Alger en 1950, époque coloniale

  • il y a 8 mois
الجزا ئر في وقت فرنسا 1950
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00:34 Oui, j'étais venu à Alger pour huit jours et j'y suis depuis quinze mois.
00:39 Après avoir publié dizaines de romans, je désirais me renouveler.
00:44 Je voulais un cadre qui fût digne d'un sujet neuf et fort.
00:48 Ayant parcouru l'Europe et le bassin méditerranéen, j'arrivais ici un peu par hasard.
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01:01 Je me souviens que, le navire ayant accosté, tandis que les autres passagers débarquaient,
01:06 pressés de retrouver les liens de la vie quotidienne,
01:09 moi, je montais tout en haut pour mieux regarder ce paysage qui, avant de franchir la basse, m'avait subjugué.
01:15 Horizontal, plaisible, des jetés, môles et coques puissamment assises sur l'eau
01:23 et, ligne de force, des obliques et verticales des cheminées, grues et mâts.
01:29 Dominant les boulevards en ascension vers l'air et la lumière,
01:32 immeubles et buildings montaient à l'assaut des collines.
01:36 Descendu le dernier, j'écoutais, avant de sortir de la gare maritime,
01:48 les bruits, sons et rumeurs du port.
01:56 (Bruit de moteur)
02:00 Dans le taxi qui m'emmenait, je me sentais exaucé,
02:04 comme qui vient de rencontrer la femme dont il rêvait obscurément.
02:07 Et je me promettais d'avoir avec Alger des rendez-vous nombreux,
02:11 pour admirer sa beauté et comprendre son âme.
02:14 Des jours, des semaines, des mois ont passé depuis,
02:20 car je voulais toujours voir davantage et comprendre mieux Alger.
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02:30 J'ai vu, j'ai vu les rues.
02:33 Quelques-unes, pour protéger les passants du soleil,
02:36 furent bordées d'arcades quand on les construisit autrefois.
02:39 Autrefois, c'est-à-dire voici 50, 100 ans,
02:43 passés lointains pour la plus jeune des capitales.
02:46 On y renonça assez vite, car à tous les tournants,
02:50 de l'ombre fraîche ou froide épreuvetait.
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03:02 Une rue d'Alger, après avoir été rectiligne sur 100 mètres ou moins, tourne.
03:07 Fantaisie, indiscipline des bâtisseurs ? Non.
03:11 Nécessité, car il a fallu suivre les courbes de niveau des anciens ravins,
03:15 dont certains subsistent en partie,
03:17 sur lesquels, en mille endroits, la cité est bâtie.
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03:30 Beaucoup de rues montent.
03:32 Formant rampes, l'une se détache parfois pour en surplomber une autre.
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03:39 Les rampes du port inversent brusquement leur direction,
03:42 tels les branches à demi dépliées d'un mètre de menuisier.
03:45 Cette rue a dû se creuser en tunnel avant de monter.
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03:54 Et quand on descend cette autre, un coin du port se devine.
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04:03 Pour vaincre la pente trop rude, maintes rues,
04:06 qu'empruntent des trams articulés, montent et tournent à la fois.
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04:18 Ils montent et tournent aussi les boulevards modernes
04:21 qui permettent de sortir commodément de la ville.
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04:33 Mais boulevards et rues doivent abdiquer quand la pente devient trop forte.
04:37 En mains endroits, il a donc fallu recourir aux escaliers.
04:40 Ils relient parfois deux rues parallèles à 30 mètres l'une de l'autre,
04:44 dont l'une domine l'autre de 30 mètres aussi.
04:47 Il y a ceux du port,
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04:57 ceux du centre de la ville,
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05:02 ceux larges et nobles du Forum,
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05:11 et ceux de l'université.
05:13 Ces escaliers et ces rues obliques coupent de grandes voies
05:16 qui, suivant à peu près la ligne du rivage,
05:18 s'étendent sur la dizaine de kilomètres où se déploie Alger.
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05:31 Les boulevards font de larges trouées perpendiculaires.
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05:41 Ils vont des collines vers la mer
05:44 et offrent, avec de verdoyants jardins,
05:46 des échappées vers la baie.
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05:56 Il est ici, je n'en connais pas ailleurs,
05:58 des immeubles puissants et lourds vaisseaux de pierres éternellement amarrés.
06:02 Leur proue s'allonge au croisement de deux rues,
06:04 dont l'une est horizontale,
06:06 tandis que l'autre descend, tendant vers le niveau de la mer.
06:10 Aussi, quand j'habitais cet immeuble,
06:12 étais-je au cinquième étage quand je regardais l'université et les collines
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06:20 et au huitième quand je me tournais vers le port et la mer.
06:24 De cette dunette, qui est un étage haptique,
06:26 on commande des terrasses qui en dominent d'autres.
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06:34 Le soleil pleut sur elles,
06:36 il les inonde et elles débordent de lumière.
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06:44 J'ai vu ici les ciels les plus divers.
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06:52 J'aime monter vers le bleu du ciel pour découvrir le panorama
06:56 qui du haut de la colline de la Boussara révèle une partie de la ville,
07:00 car de la terre, jamais Alger ne se découvre entièrement.
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07:13 Comme du haut d'une falaise, je vois le quartier populaire de Bab-el-Oued
07:17 avec ses industries traditionnelles, fabriques de meubles,
07:19 ateliers d'espadrilles, usines à cigarettes.
07:22 Souvent, je monte aussi jusqu'au pied de l'antique Fort-L'Empereur
07:28 pour voir la mer du port, ceinturée de jetées
07:32 et celle de la baie et du large.
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07:44 Mais il me faut aller à quelques kilomètres de là
07:47 pour que se complète le panorama que je contemplais de la Boussara.
07:50 A mes pieds, Bellecour et ses ateliers.
07:53 Au loin, étagés sur un large amphithéâtre,
07:56 les quartiers résidentiels de la rue Michelet et du boulevard du Tellemly.
08:01 Redescendu en ville, je remarque que les mosquées séculaires
08:05 doivent à la chaux dont elles sont peintes de paraître neuves.
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08:14 Alger n'offre guère de souvenirs du passé.
08:16 Au début, pour édifier leurs monuments,
08:18 les Algerois s'inspirèrent d'un style néomoresque,
08:21 ainsi la préfecture
08:23 et la grande poste.
08:27 Mais depuis une vingtaine d'années, à ce style gracieux et orné,
08:31 ils ont préféré une sobre et puissante architecture
08:34 comme en témoignent le bâtiment du gouvernement général
08:37 et le nouvel hôtel de ville.
08:43 Les jardins ici sont presque tous en déval.
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09:08 Un seul est à la française, le célèbre jardin d'Essay,
09:11 qui, entouré de végétation tropicale,
09:13 s'étend noblement de la colline à la mer.
09:16 Les Algerois que je croise dans les rues, je commence à bien les connaître.
09:19 Ils sont nés de pères et de grands-pères nés ici,
09:22 ou s'ils sont arrivés de Calvi, Toulouse, Paris ou Strasbourg,
09:25 voici cinq ans, ils se sont vite acclimatés et enracinés.
09:28 J'ai aussi vu, devenus français,
09:30 des gens que j'avais rencontrés dans les divers pays de la Méditerranée.
09:33 Cette charcuterie, mais je suis d'un Mao.
09:41 Cette espadrilleur, mais voici un licorne.
09:49 Ce laitier, je l'ai vu à Malme.
09:52 A Palerme, j'étais le client gourmand d'un semblable marchand de cassades.
09:59 Les cousins de ces pêcheurs lancent leur filet devant Naples et Ischia.
10:11 Je vois aussi des musulmans dont j'ai rencontré les frères à l'autre bout de la Méditerranée.
10:16 Les foules ici ne sont pas grises et fermes comme dans bien des grandes villes d'Europe.
10:20 Et la cité est très douce.
10:22 Les gens sont très gentils,
10:24 et les gens sont très gentils.
10:26 Je suis un peu comme un chien,
10:28 mais je suis un peu comme un chien.
10:30 Je suis un peu comme un chien,
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12:00 mais je suis un peu comme un chien.
12:02 Je suis un peu comme un chien,
12:04 mais je suis un peu comme un chien.
12:06 Les concours éthiques internationaux sont suivis avec passion
12:09 par les Algéroises élégantes.
12:11 [Musique]
12:38 Les Algéroises sont harmonieusement faites,
12:41 délicates de tâches et fines de visage.
12:45 [Musique]
12:58 Elles aiment les arts, le théâtre, la musique.
13:02 Les Algérois apprécient celles qu'à la salle borde,
13:05 aux jeunes et aux adultes,
13:07 les solistes et orchestres français et étrangers,
13:09 comme celles fraîches et naïves,
13:11 des fanfares dans les quartiers populaires.
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13:19 Le cinéma leur plaît surtout dans les beaux quartiers,
13:21 comme dans les salles de faubourg.
13:23 Là, on voit à la sortie des spectateurs
13:26 mimer l'action du film avec ce délicieux langage
13:28 des doigts, des paumes et des bras
13:30 qui dramatisent les propos.
13:32 [Musique]
13:42 Mais je connais aussi leurs labeurs.
13:44 Dans les chantiers, bureaux, magasins et ateliers,
13:47 ils travaillent, sachant qu'ils contribuent à l'œuvre commune,
13:51 dans l'horreur de la servilité,
13:53 avec un goût bien méditerranéen de l'indépendance.
13:56 [Musique]
14:04 Content de sortir du travail, bien sûr,
14:06 mais content aussi de faire marcher
14:08 de belles machines modernes dans des usines de tabac.
14:11 [Musique]
14:20 Les papeteries.
14:22 [Musique]
14:27 Ces usines à gaz.
14:29 [Musique]
14:41 Ou ces ateliers de chemin de fer.
14:43 [Musique]
14:48 Mais c'est au port que je retourne le plus souvent.
14:51 Et vous savez maintenant,
14:52 ici commencera et finira mon prochain roman.
14:55 C'est dans ce cadre que je situerai les labeurs et les peines,
14:58 les joies et les jeux d'être simples et forts.
15:02 Quelle beauté paisible a le port
15:04 aux heures où les hommes l'abandonnent,
15:06 presque tous, jusqu'à leur bébème.
15:09 [Musique]
15:22 [Musique]
15:39 Tandis que le soleil monte,
15:41 sur les coques, les jeux mouvants des reflets s'élargissent.
15:44 [Musique]
15:58 Les pêcheurs rentrent.
16:00 [Musique]
16:04 La mer claque de la langue contre les quais.
16:07 [Musique]
16:08 Les barques d'Odeline Duchesne.
16:11 Une passerelle génie.
16:14 [Musique]
16:25 Les hommes reprennent leur travail
16:27 pendant qu'au-dessus, les mouettes s'ébattent.
16:31 La ville alors apparaît,
16:32 serfie par des encadrements métalliques.
16:35 [Musique]
16:46 Les treuils des navires déroulent leur filin.
16:49 Les grues commencent leur inlassable pivotement.
16:52 [Musique]
16:56 Les ancres remontent.
16:58 [Musique]
17:07 Les câbles se tendent.
17:09 [Musique]
17:13 Les hommes s'appellent et se répondent
17:15 sur ces navires tous beaux.
17:17 [Musique]
17:21 De l'humble caboteur à la peinture écaillée
17:24 au gros relâcheur bondé de touristes.
17:27 [Musique]
17:31 Des cargos trapus aux fins d'un pont.
17:35 [Musique]
17:38 [Sifflement de train]
17:43 [Musique]
17:54 Ils sont immobiles, prisonniers du port
17:56 jusqu'à l'instant où les traves tranchent l'eau
17:59 ouvrant une route liquide
18:01 vers de libres et magiques ailleurs.
18:03 [Musique]
18:06 Tandis que l'hélice,
18:08 après avoir battu l'eau docile du port,
18:10 va la passe franchie
18:12 brasser la mer indomptée du lac.
18:15 [Musique]
18:20 Je sais que cette beauté
18:22 est un reflet sensible de la vie d'un grand port.
18:25 Et je sais voir toutes les tâches qui s'accomplissent ici
18:28 où des divers horizons du monde sont accueillis et envoyés
18:31 les produits du travail des hommes d'Algérie, de France
18:34 et de tous les autres pays.
18:36 [Bruit de train]
19:05 [Bruit de train]
19:34 [Bruit de train]
19:41 [Musique]
19:54 Oui, c'est bien dans ce port
19:56 que s'exprime intensément la vie d'Alger.
19:59 Cité qui apporte aux travaux du monde
20:01 sa contribution originale
20:03 et à la beauté du monde,
20:05 son charme et sa grandeur.
20:07 [Musique]
20:10 Cité que j'ai faite mienne
20:12 depuis le jour où je suis venu,
20:15 j'ai vu
20:17 et j'ai été conquis.
20:19 [Musique]
20:27 [Bruit de train]

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