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L'APPEL DE LA FARIO
Doc. Pêche et Chasse 55 min 2023
Mathias et Alexandre se lancent dans une partie de pêche solitaire, mobile et en immersion. Jusqu'où sont-ils prêts à aller pour capturer la truite sauvage ?

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Transcription
00:00 (musique)
00:24 C'est mi-avril, on se croirait, c'est la sortie de l'hiver. On est encore en montagne.
00:29 Ici on est à à peu près 800 mètres d'altitude et on est dans une belle châtaignerie.
00:35 Les châtaigniers ce sont des arbres qui sont prudents, qui sortent leurs feuilles.
00:40 C'est pratiquement les derniers à sortir leurs feuilles.
00:42 Les plus fous fous c'est les faillards. Mais non, mais là, et donc là on se croirait, c'est un paysage d'automne.
00:46 (musique)
00:51 J'ai toujours été attiré par l'eau et puis je suis parti pour pêcher un petit poisson qui s'appelle le véron.
00:55 On faisait des paniers de véron et puis ça ne me suffisait pas.
00:59 À force d'avoir tourné en rond toujours aux mêmes endroits, je voulais aller dans la forêt.
01:03 Un peu comme la chef de Monsieur Seguin, je voulais aller dans la forêt.
01:05 Et donc je suis parti avec des cartes hygiènes et je suis allé découvrir la forêt.
01:09 Je suis allé découvrir tous ces coins-là.
01:11 Et bien chaque année je suis émerveillé de les retrouver, tout simplement.
01:15 Émerveillé de les retrouver.
01:17 Et il me manque. Et j'ai ça dans le sang et c'est comme ça.
01:20 (musique)
01:27 Ça me fait drôle, je marche dans l'herbe et normalement à chaque fois que je shoot,
01:32 ici, il y a une nuée de sauterelles qui s'envole.
01:36 Et là il n'y a rien.
01:38 Bon, c'est pas la saison.
01:40 (musique)
01:42 Les territoires de pêche d'Alexandre et de Mathias
01:46 s'étendent des contreforts sévenols de la vallée de l'Égoile
01:49 jusqu'aux landes d'altitude du mont Lauser,
01:52 où le Tarn prend sa source.
01:54 En 40 ans de pêche, ces jeunes quinquagénaires ont observé
01:58 les pressions s'accumuler sur nos milieux aquatiques.
02:01 Pour Alexandre, qui a connu l'époque où l'on prélevait sans compter,
02:05 il s'agit de réapprivoiser le milieu où il a grandi.
02:09 Pour Mathias, l'adaptation à ces changements passe, entre autres,
02:13 par une pêche épurée, qui se traduit par un dénuement volontaire.
02:18 - Amener une débauche de matériel, d'équipement, de fringues, etc.,
02:24 quand tu viens dans un endroit comme ça, c'est pas à propos.
02:27 C'est presque incongru.
02:29 Je dis pas qu'il faut y aller à poil en chassant avec des hameçons en os,
02:33 mais quelque part, c'est plutôt cette tendance-là.
02:36 Ici, bon, ça sert à rien d'arriver avec moulte moulinée,
02:40 équipement, waders, etc., etc.
02:42 Je pense que c'est...
02:44 Bon, allez, je vais pas me faire des amis,
02:46 mais je pense que c'est plus un snobisme qu'autre chose.
02:49 - Avec Mathias, on a la même logique de pensée,
02:55 prélevée, mais très modérément.
02:57 On rôde, on a une pêche à rôder, on marche.
03:01 On est des marcheurs du bord de l'eau.
03:03 Et puis aussi, je pense qu'on pêche simplement,
03:08 comme si on pêchait comme des enfants, comme des vieux d'avant,
03:11 avec un matériel simple, sombre, j'allais presque dire.
03:15 - Comme Mathias, la quête de la fariaud sauvage
03:21 conduit Alexandre sur des rivières
03:23 où l'empreinte de l'homme est restée discrète.
03:26 Ici, les derniers alvinages remontent à plusieurs décennies,
03:30 et l'endroit est si encaissé
03:32 qu'il décourage la plupart des pêcheurs.
03:35 - Les truites qui vivent dans ce torrent
03:37 ont un super avantage,
03:38 c'est qu'il n'y a pas trop d'habitation en amont.
03:41 Donc les eaux sont propres, pas polluées.
03:44 Puisque les alevins, eux, peuvent quand même se reproduire,
03:47 donc à partir où l'alevin ou la souche
03:49 arrivent à se reproduire naturellement,
03:51 c'est que l'eau est correcte.
03:53 On a 2 pentes de montagne pour soi tout seul,
03:57 avec un torrent au milieu.
03:59 Moi, j'aime les efforts, j'aime les endroits sauvages,
04:01 j'aime où mon sillon s'infiltre entre les branches,
04:04 sans s'accrocher, c'est tout ça que j'aime.
04:06 Et puis c'est un parcours, il faut faire du parcours,
04:09 c'est sportif et ça demande une habitude.
04:13 Et après, je connais ma rivière, je connais mon torrent.
04:16 Elle saigne, elle saigne de partout.
04:30 Elle a avalé, elle est maillée, il n'y a pas de souci.
04:33 Elle saigne, elle a avalé, donc c'est fini pour elle.
04:36 C'est une truite de 20, 21, 22,
04:39 elle est très belle.
04:41 C'est la première truite de l'égole, c'est magique.
04:44 Et celle-là, elle a complètement tout avalé,
04:46 une touche, deux touches, j'ai ferré,
04:48 puis elle s'est débattue, je l'ai ramenée.
04:50 On va se régaler parce que la chare est très fine
04:52 et elle est onctueuse.
04:54 Ça vaut la sole 100 liodes, c'est de la sole.
05:00 Tous ces torrents-là, ça permet de lessiver l'esprit,
05:04 on se repose dans ce bruit-là.
05:07 C'est sophrologique, ça fait super du bien.
05:10 Je ne donne pas volontairement le nom du torrent
05:14 parce que c'est mon graal.
05:16 C'est le graal de tout pêcheur quand il a un torrent comme ça.
05:20 Et c'est vrai que de le partager, c'est difficile
05:23 parce que si on le partage trop,
05:25 on ne le respectera plus assez
05:27 puisqu'on va faire trop de prélèvements.
05:29 Donc ce n'est pas facile de donner le nom de ce ruisseau-là.
05:32 Mais ceux qui sont du pays, en donnant le nom de la cascade,
05:36 ils savent de quoi je parle.
05:38 Un tout petit bébé !
05:59 On va la remettre dans l'eau.
06:01 Typiquement, un courant comme ça, en tournant,
06:06 si tu laisses descendre et qu'elle est dans la veine,
06:09 elle va venir dessus parce qu'elle doit aller vite.
06:12 Mais bon, c'est une habitude !
06:14 Maintenant, j'y crois.
06:16 Et c'est important d'y croire !
06:26 Ah ! Mais non, pas du tout !
06:28 Oh la merde, j'espère que je l'ai !
06:31 Merde !
06:36 Et bah merde !
06:38 En fait, elle a avalé.
06:40 Je l'ai laissé trop longtemps,
06:42 quand ça a commencé à faire "tit-tit-tit" au lieu de ferrer,
06:45 je me suis dit "c'est un véron, c'est un véron"
06:47 et en fait, non, c'était une truite.
06:49 On dirait qu'elle ne saigne plus et qu'elle reprend du poil de la bête.
06:52 Je ne suis pas complètement désespéré.
06:55 Les difficultés aujourd'hui, c'est peut-être de trouver des cours d'eau
06:58 qui soient intactes comme celui-ci.
07:00 C'est-à-dire très peu entravés déjà par les constructions humaines,
07:06 il n'y a pas de barrages, il n'y a pas de digues, etc.
07:09 Sur toute la plaine, il n'y a zéro construction.
07:12 Dans beaucoup de cas, les ruisseaux ou les rivières qui ont été détournées,
07:16 les rivières qui ont été détournées,
07:18 les rivières qui ont été détournées,
07:20 coupées, barrées, etc., ce n'est pas bon en général pour le poisson,
07:23 pour la reproduction naturelle du poisson.
07:25 Elles ont un grand espace de plusieurs cours d'eau connectées
07:28 où elles peuvent circuler, se reproduire, remonter aux sources,
07:31 redescendre à la dévalaison pour aller occuper les plaines.
07:34 Elles sont relativement libres, les truites, de leur mouvement.
07:38 Ici, on est en marge, on est sur un lieu vraiment extrêmement préservé.
07:43 Il faut savoir que les sources du Tarn servent de référentiel
07:46 pour les truites, pour les truites,
07:48 il faut savoir que les sources du Tarn servent de référence
07:51 pour ceux qui se recupent des invertébrés ébentiques,
07:54 donc les invertébrés qui tapissent les fonds,
07:56 ça leur sert de point de référence
07:58 pour mesurer l'évolution des autres milieux, notamment.
08:01 Donc on dit, le bon milieu, c'est celui-là,
08:04 comment se situent les autres par rapport à ça ?
08:07 Une des raisons qui avaient amené à la gestion patrimoniale du cours d'eau,
08:11 c'était qu'ils avaient détecté qu'il y avait une souche génétique
08:14 qui n'existait que là.
08:16 Et donc, il était absolument nécessaire de la préserver.
08:20 On a un milieu qui est suffisamment résilient et sain
08:25 pour que même avec une prédation de pêche qui est autorisée ici,
08:29 on arrive à renouveler et il y a toujours des truites.
08:33 J'ai toujours vu des truites dans ce petit cours d'eau-là.
08:37 Elle montre qu'il y a une certaine stabilité de milieu
08:39 parce que la truite ne se reproduit pas dans un milieu qui est déséquilibré
08:43 ou dans un milieu qui a été trop transformé,
08:45 ou qui est chimiquement plus assez oxygéné.
08:48 Donc là, ça prouve vraiment en plus le fait qu'il y ait non seulement
08:53 une gestion patrimoniale, mais qu'en plus, on se rend compte,
08:55 année après année, que grosso modo, la densité ne diminue pas.
08:59 C'est qu'il y a vraiment tout ce qu'il faut ici pour que ça se passe
09:03 sans qu'il y ait besoin de l'intervention humaine.
09:05 C'est le premier contact qu'on va avoir avec les boîles,
09:12 avec les derniers contreforts du massif de l'Éguale
09:15 qui plongent, qui vont dans la direction de la Dourbie.
09:18 La Dourbie, on sait qu'elle va dans l'Aveyron, se jeter dans le Tarn.
09:22 Et je pêche que des ruisseaux, des torrents, qui sont des affluents de la Dourbie.
09:28 Parce que c'est hyper sportif, c'est hyper physique.
09:32 C'est ce que j'adore, il faut aller la chercher cette truite.
09:35 Il ne faut pas faire les grosses rivières, il faut vraiment aller la chercher.
09:38 Dans les branches, dans les trous, dans les dénivelés, c'est ça.
09:43 J'ai fait des erreurs aussi, un certain temps, en allant toujours au même ruisseau.
09:49 J'avais trop prélevé, j'avais vu que...
09:52 Donc j'ai dit, il faut que j'arrête de faire ça.
09:54 Parce que j'étais jeune, j'avais 22, 23, 24 ans, je ne savais pas ce qui se passait.
09:59 Et cru, plus prélèvement, ça n'allait pas.
10:02 J'ai vu que le potentiel éleutique diminuait.
10:06 On arrête tout, on ne viendra qu'une matinée ici.
10:08 Je prends ma carte hygiène, je vais voir d'autres ruisseaux.
10:10 Et c'est comme ça que j'avais 25 ruisseaux à pêcher.
10:13 Je n'allais jamais au même endroit.
10:16 Et c'est comme ça que je prélevais, mais je limitais mes prélèvements dans chaque ruisseau.
10:22 [bruit du vent]
10:40 Je crois que j'ai senti quelque chose.
10:42 On va voir.
10:44 [bruit du vent]
10:49 Je l'ai manqué. Je l'ai manqué.
10:52 Il n'y en a pas beaucoup, mais alors si on commence à les manquer...
10:55 Comme disaient les vieux, dans un grand trou, si tu ne vois plus de poissons, si tu ne vois plus de petites truites,
11:02 c'est qu'il y en a une grosse qui mange tout.
11:04 J'avais vu une réserve sur un ruisseau qui a été fait au moins 5 ou 6 ans d'âge.
11:09 Une catastrophe cette réserve en montagne.
11:11 Parce que toutes les truites avaient été grosses, mais il n'y avait plus de petites.
11:15 Et quand on a ouvert cette réserve à la pêche, c'est super, on a sorti des truites de 36 cm, 35 cm, 38 cm,
11:22 mais à plus de 1000 m d'altitude, c'est énorme.
11:25 Et finalement, quand on a sorti les grosses truites, il n'y avait plus rien.
11:28 Il a fallu 37 ou 38 ans pour voir réapparaître des truites naturelles.
11:33 Sans, si on reproduit ces erreurs de gestion, ce n'est pas possible.
11:39 En gros, il vaut mieux ne rien faire, à un moment donné, que de faire ça.
11:43 (bruit de la mer)
11:49 Quand il y a des grosses crues, qu'on ne maintient pas la levinage
11:54 pour pallier toutes les mortalités qui puissent y avoir,
11:58 ça aussi, le ruisseau ne s'en remet pas.
12:01 Aujourd'hui, la politique, c'est le patrimonial,
12:04 mais quand le stock de géniteurs n'est pas suffisant dans une rivière ou dans un gour,
12:08 c'est échec total.
12:10 (bruit de la mer)
12:33 C'est un superbe mâle.
12:35 Ça a été difficile pour moi parce que je ne le sentais pas bien au bout de la ligne.
12:40 Il y a beaucoup de courant, je laisse beaucoup de fil.
12:42 Il m'a fallu avoir 2 ou 3 fois, j'ai senti qu'il y avait une petite touche, mais sans plus.
12:49 Elle était très fine.
12:52 À un moment donné, j'ai ferré, elle est partie sous la cascade,
12:56 je l'ai ressortie fatiguée.
12:58 Après, le plus difficile ici, c'est qu'il faut la hisser.
13:02 On a 6 mètres de nivellé, il faut la hisser sur le rocher.
13:07 C'est grâce à ce surplombage avec des émériaux à graffe
13:10 que j'arrive à aller chercher les truites sous le courant principal.
13:13 Si je n'avais pas ce poids supplémentaire qui coulisse en plus,
13:19 la truite, quand elle est morte, n'est pas obligée de sentir la résistance,
13:23 je ne pourrais pas aller chercher les truites comme ça,
13:26 dans les parties les plus difficiles et les plus torrentueuses.
13:30 Malgré sa persévérance, Alexandre se demande pourquoi
13:34 il capture moins de poissons que d'habitude.
13:37 Une partie de la réponse se trouve dans l'estomac de la truite.
13:42 On voit bien les sacs génitaux des mâles,
13:46 les sacs de l'étince qui sont vides puisqu'ils se sont reproduits.
13:49 C'est bien un mâle, je confirme.
13:51 Voilà l'estomac, si j'appuie dessus, je vais pouvoir voir ce qu'elle a mangé.
13:57 Qu'est-ce qu'on voit ? Des portes-bois, des portes-bois et des portes-bois.
14:02 Elles ne sont pas encore digérées.
14:05 Elle avait la larve dedans encore, qui est entière.
14:11 Il y a pratiquement dix portes-bois dans son estomac.
14:13 Donc elle était déjà gavée.
14:15 Quand on attrape une truite, on l'ouvre, on regarde.
14:17 Comprendre un cycle dans le biotope d'une rivière,
14:20 c'est tout simplement, vous avez le super-prédateur, la fariaud,
14:23 qui va se nourrir de tout ce qu'elle peut trouver,
14:25 de comestibles et riches en protéines,
14:28 que ce soit des vérons, que ce soit des goujons,
14:30 que ce soit des portes-bois, que ce soit des truitelles.
14:33 J'ai attrapé des truites avec des truitelles dans les estomacs.
14:37 Puis après, on va avoir des estomacs chargés d'insectes,
14:39 d'élytres, de coléoptères, de sauterelles, de choses comme ça.
14:42 Donc à un moment donné, on va essayer d'épouser au mieux
14:46 l'alimentation que la truite trouve dans son milieu.
14:51 Musique
14:54 Je suis en train de chercher les sauterelles,
15:05 mais alors, comme elles ont exactement la couleur de l'herbe,
15:08 c'est juste pas évident du tout.
15:10 Là, je sais que c'est des trucs qu'elles mangent,
15:15 parce que c'est sur place, quoi.
15:17 Et qu'elles n'ont rien d'autre.
15:19 Je veux dire, sur ces cours d'eau-là,
15:21 tout vient de l'extérieur.
15:24 Il y a peu de micro-organismes, il n'y a pas de gamar,
15:27 de petites crevettes, de choses comme ça.
15:29 On est sur des eaux super pauvres, en fait.
15:31 Et donc, tout le rapport nourricier est de l'extérieur, vient des rives.
15:36 Tu choisis ton hameçon, non pas en fonction de la taille
15:39 du poisson que tu veux prendre, ça, c'est juste un rêve.
15:42 Tu choisis ton hameçon en fonction de la taille de ton appât.
15:45 Il faut que ce soit adapté, qu'il tienne bien,
15:47 qu'il ne soit pas trop visible, et que si jamais le poisson mord dessus,
15:51 quand même, l'hameçon soit actif.
15:55 Donc là, j'ai des petites sauterelles vertes du 8 sairet.
15:59 J'ai des grosses sauterelles du 6 sairet.
16:01 Je vais prendre du 6.
16:03 Je vais écraser mon ardillon.
16:05 Pourquoi ? Parce que ça permet de lui sortir l'hameçon
16:08 sans qu'elle soit blessée du tout.
16:10 Ce que j'accroche au bout du sillon de ma canne,
16:13 c'est directement la ligne montée,
16:16 c'est-à-dire juste le fil et l'hameçon que je monte au bout.
16:19 Comme ça, il n'y a absolument zéro montage intermédiaire
16:24 entre la canne à pêche et l'hameçon.
16:27 C'est vraiment juste l'hameçon qui est au bout.
16:29 C'est un fil, un hameçon, et c'est tout.
16:32 Hop, hop !
16:34 Ah !
16:40 J'en ai !
16:42 Ma théorie, c'est petite fontaine, petite truite,
16:54 grosse fontaine, grosse truite.
16:56 Là, on a un endroit qui est très intéressant.
16:59 Je vais m'approcher en longeant l'eau.
17:01 On essaie de ne pas me faire voir à la branche morte.
17:04 Quand je serai à la branche morte, je vais mettre à la sortie de courant.
17:07 Là, ça peut être pas mal si je ne me pète pas la gueule.
17:11 C'est vraiment à quatre pattes.
17:28 Oh là ! Ça gobe !
17:30 Mais tu vois, c'est bon signe.
17:31 Si ça gobe, ça veut dire que je ne suis pas vu.
17:33 Ça veut dire que je n'ai pas été vu.
17:35 Là, ça vaut peut-être même le coup d'attendre un peu.
17:38 Je vais essayer la ligne de courant qui est là.
17:46 Oh !
17:47 Oh !
17:48 Là, je suis dans l'eau.
18:00 Oh oh !
18:02 Là, il y en a une qui est venue dessus.
18:07 Oups !
18:09 Et c'est une belle !
18:11 Non, c'est une petite.
18:16 Putain !
18:17 Alors elle, je l'ai ferrée à la touche normalement.
18:21 Elle s'est peut-être même décrochée toute seule.
18:23 J'espère.
18:25 Mais arrête de bouger.
18:27 Tu vois, elle est piquée en bord de bouche.
18:29 Donc on va juste lui retirer l'hameçon.
18:33 Et elle va repartir aussi sec.
18:36 Ça sera une survivante.
18:38 Elle fera des petits.
18:39 Voilà.
18:44 Tu vois qu'elle est partie.
18:46 Tant qu'on est peu nombreux, tout va bien.
18:48 Tu vois, s'il y avait trois devant et trois derrière,
18:52 je pense que ce serait différent.
18:54 C'est pour ça qu'une certaine discrétion sur les lieux exacts, etc.
18:58 est quand même de rigueur.
19:00 On ne donne pas ses points de pêche.
19:02 Ce n'est pas pour rien non plus.
19:04 Ce n'est pas seulement par peur de la concurrence.
19:06 C'est aussi par peur de perdre ces milieux qui sont si fragiles.
19:11 On est dans le parc national des Cévennes.
19:13 Et un des aspects de ce parc,
19:16 c'est justement d'essayer de maximiser la conservation telle que.
19:21 Il y a effectivement des réglementations assez contraignantes.
19:24 La paysannerie est très sensibilisée dans la région à ces règles.
19:29 Et le fait, parce que déjà, traditionnellement, ça se faisait comme ça.
19:33 Donc ce sont des gens qui sont relativement conservateurs.
19:36 Et qui, ma foi, aujourd'hui, ça ne leur viendrait pas à l'idée
19:38 d'installer des hangars immenses avec 10 000 porcs ou 15 000 vaches.
19:42 Donc ils ont des vaches au pâturage, mais il n'y en a pas beaucoup.
19:45 Ils ont des champs qui sont cultivés en luzerne,
19:47 mais ils sont petits, ils sont circonscrits.
19:49 Et puis le reste de la prairie est laissé relativement sauvage.
19:53 Ce qui peut se passer, par contre, c'est que les transformations globales,
19:56 celles qui touchent le monde entier, à savoir le réchauffement climatique,
19:59 effectivement, là, on a une situation où on a une situation
20:02 qui touche le monde entier, à savoir le réchauffement climatique, effectivement.
20:06 Là, le paysan, à beau faire tous les efforts de conservation qu'il peut,
20:11 il n'est pas responsable de la montée de 1,5 degrés,
20:14 de 2 degrés de l'atmosphère et puis des cours d'eau.
20:17 La température est certainement le facteur-clé
20:22 de la répartition des espèces animales et végétales.
20:26 Elle joue un rôle déterminant sur le cycle de vie du poisson.
20:30 Mathias rappelle que la température létale de la truite est de 25 degrés.
20:35 Sur le long terme, on risque de trouver de moins en moins de truites en pleine.
20:40 Moi, je suis un rien-foutiste, c'est-à-dire ne toucher à rien, c'est tout.
20:53 C'est aussi simple que ça. Il n'y a rien à faire pour l'homme.
20:56 Il y a juste à ne toucher à rien, à laisser les choses telles qu'elles sont aujourd'hui.
20:59 Elles se sont régulées, ces trucs-là, toute cette nature,
21:02 c'est venu au fil du temps, mais naturellement, sans que l'homme ait rien à y faire.
21:07 Personne n'a apporté ses pierres de granit, personne n'a planté ses genêts,
21:10 les faillards se sont développés tout seuls, les fleurs poussent,
21:14 les gentillanes sont là depuis la nuit des temps.
21:16 Il n'y a juste rien à faire qu'à ne pas y toucher.
21:19 Oh, là, il y en a une !
21:23 Elle est où ?
21:28 Hé ! Mince ! Bouge, bouge !
21:32 Oh, oh, oh ! Mince, merde !
21:35 Ça, ça fait 20, ça.
21:41 Oui, oui, ça, c'est bon, ça, ça fait 21, ça, au moins.
21:47 Ça, c'est une truite adulte qui s'est déjà reproduite.
21:50 Dans la journée, on en attrape une, deux, et comme ça, on en relâche 15 petites.
21:54 La maille est à 20. Ici, on voit le petit bout des nageoires orange, là,
21:58 qui est très caractéristique des truites d'ici.
22:01 Même Bill Gates, il ne peut pas manger un poisson comme ça.
22:04 Il faudrait qu'il envoie des pêcheurs comme moi, peut-être,
22:06 payer pour le faire, mais sinon, il ne peut pas en acheter nulle part.
22:10 - Ça va ? - Salut, Mathias.
22:18 - Salut, Alex, tu vas bien ? - Ouais.
22:20 Allez, je reviens.
22:23 Les rayons, j'en avais des plus gros que j'avais pas,
22:26 j'ai fermé la bouche, après, ça va se pinter dans la truite, et c'est tout.
22:29 Et elle, elle va attraper le gros bout, de préférence ?
22:31 Si elle peut, elle va... Elle va le gober.
22:34 Là, il y a des cailloux, là-bas, il y a des cailloux, mais là, on ne voit rien.
22:37 Il y a de l'eau, là, c'est super.
22:38 - Tiens, regarde, il y en a deux, là. - Il y en a deux, là-bas, tu les vois ?
22:40 Hop là, il y en a une qui vient de partir.
22:42 - Donc, en fait, c'est très shortif, comme d'habitude. - Oui, oui, oui.
22:48 - Tu vois, on arrive au premier poste de pêche. - D'accord.
22:51 - Tu vois, sur la gauche, il y a plein de feuilles. - Oui.
22:54 Il y a peu eu de crues, cet hiver ou au printemps,
22:57 surtout cet hiver, pour emporter toutes ces feuilles.
22:59 - D'accord. - Donc, c'est très difficile de pêcher,
23:02 mais tu vas te mettre derrière le rocher, tu vas t'avancer,
23:05 et tu vas jeter le truc sans compte au voir.
23:08 - À la plombure. - Ouais, ouais.
23:09 Tu essaies de pas trop faire même dépasser ta canne, d'accord ?
23:12 Et après, tu poursuivras en l'affaire de 2 minutes.
23:15 - Si y a rien au bout, c'est pas la peine. - D'accord.
23:18 Tu vois, les os sont un peu troubles. On va aller...
23:23 - Je suis pas sûr d'être dans l'eau. - Ah ouais, bah alors...
23:25 Tu peux t'approcher à genoux, sur ce côté, tu vois,
23:27 entre les 2 arbres, où tu peux pêcher.
23:29 - D'accord.
23:30 - C'est là que j'ai fait ma 1re intruite de 25 cm quand j'étais gosse.
23:36 Moi, je sors rien. Y a rien.
23:40 On va monter.
23:43 Pendant qu'il pêche le début du courant,
23:45 dans son dos, je vais pêcher la fin du courant.
23:48 On va voir.
23:50 Y a énormément de feuilles.
23:53 Ça, ça a été la problématique de toute la saison.
23:56 J'ai la touche.
24:11 Elle est toute petite.
24:13 Allez, hop. Vite, vite, vite.
24:15 Elle a tout avalé, comme d'hab', tu vois.
24:17 C'est des petites de l'égole.
24:19 Allez, je jette. Hop. Voilà.
24:25 Et donc, c'est comme ça que je fais.
24:27 Chaque fois, je vais ramener un ameçon.
24:29 Il faut que ton fil touche par terre.
24:32 En général, si ça mord pas les 3 1ers coups de ligne,
24:35 ça sert à rien d'insister.
24:37 Je passe, je présente. Je fais 2, 3 fois.
24:39 Je fais mes trucs, pam, pam.
24:41 Et puis après, ça mord, ça mord pas. On file.
24:44 La 1re sensation, c'est que c'est très difficile
24:49 de jongler entre le relief un peu abrupt,
24:52 les arbres qui couvrent le ruisseau
24:54 et le fait qu'on est un peu en hauteur,
24:56 donc potentiellement, on est visible.
24:58 Donc, d'arriver à pas se faire voir,
25:00 à pas accrocher sa canne
25:02 et à placer exactement au bon endroit son appât,
25:06 voilà, pour moi, c'est là que ça se corse vraiment beaucoup
25:10 par rapport à ce que je connais des ruisseaux de plaine,
25:13 où c'est finalement plus simple, où seule la difficulté,
25:16 c'est la discrétion, mais il y a pas tous ces paramètres en plus
25:20 d'abruptes et puis de végétation,
25:23 parce que là, on a des cannes qui sont quand même assez hautes,
25:26 assez longues, donc il faut toujours surveiller un peu partout
25:29 pour éviter de s'accrocher, d'accrocher son fil,
25:32 d'avoir la canne qui part dans les arbres.
25:36 -Elles sont pas au poste, je les ai pas vues au poste,
25:39 parce que là-bas, il y a l'entrée de courant,
25:42 elles auraient dû mordre, et il y a rien qui a mordu.
25:45 J'ai pas eu une touche, rien, donc ça va être difficile.
25:48 Alors est-ce qu'on arrive trop tard après l'orage,
25:51 où elles se sont gavées, ou est-ce qu'il y a encore des porte-bords,
25:54 on sait pas, parce qu'on a pas encore ouvert une truite,
25:57 donc on sait pas ce qu'il y a dedans.
25:59 ...
26:25 -Si, si, j'ai une touche.
26:27 ...
26:29 Oui.
26:31 Une belle, c'est une belle.
26:33 Ah non, c'est une petite.
26:35 ...
26:37 -C'est bon ? -Elle est magnifique.
26:51 -Ouais, c'est une petite.
26:53 -Je vais la réduire un peu.
26:55 Hop là, elle est partie là-bas.
26:57 Bon, ben voilà.
26:59 J'ai quand même les mains qui sortent le poisson.
27:02 Yes ! Alors en fait, effectivement,
27:04 comme m'avait expliqué... Ah bah tiens, regarde.
27:07 -J'en ai manqué 2. C'est bon, elle a rien du tout.
27:10 Elle est magnifique. C'est une petite truite aldiciste,
27:13 bien sauvage. Allez, je la remets à l'eau.
27:16 ...
27:18 -Je plonge dans la cascade, peut-être qu'elle m'a repérée,
27:21 peut-être, j'en sais rien. En tout cas, elle m'a...
27:24 Le fil a dérivé en suivant la paroi rocheuse,
27:27 et c'est quasiment à la verticale de ma canne que j'ai senti la touche.
27:31 -Je suis droit à te faire... Toi, tu fais comme ça, comme ça.
27:34 Moi, je fais pas comme ça. -Tu bouges pas.
27:36 -Moi, je suis... C'est que les doigts.
27:38 C'est là que... D'ailleurs, quand tu es gravier, gravier, galet...
27:42 Alors des fois, quand t'es dans les gros galets, c'est...
27:45 Bon, là, y a pas beaucoup de courant,
27:47 mais quand y avait beaucoup de courant avant,
27:49 y avait des gros galets que tu balances,
27:51 et tu sais que quand tu vas arriver dans les galets,
27:54 les petits galets, les graviers, c'est là qu'elles se trouvent.
27:57 Là où y a le milieu de courant. Et là, en général, toc !
28:00 -C'est là que ça part. -Et voilà.
28:02 Là, maintenant, c'est un couvert forestier.
28:05 ...
28:13 Voilà. Tu vois, là ?
28:15 Y a une lande.
28:17 Cette lande alimente la cascade.
28:19 -Ah, OK, oui. -Donc tu auras la maîtresse
28:22 dans la cascade.
28:24 ...
28:30 Si on veut conserver les zones de pêche,
28:32 c'est pas des lachés d'alevinage qu'il faut faire,
28:35 c'est des lachés de truitelles,
28:37 qui ont un système immunitaire plus développé,
28:39 qui peuvent tenir des eaux plus chaudes.
28:41 L'alevinage de petits alevins, c'est échec, échec, échec.
28:45 Ca peut marcher,
28:47 mais si on fait les choses correctement.
28:50 ...
28:59 Ah, elle est belle !
29:01 Ma quelle !
29:03 Elle est belle, magnifique !
29:06 -Eh ben, écoute, voilà, c'est un peu la première de la saison
29:10 dans les cours d'eau de l'Égoile.
29:13 C'est un cadeau d'Alex,
29:15 parce que s'il était passé en premier,
29:18 ma foi, elle serait dans son panier.
29:21 Alors, hop !
29:23 Voilà, donc 22 à peu près, c'est ça, 22.
29:26 -Tous les milieux escarpés sont boisés.
29:28 Dès qu'il y a des petits champs, hop, l'homme s'est installé,
29:31 a fait des champs, donc a fait une ouverture au bord de la rivière.
29:34 La rivière peut se charger de nourriture.
29:36 Hop, re-escarpé, ça se reboise.
29:38 Hop, ça se réouvre, milieu...
29:40 -Non, mais c'est bien qu'il y ait...
29:42 C'est bien qu'il y ait un équilibre de...
29:44 -C'est la topographie qui a donné la diversité du paysage.
29:48 Ca eut été habité.
29:50 On est sur un ancien béal, quelque part.
29:53 -C'est construit, bon. -Donc, c'est construit, tout ça.
29:56 Donc, on prenait l'eau pour arroser.
29:58 Donc, ça eut été habité.
30:00 -Ce qui a été construit ici,
30:02 les murs qui soutiennent les béals, les moulins,
30:05 les prises d'eau, ces choses-là,
30:07 aujourd'hui, sont à l'état de vestiges.
30:09 A l'époque, elles existaient, elles étaient utilisées par les humains,
30:12 mais il y avait encore plus de trucs.
30:14 Les vieux, ils t'ont raconté qu'on voyait pas le fond, que...
30:17 Et pourtant, ils exploitaient l'eau.
30:19 Seulement, ils l'exploitaient dans une optique durable.
30:22 Ils foutaient pas un tuyau en pompant,
30:24 et puis, hop, advienne que pourquoi,
30:26 je suis dans la nappe, je sais pas d'où vient l'eau,
30:29 je sais pas où elle va.
30:31 Les gars, ils vivaient au contact de l'eau,
30:34 et ils savaient que s'ils la gaspillaient,
30:36 ou qu'ils détruisaient le milieu,
30:38 finalement, on aurait ni de quoi arroser,
30:40 ni de quoi faire boire les bêtes,
30:42 ni de quoi irriguer, et ni de quoi pêcher.
30:44 Et ça faisait partie des ressources.
30:46 Finalement, on a pris une approche de gisement,
30:49 et plus une approche de cultivateur,
30:51 c'est-à-dire de gars qui entretient sa ressource d'année en année,
30:54 de génération en génération.
30:56 Et bien sûr qu'ils exploitaient, bien sûr qu'ils coupaient du bois,
30:59 bien sûr qu'ils avaient un impact important sur la nature,
31:02 mais ils le faisaient dans une optique qui était
31:04 "je transmets ce que j'ai reçu,
31:06 et je ne fais pas des trucs qui vont me vider la rivière de ces poissons,
31:09 qui vont me vider le ruisseau de son eau, etc."
31:12 Aujourd'hui, on a une optique de gisement,
31:15 c'est-à-dire j'exploite, et puis quand il n'y a plus, j'avance.
31:17 Et j'avance, et j'avance.
31:19 Donc ça, c'est pas du rap.
31:21 - Sans habitat, il n'y a pas de truite.
31:34 Si elle n'a pas sa cache,
31:36 pour se protéger des grands courants, la rivière est morte.
31:39 (musique douce)
31:43 (musique douce)
31:46 (musique douce)
31:49 (musique douce)
31:53 (musique douce)
32:19 - Bon, mais ça, c'est un vrai pêcheur.
32:22 Eh bien, il vient d'en faire une, là.
32:27 - La fariaude, en fait, elle est un féodé,
32:31 en général, à quelques plats, quelques courants,
32:35 un banc de sable là où elle est née,
32:37 et là où elle est stoppée avec la cascade.
32:40 Donc, en fait, si j'attrape la maîtresse,
32:44 les autres vont reprendre sa place derrière.
32:48 Et elle se remplace.
32:50 Ça, c'est possible quand le ruisseau a une densité de truite importante.
32:54 C'est là qu'on reconnaît les ruisseaux.
32:56 Si dans 15 jours, je viens, il y a une autre truite,
32:59 ça veut dire que le ruisseau a un bon potentiel.
33:02 S'il faut 3, 4 mois pour qu'elle se remplace, c'est moyen.
33:06 Et s'il faut un an, c'est pas bon.
33:09 Allez, on va rejoindre le Béal.
33:12 - Le gros point commun avec les plaines d'altitude de l'Auxerre,
33:16 c'est qu'on ne croise pas un être humain.
33:19 Pas un. Ça fait combien d'heures ?
33:21 5 heures qu'on est là, 6 heures qu'on est là.
33:23 On n'a pas vu trace humaine.
33:25 On a vu des traces de sangliers, on a vu des traces animales,
33:28 on a vu des champignons, mais on n'a pas vu un être humain.
33:31 - Quelques kilomètres à vol d'oiseau
33:41 séparent le Mont Égoile de la vallée de la Visse.
33:46 Ces gorges sculptées dans le calcaire
33:49 abritent des truites sauvages
33:52 qui fascinent Alexandre depuis des décennies.
33:55 - C'était une rivière que je détestais avant
34:04 parce que je ne savais pas la pêcher.
34:06 Et je suis arrivé à la...
34:08 Pas à la dompter, à l'apprivoiser.
34:13 Alors là, l'eau a changé de couleur.
34:16 Il a plu, elle est devenue turquoise.
34:19 Les truites sont dehors. On va peut-être attraper quelque chose.
34:22 Je vais descendre au bord de l'eau, je vais dépiller ma canne
34:25 et je vais rester le plus accroupi possible dans la paroi.
34:28 Et sur le bord, j'ai une petite corniche de pierre en bas
34:31 qui va m'accueillir. Voilà, je vais descendre.
34:35 Quelque part, venir pêcher ici, c'est prendre un risque.
34:38 Et j'aime prendre le risque.
34:40 Comme c'est difficilement accessible,
34:42 qu'il ne faut pas avoir peur de vide, qu'il ne faut pas glisser,
34:45 les pêcheurs ne se risquent pas. Et donc, il y a du poisson.
34:48 Il faut faire partie du paysage.
34:51 Et pour moi, le plus difficile, c'est de faire rentrer
34:54 dans la nature, dans la nature.
34:57 Et de faire rentrer dans la nature.
35:00 Et de faire rentrer dans la nature.
35:03 Et le plus difficile, c'est de faire rentrer le plomb dans l'eau
35:06 avec le moins de bruit.
35:08 L'appât se trouve à 10-15 m de moi parce que je sais qu'elle ne me verra pas.
35:11 Si je pêche à côté de moi, c'est pas la peine, c'est fini.
35:14 Là où je suis, le coin ne peut pas être pêché.
35:17 Je suis toujours obligée de placer mon appât bien en amont
35:20 ou bien en aval, là où je me trouve.
35:32 J'ai la chance de connaître les prises dans le rocher.
35:35 J'ai tout cartographié, pratiquement,
35:38 comme quelqu'un qui fuit de l'escalade.
35:41 Voilà. Le passage est difficile.
35:44 Heureusement qu'il y a la profondeur de l'eau.
35:47 Et comme il y a du courant, la truite va se retrouver en bas.
35:50 Et je pense pouvoir, en faisant traîner mon appât sur le fond,
35:53 peut-être rattraper une truite.
35:56 Partout, c'est pas facile.
35:59 On a plus de chances d'attraper de la fariaud.
36:02 Comme toujours, la fariaud sauvage est très farouche.
36:05 Et donc l'approche est très difficile parce que je n'ai plus d'arbustes
36:08 pour me cacher, pour que je puisse me disparaître dans la nature.
36:13 Je suis en train de me faire un peu de la bouche.
36:16 Je suis en train de me faire un peu de la bouche.
36:19 Je suis en train de me faire un peu de la bouche.
36:22 Je suis en train de me faire un peu de la bouche.
36:25 Je suis en train de me faire un peu de la bouche.
36:28 Je suis en train de me faire un peu de la bouche.
36:31 Je suis en train de me faire un peu de la bouche.
36:34 Je suis en train de me faire un peu de la bouche.
36:37 Je suis en train de me faire un peu de la bouche.
36:40 Je ne peux pas faire autrement.
36:43 Je vais essayer de la faire monter.
36:46 Elle est très belle.
36:49 Oh, putain !
36:57 Voilà.
37:00 Là, ce n'est pas pu et un peu pu.
37:03 Voilà.
37:08 C'est une belle truite de la vis.
37:11 Ça doit être un mâle, une grosse tête, une petite queue.
37:14 Bien que les femelles aient déjà pondu.
37:17 J'ai fini de le crocher.
37:20 Elle était à peine accrochée parce que je n'ai pas pu bien la ferrer.
37:23 Je connaissais la cave là-haut.
37:26 Je suis allé la chercher au fond.
37:29 Comme elles sont grandes,
37:32 elle a déjà perdu ses points rouges de la fariaud.
37:35 Il y en a peu de points rouges quand elles vieillissent.
37:38 Là-bas, j'ai une descente qui est très verticale.
37:41 Il y a 25 m de parois rocheuses à faire.
37:44 Je vais descendre avec ma canne pliée.
37:47 Je ne la plierai que quand je serai au bord de l'eau.
37:50 La descente est parfois laborieuse.
37:53 Il me faut 5 ou 10 minutes pour descendre au bord de l'eau.
37:56 Je prends ma canne et je vais la redescendre.
37:59 Je prends ma canne et je vais la redescendre.
38:02 Je prends ma canne et je vais la redescendre.
38:05 Oh putain, une pierre est partie.
38:12 Oh con, deux.
38:15 Merde.
38:18 Je ne sais pas combien il y en a deux.
38:25 Il y a une qui passe là.
38:28 Si on la voit, elle a fait au moins 35 m.
38:31 Il y a un vieux buis qui a été mangé par la pyrale.
38:34 C'est dommage parce qu'un jour, il va craquer.
38:37 Je n'aurai plus rien pour m'amortir.
38:40 Voilà.
38:44 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
38:47 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
38:50 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
38:53 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
38:56 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
38:59 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:02 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:05 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:08 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:11 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:14 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:17 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:20 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:23 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:26 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:29 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:32 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:35 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:38 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:41 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:44 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:47 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:50 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:53 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:56 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
39:59 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:02 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:05 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:08 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:11 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:14 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:17 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:20 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:23 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:26 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:29 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:32 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:35 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:38 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:41 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:44 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:47 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:50 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:53 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:56 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
40:59 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:02 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:05 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:08 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:11 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:14 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:17 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:20 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:23 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:26 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:29 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:32 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:35 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:38 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:41 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:44 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:47 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:50 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:53 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:56 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
41:59 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
42:02 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
42:05 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
42:08 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
42:11 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
42:14 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
42:17 Ça me rassure que des bastions comme ça restent en dehors de l'eau.
42:20 C'était trop beau.
42:23 Et des touches franches, je les avalais à chaque coup.
42:26 Ce sont des morfales.
42:28 On va voir de suite ce qu'elles ont dans les estomacs pour voir
42:31 qu'est-ce qui fait qu'elles ont autant de fringales.
42:34 Ça c'est un mâle.
42:37 Les sacs de l'étanche sont tout fins.
42:40 L'estomac est presque vide.
42:43 Il n'y a plus de porte-bois.
42:46 On est dans un stade où les porte-bois ont éclos
42:49 et se sont transformés en insectes.
42:52 Aujourd'hui, il n'y a plus rien à la rivière à manger.
42:55 La période de juin, où il n'y a plus de porte-bois,
42:58 jusqu'à début juillet, ça va être excellent pour la pêche
43:01 parce que la nourriture se raréfie au sein du banc de gravier.
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