Trois salariés peuvent-ils sauver une vieille usine à papier journal 100 % recyclé ? C’est l’histoire que la documentariste Marianne Lère-Laffitte avec “L’usine, le Bon, la Brute et le Truand”. Elle raconte les coulisses de son film sur la mission sauvetage de Chapelle-Darblay dans Fenêtre sur l’Emploi.
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00:12 Fenêtre sur l'emploi pour parler du mouvement ouvrier, des fermetures d'usines à travers un film, un documentaire passionnant,
00:19 "L'usine, le bon, la brute et le truand".
00:21 Sa réalisatrice est avec nous sur le plateau, Marianne Ler-Lafitte, ravie de vous accueillir.
00:26 Alors, vous avez réalisé beaucoup de sujets, de documentaires et on va voir quelques extraits de ce dernier film.
00:32 Tiens, regardons d'ailleurs les images parce qu'on va tout à fait comprendre l'ambiance et la manière dont vous filmez, dont vous racontez
00:39 pour essayer de comprendre l'histoire de cette usine de papeterie "Made in France" qui a été embarquée à la casse et qui a été sauvée.
00:46 C'est tout l'enjeu de ce film à travers trois personnages clés que vous décrivez, que vous racontez, dont Arnaud, mais ce n'est pas moi.
00:52 Un extrait tout de suite.
00:54 Vous jouez sur des familles, vous jouez sur des avenirs.
00:57 Cette colère, c'est celle d'un citoyen, c'est celle d'un représentant du personnel qui vous dit les yeux dans les yeux,
01:02 vous voulez quitter le territoire, eh bien laissez le territoire choisir de l'industrie qu'ils veulent ici.
01:07 Et si on ne cesse pas de faire et si on ne lâche rien, c'est bien pour autre chose, c'est parce qu'il y a une offre qui va être déposée.
01:12 Voilà, encore une fois, sur la route de Paris, tous les trois.
01:16 Salut à tous les Pâveschapes, donc le trio infernal.
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01:28 Retour en plateau.
01:30 D'abord, un petit mot, parce que, juste pour prendre de la hauteur, l'entreprise, et pour finir l'histoire,
01:36 puisque vous allez projeter ce film à l'Assemblée nationale, que vous allez le présenter au plus grand nombre, qu'il faut aller voir ce film.
01:41 Qu'est-ce que vous avez voulu raconter ?
01:43 L'histoire de personnalités finalement un peu différentes, voire très différentes les unes des autres,
01:47 qui lorsqu'elles s'unissent, peuvent réussir à ne pas faire fermer l'usine, parce que c'est ça l'enjeu.
01:53 C'est exactement ça. C'est un film en fait sur la fraternité et sur l'intelligence collective.
01:59 Comment aujourd'hui, à l'heure où la planète se meurt, on arrive à faire fi de nos différences,
02:06 de nos trajectoires de vie, qui ne sont pas forcément les mêmes, de nos éducations, de nos prises de position politique.
02:16 Comment on arrive à faire fi de cela, donc de mettre cela de côté, toutes nos différences,
02:20 et de s'allier pour sauver un site industriel dont l'activité est vraiment vertueuse sur le plan écologique ?
02:29 Recyclage de papier ?
02:31 Voilà, Chapelle d'Arbelay, c'est 100 ans d'activité, avec depuis un peu plus de 20 ans maintenant,
02:37 la possibilité de recycler le papier et de fabriquer du papier journal 100% recyclé en France.
02:43 Un Finlandais dirige l'entreprise, veut s'en séparer, l'idée c'est que c'est assez classique,
02:47 j'allais dire on veut raser l'usine, et puis on sort les salariés, ça ne se passe pas comme ça,
02:52 et il y a une possibilité de reprise. On en est où quand même, très concrètement ?
02:56 Elle est repartie cette usine ?
02:57 Pas tout à fait encore, mais elle devrait repartir, nous l'espérons très fort, dans le courant de 2024.
03:05 En fait ce qui s'est passé c'est que moi j'ai filmé le combat mené par trois représentants du personnel.
03:11 Un cadre ?
03:12 Alors le cadre sans étiquette qui aurait pu être vous en fait Arnaud, vraiment, très à l'aise, très intelligent,
03:21 très à même, très au fait de tout ce qui se passe en matière économique et sociale et industrielle,
03:28 puisque c'est vraiment sa formation à la base, et deux ouvriers cégétistes, des purs et durs,
03:34 des gars qui étaient aux machines, qui faisaient les 3-8, et qui lors de la décision en effet du propriétaire finlandais en 2019
03:45 de fermer l'usine pour la revendre, afin qu'elle soit rasée, pour en faire derrière un site de production d'hydrogène,
03:53 rien contre, moi j'ai rien contre l'hydrogène, pourquoi pas,
03:57 Avec des salariés sur le carreau de fait.
03:59 Le problème c'est que voilà, il y a eu 217 salariés qui ont été mis sur le carreau,
04:03 et surtout il y avait un risque séviso très important, puisque le site est situé à quelques centaines de mètres des habitations les plus proches,
04:12 donc c'était vraiment problématique.
04:14 Donc on fait fi de nos différences, et on s'allie pour défendre un projet qui est en plus pour l'avenir plus écologique.
04:24 Marianne, un mot avant de nous quitter, parce qu'on parle beaucoup d'industrie, de revitaliser les territoires, de recréer de l'emploi industriel,
04:30 et quand on regarde ce film, on se dit qu'il y a beaucoup de mots, et que dans la réalité c'est parfois un peu plus compliqué,
04:37 et c'est moins idyllique qu'on veut bien nous le dire.
04:39 Vous avez ce sentiment là, vous qui êtes sur le terrain au contact des ouvriers, on voit bien que c'est pas si simple de sauver nos emplois et même d'en créer.
04:46 C'est très très compliqué, j'espère que le film va donner beaucoup d'espoir à tous les représentants du personnel,
04:52 quel qu'il soit, qu'il soit cadre ou qu'il soit ouvrier, parce que le film montre comment ces trois représentants ont ouvert une brèche,
04:59 en faisant intervenir la collectivité, le territoire, et qui a usé de son droit de préemption.
05:07 C'est ça, très rare, c'est historique d'ailleurs.
05:10 C'est historique, c'est une première sous la 5ème république, et donc il faut que les gens soient au courant de cette histoire,
05:17 il faut que les représentants du personnel prennent connaissance de cette démarche,
05:22 et l'avantage du film est que j'étais en caméra immersive, seule, donc durant tout le combat,
05:29 et j'ai pu filmer les échanges avec l'État, avec les syndicats, avec les industriels impliqués, avec les collectivités,
05:38 avec Nicolas Maillol-Rossignol notamment, le maire de Rouen et le président de la métropole Rouen,
05:44 qui a été décisif dans le basculement du combat.
05:50 - On le voit où ce film avant de nous quitter en quelques secondes ?
05:52 - Alors il sort à Paris, et un peu partout en France, le 3 janvier, à Paris c'est au Saint-André des Arts,
05:58 l'Escurial, et également à l'Épée de Bois.
06:01 - Et bien il est sorti hier votre film, donc allez le voir dans toutes ces salles de cinéma,
06:05 parce que j'ai toujours une vraie fierté de faire des films documentaires qui passent dans des salles de cinéma,
06:09 des vrais films de cinéma avec une dramaturgie, une narration.
06:14 Merci Marianne Lerlafitte d'être venue nous rendre visite, bon vent pour l'action de ce film,
06:18 et de tous les autres que vous allez réaliser.
06:21 Réalisatrice de ce documentaire, le bon, la brute et le truand, nous sommes en retard, et j'en suis désolé,
06:25 je salue toute l'équipe, évidemment, Xavier à la réalisation, Thibault au son,
06:30 et je remercie évidemment notre inséparable équipe de programmation, Nicolas Juchat et Alexis,
06:35 et je vous souhaite une très belle année 2024, les plus belles des choses sur le plan personnel et professionnel,
06:41 évidemment c'est important, et puis nous nous serons là évidemment pour vous éclairer,
06:45 et peut-être vous rendre un peu plus intelligent que vous ne l'êtes.
06:48 Je vous dis à très très bientôt, bye bye.
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