raconter.
01:39:41 Il a envie de raconter l'histoire de Furiosa qui veut sauver ses cinq épouses
01:39:46 de la tyrannie d'Immortan Joe.
01:39:49 Et qu'est-ce qu'elles vont faire pour s'en sortir ?
01:39:53 Toutes ces femmes fuient, c'est une course poursuite.
01:39:56 Max va arriver et va essayer de les aider.
01:39:59 On peut voir des petits détails dans le film,
01:40:03 où on peut se dire qu'il y a des luttes entre les hommes et les femmes.
01:40:09 Par exemple, quand elles atteignent la fameuse Terre Promise,
01:40:16 où elles rencontrent ce clan de femmes,
01:40:20 quand elles aperçoivent Max et Nux,
01:40:25 tout de suite elles ont une réaction de recul.
01:40:27 "Mais c'est qui ces hommes ?"
01:40:29 Furiosa est obligée de dire "Non, t'inquiète pas, on peut leur faire confiance."
01:40:32 Donc oui, il y a ça dans le film.
01:40:35 Mais est-ce que ça veut dire que Miller a voulu dire
01:40:38 "Oui, les hommes, on est tous des violeurs en puissance et pouvoir aux femmes."
01:40:45 Non, c'est un peu plus complexe que ça.
01:40:47 Mais heureusement que c'est plus intelligent que ça.
01:40:52 Et tant mieux si ça apparaît comme un film féministe.
01:40:56 C'est très bien.
01:40:58 En aucun cas, ça n'empêche au film d'être un monument du film d'action,
01:41:03 bien au contraire.
01:41:06 Je pense qu'il ne s'est même pas posé la question.
01:41:09 Il s'est dit "Moi j'ai ces personnages-là, je les fais exister."
01:41:12 Et il a prouvé vraiment qu'avec cette histoire-là,
01:41:19 il pouvait effectivement peut-être faire une histoire féministe,
01:41:24 si les gens ont envie de la voir comme une histoire féministe.
01:41:26 Et surtout raconter une histoire qu'il avait envie de raconter.
01:41:29 Je vois les choses comme ça.
01:41:31 Et si certains ou certaines veulent utiliser le film
01:41:34 comme un manifeste du féministe, très bien.
01:41:36 Je pense que George Miller n'est pas du tout contre cette idée-là.
01:41:39 Et le fait qu'il fasse un film désormais qui s'appelle "Furiosa",
01:41:42 il y a peut-être un peu de ça aussi.
01:41:44 Mais ce n'était pas du tout l'idée de base de George Miller.
01:41:48 Donc je pense qu'il ne faut pas surinterpréter les films.
01:41:54 George Miller, encore une fois, il a écrit son histoire bien avant la vague Me Too.
01:42:03 Et que son film ait cet écho-là aujourd'hui,
01:42:06 ça ne fait que prouver l'intelligence de son récit et de sa mise en scène.
01:42:12 D'ailleurs, la relation entre Max et Furiosa, il n'y a jamais de sexualisation.
01:42:18 C'est plus un buddy movie, j'ai envie de dire, entre les deux.
01:42:21 C'est-à-dire qu'on ne s'aime pas et puis finalement on collabore.
01:42:24 Alors, c'est les épouses, pas les mères.
01:42:26 Elle aussi, on pourrait sexualiser de la manière dont elle se soit habillée,
01:42:29 mais jamais elle ne fait ça.
01:42:31 Et même, il y a un moment que j'ai trouvé assez touchant,
01:42:33 parce que c'est ça qui est fort dans le film,
01:42:34 c'est rempli d'action, tout le monde est d'accord là-dessus.
01:42:36 Il y a quand même de l'humanité.
01:42:37 Quand le war boy, il n'est pas bien, parce qu'en gros, il a tout gâché.
01:42:41 C'est une des épouses qui est gentille avec lui et tout.
01:42:44 Et puis tout d'un coup, ça le touche.
01:42:46 Parce qu'il ne faut pas oublier que les war boys, comme les épouses,
01:42:50 sont traités comme des objets.
01:42:52 C'est-à-dire que le war boy, tu vas à la guerre,
01:42:54 tu sois les témoins et puis tu te suicides.
01:42:56 En gros, grosso modo, tu as une vie courte, tu ne sers à rien d'autre.
01:42:59 Tu es un war boy, tu es un larbin.
01:43:01 Et les mères aussi, enfin les épouses, je vais y arriver avec le temps.
01:43:05 Les épouses aussi.
01:43:06 Et donc, le fait que justement, il y ait une de ces épouses
01:43:09 qui remonte le moral du war boy,
01:43:11 qu'après, ils reprennent un peu joie à la vie,
01:43:13 moi, je trouve ça magnifique.
01:43:15 - Les personnages sont bien écrits dans le sens où Miller sait,
01:43:20 je pense, où il veut les emmener dès le départ.
01:43:22 C'est-à-dire qu'il veut les emmener d'un point A à un point B.
01:43:28 Et par exemple, le personnage de Nux, je pense que c'est celui
01:43:31 qui évolue le plus dans le récit, qui est vraiment au départ,
01:43:34 il veut faire plaisir à Immortan Joe et il veut, comme un kamikaze,
01:43:38 se suicider de manière glorieuse pour lui faire honneur.
01:43:41 Et puis, un peu comme Max, il va être entraîné dans une aventure
01:43:45 qui est un peu qu'il dépasse et puis il va finir par comprendre
01:43:49 le point de vue de ses cinq épouses et de Furiosa.
01:43:55 C'est un personnage aussi vraiment très intéressant, Nux.
01:43:58 Mais dans la construction des personnages, Miller a mis
01:44:05 ce qu'il pouvait mettre en deux heures de temps.
01:44:07 Là aussi, sa qualité, c'est que parfois, il y a des réalisateurs
01:44:13 qui veulent dire trop de choses et comme ils veulent dire
01:44:16 trop de choses, ils le font de manière un peu trop rapide,
01:44:19 en deux heures, et au final, les personnages sont survolés.
01:44:21 Et là, on a des personnages qui, je trouve, ont le bon équilibre.
01:44:26 C'est-à-dire que certaines personnes vont pouvoir dire
01:44:29 "oui, mais c'est des personnages trop simples".
01:44:31 Oui, mais en deux heures, il faut mieux mettre en avant
01:44:35 des personnages "un peu plus simples" dont on comprend l'évolution
01:44:38 plutôt que d'aller vers des chemins un peu plus tortueux
01:44:41 et au final, les survoler et de sortir de la salle en se disant
01:44:46 "oui, finalement, les personnages ne sont pas très bien écrits".
01:44:49 Et il n'y a pas un personnage qui est mal écrit dans ce film.
01:44:54 Même Immortanjo est intéressant, même les autres vilains,
01:44:59 ils ont un rôle excessif, mais ils sont là pour ça.
01:45:04 Il n'y a pas un personnage dont on se dit "oui, celui-là, bof".
01:45:08 Même les mères que l'on retrouve dans la partie du film,
01:45:12 celle qui a les graines, c'est un personnage très symbolique
01:45:16 et qui a un avenir auquel on peut espérer.
01:45:20 Je trouve que Miller a mis la bonne dose de tout ce qu'il fallait
01:45:23 dans chacun des personnages pour construire un récit
01:45:28 qui garde le côté nihiliste de la saga.
01:45:32 Et en même temps, il y avait aussi ça dans les autres épisodes,
01:45:35 il y a quand même un côté espoir, c'est-à-dire qu'on est dans une dystopie
01:45:42 avec une humanité qui semble courir à sa fin,
01:45:46 mais il y a toujours un espoir qui demeure.
01:45:49 Je pense que c'est capital pour Miller.
01:45:53 - Justement, en parlant, je me disais qu'il y a une réhumanisation.
01:45:56 On a parlé de Max qui se reconstruit, mais finalement,
01:45:58 tous les personnages apprennent à vivre avec les autres,
01:46:01 à travailler ensemble pour reconstruire une nouvelle citadelle à l'arrivée,
01:46:04 ou pour construire un lendemain meilleur.
01:46:07 C'est beau. C'est pour ça que quand on me dit que le film raconterait un,
01:46:09 je suis désolé.
01:46:11 - C'est marrant pour l'anecdote, au départ, le film ne devait pas se terminer comme ça.
01:46:15 Quand c'était Mel Gibson qui jouait encore Max,
01:46:20 ils avaient l'intention de faire monter Max sur la plateforme avec Furiosa
01:46:27 et avec les épouses.
01:46:30 Une des épouses devait se colorer en bleu,
01:46:34 à l'époque où le personnage des Mortenjo est encore en bleu,
01:46:36 pour montrer qu'elle prenait le pouvoir,
01:46:38 que c'était elle maintenant qui allait diriger.
01:46:40 Max tournait son visage vers la caméra, vers le spectateur,
01:46:45 avec un regard disant "vous voyez, il y a un autre tyran qui prend la place du précédent tyran".
01:46:50 C'était beaucoup plus noir.
01:46:52 Pourquoi c'était comme ça ?
01:46:54 Parce que c'était censé clore le Mad Max version Mel Gibson,
01:46:59 car Mel Gibson, s'il l'avait interprété, savait que c'était la dernière fois qu'il le jouait.
01:47:02 Il y avait un côté beaucoup plus noir.
01:47:04 Quand ils se sont rendus compte qu'ils allaient jouer avec un Mad Max plus jeune,
01:47:09 ils ont voulu changer cette fin pour se dire qu'ils gardaient le côté solitaire de Mad Max
01:47:17 qui va s'enfuir seul, qui va partir seul,
01:47:20 et en même temps, on se donne l'opportunité de retrouver ce personnage un peu plus tard.
01:47:24 Cette fin-là, elle me plaît bien aussi.
01:47:28 Enfin, elle me plaît bien, dans l'autre sens.
01:47:30 Ce n'est plus ce que ça raconte,
01:47:32 mais le fait que quelqu'un d'autre prend le pouvoir,
01:47:35 et après, en prenant le pouvoir, ça devient intérrant,
01:47:38 et l'histoire se répète. J'adore ce moment-là.
01:47:40 Mais j'aime bien aussi le côté positif de la fin qu'on a là.
01:47:43 On ne va pas lui cracher dessus.
01:47:45 Du coup, je voulais revenir aussi sur le traitement de ce qu'on appelle le world building en science-fiction.
01:47:51 Parce que, globalement, l'idée de Mad Max,
01:47:54 tout le monde l'a, comme j'ai dit, on a adapté des hommes.
01:47:56 Moi, j'avais un pote, il était fan d'Hokuto No Ken.
01:47:58 Il m'a dit « Ouais, il paraît qu'il s'inspirait d'un film, un truc. »
01:48:01 Je lui ai dit « Ben, Mad Max. »
01:48:02 « Tu sais quoi ? Mad Max. »
01:48:03 « Ouais, ouais, ouais, je crois que c'est ça. »
01:48:05 « Tu crois que c'est ça ? Tu connais pas Mad Max, mec. »
01:48:08 « Putain, t'es sérieux ? »
01:48:10 Bref, pour dire que tout le monde connaît d'une manière ou d'une autre.
01:48:13 Et ce que je trouve très intéressant, c'est le traitement de la citadelle.
01:48:18 Parce que, là, encore une fois, ce n'est pas raconté.
01:48:22 Il y a des mots qui sortent comme ça.
01:48:25 Et par ces mots, et par ce qu'on voit,
01:48:27 on crée tout un univers qui est assez flou pour être fantasmé, mais assez clair.
01:48:32 Par exemple, un truc tout bête, le fait que les personnages prennent les volants des voitures.
01:48:36 Ce n'est pas des clés. Ils n'ont pas les clés. Ils ont les volants.
01:48:38 Ce n'est plus visuel pour dire qui conduit, qui ne conduit pas.
01:48:41 Les War Boys qui se frappent la gueule et qui veulent mourir pour aller au Valhalla.
01:48:44 Un truc des Vikings. Qu'est-ce que ça vient faire là ?
01:48:46 L'aquacola. L'aquacola, quoi.
01:48:48 C'est quoi ce nom ?
01:48:50 Mais c'est génial.
01:48:51 Parce que ça veut dire qu'ils contrôlent ça un peu de manière…
01:48:54 Ils disent « Non, ne devenez pas dépendants. »
01:48:57 Donc, il y a tout un aspect.
01:48:59 Il y a Immortanjo et tout ça qui sont en hauteur.
01:49:02 Les autres sont en bas.
01:49:04 Là, évidemment, on a de la culture.
01:49:06 Ça fait métropolis, voyons.
01:49:08 Et pour monter, comme on est dans un monde où l'énergie est rare,
01:49:12 qu'est-ce qu'on fait ? On fait une espèce de plateforme,
01:49:14 qu'on a dit qu'on monte, mais on la monte à la sueur du bras.
01:49:17 Et ça crée une différence entre ceux qui sont en haut et ceux qui sont en bas.
01:49:20 Parce que ceux qui sont en bas ne peuvent pas monter.
01:49:22 Je trouve qu'il y a tout un univers.
01:49:24 Je profite aussi.
01:49:25 Le nom des villes, on les nomme presque par leur fonction.
01:49:28 Est-ce que c'est le vrai nom de ces villes ou un peu comme à une époque ?
01:49:31 Et encore de nos jours, il y a des villes, on les appelle d'une certaine manière.
01:49:34 Dans le pays, ils ne les appellent pas comme ça.
01:49:36 Là, tout de suite, l'exemple que j'ai, c'est un pays, c'est la Croatie,
01:49:39 qui ne s'appelle pas du tout comme ça en croate.
01:49:41 Ça ressemble vaguement.
01:49:43 Je trouve qu'il y a vraiment tout un univers
01:49:45 qui construit super efficacement pour donner vie à plein de choses
01:49:48 et beaucoup d'informations indirectes.
01:49:50 En fait, c'était déjà présent dans les autres épisodes de la saga.
01:49:55 George Miller cherche à jouer un peu avec les archétypes.
01:49:58 Il n'a jamais caché qu'à partir du deuxième film,
01:50:05 il joue avec le monomythe de Joseph Campbell,
01:50:09 qui est un auteur qui a écrit plusieurs livres,
01:50:14 notamment "Le héros au milléen visage",
01:50:17 qui part du principe qu'il y a des mythes différents dans toutes les cultures,
01:50:22 et qu'il y a des points communs, et qu'en fait, tous ces mythes se rapprochent.
01:50:26 C'est un auteur aussi qui a influencé George Lucas pour Star Wars.
01:50:30 En fait, Miller joue avec ça, c'est-à-dire qu'il va créer des archétypes.
01:50:36 Max est un archétype d'anti-héros,
01:50:39 les méchants, c'est des archétypes,
01:50:43 Immortan Joe, c'est l'archétype du méchant qui soumet son peuple.
01:50:48 Mais, là où Miller a beaucoup de talent,
01:50:54 il se dit "qu'est-ce que je peux faire avec ces archétypes ?
01:51:00 Comment je vais faire pour créer mon mythe à moi visuellement ?"
01:51:03 Et là où il est vraiment fort, c'est qu'il prend des risques.
01:51:06 Par exemple, dans le deuxième film,
01:51:09 faire des méchants influencés par le côté punk,
01:51:13 il fallait quand même oser.
01:51:16 C'est-à-dire qu'un méchant avec une crête rouge,
01:51:19 un billet de cuir, et un chef des méchants avec un masque de hockey,
01:51:24 et un slip clouté, pour être pris au sérieux,
01:51:28 il faut quand même oser.
01:51:30 Et en fait, ça marche.
01:51:32 Et tout ça, tout le côté esthétique de la saga,
01:51:35 il est extrêmement important.
01:51:38 Et il y a plein de petites idées comme ça.
01:51:40 Par exemple, tu disais les volants avec ce fameux logo,
01:51:44 avec une tête de mort et des flammes.
01:51:47 Il parsème vraiment toute la saga,
01:51:50 et peut-être encore plus sur Hero de ça,
01:51:52 notamment à travers les véhicules.
01:51:54 Et en même temps, il met des éléments que tout le monde peut comprendre.
01:51:57 C'est-à-dire que l'eau qui ruisselle,
01:52:00 ça veut dire que, voilà,
01:52:03 Immortan Joe, c'est le chef parce que c'est lui qui possède l'eau.
01:52:06 Il a une serre où il fait pousser des plantes au sommet dans son repère.
01:52:12 Et donc, il a toute la cohorte de Warboys qui sont à son service.
01:52:19 Donc, la force de Miller, c'est qu'il joue avec les archétypes,
01:52:24 mais qu'il les utilise de manière, je ne vais pas dire,
01:52:30 c'est un mot un peu fort, mais des fois, il y a un côté grotesque,
01:52:33 mais qui marche très bien.
01:52:36 C'est-à-dire qu'on pourrait vite tomber dans le ridicule,
01:52:39 et au final, ça donne une puissance très moderne à son récit.
01:52:44 - Oui, mais par exemple, si tu prends Humungus, le méchant du 2,
01:52:49 et tu prends Immortan Joe,
01:52:52 mais sur Humungus, c'est assez parlant,
01:52:54 parce que justement, comme tu as dit, ça a l'air d'être un gros bras.
01:52:56 Tu imagines bien dans le stéréotype, le gros bras un peu débile.
01:52:58 En fait, le mec, il est super intelligent.
01:53:00 Quand il prend le micro, il négocie,
01:53:03 "Bon, on vous laisse quelques jours", et tout, ça contredit l'image.
01:53:06 Et Immortan Joe, c'est peut-être moins marqué à ce niveau-là,
01:53:09 mais c'est quand même un personnage qui doit être très intelligent
01:53:12 pour justement réutiliser toutes les connaissances, on va dire,
01:53:14 de l'ancien monde pour créer sa société comme ça.
01:53:19 Moi, je trouve ça super.
01:53:21 - Oui, je pense que dans "Fury Road", on raconte,
01:53:24 on montre plutôt le côté complètement fou et tirant du personnage.
01:53:32 Et je pense que le personnage revient dans "Fury Road".
01:53:36 Et ça va être intéressant de voir aussi
01:53:38 comment il est devenu ce personnage-là,
01:53:40 comment effectivement il a maîtrisé les connaissances de l'ancien monde
01:53:47 et les vestiges de l'ancien monde
01:53:49 pour devenir ce personnage qui domine les autres.
01:53:54 On le retrouve d'ailleurs un peu ça,
01:53:56 de manière un peu moins évidente, pardon,
01:53:59 mais dans "Mad Max 3" où Antithée aussi,
01:54:03 elle essaye d'avoir un peu la mamie sur Barter Town,
01:54:08 mais il n'y arrive pas totalement parce qu'elle a Master Blaster
01:54:11 dans le monde du dessous qui lui pose quelques soucis.
01:54:14 Mais il y a toujours ce côté dans "Mad Max",
01:54:19 ce côté de domination,
01:54:21 il y a toujours ceux qui dominent et ceux qui sont en dessous.
01:54:25 Et ça, ça fait partie, je pense,
01:54:27 un élément essentiel aussi dans la dystopie
01:54:30 que Miller veut mettre en avant
01:54:32 et qu'il a commencé à développer, surtout dans le deuxième film.
01:54:35 - Et tu as parlé de Campbell, je pense que là c'est clair.
01:54:39 C'est déjà le cas dans le 3, Barter Town, on quitte, on revient.
01:54:42 Même dans le 2, on quitte la raffinerie, on revient finalement.
01:54:45 Mais là, on a vraiment cette idée de "je quitte le problème"
01:54:48 et finalement, on dit "quitte pas le problème, affronte-le".
01:54:52 Et on a le retour, le voyage du héros qui revient, transformé.
01:54:55 - Oui, et puis c'est une allégorie de Max aussi, un peu je pense,
01:55:01 qui en fait depuis la fin du premier film,
01:55:05 fuit un peu son traumatisme,
01:55:07 c'est-à-dire qu'il est devenu ce personnage
01:55:09 parce qu'il a perdu sa femme et son enfant
01:55:11 et finalement qu'il n'ose pas trop affronter ça.
01:55:14 Et d'ailleurs, dans le deuxième film,
01:55:16 le personnage de le chef des résistants lui dit à un moment,
01:55:20 "mais tu es un chat rognard, on a tous perdu des gens, on a tous souffert,
01:55:24 et toi tu vis des restes de ce monde".
01:55:27 Il essaie de lui faire prendre conscience de ça
01:55:31 et en fait Max réagit de manière un peu violente et il s'en va.
01:55:35 Et le fait aussi de retourner là où tout a commencé,
01:55:40 je pense que c'est effectivement une sorte de métaphore de Max
01:55:44 qui lui va essayer de renouer avec lui-même
01:55:48 et de se réconcilier avec la personne qu'il était.
01:55:51 Donc il y a une forme de cycle, de cercle que Miller a...
01:55:55 Enfin c'est totalement volontaire de la part de Miller, bien sûr.
01:55:59 - Alors après, quand on voit le film la première fois,
01:56:01 je comprends que ça puisse déboussoler, dire "attends, ils sont partis en incense,
01:56:03 là tu fais juste un retour, t'es sérieux ?"
01:56:05 Mais il y a une logique derrière.
01:56:07 Maintenant j'ai une question à te poser, vraiment,
01:56:09 parce que c'est une scène qui est presque "too much" dans le film.
01:56:11 Tu sais la scène en mode nuit américaine,
01:56:13 où justement il y a le mec qui débarque avec le requiem de Verdi,
01:56:16 et puis il y a un moment où Max fait "je reviens", il part, il revient,
01:56:20 puis genre il a flingué tout le monde, il a tué tout le monde.
01:56:22 Comment tu vois cette scène ?
01:56:24 - Je pense que là, Miller il s'est dit
01:56:29 "Allez, je vais montrer à quel point Max peut être un peu badass".
01:56:33 Et puis là je pense qu'il joue un peu avec les codes du héros,
01:56:36 c'est-à-dire qu'il dit "je vais montrer que Max a peur de rien".
01:56:44 Et puis je pense que dans cette scène-là,
01:56:46 à la fois il montre le côté badass de Max,
01:56:48 et puis il y a peut-être aussi le côté presque,
01:56:51 le moins un peu fort, mais presque suicidaire du personnage.
01:56:54 Finalement il n'a pas grand-chose à perdre,
01:56:56 et puis il se dit "je vais y aller,
01:56:59 de toute façon on ne peut faire que comme ça si on veut continuer à avancer,
01:57:02 donc peut-être que je vais y rester, mais j'y vais".
01:57:04 Et le fait que Miller ne montre pas la scène,
01:57:07 évidemment quand il revient il y a un côté presque, un petit peu héroïque.
01:57:12 Je pense qu'il a tellement montré Max dans des positions parfois un peu faibles,
01:57:19 et qui subissait un peu les situations dans le film,
01:57:23 qu'il est aussi obligé de contrebalancer avec des séquences,
01:57:26 avec des moments où Max montre que si on l'appelle le guerrier de la route,
01:57:30 ce n'est pas pour rien non plus.
01:57:32 Il y avait de la route chose qui se fait tatouer au début,
01:57:35 quand il le tatoue au début il met "Lone Road Warrior" entre autres.
01:57:38 Ils disent qu'il a aussi des bons yeux, "good eyes",
01:57:41 et qu'il est zéro négatif.
01:57:43 D'honneur universel qui permet d'aboutir à l'une des dernières scènes avec Furiosa évidemment.
01:57:50 Et d'ailleurs son nom dans le film, si je ne dis pas de bêtises,
01:57:53 Max ne le dit qu'à la fin justement à Furiosa.
01:57:56 Absolument, ça c'est un moyen d'affirmer le fait
01:58:01 qu'il fait confiance à Furiosa.
01:58:04 Parce que jusqu'ici il y a un peu de méfiance dans le film.
01:58:09 Et là le fait qu'il lui transfuse son sang,
01:58:14 et qu'en plus il lui donne son prénom,
01:58:17 c'est pour acter le fait qu'il se fait confiance à un autre.
01:58:23 Et pour moi ça va aussi dans le sens de cette réhumanisation.
01:58:27 Absolument, complètement.
01:58:29 Je deviens le mec.
01:58:32 J'avais plein d'autres trucs à dire.
01:58:35 Comme tu as dit, pour moi la scène de la nuit américaine
01:58:38 c'est vraiment aussi un côté iconisation du personnage à fond la caisse.
01:58:43 Je pense aussi que visuellement, le côté bleu de toute cette séquence,
01:58:49 il y a aussi une logique, une sorte de continuité esthétique chez Miller.
01:58:54 On le retrouve un tout petit peu dans Mad Max 2,
01:58:59 quand il observe la raffinerie au début du film.
01:59:02 Et puis il y a une scène aussi, qui dure juste quelques secondes,
01:59:06 dans Mad Max 3, où les enfants dorment sur le sable.
01:59:10 Et en fait il y a un enfant qui dit "Vite, venez voir"
01:59:13 et il voit les lumières au loin de Bartheltown,
01:59:15 et on est dans ce côté bleuté aussi.
01:59:18 Donc ça donne aussi une certaine continuité à la saga,
01:59:21 de voir cette scène en nuit américaine.
01:59:24 Et question, tu as vu la version en black and chrome ?
01:59:27 Je l'ai dans ma DVD tech, je ne sais pas comment on dit,
01:59:34 mais je ne l'ai pas encore regardée.
01:59:36 Je me suis toujours demandé ce que ça pouvait donner.
01:59:39 Il y a des plans, c'est évident, par exemple Furiosa,
01:59:42 elle a son maquillage en dégradé sur les yeux,
01:59:45 et certains plans sur les yeux, ça c'est évident.
01:59:48 Après, certains autres trucs, je ne suis pas certain.
01:59:51 Peut-être que ça aide aussi, parce qu'à la base,
01:59:53 je crois que c'est ce qu'il voulait faire, une version comme ça,
01:59:55 en noir et blanc.
01:59:56 Alors ça, je ne sais pas, je n'ai pas d'info sur le fait
01:59:58 qu'il voulait éventuellement tourner en noir et blanc.
02:00:00 De toute façon, je pense qu'il s'est permis ça,
02:00:02 parce que le film a bien marché.
02:00:04 Après, je pense que de toute façon, la Warner
02:00:06 ne l'aurait pas autorisé à tourner un film de cette ampleur,
02:00:09 en noir et blanc, enfin le sortir en noir et blanc.
02:00:12 D'ailleurs, au départ, il devait aussi tourner en 3D,
02:00:15 parce qu'évidemment, avec Avatar en 2009,
02:00:18 la mode de la 3D est revenue au premier plan.
02:00:21 Il avait l'intention de le faire, il y avait des tests
02:00:24 qui ont été faits, et puis il s'est rendu compte
02:00:26 que vu la manière dont il voulait tourner,
02:00:28 au milieu des cascades et tout, ça aurait été trop compliqué.
02:00:31 Donc, il a abandonné l'idée, mais le film a quand même
02:00:34 été converti en 3D après.
02:00:36 Mais le film, il y a une version 3D qui existe,
02:00:39 mais ce n'est pas une version native 3D.
02:00:42 - Bon, maintenant qu'on a expliqué tout ça,
02:00:45 on va quand même parler un petit peu des scènes d'action.
02:00:48 On ne va pas les décrire, mais tout ce qu'on a dit là,
02:00:51 c'est en plus d'un film qui, sur deux heures d'action,
02:00:54 doit bien avoir une heure d'action au moins,
02:00:57 si ce n'est pas plus. - Je pense même plus.
02:01:00 - Je ne voulais pas être trop gourmand, mais on va dire
02:01:03 qu'il y a un film d'action qui ne s'arrête jamais.
02:01:06 Et tout ça, c'est en plus de l'action.
02:01:09 Je pense que tu l'as dit, c'est les cascades
02:01:12 le plus possible réelles, même s'il y a des effets numériques.
02:01:15 Mais l'important, c'est qu'on ressente la cascade,
02:01:18 qu'on ressente la scène d'action.
02:01:21 Et avec ça, tu as très bien parlé du montage,
02:01:24 de la lisibilité de ces satanées scènes d'action.
02:01:27 Il y en a plein qui font des scènes d'action qui sont illisibles,
02:01:30 et ils sont là, et... il fait une scène d'action.
02:01:33 - Il y a deux éléments, effectivement, on pourrait rentrer
02:01:36 dans le cadre de ce film, mais je vais pas vous en parler.
02:01:39 Il y a deux choses qui résument assez bien le travail
02:01:42 de George Miller sur ce film.
02:01:45 C'est les pole cats, c'est-à-dire les perchistes
02:01:48 qui vont de droite à gauche.
02:01:51 Il avait eu cette idée-là en voyant une photo
02:01:54 dans un magazine, et il l'avait proposée à Bradan McCarthy.
02:01:57 Et il a dit "non, mais on va mettre des soldats sur des perches,
02:02:00 et ça va être des sortes de pirates de la mer".
02:02:03 Ils vont prendre des gens dans les véhicules,
02:02:06 et Miller s'est dit "oui, super idée, il faut que l'on développe ça".
02:02:09 Et la question c'était "est-ce qu'on peut faire ça en vrai ?".
02:02:12 C'est-à-dire, est-ce qu'on peut, quand les véhicules roulent,
02:02:15 faire vraiment des gens qui vont être sur des perches
02:02:18 et qui vont se pencher vers les véhicules ?
02:02:21 Au départ, Miller a dit "ça ne sera pas possible".
02:02:24 Et son équipe de techniciens a dit "il faut qu'on garde
02:02:27 les perches, on va les mettre sur des perches,
02:02:30 et on va essayer de le faire en vrai".
02:02:33 Il y a plein de thèses qui ont été faites,
02:02:36 et ils ont réussi à trouver un système de balancier,
02:02:39 je ne suis pas ingénieur, donc je ne saurais pas en détail
02:02:42 comment ça marche, mais qui a permis de le faire vraiment.
02:02:45 Et Miller raconte que quand il a vu que ça marchait,
02:02:48 il en avait presque des larmes aux yeux, tellement il s'est dit
02:02:51 "mais ça va être génial à l'écran".
02:02:54 Et je trouve que le plan le plus incroyable du film,
02:02:57 c'est quand Tom Hardy est au sommet de la perche,
02:03:00 et qu'il revient et qu'il y a l'énorme explosion derrière lui,
02:03:03 ce plan est absolument incroyable, et ce que je disais
02:03:06 c'est que c'est une combinaison de tous les effets
02:03:09 qu'on peut trouver, c'est-à-dire que les véhicules
02:03:12 qui sont à côté de Tom Hardy ont été filmés en vrai,
02:03:15 Tom Hardy a été filmé en vrai sur la perche,
02:03:18 l'explosion a été filmée en vrai, et tout ça a été assemblé
02:03:21 grâce aux effets numériques. Donc il y a vraiment
02:03:24 une combinaison de tout l'art de ce qu'est le cinéma.
02:03:27 Et je trouve que ce plan-là, et notamment les scènes
02:03:30 avec les Polkats, sont très symboliques du travail
02:03:33 de George Miller. Et aussi un petit mot sur la dernière scène,
02:03:36 la dernière poursuite, quand il repart vers la citadelle,
02:03:39 Mark Seston raconte que quand je lui pose la question
02:03:42 "quelle est la scène qui a été la plus difficile à concevoir ?"
02:03:45 et tout de suite il a répondu "c'est la dernière,
02:03:48 parce qu'à ce moment-là j'étais tout seul avec George Miller
02:03:51 quand il a fallu concevoir cette scène-là,
02:03:54 et il a fallu travailler 8 mois avec George Miller
02:03:57 tous les jours pour concevoir les storyboards de cette scène-là
02:04:00 pour que tous les véhicules qui sont dans cette scène-là
02:04:03 et ils sont nombreux, ça ait du sens,
02:04:06 pour que le spectateur soit jamais largué,
02:04:09 qu'il comprenne ce qui se passe, parce qu'il y a tellement
02:04:12 de films d'action où on dit "c'est impressionnant"
02:04:15 mais en fait on ne comprend pas ce qui se passe.
02:04:18 Et ce qui est fou avec Mad Max
02:04:21 correction, sur cette chaîne on dit que c'est de la merde
02:04:24 et ce qui est fou sur Mad Max, c'est que le spectateur
02:04:27 n'a même pas l'occasion de se poser la question
02:04:30 de ce qui se passe, parce qu'en fait c'est tellement bien filmé
02:04:33 qu'on comprend tout ce qui se passe.
02:04:36 On pourrait se dire "je ne comprends pas, là Max était sur un autre véhicule
02:04:39 maintenant il se retrouve sur le War Rig, comment il a fait ?"
02:04:42 mais en fait on comprend tout ce qui se passe.
02:04:45 Il y a des choses folles et des choses qui paraissent dingues
02:04:48 que dans un autre film on se dirait "c'est mal filmé, c'est n'importe quoi"
02:04:51 "fais-moi rire"
02:04:54 alors que là, même si c'est "too much", on y croit
02:04:57 et on est complètement dedans.
02:05:00 Quand Furiosa rattrape avec son bras mécanique
02:05:03 Max qui est prêt à tomber
02:05:06 et qu'il est accroché à la portière et qu'il a 2 cm du sol
02:05:09 on se dit "wouah c'est fou"
02:05:12 et on y croit vraiment.
02:05:15 Et ça je pense que Miller a réussi ça parce qu'il a travaillé très longtemps
02:05:18 sur son film et il a su ce qu'il pouvait faire ou pas faire.
02:05:21 Mark Seston raconte par exemple qu'il y a beaucoup d'éléments
02:05:24 qui ont été enlevés parce que c'était trop
02:05:27 et il raconte notamment qu'à un moment il y avait une scène
02:05:30 où un véhicule devait sauter par-dessus le War Rig
02:05:33 et se retourner comme ça
02:05:36 et après réatterrir sur ses roues
02:05:39 comme dans "L'homme au pistolet d'or"
02:05:42 où le véhicule saute sur un tremplin
02:05:45 et il fait un tour complet sur lui-même
02:05:48 et il retombe de l'autre côté de la rive.
02:05:51 C'était un peu inspiré de cette idée là
02:05:54 et ils se sont dit qu'on allait peut-être un peu trop loin
02:05:57 et que ça allait faire un peu "too much"
02:06:00 et le spectateur allait sortir du film.
02:06:03 Cet équilibre est fou dans Mad Max
02:06:06 parce qu'on voit des choses folles
02:06:09 et pourtant on se dit que c'est possible.
02:06:12 C'est ça qui est assez incroyable dans ce film
02:06:15 en ce qui concerne les scènes d'action.
02:06:18 La fameuse suspension d'incrédulité qui n'est pas heurtée
02:06:21 parce que le film arrive à rendre crédible tout ce qui se passe.
02:06:24 Oui, c'est tout à fait ça.
02:06:27 Personnellement, j'ai une connexion totale avec le film
02:06:30 parce qu'à un moment donné on repart à une course poursuite
02:06:33 et à ce moment là je me dis que ça serait bien qu'il change un peu d'élance
02:06:36 une tronçonneuse
02:06:39 et le mec qui met sa tronçonneuse dit "j'aime ce film"
02:06:42 "j'aime ce film"
02:06:45 Il y a deux choses
02:06:48 les rock riders qui sont avec leur motocross
02:06:51 dans le canyon
02:06:54 en fait, Brandon McCarthy raconte qu'il était dans un bar un jour
02:06:57 et il voit sur un écran
02:07:00 un spectacle, un show avec ce genre de moto
02:07:03 des motos qui sont sur des tremplins
02:07:06 qui font des sauts assez impressionnants
02:07:09 et il s'est dit "tiens, pourquoi pas utiliser ça, ça pourrait faire un clan un peu différent"
02:07:12 "on aurait une autre esthétique" et ils l'ont utilisé
02:07:15 et voilà, c'est cette manière d'amalgamer
02:07:18 différents styles et de trouver une esthétique
02:07:21 qui va servir le récit.
02:07:24 Je parlais de world building
02:07:27 c'est exactement ça, chaque clan a son type de véhicule
02:07:30 qu'on reconnait facilement
02:07:33 et en plus, t'es pas dans la facilité "on va les peindre en jaune"
02:07:36 "et on va les peindre en rouge"
02:07:39 Par exemple, au début dans la première course
02:07:42 le camion de Furiosa est attaqué par les Buzards
02:07:45 ce clan qui ont des véhicules bardés de pics
02:07:48 et en fait
02:07:51 Brandon McCarthy qui est venu avec cette idée-là
02:07:54 et il s'est inspiré d'un véhicule qu'on voit dans un film de Peter Weir
02:07:57 "Les voitures qui ont mangé Paris" de 1974
02:08:00 et il y a un véhicule comme ça à la fin du film
02:08:03 qui ressemble beaucoup à un des véhicules qu'on voit dans Fury Road
02:08:06 et il s'est aussi inspiré d'un lézard australien
02:08:09 qui pareil est bardé de pics
02:08:12 donc il y a vraiment cette idée de proposer des choses visuellement intéressantes
02:08:15 mais en même temps qui ont un vrai rôle dans le récit
02:08:18 qui sont pas là juste gratuitement pour faire joli.
02:08:21 C'est ça
02:08:24 et c'est pour ça que le film
02:08:27 il y a plein de choses qui fait qu'il est lisible
02:08:30 qui se suit
02:08:33 dire du film, je reviens sur ça, c'est un peu ma bataille
02:08:36 qu'il n'y a pas de scénario
02:08:39 qui raconterait un ou j'en sais trop rien
02:08:42 j'ai envie de dire non
02:08:45 il a un scénario qui suffit à ce que Miller veut raconter
02:08:48 il a une chose à raconter
02:08:51 et il a pas besoin d'un scénario
02:08:54 où il y a 400 lignes de dialogue
02:08:57 et en fait
02:09:00 les gens qui disent qu'il n'y a pas de scénario
02:09:03 c'est dans la conception qu'ils ont du scénario
02:09:06 il faut qu'il y ait des rebondissements
02:09:09 il faut que tel personnage trahisse tel autre
02:09:12 il a une idée de scénario
02:09:15 et là
02:09:18 il a écrit une histoire
02:09:21 qui n'a pas besoin d'avoir 36 000 rebondissements
02:09:24 pour fonctionner
02:09:27 et je pense que le scénario aurait été plus "complexe"
02:09:30 et plus développé
02:09:33 ça aurait vraiment desservi le film
02:09:36 complètement
02:09:39 et j'avais un autre truc à dire
02:09:42 je te laisse parler
02:09:45 je sais plus
02:09:48 peut être qu'on peut dire un mot
02:09:51 sur ce qu'on peut attendre de Furiosa
02:09:54 en quelques mois
02:09:57 on a tous vu la bande annonce
02:10:00 du prochain film
02:10:03 qui a été un peu critiqué par certains
02:10:06 on sent un peu trop le numérique
02:10:09 visuellement, il est pas si loin que ça
02:10:12 il y a une vraie continuité avec Fury Road
02:10:15 et surtout on est dans une bande annonce
02:10:18 d'un film qui sort dans 6-7 mois
02:10:21 donc il y a encore du boulot
02:10:24 et ce que j'attends surtout
02:10:27 au delà de ce que Miller est capable de faire
02:10:30 d'un point de vue visuel
02:10:33 et ça, je n'ai aucun doute
02:10:36 qu'il va nous proposer des choses incroyables
02:10:39 qu'est ce qu'il va nous montrer du personnage de Furiosa
02:10:42 du personnage de Mortejo
02:10:45 quel est le rôle de méchant de Chris Hemsworth
02:10:48 voilà, c'est tout ça
02:10:51 et je le croise sur tous les doigts
02:10:54 pour que le film fonctionne
02:10:57 parce qu'on peut penser
02:11:00 qu'il a eu tellement de temps pour réfléchir
02:11:03 qu'il a déjà envisagé un autre film
02:11:06 qui s'appelait Westland
02:11:09 et qui là, à priori, permettra Max de revenir
02:11:12 donc si le film fonctionne
02:11:15 il faut au moins qu'il fasse 400 millions de dollars
02:11:18 de recettes dans le monde
02:11:21 on peut espérer retrouver Max
02:11:24 peut être d'ici 2-4 ans
02:11:27 même s'il ne faudra pas trop traîner
02:11:30 c'est absolument phénoménal
02:11:33 qu'à cet âge là, il arrive encore à faire ce genre de film
02:11:36 dans le magazine, j'interview le monteur de Mad Max 3
02:11:39 Richard Francis Bross
02:11:42 et je lui pose la question
02:11:45 vous êtes à la retraite maintenant
02:11:48 vous êtes quelques années plus jeune que George Miller
02:11:51 mais qu'est ce que ça vous inspire le fait qu'il fasse encore ce genre de film
02:11:54 et il me répond que je ne comprends pas
02:11:57 il est un passionné
02:12:00 il adore faire des films
02:12:03 mais faire un film comme Furiosa à son âge
02:12:06 c'est fou qu'il ait l'énergie de faire ça
02:12:09 surtout vu la manière dont il filme
02:12:12 lui ce serait un film fait sur fond vert
02:12:15 c'est différent mais vu qu'il filme
02:12:18 la majorité de ses cascades en vrai
02:12:21 c'est assez hallucinant qu'à bientôt 79 ans
02:12:24 il soit capable de fournir ce genre de production
02:12:27 quand je l'ai vu, les effets spéciaux m'ont refroidi
02:12:30 je ne vais pas me mentir
02:12:33 mais le film n'est pas fini
02:12:36 et un mec qui t'a fait Fury Road
02:12:39 même si son film sort c'est nul
02:12:42 il peut quand même lui laisser le bénéfice du doute jusqu'à la sortie du film
02:12:45 avant de durer
02:12:48 quand le mec t'a fait ça, tu te dis
02:12:51 "je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas"
02:12:54 ça vaut moins le coup d'oeil
02:12:57 on ne peut pas laisser le bénéfice du doute
02:13:00 c'est clair
02:13:03 je croise vraiment les doigts pour que le film fonctionne
02:13:06 on ne sait jamais
02:13:09 peut être que Fury Road ça a été un petit miracle
02:13:12 et qu'un deuxième miracle ne se produira pas
02:13:15 mais après avoir vu Fury Road
02:13:18 on ne peut pas avoir envie de voir Furiosa
02:13:21 si on peut avoir une chance de revoir le personnage de Max
02:13:24 dans un autre film, je signe tout de suite
02:13:27 tout à fait
02:13:30 j'ai retrouvé ce que je voulais dire
02:13:33 je voulais parler d'un truc tout bête
02:13:36 c'est quand on découvre le guitariste
02:13:39 on est derrière, on voit les mecs qui font des tambours
02:13:42 comme sur les champs de bataille
02:13:45 pour éviter d'entendre ses camarades agoniser
02:13:48 on a ces tambours de guerre
02:13:51 sur un véhicule, on est dans Mad Max
02:13:54 et tu as la caméra qui monte, qui monte, qui monte
02:13:57 tu arrives de l'autre côté et tu as le guitariste
02:14:00 des véhicules, des trucs à l'ancienne
02:14:03 des trucs actuels, où on fait de la musique avec un guitariste
02:14:06 qui fait de la guitare électrique
02:14:09 on a pas peur que le spectateur se dise
02:14:12 "c'est quoi ce truc ? qu'est ce qu'il nous fait ?"
02:14:15 Emilior a pas peur de ça car il a tellement confiance
02:14:18 en ce qu'il raconte
02:14:21 et en son talent de metteur en scène
02:14:24 que d'aller dans des trucs ridicules ailleurs
02:14:27 chez lui, ça fait partie de l'univers de Mad Max
02:14:30 quand vous avez un personnage comme Humungus
02:14:33 qui a un look totalement improbable
02:14:36 et qui pourtant est complètement crédible
02:14:39 dans Mad Max 4 vous allez mettre un guitariste
02:14:42 avec une guitare qui lance des flammes
02:14:45 pourquoi pas, allons-y
02:14:48 d'ailleurs il le raconte à Brendan McCarthy
02:14:51 il dit que avec Miller, il faut avoir 5 idées à la minute
02:14:54 et puis il y a des choses qu'on jette à la poubelle
02:14:57 et à un moment il y a un truc qu'on va se dire
02:15:00 "ouais mais ça c'est intéressant, on développe"
02:15:03 et on y va, on a pas peur de
02:15:06 faire des choses qui sortent de l'ordinaire
02:15:09 et c'est d'ailleurs pour ça que la Warner
02:15:12 à un moment de la post-production a eu un peu peur
02:15:15 pendant le montage, parce qu'ils se sont rendu compte
02:15:18 qu'ils avaient un film un peu étrange
02:15:21 avec une esthétique un peu bizarre
02:15:24 mais qu'au final, parfois ça paye
02:15:27 pourquoi le film est si original et a marqué les esprits
02:15:30 c'est parce que c'est une combinaison de tout ça
02:15:33 et c'est ce qui m'a fait plaisir à la fin
02:15:36 de la première partie de la série
02:15:39 c'est que dans le film, il y a une idée
02:15:42 qui est utilisée jusqu'au bout
02:15:45 c'est pas juste une vague d'idées
02:15:48 non non non, toutes les idées sont exploitées
02:15:51 et c'est ce qui fait que le film est très bien
02:15:54 et c'est ce qui fait que le film est très bien
02:15:57 et c'est ce qui fait que le film est très bien
02:16:00 et c'est ce qui fait que le film est très bien
02:16:03 et c'est ce qui fait que le film est très bien
02:16:06 et on est aussi dans l'idée de donner des identités
02:16:09 très marquées au véhicule
02:16:12 et ça évidemment, le fait de mettre un véhicule
02:16:15 avec une sorte d'orchestre dessus
02:16:18 et un guitariste un peu étrange
02:16:21 et puis il va jusqu'au bout du truc
02:16:24 parce que quand le set-d'un du véhicule se renverse
02:16:27 parce que quand le set-d'un du véhicule se renverse
02:16:30 le dernier truc qu'on voit c'est la guitare qui s'approche de l'écran
02:16:33 donc il assume le truc jusqu'au bout
02:16:36 ce qui fait aussi la qualité du film
02:16:39 on assume cet univers
02:16:42 parfois à la limite du grotesque
02:16:45 mais ça ne nuit pas à la gravité du film
02:16:48 quand je dis gravité c'est le côté
02:16:51 la force psychologique des personnages
02:16:54 il y a des choses qui peuvent paraître "too much"
02:16:57 et je comprends que certains spectateurs puissent se dire
02:17:00 "mais moi j'ai pas adhéré parce qu'il en fait trop"
02:17:03 mais pour moi ça fait vraiment partie de la saga
02:17:06 la saga on ne l'envisage pas autrement
02:17:09 je mets le premier film à part
02:17:12 mais toute la saga évolue vers ce côté là
02:17:15 et c'est impossible aujourd'hui d'envisager Mad Max autrement
02:17:18 et du coup, puisqu'on a parlé du guitariste
02:17:21 il y a un autre point sur lequel on doit parler
02:17:24 et j'ai l'impression que ça a bien lancé la carrière du compositeur
02:17:27 de la musique du film
02:17:30 la musique est un élément important du film
02:17:33 pour que son univers existe
02:17:36 Miller savait qu'il fallait qu'il fasse beaucoup de choses
02:17:39 avec le son et notamment la musique
02:17:42 et c'est vrai que le rythme très puissant
02:17:45 toutes les percussions qu'il y a dans la composition
02:17:48 de la musique de ce film
02:17:51 elle est totalement en adéquation avec le rythme du film
02:17:54 surtout parce que pour tenir le rythme que Miller impose
02:17:57 il faut aussi une musique qui soit en adéquation
02:18:00 et ça c'est fort
02:18:03 parce qu'il y a aussi des passages où il n'y a pas forcément beaucoup de musique
02:18:06 parce que Miller aussi tient à mettre
02:18:09 il l'avait déjà fait dans les numéros 2 et 3
02:18:12 il dit que des fois il y a des scènes
02:18:15 où il n'y a pas besoin d'en rajouter avec de la musique
02:18:18 et ça permet aussi quand la musique arrive
02:18:21 d'avoir un impact d'autant plus important
02:18:24 et c'est vrai que
02:18:27 j'ai revu le film récemment
02:18:30 plusieurs fois pour le magazine
02:18:33 et c'est vrai que la musique c'est vraiment un élément
02:18:36 essentiel de ce film
02:18:39 peut-être encore plus que dans les autres films
02:18:42 même si la musique de Brian May
02:18:45 qui n'est pas à rien à voir avec le guitariste de Queen
02:18:48 et celle de Maurice Zarr aussi
02:18:51 qui est peut-être un peu plus classique dans le 3ème
02:18:54 mais effectivement
02:18:57 je pense qu'on retient
02:19:00 si on retient presque encore plus la musique de ce dernier épisode
02:19:03 alors on rappelle
02:19:06 qu'au magazine il y aura Fury Road
02:19:09 mais pas que ça
02:19:12 en gros c'est le 2 et le 3
02:19:15 pour ceux qui veulent se procurer
02:19:18 le premier numéro est toujours en kiosque
02:19:21 encore pour quelques jours
02:19:24 l'idée c'était de parler de toute la saga
02:19:27 je me suis rendu compte qu'en 100 pages
02:19:30 c'était un peu court de tout faire
02:19:33 donc j'ai décidé de faire un premier numéro
02:19:36 consacré au premier film pour le côté making-of
02:19:39 mais qui parle aussi des autres films pour les thématiques des films
02:19:42 c'est à dire le côté dystopique
02:19:45 la culture de la route et des véhicules
02:19:48 le personnage de Max aussi
02:19:51 donc ça c'est le numéro qui est encore en kiosque
02:19:54 et que je conseille évidemment aux gens d'acheter
02:19:57 s'ils veulent mieux comprendre le volume 2
02:20:00 qui doit sortir en janvier
02:20:03 le volume 1 qui est lié derrière
02:20:06 avec la saga Halloween
02:20:09 je le laisse sur la main
02:20:12 avec lequel on a fait une vidéo
02:20:15 Halloween
02:20:18 et si on retourne
02:20:21 on a du Halloween derrière
02:20:24 ça il est encore en kiosque
02:20:27 donc n'hésitez pas à le procurer
02:20:30 je ne peux pas dire quand ça va sortir
02:20:33 mais je pense qu'il va sortir entre le 10 et le 15 janvier
02:20:36 et là c'est vraiment consacré aux épisodes 2, 3, 4
02:20:39 c'est à dire que la construction du magazine
02:20:42 c'est toute une partie making-of pour les 3 films
02:20:45 et des interviews
02:20:48 il y a 10 interviews
02:20:51 j'ai interviewé plus de personnes
02:20:54 mais j'ai laissé 10 interviews sous forme d'interview
02:20:57 il y a des acteurs, des scénaristes, des illustrateurs
02:21:00 des production designers
02:21:03 pour le 2, le 3 et le 4
02:21:06 pour ceux qui sont fans de la saga
02:21:09 c'est bien d'avoir les deux
02:21:12 ça fait un bon ensemble sur les 4 films
02:21:15 - et on sait déjà ce qu'il y aura comme autre moitié ?
02:21:18 - l'autre moitié c'est John Carpenter
02:21:21 - rien que ça ?
02:21:24 Halloween c'est la continuité de Halloween
02:21:27 ça veut dire que les deux se complètent
02:21:30 le mot de la fin en ce qui me concerne
02:21:33 c'est "Fury Road"
02:21:36 c'est génial, arrêtez de dire des sottises
02:21:39 profitez-en, aimez-le
02:21:42 c'est un cadeau pour moi venu du ciel
02:21:45 je ne dis pas qu'il est absolument parfait
02:21:48 mais qu'est-ce qu'on aimerait bien des films aussi imparfaits
02:21:51 - un petit mot de la fin ?
02:21:54 - oui je suis assez d'accord
02:21:57 pour l'avoir revu plusieurs fois récemment
02:22:00 c'est un film, quand on le revoit
02:22:03 on chope des choses qu'on n'avait pas forcément vues
02:22:06 lors d'un premier ou deuxième visionnage
02:22:09 c'est un film qui ne perd pas de sa puissance
02:22:12 quand on le revoit
02:22:15 il y a toujours le même impact
02:22:18 et il y a pas mal de films actuels
02:22:21 qui devraient s'inspirer de ce film
02:22:24 mais ça prouve aussi que c'est un film complètement à part
02:22:27 on ne peut pas voir des films comme ça tous les ans
02:22:30 c'est un film qui a une production tellement particulière
02:22:33 pour le mot de la fin
02:22:36 conseillez aux gens d'aller voir "Fury Road"
02:22:39 si ça peut permettre à Miller
02:22:42 de continuer de faire un film supplémentaire
02:22:45 je signe tout de suite
02:22:48 allez dans les salles dans quelques mois
02:22:51 voir "Fury Road"
02:22:54 - si il est mauvais on le dira mais c'est parce qu'on l'aura vu
02:22:57 - exactement !
02:23:00 il y a des films mauvais qui font beaucoup d'entrées
02:23:03 après "Fury Road" on peut faire confiance à Miller
02:23:06 et aller en salle pour voir "Fury Road"
02:23:09 - comme je dis souvent sur les réseaux sociaux
02:23:12 - on lui fait confiance
02:23:15 on s'arrête là pour ce soir
02:23:18 merci à toi d'être venu
02:23:21 - merci de m'avoir invité
02:23:24 c'est toujours un plaisir
02:23:27 - le plaisir est pour moi et j'espère pour les spectateurs
02:23:30 on se revoit pour des prochaines aventures
02:23:33 - très bien, à très bientôt
02:23:36 - je coupe là, ciao tout le monde