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00:00 [Musique]
00:10 Faire l'amour c'est quelque chose, il y a une sacralisation pour moi.
00:14 C'est pas s'envoyer en l'air.
00:16 [Musique]
00:22 Le jour où un homme a voulu de moi, il m'a semblé que c'était pas du tout poli de dire non.
00:26 [Musique]
00:32 Le sentiment d'être possédé, j'adore.
00:36 [Musique]
00:48 Je vivais avec Anaïs depuis déjà pas mal d'années,
00:50 quand à l'occasion d'un dîner chez des amis, j'eus la mauvaise idée de reprendre à mon compte la célèbre expression de Freud, "Le continent noir".
00:57 C'est vrai, ça m'a toujours agacé ce soi-disant mystère qui est censé entourer la sexualité féminine.
01:02 Si le désir féminin semble aussi opaque aux hommes, c'est qu'ils n'ont jamais vraiment cherché à le comprendre.
01:08 En ont-ils même envie ?
01:10 C'est tellement plus confortable de le présenter comme énigmatique, voire incohérent.
01:14 Je devais bien reconnaître qu'Anaïs n'avait pas tort.
01:18 La capacité des hommes à nier le désir féminin est si forte,
01:21 que lorsqu'une femme réussit à imposer le sien, on suppose aussitôt qu'elle n'a fait qu'assouvir celui de l'homme.
01:27 [Musique]
01:31 François Giroud avec Valérie Giscard d'Estaing,
01:33 Michel Barzac avec Jacques Chirac,
01:35 Edith Cresson avec François Mitterrand.
01:37 Expliquez-moi pourquoi les femmes politiques sont toujours soupçonnées d'avoir couché avec le prince ?
01:42 Toutes les femmes que vous avez citées, qui effectivement sont arrivées au plus haut niveau de responsabilité,
01:47 si vous regardez bien leur parcours et leur trajectoire, ce sont des femmes extrêmement compétentes.
01:53 Je pense que ça arrangait les hommes de pouvoir imaginer qu'elles aient forcément eu une relation intime avec un homme de pouvoir pour accéder au pouvoir.
02:04 Je pense que ça leur est insupportable d'imaginer qu'elles puissent être intelligentes, compétentes,
02:11 qu'elles aient une réflexion, mais aussi une stratégie.
02:14 Parce qu'on a toujours le sentiment que la stratégie n'est réservée qu'aux hommes.
02:18 Une femme libre qui assumerait ses désirs, c'est si difficile à imaginer ?
02:22 Quand vous dites "je suis une femme libre", on dit "oh là, attention, attention, parce qu'elle va peut-être faire n'importe quoi".
02:28 Ce qui n'est pas le cas d'un homme. On dit "c'est un homme libre", donc ça veut dire que c'est un homme qui a des convictions,
02:32 et donc il est libre d'exprimer très librement ses convictions.
02:36 Pour une femme, on dit quand elle est libre, on dit "oh là là, attention, elle va faire n'importe quoi,
02:41 il faut la canaliser, il faut la gérer". J'ai jamais entendu ça pour un homme.
02:47 Quand vous étiez plus jeune, que pensaient vos parents de votre indépendance ?
02:53 Moi, toutes mes sœurs sont mariées, on est une famille totalement conventionnelle,
02:57 j'étais la seule à être totalement à part, et je pense que mes parents, y compris maman, ça ne leur déplaisait pas.
03:02 Donc je disais "elle est à part, donc on laissons là".
03:04 J'ai eu effectivement un mariage contraint, dont je me suis défaite,
03:07 mais je vois même, c'est comme ça que certains venaient faire des demandes en mariage,
03:11 et mes parents disaient toujours "on veut bien parler des autres, mais alors elle non, c'est pas possible,
03:16 parce qu'on va se brouiller, c'est pas possible, vous n'allez pas pouvoir gérer, c'est pas possible".
03:22 Et donc, je pense que ce tempérament de liberté à l'extrême, mais aussi je leur donnais des "gages",
03:29 j'ai jamais mal utilisé cette liberté. C'est-à-dire que je n'ai pas été délinquante,
03:34 c'est vrai que je ne me suis pas perdue. Donc ils se disaient "elle maîtrise cette liberté, elle sait ce qu'elle fait".
03:42 Et comment a réagi le monde politique quand vous êtes devenue ministre ?
03:46 On ne m'a rien laissé passer, il faut quand même le dire.
03:49 C'est-à-dire qu'on essayait à chaque fois de me mettre sur le dos l'illégitimité, de la légèreté,
03:56 parce que je pense que ma féminité était insupportable.
03:58 Et le pire, et ça je l'ai découvert quand j'étais enceinte, c'était bien au-delà de la féminité,
04:04 c'est qu'en plus j'affichais finalement une intimité, pour ne pas dire une sexualité, assumée que personne ne connaissait.
04:11 Vous n'aviez pas un peu exposé votre vie privée ?
04:14 Pas tant que ça, la preuve en est que personne ne la connaît.
04:16 Et j'ai toujours assumé de ne pas exposer mon intimité parce que je voulais être libre dans cette intimité.
04:22 Parce que exposer une intimité ou une vie personnelle, ça vous rend prisonnière.
04:28 Et donc moi je me disais, plus je la laisserai préserver, plus elle sera cachée, plus je serai encore plus libre.
04:34 Ça ne veut pas dire la liberté de passer de l'analo, de changer de compagnon ou de partenaire.
04:39 Pas du tout, au contraire.
04:41 Moi ça me permet de conforter ma relation intime, au contraire.
04:45 Moi je trouve que de l'exposer me fragiliserait.
04:49 [Musique]
05:02 Est-ce que vous diriez que les femmes comme Rachida Dati ou Ségolène Royal, mais aussi comme vous dans le domaine de la musique, témoignent d'un désir libre qui fait peur aux hommes ?
05:11 Je pense que, je pense sans être prétentieuse, que oui je crois que je dois faire peur aux hommes.
05:16 Je fais peur aux hommes, je m'en suis rendue compte parce que par toutes les années où j'ai pu côtoyer des hommes, ça a toujours été à la fois fascination et à la fois angoisse.
05:30 Le fait d'assumer une carrière qui est supposée être plus pour les hommes que pour les femmes, mon caractère donc qui doit être fort et imposant, doit un peu les effrayer.
05:43 Et puis le fait que, c'est vrai que quand vous voyez une artiste comme ça jouer au milieu d'un grand orchestre symphonique,
05:50 assumer, arriver sur scène, avoir de la puissance, jouer comme ça devant 2000 personnes, c'est toujours, on se dit "mon lala, mais c'est impressionnant, comment je vais faire pour exister ?"
06:01 [Musique]
06:05 C'est le soir même de ce tournage avec Rachida Rodaki que je proposais à Gérard d'aller interroger Clémentine Autain.
06:10 Je voulais qu'on parle ensemble de la négation de la sexualité féminine et notamment de l'embarras que suscite le sexe de la femme.
06:17 [Musique]
06:20 Dans les années 70, les mouvements féministes, dans leurs journaux féminins, faisaient beaucoup de photos de clitoris, de sexe de femme, parce que c'est vraiment, ça rentre pas dans notre imaginaire.
06:30 On voit très bien un sexe d'homme, on voit beaucoup plus difficilement à quoi ressemble un sexe de femme.
06:35 Pour la masturbation, c'est un peu pareil, c'est très caché, très masqué, on voit bien à quoi ressemble la masturbation masculine.
06:42 Pour les femmes, ça reste vraiment de l'ordre du secret.
06:47 Mais c'est lié aussi au fait que dans la conception de la sexualité que nous avons, s'il n'y a pas de pénétration, s'il n'y a pas le pénis, s'il n'y a pas de sexualité.
06:55 On le voit, c'est la définition même du viol.
06:57 Il y a viol, ce qui caractérise un viol, c'est la pénétration.
07:02 Je trouve que ça en dit long sur notre conception de la sexualité. S'il n'y a pas de pénétration, il n'y a pas de sexualité.
07:06 Je pense que ça a aussi à voir, c'est-à-dire que la sexualité, elle tourne beaucoup dans notre imaginaire autour du pénis, et sans pénis, au fond, ça n'existe pas.
07:15 Quand on parle de la femme, on dit toujours que la femme, en fait, c'est un mystère, parce que tout d'un coup, cette espèce de vagin de la femme, c'est comme quelque chose d'immense.
07:25 C'est immense, immense, immense, immense, immense, c'est tellement immense que j'ai des copines qui pensaient, l'autre jour on discutait, que c'était infini.
07:31 Elles n'imaginaient pas que c'était bloqué par le col de l'utérus. C'est quand même dingue.
07:35 Des femmes qui n'ont pas idée de leur propre corps, et elles imaginaient. Je dis, mais tu crois quoi ? Que ça remonte jusqu'à la gorge ?
07:42 Ben oui, je pense qu'il y en a qui pensent ça.
07:45 Dans vos premiers rapports amoureux, qu'est-ce qui a été le plus difficile pour vous ?
07:55 Comme j'étais souvent seule, j'avais peur de l'autre. On a une peur de l'autre.
07:59 Et puis quand on va vers l'autre, qu'on ose une fois, et qu'on se prend une sorte de casserole, parce que finalement on sait pas dire les choses comme on devrait les dire.
08:07 Parce qu'on les dit d'une manière assez brusque. Parce qu'on a pas l'art et la manière.
08:12 Parce qu'on est tellement seule que finalement on sait pas ce que c'est.
08:15 Que les codes sociaux, pour pouvoir se parler d'une manière disons retenue, on va y aller d'une manière brusque.
08:22 Moi j'étais un peu, on va dire, quand quelqu'un me plaisait, je lui disais "tu me plais quoi, j'allais pas par 36 chemins quoi".
08:29 J'étais comme un animal sauvage quoi. Donc effectivement parfois ça pouvait sembler comme étant quand même assez osé ou provocateur ou quand même brutal.
08:39 Et je me prenais vraiment, mais des vrais râteaux. Donc finalement je me disais "bon ben, moi je reste toute seule".
08:45 Toi tu étais à l'aise avec les garçons ?
08:49 Oui j'étais très à l'aise avec les garçons. Et c'est des bons souvenirs que je garde.
08:55 En fait j'étais assez mûre, très jeune. Donc c'est vrai que j'ai de suite été à l'aise avec la sexualité, rapidement.
09:05 J'ai beaucoup parlé avec ma mère quand j'étais jeune, assez librement. Donc ça n'a jamais été tabou.
09:12 Et aller jusqu'au bout la première fois, ça c'est vraiment ce que tu voulais ?
09:16 Oui parce que je l'ai fait jeune comme ça, c'était par curiosité. J'en avais envie. Après la notion de désir, vraiment si je le désirais lui, tout ça.
09:24 Je le trouvais mignon quoi, voilà. Il devait me regarder, il devait me trouver joli. Donc voilà.
09:32 Mais il n'y a pas de notion d'amour ni de désir. En même temps je ne me rappelle pas, peut-être qu'à 13 ans je fais du désir déjà.
09:39 Mais je ne savais pas ce que c'était. Donc est-ce qu'on peut parler de désir vraiment ?
09:43 [Musique]
09:49 Quel était votre désir quand vous étiez adolescente ?
09:53 Eh bien ma foi, mon désir était d'être libre. Je l'étais relativement parce que mes parents avaient des relations très complexes, très passionnelles, très violentes.
10:09 Nous habitions à Paris dans un hôtel de passe au-dessus de la brasserie où mon père travaillait.
10:19 Je m'arrangeais avec des copines pour me mentir un peu et puis je suis allée voir des films et au théâtre.
10:29 Et d'ailleurs un soir en allant voir Antigone Danouille avec Monel Valentin, c'est ce qui a décidé de mon désir de monter sur les planches.
10:39 Puisqu'elle disait non tout le temps. Elle disait non à l'ordre établi et j'ai dit c'est ça que je veux être.
10:45 Donc j'étais libre. Les rapports amoureux vous voulez dire, je les connaissais bien puisque comme j'habitais cet hôtel pendant l'occupation,
10:57 le matin quand j'allais à l'école, je voyais les soldats allemands qui faisaient la queue dans l'escalier avec leurs pantalons kakis sur le bras,
11:07 avec des caleçons et qui attendaient leur tour. Mais ça ne me préoccupait pas tellement.
11:13 Et quand j'allais en vacances chez cette femme que j'appelais ma mémé qui en fait était une cousine de mon père dans le puits de Dôme
11:23 avec la sage femme, sa copine, j'entendais toutes les histoires de grossesse, d'avortement et puis je voyais bien les animaux entre eux.
11:36 Ceci dit, c'est là que j'ai eu mon premier amoureux. Il m'a embrassé sur la bouche. Il s'appelait Roger. Il était beaucoup plus âgé que moi.
11:44 Et j'ai trouvé ça, ça ne m'a pas plu. Je veux dire que je n'avais pas de désir.
11:52 Et comment avez-vous découvert la sexualité?
11:55 J'ai été violée par un type qui me faisait étudier, qui nous a étudié certains incomédiens médiocres.
12:05 Un jour, il m'a fait venir chez lui pour travailler, soit disant, et il m'a sauté dessus. Je me suis débattue et puis bon.
12:17 Vous aviez quel âge?
12:20 Je devais avoir, attendez voir, je suis née en 28, 44. Je vais avoir 17 ans.
12:31 Vous gardez quel souvenir de l'adolescence, de la naissance du désir?
12:38 Moi, je suis assez nostalgique de l'adolescence. C'est un moment, je trouve assez violent et douloureux, mais à la fois sublime.
12:45 Tout est très dramatique. Tout est. Donc, j'ai des souvenirs de faire des fugues avec mon amoureux, de partir à Trouville en scooter, de faire des trucs complètement dingue.
12:55 Je rendais mes parents fous. Ils devenaient fous parce que j'étais jamais au lycée, mais j'avais quand même des bonnes notes quand j'y allais.
13:02 Donc, on ne pouvait pas vraiment m'engueuler. J'étais j'étais un peu pénible. Je pense vraiment à l'adolescence pour mes parents.
13:08 Mais moi, je me souviens de voilà, d'avoir vécu les choses de manière très, très intense et mais sans, sans, sans être encore dans une conscience, du désir avec un grand D.
13:22 C'était plutôt les expériences. Il fallait faire des expériences. Il fallait. Ouais, il fallait essayer les choses. Il fallait se faire peur. Il fallait. Il fallait avoir mal.
13:35 Pourquoi l'adolescence, le désir féminin mêlerait t'il tentation et peur?
13:41 Mais parce que quand vous êtes une jeune fille dans la puberté, ça fait des années que vous y pensez.
13:46 Ça fait des années que même pas en regardant votre corps. C'est comme ça. Vous vous dites à un moment donné, il va se passer ça.
13:53 Vous êtes un peu au courant de tout sans, sans savoir vraiment. Mais ça fait peur.
13:58 Ça fait peur. Et est ce que vous voudriez? Je crois que ce que toutes les adolescentes cherchent, c'est quelqu'un avec qui on peut un petit peu balancer et jouer.
14:09 Et c'est pour ça aussi que beaucoup d'hommes, il me semble quand ils sont, quand ça se passe pas brutalement, que beaucoup d'hommes plus âgés, justement, on adore quand on est jeune.
14:19 Les hommes plus âgés, parce que tout d'un coup, justement, ils ont l'intelligence de comprendre qu'il faut laisser venir, qu'il faut faire.
14:24 Et puis ça vient tout seul. Mais pour beaucoup de femmes, ça ne se passe pas comme ça. Et pour vous, comment ça s'est passé?
14:31 Le jour où un homme a voulu de moi, il m'a semblé que c'était pas du tout poli de dire non, surtout quand on avait amené un homme à nous désirer.
14:39 Et si cet homme, je me souviens de ce premier amant qui avait ce qui était très beau, qui avait.
14:46 Et quand j'ai vu ce flambeau à mort de son désir, je trouvais ça sensationnel. Mais j'ai eu peur.
14:53 J'avais 13 ans et quand j'ai commencé à vouloir m'arrêter, il n'était pas question de s'arrêter. Et j'ai pas, j'ai pas osé dire non.
15:02 Je me suis dit, ben voilà, tout ce désir que j'ai en moi, c'est comme si, en fait, il y avait un prix à payer.
15:08 Tout ce désir que j'ai en moi, bon, il amène à ça. C'est à dire que tout d'un coup, cette communication qu'il y a entre mon désir et le désir de l'homme, tout d'un coup, j'ai eu l'impression.
15:20 Je vous parle de c'est vraiment des loins. J'avais l'impression qu'à un moment donné, il n'y avait plus de communication avec cet homme.
15:27 J'étais quand même très jeune. Et quand j'ai vu que cet homme n'écoutait plus ce que je lui disais, que je disais, j'ai peur et qu'il n'écoutait pas,
15:33 que je disais, j'ai jamais fait l'amour et qu'il n'écoutait pas. Quand je voyais qu'il n'écoutait rien et qu'il prenait des drôles, une drôle de tête de quelqu'un qui préfère ne pas entendre ce que je dis.
15:44 Et puis ensuite, il y a eu l'acte et que cet acte, il avait quelque chose qui ne pouvait pas me satisfaire parce que j'étais là en train de...
15:52 Moi, j'étais complètement avec un temps de retard en train de me dire mais ça ne va pas. Je n'ai pas envie d'être là comme ça. Mais qu'est-ce qui m'arrive ?
15:58 Et donc, et toute cette chose où finalement, il n'y avait pas de place pour mon désir, je me suis laissé faire.
16:10 Sa crainte de voir son désir nillé est toujours présente pour une femme.
16:14 Comme Jeanne Moreau à 17 ans, Clémentine Autain a rencontré cette négation sous sa forme la plus brutale.
16:19 A 22 ans, par une journée ensoleillée, alors qu'elle se rendait à l'université Paris 8 pour un cours d'histoire, sa vie a basculé.
16:27 Est-ce qu'on peut dire que le viol que vous avez subi a modifié radicalement votre approche de la sexualité ?
16:35 Oui, ce viol a fait de moi une féministe complètement. Au sens où c'est ce choc qui m'a permis de prendre conscience de tout un tas de choses que je ne voyais pas auparavant.
16:48 Je ne faisais pas le lien entre un violeur que je prenais pour un malade mental et 2000 ans d'histoire d'oppression des femmes, de construction du désir inégalitaire, etc.
16:59 Et du coup, en menant tout ce travail féministe à partir de ce moment très très violent, j'ai l'impression d'avoir progressé.
17:08 Je sais bien que ça va agacer Anaïs, mais certains disent au contraire que féminisme et désir ne vont pas de pair.
17:14 Parfois j'entends même dire que les féministes sont puritaines, ce qui me met hors de moi. Pour moi c'est exactement l'inverse.
17:19 Mais ça en dit long, le fait qu'on ait cette projection, ça veut dire qu'on a du mal à imaginer la sexualité et la séduction sans ce régime de la domination masculine.
17:28 On se dit, si ça ne marche plus comme ça, si ce n'est pas les hommes qui décident et les femmes qui minaudent, qui font les princesses et les hommes les chevaliers, comment on fait ?
17:35 Comment ça marche ? C'est quoi le code ?
17:38 Le féminisme libère le désir, mais à condition que le combat passe par la chambre à coucher.
17:43 C'est toute la difficulté du combat féministe, on est au cœur, c'est ce qu'on dit souvent. Coucher avec son oppresseur, c'est quand même quelque chose d'assez particulier.
17:52 Le plus troublant c'est lorsque nos propres fantasmes sont en désaccord avec nos convictions.
18:03 Nos fantasmes sont construits par l'ici et maintenant, et donc comme je dis souvent, beaucoup de femmes fantasment d'être violées par exemple.
18:10 C'est-à-dire que dans leur fantasme sexuel, elles miment un imaginaire social qui est construit depuis des luces dans lesquelles elles sont dominées et les hommes sont des dominateurs.
18:18 Donc c'est pas simple d'en sortir, c'est très compliqué.
18:22 Mais je pense qu'on peut ici et maintenant jouer avec ces désirs, c'est-à-dire que c'est pas la même chose d'avoir ce fantasme.
18:28 Et ce fantasme n'a pas à voir avec le réel, ça veut pas dire que ces femmes-là veulent être violées.
18:33 Et je crois qu'en période intermédiaire, il faut les mettre à un peu, comment dire, savoir se les approprier, jouer avec ces fantasmes-là, et ne pas être dominés par eux totalement.
18:45 Les femmes devraient donc se méfier de leurs fantasmes ?
18:49 Oui, s'en méfier c'est pas mal, c'est un bon mot.
18:54 S'en méfier, ouais, je m'en méfie.
18:56 Ça veut pas dire que je les nie, il ne s'agit pas de les nier.
19:00 Je me mets au défi toutes les féministes d'expliquer que du matin au soir, dans leurs désirs, elles sont absolument carrées par rapport à l'idée qu'elles se font de l'égalité et d'une vie émancipée.
19:11 Non, je pense que ce serait pas vrai.
19:13 Mais s'en méfier, c'est une manière aussi d'être plus libre.
19:16 C'est-à-dire de... je peux en jouer, mais je sais aussi là où j'irais pas.
19:23 Cela dit, le fantasme est quand même l'une des choses les plus agréables.
19:26 Vous, ça attise le désir ?
19:29 Moi qui ne suis pas du tout, par exemple, je suis pas jamais été échangeiste, jamais pratiqué tout ce genre de choses,
19:36 je sais très bien qu'une des principales choses qui pourrait me faire vivre mieux mon désir, ce serait que mes yeux soient bandés et que les yeux de la personne soient bandés.
19:46 C'est-à-dire qu'en fait, l'idée qu'il n'y ait pas de témoin, ni même moi-même, de cette pulsion, ce serait libérateur.
20:04 Parlons de ton mari. Est-ce que tu as le sentiment que tes fantasmes t'éloignent parfois de lui ?
20:09 Si tu veux, en parlant de fantasme, il me suffit. Je suis pas là à penser à d'autres gars.
20:15 Lui, je le verrais bien. Lui, il est mignon, j'ai envie de coucher avec lui.
20:18 Même si je vois un bel homme qui rentre dans le resto, un bel homme, effectivement, je vais le regarder.
20:23 Mais il n'y a pas de notion de désir du tout. Je le vois pas dans mon lit.
20:28 Le gars, même s'il est très beau, j'ai pas envie de lui sauter dans les bras.
20:31 Franchement, ça passe par la tendresse et l'amour, pour moi, le désir.
20:35 Donc le gars, si je le connais pas, je vais pas l'imaginer à poil.
20:38 Je ne suis pas en train de te dire que je me cache un fantasme. Pas du tout.
20:46 Sérieusement, le mien, c'est pour ça que ça perdure, je pense. Le mien, il comble tous mes fantasmes.
20:53 Pour vous, avec votre premier mari, la sexualité était très importante ?
20:58 Non, j'avais envie d'aimer et d'être aimée, mais la sexualité n'était pas ma préoccupation la plus grande.
21:06 Ça m'est venu après.
21:08 À quel moment ?
21:09 Bon, mon mari m'a quitté pour une autre femme, il est revenu après.
21:15 À ce moment-là, je me suis dit, ça vaut pas le coup. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de mariage et tout ça ?
21:22 Et je dois dire que j'ai pris mes aises. Peut-être qu'au début, c'était un petit peu, pas pour qu'il le sache,
21:29 mais par revanche, comme ça, pour faire comme tout le monde. Et puis, j'ai découvert le plaisir.
21:37 Ça veut dire quoi, vivre comme un homme ?
21:40 C'est-à-dire que je vivais seule, je sortais beaucoup, et il y avait des garçons qui, je leur plaisais, ils me plaisaient.
21:48 On partait ensemble et on avait une relation qui pouvait durer une nuit ou deux nuits.
21:54 Et après, c'était fini. Bon, la seule crainte, c'était d'être enceinte.
22:00 Parce que j'avais dû faire plusieurs avortements. J'aurais pu avoir deux enfants avec Mouimane, par exemple.
22:08 On les a pas gardés.
22:10 Et puis, je suis partie tourner à l'étranger. J'ai eu des relations qui duraient huit jours, dix jours, quinze jours.
22:18 Et j'étais très infidèle.
22:21 On peut dire que vous avez réussi, du coup, à vous réconcilier avec votre propre désir en copiant le désir de l'autre.
22:30 Non, non, j'ai pas copié. Non, ne dites pas que j'ai copié.
22:34 Je me suis réconciliée avec mon corps quand j'ai pris la liberté.
22:40 Qu'on reste concilié avec mon corps et le corps d'un homme. C'est autre chose.
22:45 J'ai trouvé le plaisir. Donc j'avais des désirs. Alors qu'avais-je d'avant, je n'en avais pas.
22:53 Mais j'ai pas gambergé en disant « je vais vivre comme un homme et je suis scandaleuse ». Je m'en foutais.
22:58 Pourquoi pendant des années, votre désir n'a-t-il pas pu s'affirmer face à celui des hommes ?
23:10 Il me semblait que le désir des hommes était plus important que le mien.
23:14 Et que parce qu'ils se voyaient, voilà, ce désir.
23:18 Et parce qu'à un moment donné, quand vous dansez un slow avec un homme, il se passe quelque chose.
23:24 Il y a même des hommes qui ne parlent pas. Ils font juste « tu te rends bien compte ».
23:30 Il y a même des hommes qui disent « j'ai vécu ça après quand j'étais en couple, tu ne peux pas me laisser dans cet état-là ».
23:35 De toute manière, il y a cette idée que c'est impérieux.
23:38 Et que pour vous, qu'est-ce que c'est ? Vous n'avez pas envie. Vous avez peut-être un peu envie.
23:44 Ou bien l'envie vient en faisant. Vous allez avoir envie.
23:47 Ou bien ce sera bien peut-être, en définitive, une fois que ce sera fini, vous serez contente.
23:50 Moi, j'ai connu des hommes qui m'expliquaient qu'en fait, je jouissais.
23:56 Ils savaient pour moi que je jouissais. Mais moi, je savais très bien que je ne jouissais pas.
24:00 Je ne savais même pas le dire. Je savais très bien que je ne jouissais pas.
24:04 Puisque si je me débrouillais toute seule, je voyais bien la différence.
24:07 Ah non ! La jouissance que j'avais avec eux, que je croyais ne pas être de la jouissance,
24:11 c'était une jouissance supérieure à l'auto-érotisme. Et moi, j'ai gobé tout ça.
24:16 Je pense que, à la différence d'une femme, l'homme est tourné sur ce point-là,
24:22 c'est-à-dire ce qu'il a entre les deux jambes, et non pas sur... Nous, on n'a pas ça.
24:26 Nous, on n'a pas ça. On n'est pas tourné, on n'est pas obsédé d'être le premier,
24:29 d'être celui qui va réussir le premier, celui qui va écraser les autres.
24:34 On n'a pas cette idée-là, cette affirmation.
24:39 Mais oui, c'est leur malédiction.
24:41 C'est-à-dire ?
24:43 C'est parce qu'ils ont un sexe extérieur. C'est une malédiction.
24:49 Ce n'est pas un cadeau qu'on leur a fait.
24:53 D'avoir un sexe ?
24:54 Mais oui, parce que c'est comme une arme. Donc, ils sont condamnés à être comme ça.
25:01 Ce n'est pas marrant.
25:03 Sans faire de la psychanalyse sauvage, vous iriez jusqu'à dire que le piano est une protubérance phallique,
25:08 en tout cas l'occasion pour vos collègues hommes d'affirmer sur scène ce dont ils veulent témoigner dans le lit ?
25:15 Je pense que ça ne se manifeste pas sur l'instrument.
25:20 Ça se manifeste plus sur les œuvres.
25:24 C'est-à-dire qu'il va avoir besoin de jouer des choses très, très, très difficiles techniquement.
25:31 Et prouver à la Terre entière qu'il est capable de les jouer encore plus vite,
25:35 encore plus fort et encore beaucoup plus monstrueusement fascinant et technique que les autres.
25:42 Donc, si par exemple, il y a des études de Chopin qui sont déjà monstrueuses de difficultés,
25:48 déjà techniquement très, très difficiles,
25:51 eh bien, il y a un compositeur qui a écrit des études de Chopin revisitées avec encore plus d'horreur, de difficultés,
26:00 qui s'appelle Godowski. Il a fait Chopin-Godowski.
26:03 C'est un truc mais monstrueux. C'est-à-dire que ce n'est même pas jouable normalement.
26:07 Eh bien, beaucoup d'hommes vont prendre ces œuvres et dire, tu vas voir, je vais les jouer encore plus vite, encore plus incroyablement.
26:14 C'est plus dans les œuvres qu'ils vont s'affirmer comme ça.
26:17 Alors que moi, ce n'est pas du tout un répertoire qui me fascine.
26:20 Bien au contraire, je le fuis. Ça me fatigue. La prouesse pour la prouesse ne m'intéresse pas vraiment.
26:27 Je préfère les œuvres plus intimes, plus dans la musique, dans la fragilité, dans la sensibilité, dans la subtilité.
26:34 Je te connais un peu. Je vois bien qu'il y a quelque chose qui t'embête dans mes dernières questions.
26:42 Oui, parce que je trouve fou de constater à quel point pour parler du désir des femmes, il faut toujours invoquer celui des hommes.
26:48 Tu veux dire quoi ? Que j'ai tendance à comparer les deux désirs ?
26:52 Voilà. C'est ce que dit Simone de Beauvoir. L'homme n'est pas une singularité, il est la norme.
26:58 Et la femme, elle, est toujours relative, pensée par rapport à lui.
27:01 Je suis d'accord. D'un autre côté, s'il y a bien quelque chose que la psychanalyse constate, c'est qu'il y a un phallocentrisme dans l'inconscient des deux sexes, c'est-à-dire y compris dans celui des femmes.
27:16 Quand vous étiez jeune, pour affirmer votre désir, est-ce que vous avez eu le sentiment d'afficher ou de gommer votre féminité ?
27:23 Alors moi, je cumule, j'allais dire beaucoup de handicaps. Je cumule beaucoup de choses.
27:27 Moi, je venais d'un milieu défavorisé, de parents immigrés, totalement analfabètes, d'un quartier populaire où c'était plus que populaire.
27:35 Un quartier très difficile, puisque le chômage, la délinquance, la toxicomanie, on a été frappés plein fouet par ça.
27:44 Moi, j'ai connu aussi dans mon entourage des filles qui avaient mal tourné au sens, qui se sont prostituées par exemple.
27:51 Malgré elle, c'était ça aussi notre environnement et mon environnement.
27:54 Donc, comme j'étais dans l'urgence, je gommais tout ce qui pouvait gêner. Beaucoup de choses chez moi finalement, pas que ma féminité.
28:01 En tous les cas, mon souci n'était pas d'être soucieuse de mon apparence ou de ma féminité.
28:07 Mon urgence et mon souci étaient de pouvoir réussir des études et obtenir les jobs auxquels je postulais.
28:15 Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'avec le temps, vous vous êtes approprié votre féminité. Ça vous a créé des problèmes ?
28:21 On m'a suggéré de ne pas mettre de rouge à lèvres, de ne pas mettre des talons, d'apparaître moins sur des aspects féminins finalement.
28:28 Et je n'ai jamais voulu, parce que j'aurais été... Alors là, pour le coup, j'aurais été quelqu'un d'autre.
28:32 Moi, je considère que d'être comme j'étais, c'était moi. Donc, je ne suis pas transformée en devenant une femme publique et je ne suis pas différente dans ma vie personnelle.
28:42 Je suis comme ça tout le temps. Mais ce qui est insupportable, c'est qu'on associe féminité à légèreté.
28:48 Tout est sexuel. C'est que la féminité, c'est de la sexualité. Non, non. Moi, je considère que la féminité, c'est être bien avec soi-même.
28:55 Moi, je suis en accord avec ce que je suis par ma féminité.
28:59 Il n'y a pas longtemps, pour les besoins d'une bonne cause, vous avez été photographiée dans la peau d'un homme. Votre féminité n'en a pas trop souffert ?
29:07 Je vais faire une petite confidence. On s'y met tous les jours dans la peau d'un homme.
29:12 D'abord, on s'y met quand on négocie, on s'y met quand on discute, on s'y met quand on va sur la conquête du pouvoir, on s'y met quand on est à une tribune.
29:20 On se dit, comme il va penser ça, donc je vais dire ça. Comme il va essayer de faire ça, je vais essayer de faire comme si.
29:26 Donc on y est toujours, finalement. J'ai évolué que dans des milieux masculins.
29:31 Les quartiers populaires, on était dans la virilité, dans la baston tout le temps, dans le rapport de force tout le temps.
29:37 Moi, je vois bien, parfois, il faut que je... Moi, j'essaye de m'en délester. La naissance de ma fille m'a aidé à ça, à me délester des rapports de force.
29:44 Mais je suis toujours en rapport de force, je suis toujours... Donc, être dans la peau d'un homme, finalement, on y est pratiquement tout le temps.
29:49 Quand vous êtes au pouvoir, vous y êtes pratiquement tout le temps.
29:52 Le désir masculin ne doit plus avoir pour vous le moindre secret. Vos collègues hommes ne doivent pas s'en réjouir.
30:00 Moi, je pense que les hommes de pouvoir n'aiment pas les femmes de pouvoir.
30:03 Que les hommes aux plus hautes responsabilités n'aiment pas que les femmes y accèdent.
30:07 Parce que vous découvrez tout leur travers, tout leur compromis, pour ne pas dire quelques compromissions.
30:13 Donc, ça leur est insupportable, un peu, qu'on connaisse les coulisses.
30:17 Moi, je vois bien les hommes de pouvoir que je connais, je peux les énerver, parce que je connais tous deux.
30:23 C'est vrai que le pouvoir, pour eux, c'est lié, c'est indissociable de la virilité.
30:28 Donc, finalement, ils sont un petit peu agacés qu'on les voit moins virils.
30:33 Parce que, finalement, vous percez le mystère qui n'existe pas.
30:38 Et puis, leur petite... leur tactique, parce qu'on croit parfois que ce sont des grands stratèges, pas du tout.
30:45 Les voyants moins virils et moins mystérieux, j'imagine qu'il y a peu de chance que vous tombiez amoureuse de l'un d'eux.
30:52 Parce que, qu'est-ce qui aimante, en fait, votre désir pour un homme ?
30:56 J'associe mon désir, ou même un sentiment amoureux, à de l'admiration.
31:02 L'admiration qui, pour moi, va avec aussi avec le respect.
31:06 Donc, si j'ai pas d'admiration pour un homme, c'est très compliqué.
31:11 Donc, c'est vrai que pour ceux pour lesquels vous découvrez tous leurs secrets, je veux dire, ça casse un peu les limites.
31:18 Donc, c'est vrai que c'est, pour moi, moins... ça déclenche chez moi moins d'adrénaline.
31:26 Bon, je ne voudrais pas, Anaïs, que tu me reproches encore de comparer les deux désirs.
31:33 Mais est-ce que tu ne penses pas que ce qui caractérise le désir féminin, par opposition au désir masculin,
31:39 c'est qu'il peut tout à fait se contenter d'être inassouvi ?
31:42 Oui, mais sauf que je trouve que c'est justement la grande force des femmes, le pouvoir de leur imaginaire,
31:48 leur capacité à s'enflammer intérieurement, à désirer ardemment quelque chose,
31:53 mais dont elles ne voudraient pas forcément qu'il se concrétise.
31:56 Moi, je crois que les hommes seraient étonnés de découvrir leurs propres possibilités.
32:04 Nous, les femmes, on est bien obligées de les avoir découvertes, nos possibilités,
32:07 puisqu'on vient de générations de femmes qui ont rêvé, qui ont pensé aux choses au lieu de les faire,
32:13 qui ont fait les choses avec un homme avec qui elles ne voulaient pas les faire, ou plus les faire,
32:16 mais qui ont continué à les faire.
32:18 Et il fallait bien qu'elles rêvent, toutes ces femmes-là.
32:20 Et il fallait bien qu'elles vivent leur érotisme.
32:23 Donc, on est habitués à se débrouiller avec de l'imagination.
32:29 Tout d'un coup, si on découvrait que, quand une femme est à une terrasse de café,
32:34 et qu'elle voit passer un homme, elle peut ne regarder que sa braguette,
32:38 et elle n'ira jamais... Enfin, elle n'ira jamais...
32:40 Il y a très peu de femmes qui passent à l'acte.
32:42 Et ce qu'il y a de très, très spécifique chez la femme, c'est qu'elle n'a même pas besoin de passer à l'acte.
32:45 C'est ça qui est très fort.
32:46 C'est que, combien de fois j'ai regardé un endroit d'un homme en pensant à quelque chose
32:53 qui n'allait pas se produire...
32:56 D'ailleurs, peut-être même si l'homme m'avait abordé,
32:58 j'aurais été sur ma réserve immédiatement, tellement terrorisée,
33:01 à l'idée qu'il n'aurait plus deviné que...
33:03 Mais la force de leur lubricité fait que...
33:06 Le croiser, le regard d'un homme, parfois, fait qu'en fait, le plaisir est déjà pris.
33:11 Toutes les femmes vous le diront, quoi.
33:13 Toutes les femmes vous le diront, elles trouvent ça extraordinaire.
33:18 C'est un grand, grand pilier.
33:19 J'ai l'impression que le désir et l'imagination se conjuquent très tôt dans l'enfance.
33:27 Comment ça s'est passé pour vous ?
33:29 J'ai un souvenir très précis, je devais avoir 6-7 ans.
33:33 Il y avait un groupe qui s'appelle les Stray Cats qui était à Paris.
33:37 Et mon père logeait le chanteur qui s'appelle Brian Sedzer à la maison.
33:42 Je ne sais pas s'il le logeait vraiment, mais enfin, ils ont dû faire une folle soirée.
33:56 Je me réveille pour aller à l'école et il y a Brian Sedzer dans mon salon.
33:59 Et Brian Sedzer, pour moi, c'était un peu la réincarnation d'Elvis Presley.
34:03 Il n'a pas le même talent, il n'est pas aussi beau garçon, mais il avait la banane.
34:08 Il chantait du rockabilly, il avait des tatouages, il se décolorait les cheveux en blond.
34:15 Et puis j'adorais sa musique, j'écoutais tout le temps chez moi.
34:18 Et donc je vois Brian Sedzer dans mon salon.
34:22 Un matin, j'enjambre Brian Sedzer pour aller à l'école.
34:25 Il se réveille et il me donne des décalcomanies.
34:27 Parce qu'à l'époque, le logo du groupe, c'était un chat avec une banane.
34:31 Il me donne des décalcomanies que j'ai mis partout sur mon bras pour aller à l'école.
34:34 J'étais dans une école kato, je tiens à le préciser.
34:36 Et donc je suis arrivée à l'école avec mes décalcomanies, des spray cats partout sur les bras.
34:41 J'étais super fière.
34:43 Et pour moi, l'histoire d'amour commençait entre Brian et moi.
34:46 J'avais 6 ans, 7 ans.
34:48 Donc si je fais le calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie...
34:53 Je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
34:57 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:00 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:03 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:06 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:09 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:12 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:15 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:18 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:21 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:24 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:27 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:30 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:33 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:36 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:39 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:42 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:45 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:48 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:51 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:54 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
35:57 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
36:00 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
36:03 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
36:06 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
36:09 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
36:12 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
36:15 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
36:18 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
36:21 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
36:24 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
36:27 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
36:30 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
36:33 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
36:36 Et je me suis dit que je devais faire un calcul de tous les hommes qui m'ont fait cette effraie.
36:39 Et déjà j'avais ça. Donc il y avait une sorte de camaraderie. On était à égalité. Personne ne se soumettait à l'autre.
36:47 Et c'est ça qui donnait quelque chose de ludique au rapport et qui exaltait le plaisir.
36:55 Et je ne suis jamais tombée sur des voyous. Peut-être voyous dans l'amour, mais pas voyous moralement.
37:03 Ça veut dire que votre désir voyait juste ?
37:06 Il allait là où il fallait aller. L'intuition.
37:11 Est-ce que vous vous pensiez par moments comme une conquérante ?
37:18 Non. Non, non, j'ai jamais eu ce rapport-là.
37:23 Je n'ai jamais rien conquis, on ne conquiert jamais rien. Tout est toujours à recommencer.
37:29 Quand un homme a beaucoup de succès avec les femmes, il s'en enorgueille ?
37:32 C'est possible. Mais moi non, je n'allais pas partout en train de raconter mes victoires.
37:39 Ça ne me serait jamais venu à l'idée. C'est mon expérience, c'est mon enrichissement personnel.
37:46 Du sexe masculin, Lacan disait qu'il est une attrape. J'aime bien le mot.
37:53 Parce qu'il renvoie dans la langue française à des expressions savoureuses comme farce attrape ou attrape couillon.
37:58 Car la question est de savoir qui ce sexe piège. La femme qui le désire à l'occasion ou l'homme, maître de lui comme de l'univers,
38:06 qui croit tenir là une formidable boussole.
38:09 Par opposition au désir féminin, s'il y a bien une caractéristique du désir masculin, c'est de croire lui qu'il sait où il va, au but.
38:17 Évidemment, le désir masculin va droit au but et évidemment le désir féminin tourne autour.
38:24 Je trouve que la seule réalisatrice qui ait bien compris ça, c'est Jane Campion.
38:28 Dans un film qui s'appelle Holy Smoke, elle montre à un homme comment pratiquer avec une inégulature.
38:35 On ne voit rien. On ne voit rien. On ne voit que leur buste.
38:38 D'ailleurs, on ne voit que le buste de la femme parce que lui, il est accroupi.
38:41 Et là, on entend. Il n'y a qu'une femme qui pouvait imaginer ça.
38:45 On entend au directif, à ce qu'elle dit à l'homme.
38:48 Les femmes savent toutes que c'est ce qu'elles voudraient dire et qu'elles n'osent jamais dire.
38:52 C'est qu'en fait, elles ont besoin de moments où il faut y aller et de moments où il ne faut pas y aller.
38:59 Elles ont besoin de cet espèce d'effleurement.
39:03 Elle dit la femme autour, autour, elle dit.
39:06 C'est ça le mot qu'elle dit tout le temps.
39:08 L'actrice qui est Kate Winslet, elle dit qu'il faut faire autour, tout autour.
39:11 Et cette chose autour, c'est aussi ça que j'appelle que les femmes, ça s'étend.
39:19 C'est un truc, c'est spécial.
39:22 Posons la question comme ça.
39:32 À quoi ressemblerait le désir féminin en dehors du régime de la domination masculine ?
39:37 Je dirais que l'utopie féministe pour moi, telle que je la vois pour l'avenir,
39:40 c'est de sortir du régime de la domination masculine pour arriver dans une ère du jeu, de la négociation,
39:46 dans lequel il y a bien sûr une part de rapport de force, comme on le sait,
39:50 dans l'amour, dans la sexualité, dans le désir,
39:52 mais qui ne soit pas avec des rôles décidés d'avance.
39:55 Ce que je comptais, c'est le fait que parce que je suis une femme, je dois être celle qui toujours attend,
39:59 et parce que je suis un homme, je dois être toujours celui qui prend les devants.
40:02 C'est ça qui ne convient pas.
40:04 Et on peut imaginer un jeu de rôle, un vrai jeu de rôle,
40:07 dans lequel les rôles ne sont pas définis a priori, et donc on pourra avoir le plaisir.
40:11 Parce qu'il peut y avoir y compris du plaisir des deux côtés.
40:14 Il peut y avoir du plaisir à attendre, il peut y avoir du plaisir à aller chercher.
40:18 Je pense que les deux peuvent être une forme de plaisir.
40:22 Mais pourquoi se fermer la porte a priori à l'un des deux rôles ?
40:25 Comment ne pas être d'accord avec l'idée d'inverser les rôles
40:28 pour que le désir féminin ne soit pas réduit à une place et à une seule ?
40:32 Mais ce qui est au cœur du désir féminin,
40:35 est-ce que ça n'est pas le fait qu'il peut faire cohabiter le oui et le non,
40:38 alors que le désir masculin est du côté du oui ou du non ?
40:42 Oui, c'est très juste ce que vous dites.
40:45 C'est ça qui fait tout le malentendu terrible des hommes
40:52 face à toutes ces situations limite d'abus sexuels.
40:56 C'est qu'ils ne comprennent pas un homme, une femme qui est dans un lit toute nue avec eux,
41:02 et puis qui à un moment donné dit "je ne peux pas".
41:05 Déjà il faut qu'elle ose le dire, ou bien qu'elle se détourne, il ne comprend pas.
41:10 Et en plus il a tellement dans l'idée que peut-être qu'il y a quelque chose qu'il a à faire,
41:15 qu'il ne pense pas que la chose qu'il a à faire c'est juste de se mettre dans l'oreiller,
41:20 et puis de dire "mais il n'y a aucun problème" et de discuter, ça va revenir juste après.
41:23 Il y en a qui insistent.
41:26 Parce que la femme, peut-être pour dire oui, elle a besoin de savoir qu'elle peut dire non.
41:31 C'est ça qui va l'amener à y aller.
41:38 Et en plus les hommes ont tout intérêt à comprendre ça,
41:41 parce que si c'est comme ça, si la femme dit oui,
41:45 après avoir tergiversé sur son oui et son non,
41:48 quand elle dit oui, elle dit un oui extraordinaire.
41:52 Est-ce qu'une femme comme vous peut vraiment dire oui ?
42:02 Est-ce qu'elle ne craint pas par-dessus tout d'être possédée ?
42:05 Le sentiment d'être possédée, j'adore.
42:09 D'ailleurs ça amplifie mon désir et mon plaisir.
42:13 J'ignorais ça, et je suppose que l'homme qui aurait l'heure de vous plaire l'ignore aussi.
42:19 Non, parce que vous donnez tous les signes pour être possédé.
42:23 C'est-à-dire que c'est dans les rapports,
42:27 je ne vais pas dire le mot parce que sinon ça va choquer,
42:31 mais c'est dans les rapports de séduction, dans la conquête.
42:35 Vous donnez le sentiment à l'homme qui a réussi en se disant "moi j'ai réussi".
42:41 Donc il estime qu'il a lui un truc en plus par rapport à d'autres.
42:45 En fait on lui a juste facilité la tâche,
42:48 parce que les autres qui n'y sont pas parvenus c'est qu'on n'en avait pas envie.
42:51 Mais que là, s'il y est parvenu, c'est qu'on lui a donné les moyens d'y parvenir.
42:56 Donc là je dévoile un petit secret, mais c'est pas...
43:01 Voilà, on donne le sentiment que les autres n'y sont pas arrivés,
43:04 que c'était peut-être très difficile pour les autres,
43:06 mais on lui a juste facilité la tâche à lui.
43:08 Donc il se dit "c'est bon, je la possède".
43:10 Vous diriez que vous avez mis longtemps à trouver quel était vraiment votre désir ?
43:16 Le désir que moi j'ai vraiment ressenti,
43:19 et que j'ai accepté de ressentir, et que j'ai assumé,
43:24 que je pense vraiment qu'il est arrivé il n'y a pas très longtemps, pour vous avouer.
43:29 En tout cas que c'est pas que je ressens, je pense l'avoir ressenti avant,
43:33 mais l'avoir refoulé beaucoup.
43:35 Je pense que depuis peu, non seulement je l'assume,
43:40 mais je prends du plaisir à le ressentir,
43:43 et je le vis quoi.
43:48 Parce que vous avez l'impression que vous êtes souvent trompée dans vos choix ?
43:51 J'ai eu quelques fiancées pour qui j'étais une espèce de trophée à présenter à papa-maman.
43:57 Je me suis retrouvée dans des dîners,
44:00 où je voyais que j'étais là pour épater la galerie.
44:03 Pas du tout parce que le type avait des sentiments pour moi.
44:07 Non pas que je pense épater la galerie,
44:10 mais je veux dire, tout à coup, il y avait un petit truc.
44:13 "Elle est actrice, tu l'as vu à la télé."
44:16 C'est terrible quoi.
44:18 Donc là, j'étais pas dans mon désir du tout.
44:21 Je crois qu'on a tous des moments où on se raconte des trucs,
44:24 où on se met dans des histoires qui ne correspondent pas,
44:27 mais parce qu'on se fait piéger par un fantasme
44:30 de ce qu'on imagine être son propre désir,
44:33 jusqu'au jour où parfois on se réveille, on s'aperçoit,
44:35 peut-être grâce à une rencontre, ou un réveil brutal,
44:39 que c'est pas ça, c'est pas là où on est bien,
44:42 et c'est pas notre place, et que notre désir ne se situe pas là.
44:45 Et ça, c'est très libérateur quand ça arrive,
44:48 parce qu'on a l'impression qu'on va plus perdre de temps.
44:52 - Vous considérez aujourd'hui avoir trouvé l'homme de votre vie,
44:56 mais en fait, avant, vous avez déjà été mariés.
44:59 - L'homme que j'ai épousé avant le suicide,
45:02 donc le père de ma fille, c'était quelqu'un
45:04 avec qui je partageais plein de points de vue.
45:06 On avait les mêmes valeurs à l'époque.
45:08 Et on était copains, quoi.
45:10 Enfin, je pense que je...
45:13 J'étais pas encore dans des...
45:16 J'étais pas encore mûre, moi.
45:18 J'étais pas encore... Enfin, j'étais pas encore une femme.
45:21 Je pense qu'au moment où j'ai rencontré l'homme de ma vie,
45:25 j'avais une espèce de vraie disponibilité
45:29 à vivre des choses que j'avais jamais vécues.
45:32 À surtout pas retomber dans un schéma
45:35 ou un truc que je connaissais,
45:38 ou une forme de relation que j'avais déjà connue.
45:41 J'avais vraiment envie de découvrir quelque chose.
45:45 - Il est anglais, donc étranger.
45:47 Ça s'est ajoué dans votre désir?
45:50 - Oui.
45:52 C'est-à-dire que moi, j'ai tout à apprendre de lui
45:55 et il a tout à apprendre de moi.
45:57 Il y a cette dimension de...
46:00 Il y a aucun passé, aucun a priori, aucun...
46:04 Il savait pas qui j'étais avant de me connaître.
46:07 Moi, je savais qu'il était en tant qu'artiste, mais...
46:11 Donc, on n'est pas parti avec aucune image en tête.
46:14 C'est juste 2 personnes qui se sont rencontrées
46:17 et qui se sont vraiment trouvées.
46:19 - Je dois dire qu'en approchant de la fin de ce documentaire,
46:22 je comprends mieux pourquoi l'expression de Freud,
46:25 "Le continent noir", t'agacait.
46:27 C'est pas que le désir féminin soit énigmatique, c'est qu'il est...
46:30 - C'est qu'il ne se satisfait pas de la demi-mesure.
46:33 Tu l'as compris.
46:35 Un homme m'a dit...
46:37 "Mais peut-être que tu es trop exigeante."
46:40 Parce que ce que je demandais, finalement,
46:43 c'est la plus grande des exigences,
46:45 c'est que je demandais que ce soit exceptionnel
46:49 au moment où on se touchait.
46:51 Voilà. Je demandais que ça, ce soit exceptionnel.
46:54 Je ne demande même pas une prestation extraordinaire
46:57 avec un sexe d'une telle taille, avec une durée de...
47:00 Ou plusieurs orgasmes. C'est pas ça que je demande.
47:03 Je demande juste que même si ça dure 2 secondes,
47:06 ces 2 secondes, elles vaillent le coup.
47:09 Eh ben, ça, pour lui, c'était le comble de l'exigence.
47:12 - Les femmes qui croient qu'elles ont acquis la liberté
47:16 parce qu'elles se prêtent à tous ces jeux de la sexualité,
47:20 elles se laissent bafouer.
47:23 Même si ce sont elles qui les initient.
47:26 Elles se laissent asservir.
47:29 Ce qui est beau à la sexualité,
47:32 c'est de savoir la vivre, mais la dominer.
47:35 Parce qu'il y a une morale aussi.
47:38 On fait pas n'importe quoi.
47:41 Faire l'amour, c'est quelque chose...
47:44 Il y a une sacralisation pour moi.
47:47 C'est pas s'envoyer en l'air.
47:50 - Moi, j'ai été éduquée que je valais quelque chose, en fait.
47:53 Je valais quelque chose.
47:55 Et cette valeur, elle pouvait aller dans les bras d'une canaille,
47:58 mais c'est un cadeau que je faisais à cette canaille.
48:01 Et il fallait que ce soit beau, que ça aille du panache.
48:05 Je me souviens d'une fois où je discutais avec une tante à moi
48:09 et je lui disais...
48:12 J'avais rendez-vous, j'avais 15 ans, avec un garçon.
48:15 Et elle me disait qu'il faut que ça aille du panache.
48:18 - Vous aussi, vous ne croyez qu'à la passion ?
48:21 - Bien sûr.
48:24 Moi, je dis toujours, là, j'ai un petit dos d'âne.
48:27 Le fait de retrouver, le fait de partir.
48:30 La clé dans la porte.
48:33 Voilà. Petite suée.
48:36 Ou alors de ne rien pouvoir faire tant que l'autre n'est pas là.
48:39 À tourner.
48:42 Et dès qu'il y a la clé, c'est...
48:45 Donc voilà. Et ça peut durer dans le temps.
48:48 Et c'est pas... Quand on dit que ça s'émousse...
48:51 Moi, je pense que ça s'émousse chez ceux qui veulent s'économiser.
48:54 Faut en profiter tout le temps.
48:57 C'est tout le temps, beaucoup, toujours.
49:00 Je me dis qu'il faut pas s'économiser là-dessus.
49:03 C'est pas "on se garde à manger pour plus tard".
49:06 C'est pas comme la nourriture. On gâche pas.
49:09 Moi, j'ai toujours privilégié l'intensité.
49:12 Je me disais des fois, s'il est gentil, si je suis heureux,
49:15 s'il me laisse faire ce que je veux.
49:18 Puis je me rends compte que c'est pas du tout ça.
49:21 Je me dis que non, je peux pas. J'ai besoin d'être en vie.
49:24 Donc voilà.
49:27 - Peu d'hommes peuvent vous satisfaire.
49:30 - Je vous le confirme. En ce qui me concerne, oui.
49:33 Sous-titrage: difuze
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50:22 *Musique*
50:24 [Générique de fin]

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