Tom Pagès : «Mon plaisir est dans le saut réussi, pas dans la prise de risque» - FMX - À la limite
Multimédaillé aux X Games, le pilote de FMX Tom Pagès s'est essayé récemment au base jump dans un saut inédit. L'occasion pour le pilote de motocross freestyle de se prêter au jeu de l'interview «à la limite».
Category
🥇
SportTranscription
00:00 Faire du sport, c'est la seule chose que j'ai un peu dans la vie.
00:08 Il a fallu toujours me challenger pour aller repousser mes propres limites.
00:13 C'est du sport, un choix personnel.
00:16 T'es prêt, t'es pas prêt, t'as envie, t'as pas envie.
00:19 Personne ne peut te forcer à faire ça.
00:20 On pratique toujours les sports avec une marge, avec une sécurité, que ce soit dans
00:34 le freestyle ou dans le base jump.
00:36 Mais tu mets rarement ta vie en jeu en fait.
00:38 Tu y vas pas pour faire ton dernier saut.
00:40 Les gens voient toujours un peu cette limite, etc. ou ce risque.
00:44 Moi, mon plaisir, il est dans le saut réussi et pas dans la prise de risque du saut.
00:49 Dans les autres sports, c'est la compétition qui te fait dépasser tes limites, vouloir
01:03 te battre les autres, te surpasser, etc.
01:06 Parce que t'as toujours un adversaire en règle générale.
01:08 Mais quand t'es face à ta ligne de saut ou face à ta rampe de freestyle, t'es tout
01:13 seul.
01:14 Donc là, le challenge, c'est toi-même.
01:16 Et c'est là où tu te centres sur toi-même, tu te connais le mieux.
01:24 Et c'est ce challenge-là qui m'a intéressé beaucoup plus que d'aller me confronter aux
01:30 autres.
01:31 J'ai été capable de faire ça, serais-je capable de faire plus ? Tu y penses tout le
01:34 temps, tu vas te coucher avec ça.
01:36 C'est devenu une obsession.
01:37 Je ne sais pas ce qu'il se passe dans ma tête, mais ça ne s'arrête jamais.
01:41 C'est sûr qu'à l'entraînement, il y a plus de risques qu'à la compétition.
01:55 A la compétition, tu es à 90%.
01:57 Si tu arrives à être à 100%, c'est super.
01:59 Mais c'est difficile d'être à 100% sur une compétition.
02:03 Mais quand tu fais du 100%, c'est-à-dire que tu arrives à ta limite au top du top.
02:08 Mais en général, tu as quand même une petite retenue.
02:11 Mais à l'entraînement, tu développes.
02:12 Tu ne sais pas où tu vas.
02:14 Le risque est surtout dans l'inconnu et pas dans les choses connues.
02:17 Et dans la moto, c'est ça.
02:18 C'est référence que tu n'as plus.
02:20 Tu tentes une nouvelle figure, une nouvelle distance, une nouvelle hauteur.
02:22 Tu commences à jauger, etc.
02:24 Développer et risquer, c'est plus difficile que d'aller performer sur une compétition.
02:33 Jamais je ne me suis laissé tomber comme une crêpe.
02:39 En rigue générale, tu agis.
02:42 Même si c'est un temps très court sur les sauts de freestyle, tu as le temps de réagir.
02:50 Et si vraiment, je sens que ça ne revient pas, c'est comment je tombe.
02:55 Et là, c'est des choses que tu as travaillées aussi, que moi j'ai travaillées en bac à
02:59 mousse.
03:00 C'est comment atterrir au mieux.
03:02 Tu sais que si tu es précis sur ton saut, c'est-à-dire le plus haut possible sur la
03:06 réception, tu auras le moins de chutes et d'impact.
03:09 Donc déjà, si tu rates ton saut en lui-même et que tu es trop long, tu sais que tu n'as
03:12 pas le droit à l'erreur.
03:13 Parce que l'impact va se faire très bas dans la pente.
03:15 Et derrière, plus de chutes, moins de glissades.
03:18 Ce qui est top, c'est de ratterrer dans la pente et de pouvoir glisser.
03:20 Alors ça, c'est génial.
03:21 C'est le scénario idéal.
03:23 Souvent, je m'en sors bien parce que j'ai réfléchi à ça avant.
03:26 Comment je vais pouvoir me rater sur cette figure.
03:29 Dès le jump, c'était un rêve.
03:39 Je ne parle même pas du projet en lui-même qui était encore plus qu'un rêve.
03:43 C'est un truc que tu ne peux voir que dans les films, dans les James Bond.
04:00 L'idée première, c'était d'essayer de faire un trix complètement dingue.
04:03 Dans mes rêves, c'était un truc infaisable parce que je n'avais pas le niveau en parachutisme
04:10 pour concevoir un projet comme ça.
04:12 Comment trouver cette zone de confort qui va pouvoir m'amener à ce projet ?
04:16 Sauter avec une moto dans les airs, c'est déjà un truc que tu ne peux pas apprendre.
04:19 Le base jump à la montagne, c'était un truc de malade.
04:24 Je me suis dit que là, tu t'es lancé dans un truc sévère.
04:38 J'étais content de retrouver cette zone d'insouciance, de peur, d'inconnu.
04:55 C'est une sorte de kiff.
04:57 Et dans le freestyle, pour retrouver cette zone d'inconfort, il fallait que je travaille
05:02 des figures complètement plus difficiles.
05:07 Alors que là, en faisant des choses presque de novices, j'arrivais à choper des nouvelles
05:13 sensations.
05:14 C'était aussi cool de découvrir un nouveau sport.
05:17 Pourquoi ne pas s'amuser encore une fois de plus ?
05:34 Parce que tout ce risque et ce stress que ça me procure, c'est une sorte de bien-être
05:42 pour moi.
05:43 Je sais qu'en faisant ce projet, avant que je me mette par terre, il pouvait s'en passer.
05:56 Je peux rater un paquet de choses avant que ça merde total.
05:58 J'ai fait trois sauts.
05:59 Le premier saut d'essai qui était droit, j'avais peur.
06:01 J'étais stressé.
06:03 Mais qui s'est hyper bien passé et qui m'a mis en confiance.
06:06 Et je suis parti sur ce deuxième saut en disant "les gars, je fais un front flip".
06:10 Et là, sur ce front flip, à l'engagement, au freinage des roues, au moment où j'engage,
06:14 ça part vite.
06:15 Je sais qu'il va s'en passer deux, dans tous les cas.
06:17 C'est quelque chose que je ne concevais pas.
06:19 Là, c'est parti en double rotation, tellement il y avait de vitesse.
06:22 Le fait de continuer cette rotation, ça me mettait en sécurité.
06:24 J'ai fait une deuxième erreur, qui est d'avoir raté l'ouverture de mon parachute.
06:27 J'ai mis deux essais au lieu d'un seul essai.
06:31 Mais en gros, c'est quand même passé.
06:45 Et j'ai appris énormément sur ce saut.
06:49 Ce n'était pas la hauteur que je souhaitais.
06:50 Je voulais ouvrir plus haut.
06:51 Mais j'avais encore de la marge.
06:52 Il ne faut pas se fixer de limites, je pense.
07:06 Je pense qu'il ne faut pas se fixer de limites.
07:09 Aujourd'hui, grâce aussi aux gens qui m'entourent, j'ai la chance de pouvoir fixer mes limites
07:15 à l'imaginaire, de presque ne pas avoir de limites, de pouvoir proposer, si j'ai
07:19 une idée complètement dingue, une idée folle, de pouvoir essayer de la réaliser.
07:23 Finalement, tout est possible.
07:25 Je suis parti de faire du vélo dans mon jardin, à apprendre à sauter avec ma moto, à gagner
07:32 des compètes.
07:33 Et aujourd'hui, j'ai la possibilité de faire des projets comme celui-là.
07:36 Je regarde l'évolution, c'est cool.
07:38 Est-ce que j'ai envie que ça s'arrête ? Franchement, je n'ai pas envie que ça s'arrête.
07:42 Je n'ai pas envie que ça s'arrête.
07:46 ♪ ♪ ♪