• il y a 11 mois
Transcription
00:00 De côtoyer des défunts toute la journée,
00:02 je pense que bon, il n'y a pas beaucoup de personnes qui peuvent le faire.
00:06 Il faut que tu mettes un peu de tiens aussi, ma chérie.
00:08 Et maintenant, le brouchignon.
00:11 C'est pas parce qu'on est Thanato qu'on est insensible.
00:13 C'est quand même un métier d'empathie, d'aide à la personne.
00:16 Tout le monde a le droit de partir dignement.
00:17 Allez !
00:22 Thanato, c'est la mort.
00:26 Et Praxi, en fait, c'est le mouvement.
00:28 Donc, on essaye de l'arrêter, le mouvement de la mort.
00:31 De rendre beaux les défunts
00:33 pour que les familles puissent faire leur deuil correctement.
00:35 Allez, on est partis.
00:39 La plupart des gens pensent que lorsqu'on meurt,
00:46 on termine comme ça.
00:48 Eh bien non, malheureusement, la mort n'est pas comme ça.
00:50 En fait, les yeux s'y réouvrent, les bouches aussi.
00:54 Le corps va commencer à pourrir, il va changer de couleur.
00:57 C'est notre but qu'il n'y ait plus ces stigmates de la mort.
01:01 Déjà, je vais regarder ses vêtements.
01:07 J'ai le principal, j'ai ses dents.
01:10 On va lui mettre.
01:11 Les différentes étapes sont toujours les mêmes lors d'un soin.
01:16 Mettre les frères en place au départ
01:17 pour éviter que les personnes se creusent au niveau des yeux.
01:20 On met des petites capsules.
01:22 Par la suite, l'injection, l'éponction,
01:24 des différents fluides qui peuvent rester à l'intérieur du corps.
01:27 Je mets le corps en pression avec le Formol
01:30 pour après enlever le sang.
01:32 Pourquoi ? Parce que c'est le sang qui fait pourrir le corps aussi.
01:35 Et puis la finition après,
01:37 avec en tout dernier, bien sûr, le maquillage et les coiffures.
01:41 Tu sens la pomme et la papaye.
01:44 Et maintenant, le brushing.
01:48 En fait, les pompes funèbres vont nous appeler
01:53 et nous dire à quel endroit on doit se déplacer et exercer.
01:56 Des fois, dans le mois,
01:58 il peut y avoir son corps qui va passer dans mes mains.
02:01 Des fois, on en aura beaucoup moins.
02:02 On n'a pas vraiment de temps prédéfini pour faire un soin.
02:08 Ça peut durer deux heures, ça peut durer trois heures.
02:11 Tout dépend vraiment de l'état du corps
02:14 et de ce qu'il y a à faire.
02:17 Allez, il faut que tu mettes un peu du tiens aussi, ma chérie.
02:21 Alors bon, moi, j'ai une mauvaise habitude, c'est que je leur parle.
02:25 Jusqu'à présent, Dieu merci, il n'y a personne qui m'a répondu.
02:28 Parce que le jour où il y a quelqu'un qui me répond,
02:30 je crois que j'arrête ce métier.
02:32 Et on travaille aussi beaucoup sur des reconstructions,
02:40 donc des accidents très graves
02:43 où on est obligé des fois de travailler 15 heures sur un défunt.
02:48 Voilà, c'est extraordinaire ce qu'on peut faire.
02:50 Même moi, des fois, j'y reviens pas.
02:53 Maintenant, on va procéder à l'habillage.
02:54 Le troin est terminé.
02:56 Moi, j'ai habillé il y a un mois une dame en habille de la Reine des Neiges.
03:02 On n'est pas là pour juger les gens, on est là pour les faire beau.
03:04 Et puis, c'est le principal.
03:06 Si la famille veut qu'elle ait des colombes,
03:10 on va lui mettre les colombes.
03:12 - Elle n'a pas de chaussures ? - Non.
03:15 En même temps, elle ne va pas marcher loin.
03:17 J'étais ambulancière et j'ai eu un grave accident,
03:20 donc obligée d'arrêter mon métier.
03:23 Donc je me suis dit, pourquoi pas la thanatopraxie,
03:25 qui est un métier encore de service à la personne.
03:28 J'ai perdu mon grand-père quand j'avais 18 ans, c'était comme mon papa.
03:32 Les pompes funèbres l'avaient oublié,
03:34 donc ça a été assez traumatisant de le voir
03:39 pas préparé, pas habillé, dans un état assez compliqué.
03:45 Ce métier me plaît parce que je me dis que les familles
03:49 n'auront pas cette image que moi j'ai pu avoir
03:52 d'un être aimé qui n'était pas vraiment beau à voir.
03:59 Et maintenant, on va passer au maquillage.
04:00 C'est quatre mois de formation.
04:08 Après avoir eu la théorie, en fait, on passe à la pratique.
04:11 Et c'est là où tout se joue, et c'est surtout là où on voit vraiment
04:15 si on est fait ou pas pour ce métier.
04:17 On ne peut pas travailler.
04:19 Si en faisant des enfants, on y repense pendant des mois et des mois,
04:23 il vaut mieux arrêter parce que c'est notre santé aussi mentale qui en pâtit.
04:27 Et toi, ta santé mentale, c'est comment ?
04:30 Moi, tout va bien.
04:34 Moi, tout va bien.
04:36 Ça me fait bizarre parce que là, j'ai l'impression d'un garçon qui dort.
04:39 C'est la plus belle récompense que nous, thanato, avons pu avoir.
04:43 C'est que quelqu'un d'extérieur nous dise, on dirait qu'il dort.
04:47 Voilà. C'est merveilleux.
04:49 Ce n'est pas un morceau de viande qu'on a sur notre table.
04:58 C'est le papa, c'est la maman, c'est la grand-mère, c'est le grand-père
05:01 qui laissent des personnes qui sont dans la tristesse.
05:04 De toute façon, on fait tout ce qu'on fait, c'est pour les familles.
05:08 Non, et puis même s'ils n'ont pas de famille, on le fait pour eux aussi.
05:12 Tout le monde a le droit de partir dignement.
05:15 C'est pour ça que je fais ce métier.
05:18 C'est pour ça que je fais ce métier.
05:20 Sous-titrage Société Radio-Canada
05:24 [BIP]

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