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00:00 Il y avait une jeune photographe que je voyais récemment,
00:03 et je la trouvais vraiment cool dans son look et tout.
00:05 Elle me dit "Ouais, je t'ai à Istanbul dans une discothèque très underground."
00:09 Et il y avait des filles complètement dénudées,
00:11 et des autres complètement voilées.
00:12 Et on s'est tous mis d'accord sur sensualité.
00:14 Alors je me dis "Chouette !"
00:16 On a parlé féminisme, sexisme et d'engagement avec Axel Red.
00:20 Tu as déjà vécu un moment "Me too" ?
00:22 J'avais une maison de disques qui était intéressée en moi,
00:23 c'était en Angleterre.
00:25 Et je m'étais rendue à Londres.
00:27 C'était un gars complètement "Me too".
00:30 Et comme beaucoup de femmes dans cette situation,
00:34 j'ai essayé au début d'ignorer ce qu'il était en train d'essayer.
00:41 Parce que j'avais envie d'avoir ce contrat quand même.
00:43 Jusqu'au moment où il a été très très clair dans ses propos.
00:47 Et du coup j'étais aussi très très claire dans mes propos
00:50 que c'était un prix que je n'étais pas prête à payer.
00:52 Personne n'en parlait, et je n'étais pas dans une position,
00:55 ce n'était pas la période.
00:56 Et j'étais qui moi ?
00:58 Je n'étais pas encore connue ni rien du tout.
00:59 Et malheureusement, je n'ai pas pu voir cet homme
01:07 payer un peu ses actes.
01:12 Quelle est l'histoire de ton album "Engagé pour la cause des femmes" ?
01:15 En fait, j'avais écrit "Sisters and Empathy",
01:18 c'était 24 chansons sur les violences sexuelles,
01:21 c'était il y a 15 ans.
01:22 Et la maison de disques n'a pas voulu le sortir
01:24 parce qu'ils disaient "non, vraiment pas".
01:27 Et donc on a sorti l'album pour le propre compte.
01:30 Je ne voulais pas qu'ils disent "mais tu as fait ça quoi ?
01:32 Tu as fait ça pour te rendre intéressante ?
01:34 Tu as fait ça pour si..."
01:35 Je n'avais tellement pas envie de ça,
01:36 et à vrai dire je n'avais pas la force.
01:37 Si j'ai écrit cet album, c'était pour dénoncer des choses,
01:40 pour faire bouger des choses,
01:41 mais c'était aussi pour soigner quelque part un sort de traumatisme,
01:44 j'avais trop vu d'injustice,
01:47 et je n'avais pas la force à vrai dire de doncaisser tout ça.
01:51 J'ai fait des choses autour de cet album,
01:52 j'en ai parlé, j'ai fait quand même quelque part le max,
01:55 je le joue toujours sur scène,
01:57 je vais à des conférences et tout ça,
01:59 mais je ne pouvais pas le promouvoir comme un album,
02:01 comme les autres albums.
02:03 En tout cas pas celui-là.
02:04 Il était juste un peu trop tôt,
02:07 et donc malheureusement la maison de disques n'a pas joué le jeu.
02:09 Aujourd'hui, ils auraient été ravis de le sortir
02:11 parce qu'ils auraient vu un peu comme du "greenwashing".
02:13 Je n'ai pas de mots pour ça,
02:14 il y a aussi un sort de "feminism washing".
02:16 Et puis après, celui d'après,
02:19 ils m'ont dit, c'était une autre maison de disques,
02:21 on veut bien le sortir, mais pas avec ce titre-là.
02:23 Je l'avais appelé "Serenité".
02:25 Alors je l'ai appelé "Un coeur comme le mien".
02:27 Ton plus beau moment de sororité musicale ?
02:29 J'avais mon premier enfant,
02:30 et comme je voulais l'emmener en tournée,
02:32 je me disais, c'est impossible d'aller à l'hôtel tous les soirs.
02:35 On a installé un bus.
02:38 C'était Vanessa Paradis qui m'appelle,
02:39 elle a dit, écoute, je viens d'avoir mon enfant,
02:41 il paraît que tu as un bus bébé,
02:43 je vais aussi louer ce bus.
02:45 Après Zazie, elle a entendu parler de ce bus,
02:48 elle avait son bébé, c'était la même époque,
02:50 elle a pris le même bus.
02:51 C'est quoi ta vision du féminisme ?
02:53 Je trouve que le féminisme,
02:54 elle signifie quand même sororité.
02:56 Je suis très souvent choquée,
02:58 choquée de voir aussi bien dans le comportement des filles,
03:01 dans leur jugement,
03:03 de ne pas laisser vraiment la liberté aux filles,
03:06 d'être dans le jugement,
03:08 parce qu'on continue à servir les hommes.
03:11 J'en ai vu tellement dans mes voyages,
03:16 des femmes qui ne se contentent pas juste de se sauver elles,
03:19 qui se disent, je veux faire plus que ça.
03:21 Il faut avoir l'énergie et le courage pour ça.
03:24 Le féminisme doit servir l'humanisme.
03:26 Si on parle, ce n'est que pour une culture.
03:28 Et en fait, on est tout le temps entre liberté
03:31 et toutes ces femmes qui ne sont même pas encore
03:35 dans cette position de pouvoir se permettre cette liberté.
03:38 Et je pense que c'est de rester conscient,
03:42 conscient de ça.
03:44 Parce que si on parle de féminisme,
03:46 on ne parle pas d'un féminisme.
03:47 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]